(Huit heures cinquante-deux minutes)
M. Fortin :Bonjour. Ça va? Oui. Bonjour, messieurs dames, merci...
Merci d'être d'être là. Aujourd'hui, c'est la fin de la deuxième semaine des
consultations particulières sur le projet de loi n° 15, la réforme en
matière de santé. Et il y a... disons qu'à chaque fois qu'on entend un groupe
il y a une nouvelle perspective qui ressort. Il y a des nouveaux articles qui
sont soulevés. C'est ce qui arrive quand on dépose un projet de loi de 1200 articles, le
deuxième plus gros projet de loi de l'histoire du Québec. Il y a toujours des
perspectives différentes qu'on n'a pas eu la chance de voir, de comprendre, de
saisir encore. Alors, ces auditions-là sont particulièrement importantes, mais
il y a une chose qui semble être comprise par tout le monde, c'est que l'on
concentre le pouvoir dans les mains de quelques personnes nommées par le
ministre de la Santé et nommées par les différents P.D.G. Et ça, ça semble être
préoccupant pour beaucoup de gens qui disent qu'il y a une perte de contrôle,
que ce soit de la part de la communauté, de gens qui s'impliquent, de conseils,
de regroupements. Et c'est là que le projet de loi devient particulièrement
problématique pour beaucoup de gens.
Le lien que le ministre de la Santé fait
par rapport à l'amélioration des soins liée à son projet de loi, il y a
beaucoup de groupes qui sont venus nous dire que ce n'était pas le cas, qu'eux
ne voyaient pas d'amélioration directe des soins de la santé à travers son
projet de loi. Alors, si c'est un projet de loi qui ne vise... et qui ne
réussit uniquement qu'à concentrer les pouvoirs, qu'à donner plus de pouvoirs
au ministre, il y a un sérieux problème.
Deuxième chose, le rattrapage, le plan de
rattrapage présenté hier par le ministre de la Santé, là, en matière de
chirurgie, on est contents qu'il se soit entendu avec la Fédération des
médecins spécialistes. Cependant, ce n'est pas son premier plan en matière de
rattrapage chirurgical. Ça fait trois plans qu'il nous présente, et, à
chaque fois, c'est un échec. On espère que cette fois-ci sera la bonne. Mais,
quand on ne met pas l'acteur principal dans le coup, c'est-à-dire les
infirmières, on a un méchant enjeu. Ce plan-là dépend de la présence des
infirmières. Parce que, partout au Québec, dans beaucoup de régions, là, il y a
des chirurgiens de disponibles, il y a des salles d'opération de disponibles,
mais il n'y a pas les ressources humaines pour les accompagner. Il n'y a pas
les infirmières pour les accompagner. Alors, de ne même pas leur parler de ce
plan-là, qu'elles lisent ça dans le journal, qu'elles apprennent ça en même
temps que vous et moi, ce n'est pas une excellente recette pour s'assurer du
succès de ce plan-là. Je vais passer la parole à ma collègue.
Mme Caron : (Interruption) Pardon.
Bonjour. (Interruption) Pardon. Alors, ce que je voulais apporter ce matin, c'est
vraiment une préoccupation par rapport aux 4168 aînés
qui sont sur la liste d'attente pour une place en CHSLD et le questionnement
par rapport à la gestion de tout ça par le gouvernement, que ce soit la gestion
des CHSLD vétustes, la gestion des constructions de maisons des aînés, leur
répartition sur le territoire, et aussi le déménagement temporaire d'aînés en
CHSLD vers des places inhabitées en maison des aînés pour une période de temps,
le temps qu'on fasse des travaux dans les CHSLD et qu'on veuille ramener
ensuite ces personnes-là dans les CHSLD. Alors, ce sont des personnes qui sont
âgées, des personnes qui sont... dont l'état requiert d'être en CHSLD ou en
maison des aînés, donc d'avoir des soins. Et ce sont des personnes, donc,
vulnérables. Et on sait aussi que le déménagement, c'est un très grand stress
pour les personnes, quand elles sont de surcroît aînées et dont l'état requiert
des soins. Alors, ce n'est pas vraiment humain de déplacer ces personnes-là d'un
CHSLD à une maison des aînés, puis de les ramener ensuite en CHSLD. Alors, ça,
c'est une préoccupation.
Pour ce qui est de la construction, de la
gestion de la construction des maisons des aînés et leur répartition sur le
territoire, on a vu que les besoins ne sont pas... on ne répond pas
nécessairement aux besoins immédiatement, d'une part, par manque de personnel,
parce qu'on ouvre des maisons des aînés où les places sont inhabitées. Et la
répartition sur le territoire, je pense que tout le monde l'a vu avec les
chiffres qui sont sortis, qui nous ont été fournis par le Secrétariat aux
aînés, c'est de là que vient la répartition des diverses maisons des aînés sur
le territoire et la demande, le nombre de places qui sont demandées, le nombre
de places qui sont construites... Alors, tout ça ne fait pas avancer... ne fait
pas reculer, disons, la liste d'attente pour ces aînés-là et c'est vraiment
préoccupant.
La ministre nous avait dit aussi, durant l'étude
des crédits, qu'il y aurait parmi les CHSLD les plus vétustes... que ceux-ci
seraient reconstruits. On attend la liste, qu'on a demandé qu'elle dépose, de
la liste des CHSLD qui seront prioritairement reconstruits. Et ce qui est
étonnant, c'est aussi qu'elle nous avait dit que ces CHSLD seront reconstruits
selon un modèle de maison des aînés, à côté. Alors, c'est censé se faire, ça,
sur les terrains existants. On va laisser le personnel et les usagers dans
leurs CHSLD vétustes, on va construire sur le même terrain, puis, quand la
construction va être terminée, on va transférer tout le monde. Alors, la
question que je me pose : Il y a combien de terrains à Montréal qui
permettent de faire cela? Alors, j'ai hâte encore une fois de voir la liste que
la ministre est censée nous déposer des CHSLD qui seront reconstruits de cette
manière-là. Alors, voilà.
M. Laforest (Alain) : M.
Fortin, on dit souvent que la nuit porte conseil. Est-ce que votre position a
changé par rapport à la hausse des salaires? Le projet de loi va être déposé ce
matin.
M. Fortin :Non. Je pense que M. Tanguay a été clair sur cette question-là
hier.
M. Lacroix (Louis) : …c'est-à-dire?
M. Fortin :Bien, ce que j'ai compris, là... Et honnêtement, je vous le
dis bien, bien honnêtement, là, moi, je vais prendre le temps de regarder le
projet de loi. Je vais prendre le temps de le mettre en comparaison avec ce qui
a été proposé par le comité qui avait été mis en place. Le Parti libéral n'a
jamais demandé une hausse, une hausse salariale, mais la position du parti n'a
pas changé au cours de la nuit, là, ils sont... le parti est favorable à... Et
ce sera confirmé après l'analyse complète, là, du projet de loi, mais la
position du parti n'a pas changé.
M. Lecavalier (Charles) : M. Fortin,
si vous parlez à vos commettants, dans votre circonscription, là, vous leur
demandez : Alors, pensez-vous que je devrais avoir une augmentation de
salaire de plus de 30 000 $?, qu'est-ce qu'ils vont dire?
M. Fortin :Honnêtement, je n'ai pas eu la conversation. Ce n'est
pas... Et je vous ai déjà dit ça, personnellement, là, que ce n'est pas un
sujet qui m'intéresse, que je n'ai pas pris le temps de faire l'analyse
complète. Cependant, si vous me demandez : Est-ce que mes commettants
aimeraient avoir une augmentation comme celle-là? Probablement. Ce n'est pas
quelque chose qui a été demandé. C'est la Coalition avenir Québec qui nous est
arrivée avec cette idée-là, cette suggestion-là, qui arrive aujourd'hui avec ce
projet de loi là. J'espère, parlant de mes commettants, là, j'espère que le
gouvernement va être aussi rapide pour régler la question des policiers, des
enseignants, des éducatrices en petite enfance, des chauffeurs d'autobus qui
sont tous en négociation avec le gouvernement pour leur salaire également.
M. Duval (Alexandre) : ...seriez-vous
plus à l'aise avec un vote libre, M. Fortin, dans ce dossier-là?
M. Fortin :Bien, honnêtement, ça, c'est une discussion de caucus qu'on
n'a pas eue par rapport à ça.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...Mme Lise
Thériault soit sur le comité, ça influence vos décisions du caucus?
M. Fortin :Non, pas nécessairement. Il y avait un... il y avait une
élue... une ex-élue, là, du Parti libéral, il y avait un ex-élu du Parti
québécois, il y avait un expert indépendant. Alors, non, pas particulièrement.
M. Lacroix (Louis) : Mais
pourquoi vous êtes favorables, M. Fortin, pourquoi le parti est favorable
à ça?
M. Fortin :Bien là, je pense que les explications ont toutes été
données hier, là, de la part de M. Tanguay, là, je...
Une voix : Il n'a pas été
très clair, M. Tanguay, sur pourquoi, effectivement.
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais pourquoi vous êtes d'accord avec ça, M. Fortin? C'est la question.
M. Laberge (Thomas) : Pourquoi?
Vous ne gagnez pas assez?
M. Fortin :Bien, un instant, là. Pourquoi on est favorables à ça?
M. Lacroix (Louis) : À ce
projet de loi là, là.
M. Fortin :Bien, je vous le dis, là, je vous le répète, là, on va le
regarder, le projet de loi, mais il y a une...
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais vous avez dit vous-même que vous étiez...
M. Fortin :Mais ce que je comprends, là... non, mais...
M. Lacroix (Louis) : Le parti
est favorable. Pourquoi vous êtes favorables?
M. Fortin :Bien, il y a une recommandation qui a été émise par un
comité indépendant, O.K.? De façon générale, là, est-ce qu'il y a une
discussion à avoir sur la normalité de la chose, que des élus votent leur
propre salaire? Je pense que oui. Je pense qu'il y a une discussion à avoir
autour de ça pour qu'à l'avenir, là, ce ne soit pas le cas, mais, bien
honnêtement, si vous me demandez : Il y a un comité indépendant, est-ce
qu'on devrait adopter leurs recommandations...
M. Robillard (Alexandre) : ...pas
assez indépendant.
M. Lacroix (Louis) : Pourquoi
vous ne le laissez pas finir? Il est en train...
M. Fortin :
Pardon?
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
mais vous dites, là : Il y un comité, il faudrait voir comment éviter
qu'on procède comme on est en train de procéder, là, ça veut dire que, malgré
le fait que le comité soit indépendant, il n'est pas assez indépendant.
M. Fortin :Bien, il n'y a pas un Québécois... à part à l'extérieur de
notre enceinte, là, il n'y a pas de Québécois qui se votent leurs propres
augmentations salariales, là, ou qui votent sur leurs conditions de
rémunération globale, alors il y a une discussion à avoir sur la suite des
choses, à savoir : Est-ce que c'est une façon normale de procéder? Je
pense qu'il y a probablement une meilleure façon, c'est-à-dire qu'il pourrait y
avoir des gens qui pourraient avoir un pouvoir de recommandation et
d'application.
M. Robillard (Alexandre) : Et
est-ce que ça peut nuire, ce que vous êtes en train de dire, dans le fond, que
la façon de procéder là va nuire à l'image des députés?
M. Fortin :Là, je ne fais pas ce lien-là.
M. Laberge (Thomas) : Et
pourquoi vous ne rejoignez pas la position de Québec solidaire, qui est
essentiellement celle-là, de dire... d'avoir un comité indépendant exécutoire?
M. Fortin :Bien, parce que, là, il y a un projet de loi qui est devant
nous, là, sur lequel on devra se prononcer. Il y a un projet de loi qui est
devant nous, alors, si, sur le fond, il y a peut-être un enjeu pour lequel...
bien, encore là, on verra le détail de ce projet de loi, pour lequel on est
favorables. Il y a une question de forme, par exemple, pour la suite des
choses.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
vous, M. Fortin, là, ça va être plus de 30 000 $ que vous allez
avoir, là, parce que, tu sais, il y a un pourcentage, bon, de l'allocation, je
ne sais pas comment ça va vous donner, là, mais quand même une augmentation
assez importante, là, qui est... Vous ne trouvez pas ça choquant pour la
population de voir ça, que les députés se votent d'aussi importantes
augmentations de salaire, alors qu'eux-mêmes sont frappés par l'inflation,
qu'ils n'ont pas nécessairement ces hausses-là?
M. Fortin :Bien, encore là, on verra le détail du projet de loi puis on
verra si ça suit les recommandations du comité indépendant qui a été mis en
place, là.
M. Lecavalier (Charles) : Oui,
je comprends, mais, si c'est ça, là... ça semble être ça, là, le
30 000 $...
M. Fortin :Oui.
M. Lecavalier (Charles) : ...donc
vous, vous ne trouvez pas ça choquant pour la population de vous voter ce genre
de hausse salariale là très importante?
M. Fortin :Je pense que ce qui est surtout choquant, là, disons, là, c'est
plus l'empressement d'adopter une augmentation immédiate, alors qu'il y a des
groupes, des groupes de gens qui sont importants pour la société, comme les
policiers, comme les enseignants, comme les éducatrices en petite enfance, les
chauffeurs d'autobus, qui, eux, là, ça fait longtemps qu'ils demandent ça et
qu'ils n'ont pas de réponse adéquate de la part du gouvernement. Il y a un
empressement à deux vitesses, là.
M. Laberge (Thomas) : Pourquoi
vous ne vous opposez pas au projet de loi, avec ce que vous dites là?
M. Fortin :Bien, parce qu'il y a la question du fond puis il y a la
question de la forme. Alors, sur la forme, là, je vous le dis, c'est
probablement un enjeu qu'il faudrait étudier pour qu'à l'avenir, là, on ne
répète pas ces mêmes conférences de presse là, qui durent depuis des années, et
des années, et des années.
M. Lecavalier (Charles) : ...vous
allez vous voter la plus grosse augmentation salariale, je veux dire, il n'y
aura plus besoin d'avoir cette discussion-là, ça va avoir été fait. Mais je ne
comprends pas votre point, là. Une fois que vous vous la votez, l'augmentation,
là, le comité indépendant, il n'a plus lieu d'être, vous allez vous la voter,
l'augmentation.
M. Fortin :Oui, mais c'est un débat qui revient, là, à chaque... qui
revient régulièrement, là. Ce débat-là, ça a été... moi, ça fait huit ans
que je suis ici, là, puis c'était discuté il y a huit ans et ça
m'intéressait à peu près au même niveau il y a huit ans, là.
M. Lecavalier (Charles) : Les
hausses n'ont pas été données en huit ans, là. Mais là, je veux dire, si...
M. Fortin :Oui, mais, justement, on continue d'avoir ces
discussions-là, perpétuelles. Alors, est-ce qu'il y a lieu d'avoir un mécanisme
différent pour que ces discussions-là... cette situation-là, qui est anormale,
là, soit modifiée à l'avenir? Je pense qu'il y a lieu d'avoir cette
réflexion-là parce qu'aujourd'hui il y a... aujourd'hui, là, la Coalition
avenir Québec dépose un projet de loi. Alors, il est devant nous, tout le monde
va devoir se prononcer sur le fond de cet enjeu-là. Mais, sur la forme... (Interruption)
Pardon. Sur la forme, il y a effectivement un enjeu, à savoir : Est-ce
qu'on veut vraiment revenir à ça dans cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans,
dans 20 ans?
M. Robitaille (Antoine) : Êtes-vous
d'accord pour que ça s'applique seulement à la prochaine législature? C'était
une proposition de Pascal Bérubé, du Parti québécois.
M. Fortin :On va regarder. On va regarder le projet de loi dans le
détail, là. Ce n'est pas quelque chose qu'on a discuté entre nous encore. On va
regarder le détail du projet de loi avant toute autre chose.
Mme Lajoie (Geneviève) : Quand
M. Couillard a revu les conditions des anciens premiers ministres, il l'a fait
pour celle-là qui s'en venait, et non pas la législature dans laquelle il
était, je vous rappelle.
M. Fortin :Honnêtement, je ne me souviens pas des détails de ce que
monsieur Couillard avait annoncé, mais je me souviens, par exemple, qu'il y
avait une diminution par rapport à certains services qui étaient offerts aux ex-premiers
ministres, entre autres, là, c'était...
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
ça ne s'appliquait pas à lui-même, mais aux prochains, aux prochains premiers
ministres.
M. Fortin :Bien, en fait, je crois que ça s'appliquait à lui-même. Comme
premier ministre sortant, là, je crois qu'il y a certaines dispositions qui ont
changé par rapport à sa propre situation. Mais je dis ça sous toute réserve.
Honnêtement, je ne me souviens pas du détail de cette situation-là.
M. Lecavalier (Charles) : ...la
protection des données personnelles des gens dans le système de la santé.
J'aimerais ça vous entendre là-dessus. Est-ce que...
M. Fortin :Oui.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que c'est... Est-ce que vous trouvez ça grave, ce qui a été révélé ce matin? Et
qu'est-ce que l'État peut faire pour mieux protéger les données personnelles
des gens dans le réseau de la santé?
M. Fortin :Est-ce que c'est grave que nos données personnelles en
santé soient trop facilement accessibles, qu'il y ait des gens qui puissent...
qui se permettent d'accéder aux données, aux données personnelles des
Québécois, aux données personnelles sur la santé des Québécois? C'est
extrêmement grave. C'est une situation qui ne peut pas avoir, qui ne peut pas
continuer à avoir cours au Québec. Mais, quand je regarde la série d'articles
qui étaient publiés par La Presse ce matin-là, moi, c'est la toute
dernière ligne qui me fait sursauter, c'est-à-dire qu'en Ontario il y a eu
11 000 cas d'atteinte à la vie privée à travers un partage inadéquat des
données en santé. S'il y en avait 11 000 en Ontario, là, il n'y en a pas que
quelques dizaines au Québec. C'est un phénomène qui a probablement une ampleur
similaire.
Dans l'étude du projet de loi n° 3,
il y a quelque temps, la Commission de l'accès à l'information a fait des
demandes très spécifiques pour avoir des pouvoirs supplémentaires pour sévir
contre des gens qui accéderaient de façon inappropriée aux données de santé. Je
crois que leurs demandes sont tout aussi légitimes en ce moment et qu'on
devrait les considérer sérieusement, parce que protéger nos données
personnelles, là, ce n'est pas quelque chose qu'on peut prendre à la légère.
M. Duval (Alexandre) : En
immigration, on constate qu'une famille belge francophone installée dans la
région de Montréal pourrait ne pas pouvoir demeurer ici, même si elle coche
toutes les cases du Programme de l'expérience québécoise. Croyez-vous ça
cohérent que le ministère n'applique même pas ses propres règles qui lui
permettent de favoriser les francophones puis que le gouvernement soit en train
de dire : Aïe! il faut favoriser les francophones?
M. Fortin :En matière d'immigration, là, il y a toutes sortes
d'incohérences. La situation que vous soulevez en est une. Il y a également une
incohérence au niveau de l'appui qu'on donne aux immigrants lorsqu'ils veulent
et doivent apprendre le français. Ce n'est pas normal qu'il y ait la moitié, la
moitié des immigrants non francophones qui n'ont pas accès à des cours de
français. Ce n'est pas normal que l'accès à des cours de français prenne un
délai déraisonnable, c'est-à-dire que ça prend plusieurs mois avant que des
nouveaux arrivants qui veulent s'intégrer à la société québécoise, qui veulent
apprendre le français aient accès à des cours de français. Ce n'est pas normal
que les dispositions du projet de loi n° 96, qui faisait en sorte que la
communauté anglophone ait accès à des cours de français, ne soient toujours pas
mises en place. Ça, c'était un des éléments proposés par le Parti libéral,
accepté par le gouvernement dans le cadre du projet de loi n° 96, puis on
attend encore. Alors, oui, il y a matière de... il y a matière importante à
améliorer, disons, les services gouvernementaux en français pour aider les
immigrants à s'intégrer.
M. Duval (Alexandre) : ...mettez
ça en relief, là, le fait que le gouvernement s'apprête à réformer des
programmes pour imposer une connaissance du français chez les immigrants
économiques, qu'on a déjà des programmes pour lesquels le français est une
exigence, puis on n'applique même pas les critères comme du monde?
M. Fortin :Mais c'est là où le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la CAQ échouent en ce moment. Il y a des gens qui sont déjà
ici, là, qui veulent apprendre le français, qui veulent être partie prenante et
prennent... prendre pleinement part à la société québécoise, que ce soit au
niveau économique, que ce soit au niveau social, que ce soit au niveau de leur
communauté, de la vie communautaire, et qui ont besoin des cours de français et
qu'ils n'y ont pas accès. C'est un échec de la part...
M. Duval (Alexandre) : ...sont
francophones.
M. Fortin :Oui, mais, justement, il y a deux parties à ça. Il y a la
partie, là, des gens qui sont déjà ici, qui veulent apprendre le français puis
qu'ils n'ont pas accès aux ressources puis il y a la partie par rapport au
gouvernement du Québec qui ne réussit même pas à attirer des immigrants
francophones. Quand un immigrant francophone ferait le choix d'aller s'établir
dans un milieu non francophone dans le reste du Canada, c'est un échec pour le
Québec. Oui, il y a des communautés francophones à travers le Canada, à
Winnipeg, à Ottawa, à Moncton et ailleurs où un immigrant peut vivre sa vie en
français. Et ça, c'est très bien. Et qu'il y ait des immigrants là, ce n'est
pas un problème, mais, quand un immigrant fait le choix d'aller s'établir à
Vancouver et qu'il va nécessairement vivre sa vie en anglais plutôt que de
venir à Montréal parce qu'on n'est pas capables, comme société, de les
accueillir convenablement, de les accueillir rapidement, ça, c'est un échec
pour le gouvernement du Québec.
M. Denis (Maxime) : Quelle
lecture vous faites d'Éric Duhaime, en ce moment, qui revient avec son histoire
de drag-queen aujourd'hui?
M. Fortin :Éric Duhaime parle à sa base, il tente de créer des
polémiques une après l'autre. C'est du grand Éric Duhaime.
Des voix : ...
M. Denis (Maxime) : Deux secondes,
deux secondes. Ça a des impacts sur des gens, là. Tu sais, on l'a vu avec
les profs cette semaine, qui ont dû s'effacer des réseaux sociaux. Il y a des
drag-queens très ciblées aussi. Quel impact ça a sur la société, sur notre
comportement, nos relations, ce mouvement-là?
M. Fortin :Je ne pense pas que les relations interpersonnelles, que la
bonne entente entre les citoyens, c'est la priorité numéro un d'Éric Duhaime.
M. Robitaille (Antoine) : Avez-vous
la carte du Parti libéral du Canada?
M. Fortin :Non.
M. Robitaille (Antoine) : Parce
que l'une de vos collègues a dit qu'elle l'avait reprise, là, après huit ans,
Désirée McGraw. Est-ce que vous ne pensez pas que ça, ce type de déclaration
là, ça peut contribuer, là, aux taquineries du premier ministre qui dit tout le
temps : Vous êtes une succursale du Parti libéral du Canada?
M. Fortin :Venant du premier ministre qui a suggéré à tous les
Québécois de voter pour le Parti conservateur du Canada, avec des idées tout à
fait aberrantes, comme leur proposition sur l'avortement cette semaine, là,
honnêtement, je le... si c'est ça, les propos du premier ministre, s'il veut
continuer à les tenir, ça, ça lui appartient.
M. Robitaille (Antoine) : Mais
là avoir sa carte du parti au pouvoir à Ottawa, est-ce que ce n'est pas
problématique, quand, vous, comme groupe parlementaire, vous critiquez le
gouvernement fédéral?
M. Fortin :De ce que j'ai compris, là, de la position de Mme McGraw,
elle l'a fait pour appuyer une amie dans sa course à l'investiture.
M. Robitaille (Antoine) : Vous,
feriez-vous la même chose?
M. Fortin :Bien, je n'ai pas... Non, je n'ai pas l'intention de
prendre ma carte d'aucun parti.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous... les mesures de la CAQ pour le salaire des députés, pour l'appuyer?
M. Fortin :Personnellement?
M. Laberge (Thomas) : Oui.
M. Fortin :Non.
La Modératrice : Questions en
anglais.
M. Spector (Dan) : Do you worry about the position of the Liberal
Party on the salary thing, if it could create cynicism?
M. Fortin : I'll let citizens make their own decisions. I think, really, the
one thing that stands out for us, though, is the quickness of action to act on
this particular matter, where there are policemen and women, there are day-care
providers, there are teachers, there are bus drivers that are fighting for
their own salary and work conditions. And the Government is seemingly much less interested in acting quickly on that front.
I think that might create some cynicism.
M. Spector (Dan) : But you guys are in favor?
M. Fortin : Well, there's two things here. There's the base element of the
bill, which is proposed by an independent committee. And… so, we'll see the
details of the bill to see if they reflect that independent committee, but Mr. Tanguay
was clear about the… about that yesterday.
M. Spector (Dan) : Did you hear that Québec English School Boards Association says it
will challenge Bill 23 in court in its current form? To you, what does
that say about the way the CAQ is approaching this education reform?
M. Fortin : Well, the CAQ education reform, from start to finish, is an
embarrassment. They claimed last time that their previous reform, the one
proposed by Jean-François Roberge was there to make the decisions more in
relation with what the parents wanted, to bring them more into the process.
Now, they're bringing in another reform, which will undo part of what they did
the first time. And, to be quite honest, it reeks of improvisation, it reeks of
their general attitude towards governance, which is writing stuff on the back
of a napkin.
M. Authier (Philip)
: We know that on June 1st, Québec's new state linguistic policy will
come in force. And, during the debate about Bill 96, there were exemptions
for the anglophone community in… on certain areas of that bill. And yesterday,
Mr. Roberge, we were asking him about how does an English-speaking
Quebecker, you know, indicate
that they want their services in English. And he has ruled out any kind of
system of cards, or certificates, or… as you can imagine, it can be kind of
complicated. And he said, he's going with the honor system, that he's trusting
people, in good faith, will go, you know, to the… Revenu Québec or wherever and ask for services in English, that they are entitled
to. Do you think that system, the honor system is viable in the context?
M. Fortin : I think we probably have too much bureaucracy already in Québec. So,
anything we can do to reduce red tape, to reduce citizens having to jump
through hoops to gets services is probably a good thing. Merci.
(Fin à 9 h 15)