(Quatorze heures trente-neuf minutes)
M. Tanguay : Alors, bonjour à
toutes et à tous. Aujourd'hui, c'est une journée excessivement importante.
Aujourd'hui, on va parler de la crise des places en service de garde.
Aujourd'hui, nous avons l'honneur, à l'Assemblée
nationale, d'avoir les représentantes du groupe Ma place au travail. Nous
célébrons, à ce moment-ci de l'année, les deux ans d'existence de Ma place au
travail. Rappelez-vous, il y a deux ans, j'étais porte-parole de l'opposition
officielle à l'époque, et un mouvement a commencé sur les réseaux sociaux, a
commencé, entre autres, sur Facebook, un mouvement où il y avait quelques
dizaines de personnes, des parents, qui n'avaient pas de place en service de
garde. Après ça, ça a été quelques centaines, et aujourd'hui ce sont des
milliers de parents, deux ans après, qui sont frappés de plein fouet par la
crise, le manque de places en service de garde. On a eu l'occasion d'interpeller
le gouvernement Legault dès il y a deux ans, même avant, mais avec le travail
que fait Ma place au travail, on a maintenant des visages sur cette crise. Vous
nous avez entendu parler des CV de bébés. Les parents en sont réduits à faire
des CV pour trouver une place, à offrir de l'argent sur Kijiji, à faire de la
publicité dans les hebdos régionaux. C'est inacceptable.
Et, encore une fois, aujourd'hui, ce sont
des milliers de places qui sont manquantes. Et nous sommes, rappelons-le, dans
la cinquième année de ce gouvernement Legault, qui ne répond pas aux besoins.
On a des propositions tangibles au Parti libéral du Québec, vous le savez,
entre autres, le prolongement de six mois du RQAP pour celles et ceux qui n'ont
pas de places en service de garde. Mais ça, encore une fois, le gouvernement
Legault ne fait pas suite à ces propositions-là. Alors, c'est un combat qu'on
va continuer pour toutes les familles du Québec, pour tous les parents, les
femmes, au premier titre, qui sont obligées de mettre en veilleuse leur
carrière parce qu'elles n'ont pas de place en service de garde, les pères
également, et pour nos tout-petits. On dit : Agir tôt. Bien, une place en
service de garde nous permet d'agir tôt.
Et on va continuer le combat, ce n'est pas
la première fois que vous m'entendez, on va continuer le combat pour les places
en service de garde, pour les parents puis pour les tout-petits du Québec. Et
celle qui aura repris le flambeau, c'est ma collègue Brigitte Garceau. Je vous
la présente. Je lui cède la parole à l'instant. Elle est porte-parole de
l'opposition officielle en matière de famille. Brigitte.
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Marc. C'est une journée évidemment très importante pour nous. Nous avons les
représentantes, ici, de Ma place au travail, qui ont commencé un mouvement, un
mouvement exceptionnellement important pour tous les parents au Québec qui
attendent désespérément pour une place en service de garde. Et donc merci
d'être ici, mesdames, parce que votre travail que vous faites à travers la
province est tellement important.
Et c'est encore plus important maintenant
parce que nous savons très bien que, malgré votre... la création du mouvement
il y a deux ans, et la raison pour laquelle vous avez créé le mouvement,
c'était parce qu'il y avait une pénurie, manque de places en service de garde,
et on se retrouve, deux ans plus tard, où la situation est encore pire qu'en
mars 2021 au niveau du manque de places en service de garde. Et c'est pour
cette raison que nous avons présenté, hier, un projet de loi, parce que c'est
le temps, c'est le moment maintenant que nous allons reconnaître, pour tous les
parents ici, au Québec, qui ont des enfants, un droit de garantir l'accès à un
service de garde.
Le droit, tel que le droit à l'éducation,
maintenant, nous devons le reconnaître. Comme société, ça doit être notre
priorité, et ça doit être la priorité de ce gouvernement, maintenant, parce que
nous sommes rendus, on va se le dire, à environ 69 000 enfants qui
sont inscrits sur une liste d'attente, et avec, évidemment, l'inflation, le
coût de la vie, les familles au Québec qui attendent... Certaines familles, ça
fait un an qu'ils attendent pour une place en service de garde. C'est du jamais
vu. Et maintenant les familles souffrent, elles sont égorgées parce qu'en ce
moment, il y en a plusieurs qui ne peuvent pas retourner au travail, surtout
les femmes, on va se le dire, et, par conséquent, financièrement, c'est devenu
très, très difficile. Et donc nous avons des familles à bout de souffle, nous
avons des familles qui sont frustrées, qui sont... Il y a beaucoup de détresse,
beaucoup d'angoisse. Je sais que le mouvement est là pour eux. Ils ont exposé
clairement leurs frustrations et les conséquences néfastes que le manque de
places en service de garde... ce manque-là, quelle est la conséquence pour ces
familles-là.
C'est vraiment exceptionnel et intolérable
comme situation, et nous devons corriger la situation. Donc, j'ai présenté une
motion afin de dénoncer le comportement du gouvernement face à cette situation,
parce qu'il y a un grand manque de transparence. Il faut se le dire, les
parents ont perdu confiance en ce gouvernement, les parents ont perdu...
Évidemment, il y a une perte de crédibilité au niveau du gouvernement, en ce
moment, parce qu'on n'a pas corrigé le tir sur le tableau de bord, on n'a pas
dit les vrais chiffres. Et ça, c'est une cause de frustration pour les parents,
c'est une cause d'incertitude pour les parents, parce qu'encore aujourd'hui ils
ne savent pas quand est-ce qu'ils vont avoir une place en service de garde.
Donc, je termine là-dessus, et je vais passer la parole à la porte-parole du
mouvement, Mme Marylin Dion.
Mme Dion (Marylin) : Merci.
Cette semaine, Ma place au travail fête ses deux ans, deux ans que les cris du
cœur de Myriam, une maman de Cacouna, ont résonné dans l'esprit de milliers de
familles et pour qui ces cris du cœur se sont transformés en cri de ralliement,
deux ans que les parents des tout-petits sont unis pour former ce merveilleux
mouvement citoyen visant à mettre en lumière la pénurie de places en garderie
qui sévit au Québec et surtout à trouver des solutions pour contrer cet enjeu qui
est majeur.
Cet anniversaire est l'un de ceux qu'on
aurait aimé ne jamais célébrer. Dans un monde idéal, deux années auraient suffi
pour que la pénurie et les familles affectées deviennent une priorité dans les
budgets et les plans d'action de toutes les familles politiques au Québec, y
compris le gouvernement actuel. Nous aurions souhaité que deux ans suffisent
pour que la pertinence de Ma place au travail s'efface. Cette semaine, nous
aurions préféré fêter la fin du mouvement. Malheureusement, nous sommes
toujours aussi pertinentes qu'au premier jour.
La pénurie et ses conséquences continuent
de frapper les milliers de familles au Québec. Les récents progrès annoncés en
termes de création et de conversion des places sont mis à mal par la fermeture
massive de services en milieu familial, par le manque de valorisation des
métiers reliés à la petite enfance et par les manques d'investissements cumulatifs
du réseau. Les places en garderie continuent donc d'occuper le quotidien de
dizaines de milliers de parents de tout-petits. Cette pénurie touche de façon
disproportionnée les poupons, les familles en région et les femmes, parce qu'on
va se le dire, parmi les dizaines de milliers de parents qui doivent arrêter de
travailler une fois le congé parental terminé, on a une immense majorité de ces
parents-là qui sont des femmes, des femmes dont la carrière, la santé mentale
et l'indépendance financière sont malmenées pendant des mois, voire des années.
Bien que nous n'ayons pas à cœur de fêter
nos deux ans d'existence, nous avons des raisons d'espérer que cet anniversaire
soit le dernier. Nous avons la chance aujourd'hui de pouvoir compter sur de
belles relations de collaboration, d'écoute, d'appui, de pistes de solutions,
qui sont nombreuses, au sein d'organisations du réseau de la petite enfance,
d'experts en la matière et de différents représentants politiques qui
comprennent et mesurent l'ampleur de l'enjeu.
Nous souhaitons d'ailleurs remercier le
Parti libéral du Québec aujourd'hui d'avoir souligné l'anniversaire de Ma place
au travail et de participer à cette non-fête avec le dépôt de la motion.
Inscrire le droit des enfants du Québec à bénéficier d'une place en service de
garde éducatif à l'enfance est loin d'être symbolique. Ça oblige les
gouvernements actuels et futurs à investir dans le réseau, à enrayer la pénurie
pour de bon et à donner aux instances gouvernementales des obligations de
résultat. Et, après deux ans, c'est ce que les familles désirent, des résultats.
Merci.
M. Tanguay : Merci beaucoup.
Bravo! Merci à vous. Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 49)