(Neuf heures quarante-huit minutes)
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, écoutez, d'abord, content du voyage que j'ai fait à New York.
Évidemment, là, le Québec est bien vu quand on va aux États-Unis. Ce n'est pas
juste à cause de moi, je pense que les décisions qui ont été prises par les
gouvernements, entre autres pour choisir l'hydroélectricité… bien, ce n'est
quand même pas rien, là, de dire que le Québec est premier sur 60 États et
provinces pour le bas niveau de GES, bien, c'est apprécié par tout le monde.
Puis on a ajouté une pierre quand même importante puis on a fait une
inauguration, c'est le Québec va exporter pour 30 milliards de
dollars d'énergie propre à l'État de New York. Donc, évidemment, là, comme on
dit, oui, c'est payant pour le Québec, mais les États-Unis nous en doivent une,
là. On va beaucoup les aider à réduire leurs GES dans l'État de New York.
Maintenant, je suis revenu hier soir et j'étais
moins content de ce que j'ai vu, entre autres, à Montréal, les manifestations
puis une grande polarisation. Puis je trouve que ça ne représente pas le Québec,
les Québécois sont modérés, et on n'a pas l'habitude de voir cette polarisation,
d'un côté comme de l'autre. Puis je comprends que c'est un débat important, le
débat sur l'identité de genre, mais c'est un débat qu'on doit faire
sereinement. On a pris position sur un des sujets, entre autres, très
clairement, en disant : Il n'est pas question de transformer les toilettes
dans nos écoles pour faire des toilettes mixtes partout. Mais il reste beaucoup
de sujets à traiter et, entre autres, qu'est-ce que les enfants peuvent
décider, qu'est-ce que leurs parents peuvent décider.
Puis, pour faire le tour de la question,
on va annoncer bientôt un groupe de sages, donc des gens qui vont regarder la
situation, regarder tous les impacts, les sous-sujets, là, du débat sur l'identité
de genre, qui vont regarder aussi ce qui se fait ailleurs dans le monde, parce
que ce n'est pas un sujet qui est unique au Québec et... Bien, je fais un
appel au calme, là, des deux côtés. D'un côté, on a un devoir, comme société,
de protéger des gens qui sont dans les minorités, et, de l'autre côté, bien, je
peux comprendre, il y a des parents qui sont inquiets, des citoyens qui sont
inquiets. Donc, il faut être capable de faire ce débat-là sans s'insulter, sans
partisanerie. Donc, je fais un appel au calme et je me sens une responsabilité,
comme premier ministre, là, d'être un rempart contre les extrêmes. Je pense que
c'est une belle position qu'on a, au Québec, peut-être, contrairement à
certains autres endroits dans le monde, c'est moins polarisé, les débats, on
est plus modérés. Puis on doit continuer d'essayer de rassembler les Québécois,
même si on n'est pas toujours parfaitement d'accord sur tous les sujets.
M. Bergeron (Patrice) : M. Legault,
pourquoi c'est si agressif, le débat, actuellement, selon vous, M. Legault?
M. Legault : Bien, écoutez,
les positions sont campées, et je n'aime pas ça. J'espère que c'est vraiment
peu de personnes qui sont... avec manque de respect puis de façon violente.
J'espère que c'est des exceptions, parce que ce n'est pas les Québécois que je
connais.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que c'est les politiciens qui alimentent ça, vous pensez?
M. Legault : Bon, écoutez, je
ne commencerai pas à...
Mme Lajoie (Geneviève) : Qu'est-ce
que vous considérez comme des extrêmes? Vous parlez des extrêmes, vous êtes le
rempart contre les extrêmes, mais qu'est-ce que, dans ce débat-là, est, selon
vous, les extrêmes?
M. Legault : Bien, prenons
l'exemple des États-Unis, là. C'est vraiment polarisé, là, il y a de
l'animosité. Moi, je ne sens pas ça. Puis un de mes objectifs, même en créant
la CAQ, c'était de dire : Essayons de rassembler plutôt que de polariser,
puis de créer de l'animosité, puis d'être... bon, il y a des bons puis il y a
des méchants. Non, ce n'est pas comme ça, il y a… c'est… il y a beaucoup de
zones de gris où ce n'est pas clair.
M. Robillard (Alexandre) : Vous
avez dit vous-même qu'il y a une grande polarisation. Donc, c'est parce qu'il y
a des extrêmes au Québec aussi, là.
M. Legault : Bien, on a vu ça
hier, entre autres à Montréal, mais ce n'est pas le Québec que je connais, ce
n'est pas les Québécois que je connais. Puis il ne faut pas se retrouver dans
cette situation-là.
Mme Lamontagne (Kathryne) : Est-ce
qu'on peut avoir des détails sur votre comité. Votre comité, vous voulez le
créer quand? Ça va être parallèlement à celui qui a déjà été annoncé par
Bernard Drainville?
M. Legault : Non, non, c'est
le même, c'est le même.
Mme Lamontagne (Kathryne) : O.K.,
c'est le même, donc…
M. Legault : C'est le même.
On va vous dire qui sera le ou la ministre qui va porter ce dossier-là et on va
choisir un certain nombre... Je fais attention avec le mot «expert», là, je
dirais «des sages», là, qui vont bien examiner les deux côtés de la médaille,
qui vont regarder ce qui se fait ailleurs, mais ça devrait être prochainement
qu'on va annoncer ça.
Mme Lamontagne (Kathryne) : Ça
ne sera pas juste dans les écoles? Parce que, là, on dirait... Est-ce que vous
l'élargissez?
M. Legault : Tout le débat
sur l'identité de genre.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
le Québec a déjà des lois et des politiques ministérielles, à l'heure actuelle,
sur les droits des personnes trans et non binaires. Est-ce qu'au terme des
travaux du comité de sages il y a de ces droits qui pourraient être retirés, ou
est-ce que le Québec pourrait revoir certaines lois?
M. Legault : Bien, écoutez,
le but, c'est que c'est un débat qui est relativement nouveau. Je pense qu'il y
a beaucoup de Québécois, là, qui se réveillent en disant : Woups! je
n'avais pas vu venir ce débat-là. Donc, ça vaut la peine de se poser des
questions. Est-ce qu'on doit revoir certaines règles? Donc, ça va faire partie
des responsabilités du comité des sages.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Il y
a des politiques qui pourraient changer?
M. Legault : Bien, écoutez,
je ne veux pas dire : Ça serait-tu une loi? Ça serait-tu une règle? Ça
serait-tu des consignes? On va laisser au comité de toute la marge de
manoeuvre.
M. Laforest (Alain) : …vous
craignez des dérapages, actuellement? Est-ce que vous avez...
M. Legault : Bien, hier, j'ai
vu un dérapage à Montréal, les images que j'ai vues. Puis je trouve ça
malheureux, puis ce n'est pas ça que je souhaite au Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
comment vous allez… vous dites que c'est deux positions vraiment, vraiment
campées d'un côté et de l'autre. Comment, justement, concilier ces deux
positions-là, qui, visiblement, oui, étaient vraiment campées?
M. Legault : Bien, peut-être,
les quelques personnes qu'on a vues hier avaient des positions campées, mais je
pense que tout le monde doit mettre de l'eau dans son vin, puis on doit essayer
de rassembler les Québécois, comme on l'a toujours fait.
M. Bossé (Olivier) : ...de
donner des amendes aux itinérants qui quêtent. Parce qu'on a vu qu'il y a… un
texte, ce matin, disait qu'un itinérant, juste pour avoir quêté, a reçu une
amende de 227 $. Évidemment, il n'a pas d'argent pour payer ça. Ils vont
aller en cour. Est-ce que vous pensez qu'après tout ce qu'on a dit sur
l'itinérance c'est encore une bonne idée de leur donner des amendes?
M. Legault : Je pense qu'il
faut se poser une question, là, j'ai un petit peu de difficulté avec ça.
M. Lacroix (Louis) : Vous
avez fait un coup de force dans Jean-Talon, M. Legault...
M. Legault : Pardon?
M. Lacroix (Louis) : Hier,vous avez fait un coup de force, la CAQ, dans Jean-Talon. Hier, là, à peu
près tout le caucus est allé faire du porte-à-porte. Êtes-vous confiant? Est-ce
que ça ne démontre pas une certaine inquiétude face au PQ, le fait de mobiliser
l'ensemble des élus pour aller appuyer la candidate dans…
M. Legault : Vous savez, moi,
mon école pour des partielles, ça a été le Parti québécois. Donc, quand j'étais
au Parti québécois, les députés puis les employés, qui sont d'abord des
militants, devaient, sur leurs heures personnelles, aller aider à l'élection
partielle. Donc, je pense que tous les partis le font, la CAQ n'est pas
différente.
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
vous ne craignez pas du tout le Parti québécois dans Jean-Talon?
M. Legault : Ah! je n'ai
jamais dit ça. Ce que je dis, c'est que je ne prends rien pour acquis. C'est
toujours dur, une partielle, pour un gouvernement, parce qu'il y a des gens,
dans la population, qui veulent profiter de l'occasion pour passer un message.
Donc, c'est toujours dur, une partielle, pour un gouvernement.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que c'est le PQ, votre adversaire dans Jean-Talon, M. Legault?
M. Legault : Je respecte tous
mes adversaires.
M. Duval (Alexandre) : Pourquoi
vous lancez un appel au calme des deux côtés, M. Legault? C'est quoi, les
débordements du côté des gens qui défendent les droits des personnes trans et
non binaires?
M. Legault : Bien, écoutez, on
peut le faire, mais de façon sereine, de façon respectueuse, pas de la façon
dont j'ai vu, où on s'injuriait, hier, à Montréal.
M. Duval (Alexandre) : Mais
qu'est-ce qui a été fait de manière non respectueuse du côté des gens...
Le Modérateur : On va passer
en anglais, s'il vous plaît.
M. Lacroix (Louis) : Vous,
avez-vous un malaise avec ça, avec cette question-là, M. Legault,
personnellement, là? Est-ce que c'est quelque chose qui atteint vos valeurs
personnelles?
M. Legault : Écoutez, on va
regarder les pour et les contre avec un comité de sages.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Legault :
Yes.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Good afternoon. When the Government recently has spoken about having
this debate, having this committee, we've heard from trans youth saying that
they're scared of getting even more harassment and of losing certain rights.
What would you say to trans youth who are feeling unsafe in the province right now?
M. Legault : What I say is that, to the opposite of what we can see in other
countries like United States,
in Québec, people are moderate.
I think we have to keep on having as much as possible common vision. Of course,
it will never be 100%, but I have a role to play to make sure that we don't go
to the extreme, that we don't go with polarization and «animosité»... Is this a
word?
Une voix : ...
M. Legault : Animosity. I don't like that, and I don't think that reflects who Quebeckers are.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But we did see polarization yesterday,
so...
M. Legault : You're right. And that's why I didn't like that, what I saw
yesterday in Montréal.
M. Authier (Philip)
: And what are you calling on people to do in this... This is a
difficult debate.
M. Legault : To be calm, to... Yes, it's true, we have to have a debate, so
we'll put in place a committee with some experts that will look at the
different subjects, the rights of the parents, the rights of the children, all
the debate around gender decisions, and we'll look at what's done in other
countries, and the committee will come back to us. But, in the meantime, I'm
asking everybody to be respectful.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But, just to clarify, when you say Québec is moderate, what does that mean in
this case?
M. Legault : Look at what's happening in United States, between Republicans, Democrats, you have the good and the bad. We
don't see that in Québec. I
define myself as being in the middle, I'm not all on left or all on the right,
I try to be in the middle. And I think that the vast majority of Quebeckers are in the middle.
Mme MacKenzie (Angela) : Is there any chance that you could change the rules of the rights
of trans people in Québec?
M. Legault : We'll have to look at what we have to say. Already, we said there's
no question about changing toilets in our schools, for sure. But other subjects
about what can we do or what can we not do with children who want to take major
decisions, regarding their parents... I think we have to... At this time, I
don't have the answers, honestly. I think we have to look at each of the
subjects and see what should we propose.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But what about the rights they already
have, is there a danger that you'll remove them?
M. Legault :
Il faut que j'y aille, je m'excuse. J'ai une période de questions avec les
oppositions, puis je ne voudrais pas manquer ça pour tout l'or au monde.
(Fin à 10 heures)