(Huit heures une minute)
Mme Zaga Mendez : Alors,
hier, j'ai pris le temps puis j'ai parlé à Mme Duclos. Mme Duclos,
elle est propriétaire d'un bloc d'appartements dans le quartier Notre-Dame, à
Rouyn-Noranda. Hier, elle a appris à la radio qu'elle allait perdre son bloc.
Elle a tout de suite appelé ses locataires, puis eux aussi venaient d'apprendre
qu'ils allaient perdre leur toit. Il n'y a eu aucun avis, il n'y a eu aucune
visite dans les derniers jours, il n'y a eu personne qui est venu les voir, rien
du tout. Imaginez apprendre dans les nouvelles que vous allez être chassés de
chez vous par la multinationale qui vous empoisonne et qui empoisonne vos
enfants depuis des années. Aujourd'hui, je pense au monde qui habite dans le
quartier Notre-Dame, parce que tout ce qui arrive en ce moment, ça n'a pas de
bon sens, c'est une honte nationale.
Quant à la norme, on va tous apprendre les
détails dans les prochaines heures, mais, on va se le dire, ça s'enligne pour
être encore un chèque en blanc pour Glencore, pour une compagnie
multimilliardaire qui fait des profits, à chaque année, dans les milliards de
dollars. La CAQ se met une nouvelle fois à genoux devant la Fonderie Horne,
tout comme ont fait des gouvernements précédents, tout comme l'a fait le PQ et
le PLQ avant eux. On préfère... Ce qu'ils sont en train de nous dire, c'est qu'on
préfère déplacer 200 familles que mettre au pas une compagnie et leur
faire respecter les normes environnementales.
Alors, aujourd'hui, moi, j'ai une demande
pour le ministre Lacombe. Je lui demande d'aller voir les gens qu'il est censé
de représenter comme ministre de la région, parce qu'en ce moment ces
personnes-là nous appellent parce qu'elles ont peur. Ils ont entendu dans les
nouvelles qu'ils vont se faire chasser, ils ont plusieurs questions. Je demande
au ministre Lacombe d'aller les rencontrer, de les écouter, puis ensuite de
retourner dans son Conseil des ministres parler au premier ministre et ramener
ce que ces gens-là vivent aujourd'hui.
M. Marissal : Merci,
Alejandra. Bonjour. La prochaine fois qu'on va revenir ici, mardi prochain, ça
va être jour de budget. Il n'est pas trop tard, ça se réimprime, un budget, ça
se biffe, des mauvais paragraphes. Les baisses d'impôt, qui vont d'abord et
avant tout profiter aux plus riches, on est contre, on l'a dit. Et il y a quand
même des données probantes, il y a des files d'attente devant les banques
alimentaires au Québec qui démontrent que ce n'est pas ça qu'il faut faire. Ce
n'est pas ça qu'il faut faire, on l'a dit, on le redit. Il y a de plus en plus
d'économistes, des collègues de M. Girard, le ministre des Finances, qui
disent aussi : Ne faites pas ça, n'allez pas là, vous allez nuire aux
services publics et vous allez donner de l'argent à des gens qui n'en ont besoin
de plus.
On a fait la démonstration hier, et la
question de Gabriel à François Legault était éloquente... D'ailleurs, on n'a
pas eu de réponse, on a eu toutes sortes de faux-fuyants et une réponse
loufoque, farfelue, saugrenue de M. Legault, qui ne voulait surtout pas
parler de son plan fiscal injuste et inéquitable. Alors, vous savez comme moi,
on l'a montré hier, une caissière qui gagne 30 000 $ par année aura
138 $ de baisse d'impôt, à peu près de quoi faire une demi-épicerie pour
une famille de quatre en ce moment. Par contre, ses boss, là, qui sont
propriétaires de la chaîne de dépanneurs où elle travaille, ou de l'épicerie,
auront 810 $, dont, franchement, ils ne sauront pas trop quoi faire et ils
ne se rendront même pas compte.
Nous, ce qu'on dit, c'est : Doublez
le crédit d'impôt de solidarité, ce qui donnerait à notre caissière, ici,
presque 1 400 $. Ça, ça fait une vraie différence. Ça, ça fait une
vraie différence. Et vous aurez remarqué que, dans la deuxième colonne, bien,
ses patrons, ils n'en auront pas, de crédit de solidarité, ça va de soi. Alors,
vous avez remarqué hier, comme moi, que M. Legault a tout fait pour ne pas
répondre à cette question-là. Il n'est pas trop tard, il peut se reprendre. Son
ministre des Finances peut se reprendre aussi.
Il faut par ailleurs contrôler les loyers,
parce que ça, ça touche directement le monde, c'est un salaire minimum qui a du
bon sens, pas un salaire minimum de charité, comme le gouvernement fait depuis
des années, et, je l'ai dit, doubler le crédit d'impôt pour solidarité. Ça,
c'est notre plan. Je tends la main au ministre des Finances et au gouvernement
de la CAQ. Il n'est pas trop tard. On ne peut pas abandonner la population,
quand on sait, en plus, que l'aide d'urgence qui a été donnée, urgence, hein,
l'aide d'urgence qui a été donnée aux banques alimentaires arrive à la fin. Les
banques alimentaires crient famine. On est rendus là au Québec. Alors, que le
gouvernement fasse preuve de solidarité, ça presse.
Un petit mot rapidement, en terminant, sur
l'expérience client, la nouvelle marotte du ministre de la Santé qui veut que
les gens puissent noter leur expérience client dans le réseau de la santé, un
peu comme on le fait quand on va dans des hôtels, dans des restaurants, ou
ailleurs. Sur le fond, je ne suis pas contre, là. Sur le fond, je ne suis pas
contre, sauf que le ministre connaît très bien l'état du réseau. Il n'a qu'à
lire les rapports de la Protectrice du citoyen, il n'a qu'à lire les rapports
de la Commissaire à la santé et au bien-être, ou il peut aller lire des
témoignages fréquents qu'on voit presque tous les jours, hier, celui,
percutant, d'une de mes concitoyennes de Rosemont, Geneviève Pettersen, qui a
dû dormir sur le plancher d'un hôpital, qui est restée là pendant des heures et
des heures, 28 au total, sur deux jours évidemment, alors que sa fille était
souffrante, que personne ne s'occupait d'elles, d'elles au pluriel, qu'elle a
vécu une expérience pitoyable. Tout est bien détaillé dans sa série de tweets
hier. Ce n'est qu'un des exemples.
Alors, si M. Dubé veut créer un autre
tableau indicateur, soit, il a un petit côté un peu technophile, là, notre
ministre de la Santé, mais la situation sur le terrain, elle est connue, puis
son nouveau gadget ne donnera aucune infirmière de plus pour les patients et
les patientes du Québec. Merci.
M. Bossé (Olivier) : Quand on
considère que les gens d'Amqui, pas particulièrement cette semaine, mais ont
accès à des services en psychologie puis en psychiatrie seulement à Rimouski,
donc à 100... plus 115 kilomètres de chez eux, pardon, un, est-ce que
c'est un problème? Puis, deux, qu'est ce qu'on peut faire avec ça?
M. Marissal : Bien, Amqui a
vécu à peu près la même chose qu'à Laval. Je comprends que Laval, c'est à
10 kilomètres de Montréal, c'est peut-être plus facile d'envoyer du monde,
mais ça s'est passé il y a trois jours, je pense qu'on est capables d'envoyer
les ressources à Amqui.
M. Bossé (Olivier) : Bien, je
pense qu'il y a du monde en ce moment-là, là, pour l'occasion. Je veux dire, en
général, l'accès aux services en psychologie, c'est loin.
M. Marissal : Oui. Puis je
n'ai pas eu l'occasion, je pense, publiquement, d'offrir mes condoléances à
tous les gens qui ont vécu ça, à Amqui. Évidemment, comme tout le monde, j'ai
été absolument sidéré, bouleversé par ce qui s'est passé là. Malheureusement,
ça va être un autre révélateur des problèmes d'accès à la santé et à la santé
mentale, et en particulier dans les régions. Ça fait des années et des années
qu'on dit ça. C'est vrai qu'ils ont probablement envoyé de l'aide ponctuelle,
mais, après, on dit aux gens : N'hésitez pas à demander de l'aide parce
que peut-être que ça va venir juste dans deux semaines, trois semaines, des
fois, ça vient deux ans plus tard, là, les fameux flash-back, là, ça revient
comme des vagues, un peu comme un ressac. On leur dit : Allez chercher de
l'aide. Oui, mais l'aide est à 100 kilomètres ou à 150 kilomètres. Je
pense que ça fait encore une fois... malheureusement, à la lumière de cette
tragédie, ça fait encore une fois, malheureusement, la preuve de la pauvreté
des services en région, en particulier en santé mentale. Et ça, ce n'est pas
nouveau, là. Amqui ne nous a pas appris ça, là, on le savait, ça.
M. Denis (Maxime) : Vous avez
diffusé hier un premier TikTok depuis la recommandation de l'Assemblée
nationale de ne pas aller de l'avant avec de telles diffusions. Comment vous
l'avez fait, sur un téléphone de l'assnat ou un téléphone perso? Puis pourquoi
continuer à tiktoker?
M. Marissal : Je suis désolé,
je ne suis pas au courant. Moi, je n'ai pas de TikTok.
Mme Zaga Mendez : On a tous
enlevé TikTok de nos téléphones.
M. Marissal : Pouvez-vous
nous préciser? Honnêtement, je ne suis pas... je suis un peu technonouille,
moi.
M. Denis (Maxime) : Sur le
compte de Québec solidaire, il y a une vidéo qui a été mise en ligne hier d'une
question de Gabriel Nadeau-Dubois au salon bleu.
M. Marissal : Je vais vous
revenir là-dessus. Honnêtement, je...
M. Denis (Maxime) : Parfait.
M. Duval (Alexandre) : Sur la
question des soins en santé mentale, Enquête aujourd'hui révèle qu'il
manque des équipes de suivi intensif dans la communauté, particulièrement à
Montréal. Ce n'est plus dans les priorités gouvernementales, alors que ça a fait
ses preuves. Est-ce que vous pensez qu'on ne met peut-être pas les efforts à la
bonne place, c'est-à-dire qu'on abandonne ce projet-là, qui, pourtant, donne
des résultats pour les gens qui ont des problématiques en santé mentale puis
qui sont des gens qui ne sont plus en institution, là?
M. Marissal : On le voit tous
les jours dans nos circonscriptions. J'en profite pour vous présenter un de mes
attachés, qui me visite cette semaine pour voir comment fonctionne, Daniel, qui
travaille dans le bureau de circonscription à Rosemont. Il pourrait vous en
raconter, là, des vertes et des pas mûres, puis ses collègues aussi, sur qu'est
ce qu'on fait comme interventions pour des gens qui sont mal pris, des gens qui
sont vraiment mal pris. Puis là, bien, je suis désolé, mais on fait des
économies de bouts de chandelles qui vont nous revenir en pleine face, parce
qu'en coupant ces services-là ou en ne donnant pas ces services-là on s'achète
du trouble pour les années à venir. Il y a de nouveaux problèmes à Montréal. Il
n'y en avait pas, d'itinérants avant, dans Rosemont. On en a dénombré
maintenant, là, quelques dizaines. C'est des fantômes, on ne les voit pas, ils
sont un peu partout, tout ça. Et moi, j'ai suivi sur le terrain, en particulier
dans Rosemont, les travailleurs et les travailleuses sociales, les travailleurs
de rue, là, qui rejoignent ces gens-là. Je peux vous dire qu'ils font un
travail extraordinaire, ne serait-ce que pour s'assurer qu'ils ne sont pas
morts de froid la nuit, là. Et ils n'ont pas l'aide nécessaire. M. Carmant
se vante toujours, là, d'avoir débloqué plein, plein, plein d'argent. C'est
assez facile pour un gouvernement de débloquer de l'argent. Ensuite, c'est
qu'est ce qu'on fait avec.
M. Duval (Alexandre) : Bien,
c'est parce qu'on parle toujours de psychologues, de psychologues, d'accès aux
psychologues, de listes d'attente pour les psychologues, mais il fut un temps
où les gens qui avaient des problèmes de santé mentale étaient
institutionnalisés. On s'est rendu compte que ce n'était pas la bonne chose, on
les renvoie dans la communauté, mais on ne leur donne pas le soutien dont ils
ont besoin. Est-ce qu'on parle des bonnes choses, quand on parle de santé
mentale, quand on parle d'accès aux soins psychologiques? Est-ce qu'on est ce
qu'on est vraiment sur la bonne priorité? C'est ça, ma question.
M. Marissal : La désins,
comme on dit dans le milieu, là, sortir les gens des institutions, la
désinstitutionnalisation — c'est pratique, désins, parce que c'est
moins dur à dire que désinstitutionnalisation — honnêtement, ça fait
40 ans qu'on parle de ça au Québec. Ça a été une mesure purement
économique. On a vidé les hôpitaux psychiatriques, puis là, bien, évidemment,
ces gens-là, ils n'ont pas disparu. Puis des problèmes de santé mentale, si ça
se trouve, il y en a plus qu'il y en avait, parce que plein de contaminants
dans l'air, plein de gens qui vivent plein de situations difficiles. Puis
effectivement on n'est pas sur la bonne voie.
J'ai fait exprès de parler de travailleurs
et des travailleuses sociales parce que c'est vrai qu'on parle toujours de psys
puis on a l'image de quelqu'un qui va chez son psy puis qui s'assoit pendant une
heure. Ça, c'est une chose, puis c'est bien, puis ça sert, c'est utile pour
plein, plein, plein de monde, mais des interventions d'urgence de gens en
crise... Il y a eu de gros changements, par exemple, dans ma circonscription,
avec l'aile psychiatrique de Maisonneuve-Rosemont. Ça a bouleversé la vie de
centaines de patients qui ne s'y trouvaient plus, qui ne s'y retrouvaient plus,
puis on les a renvoyés dans d'autres lieux. Franchement, là, on le dit depuis
des années, la santé mentale, c'est vraiment l'enfant pauvre de l'enfant pauvre
du domaine de la santé au Québec. Et pour répondre brièvement à votre question,
je comprends que c'est une réponse assez longue, mais ça ne se répond pas en...
non, on ne va pas dans la bonne direction, puis pas pour les bonnes raisons non
plus.
M. Lecavalier (Charles) : M. Fitzgibbon,
lundi, a révélé que, bon, le Québec n'a pas été capable d'aller chercher
l'usine de Volkswagen, là, qui va s'installer en Ontario, parce qu'il n'était
pas capable de lui offrir 1 000 mégawatts d'énergie, là, donc pas
assez d'électricité. Face à ça, comment est-ce que Québec solidaire réagit par
rapport à ça? Est-ce que... C'était-u vraiment une bonne idée de signer de gros
contrats d'exportation d'énergie vers les États-Unis?
M. Marissal : Est-ce que
M. Fitzgibbon a révélé ses sources? Parce que moi, je n'ai pas tous les
détails de ce contrat-là, et, évidemment, on va nous dire : C'est privé,
c'est commercial, on ne peut pas tout dire. Il y a plusieurs...
M. Lacroix (Louis) : ...tu
sais, on a beaucoup vanté, du côté ministériel, les contrats qu'on a passés
avec les États-Unis pour vendre notre électricité, notamment à New York. Puis
là, bien, on se retrouve dans une situation où on va être en pénurie
d'électricité à court terme, si on considère qu'une quinzaine d'années, c'est
court terme, là. Alors, on se retrouve dans une situation où on a vendu tous
nos surplus, puis là on est obligés de développer des projets, puis on se
retrouve nous-mêmes en pénurie.
M. Marissal : Alejandra a une
expertise que je n'ai pas...
Mme Zaga Mendez : Bien, une
chose qu'on a proposée, puis c'est mon collègue Haroun Bouazzi, c'est d'avoir
une réflexion de comment on est en train de produire la quantité puis la
disponibilité de l'énergie. À plusieurs reprises, on a demandé des commissions
parlementaires là-dessus spécifiquement, c'est-à-dire combien qu'on produit à
Québec. Oui, il y a la question de l'exportation, mais surtout, puis je pense
que là-dessus on met le doigt dessus, c'est comment on fait en sorte que cette
énergie-là va servir aussi à la transition. Parce qu'il y a une grande demande,
mais, de l'autre côté, il y a plusieurs façons de produire l'énergie, ce n'est
pas... il y a l'hydroélectricité, on a l'éolienne à explorer. Il y a d'autres
façons plus durables de le faire. Ça fait qu'en effet il faut une réflexion
plus globale de comment on va arriver à atteindre la demande en énergie.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
est-ce que la gestion qui est faite, actuellement, de l'énergie, elle vous
inquiète, qu'un ministre vienne dire, hier : On n'aura pas assez
d'électricité pour tel projet, mais, vous le dites, on a la transition
énergétique, il y a 10 projets qui sont en attente de voir comment on va
être capable de développer cette production-là? Donc, est-ce que vous êtes
inquiète, en ce moment, de la gestion de l'énergie au Québec?
Mme Zaga Mendez : Bien, on
est inquiets de savoir comment on va arriver à la transition énergétique, parce
qu'on ne l'accélère pas, c'est-à-dire, on n'est pas... Il faut voir en ce
moment qu'il nous manque des... On peut parler de développement éolien et
d'autres sources d'énergie renouvelable, là, puis ça, on les attend là-dessus. On
le sait, que c'est l'énergie du futur, puis, encore une fois, ça nous prend une
grande réflexion. On a demandé des commissions parlementaires. Puis j'ajouterais
que notre collègue a demandé d'avoir Mme Sophie Brochu en commission pour
avoir une perspective de qu'est-ce qui a été fait puis où est-ce qu'on s'en va
en termes d'électrification au Québec.
M. Lachance (Nicolas) : Juste
pour terminer là-dessus, est-ce que vous pensez qu'il y a eu un manquement chez
Hydro-Québec? Parce que c'est quand même à eux, leur job, de prévoir ça va être
quoi, les besoins énergétiques. En 2018, là, il y avait trop d'énergie et il
fallait arrêter, il fallait arrêter ça, il fallait arrêter ça. Cinq ans plus
tard, on se retrouve à devoir passer sur un projet de batteries électriques,
qui est comme l'espèce de Saint-Graal, parce qu'on n'a plus d'énergie. Il n'y a
pas... Puis là on peut bien blâmer le gouvernement, mais, je veux dire,
Hydro-Québec, c'est quand même leur travail de prévoir ce qui s'en vient dans
le futur. Eux, est-ce qu'ils ont manqué à leur devoir?
Mme Zaga Mendez : Moi, je ne
pourrais pas vous répondre là-dessus aujourd'hui, je n'ai pas toutes les données
ce matin, mais, cependant, une des choses qu'on a demandées, c'est avoir Sophie
Brochu en commission, avoir un portrait complet pour être capables de se
projeter dans les besoins énergétiques du Québec.
M. Carabin (François) : Sur
la publicité concernant l'avenir du français, je ne sais pas si un de vous
voudrait commenter, mais je me demandais si on ne s'attaquait pas injustement
aux jeunes avec cette publicité-là.
M. Marissal : Je me suis posé
un peu la même question, là, moi qui ai trois ados, presque quatre, là, mais il
y en a une qui n'apprécierait pas que je la qualifie d'ado parce qu'elle est
presque... elle est majeure, en fait. Bien non, j'ai trois ados, évitons les
problèmes familiaux. Moi, j'ai eu ce sentiment-là un peu. J'ai surtout eu le
sentiment que ça ne visait pas la bonne cible. Ça ne visait pas la bonne cible.
Moi, quand j'étais ado, j'en avais plein, d'expressions, aussi, qui n'étaient
probablement pas dans le Larousse, là. Puis les ados, ils en ont plein, là,
d'expressions, il y en a une par semaine d'ailleurs, là. C'est assez dur à
suivre, des fois, parce que je ne sais pas trop, des fois, ce que ça veut dire.
Être «down», moi, je pensais que c'était «déprimé». Ce n'est pas ça que ça veut
dire. Bon, ça, c'est l'évolution, puis les jeunes vivent dans un environnement,
dans un écosystème.
M. Lacroix (Louis) : Mais
c'est souvent... en tout cas, moi aussi, j'ai des ados dans mon entourage, là,
puis les mots, «insane», qu'on entend dans la publicité, puis tout ça, là, si
vous avez des ados, c'est sûr que vous entendez ce mot-là à satiété, là, et
d'autres mots.
M. Marissal : Je vous le
confirme.
M. Lacroix (Louis) : Puis
c'est vrai qu'on entend beaucoup de vocabulaire qu'eux utilisent, mais c'est
toujours tiré de l'anglais. Il n'y a pas de mot espagnol dans mon entourage,
moi, là.
M. Marissal : C'est la
majorité du temps tiré de l'anglais, c'est vrai, mais moi, ce qui m'importe,
là, c'est que mes ados soient capables de faire une dictée de 60 mots sans
faire huit fautes. Puis je pense que, dans la dictée, il n'y aura pas le moins
«insane». Bon, après ça, ils vivent ensemble, les ados, ils vivent dans un
écosystème, dans leur société. On ne va pas mettre un superviseur de la langue
en arrière de chaque ado. Puis, comme parent, là, il m'arrive souvent de
dire : Ah non! Tu sais, qu'est ce que tu racontes? Je ne comprends rien de
ce que tu me racontes. Peux-tu, s'il te plaît...
M. Lacroix (Louis) : Ça, ça
ne vous inquiète pas?
M. Marissal : Ça va passer.
Moi, ce qui m'inquiète, c'est la qualité du français, là. Quand on apprend, par
exemple, que les gens sortent du cégep, là, puis même parfois de l'université, puis
ils ne sont pas capables de faire une dictée, là, de cinquième année sans faire
un paquet de fautes, quand je vois surtout que, dans certains milieux
industriels, ça parle en anglais surtout puis qu'il faut parler en anglais,
quand je vois qu'on se fait niaiser par le P.D.G. d'Air Canada, ça, ça
m'énerve, ça, ça m'irrite, et je pense qu'il y a un gros, gros, gros problème
là. Après ça, si on veut «shamer», excusez-moi l'expression, les ados, si on
veut les culpabiliser, je ne suis pas sûr qu'on ait la bonne cible.
M. Lachance (Nicolas) : Ce
n'est pas juste les adolescents, là. Non, mais, si on côtoie des adultes,
jusqu'à 35 ans, là, même, c'est ce vocabulaire-là qui est utilisé. Ils
travaillent dans les TI, ça travaille en anglais, ça s'exprime en anglais.
Donc, la publicité, le vocabulaire qui était à l'intérieur de cette publicité-là,
c'est le même qu'on retrouve chez les jeunes adultes. Donc, ils quittent
l'adolescence, mais ça vient avec eux, ce bagage-là.
M. Marissal : Je suis
d'accord avec vous. Moi-même, dans mon travail, là, il m'arrive souvent de
faire un petit raccourci puis d'aller vers une expression anglophone parce que
je vais... — regardez, là, comme c'est insidieux — parce
que c'est plus «catchy», parce que ça accroche plus. Puis d'ailleurs votre
collègue Antoine Robitaille, là, nous surveille, là, puis il fait régulièrement
des chroniques là-dessus, là. J'ai toujours l'impression qu'Antoine est en
arrière de moi, en train de me surveiller quelque part. C'est fatigant. Mais
c'est vrai que c'est invasif, l'anglais est une langue invasive. Cela dit, de
un, je ne suis pas sûr qu'en visant les ados, c'est la bonne cible, en fait, je
pense, ce n'est pas la bonne cible, et, de deux, l'approche culpabilisante, là,
un peu moralisatrice, ça m'énerve, puis je ne pense pas que c'est ça, le gros
problème du français.
M. Duval (Alexandre) : M. Roberge
disait ce matin en entrevue : On ne vise pas les ados, on ne vise pas les
artistes, qu'on en parle en bien, qu'on en parle en mal, l'important, c'est
qu'on en parle, de l'enjeu du déclin du français. Est-ce qu'on n'est pas en
train de lui donner raison, là? Parce que, je veux dire, tout le monde a sa
petite opinion sur la pub. Le résultat, c'est qu'on en parle.
M. Marissal : Oui, mais
on ne vend pas de la saucisse, là. Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en,
ça, c'est un vieux slogan, là, des techniques de marketing des années 60,
là. On parle de la protection de la langue française. Soyons sérieux, là.
M. Roberge, il ne vend pas des saucisses.
M. Duval (Alexandre) : ...des
entreprises où ça travaille en anglais, ça vous amène à parler des entreprises
qui ne se conforment pas. Je veux dire, cette publicité-là vous amène quand
même à poser des questions.
M. Marissal : Bien, de
un, je vous ferais remarquer que c'est vous qui m'avez posé une question
là-dessus, et, de deux, ce que je vous dis, c'est que cette pub-là...
Une voix : ...
M. Marissal : Oui, bien
sûr, mais moi, le français m'habite. Puis, comme vous le savez, moi, j'ai gagné
ma vie avec la langue française. Puis encore, en quelque sorte, je gagne ma vie
avec ça, parce qu'il faut parler, puis je parle en français, puis j'essaie de
parler un bon français. Puis je m'enorgueillis d'avoir une certaine qualité de
français. Et je me désole effectivement de voir une certaine détérioration du
français dans certains milieux, y compris chez mes ados, et je le dis, je le
dis.
Par contre, ce que je dis, c'est que le
gros problème, quant à moi, il y en a... bien, il y en a plusieurs, mais
notamment l'enseignement du français. On nivelle constamment par le bas. Est-ce
qu'on va faire une publicité pour dire : On nivelle par le bas, puis ce
n'est pas grave si tu as 55 %, on va quand même te faire passer puis on va
oublier deux ou trois petites fautes. Quand des amis profs de cégep me disent :
Moi, j'enseigne en génie, je ne corrige pas les fautes parce que sinon mes
élèves ne passeraient pas, bien, c'est désolant, c'est désolant. Il est bien
plus là, le problème. Puis, après ça, bien, il y a les bonzes d'Air Canada, et
autres, là, qui méprisent le français et les francophones.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
vous ne pensez pas qu'on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps, là, puis
qu'on n'est pas obligés de tout mettre dans un aspect, qu'on peut essayer de
régler un aspect, puis qu'on peut aussi sensibiliser sur d'autres aspects?
M. Marissal : Oui, mais,
pour moi, l'aspect ado qui a des expressions, ce n'est pas la priorité.
M. Lachance (Nicolas) : Vous
voulez vous attaquer, oui, O.K., aux P.D.G., et tout ça, mais c'est dans la
population en général que l'anglais commence à prendre de plus en plus de
place. Comment on le règle, ce problème-là, alors, si on ne leur parle pas à
eux?
M. Marissal : Est-ce que
l'anglais prend de plus en plus de place? Il y a beaucoup d'expressions...
M. Lachance (Nicolas) : ...il
y a des faits, là.
M. Marissal : Il y a
malheureusement, effectivement, un phénomène rampant. L'anglais est comme une
marée, là, qui nous entoure. Puis effectivement il faut toujours faire
attention à notre français, mais l'anglais ne va pas disparaître. Donc, ce
qu'il faut faire, d'après moi, là, puis je ne suis pas spécialiste de la
langue, là, mais, d'après moi, c'est de valoriser notre langue, valoriser
l'enseignement de notre langue, ne pas minimiser l'importance... Moi, quand
j'entends dire, par exemple : Ah! il faudrait peut-être recommencer à
parler de grammaire aux élèves du cégep, bien, franchement, je ne pensais pas
qu'on avait arrêté de le faire, là. Puis quand j'entends dire : Oui, le
français, c'est une langue qui est compliquée, on pourrait peut-être un peu la
simplifier, bien, je suis désolé, mais c'est peut-être une langue compliquée,
mais c'est une langue magnifique aussi puis c'est la colonne vertébrale de la
nation québécoise. Alors, chérissons le français.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
justement, ce matin, on apprend aussi que, dans les universités francophones,
presque toutes les études qui sont publiées, les études scientifiques, sont en
anglais. Est-ce que c'est problématique selon vous?
M. Marissal : Bien, ça
dépend d'où viennent les études, mais, oui, c'est problématique si tout notre
réseau universitaire s'anglicise. C'est un sacré problème. Dans le domaine de
la santé aussi, ça pourrait être un sacré problème, quand on nous dit que, par
exemple, dans certains secteurs, de plus en plus, tout se passe en anglais, effectivement.
Mais on a des lois pour ça au Québec, là. On n'a pas besoin de faire une pub
avec un faucon pèlerin, là, on a des lois, là.
Mme Mignacca (Franca G.) :
Can we just get you in English on the
upcoming budget…
M. Marissal :
No peregrine falcon this morning, no? I
love birds. I love birds. The first thing I did yesterday is to doublecheck if
it was really a peregrine falcon, just to make sure that they had the good...
the right bird. They did. They did.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
On the
upcoming budget, I know you mentioned that the tax cuts are not the way to go,
but can you resume just what would you like to see in place instead?
M. Marissal :
Well, if you go as planned by the CAQ Government, you're going to benefit the
richest of the society, and it's not the way to go. People are struggling just
to put food on the table, and now we have the CAQ planning, all over the board,
cuts, tax cuts, and they are
not going to benefit the people who first and foremost need it. So, I think
it's not too late. The budget is not still print, so it's always the time to go
back to the homework and do the job and make sure that the people who will
benefit some kind of tax cuts are the right people.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
And on
the Enquête story that came out this morning, the idea that, you know,
there aren't enough follow-ups… when it comes to psychiatric care and that
could become a public security issue, what do you make of that? What do you
think is the solution, at this point?
M. Marissal :
Well, I mean, it's not a new problem,
as far as I'm concerned. We see it firsthand in the streets of Montréal, in the streets of Québec, more and more in any kind of cities
in Québec. You can clearly see
that there's a problem with people who are struggling with mental health trying
to get some help, some care. And basically, they just don't find these cares.
Minister Carmant said, over and over again : I put so many millions of
dollars in this filed. But, you know, on this field, the people who are working
with the people who are struggling are calling this «les millions à Lionel»,
because they don't find any people to go on the street and work, because they
don't have enough resources. And that's the first thing we should work on.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
How do we
get that, though?
M. Marissal :
Well, we have a long way to go, because,
for years, and years, and years, this file has been abandoned by the Government. So, we have to not only invest
but to make sure that we recruit the right people, and make sure that we reach
to the good people, the right people when they need it, and make sure that they
have the resources in place.
Mme MacKenzie
(Angela) :
Staying
on health, what is your opinion on Dubé's new patient's experience tool?
M. Marissal :
Well, I mean, going to an hospital is
not the same thing as going in vacation in a five-star hotel, right? So,
basically, it's not necessarily a bad thing to have some kind of evaluation
from the patients. But first of all, we already have many studies on that, many
reports, «la Protectrice du citoyen» for example, «la Commissaire au bien-être et à la santé» is another example.
And, I mean, come on, Minister Dubé knows exactly what's going on in the public
health network. So, does he need that? Is it another gadget? I don't know. But
when you read stories like this one from Geneviève Pettersen, who went to the
hospital with her daughter, and they spent basically 28, 30 hours there,
sleeping on the floor, trying just to get some answers, I mean, do we need
another app, another «tableau de bord» from Mr. Dubé just to know exactly
what we already know? I think that Mr. Dubé knows exactly what's going on,
and he should act on this.
Mme MacKenzie
(Angela) :
And
the priority, for you... what would you like to see him focus on instead?
M. Marissal :
Bring back the nurses and the people in
the public health sector. And that's the other thing, because, on one hand, Mr. Dubé
is saying: We want to be... we want to bring back the nurses and the staff in
the public health sector, but, on the other hand, he's building new private
hospitals and private clinics. So, basically, Mr. Dubé is not coherent on
this file. And I'm just asking him because we have the draft Bill 10, this
morning, that we... We will start studying this bill, and I'm just asking Mr. Dubé
to take the right actions to make sure that we bring back the nurses in the
public sector.
Mme Henriquez
(Gloria) :
Can
I get your thoughts on the hockey commission being extended?
M. Marissal : Yes. Well, first of all, I'm happy and kind of surprised that the
CAQ has decided to extend the commission for two days. But, on the other hand,
I think that's a good thing, because we have not finished the work. I've said
it from the beginning, I think we have so many more witnesses to hear. Because
the idea behind that, from the beginning, was not to get Mr. Courteau
resignation. That was not my goal, anyways. That happened, and so be it. But
the goal is to make sure that people, young people who are practicing sports in
Quebec are safe, and that we protect them. Merci.
(Fin à 8 h 31)