(Onze heures vingt-quatre minutes)
Le Modérateur : Alors, bienvenue
à cette conférence de presse sur le projet de loi n°29. Je vais laisser la
parole à Mme Bourassa en partant, en premier, alors à Mme Bourassa, puis
ensuite, bien, je dirigerai la période des questions. À vous la parole.
Mme Bourassa : Merci
beaucoup. Alors, bonjour à tous. Je suis extrêmement heureuse d'être ici avec
vous aujourd'hui pour présenter un projet de loi qui me tient vraiment à cœur.
Ce qu'on vous présente aujourd'hui, ce sont des mesures... c'est pour ces
mesures-là, en fait, que j'ai voulu me lancer en politique, c'est pour faire
une réelle différence dans la vie des citoyens et, du même coup, pour faire une
différence pour notre planète.
Au cours des dernières semaines, j'ai
réalisé, avec M. le ministre, une tournée de consultations auprès de différents
groupes et intervenants afin d'aborder le sujet de l'obsolescence programmée et
de la durabilité des biens. Nous avons recueilli l'avis d'experts et de
représentants de différents secteurs, des chambres de commerce, des groupes de
détaillants, des groupes de protection des consommateurs, des défenseurs de l'environnement
aux acteurs de l'économie circulaire et de la gestion des déchets, et la liste
est longue. Au cours de nos discussions, nous avons eu l'occasion d'entendre
plusieurs idées, de comprendre plusieurs préoccupations et de noter des
propositions intéressantes. Mais un constat se dégage, il apparaît évident pour
tous qu'il faut lutter contre l'obsolescence programmée. Il faut prendre des
mesures pour favoriser la durabilité des biens. La réflexion est déjà bien
entamée chez différents acteurs et plusieurs nous ont parlé des mesures
européennes, notamment, et du Right to Repair Act chez nos voisins du Sud. Le
Québec doit s'en inspirer pour demeurer un leader en matière de protection des
consommateurs. En 2023, on est rendus là, les citoyens sont rendus là et ils
demandent ces changements. On nous dit que les entreprises d'ici aussi sont aux
prises avec des enjeux de réparation, qu'avec un meilleur encadrement elles
pourront se démarquer de leurs concurrents à l'étranger et que, de plus en
plus, leur clientèle aussi demande des biens plus durables.
Ces rencontres ont contribué à notre
réflexion et nous permettent de vous présenter aujourd'hui un projet de loi qui
est équilibré, qui sera utile et efficace. Le modèle que nous avons développé
place en priorité l'intérêt et la protection des citoyens, tout en tenant
compte des préoccupations et de la capacité de nos entreprises québécoises.
Avec les nouvelles propositions, les familles pourront faire des choix plus
durables et également des choix plus éclairés, parce qu'on sait que ce n'est
pas toujours facile.
Vous savez, ces projets de loi nous
concernent tous parce que nous avons tous un cellulaire — je regarde
les fils du ministre — on a pas mal tous des électroménagers, même
des voitures pour la plupart, qui accaparent trop souvent une bonne partie de
notre budget. C'est normal que ces biens aient besoin d'entretien ou de
réparation de temps en temps. Ce qui n'est pas normal, c'est que les pièces de
rechange ne soient pas disponibles ou que l'appareil brise quand on essaie de
le réparer. C'est tout à fait normal de vouloir que nos biens soient durables
et de qualité. Lorsqu'on débourse des centaines, parfois même des milliers de
dollars pour se procurer un bien, c'est généralement avec l'intention de le
conserver le plus longtemps possible.
Et, comme plusieurs autres États du monde, le
Québec en fait aujourd'hui un droit.
Ce projet de loi aura des impacts concrets
dans la vie de tous les jours. Il aura des impacts concrets sur le budget des
familles, sur nos habitudes de vie également. Et, pour tous les détails, je
laisse mon collègue le ministre donner les informations.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Kariane. Bonjour, tout le monde. Écoutez, heureux de vous retrouver pour le
dépôt d'un cinquième projet de loi à cette session-ci. Alors, au cours des
dernières années, le sujet de l'obsolescence programmée et la durabilité des
biens est régulièrement revenu à l'avant-plan. Nombreux sont ceux qui se sont
questionnés sur la ou les meilleures façons d'agir sur cet enjeu. Plusieurs se
sont lancés, y sont allés de propositions, donnant assurément naissance à de
bonnes pistes de réflexion. Je pense ici, notamment, aux étudiants de l'Université
de Sherbrooke qui ont contribué à la rédaction d'un tout premier projet de loi
sur l'obsolescence programmée qui avait été déposé ici, à l'Assemblée
nationale. Il s'agit d'un enjeu complexe qui nécessite que l'on trouve le bon
équilibre entre la protection des Québécoises et des Québécois et la
compétitivité des entreprises.
Alors, après plusieurs mois de
consultation, de réflexion et d'évaluation des meilleures pratiques dans le
monde, nous sommes fin prêts à vous présenter le modèle québécois de lutte
contre l'obsolescence programmée. Il est primordial que les familles
québécoises en aient pour leur argent lorsqu'elles achètent un bien, et c'est
encore plus vrai dans le contexte d'inflation que nous connaissons
actuellement. Une cuisinière qui ne fonctionne plus et que l'on n'en vient pas
à bout de faire réparer, un ordinateur irréparable faute d'instruction
disponible, une automobile tout juste sortie du concessionnaire qui commande un
abonnement mensuel chez le mécanicien, ce ne sont pas des situations qui sont
acceptables, et les consommateurs ne devraient pas en faire les frais.
C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme et
de fierté que nous avons déposé ce matin le projet de loi n° 29, Loi
protégeant les consommateurs contre l'obsolescence programmée et favorisant la
durabilité, la réparabilité et l'entretien des biens. Celui-ci se décline en
cinq grandes mesures, la première étant l'obsolescence programmée. Donc, il
vise à interdire d'abord le commerce de tout bien dont l'obsolescence est
programmée. En 2015, la France est devenue la première et la seule juridiction
à ce jour à interdire à titre d'infraction pénale l'obsolescence programmée.
L'Union européenne, les États-Unis et l'Australie, entre autres, ont également
adopté des mesures afin de s'attaquer aux enjeux liés à la durabilité, à la
réparabilité et à l'entretien des biens. Les meilleures pratiques observées à
l'étranger ont été une source d'inspiration pour le Québec.
C'est inadmissible qu'un appareil
parfaitement fonctionnel soit muni d'un dispositif qui l'empêche de fonctionner
normalement après un certain temps. C'est tout aussi intolérable qu'un appareil
électronique soit délibérément conçu pour que son évolution soit limitée. Les
incidences sur le porte-monnaie des Québécois ne peuvent être ignorées, les
répercussions sur notre environnement non plus. Ce sont des pratiques qui
coûtent cher aux familles et nuisent à l'environnement. Elles doivent être
sanctionnées. Concrètement, tout bien pour lequel des moyens ont été utilisés
pour en réduire la durée normale de fonctionnement ne pourra plus se retrouver
sur le marché québécois. Et, désormais, le contrevenant, le fabricant, par
exemple, s'exposera à des amendes pénales pouvant aller jusqu'à
125 000 $. Advenant qu'un contrevenant aurait tiré profit d'une telle
pratique, il pourrait devoir payer quatre fois le montant de ses bénéfices en
amendes. En cas de récidive, ces montants sont portés au double.
Le projet de loi que nous présentons
aujourd'hui contient également des mesures qui visent à offrir à la population
une garantie de bon fonctionnement à l'achat. Pensons notamment à nos électroménagers
ou à des appareils électroniques, tablettes, ordinateurs, etc. Ce sont des
biens dispendieux dont nous nous servons à tous les jours. Équiper son
appartement ou sa maison pour faire son foyer fonctionnel représente assurément
une part importante du budget des ménages. Ça ne doit pas être à refaire tous
les ans ou tous les deux ans, en fonction de l'obsolescence programmée.
Avec la garantie de bon fonctionnement,
nous venons créer un plancher, un délai minimal en deçà duquel il sera
considéré anormal qu'un bien ne fonctionne plus correctement. La garantie de
bon fonctionnement accordera, pendant une période déterminée, un droit
automatique à la réparation en cas de mauvais fonctionnement du bien. Il
reviendra alors au commerçant ou au fabricant de le réparer, et ce, à ses
frais. Le projet de loi prévoit aussi un droit à la réparation renforcée. Quand
notre réfrigérateur, notre voiture ou notre ordinateur nous lâche, ça devient
rapidement une source de stress et un fardeau. Pourquoi? Parce que notre
premier réflexe, souvent, c'est de nous dire que ça va coûter moins cher d'en
acheter un nouveau et ça va être moins compliqué plutôt que de le faire
réparer. Et ça, ce n'est pas normal. Avec les changements prévus à la loi, la
réparation sera plus accessible, le fabricant et le commerçant vont devoir
s'assurer que les pièces de rechange sont disponibles pendant une durée
raisonnable et à un prix qui ne doit pas décourager d'office le consommateur.
Même chose pour les outils qui aident à la réparation, comme le manuel
d'entretien ou un logiciel de diagnostic, par exemple.
Par ailleurs, la loi interdira toutes les
techniques qui compliquent l'entretien ou la réparation d'un bien. De quoi
est-il question ici? On parle notamment d'un fabricant qui ne pourra pas faire
en sorte que la réparation d'une pièce d'un appareil nécessite d'en endommager
une autre. Il faudra que les pièces de rechange puissent être installées avec
des outils couramment disponibles. Et un constructeur automobile ne pourra pas
non plus faire en sorte que le phare d'une voiture puisse être remplacé, mais
qu'une mise à jour de tout le système non accessible à un garagiste indépendant
soit nécessaire pour que le phare éclaire à nouveau.
Autre point important, particulièrement en
ce qui concerne les voitures. Les gens doivent toujours pouvoir faire affaire
avec le réparateur de leur choix, ce qui n'est pas le cas en ce moment. Quand un
seul concessionnaire peut régler un problème, parce que le garagiste du coin,
lui, n'a pas accès aux données du système, c'est problématique. Donc, on veut
permettre d'avoir accès à l'ordinateur et au système à tous les garagistes. Le
concessionnaire peut faire certes un bon travail, mais les Québécois devraient
pouvoir choisir avec qui ils font affaire en fonction de leur budget. Partout
au Québec, des gens font affaire avec leur garagiste indépendant de confiance.
Ce n'est pas normal que des Madelinots aient à transporter leur véhicule
jusqu'à Québec simplement parce que le constructeur l'exige.
Avec l'importante transformation
énergétique des prochaines années, de plus en plus de familles vont se procurer
des voitures électriques. Même si ce sont de vrais ordinateurs sur quatre
roues, il faut que ces véhicules soient réparables partout sur le territoire
québécois, à proximité de la maison, si nous voulons que la transition vers les
voitures vertes soit facilitée pour tous. Et c'est ce que la loi permettra en
obligeant le fabricant d'un bien à donner accès gratuitement au consommateur ou
au réparateur de son choix aux données de l'automobile nécessaires pour
déterminer le problème et surtout le régler.
Poursuivons sur le thème de l'automobile.
Avec le projet de loi, le Québec deviendra le premier au Canada à adopter une
mesure anticitron. Nous avons tous entendu parler de cette personne
malchanceuse, notre voisin, notre cousin, notre ami qui est tombé sur un
citron. Il s'achète une automobile récente et pourtant il nécessite sans cesse
des réparations ou présente un problème qui refait surface tout le temps.
Personne ne veut être celui ou celle qui a un abonnement mensuel chez le
garagiste. Alors, qui est responsable d'une telle situation? Est-ce que c'est
le consommateur qui n'a pas pris toutes les précautions nécessaires? Est-ce que
c'est la faute du vendeur, du fabricant? C'est difficile de jeter le blâme sur
qui que ce soit, mais une chose est certaine, ce n'est pas aux citoyens d'en
faire les frais.
Ainsi, avec les modifications que nous
proposons, le recours prévu à la Loi sur la protection du consommateur
permettra au propriétaire d'une auto déclarée véhicule gravement défectueux de
demander au tribunal d'annuler son achat. Il est inconcevable de laisser les
consommateurs québécois aux prises avec de tels problèmes alors que, chez nos
voisins du Sud, chaque État a sa propre loi anticitron depuis des années.
Par ailleurs, toujours dans l'optique
d'avoir des biens qui sont durables, fonctionnels et faciles d'usage, nous
viendrons définir les normes pour l'établissement d'un chargeur universel. Vous
avez vu l'ensemble des fils que nous avons ici. Alors, c'est un non-sens
d'avoir autant de fils chargeurs que d'appareils électroniques à la maison. Comme
cela a été fait en Europe avec le fil USB-C, nous pourrons déterminer le
chargeur avec lequel tous les appareils vendus au Québec devront fonctionner.
Évidemment, nous ne faisons pas cavalier seul. L'idée de définir un standard
pour le Québec qui sera cohérent avec ce qui se fait ailleurs dans le monde est
ultérieurement dans les autres États fédérés du Canada.
Vous l'aurez compris, les objectifs du
projet de loi sont simples, mais d'une grande importance. Nous voulons nous
assurer que les familles en aient pour leur argent lorsqu'elles se procurent un
bien, surtout en contexte d'inflation, de protéger les Québécois et les
Québécoises contre l'obsolescence programmée et d'assurer aux Québécois et aux
Québécoises des biens de qualité durables et réparables. De toute évidence,
considérant l'évolution du marché, le Québec doit moderniser les lois qui
protègent les consommateurs. Il est essentiel que le Québec demeure un chef de
file en matière de protection des consommateurs. Et les enjeux que j'ai soulevés
aujourd'hui sont des incontournables. Nous pouvons et nous devons agir au
bénéfice des générations présentes et futures. Et, sur ce, je cède la parole à
mon collègue le ministre de l'Environnement.
M. Charette : Merci, Simon.
En fait, et à Simon, et à Kariane, un beau merci. C'est un beau travail qui a
été fait. On en entend parler depuis un certain nombre d'années, il y avait des
attentes bien précises à ce niveau-là. Et c'est, bien entendu, un projet de
loi, d'abord et avant tout, de protection du consommateur, mais, en même temps,
on peut aisément y voir des liens avec la protection de l'environnement. Vous
allez voir, demain, le premier ministre va présenter, c'est-à-dire la Stratégie
de développement durable 2023-2028, et plusieurs des orientations de cette
stratégie se retrouvent concrètement dans des dispositions du projet de loi qui
est présenté ce matin.
Donc, oui, il y a un lien avec la
protection de l'environnement. À partir du moment où on favorise l'économie
circulaire, à partir du moment où on favorise le droit à la réparation, ce que
ça implique, c'est un recours moins automatique vers les lieux d'enfouissement
technique, communément appelés les dépotoirs, notamment. Et on sait, ces
dépotoirs se remplissent trop rapidement, donc il y a un enjeu environnemental.
Et, lorsqu'on évite ce recours accéléré aux dépotoirs, on contribue également à
diminuer nos émissions de GES. Donc, projet de loi, oui, pour la protection des
consommateurs, mais un lien manifeste avec l'environnement.
Et d'ailleurs le ministère de
l'Environnement a eu la possibilité de collaborer, au cours des derniers mois,
avec les équipes de Simon et de Kariane pour s'assurer qu'on couvre des aspects
qui répondent à notre stratégie de développement durable. Donc, un pas qui est
manifestement et concrètement dans la bonne direction, qui est en lien avec la
stratégie de développement durable et qui va nous permettre d'atteindre nos
objectifs. Et c'est une autre belle illustration, c'est un petit peu la couleur
que le gouvernement du Québec a voulu donner depuis quelques années,
c'est-à-dire allier protection de l'environnement et développement économique
également. C'est une économie circulaire qui a sa valeur, qui a sa pertinence.
Donc, une belle illustration que l'environnement peut être souligné, peut être
favorisé à travers des initiatives qui ne relèvent pas toujours du ministère de
l'Environnement. Chaque ministère a sa possibilité de contribuer.
Donc, je me réjouis. Je sais que c'est un
travail de longue haleine et, pour Kariane, des consultations, avec quelque
chose, là, qui, franchement, prend forme de façon intéressante. Donc, merci à
vous deux. Et ce sera très intéressant de voir les prochaines étapes, avec les
consultations notamment, voir comment le projet de loi sera bonifié et
travaillé avec les groupes partenaires, mais les groupes naturels du ministère
de l'Environnement ont déjà envoyé des signaux très positifs, ce matin, suite
au dépôt du projet de loi. Donc, une belle contribution, et merci à mes
collègues.
Le Modérateur : Est-ce que
vous êtes prêts à prendre les questions maintenant? Alors, on va commencer.
Manifestez-vous si vous voulez, si vous avez des questions à poser. On va
commencer avec Simon Bourassa.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour
à vous trois. Est-ce que, M. le ministre de la Justice, vous craignez qu'il y
ait des contestations judiciaires, par exemple, de fabricants automobiles, là?
Parce qu'il y a beaucoup d'aspects qui touchent l'industrie automobile,
notamment lorsque vous parliez, tu sais, de l'obligation de certains fabricants
de faire réparer dans les concessionnaires. Il pourrait y avoir des
contestations?
M. Jolin-Barrette : Non, je
ne crois pas. Écoutez, c'est à l'avantage des constructeurs automobiles de
faire en sorte, justement, de permettre aux consommateurs québécois de faire
réparer leur automobile à leurs garagistes du coin. Puis, écoutez, il faut
comprendre, là, que, dans toutes les régions du Québec, ce sont des commerçants
de proximité, les garagistes. Alors, pour nous, on est très à l'aise avec ce
que nous proposons. Puis c'est normal aussi, écoutez, depuis que les véhicules
existent, les gens les font réparer, alors je pense que c'est important que le
consommateur ait le choix de le faire.
M. Bourassa (Simon) : Puis
l'obsolescence programmée, la notion en tant que telle, ça ne fait pas
l'unanimité. Est-ce que vous... je pose la question à vous trois, là, est-ce
que vous, personnellement, croyez qu'il y a des entreprises qui mettent une
date de péremption de manière volontaire sur des biens et des produits?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je vous donne l'exemple de l'imprimante. Ce n'est pas normal qu'après
1 000 impressions l'imprimante arrête de fonctionner puis que ça soit
standardisé. On a tous déjà vu ce cas-là. Alors, moi, je pense que c'est
important, quand on achète un bien, qu'il puisse durer la durée normale. Alors,
c'est pour ça qu'on arrive avec une garantie de bon fonctionnement. Écoutez, à
l'époque, là, ma grand-mère, quand elle achetait une cuisinière, bien, elle
durait 25, 30 ans. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas du tout, alors que la
technologie s'est améliorée. Alors, ça représente des centaines de dollars,
voire des milliers de dollars d'investissements, souvent, sur des appareils électroménagers.
Moi, je pense que c'est normal que les Québécois en aient pour leur argent.
Le Modérateur : Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous trois. M. le ministre, la garantie légale existe déjà auprès de l'Office
de la protection du consommateur. Votre loi, elle vient bonifier de quelle
façon, là? C'est une garantie légale de 10 ans, une garantie légale de
cinq ans, ça va dépendre des produits? Vous l'évaluez comment, là?
M. Jolin-Barrette : En fait,
votre question, elle est bonne. La garantie légale demeure, mais, par contre,
la garantie légale, elle est sur les épaules du consommateur. Nous, ce qu'on
vient faire avec la garantie de bon fonctionnement, c'est une garantie qui va
amener un plancher pour les biens, donc pour les électroménagers, supposons, et
donc ça va être la même garantie pour tout le monde et ça ne sera pas sur les
épaules du consommateur, ça va être automatique. Le bien devra fonctionner en
bon état de fonctionnement durant la garantie... durant la durée de temps de la
garantie.
M. Laforest (Alain) : Juste
une précision, c'est combien d'années?
M. Jolin-Barrette : On va le
déterminer par voie réglementaire, en fonction de la nature des biens.
M. Laforest (Alain) : Le
Conseil du patronat a déjà réagi en disant : «Le marché du Québec ne pèse
pas lourd dans les décisions des grands fabricants, il devra y avoir une
harmonisation.» Donc, est-ce que vous croyez que les grands fabricants d'objets
électroniques, là — on peut penser aux compagnies cellulaires, là, on
voit tous vos chargeurs qui sont là — vont répondre à la demande du
Québec, alors qu'on est un petit joueur dans le marché mondial?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, il y a une tendance mondiale, plusieurs États aux États-Unis, en
Europe, en Australie, également. Je pense que tout le monde est conscientisé
également sur le volet environnemental, l'économie circulaire, le droit à la
réparabilité. Puis le Québec a toujours été un chef de file en matière de
protection des consommateurs, en matière environnementale aussi, je pense que
mon collègue le démontre très bien avec toutes les actions qu'il pose. Alors,
honnêtement, moi, je pense qu'on doit être des chefs de file.
Le Modérateur : Alexandre
Duval, Radio-Canada.
M. Duval (Alexandre) : Bonjour
à vous trois. Comment on va arriver à déterminer des garanties légales de bon
fonctionnement différentes par appareil? Jusqu'où la liste des appareils
couverts va pouvoir aller? C'est quoi, un peu, votre plan de match là-dessus?
M. Jolin-Barrette : Bon. Dans
le projet de loi, il y a certains biens qui sont déjà identifiés, exemple,
lave-vaisselle, laveuse, sécheuse, réfrigérateur, appareils électroniques comme
les téléphones, supposons. Alors, ça, c'est déjà inscrit dans le projet loi,
mais il y a également un pouvoir réglementaire pour étendre la liste. Et, pour
la durée de la garantie de bon fonctionnement, on va le déterminer par voie
réglementaire, en consultant notamment l'office, les partenaires. On va se
fonder notamment, entre autres, sur la jurisprudence qui existe déjà, mais on
aura des consultations sur la durée minimale de la garantie en fonction des
catégories de biens.
M. Duval (Alexandre) : Comment
vous allez faire pour... Parce que vous dites : On va interdire la vente
d'appareils dont l'obsolescence est programmée. Comment on fait pour démontrer
que l'obsolescence est programmée pour certains appareils?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, dans un premier temps, il y a des citoyens qui utilisent ces biens-là,
il y a un processus de plainte à l'Office de la protection du consommateur. Ils
peuvent, par la suite, enquêter, ils ont des pouvoirs d'inspection, l'Office de
la protection du consommateur, et ils ont l'expertise, à l'office, également
pour le déterminer en fonction des dispositions législatives que nous avons.
M. Duval (Alexandre) : C'est
l'office qui va décréter quels appareils sont à obsolescence programmée et
lesquels ne le sont pas?
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'office va constater. Donc, quand vous vous retrouvez avec une situation où
vous achetez un bien, supposons un lave-vaisselle, puis qu'il arrête de
fonctionner systématiquement après un certain nombre de lavages, l'office a les
ressources et l'expertise pour le déterminer. Puis, ultimement, il va y avoir
des sanctions pénales qui peuvent s'appliquer. Et donc, ultimement, si jamais
c'est contesté, il y aura un contrôle par la cour.
M. Duval (Alexandre) : Rapidement,
une petite dernière, juste sur les sanctions. Les sanctions que vous prévoyez
sont vraiment moindres que celles qui étaient prévues dans le projet de loi n° 195 de Mme Rizqy. Vous n'avez pas peur que ça ne
soit pas suffisamment dissuasif pour les fabricants, les commerçants?
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je trouve ça quand même très dissuasif, parce que, de base, vous avez,
pour les personnes morales, 125 000 $ ou quatre fois le profit qui a
été réalisé par les compagnies avec la vente du bien en utilisant le recours à
l'obsolescence programmée. Alors, moi, je trouve que les sanctions sont très...
ont des dents. Je comprends que ma collègue de Saint-Laurent avait mis un
chiffre plus élevé, mais ce qui est important, c'est l'application de la
sanction puis la dissuasion aussi. Puis on atteint l'objectif recherché avec
les montants.
Le Modérateur : On va passer
à Thomas Laberge, LaPresse canadienne.
M. Laberge (Thomas) : Oui.
Bonjour à vous trois. Dans votre allocution, vous avez parlé du prix
raisonnable, vous avez parlé des outils qui étaient couramment disponibles,
vous avez parlé d'un temps jugé... Comment on va déterminer tous ces
éléments-là qui sont jugés raisonnables? C'est quoi, un prix raisonnable pour
des pièces de rechange, par exemple? Est-ce que ça va être évalué en
pourcentage du prix du bien, par exemple?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait le caractère de la raisonnabilité, lorsqu'on l'observe, notamment défini
par les tribunaux, par la jurisprudence, c'est quelque chose de courant au
quotidien. Exemple, un outil pour réparer. Bien, écoutez, il ne faut pas que
l'outil, supposons, coûte une fortune pour venir être en mesure de réparer
ledit bien. Il ne faut pas que la pièce... Bien, en fait, il ne faut pas que l'outil
pour réparer la pièce vous coûte plus cher que ça. Donc, on parle d'outils
courants, exemple, des tournevis, des pinces, des clés Allen ou une clé à
molette. Donc, je pense que ce qui est important de réaliser, c'est que le
consommateur doit avoir le choix, il doit avoir la disponibilité. C'est
toujours dans cette optique-là qu'on veut travailler, parce que, souvent, il y
a des stratégies qui font en sorte que le bien n'est pas réparable ou les
pièces ne sont pas disponibles, puis ça force le consommateur à aller acheter
un nouveau bien. Donc, on est loin de l'économie circulaire puis on est moins
aussi dans l'économie locale où il y en a, des gens, qui vivent de cette
industrie-là, le fait de pouvoir réparer les biens. Puis ça nous permet
également de moins consommer.
M. Laberge (Thomas) : Mais
juste une précision. Qui va trancher? C'est l'Office de la protection du
consommateur qui va déterminer, par exemple, qu'une pièce de rechange coûte
trop cher pour un bien?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, c'est un critère. Oui, l'office, elle, lorsqu'elle va constater...
Bien, en fait, ça débute par une plainte. Donc, l'office, elle évalue la
situation. Et si jamais le fabricant ne va pas dans le sens des recommandations
de l'office, bien entendu, il y a des sanctions pénales qui peuvent s'appliquer
et, ultimement, le tribunal.
M. Laberge (Thomas) : Juste
en terminant, là...
M. Jolin-Barrette : Et
je dois vous dire qu'avec l'Office de la protection du consommateur, là, il
collabore très bien avec les détaillants, avec les fabricants, puis ils sont là
en soutien également. Qu'il y ait quelque chose qui ne fonctionne pas, ils ont
une approche proactive d'explication pour corriger le comportement. Parce
qu'ultimement, ce que l'office veut, c'est de faire en sorte que les
consommateurs ne soient pas floués puis qu'également, pour les compagnies et
les entreprises, le fait d'avoir une bonne relation d'affaires, également pour
leur marché à eux, pour la vente de leurs biens, c'est favorable aussi. Donc,
c'est gagnant-gagnant.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
qu'il va y avoir un temps d'adaptation pour les entreprises une fois que le
projet de loi va être adopté?
M. Jolin-Barrette : Oui,
parce que ce n'est pas une entrée en vigueur la journée de la sanction. On a
prévu différentes modalités d'entrée en vigueur, là, sur... Je pense que... Je
vais vous revenir avec... précisément, là, mais il y a 12 mois,
15 mois, 18 mois. Donc, on laisse...
M. Laberge (Thomas) : ...du
secteur, par exemple?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fonction des dispositions du projet de loi, puis il y a des règlements à
adopter aussi parce que, bon, dans la loi, il y a les grands paramètres
notamment, mais il va falloir venir préciser notamment la durée de la garantie
de bon fonctionnement pour chacun des biens. Donc, les entreprises vont avoir
le temps de s'adapter. Puis il n'y a personne qui va être pris par surprise.
M. Lacroix (Louis) : Bon, je
vais y aller avec une question pour ma part. Je voudrais juste comprendre le
cheminement. Si, par exemple, un consommateur achète... on donne beaucoup
l'exemple du lave-vaisselle, puis là il constate que le lave-vaisselle, par
exemple, ne fonctionne plus au bout de tant de cycles, alors c'est quoi le
cheminement que lui doit faire pour faire reconnaître que son appareil, par
exemple, a justement une obsolescence programmée? Alors, il fait quoi? Il s'en
va... C'est quoi, le cheminement qu'il doit suivre?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, votre question est comme en deux volets, donc le volet obsolescence
programmée, mais l'autre volet aussi, garantie de bon fonctionnement. Ça fait
que prenons la garantie de bon fonctionnement qui va toucher spécifiquement les
gens. Donc, vous achetez votre lave-vaisselle et au bout, supposons, de six
mois, il ne fonctionne plus. Donc, vous allez appeler votre détaillant ou votre
fabricant pour dire : Écoutez, mon lave-vaisselle ne fonctionne plus. Et
le fabricant a l'obligation de vous le réparer à ses frais, à ses propres
frais. Donc, il va contacter... Vous allez contacter le fabricant. Si jamais le
fabricant vous dit : Non, non, non, M. Lacroix, bien là, vous allez
appeler à l'Office de la protection du consommateur qui, eux, vont contacter
l'entreprise pour leur rappeler leurs obligations légales. Et si d'aventure il
n'y avait pas d'actions, bien là, à ce moment-là, il y a les sanctions pénales.
Et vous avez également toujours les recours civils à votre disposition. Mais
comme je vous dis, la majorité des entreprises, des fabricants se conforment
aux lois.
M. Lacroix (Louis) : Mais...
M. Jolin-Barrette : Sur
la question de l'obsolescence programmée?
M. Lacroix (Louis) : Oui,
allez-y.
M. Jolin-Barrette : À ce
moment-là, c'est le consommateur qui fait une plainte à l'office, puis là
l'office enquête, fait les inspections requises, et là constate s'il y a
obsolescence ou non et peut donner une sanction administrative pécuniaire ou
une sanction pénale.
M. Lacroix (Louis) : Parce
que la personne qui va avoir un problème avec son lave-vaisselle, elle ne veut
pas être pognée pour faire... laver sa vaisselle à la main pendant deux ans, le
temps que ce soit réglé devant l'office, devant les tribunaux, etc., là. Alors,
est-ce qu'il y a, dans votre projet de loi, un mécanisme qui va faire en sorte
qu'il y ait une démarche accélérée? Est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, dans le fond, contrairement à la garantie légale actuelle, la garantie
légale qui existe et qui va demeurer également, c'est sur les épaules du
consommateur qui doit aller devant le tribunal... Bien, avant d'aller devant le
tribunal, la personne contacte l'entreprise et dit : Bien, écoutez, moi,
j'ai acheté mon bien, il ne fonctionne pas, donc je suis sur la garantie
légale. Et là l'entreprise, règle générale, respecte la garantie légale. Dans
l'éventualité où vous avez une entreprise qui ne respecte pas la garantie
légale, là, vous vous adressez aux tribunaux et le fardeau de preuve est sur
vos épaules à vous. Vous devez démontrer que le bien ne fonctionne pas en
fonction de la durée de temps qu'il devait fonctionner. Ça, c'est le régime
actuel.
Nous, ce qu'on vient faire, c'est qu'on
vient dire : Avant ça, vous avez une garantie minimale plancher, donc d'un
certain nombre d'années, où c'est l'entreprise, le fabricant, qui, lui, doit
garantir le bon fonctionnement du bien et qui doit vous le réparer à ses frais.
Donc, le consommateur va appeler la compagnie. Puis c'est très clair, il n'y a
pas de : Bien, c'est huit, ou c'est 10 ans, ou c'est 12 ans. Ça
va être clair. Exemple, pour un électroménager, c'est x nombre d'années qui va
être prévu par voie réglementaire, puis le fardeau est sur les épaules du
fabricant de le réparer.
M. Lacroix (Louis) : Donc, on
change le fardeau, en fait, de la preuve.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, on vient instaurer une nouvelle garantie, garantie de bon
fonctionnement, avec une garantie d'un nombre d'années plancher en fonction des
électroménagers.
Le Modérateur : Gabriel Côté.
M. Côté (Gabriel) : Pourquoi
vous déposez ce projet de loi là maintenant? Parce que ça ne pourra pas être
adopté, là, d'ici la fin de la session.
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce qu'on est prêts à le déposer. Puis la législature n'est pas terminée,
vous savez, il reste au moins trois ans. Donc, on a déposé quatre projets de
loi par le ministère de la Justice à cette session-ci. Là, ça, c'est le
cinquième, alors on va peut-être réussir à en adopter quatre. Inquiétez-vous
pas, l'automne prochain, on va faire les consultations, puis notre objectif est
de l'adopter le plus rapidement possible pour les Québécois.
M. Côté (Gabriel) : Mme Rizqy...
Le Modérateur
: ...
M. Côté (Gabriel) : Oh!
excusez.
Le Modérateur
: Oui.
Non, excuse-moi...
M. Côté (Gabriel) : Mme Rizqy,
ce matin, disait qu'essentiellement vous avez pris son projet de loi, vous avez
biffé son nom puis vous avez écrit le vôtre, mais ce n'est pas ça que vous avez
fait.
M. Jolin-Barrette : Non, ce
n'est pas ça que j'ai fait, mais très certainement... Vous savez, je vous ai
parlé des étudiants de l'Université de Sherbrooke qui avaient fait un travail
sérieux avec le Pr Jonathan Mayer. Le député de Chomedey aussi avait déposé un
premier projet de loi. La députée de Saint-Laurent a repris ce qui avait été
fait par les étudiants de Sherbrooke. Écoutez, c'est une tendance mondiale,
c'est une tendance québécoise, également, je pense que tout le monde veut aller
dans la bonne direction puis je suis convaincu que je vais avoir la
collaboration de Mme Rizqy pour le projet de loi.
Puis, vous savez, lorsqu'on est dans
l'opposition, bien entendu, on a des idées. L'objectif... on partage
l'objectif, mais c'est sûr que, dans les modalités, bon, on a travaillé
beaucoup avec le ministère de l'Environnement, on a fait des consultations,
l'office a fait des consultations également, ma collègue a tenu des
consultations aussi. Donc, oui, on s'inspire, mais c'est un projet de loi
abouti et complet.
M. Côté (Gabriel) : Merci.
Le Modérateur : Je suis
désolé, Gabriel.
M. Côté (Gabriel) : Il n'y a
pas de trouble.
Le Modérateur : Charles
Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) : M.
le ministre, une question sur la Commissaire à l'éthique. Elle propose
d'adopter de nouvelles mesures de prévention de conflits d'intérêts pour
maintenir la confiance de la population. Elle dit qu'elle est disponible,
qu'elle offre son entière collaboration. Est-ce que vous comptez répondre à son
appel? Et à quel moment des travaux pourraient être entrepris pour adopter ces
nouvelles mesures là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, les rapports de la Commissaire à l'éthique sont toujours lus avec
attention, puis on va prendre connaissance de ses recommandations. C'est mon
collègue le ministre responsable des Institutions démocratiques qui est
responsable, alors je vais vous référer à lui parce que c'est son dossier.
M. Lecavalier (Charles) : Puis,
M. Charette, j'aurais aussi une question sur les caribous forestiers. Il
semble que les Premières Nations... qu'ils n'aiment pas, disons, le plan que
vous allez déposer, là, ils ont déjà pris connaissance de certains éléments.
Comment vous allez faire pour rétablir le dialogue puis pourquoi vous avez
rejeté leurs idées?
M. Charette : Très
simplement, on pourra s'en reparler dans quelques semaines, lorsque la
stratégie sera dévoilée. Il y a des éléments qui ont commencé à circuler, mais
il n'y a personne qui a le portrait d'ensemble, et surtout c'est un travail qui
se poursuit. Donc, on s'en reparle dans les prochaines semaines. L'échéancier
qu'on s'était promis de respecter, on le respecte. Donc, quelque part en juin,
on pourra se reparler plus dans le détail, là, de cette stratégie, qui implique
le ministère de l'Environnement, mais qui implique d'autres ministères
partenaires, également.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
ça ne sera pas un plan qui va entrer en vigueur, là, c'est un projet, si je
comprends bien, que vous allez présenter?
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, il y a des éléments qui seront en vigueur rapidement, et il y a
une modulation, là, qui pourra être présentée aussi, mais dans quelques
semaines. Un petit peu de patience, et on va pouvoir vous revenir là-dessus,
mais il n'y a pas de groupe qui peut se dire lésé ou entièrement satisfait, le
plan n'est pas complètement terminé, à ce moment-ci, mais c'est une question de
quelques semaines.
Le Modérateur : Alexandre
Robillard, Le Devoir.
M. Robillard (Alexandre) : Bonjour.
M. Jolin-Barrette, je continuerais un petit peu sur le sujet de mon
collègue, bien qu'on soit dans le territoire de M. Roberge, j'aimerais
quand même vous entendre comme membre du Conseil exécutif, en termes de, bien
sûr, solidarité ministérielle, parce qu'il y a deux ans, M. Legault, il
disait que le code d'éthique était désuet. Donc, moi, je me demandais si vous
partagiez son opinion.
M. Jolin-Barrette : Alors,
comme je vous ai dit, c'est le dossier de mon collègue, donc le ministre
responsable de la Réforme des institutions démocratiques, mais je vais être
heureux de répondre à toutes vos questions sur le projet de loi n° 29.
M. Robillard (Alexandre) : Dans
son rapport, Mme Mignolet, elle a établi que M. Pinsonnault est une
connaissance de M. Fitzgibbon. Moi, je voulais savoir si, dans vos
relations à vous, quand quelqu'un est une de vos connaissances, est-ce que ça,
ça fait en sorte que vous êtes dans une relation privée?
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
je pense que mon collègue le ministre l'Économie a eu l'occasion de répondre à
vos questions hier.
M. Robillard (Alexandre) : Je
vous demande votre compréhension à vous, parce qu'on sait quand même le rôle
que vous jouez au sein du gouvernement. Donc, je vous demande quand même votre
opinion là-dessus parce que c'est un éclairage, dans le fond, sur une
interprétation que Mme Mignolet a fait dans son rapport, puis, étant donné
qu'elle s'adresse à tous les élus, là-dedans, moi, je pense que vous, vous
seriez capable de nous donner une orientation sur la manière dont vous vous
gouvernez quand vous concevez que vous êtes face à une connaissance. Est-ce
que, selon vous, vous êtes dans une relation privée?
M. Jolin-Barrette : Vous me
permettrez de prendre connaissance et de lire en détail le rapport de la Commissaire
à l'éthique, ce que je n'ai pas eu le temps de faire depuis hier, considérant
le fait que je préparais le projet de loi n° 29.
M. Robillard (Alexandre) : Puis
maintenant, encore une fois, sur un autre truc, mais je veux savoir pourquoi,
selon vous, les députés québécois doivent être les mieux payés parmi toutes les
provinces canadiennes?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, la question du rattrapage et du reclassement a fait couler beaucoup
d'encre au cours des dernières semaines. L'Assemblée nationale avait un rapport
indépendant, a mandaté trois personnes indépendantes et qui ont statué que,
depuis 23 ans, il n'y avait pas eu de reclassement et ont jugé qu'il était
approprié de reclasser l'indemnité annuelle des députés.
M. Robillard (Alexandre) : Et
ce reclassement là, il fait en sorte que vous devrez expliquer à la population
pourquoi les députés québécois sont les mieux payés parmi tous leurs homologues
du même ordre de gouvernement. Donc, est-ce qu'on peut vous entendre sur les
raisons que les gens devraient prendre en considération pour accepter ou
appuyer cette hausse-là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, je vous référerais au rapport. L'ensemble des explications se
retrouvent au rapport du comité indépendant qu'on a mis en œuvre...
M. Robillard (Alexandre) : ...M.
le ministre, il y a quand même un discours politique à tenir sur cette
décision-là, puis c'est pour ça que je m'adresse à vous comme membre du
gouvernement. Je comprends qu'il y a un rapport qui expose les... mais vous,
quels sont les arguments que vous utilisez pour expliquer pourquoi les députés
québécois devraient être mieux payés que leurs homologues?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
suis convaincu que vous avez assisté aux travaux de la commission parlementaire
qu'on a tenue durant de nombreuses heures et que vous avez été rivé à votre
écran durant les travaux.
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
j'ai assisté à certains échanges concernant...
M. Jolin-Barrette : Notamment
mardi soir. Mais, très certainement, j'ai eu l'occasion d'expliquer qu'on se
référait au rapport, et avec les motifs qui étaient inscrits au rapport,
également. On est dans une situation où le gouvernement du Québec... Les élus
de l'Assemblée nationale, ce sont les élus de la nation. Il y a une situation
qui est particulière dans l'ordre de gouvernement au Québec. Alors, écoutez, le
rapport était très clair. Il y a un comité indépendant qui a recommandé un
reclassement salarial, et c'est ce que nous faisons.
Et d'ailleurs mon collègue de Québec
solidaire disait toujours : Moi, je... On est en faveur d'un comité
indépendant exécutoire. C'est exactement ce que nous faisons. Il y a un comité
indépendant qui a rendu un rapport indépendant, puis on exécute les
recommandations du rapport dans une loi. Alors, c'est un rapport indépendant
qui est exécutoire.
Le Modérateur : On va passer
aux questions en anglais. Est-ce que Kelly Greig aurait une question?
Mme Greig
(Kelly) :
Good
afternoon, or morning, I should say. How you are going to ensure that
manufacturers, big manufacturers, like General Electric of Maytag, comply with
this law? Because as the Conseil du patronat said, you know, Québec is not a
huge player in the world market. So, are they going to have Québec specific
washers and dryers and then ones for other places?
M.
Jolin-Barrette :
Québec has always been a leader in the protection of...
Mme Greig
(Kelly) :
Customer.
M.
Jolin-Barrette :
...customer, customer, so we want to be sure that we will keep that
role of leadership. And, you know, all around the world, it's a situation that
each government wants to attack. And I think that's really important for people
who are at home that when they buy a good and that costs thousands of dollars
or hundreds of dollars, they should have the quality and the durability of the
good, because it's a lot of money, and we need to be sure that what you buy,
that will work for a certain time. That's why we table a guaranteed floor, to
be sure that everybody will have the quality for their money.
Mme Greig
(Kelly) :
But,
respectfully, I mean, just how can you ensure that these big manufacturers will
actually comply with the law?
M.
Jolin-Barrette :
Well, we have some... In North America, you have, in the United
States, a few States that already passed some bills like that, and others are
presently tabled, some bills. And all of the country and also in Europe, you
have some bills that are adopted. So, that's a global way to change things, and
we want to be a leader about that. And we have also some fees for the company
who will not respect that. So, think that's good for the customers, and we need
to take that way to improve the protection of the customer.
Mme Greig
(Kelly) : And for the cars, for the anti-lemon
law, you mentioned that it's important that Quebeckers can
get their car repaired anywhere, it's not just at the dealership or at a
specific spot. How much do you think that will save people financially and why
is that important? What did you
hear that made that important,
where you say I want to go my corner mechanic and not, you
know, hundreds of kilometers away?
M.
Jolin-Barrette : Yes. But there's two things
in the anti-lemon law that we tabled, it's the fact that we can choose the one
who will repair your car. And right, now we see some companies that say : You can only go to my dealer.
But you have some local workers in each municipality that have a business, and they are… their business to repair cars.
So, you have the right to choose your own guy who will repair your car.
And the other important thing about the anti-lemon law is
the fact that, now, when you get a lemon, you will be able to make a
«resiliation» of the contract that you have, because you will not be stuck with
that car, and you will be able also to diminish your obligation about the
contract that you have also. And all the 50 States of the United States have that kind of bill.
Mme Greig
(Kelly) : And do you know the savings,
potential savings here for consumers, for Quebeckers?
M.
Jolin-Barrette : Well, that's a lot, because
that's not the same cost and the same fee when you go to your local repair car
versus the dealer. So, you can compare the fees about the... «les pièces» and
also the money each hour, the fees each hour that you have to pay.
Le Modérateur
: Mélissa François.
Mme François
(Mélissa) : Can you... Minister Simon Jolin-Barrette, can you walk us through the process once a consumer
realizes that their new good is not working? What does he have to do?
M.
Jolin-Barrette : Yes. With the new guarantee
of «bon fonctionnement», so, first of all, the consumer can call his... «son
détaillant» or the one who billed the good. And he will be able to say :
You have to repair my good, so do it.
And, if he don't do it, he will
be able to call to l'Office de la protection du
consommateur, and l'Office de
la protection du consommateur will take contact with
the company. And, if it doesn't work, she will have some penalty about the fact
that he will not repair the good.
The big difference
between now and what we table with the bill is that you had, before the legal
guarantee, that the burden of proof was on the shoulders
of the customer. Now, we changed that with «la garantie de bon fonctionnement»,
and that's an obligation for the one who built the good to repair for a
predetermined time that the guarantee will apply.
Mme François
(Mélissa) : Is this going to be a long process?
M.
Jolin-Barrette : No, it's a shorter process,
because you will not be obligated to go in front of the tribunal. Right now,
with the legal guarantee, you can ask the company to be sure that they repair
or to diminish their obligation about the contract, but, if the company says
no, next round, you have to go in front of tribunal and… to demonstrate that
the good was not going well as it should be. Now, you have a floor that says :
Whatever happened, you have to repair it.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup. Ça conclut cette conférence de presse.
M. Jolin-Barrette : Merci,
collègues. Merci.
(Fin à 12 h 06)