(Onze heures huit minutes)
M. Cliche-Rivard : Bonjour,
tout le monde. Je veux prendre le temps de revenir sur les scénarios des cibles
de la CAQ en immigration annoncées la semaine dernière. Comme pour le troisième
lien, en immigration, François Legault lance des chiffres en l'air. La CAQ n'avait
aucune étude pour appuyer leur position. Ils se sont rendus à l'évidence qu'elles
étaient intenables. Ils proposent maintenant 70 000 ou même possiblement
plus que ça. Ça se rapproche de ce que Québec solidaire a proposé en campagne
électorale, de 60 000 à 80 000. En plus, la CAQ ramène enfin le Programme
de l'expérience québécoise, presque dans son intégralité d'avant la réforme
Jolin-Barrette. Il manque deux choses, deux grandes choses dans cette politique-là,
par contre, ce sont des mesures concrètes pour permettre ou assurer la
régionalisation de l'immigration, et il manque aussi une politique de
régularisation de statut de ceux et celles à statut précaire. Donc, il reste
encore beaucoup de travail à faire. Nos propositions, mes propositions, celles
de Québec solidaire, moi, je les base sur des années d'expérience terrain à
travailler sur ces programmes là, à faire des demandes dans ces programmes-là,
et je vois aujourd'hui que le gouvernement nous écoute. Substantiellement, nous
avions donc raison, et j'espère qu'ils seront davantage à l'écoute la prochaine
fois.
Je ne peux pas m'empêcher de revenir sur l'article
Éviter le Québec dans La Presse de ce matin. Ça m'attriste
terriblement. Effectivement, le lien de confiance est rompu. Il n'y a jamais eu
d'excuses, jamais, pour les 18 000 dossiers jetés et les rêves
détruits. Il n'y a jamais eu d'excuses pour les abandonnés et les promesses de
droits acquis non respectés dans la réforme du PEQ. Les délais, les coûts qui
sont doubles versus les autres provinces, les messages envoyés en campagne
électorale, ça fait beaucoup. Aujourd'hui, je veux envoyer un message d'espoir
aux candidats et candidates en immigration et leur assurer que les Québécois et
les Québécoises sont accueillants. Ce n'est pas une majorité de Québécois qui
se reconnaît dans les politiques d'immigration de la CAQ, je veux vous en
assurer, et je vais travailler très fort pour pousser ce message-là dans les
prochaines années.
M. Nadeau-Dubois : Quelques
remarques, puis ensuite mon ami, Guillaume, sera disponible pour vos questions.
François Legault, depuis qu'il est revenu en politique, n'arrête pas de dire qu'il
fait ce que les Québécois veulent. On l'entend très souvent dire ça : Moi,
je suis là pour faire ce que les Québécois et les Québécoises veulent. Bien, ce
que les Québécois et les Québécoises veulent, là, c'est qu'il recule sur son
augmentation de salaire de 30 000 $ pour les députés. Les Québécois
et les Québécoises veulent massivement que François Legault laisse tomber son
projet de loi, et c'est ce que je demande encore ce matin. Il y a un sondage de
la firme Léger qui est clair, qui est catégorique, c'est trois personnes sur
quatre au Québec qui s'opposent à l'augmentation de 30 000 $ pour les
députés que propose François Legault et le Parti libéral. C'est un rejet
massif. On a tous analysé des sondages dans les dernières années, là, un rejet
massif comme ça, c'est rare et c'est un signal que doit entendre François
Legault.
Moi, ce que je dis à François Legault, ce
matin, c'est : Écoutez donc les Québécois, les Québécoises, écoutez donc
les gens que vous représentez. Ce que ces gens-là disent de manière
consensuelle, c'est : Ce n'est pas une priorité d'augmenter de 30 000 $
le salaire des députés, ce n'est pas une priorité. Il n'y a aucune raison de
précipiter l'adoption de ce projet de loi là. François Legault doit écouter la
population, puis, dans la population, son augmentation de 30 000 $
pour les députés, ça ne passe pas. C'est la fin de session, il reste deux
semaines, il nous reste juste deux semaines ici, à l'Assemblée nationale, c'est
important d'avoir les bonnes priorités, de bien utiliser le temps qu'on a. La
CAQ nous avait promis, par exemple, un omnibus en logement pour régler la crise
du logement. On attend toujours ce projet de loi là, et, pendant ce temps-là,
on travaille sur un projet de loi pour augmenter le salaire des députés de 30 000 $.
Ce n'est la priorité de personne au Québec, ce n'est la priorité de personne au
Québec d'augmenter les salaires des députés de 30 000 $, sauf d'une
personne, François Legault. François Legault doit se reconnecter sur les
priorités des gens et il doit entendre la voix des Québécois et des
Québécoises.
Mme Prince (Véronique) : Expliquez-nous
votre stratégie. Pourquoi vous avez demandé un amendement pour l'augmenter de
10 000 $, après ça un amendement pour augmenter de 20 000 $?
Vous allez où avec ça?
M. Nadeau-Dubois : À Québec
solidaire, on est contre toute augmentation de salaire des députés qui serait
votée par les députés eux-mêmes...
Mme Prince (Véronique) : Oui,
mais vous avez quand même proposé des amendements d'augmentation.
M. Nadeau-Dubois : ...et ça, c'est
notre position depuis 10 ans, c'est encore notre position puis ça va
rester notre position pour l'avenir.
M. Laforest (Alain) : Bien, c'est
quoi, les amendements? Pourquoi vous avez déposé des amendements?
M. Nadeau-Dubois : Ce qu'on a
fait en commission... ce qu'on a...
M. Laforest (Alain) : Non,
ça, c'est une ligne, M. Gabriel Nadeau-Dubois. C'est quoi, les
amendements? Pourquoi l'amendement de 10 000 $? Pourquoi l'amendement
de 20 000 $?
M. Nadeau-Dubois : Bien, M. Laforest...
M. Laforest (Alain) : Mais
non, bien, vous nous sortez une ligne, vous êtes contre.
M. Nadeau-Dubois : J'essaie
de vous répondre...
M. Laforest (Alain) : Vous
avez déposé un amendement en demandant une augmentation de 20 000 $.
Pourquoi vous n'êtes pas en phase avec votre sondage?
M. Nadeau-Dubois : Je m'apprêtais
à répondre, M. Laforest, mais vous m'en avez empêché en m'interrompant,
donc je vais reprendre calmement là où j'étais rendu. Québec solidaire, on s'oppose
à toute augmentation du salaire des députés qui serait votée par les députés
eux-mêmes. On veut un processus qui est indépendant puis qui est décisionnel.
Puis ce qu'on a fait en commission parlementaire, c'est travailler très fort
pour amoindrir le plus possible l'impact du projet de loi caquiste et libéral
sur les contribuables québécois. Donc, oui, on a travaillé fort, on a déposé
des amendements pour essayer d'amoindrir le plus possible la hausse, et on n'est
pas gênés de ça. Ceux qui devraient être gênés, c'est les libéraux et la CAQ qui
se battent mordicus, coûte que coûte, pour avoir à tout prix dans leurs poches
une augmentation de 30 000 $. Et ça, c'est mauvais pour la démocratie
québécoise, c'est mauvais pour la confiance que les Québécois et Québécoises
ont envers leurs institutions politiques, et on ne lâchera pas le morceau.
Mme Prince (Véronique) : Mais
est-ce que c'est cohérent? Trouvez-vous que c'est cohérent de dire : On
est contre toute hausse, mais, après ça, on propose 10 000 $, puis on
propose...
M. Nadeau-Dubois : La
position de Québec solidaire, elle est la même depuis 10 ans, puis elle ne
changera pas cette semaine, puis elle ne changera pas la semaine prochaine. Ce
n'est pas normal que des députés se votent une augmentation de salaire. Mais,
quand on étudie un projet de loi déposé par le gouvernement, c'est quoi, nous,
notre travail comme opposition? C'est d'essayer d'en amoindrir le plus possible
les côtés négatifs. C'est pour ça qu'on a proposé d'amoindrir l'augmentation. C'est
pour ça qu'on propose de la reporter en 2026, parce qu'on travaille le plus
fort possible, en commission, pour amoindrir l'impact de cette hausse-là. Et
les gens qui doivent être gênés de tenir mordicus à leur augmentation de 30 000 $,
c'est les libéraux et les caquistes.
M. Lacroix (Louis) : Ça fait
que votre proposition date d'il y a 10 ans... votre position date d'il y a
10 ans, mais votre proposition date de jeudi dernier. Alors donc,
autrement dit, à l'heure actuelle, tous les partis sont d'accord pour une
hausse, mais on ne s'entend pas sur le chiffre?
M. Nadeau-Dubois : Non, c'est
inexact. Non, à Québec solidaire, on est contre...
M. Lacroix (Louis) : Bien là,
vous avez proposé un amendement pour dire 20 000 $.
M. Nadeau-Dubois : ...on est
contre toute augmentation de salaire qui serait votée par les députés
eux-mêmes. Ça ne nous empêche pas, en commission parlementaire, de déposer des
amendements pour amoindrir le projet de loi. Je vous donne un autre exemple. Le
report en 2026, là, ce n'est pas ça, notre position sur le fond. Pourtant, on
vous a annoncé, il y a plusieurs jours maintenant, quelque part la semaine
dernière, que, dans un contexte où on a une majorité devant nous, qui va de
toute façon finir par adopter son projet de loi, François Legault n'est même
pas capable de dire qu'il ne fera pas de bâillon, donc ça, ça veut dire qu'il
est prêt à tout pour l'adopter, donc dans ce contexte-là, travailler à
amoindrir l'impact du projet de loi sur les gens puis sur les contribuables,
c'est ça, notre travail comme opposition. Et notre proposition de reporter la
hausse en 2026 s'inscrit exactement dans cette logique-là.
M. Laforest (Alain) : Mais
l'amendement de reporter en 2026, ça, c'est amoindrir. Demander
20 000 $, ça coûte quand même de l'argent aux contribuables. Vous
trouvez qu'il y a une logique dans votre amendement?
M. Nadeau-Dubois : On a
déposé des amendements pour essayer d'amoindrir la hausse sur les
contribuables, et la réponse qu'on a eue de la part des autres partis, c'est :
Nous, on veut à tout prix, absolument, notre 30 000 $ d'ici la fin de
la session. Je trouve ça gênant.
M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi
vouloir amoindrir une hausse à laquelle vous vous opposez?
M. Nadeau-Dubois : Parce que
notre travail dans l'opposition, là, quand on est 12, mais qu'on a
90 caquistes devant nous, là, c'est de prendre tous les moyens à notre
disposition pour que les décisions du gouvernement soient les moins mauvaises
possible. On va le faire aussi dans le cas du projet de loi n° 15. On est
contre l'idée de créer cette mégastructure bureaucratique, ça ne nous empêchera
pas de déposer...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
pourquoi vouloir...
M. Nadeau-Dubois : Je vais
juste...
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
je comprends, mais...
M. Nadeau-Dubois : On aura
tout le temps pour poser toutes les questions, je vais juste vous demander...
M. Robillard (Alexandre) : ...pourquoi
vouloir rendre plus acceptable une hausse à laquelle vous vous opposez?
M. Nadeau-Dubois : Je vais
juste vous demander de me laisser compléter mes réponses puis je vais prendre
tout le temps nécessaire pour répondre à toutes les questions. Ça me fait
plaisir, c'est un dossier que je connais bien, sur lequel je travaille depuis que
je suis à l'Assemblée nationale...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
permettez-moi juste de vous relancer. Pourquoi c'est plus acceptable, là...
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais,
moi, ça me fait plaisir, vos relances, une fois que ma réponse est complétée.
Ce que j'allais dire, je prenais le parallèle avec le projet de loi n° 15,
on est contre la création de cette mégabureaucratie-là, mais ça ne nous empêche
pas de déposer des amendements pour essayer d'améliorer le projet de loi ou
qu'il soit le moins pire possible. C'est ce qu'on fait dans tous les projets de
loi, puis, oui, on l'a fait, jeudi, sur le salaire des députés.
M. Robillard (Alexandre) : Si
vous me permettez juste une petite relance. Pourquoi vouloir rendre plus
acceptable une hausse à laquelle vous vous opposez?
M. Nadeau-Dubois : Parce que
ce qui nous anime, c'est que la confiance dans les institutions politiques puis
l'impact sur les Québécois et les Québécoises, notamment sur les finances
publiques, soient le moins grand possible. Ça fait que, oui, on essaie de
prendre tous les moyens à notre disposition pour diminuer le caractère
scandaleux de cette augmentation-là. Sur le fond, notre position demeure. On
est contre toute forme d'augmentation de salaire que les députés se voteraient
eux-mêmes, et ça, c'est depuis 10 ans, puis on le maintient.
M. Robillard (Alexandre) : La
CAQ vous demande de révéler le coût du sondage. Est-ce que vous allez le
révéler? La CAQ vous demande le coût du sondage.
M. Nadeau-Dubois : C'est
quand même ironique que la CAQ, qui a dépensé des millions de dollars en fonds
publics pour se commander des sondages, tout d'un coup, semble irritée du fait
que nous, on en a commandé un. À ma connaissance, si ce n'est pas notre
premier, en tout cas, ce n'est pas notre 10e. Et on va être 100 %
transparents, il n'y aura pas de problème avec ça.
M. Denis (Maxime) : Ça vient
de l'aile parlementaire ou du parti?
M. Nadeau-Dubois : Ça vient
de l'aile parlementaire puisque c'est un projet de loi du gouvernement, puis on
va... Aux dernières nouvelles, je pense que c'était plus de 1 million de
dollars de fonds publics qui a été dépensé par la CAQ en sondages. Donc, moi,
je ne suis pas gêné qu'on ait commandé une question de sondage face à un gouvernement
Legault qui dépense des centaines de milliers de dollars pour faire des
sondages. Honnêtement, au jeu de la...
M. Denis (Maxime) : Combien
ça vous a coûté?
M. Nadeau-Dubois : Écoutez,
je ne connais pas ça par cœur, mais on va être 100 % transparents, là. On
n'a vraiment rien à cacher. Puis ceux qui devraient être gênés, en ce moment,
c'est la CAQ. De foncer tête baissée pour faire adopter un projet de loi qui
est rejeté par trois Québécois sur quatre, c'est gênant pour François Legault.
Mme Prince (Véronique) : Mais
comment vous le déterminez, le 10 000 $ ou le 20 000 $? Ce
chiffre-là, vous êtes... vous avez fait des calculs? Comment vous l'avez
déterminé?
M. Nadeau-Dubois : On a
essayé d'amoindrir, comme on fait dans tous les projets de loi, hein? On essaie
d'amoindrir l'impact du projet de loi sur la population. C'est ce qu'on fait
dans ce cas-là, c'est ce qu'on fait dans le cas du projet de loi n° 15
aussi, même si on s'oppose à l'idée de créer cette mégastructure bureaucratique...
M. Laforest (Alain) : Mais
c'est qui qui vous a donné 20 000 $? C'est un actuaire? C'est le
chapeau?
M. Nadeau-Dubois : On a
déposé des amendements pour essayer d'amoindrir le projet de loi.
M. Laforest (Alain) : Ce
n'est pas ça, ma question. Ce n'est pas ça, ma question. Ma question, c'est :
Vous avez pris ce chiffre-là où?
M. Nadeau-Dubois : On a
essayé plusieurs scénarios, puis la conclusion qu'on tire, la conclusion à
laquelle on arrive, c'est que les libéraux et les caquistes...
M. Laforest (Alain) : Bon, ma
conclusion, moi, c'est que vous avez pris le chiffre à peu près aléatoire...
M. Nadeau-Dubois : ...les
libéraux et les caquistes, eux, ce qu'ils veulent, c'est 30 000 $,
ici et maintenant, le plus vite possible. Et les seules personnes dont c'est la
priorité au Québec, c'est cette centaine de députés là.
M. Laforest (Alain) : Vous ne
voulez pas répondre. Le chiffre vient d'où?
M. Nadeau-Dubois : Mon
collègue, Alexandre Leduc, a déposé divers scénarios pour amoindrir l'impact de
la hausse sur les contribuables québécois, c'est ça qu'on fait dans
l'opposition.
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que c'était pour gagner du temps? On joue, on lance des chiffres comme ça?
M. Nadeau-Dubois : Non. Non,
non, on travaille sérieusement en commission parlementaire. On va travailler le
plus longtemps possible. Mais vous savez qu'il y a seulement deux articles au
projet de loi, et on est seuls, on est seuls, en commission parlementaire, à
s'opposer. Alors, on fait ce qu'on peut, mais avec 90 députés face à nous.
C'est quand même limité, là.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
si le projet de loi est amoindri, là, vous avez le même... ça a été rejeté, là,
mais si vous en étiez arrivé à avoir le 20 000 $ ou le 10 000 $,
est-ce que, sur le fond, l'engagement est le même, c'est-à-dire que vous
remettez 100 % de cette augmentation?
M. Nadeau-Dubois : Bien sûr.
Bien sûr.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
peu importe le scénario final, si on arrive avec une hausse moins importante
que le 30 000 $, vous vous engagez donc à le remettre à une offre de
charité?
M. Nadeau-Dubois : Il y a une
nuance quand même importante. Nous, ce à quoi on s'oppose, c'est à des hausses
de salaire qui sont votées par les députés eux-mêmes.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
dans ce processus-là.
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
Non, mais vous comprenez que si la CAQ... Un des amendements qu'on va faire,
par exemple, puis c'est notre position historique depuis 10 ans, c'est de
déposer un amendement pour créer un comité indépendant et décisionnel qui
statuerait sur l'ensemble des conditions de travail des députés, comme l'avait
fait la juge L'Heureux-Dubé à l'époque. Si on s'en allait dans cette
direction-là, au lieu d'une hausse votée par les députés eux-mêmes, une hausse
qui s'inscrit dans un examen global de la rémunération des députés, là, le
scénario serait complètement différent. Mais si la CAQ s'entête à se voter à
elle-même, avec l'appui des libéraux, une augmentation de salaire, ma position
est maintenue. Il va falloir faire une couple de calculs, ça va me prendre
quelques jours, mais je vais la redonner, oui.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
c'est pour quatre ans, donc, hein, l'engagement?
M. Nadeau-Dubois : C'est pour
quatre ans. C'est pour quatre ans.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que ça, c'est pour l'ensemble des députés, M. Nadeau-Dubois? C'est pour
l'ensemble des députés, ce n'est pas seulement vous?
M. Nadeau-Dubois : Il n'y
aura pas de ligne de parti à Québec solidaire sur les finances personnelles.
C'est quand même un enjeu qui est...
M. Bellerose (Patrick) : Mais
le Parti québécois le fait, donc ça semble possible. Pourquoi ne pas... Mais
qu'est-ce qui fait que... si vous êtes tous opposés unanimement à la hausse de
salaire, qu'est-ce qui fait que certains vont la refuser, d'autres pas?
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
vous dis, c'est qu'il n'y aura pas de ligne de parti à Québec solidaire sur les
finances personnelles des gens. On a tous des situations différentes, et chaque
personne va prendre sa décision. Puis vous savez quoi, monsieur? C'est
important pour moi. Je veux dire, ce n'est pas un concours de vertus, là. Moi,
je ne juge pas ce que les gens font. Je regardais la proposition du Parti
québécois, par exemple, qui est différente un peu de la mienne, où ils vont
prendre la portion de l'augmentation qui représente ce que le secteur public va
avoir. Ce n'est pas ma position personnelle. Mais vous savez quoi? Je ne la
juge pas. C'est une situation qui est fâcheuse pour tous les députés. Moi, je
ne suis pas ici pour me vanter de quoi que ce soit. Chaque député va prendre
ses décisions, puis moi, je n'entrerai pas dans une dynamique de pointer du
doigt ou de blâmer les gens.
M. Robillard (Alexandre) : ...les
dons, est-ce que ça va être public?
M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai
toujours été 100 % transparent, donc ce sera public si...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
tous les députés vont être...
M. Nadeau-Dubois : Bien là,
écoutez, là, je vous le dis, là, il n'y aura pas de ligne de parti sur les
finances personnelles des gens. Si vous me demandez à moi si ça va être public...
je ne savais pas que j'aurais la question, mais je vais vous dire : Oui,
il n'y a pas de problème. Je vais être 100 % transparent. Je n'ai rien à
cacher. Moi, tout ce que je veux, là, tout ce que je veux, c'est envoyer le
message que se voter à soi-même une augmentation de salaire, ça ne devrait pas
se passer comme ça.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que ça va être possible que des députés gardent 100 % de la hausse quand
même?
M. Nadeau-Dubois : Ça
m'étonnerait énormément, énormément.
M. Bellerose (Patrick) : M. Nadeau-Dubois,
est-ce que c'est parce que tous les députés de Québec solidaire ne sont pas
unanimement opposés à la hausse de salaire?
M. Nadeau-Dubois : Ah non,
non, tout le monde est contre. Non, non, ce n'est pas ça. Vous savez qu'à
l'intérieur du caucus de Québec solidaire, tu en as sept qui font le fameux
salaire de base des députés, hein, d'ailleurs, c'est... Sept députés sur 10, à
l'Assemblée, qui font ce salaire-là sont dans notre caucus, et on n'a pas tous
le même salaire. Moi, comme chef parlementaire, par exemple... d'ailleurs,
c'est public, c'est connu, c'est transparent, j'ai une prime pour mes fonctions
supplémentaires, donc moi, étant, pour le dire très simplement, le plus haut
salarié de mon propre caucus, moi, je ne vais pas regarder de haut mes députés
puis leur dire : Ça, c'est ce que tu vas faire avec ton argent. Pour vrai,
ce n'est pas comme ça que je travaille, ce n'est pas mon style de leadership.
On a eu tout un débat la semaine passée
sur les lignes de parti, hein? Vous étiez nombreux à questionner les différents
partis, à savoir : Ah! la ligne de parti, et tout ça, est-ce que ce n'est
pas trop rigide? Honnêtement, faire une ligne de parti sur les finances
personnelles du monde, ce n'est pas notre style, à Québec solidaire.
M. Lacroix (Louis) : Un
député pourrait accepter la hausse puis personne ne va être au courant de toute
façon, parce que tout le monde va l'avoir, la hausse, dans les faits, là. Mais
un député, n'importe quel député pourrait l'accepter, personne ne va être au
courant puis vous n'irez pas voir ce qu'ils font avec l'argent, à savoir à qui
ils donnent l'argent? Est-ce que c'est ce que je comprends?
M. Nadeau-Dubois : Voulez-vous
que moi, je m'ingère dans les finances personnelles de mes députés. Moi je ne
ferai pas ça puis je ne juge pas le monde. Puis ça m'étonnerait énormément que
certains de mes collègues gardent la hausse au complet. Vous savez quoi...
M. Lacroix (Louis) : Mais, en
même temps, vous n'irez pas voir?
M. Nadeau-Dubois : Mais, M. Lacroix,
je ne suis pas leur gestionnaire de finances, je ne connais pas les... Moi, je
ne suis pas en politique pour gérer les finances personnelles de mes députés.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais,
en disant ça, vous admettez en même temps qu'il y a des députés de la CAQ qui
en ont peut-être besoin, de cette hausse-là. Est-ce que vous les jugez, eux?
M. Nadeau-Dubois : Mais une
chose est sûre, à Québec solidaire, on n'est pas contre un exercice, et on le
répète depuis 10 ans, qui ferait un examen global de toutes les conditions
de travail, notamment le salaire, et on n'est pas contre qu'il y ait une
bonification du salaire des députés. Le problème, c'est que les députés ne
devraient pas se la donner à eux-mêmes. C'est ce qu'avait proposé la juge
L'Heureux-Dubé il y a 10 ans. Oui, il y avait une augmentation de salaire
d'un côté, mais il y avait une réforme majeure du régime de retraite, qui était
qualifiée à l'époque de Ferrari des régimes de retraite, et il y avait aussi un
ménage dans toutes les primes et les allocations. Et le résultat global de ça,
c'était quoi? C'était une réforme à coût nul pour les contribuables québécois.
Si on menait un exercice comme celui-là aujourd'hui, la position de Québec
solidaire serait différente. Nous, on est cohérents depuis 10 ans sur
cette question-là et on l'a été, en 2019, d'ailleurs aussi, quand il y avait un
ajustement qui avait été voté.
Nous, on continue depuis 10 ans à
avoir cette position-là. Puis ce que le sondage de ce matin révèle, c'est que trois
Québécois sur quatre s'opposent à la décision de François Legault, et que donc
François Legault est complètement déconnecté des priorités des Québécois. Et il
s'apprête à prendre... à première vue, François Legault s'apprête à prendre la
décision la plus impopulaire depuis qu'il est premier ministre du Québec.
Mme Prince (Véronique) : Mais
juste une précision. Le Parti québécois a dit tantôt que, pour cette
législature-ci, eux autres aussi, ils donneraient à des organismes. Mais pour
la prochaine, ils gardent la porte ouverte si les députés veulent garder
l'augmentation. Est-ce que c'est aussi votre position qu'en 2026, dans le fond,
si les députés veulent la garder, qu'ils la gardent?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, moi, j'ai pris une décision pour ce qui est de mes finances pour les
quatre prochaines années. Je ne sais même pas si je vais être réélu en 2026. On
verra à ce moment-là. Mais en ce moment, le processus est tel. Il y a tellement
un conflit d'intérêts que moi, je préfère procéder comme ça. Puis moi, je ne
juge ni mes collègues du Parti québécois, qui décident de garder une partie
équivalente aux travailleurs du secteur public puis de redonner l'autre, mais
je ne juge pas non plus aucun autre député de l'Assemblée nationale. Ce n'est
pas une question de juger le monde, ce n'est pas une question de les regarder
de haut, c'est une question de principe. Est-ce que les députés devraient se
voter à eux-mêmes une augmentation de 30 000 $? Et moi, depuis six ans
maintenant que je suis en politique, j'ai toujours eu la même position. C'est
un conflit d'intérêts. Il faut mettre fin à ce conflit d'intérêts, se doter
d'un comité qui est indépendant et qui est surtout décisionnel pour trancher
ces questions-là. Moi, ce que je vois aujourd'hui, là, c'est que les libéraux
et les caquistes voient le sondage, constatent à quel point la population ne
les suit pas, et là ils réagissent, ils contre-attaquent, ils nous attaquent, puis
ils inventent toutes sortes d'arguments farfelus pour nous attaquer parce
qu'ils n'ont pas d'argument puis parce que la hausse caquiste et libérale de 30000 $, elle ne passe
pas.
Mme Plante (Caroline) : M. Nadeau-Dubois,
est-ce que vous étiez au courant, vous, pour les amendements sur le 10000 $, le 20000 $, ou c'était
l'idée de votre leader?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
microgère pas ce qui se passe dans les commissions parlementaires. Je n'avais
pas discuté avec Alexandre de ça avant, non.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
vous n'étiez pas vraiment au courant, là?
M. Nadeau-Dubois : Le plan de
match qu'on s'est donné, avec Alexandre, c'est d'amoindrir le plus possible les
augmentations... en fait, amoindrir le plus possible l'impact du projet de loi
sur la population, donc d'essayer le report en 2026, d'essayer de diminuer le
niveau de la hausse. Je ne rédige pas les amendements avec lui, mais le plan de
match général, je le connaissais, oui.
Mme Plante (Caroline) : Mais,
si c'était à refaire, est-ce que vous le referiez comme ça?
M. Nadeau-Dubois : Je
constate que ces amendements-là ont généré des questionnements sur la position
de Québec solidaire. On ne réécrira pas le passé. Ce qui est important pour moi
aujourd'hui, c'est de dire clairement : La position de Québec solidaire,
depuis 10 ans, n'a jamais changé. On est contre toute augmentation qui
serait votée par les députés eux-mêmes parce que le monde qu'on représente
n'ont pas ce pouvoir là de se voter à eux-mêmes une augmentation.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
c'était peut-être un peu maladroit?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
constate que ça génère de la confusion et des questions. On ne l'avait pas vu
venir. Mais vous savez quoi? Les Québécois et les Québécoises, ils connaissent
notre position dans ce dossier-là, ils savent qu'on est cohérents.
M. Lacroix (Louis) : Vous
n'aviez pas vu venir ça? M. Nadeau-Dubois, vous n'aviez pas vu venir ça?
M. Bellerose (Patrick) : ...il
passe trois semaines, quatre semaines à se faire un capital politique sur une
opposition...
M. Nadeau-Dubois : Capital?
Ça fait... En fait, ça fait 10 ans...
M. Bellerose (Patrick) : ...je
veux juste terminer ma question aussi... s'opposer à la hausse, mais par après
11 députés sur les 12 vont l'empocher quand même.
M. Nadeau-Dubois : Ma
collègue Manon a dit qu'elle la donnait au complet, ma collègue Ruba, mon
collègue Alexandre, je veux dire, je ne sais pas comment vous trouvez votre 11.
M. Bellerose (Patrick) : Bien,
une bonne partie des députés qui vont s'être opposés...
M. Nadeau-Dubois : Non. C'est
inexact, je ne vois pas d'où vous tenez cette information-là. Posez-leur la
question.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
vous dites que la plupart des députés, là, on ne sait pas, est-ce qu'ils vont...
M. Nadeau-Dubois : Ce que
j'ai dit, c'est que moi, je n'allais pas forcer une ligne de parti sur les
finances personnelles des gens. Puis honnêtement, je pense que les gens à la
maison comprennent que moi, comme meilleur salarié, entre guillemets, là, de
mon caucus, comme leader, ce n'est pas mon travail de dire aux... d'appliquer
des lignes de parti sur les finances personnelles des gens. Ça fait 10 ans,
à Québec solidaire, qu'on a la même position, depuis Amir Khadir, Françoise
David, aujourd'hui, Manon et moi. Les gens connaissent la position de Québec
solidaire dans ce dossier-là. Ils savent qu'on a toujours répété la même chose.
On n'est pas contre, par principe, une augmentation ou une révision des
conditions des députés, mais pas dans un conflit d'intérêts comme ça.
M. Denis (Maxime) : Quelle
est votre lecture de ce volet nationaliste en fin de semaine au congrès... au
conseil général du PLQ, cette scission qu'il y a chez les libéraux?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
que... en tout cas, je n'ai pas de long éditorial à faire sur les dilemmes et
les déchirements à l'intérieur du Parti libéral. Mais moi, ce que j'ai observé,
c'est assez intéressant, c'est qu'on a un parti qui dit... il y a beaucoup de
gens dans ce parti-là qui disent : On n'aime pas beaucoup le nationalisme,
mais, en fait, c'est le nationalisme québécois, parce que, quand il s'agit du
nationalisme canadien, là, plutôt, beaucoup... il y a plutôt de l'enthousiasme
de la part des libéraux. Donc, moi, je pense que ce n'est pas tant un débat sur
le nationalisme auquel on assiste au sein du Parti libéral qu'un débat entre
deux nationalismes, un nationalisme québécois puis un nationalisme canadien,
parce que... Et donc je ne suis pas sûr que le débat est sur le nationalisme,
je pense qu'il est sur quel nationalisme. Ce serait mon commentaire du mardi.
M. Laforest (Alain) : C'est
le nationalisme de Jean-Marc Fournier : Québécois, c'est notre façon
d'être Canadien?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
n'est pas la première fois que les libéraux s'enfargent dans les fleurs de ce
tapis-là. C'est le moins qu'on puisse dire. Puis, ce que je constate, c'est
qu'il y a du nationalisme au Parti libéral du Québec, c'est juste que c'est un
nationalisme canadien.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
l'immigration, est-ce que vous demandez, donc, au gouvernement Legault de
s'excuser pour les torts causés par la première réforme du PEQ, à la lecture de
ce qu'on a vu ce matin?
M. Cliche-Rivard : Il y a
clairement des ponts qui doivent être rétablis. Moi, je l'ai dit dans le passé
puis je le réaffirme, il y a des excuses à faire. 18 000 dossiers, là,
début de mandat, des familles, des rêves déchirés, ça fait très mal. Puis,
pendant ce temps-là, on continue puis on essaie d'aller recruter à
l'international puis de vendre le Québec, les universités, et tout ça, mais ça,
ça a fait mal et ça continue de faire mal. La réforme du Programme de
l'expérience québécoise, on avait promis une clause de droits acquis complète.
Ça n'a pas été fait. Il y a seulement quelques étudiants étrangers qui,
finalement, ont pu compléter leur diplôme à temps puis obtenir le PEQ tel qu'on
le connaissait. Pas d'excuses qui ont été faites là. Alors, oui...
Mme Lévesque (Fanny) : Excuses
du premier ministre ou...
M. Cliche-Rivard : De la
personne qui jugera que c'est à elle de le faire. Moi, je ne dirai pas au
premier ministre ni à la ministre quoi faire, mais je pense que le gouvernement
du Québec doit s'excuser.
M. Nadeau-Dubois : Là-dessus,
je veux juste ajouter quelque chose. C'est quand même... En immigration, ce qui
est profondément dérangeant avec François Legault et son parti, c'est que, dans
le cas du PEQ, ils ont scrapper — on peut-u dire ça? — ils
ont charcuté un programme qui fonctionnait. Ils ont brisé des milliers de
rêves, des milliers de vies, et là, quelques années plus tard, ils voient la
lumière, ils rétropédalent. Ce n'est pas un jeu, là, la vie des gens. Ça ne
vous tentait pas d'y penser au début?
Journaliste
: Sur les
seuils?
M. Nadeau-Dubois : Même chose
sur les seuils. On a un premier ministre, en campagne électorale, qui a des
propos extrêmement durs envers les immigrants, les immigrantes, un ministre du
Travail qui pousse le bouchon encore plus loin et qui pointe les gens du doigt.
Vous étiez... pour la plupart, là, vous étiez sur le terrain avec les partis
durant cet épisode-là. Je veux dire, les immigrants, les immigrantes, les fils,
les filles d'immigrants, d'immigrantes au Québec ont été profondément blessés
par ça. Ça a blessé du monde, et là, quelques mois plus tard : Ah! oui,
bon, finalement, on avait un peu dit n'importe quoi, on va changer notre
discours. Je veux dire, ce n'est pas un jeu, la vie des gens. Ce n'est pas un
jeu politique, l'immigration. On ne peut pas lancer des slogans, prendre des
mauvaises décisions, puis, à un moment donné, se rendre compte que c'est
déconnecté de la réalité du Québec, puis rétropédaler avec un... je veux dire,
avec un communiqué de presse. L'immigration, c'est un sujet qui est important,
c'est un débat de société qui est important. On devrait faire ça comme du
monde, pas faire du n'importe quoi, comme fait François Legault sur ce
dossier-là depuis les dernières années. Puis ça a des impacts sur la cohésion
sociale, c'est ça qui est frustrant.
Mme Porter (Isabelle) : Concernant
Agir tôt, on apprend qu'il y a des délais importants. Il y a même des gens qui
appellent le programme agir tard. Qu'est-ce qu'on devrait faire avec ça? Est-ce
que le programme est un échec? Comment vous recevez, là, les constats, là, qui
sont...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est une bonne chose de dépister tôt, mais les services doivent arriver tôt
aussi. Et là ce qu'on voit, c'est que les services, malheureusement, tardent à
arriver. En ce moment, on a deux projets de loi à l'étude ici, à l'Assemblée
nationale, en santé, en éducation, deux réformes de structure, deux réformes de
centralisation, deux brassages d'organigrammes qui passent complètement à côté
du vrai problème dans nos services publics : Le manque de personnel qui
crée notamment des délais d'attente quand vient le temps d'avoir des services.
Donc, pendant que François Legault se bat corps et âme pour améliorer les
conditions de travail de ses députés et de ses ministres, là, les conditions de
travail des gens dans le secteur public stagnent, parfois même se détériorent,
et c'est ça qui crée des délais d'attente comme ça.
Mme Porter (Isabelle) : Donc,
il faut augmenter le salaire des orthophonistes pour qu'il y en ait davantage?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce à
quoi on assiste en ce moment, c'est à une pénurie de personnel généralisée dans
le secteur public, notamment dans ces corps d'emploi là. Et quand ces femmes,
parce que ce sont en majorité des femmes, quittent le secteur public, les
orthophonistes, mais pas seulement, qu'est-ce qu'elles disent? Elles disent :
Pas tant les salaires, un peu, mais surtout les conditions de travail dans le
secteur public sont trop difficiles, on préfère s'en aller au privé. C'est ce
qui se passe dans bien des corps de métier, notamment en orthophonie. Donc,
cette nouvelle-là d'aujourd'hui, pour moi, elle illustre que le défi numéro un en
ce moment dans nos services publics, santé, éducation, c'est la pénurie de
personnel. Puis en ce moment, François Legault ne s'en occupe pas. Ce dont il
s'occupe, c'est des réformes de centralisation puis du brassage de structures.
Et quand on lui demande combien de monde ça va ramener dans le système public,
ces réformes-là, ils ne sont pas capables de répondre.
M. Authier (Philip)
:Can you explain the logic of saying that QS is against the MNA's
salary increase voted by themselves and, yet, last Thursday, you proposed a 20%
increase at the community level, you proposed an amendment. Can you explain the
logic of that? Because it puts kind of a...
M. Nadeau-Dubois : The position on Québec solidaire has always been the same since 10 years and it's still the same
today. It's not normal and it's not OK for MNAs to vote themselves on their salaries. When we are in the
position of opposition, what we have to do… the only power we have is to make
the decisions and the laws of the Government less worse. You know, we have to make them... we have to try to
make them less problematic. And that's why we put an amendment to say :
Let's report the increase after 2026. While proposing that, we're not saying
that, suddenly, we are in favor of having a salary increase voted by the MNAs
themselves, we're just saying : Let's make it less worse. When we're
putting forward amendments that say : Let's decrease the hike of salaries,
we're doing the same thing, we're just trying to make the bill the less
problematic as we can. It's the only power we have in the opposition.
M. Authier (Philip)
: And how would the 20% have gone over in your poll if you'd used
that 20% number that you just mentioned as opposed to the...
M. Nadeau-Dubois : I don't know, we would still be against it. We would still be against
it, so I don't know.
M. Authier (Philip)
: And the people would probably still be against the 20%.
M. Nadeau-Dubois : I don't know. I think the core problem here is not the amount
itself more than the process. You know, people are against the process, you
know, and it's been two weeks we have that debate at the National Assembly. And
since two weeks, everyday, everyday people in the streets talk to me about
that. And what they tell me is not : MNAs should be less paid, or MNAs
should live in misery, or MNAs should have not one single dollar more, what
really gets people, what gets the people is the fact that MNAs will vote
themselves on their own salary. People say : I don't have that power, I
don't have that privilege. Why should 125 elected officials have that
privilege? I think that's the core of that problem and that's what people are
talking to me on the street, honestly, every day, since two weeks.
M. Authier (Philip)
: Will you filibuster this rate until the 9th of June?
M. Nadeau-Dubois : Well, honestly, we are alone in the parliamentary commission. We
are alone. And there are only two articles. So, we're doing everything we can,
but, honestly, we have a Government that has a very strong majority and that says : If we need to
invoke closure, we'll do it. So, we will do everything we can, we will work as
hard as we can, but we are alone at the commission. So, it's limited, what we
can do. It's just the reality of having such a big majority in front of us.
M. Laforest (Alain) : Plus
calmement, est-ce que vous les regrettez, vos amendements, aujourd'hui? Parce
que ça a suscité toute qu'une réaction.
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
constate, en tout cas, que les libéraux et les caquistes ont sauté sur
l'occasion. C'est le moins qu'on puisse dire. Et je constate que ça génère
beaucoup de questions. Ça, je serais bien aveugle de ne pas le voir puis de ne
pas le reconnaître. Mais je pense que notre position est connue du public. Ça
fait 10 ans qu'on l'a, ça fait des semaines qu'on la martèle.
M. Laforest (Alain) : Mais ça
brouille votre message. Est-ce que vous le reconnaissez?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que notre message, il est clair sur cette question-là depuis le début, on est
contre toute forme d'augmentation qui serait votée par les députés eux-mêmes.
Puis franchement, là, je ne vous baratine pas quand je vous dis que, depuis
deux semaines, je me fais accoster quotidiennement, puis ce que les gens... Les
gens ne me disent pas, là : On ne veut pas qu'Éric Lefebvre voie sa mère,
ou on ne veut pas que les députés soient bien payés, ou les députés devraient
être payés au salaire minimum. Ce n'est pas ça que le monde me disent. Les gens
ne sont pas habités généralement d'un mépris envers les politiciens ou d'une
volonté que les politiciens soient maltraités ou mal payés. Puis les gens
savent que c'est un travail difficile qu'on a. Moi, ce n'est pas ça que
j'entends. Ce que j'entends, c'est : Voyons donc, c'est un conflit
d'intérêts, vous ne devriez pas vous-même statuer là-dessus. Et ça, là-dessus,
les gens au Québec savent que c'est ça, notre position puis je pense que...
M. Laforest (Alain) : Mais
ça, je le comprends, là, vous en avez parlé pendant 30 minutes. Bien, moi,
ma question...
M. Nadeau-Dubois : Exact. En
fait, pendant 10 ans pour être...
M. Laforest (Alain) : Oui,
mais les dernières 30 minutes, mais ma question...
M. Nadeau-Dubois : Mais c'est
parce que je voulais répondre à vos nombreuses questions. S'il y avait moins de
questions, je ferais moins que 30 minutes, M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : Mais
j'aimerais une réponse courte là-dessus. Est-ce que vous vous attendiez à une
réaction aussi épidermique sur vos amendements?
M. Nadeau-Dubois : Non, je ne
m'attendais pas à ça. Non, non, non, je ne m'attendais pas à ça. Non.
Mme Henriquez (Gloria) : Can
you repeat that? Do you regret doing those amendments. Would you have...
M. Nadeau-Dubois : I... How do
you say «constate»?
Mme Henriquez (Gloria) : I
observed
M. Nadeau-Dubois : I observed.
I observed that it raises a lot of questions and that our adversaries, the
Liberals and the CAQ, want so badly their $30,000 that they are ready to take
that to critic, to attack us and to raise questions and critics. And, I mean,
that's part of the job we have here. But, at the end of the day, at the end of
the day, the facts remain : the Parti libéral du Québec and the Coalition
avenir Québec want to vote themselves an increase of $30,000. At Québec
solidaire, we are against it because we are against the huge conflict of
interest when we see MNAs voting on their own salaries.
Mme Henriquez (Gloria) : Are
they being greedy?
M. Nadeau-Dubois : Since the
beginning of that debate, I never went into personal attacks or into judging
the motivations of people. I think no one goes into politics to make money, no
one, not in any party. It would be a not very good choice for a lot of people
to go into politics to make money, because no one becomes millionaire when you
go into politics. So, since the day one of that debate, I always refused to
speculate on the motivation of the people or to judge the fact that... it's not
my job to do this. We have a position based of principals since 10 years at
Québec solidaire. We've been hammering that position since 10 years. MNAs
should not vote their own salaries. It's not something we have invented, the
L'Heureux-Dubé report has said it loud and clear, black on white, we need to
stop that system, it's just bad fo the confidence of the population towards the
political class. And we don't need this, it's not a priority. Merci beaucoup.
Bonne fin de journée.
(Fin à 11 h 42)