(Onze heures trente minutes)
M. Tanguay : Alors, bon
matin. Bonjour, tout le monde. Autre dossier, ce matin, où l'on voit un
gouvernement caquiste brouillon, c'est en matière d'immigration. L'immigration,
au Québec, on voit une perte de contrôle. On ne voit aucun plan clair. Le
premier ministre disait vouloir 100 % d'immigrants francophones d'ici 2026.
Malgré la pénurie de main-d'oeuvre, toujours pas de vision. Il avait été
contredit par sa ministre de l'Immigration, également par Pierre Fitzgibbon, la
ministre de l'Économie.
Réforme du PEQ, la réforme du PEQ, ça a
été un désaveu envers la réforme qu'avait fait il y a trois ans Simon
Jolin-Barrette. On a perdu trois ans pour ce qui est du PEQ. Ils sont en train
de mettre ça carrément de côté et refaire ce qui, normalement, avait dû être
fixé. Vous savez, quand vous êtes brouillon, vous faites un premier jet, après
ça, vous le jetez à la poubelle. Et on voit ce que ça donne.
Aujourd'hui, la CAQ refuse d'aborder la
question de l'immigration temporaire. Mon collègue a posé plusieurs questions à
la ministre, et, vous le voyez dans ses réponses très évasives, n'a pas de
vision claire, de plan clair. C'est ce que l'on demande d'un gouvernement qui n'est
pas fiable, un gouvernement de promesses en l'air. Rappelez-vous «en
prendre moins pour en prendre soin». On voit que c'est une promesse qui a été
brisée, qui n'a jamais été concrétisée, même après cinq ans de gouvernement
caquiste.
Alors, je vais maintenant céder la parole
à mon collègue, porte-parole notamment en matière d'immigration, Monsef
Derraji.
M. Derraji : Merci, Marc.
Bonjour, tout le monde. Au fait, aujourd'hui, on vient vous exposer un peu la
situation en termes de l'immigration, et notre demande est qu'on arrête le
grand mensonge caquiste en lien avec l'immigration. François Legault, depuis qu'il
a été élu en 2018, n'a pas arrêté de mettre sur la table beaucoup de slogans :
En prendre moins, en prendre soin, son fameux seuil de 40 000, par la
suite 50 000. Aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est arrêter ce grand
mensonge et qu'on parle les vrais chiffres. C'est 300 000, ce n'est plus
50 000 ni 40 000.
Il y a une planification pluriannuelle
dans quelques mois. On demande formellement au gouvernement caquiste d'inclure
le portrait des temporaires au Québec, parce qu'on ne peut plus tolérer que
François Legault dise sur toutes les tribunes que le seuil est de l'ordre de 40 000,
et, de l'autre côté, j'ai autant de temporaires qui viennent. Ces temporaires
qui viennent n'habitent pas dans des chaloupes. Ils utilisent nos services
publics. Donc, quand on parle de la capacité d'accueil, nous aimerions que,
dans la prochaine planification pluriannuelle, le portrait réel soit établi et
que le mensonge caquiste en lien avec l'immigration s'arrête en 2023. Merci.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que l'explosion du nombre d'immigrants temporaires ne vient pas démontrer qu'il
faut hausser de façon importante les seuils d'immigration permanente? Est-ce
que c'est ça que vous souhaitez?
M. Derraji : En fait, c'est
deux débats séparés. Le débat sur le portrait, la capacité d'accueil, c'est un
débat qu'on doit avoir, justement, pour le logement, justement, pour la
régionalisation, pour notre capacité de franciser les immigrants. Donc, le jour
où on va avoir le portrait réel de notre capacité d'accueil, là, on peut parler
des seuils, parce que, pendant plusieurs années, nous avons fait l'erreur de
parler uniquement des seuils. D'ailleurs, c'est pour cela que je demande
aujourd'hui officiellement l'arrêt du grand mensonge caquiste, parce que je ne
veux plus qu'on parle de 50 000, je veux qu'on parle de 300 000,
parce qu'ils viennent ici, ils s'installent ici, ils utilisent nos services.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
ces 300 000 immigrants-là, ils sont nécessaires, visiblement, s'ils
sont ici et qu'ils travaillent. Donc, on a besoin d'eux?
M. Derraji : C'est une très
bonne question.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que vous souhaiteriez qu'il y en ait moins, qu'il y en ait...
M. Derraji : C'est une très
bonne question. Il y a des étudiants, dedans, il y a des travailleurs
temporaires et il y a d'autres catégories. Mais figurez-vous que la ministre ne
veut pas parler de ça. Aujourd'hui, les questions que vous soulevez, la
planification pluriannuelle dans quelques semaines, on ne va pas aborder ça.
Est-ce qu'on diminue? Est-ce que nos universités sont capables de tout
absorber? On parle des cégeps. Ces jeunes qui viennent s'installer en région
pour étudier, ils utilisent des logements. Mais ils ne veulent pas faire ce
débat parce que, pendant longtemps, nous avons parlé uniquement des seuils.
Aujourd'hui, le Parti libéral du Québec veut un vrai portrait réel pour, justement,
répondre à la question de M. François Legault.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Pourquoi ils veulent uniquement parler des
seuils? Avant vous, Québec solidaire a dit que c'est une obstination
idéologique. Est-ce que vous partagez leur point de vue?
M. Derraji : Je n'ai vraiment
pas entendu votre question.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Pourquoi le gouvernement veut juste parler des
seuils? Pour quelle raison, selon vous?
M. Derraji : C'est parce qu'au
fait François Legault essaie de dire aux Québécois qu'il contrôle la porte de
la maison, mais la porte du garage est ouverte. Vous savez pourquoi? Parce qu'il
parle de 40 000, mais la porte du garage, c'est beaucoup de milliers de
temporaires qui viennent au Québec maintenant. Et je n'ai pas besoin de vous
expliquer tous les problèmes liés à des histoires d'esclavagisme, d'exploitation,
quatre personnes dans un dortoir, dans trois et demie, ce sont vos reportages.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui, mais pourquoi cette obstination-là?
M. Derraji : Bien, une raison
idéologique pour ne pas dire aux Québécois le vrai chiffre. C'est pour cela qu'on
doit arrêter le grand mensonge par rapport à l'immigration. François Legault
doit s'assumer aujourd'hui, et se lever et dire aux Québécois : C'est 300 000
qu'on accueille, et, aujourd'hui, je donne le mandat à ma ministre de faire un
plan pluriannuel qui inclut les temporaires. Pourquoi? Parce qu'on vit une
crise du logement, nos services de francisation n'arrivent plus à suivre et à
franciser. J'ai bien aimé M. Roberge qui disait que les temporaires, les
travailleurs temporaires contribuent à l'anglicisation. Mais pourquoi on ne les
inclut plus dans la planification pluriannuelle du ministère de l'Immigration?
M. Lacroix (Louis) : Alors,
est-ce qu'ils menacent... ces gens-là, parce qu'ils ne sont pas liés
nécessairement à la francisation, etc., est-ce qu'ils menacent la culture
québécoise?
M. Derraji : On ne peut pas
le dire parce qu'ils ne sont pas inclus dans le portrait.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
votre avis à vous, c'est quoi? Vous devez avoir une opinion.
M. Derraji : Le lien qu'ils
ont, c'est un lien de travail. Une bonne majorité s'installe parce qu'il y a un
travail. Il n'y a aucune obligation de parler la langue française.
M. Lacroix (Louis) : Bien
voilà.
M. Derraji : La capacité
d'accueil, le logement...
M. Lacroix (Louis) : Alors,
est-ce que ça, ça menace la culture et la langue québécoise?
M. Derraji : Bien, ça ne
tient pas compte de la capacité d'accueil et ça menace la langue française. Ça
menace aussi la vitalité dans les régions.
M. Bergeron (Patrice) : Là,
on parle aujourd'hui de 346 000 personnes qui seraient les
temporaires, là, au Québec. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, pour ces 340 quelques
là, d'accélérer leur résidence permanente? Puisqu'ils sont déjà ici, ils
répondent déjà à des besoins, est-ce qu'on ne pourrait pas faire quelque chose
rapidement pour eux?
M. Derraji : Une autre
excellente question que, malheureusement, la planification pluriannuelle ne va
pas répondre si on ne les inclut pas.
M. Bergeron (Patrice) : ...quoi,
la réponse de votre parti, là? Parce que vous le savez, le chiffre, là, je vous
donne, là.
M. Derraji : La réponse,
c'est qu'on les perd déjà, ils ne restent pas au Québec. Il y a des jeunes
francophones, maintenant, qui quittent vers l'Ontario. Au fait, ils étudient
chez nous et ils partent enrichir la société ontarienne. On n'arrive pas à les
accueillir. Mais, encore une fois, si on était capable d'avoir 300 000,
est-ce qu'on peut s'entendre que dire, en tant que Québécois, lors de la
planification pluriannuelle, qu'au lieu d'aller vers le temporaire on peut
aller vers du permanent, mais voilà nos critères, c'est ça, le rôle d'une
planification?
Mais on ne peut pas faire abstraction de
notre capacité d'accueil, la langue française, la capacité de franciser les
immigrants. On n'a pas de profs. Et d'ailleurs il y a un taux de décrochage, je
l'ai su la semaine dernière en études de crédits, mais ça, François Legault ne
veut pas que ce débat ait lieu pendant sa prochaine planification
pluriannuelle. Et c'est pour cela que nous, on va aller jusqu'au bout pour
pousser le gouvernement à inclure, dans sa lecture, les temporaires. Et qu'on
arrête aujourd'hui ce mensonge, en 2023, là. Les Québécois doivent savoir
qu'aujourd'hui au Québec, en 2022, la CAQ a accueilli 300 000 personnes,
toutes catégories confondues.
M. Bossé (Olivier) : Le
gouvernement, donc, pense que les Québécois ne seraient pas capables de
recevoir, ou d'accueillir, ou de comprendre ce chiffre-là, vous pensez?
M. Derraji : Bien, c'est pour
cela... le débat est important et il faut être transparent avec les Québécois,
et c'est pour cela que, depuis le début, on parlait de 50 000, parce que
François Legault n'a jamais dit aux Québécois : Écoutez, c'est 300 000
qu'on accueille, et je vais vous décliner les 300 000, c'est des
immigrants temporaires, et je vous ai dit que les permanents, c'est 40 000,
mais je reçois autant de temporaires. Au fait, il y a un autre seuil caché,
c'est les travailleurs temporaires étrangers qui viennent, qui s'installent,
qui utilisent des services et qui cherchent aussi du logement.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Il a donné un plus petit chiffre parce que
c'est payant politiquement?
M. Derraji : Politiquement,
c'est payant pour François Legault. Il l'a utilisé pas une fois, deux fois.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que c'est populiste?
M. Derraji : Je vous laisse
faire le constat que vous voulez quand on utilise ça pendant une campagne
électorale. Ce n'est pas moi qui l'ai dit : En prendre moins pour en
prendre soin, ce n'est pas moi qui ai parlé de la louisianisation du Québec, mais,
s'il y a quelqu'un qui contribue à la louisianisation, c'est bien François
Legault.
M. Lacroix (Louis) : Mais, O.K.,
mais on connaît vos cibles, là, que vous avez déjà exprimées, notamment, en
campagne électorale. Alors, compte tenu de ces immigrants temporaires là qu'on
a au Québec, quelle devrait être la cible réelle, incluant tout le monde, là,
qu'on accueille chez nous pour ne pas menacer la culture québécoise?
M. Derraji : O.K.
Aujourd'hui, je vais être malhonnête de me prononcer sur un seuil. Ce n'est pas
que je ne veux pas. Le débat n'a jamais eu lieu sur la capacité d'accueil,
parce qu'aujourd'hui il y a une nouvelle donnée que François Legault utilise
depuis 2018. Au fait, il est très intelligent, François Legault, extrêmement
intelligent, de dire que les seuils sont de 40 000, mais, de l'autre côté,
il a tout fait avec Ottawa pour baisser les seuils de qualification. Ça veut
dire : on peut chercher beaucoup d'autres profils en tant que temporaires.
Donc...
M. Lacroix (Louis) : Bien, ça
veut dire que vos seuils à vous sont trop élevés? Les seuils que vous aviez,
sur lesquels vous aviez... par exemple, vous vous étiez exprimés, ça veut dire
qu'ils sont trop élevés? Tenant compte du fait, justement, qu'on accueille
énormément d'immigrants temporaires, ça veut dire que vos seuils à vous, là,
sont beaucoup trop élevés?
M. Derraji : Le débat... Je
vais être très, très direct sur cette question. Le débat sur les seuils est un
faux débat à court terme parce que François Legault a changé les règles. Quand
je vous dis : Aujourd'hui, au Québec, il y a plus de 48 000 temporaires, 48 000 travailleurs
temporaires, je ne parle pas des étudiants étrangers. Quand on se donne une
planification pluriannuelle, c'est pour avoir le portrait global, en prenant en
considération notre capacité d'accueil, le logement. On vit une crise du
logement. Est-ce que nos services publics sont prêts à accueillir ces gens? Ce
qu'on dit... On n'est pas contre l'immigration. Ce qu'on dit, c'est :
Accueillons bien ces gens, en prenant considération de notre spécificité
québécoise par rapport à la protection de la langue française et de la
régionalisation.
M. Duval (Alexandre) : ...sauf
votre respect, ce n'est pas un débat qui est futile? Parce que, quand on parle
des seuils, on détermine à combien de personnes on donne la résidence
permanente, donc à qui on dit : Vous êtes les bienvenus ad vitam aeternam,
à toutes fins pratiques. Votre chiffre de 70 000 tient-il toujours?
M. Derraji : Aujourd'hui, le
débat sur le seuil n'est pas... il n'est plus justifié, parce que, je peux
aller même encore beaucoup plus loin avec vous, hier, j'ai entendu
M. Mathieu Bock-Côté parler de 30 000, une moyenne de 20 000, bien,
François Legault peut venir, en 2026, dire : Moi, je vais accueillir
30 000.
M. Duval (Alexandre) : Est-ce
que ça veut dire que votre chiffre de 70 000 et remis en question?
M. Derraji : Le débat sur la
planification pluriannuelle doit être fait sur une autre base, parce que
François Legault a démontré qu'il est capable d'avoir 40 000 et, de
l'autre côté, ouvrir la porte à du temporaire.
M. Duval (Alexandre) : Ces
gens-là... Est-il bon ou il n'est plus bon, le 70 000?
M. Bergeron (Patrice) : Vous
êtes prêt à rouvrir la discussion sur le 70 000 avec vos membres?
M. Derraji : Je vous le dis,
le débat sur les seuils n'est plus justifié.
M. Lachance (Nicolas) : ...la
question est simple. Le chiffre que vous avez mis de l'avant il y a quelques
mois, là, est-ce qu'il tient toujours, oui ou non?
M. Derraji : Le débat sur
le... Bien, je suis désolé, je ne peux pas répondre oui ou non. Je viens de
vous exposer beaucoup d'autres facteurs. Je ne vais pas faire François Legault
de moi aujourd'hui. François Legault a beaucoup de fois utilisé ça, là.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous n'avez plus de chiffre? Vous n'avez plus de chiffres?
M. Lachance (Nicolas) : ...vous
le mettez sur pause. C'est quoi? Vous le mettez sur la...
M. Derraji : Ce n'est pas que
je n'ai pas de chiffre. Le débat...
M. Lacroix (Louis) : ...pas
capable de dire c'est quoi?
M. Derraji : Je vais juste
répondre. Ça nous prend une planification pluriannuelle qui prend en
considération le temporaire. Je viens de vous le dire, je peux vous dire
aujourd'hui 40 000, de l'autre côté, j'ai 50 000 temporaires. On
ne peut... on doit arrêter ce jeu de François Legault parce que c'est un
mensonge. Je peux bien dire n'importe quel seuil, 10 000, et ramener
90 000 temporaires parce que les besoins sont énormes. Donc, oui,
avec nos membres, on va avoir ces discussions.
M. Lachance (Nicolas) : En
campagne électorale, vous saviez qu'il y avait des temporaires qui rentraient,
là. Vous avez quand même basé... Non, il n'y avait pas de temporaires en
campagne électorale?
M. Derraji : Non, désolé, pas
autant, pas autant que les chiffres dévoilés récemment.
M. Duval (Alexandre) : Désolé,
ça fait des mois que Radio-Canada publiait un reportage avec le fait qu'on
avait franchi le 300 000, là. Ce n'est pas tombé hier, ce n'est pas
tombé... ça fait des mois qu'on le sait.
M. Derraji : Oui, oui, la
dernière année, il y a pas mal de chiffres qui parlaient de temporaires, mais
là, il n'y avait pas de discussion sur la planification.
M. Duval (Alexandre) : ...l'importance
de l'avoir, M. Derraji, mais c'est quand même important de savoir, parmi
tout ce bassin de gens, le Parti libéral considère que c'est à combien de
personnes qu'on dit : Vous pouvez rester, vous avez la résidence
permanente. Ça, vous avez le pouvoir de le déterminer. Est-ce que c'est
50 000, 60 000, 70 000 à qui vous dites : Socialement,
c'est la bonne chose à faire d'accepter de manière permanente ce nombre de gens
là?
M. Derraji : Oui. En fait,
c'est deux débats, hein, séparés, ceux qui vont... parce qu'on parle d'un
statut.
M. Duval (Alexandre) : ...ne
parlons plus des temporaires, parlons des permanents.
M. Derraji : Parce que, dans
la tête des gens, un temporaire, alors qu'il a une offre d'emploi, il va aller
ailleurs parce qu'on va lui offrir, en bas de six mois, la résidence
permanente. Ça, vous le savez, vous avez fait pas mal de reportages. La cause,
c'est que François Legault disait vouloir respecter son chiffre de 40 000.
Encore une fois, si nos critères sont clairs par rapport à la régionalisation
et à la francisation, on était toujours dans la moyenne de 50 000, ou
60 000, ou 70 000. Mais ce débat n'a jamais eu lieu avec le nombre
énorme de travailleurs temporaires que le Québec accueille les trois dernières
années. Pendant la campagne électorale, nous avons parlé de 70 000, mais
nous avons aussi parlé de la Charte des régions, et ce qu'on disait, c'est que
la capacité d'accueil doit être faite avec nos régions, avec les villes. C'est
ce qu'on a annoncé et ce que vous avez aussi annoncé pendant le congrès de
l'UMQ.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : M. Derraji, si je peux me permettre, là,
moi, je n'étais pas là en campagne électorale. Quand vous avez avancé le
chiffre, là, en avez-vous tenu compte, vous, de l'immigration temporaire ou
non? Votre chiffre, là, est-ce qu'il tenait compte de l'immigration temporaire
ou non? Parce que c'était connu à ce moment-là qu'il y en avait 300 000.
M. Tanguay : Oui, mais pas
dans des proportions que l'on sait. Il n'était pas connu qu'on était à près de
346 000.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Donc, vous n'en aviez pas tenu compte, de
l'immigration temporaire, pour votre chiffre. C'est ça?
M. Tanguay : Je pense que,
dans la nouvelle... Il s'en était tenu compte, oui, mais pas dans les
proportions que l'on voit aujourd'hui, pas dans les proportions ou d'un débat
que refuse la CAQ. On pose la question à la ministre de l'Immigration :
Pour qu'on puisse se gouverner... C'est le gouvernement qui a les données. Pas
capable de nous confirmer, de faire en toute transparence les chiffres. Mon
point, c'est qu'on a vu, dans les six derniers mois, une explosion du nombre,
sur le terrain, d'immigrants temporaires. Aujourd'hui, un parti politique qui
vous dirait : C'est 30 000, 50 000, 70 000, ou plus ne
tiendrait pas compte de cette réalité-là où on doit avoir un débat, socialement,
au Québec sur notre capacité d'accueil, les besoins des régions et, après ça,
de dire : Nous, annuellement, combien, notre capacité d'accueil,
protection du français, on est prêts à confirmer des immigrants.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...vous allez en discuter avec vos membres, comme
l'a dit votre collègue, vous allez en tenir compte. Donc, c'est possible que
votre chiffre, votre cible, elle change?
M. Tanguay : Il est clair que
les chiffres doivent être révisés, à la lumière de la nouvelle réalité. Il est
clair, il est clair. Ceci étant dit, est-ce que c'est 70 000? Est-ce que
c'est plus? Est-ce que c'est moins? Ces chiffres-là doivent être réévalués, à
la lumière... Et l'on demande, on demande, évidemment, au gouvernement toute
transparence et on demande un débat qui tienne compte de l'explosion. Moi, je
vais vous conter quelque chose. Il y a un an...
M. Lacroix (Louis) : ...réévalués
à la baisse. C'est ce que je comprends, hein?
M. Tanguay : Non, ils doivent
être réévalués selon la capacité d'accueil, selon la capacité d'accueil, selon
la capacité d'accueil du Québec.
M. Lacroix (Louis) : O.K. Ça
fait que, là, vous ne savez plus si c'est : on monte. C'est peut-être plus
que 75? Vous dites : On n'avait pas... on ne pensait pas que c'était 346 000,
on pensait que c'était moins, donc on a dit 70 000. Là, vous dites :
Là, on sait que c'est 346 000, mais on pourrait revoir les seuils à la
hausse?
M. Tanguay : O.K. Rappelez-vous
de l'engagement, quel était... La logique est là, M. Lacroix.
Rappelez-vous de l'engagement, c'était : 70 000, le temps que l'on
puisse avoir une discussion avec l'ensemble des régions du Québec pour
déterminer avec elles, les 17 régions administratives du Québec, quel est
leur besoin, leur capacité d'accueil et avoir un dialogue avec elles sur
dire : Bien, ça prend du logement, services de garde, et ainsi de suite.
C'était ça, l'engagement, c'était 70 000, en attendant que le chiffre nous
provienne des régions, suite à un dialogue. Et là on voit que, plus que jamais,
il est important au Québec d'avoir cette discussion nationale là sur notre
capacité d'accueil. Explosion, 346 000 immigrants temporaires, il y
en a qui restent, il y en a qui quittent, parce qu'il y en a qui peuvent rester
plusieurs années également, tant qu'ils n'ont pas eu la confirmation. Alors en
ce sens-là, c'est important d'avoir un débat transparent et c'est ce que l'on
demande.
M. Lecavalier (Charles) : Mais,
au-delà du débat politique, l'explosion du nombre d'immigrants temporaires,
est-ce que ce n'est pas la démonstration que la société québécoise a besoin de
plus de bras puis de plus de cerveaux?
M. Tanguay : Bien, quelle
est... est-ce que c'est une immigration ordonnée? Non. Parce qu'on voit la
crise du logement qui est exacerbée, on voit les places en services de garde,
évidemment, qui ne sont pas disponibles, l'accès aux soins de santé, et ainsi
de suite. On doit avoir, au Québec, une immigration ordonnée. François Legault,
lorsqu'il disait en prendre moins pour en prendre soin, c'est tout le contraire
qu'on voit sur le terrain aujourd'hui.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que vous pensez que la crise du logement est accentuée par cette hausse marquée
du nombre de...
M. Tanguay : Ça vient ajouter
à la pression. Je ne suis pas en train de dire que c'est la faute, évidemment,
de qui que ce soit, mais il est clair que, quand vous avez 346 000 immigrants
temporaires, il est clair que ça augmente le défi en matière de logement.
M. Lecavalier (Charles) : Pourquoi
il y a une explosion du nombre d'immigrants temporaires?
M. Derraji : Bien, en fait,
la semaine dernière, nous avons découvert que la CAQ... J'ai les chiffres, là, 122 000 travailleurs,
le certificat d'acceptation du Québec, l'année d'avant, 122 000, l'année
dernière, au-delà de 156 000. Donc, c'est des certificats d'acceptation
pour venir au Québec, et, quand on analyse, bien, il y a plusieurs catégories.
Il y a un besoin au niveau du travail, mais je vous ai dit qu'on parlait
beaucoup du cheap labor, bien, c'est Jean Boulet qui a baissé pour des
catégories où on a un besoin énorme. Donc là, ils ont ouvert le bassin où c'est
pour occuper des emplois où on n'arrivait pas à trouver de la main-d'oeuvre
locale. Donc, les personnes arrivaient avec un contrat de travail fermé, et
vous avez vu tous les problèmes liés aux travailleurs temporaires étrangers,
l'exploitation, quatre personnes dans le même logement. C'est pour cela que
nous, aujourd'hui, on insiste à ce qu'on ait ce débat, parce que ces gens
s'installent, peu importe leur statut. Le statut, c'est pour ta relation avec
le gouvernement, si tu es permanent ou tu as un contrat, mais on ne peut pas,
nous, aujourd'hui, au Québec, faire abstraction à notre capacité d'accueil, y
compris le logement, y compris les services de garde.
M. Duval (Alexandre) : Le
débat sur les pleins pouvoirs, là, vous en êtes où là-dessus, vous, les pleins
pouvoirs en immigration?
M. Derraji : Nous, depuis
2019 qu'on demande le rapatriement du programme des travailleurs temporaires
étrangers d'Ottawa.
M. Duval (Alexandre) : C'est
la seule chose que vous demandez? Donc, réunification familiale, réfugiés, il
faut que ça reste entre les mains d'Ottawa...
M. Derraji : Non, mais les travailleurs
temporaires étrangers, vu ce qui se passe maintenant, ça n'a aucun sens qu'ils
soient gérés par Ottawa. Est-ce qu'on est maîtres chez nous ou on ne l'est pas?
M. Duval (Alexandre) : Pour
deux potentiels aspirants à la direction du Parti libéral du Québec, de voir
que vous allez devoir prendre votre mal en patience encore des mois, peut-être
même un an, avant de dire si, oui ou non, vous allez vous lancer, qu'est-ce que
ça provoque chez vous comme réflexion?
M. Tanguay : Moi — puis
je vais Monsef réagir également, parce que la question s'adresse aux deux — moi,
je n'ai aucun contrôle là-dessus. Moi, mon travail, c'est d'être chef
intérimaire, de ne pas utiliser ça comme un tremplin, ce que je ne fais pas,
bien évidemment. C'est le parti qui va nous dicter et les règles et les
calendriers. Et je ne suis au courant d'absolument aucune discussion qui est à
l'interne.
M. Duval (Alexandre) : ...entendre
parler, là, au conseil général, dans deux semaines, là, ça va être sur toutes
les lèvres, les gens vont aller vous parler de ça, vont vouloir savoir si vous
allez vous lancer. Vous allez comme... vous allez mettre le zipper pendant
toute la fin de semaine?
M. Tanguay : Ah! oui,
oui, j'ai toujours le zipper, depuis le 10 novembre, sur... Alors, non,
mais c'est la façon de faire, la façon de fonctionner. Alors, pour moi, on peut
m'en parler, mais je n'ai aucune discussion, quoi que ce soit là-dessus. Merci.
On a une belle image, là.
M. Derraji : Est ce que
je peux...
M. Tanguay : Là, il va y
avoir des caricatures, là
M. Derraji : Je ne sais
pas si je peux juste seconder. Je peux juste seconder?
M. Duval (Alexandre) : M. Derraji,
vous avez déjà manifesté un certain intérêt.
M. Derraji : Oui.
M. Duval (Alexandre) : Est-ce
que vous allez vraiment attendre la publication des règles avant de dire si,
oui ou non, vous allez vous lancer?
M. Derraji : Manifester
l'intérêt, c'est une chose, mais moi, depuis le début, ma promesse aussi, parce
qu'on joue aussi notre rôle, à mon chef et moi, en tant que leader, c'est
s'occuper des travaux parlementaires, accompagner les nouveaux collègues et
faire mon travail en tant que leader parlementaire. C'est beaucoup, beaucoup de
travail. Donc, ce n'est vraiment pas sur ma table de dessin. Et, au fait, j'ai aimé
le zipper. Moi aussi...
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que votre réflexion est terminée? Est-ce que votre réflexion est terminée
là-dessus?
M. Derraji : J'attends les
règles du parti pour prendre ma décision...
M. Duval (Alexandre) : ...parce
que ça dure longtemps, là, c'est encore des mois de discussion avec votre
famille.
M. Derraji : Vous savez,
vous savez, les gens nous ont élus pour faire notre travail en tant que députés,
mais moi, aussi, j'ai la confiance de mes collègues pour faire mon travail en
tant que leader parlementaire. Et c'est ça, pour moi, qui m'anime, qui m'allume
quand je prends la route Montréal-Québec, quand je suis là à 5 h 30
le matin et que je quitte à 10 heures le soir nos réunions de caucus des
officiers, du lundi au vendredi, et même les week-ends. Ce qui m'anime, c'est
le travail parlementaire et accompagner mes collègues. Le reste, c'est entre
les mains du parti. En temps et lieu, quand ils dévoileront les règles, je vais
prendre ma décision, quand...
M. Lachance (Nicolas) : Sur
la loi n° 21, on a vu, là, que ça a coûté le poste
d'au moins 25 personnes, là, qui auraient pu être 25 enseignantes. On
ne vous a pas entendu, là-dessus, réagir. Vous n'avez pas voulu réagir...
M. Tanguay : Ah! bien,
je vais réagir à matin, là, vous me posez la question.
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
que vous êtes toujours contre cette application de la loi?
M. Tanguay : Tout à
fait. On a voté contre la loi n° 21. Notamment,
lorsqu'elle interdisait le port de signes religieux pour les professeurs, on
était contre de façon très spécifique. Puis là on peut voir que ça a des effets
négatifs. Alors, pour nous, c'était écrit dans le ciel.
M. Denis (Maxime) : Sur
les deux cadres, les deux chefs de département qui ont démissionné au CIUSSS de
l'Estrie-CHUS, parce que, c'est ça, ils ne voient pas les améliorations dans le
réseau de la santé, est-ce qu'on doit craindre des vagues de départs comme ça?
M. Tanguay : Écoutez,
c'est... le réseau de la santé. Là, dans les cinq dernières années caquistes,
on ne peut pas dire que la situation s'est améliorée, bien au contraire. Quand
la CAQ est arrivée au pouvoir il y a cinq ans, en 2018, les statistiques
étaient meilleures qu'elles ne le sont aujourd'hui. On va me dire... Encore une
fois, François Legault, il va nous parler de la pandémie. Mais rappelez-vous
qu'il y a eu des promesses, même postpandémie, des promesses de mars 2022, qui
disaient : Les listes d'attente, notamment en matière... pour des
chirurgies, vont diminuer. Elles ont augmenté. Elles n'ont pas diminué, elles
ont augmenté, chirurgies de plus d'un an. Donc, c'est malheureux.
Autre élément : 2018, les projets
ratios pour les infirmières, c'était terminé. Les projets pilotes avaient
démontré leur efficacité. Ils ont décidé de ne pas le faire. À l'époque,
c'était Christian Dubé qui était président du Conseil du trésor. Ça aurait
coûté quelque chose. Alors, vous pourrez peut-être poser la question à
Christian Dubé pourquoi il n'a pas donné l'argent à la ministre de la Santé, à
l'époque, pour mettre en application les projets ratios. Posez-lui donc la
question, à Christian Dubé, qui était président du Conseil du trésor à
l'époque. Il aurait pu grandement aider le système avant la pandémie, aider les
infirmières et les infirmiers.
Et, si vous me permettez, là-dessus, parce
que la santé, ça m'allume, M. Gaudreault, qui est président du conseil des
médecins, a confirmé que le projet de loi n° 15, pour
lui, n'a pas... n'est pas facilitateur quant à l'accès aux soins, et on parle
des groupes de médecins de famille, et ainsi de suite... Collège des médecins,
pardon. Alors, en ce sens-là, on fait écho notamment à cela.
M. Denis (Maxime) : Et,
sur Airbnb, peut-être un mot sur vos attentes cet après-midi.
M. Tanguay : On va voir,
le projet de loi sera déposé tout à l'heure. Alors, on aura l'occasion d'en
discuter. Nous, il est clair qu'il faut resserrer la vis, il faut qu'il y ait
davantage de contrôle. Ça ne peut plus être le Far West et Québec a des
responsabilités à prendre là-dessus. Alors, on va s'assurer de faire un débat
constructif.
M. Authier
(Philip) :
M. Roberge
is... Sorry.
M. Tanguay :
You look like a DJ.
M. Authier
(Philip)
: I had to go over and turn
over the… I had to flip over the record. We're too old. Mr. Roberge was
complaining yesterday that the 380,000 temporary immigrants in Québec are... they're causing more
anglicization, more English to spread, and it's a problem. What do you think
about the Government's approach
to this issue?
M. Derraji : The first thing that, today… I don't know how to call it in
English, but «le grand mensonge caquiste».
Une voix : The big lie.
M. Derraji : The big lie, exactly.
M. Authier (Philip)
: The big «caquiste» lie.
M. Derraji : The «caquiste» lie, yes, it's a good word. You should use it. We
should include the temporary immigrants in the next planification. Today…
François Legault said, in the last two elections, that Québec is receiving only about 40,000 or 50,000 immigrants. And, on the
other side, we have so… temporary immigrants, and we should have them in the
next planification. And this is
why, today, we are asking the Government, and also the Minister of Immigration, to include the temporary
immigrants to have a big… the real picture of our capacity.
M. Authier (Philip)
: And do we have a picture of that…
M. Derraji : We don't have it. We don't have it. Because we have so many needs
across the province of Québec,
temporary workers, students, and we need to have the real picture of our
capacity.
M. Authier (Philip)
: And, on another subject, do we know if we will be getting the rules
for the Liberal leadership race
soon? I know it's a party matter, but I just want to know if you had…
M. Tanguay
: Honestly, it's a party matter, and me, personally, as the interim
leader, I'm not involved at all, involved at all with respect to these
discussions, internally. So, as any other member, I will be following the rules
and we'll see when they'll be publicized.
M. Authier (Philip)
: If you run.
M. Tanguay
: Yes, of course, yes, «if», there's a big «if». Thank you. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 57)