Point de presse de Mme Line Beauchamp, députée de Bourassa-Sauvé
Version finale
Le mercredi 25 avril 2012, 13 h 30
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Treize heures quarante-neuf minutes)
Mme Beauchamp: Bonjour. Je suis avec vous pour faire le point sur les discussions menées avec les associations étudiantes, mais surtout à la lumière des événements survenus hier soir à Montréal.
Dans un premier temps, je veux le répéter: Au Québec, on a le droit de s'exprimer, on peut manifester, mais on doit le faire en respectant les lois, en s'assurant de la sécurité des personnes, en respectant les biens d'autrui. On ne peut pas impunément poser des gestes graves de perturbation sociale et économique.
La manifestation d'hier a été décrétée illégale. Son trajet n'avait pas été communiqué aux autorités policières. Elle a été caractérisée par des gestes graves de vandalisme, de violence, il y a eu des blessés. C'est inacceptable, c'est intolérable et, chose certaine, ça n'aide en rien au climat de discussion qui doit maintenant régner.
Or, cette manifestation a été annoncée sur le site de l'association étudiante qu'on appelle la CLASSE. On ne peut pas aujourd'hui prétendre s'en dissocier. Je considère donc que la CLASSE s'est exclue d'elle-même de la table de discussion mise en place pour rechercher des solutions, d'autant que d'autres manifestations sont annoncées sur le site de la CLASSE sur un ton provocateur, des manifestations pour aujourd'hui.
Je l'ai indiqué clairement lundi: On doit choisir son camp: c'est soit le camp de la recherche de solutions, de bonne foi, soit le camp de la perturbation. Et on ne peut plus jouer sur les mots, on ne peut plus utiliser l'ambiguïté pour échapper à ses responsabilités. On ne peut pas dire qu'on se dissocie d'un événement et en faire la promotion en même temps sur son site Internet. Je déplore sincèrement que la CLASSE ait choisi son camp, soit celui de la perturbation.
Je l'avais aussi indiqué lundi: Il semble bien que la CLASSE tire profit des gestes de perturbation sociale et économique parce qu'elle mène de soi-disant luttes sociales. Je déplore donc que la CLASSE se soit éloignée grandement des véritables enjeux qui concernent les étudiants.
Par ailleurs, je confirme que le gouvernement est prêt, dès cet après-midi, à poursuivre les discussions avec les associations étudiantes qui respectent la trêve, parce qu'il faut permettre des échanges, des discussions dans un climat calme, respectueux, sans violence. Autrement dit, il faut donner la chance à la discussion de bonne foi. Merci.
M. Robillard (Alexandre): Donc, dans les faits, vous les excluez, ils vont s'exclure, ils ne seront plus admis...
Mme Beauchamp: J'ai indiqué lundi que, si on ne respectait pas une trêve, c'est-à-dire que, si on ne respectait pas le fait de ne pas organiser ou de faire la promotion de gestes de perturbation économique et sociale, on s'excluait du fait même de la table, on choisissait de s'exclure de la table.
Journaliste: ...concrètement?
M. Robillard (Alexandre): Ils ne seront plus admis? Ils ne seront plus admis, c'est ça que vous dites?
Mme Beauchamp: Ils se sont exclus d'eux-mêmes de la table.
M. Plouffe (Robert): Mais ça risque de clore complètement ou de compromettre la suite des pourparlers avec les deux autres associations, Mme Beauchamp. Vous en êtes bien consciente, là?
Mme Beauchamp: Les deux autres associations sont conviées, si elles respectent la trêve, à poursuivre les discussions avec le gouvernement. Et je ne peux croire que l'ensemble du mouvement étudiant choisisse de s'identifier et d'endosser des gestes de violence et de vandalisme. J'indique que la CLASSE choisit de mener, je pense, d'autres luttes, et que des discussions autour de l'avenir du système d'éducation, autour du financement des universités ou même des droits de scolarité ne semblent plus être le sujet de discussion à mener avec la CLASSE.
Journaliste: La CLASSE... Mme Beauchamp, la CLASSE dit que...
M. Plouffe (Robert): Mais vous êtes consciente de prendre un risque, Mme Beauchamp, en adoptant cette attitude-là en excluant la CLASSE de votre table de...
Mme Beauchamp: Je pense qu'on a tous des responsabilités puis un leadership à exercer. Et je pense, moi, qu'on a chacun notre responsabilité d'instaurer les conditions pour la recherche de solutions. Dans ces conditions-là, c'est que les discussions puissent se mener dans un climat qui n'est pas empreint de violence, ou d'intimidation, ou de gestes graves de perturbations économiques et sociales.
Le gouvernement est disposé, dès cet après-midi, à poursuivre les discussions qu'on souhaite vraiment fructueuses. Pour ça, il faut que le bon climat soit instauré.
Journaliste: ...Mme Beauchamp, la CLASSE a dit ce matin qu'elle n'avait pas organisé cette manif...
M. Robitaille (Antoine): Que se passe-t-il si les gens de la CLASSE se présentent quand même?
Mme Beauchamp: Ils se sont exclus de la table de discussion. Donc, ils l'ont appris par notre négociateur, celui qui mène les discussions, que, par la promotion qu'ils ont faite de manifestations... Et je ne parle pas seulement de celle d'hier, je veux juste vous le préciser, il y a d'autres manifestations annoncées sur le site de la CLASSE sur un ton provocateur. Et je pense que... La seule conclusion, c'est qu'ils se sont exclus de la table de discussion. On l'avait indiqué vraiment très clairement : il y a des conséquences à poser de tels gestes, et ils se sont exclus de la table.
M. Chouinard (Tommy): Avez-vous informé les deux autres associations de votre décision? Et ont-elles confirmé qu'elles entendaient poursuivre les discussions?
Mme Beauchamp: M. Pierre Pilote, qui a été identifié, donc, dans les médias, celui qui mène les discussions au nom du gouvernement, dans les derniers instants, a annoncé aux associations le fait que nous considérions que la CLASSE s'est exclue. Et je ne peux pas vous dire la teneur des discussions qu'il a menées.
Journaliste: Donc, vous n'avez pas d'assurance que...
M. Chouinard (Tommy): La CLASSE disait...
Journaliste: Vous n'avez pas... Vas-y donc.
M. Chouinard (Tommy): O.K. Mais la CLASSE disait aujourd'hui... En fait, la manifestation d'hier semblait réunir des gens qui en avaient contre une décision de la CLASSE de reporter une manifestation, donc c'étaient des gens qui en avaient contre la CLASSE. La CLASSE a dit: Nous, on n'a pas... ce n'était pas nous qui l'organisions, cette manifestations-là. Trouvez-vous que c'est des arguments qui sont valables?
Mme Beauchamp: Je prends le temps que... Encore aujourd'hui, il y a quelques instants, la manifestation apparaissait toujours sur le site de la CLASSE. Donc, la CLASSE a donné un espace pour faire la promotion de cet événement-là, et, si vous allez voir leur site, encore aujourd'hui, il y a, sur un ton provocateur, l'annonce de d'autres manifestations à se tenir à Montréal.
M. Lacroix (Louis): Mais, Mme Beauchamp, ils n'avaient jamais dit, la CLASSE, qu'ils respecteraient la trêve, ils avaient dit qu'ils n'avaient pas prévu de manifestation et qu'eux ils allaient continuer à faire leurs actions, et vous les avez quand même acceptés. Alors, comment pouvez-vous arriver ensuite puis dire: Bien, ils ne respectent pas la trêve? Ils n'avaient jamais dit qu'ils la respecteraient, et pourtant vous les avez acceptés à la table.
Mme Beauchamp: Je prends le temps... Quand je dis qu'il faut cesser de jouer sur l'ambiguïté puis qu'il faut prendre ses responsabilités, c'est exactement ce que je veux dire. Vous avez vu comme moi une trop longue saga qui a duré des semaines, et ensuite plusieurs jours avant que l'on sache si la CLASSE condamnait la violence, et on s'est retrouvés dans un débat de définitions sur la violence physique ou pas physique, sur la désobéissance civile, sur... Je pense que cette ambiguïté, cette notion d'ambiguïté habilement, là, cultivée par la CLASSE, je pense que ça doit cesser.
Et donc ce que je demandais, moi, je disais: Lorsqu'on est assis autour de la table de discussion, nous prenons pour acquis que les gens vont respecter une trêve, et que ça veut dire qu'on suspend l'organisation de graves activités de perturbation économique et sociale, et, autour de la table, je leur ai indiqué que ça signifiait également d'en faire la promotion. Donc, je pense que... C'est exactement ce que je veux dire : on doit cesser de jouer sur les mots, on doit cesser cette ambiguïté. Et je veux juste vous confirmer qu'à nos yeux la CLASSE a choisi son camp, et on ne peut pas être dans les deux camps à la fois : on ne peut pas être autour de la table, à la recherche, de bonne foi, de solutions et être dans le camp de ceux qui cultivent un climat de violence, de perturbation sociale et économique. Donc, il faut choisir son camp.
Et le temps de l'ambiguïté, c'est terminé. C'est le temps du leadership, sens des responsabilités, et, malheureusement, je crois que la CLASSE, à sa face même, là... La population est à même de constater que la CLASSE a choisi son camp.
Journaliste: Mme Beauchamp... Mme Beauchamp...
M. Robillard (Alexandre): Qu'est-ce que c'est, un ton provocateur, Mme Beauchamp? Vous dites que...
Mme Beauchamp: Je veux juste vous dire qu'on utilise ici des mots qui sont des mots qu'on pourrait mettre dans la catégorie, là, des blasphèmes, et vous ne m'entendrez les dire dans un micro avec mon statut de députée à l'Assemblée nationale. Je vous invite à aller voir.
Mme Biron (Martine): Mme Beauchamp, est-ce qu'à ce moment-ci vous estimez qu'il y a un risque que le processus déraille?
Mme Beauchamp: Je pense que tout est mis en place pour que des discussions puissent être menées de bonne foi. Et, moi, je crois que, dans le mouvement étudiant, qui est un mouvement légitime où on veut défendre des droits des étudiants, je suis sûre et certaine que ce n'est pas l'ensemble du mouvement étudiant qui s'associe à des gestes de vandalisme et de violence pouvant même compromettre la sécurité des personnes. Donc, il y a ici une responsabilité, une responsabilité partagée. Le gouvernement a voulu mettre en place cette table de discussion, a demandé, a pris pour acquis cette trêve que s'instaure le bon climat de discussion, mais je ne peux pas croire que l'ensemble du mouvement étudiant, que l'ensemble des étudiants du Québec, là, endosse de tels agissements et de telles manifestations.
En fait, vous savez comme moi que ce n'est pas le cas. Et donc, dans ce sens-là, je pense qu'il y a une association étudiante qui a décidé d'embrasser de soi-disant causes beaucoup plus larges que la question de l'éducation, des droits des étudiants, du financement des universités ou des droits de scolarité. Mais je crois que, dans le mouvement étudiant, il y a des gens qui, légitimement, veulent défendre leurs droits et je pense qu'il y a deux associations qui sont aussi, là... il y a un appel des responsabilités. Menons les discussions sur la question du financement des universités, sur la question de l'accessibilité aux études.
À sa face même, je vous le disais, bien sûr, il y a des échanges sur la question des droits de scolarité...
Mme Biron (Martine): Mme Desjardins ce matin disait de la FEUQ - elle a le mandat d'ailleurs de négocier avec la CLASSE - ...est prête à céder des sièges. Elle disait ce matin que c'est un mouvement isolé. Alors, elle est dans une situation très embêtante, là, actuellement.
Mme Beauchamp: Écoutez, je pense... à sa face même, lorsqu'une situation perdure ainsi, à sa face même, il n'y a personne qui est assis dans une chaise confortable. Ici, j'en appelle vraiment à la question du leadership et de la responsabilité. Quand on est un leader, on doit exercer une notion de leadership et de responsabilité. Et c'est là où je vous dis aussi, on doit aussi être sûrs et certains qu'on reflète, là, la volonté de ses membres. Un mouvement étudiant peut être légitime, c'est un mouvement de défense de droit de ses membres, mais la question ici est une question portant sur le financement des universités, l'avenir de notre système d'éducation.
Et je vous le disais, je crois que certains mouvements, dont la CLASSE, utilisent la cause étudiante pour embrasser des soi-disant luttes sociales beaucoup plus larges, et qu'ils tirent profit de l'instauration d'un climat de grave perturbation sociale et économique, et qu'on s'est grandement éloigné de ce qu'on pourrait appeler... de la cause étudiante ou de la défense de bonne foi des intérêts des étudiants, mais je ne crois pas que ce soit le reflet de l'ensemble de la volonté des étudiants, de l'ensemble des soucis des étudiants. Et... mais, à sa face même, la situation n'est pas confortable pour personne, mais c'est un appel au sens des responsabilités et au sens du leadership qu'on doit exercer.
Une voix: Mme Beauchamp, qu'est-ce que vous pensez des recteurs qui sont au Brésil présentement?
M. Chouinard (Tommy): À la table de discussion, le comportement des représentants de la CLASSE, il était comment?
Mme Beauchamp: Écoutez, comme vous le savez, j'ai assisté à la première partie de la discussion. Je ne suis pas autour de la table, c'est mené par des équipes de discussion. Je vous l'indiquais hier, le climat est à la discussion, du travail se fait, mais c'est exactement ce que je vous indiquais: on ne peut pas cultiver l'ambiguïté et être... vouloir à la fois être autour de la table de discussions menées de bonne foi et à la fois être dans le camp de la perturbation sociale et économique.
M. Chouinard (Tommy): Donc, autour de la table, ça se passait bien. Donc, je comprends qu'avec...
Mme Beauchamp: Je vous l'ai indiqué...
M. Chouinard (Tommy): ...qu'avec la CLASSE à la table, ça se passait bien?
Mme Beauchamp: ...les discussions se menaient. Mais on ne peut pas être dans les deux camps, il faut choisir son camp. On ne peut pas cultiver l'ambiguïté, ici, dans les prises de position. Et, si on est à la table, on a accepté une trêve et qu'il n'y aura pas de gestes de perturbation sociale et économique.
Une voix: Si M. Pilote a...
M. Robitaille (Antoine): Les mandats que les quatre négociateurs de la CLASSE ont obtenus, c'est-à-dire ils ont obtenu des mandats de ne pas négocier mais d'exiger. Est-ce que, ça, ça a joué dans votre décision d'exclure la CLASSE, c'est-à-dire qu'il n'était pas possible d'arriver à une négociation avec eux?
Mme Beauchamp: La décision n'est pas à la lumière de ce qu'il se passait autour de la table. La décision est le fait de dire: Si on est autour de la table, c'est parce qu'on a accepté une trêve, on l'a prise pour acquis et qu'on suspendait, là, tout geste d'organisation ou de promotion d'activités menant à des perturbations économiques et sociales. Et je prends juste le temps de vous dire: Je ne commenterai pas plus ce qu'il se passe autour de la table. Moi, je veux être fidèle à ma parole : on a dit qu'on n'allait pas commenter publiquement ce qui se passe autour de la table. D'ailleurs, je vous souligne que c'est un engagement respecté de part et d'autre. Donc, ce n'est pas ce qu'il se passe autour de la table qui pose ici problème, les discussions sont menées. Ce qui pose problème, c'est qu'on ne peut pas être dans les deux camps à la fois, il faut choisir son camp.
Des voix:...
M. Caron (Régys): Est-ce que les recteurs, Mme Beauchamp, ne font pas partie du problème? Il y a des recteurs présentement qui sont au Brésil à grands frais, dans des hôtels cinq étoiles, alors que des étudiants sont en grève. Est-ce que c'est acceptable?
Mme Beauchamp: Honnêtement, là, aujourd'hui, là, je ne prendrai pas la défense des recteurs. Il faut assurer une meilleure gestion des universités, ça peut comprendre ce genre de situations.
Des voix:...
Journaliste: M. Pilote a demandé au... on en a parlé aux étudiants, quelle a été la réponse...
(Fin à 14 h 2)