(Huit heures trente minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Vous devinerez que je suis content d'être de retour à l'Assemblée nationale du
Québec en ce beau mercredi matin, surtout que bientôt va se joindre à notre
équipe un député exceptionnel, Guillaume Cliche-Rivard, qui va faire son entrée
au caucus de Québec solidaire dans les prochaines semaines. Et je reviens à
Québec, donc, renforcé d'un nouveau collègue mais aussi inspiré par les
centaines de personnes que j'ai rencontrées dans la rue, que j'ai rencontrées
au porte-à-porte durant la campagne dans Saint-Henri—Sainte-Anne.
Dans les dernières semaines, j'ai échangé
avec des centaines de Québécois et de Québécoises, et ces gens-là m'ont parlé d'abord
et avant tout de la crise du logement. J'ai cogné à leurs portes, j'ai vu les
conditions de vie des gens. Les gens me parlaient de leurs loyers qui
explosent. Ils me parlaient des fois de leurs appartements insalubres. J'ai
rencontré une femme qui attend un logement social depuis cinq ans. J'ai
rencontré une petite famille qui s'entasse dans un trois et demie parce que c'est
la seule chose qu'ils ont les moyens de se payer. J'ai rencontré des gens qui
se sont fait évincer parce qu'Airbnb permet de faire de l'argent au spéculateur
qui vient d'acheter leur bloc-appartements. La crise du logement, elle est
réelle, elle est à son niveau... à son pire niveau depuis 20 ans au
Québec, et on a besoin ici, à l'Assemblée nationale, d'une opposition forte qui
va continuer sans relâche à talonner François Legault sur cette question-là. Et
Québec solidaire sera cette opposition-là, et on va être encore meilleurs sur
la question du logement avec Guillaume Cliche-Rivard.
Les gens m'ont parlé de l'inflation aussi,
du coût de la vie. Les factures à l'épicerie sont de plus en plus salées, et
les sacs d'épicerie, eux, sont de plus en plus légers. Les anecdotes, j'en ai
entendu des dizaines... des gens qui n'arrivent plus à la fin du mois. Et là je
ne vous parle pas de gens sur l'aide sociale, je vous parle de gens qui
travaillent à temps plein et qui se ramassent dans des banques alimentaires. Ça
arrive à chaque semaine au Québec. Ça prend une opposition pour s'occuper de
ça. Ce sera aussi une priorité de Québec solidaire maintenant que notre équipe
s'est agrandie.
Les gens m'ont aussi, bien sûr, parlé de l'environnement.
Les jeunes et les moins jeunes sont inquiets de l'inaction de François Legault
sur la question climatique. On en a parlé tout au long de la campagne dans Saint-Henri—Sainte-Anne.
On va continuer de talonner François Legault sur cette question-là.
Logement, coût de la vie, environnement, c'étaient
nos priorités dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Ça va continuer d'être nos
priorités ici, à l'Assemblée nationale du Québec, parce qu'il faut une équipe
qui rappelle à François Legault que la majorité du monde n'ont pas voté pour
lui à la dernière élection. Cette équipe-là, ça va continuer d'être l'équipe de
Québec solidaire.
Je voulais également, ce matin, bien sûr,
revenir sur ce qu'on apprend concernant la Fonderie Horne. C'est incroyable. C'est
incroyable. La CAQ préfère déménager 200 familles plutôt que mettre au pas
une multinationale milliardaire. Ce n'est pas la première fois dans ce
dossier-là, mais là la cause est entendue, la vraie priorité de la CAQ, ce n'est
pas la santé des gens de Rouyn-Noranda, c'est d'accommoder le plus possible la Fonderie
Horne, une industrie qui est propriété d'une entreprise milliardaire qui nage
dans les profits.
Ce que les gens de Rouyn-Noranda
demandent, et la consultation publique l'a démontré, c'est qu'on impose à la
fonderie la norme québécoise en matière de pollution de l'air. Les gens de
Rouyn-Noranda ne sont pas des citoyens de seconde zone. Il n'y a aucune raison
qu'on les force à respirer de l'air plus pollué qu'ailleurs au Québec. C'est
inadmissible. Et, au lieu de faire ça, au lieu de mettre au pas la
multinationale, bien, la CAQ va demander à 200 familles de faire ses
boîtes. Et, en plus, on va mettre de l'argent public dans l'opération, comme si
Glencore International n'avait pas les moyens de respecter les obligations
environnementales du Québec, comme s'ils n'avaient pas les moyens de payer pour
les dommages qu'ils font depuis des décennies à la santé des gens de
Rouyn-Noranda. C'est inacceptable comme décision, et ça démontre les vraies priorités
de la CAQ dans ce dossier-là.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que, quand même... Oh! pardon.
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser mon collègue dire quelques mots, puis je vais prendre vos questions.
M. Bouazzi : Merci, Gabriel.
Bien, moi, je vais revenir rapidement sur la tragicomédie de la SAAQ et des
réponses de M. Caire et du premier ministre Legault. À les écouter, le dernier
responsable des ratés dans la transition numérique de l'État, c'est le ministre
responsable de la Transition numérique de l'État. Ça n'a juste pas de sens.
Selon M. Éric Caire... Selon le premier ministre et M. Éric Caire, Éric Caire
est un simple conseiller. Donc, il est assez ministre pour avoir une limousine
mais pas assez pour conseiller réellement la SAAQ et se débrouiller pour que ça
soit une réussite.
On vient même d'apprendre aujourd'hui...
Je veux dire, tous les fiascos possibles ont été faits. Je rappelle que c'est
le deuxième plus gros projet informatique de l'histoire du Québec. On oublie,
des fois, ce que c'est. C'est 200 000 $ par jour pendant sept ans. Il
faut regarder longtemps à côté et ne pas conseiller pour sauver la situation.
Toutes les erreurs possibles dans les projets informatiques ont été faites.
Les Québécois, chez eux, là, qu'est-ce
qu'ils voient? Ils voient des camionneurs qui ne sont pas capables de
renouveler leurs permis, des gens qui ne sont pas capables d'acheter leurs
voitures, des jeunes qui ont leurs premiers permis qui ne sont pas capables de
créer de compte. Je veux dire, eux ne peuvent pas comprendre la situation. Moi,
j'en ai livré, des gros projets informatiques, là, je ne peux pas leur
expliquer plus, là. Il faut vraiment faire beaucoup d'erreurs longtemps pour en
arriver là.
M. Éric Caire nous a parlé, quand il était
dans l'opposition, en continu de l'importance d'avoir une commission d'enquête
publique. Maintenant qu'il est au pouvoir, il nous a dit : Tout va bien,
je m'en occupe. Clairement, ce n'était pas une bonne idée. Clairement, il faut
cette commission. Et c'est ça qu'on demande au gouvernement. Merci.
M. Bossé (Olivier) : Sur la
SAAQ, on a vu, ce matin, qu'ils ont retrouvé 270 permis à l'écocentre de
Charlesbourg. Est-ce que ça s'ajoute au reste ou est-ce que...
M. Bouazzi : C'est-à-dire,
c'est assez évident qu'il y a des fiascos à n'en plus finir. On a vu ça,
effectivement, c'est des problèmes de sécurité assez évidents, là, pour les
questions d'identité publique.
On a vu aussi qu'il y avait
7 millions qui avaient été dégagés pour de la communication il y a
pratiquement un an, mais, je veux dire, dans les projets informatiques, on
communique avant pour préparer les choses, les gens au changement. La gestion
de changement, là, c'est la base dans un gros projet informatique. On
communique pendant et on communique beaucoup moins après. On a l'impression
qu'ils avaient prévu que ça allait être le plus gros succès de la planète, là,
et que la seule communication, ça allait être après.
Je vous dis, sérieusement, là, genre,
c'est difficile d'imaginer qu'ils pensaient sérieusement couper un jour
400 systèmes et réouvrir le lendemain un système. Ce n'est pas du «plug
and play», là, c'est du «plug and pray». Il faut vraiment, vraiment... C'est
fou, là.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...vous
parlez de la campagne publicitaire qui doit être lancée le 20 mars.
M. Bouazzi : Que c'est ça?
M. Desrosiers (Sébastien) : Donc,
vous dites : Cet argent-là, le 7 millions pour cette campagne-là,
aurait dû être investi avant.
M. Bouazzi : Pour faire de la
gestion du changement. Je vous dis, c'est la base, là. Moi, je suis dans
l'industrie, j'ai été dans l'industrie 15 ans, là, c'est comme la base, là,
c'est : le premier jour, quatre ans plus tôt, là, dans leur cas, c'est
sept ans parce que ça a duré bien trop longtemps, là, bien, on prépare la
gestion du changement quand ça va arriver.
Quelle gestion du changement, quel plan B
ils avaient prévu? Parce que, là, ils ont le beau jeu de dire : On arrête
tout, on va régler le problème, mais le plan B, quand ça ne marche pas,
normalement il est prévu avant, pas pendant et après.
M. Bellerose (Patrick) : ...la
Banque du Canada, si on vous avait dit : On va fermer pendant trois
semaines pour migrer d'un système à l'autre, vous auriez dit quoi?
M. Bouazzi : C'est des
erreurs qu'on faisait il y a 15 ans. C'est-à-dire, vraiment, là, il y a
15 ans, il y a beaucoup de projets qui étaient comme ça, on appelle ça les
projets big bang, là, c'est comme, genre, le début de l'univers, là, on arrête
quelque chose, on commence quelque chose. Dans les faits, ça fait maintenant
plus de 15 ans qu'on sait qu'il n'y en a aucun qui marche. Ça ne marche
jamais, là.
Ça fait que la manière de le faire, c'est
de commencer des livraisons... Alors, il y a 1 000 stratégies, là,
mais l'idée, c'est de mitiger le risque, d'avoir des livraisons tous les six
mois, tous les trois mois, toutes les années, mais, en tout cas, pas quelque
chose où on arrête 400 systèmes un jour, on ouvre un système le lendemain.
En plus, c'est un mastodonte, la SAP, là, c'est assez impressionnant.
D'ailleurs, le ministre Éric Caire
lui-même dit que ce n'est pas quelque chose qu'il faut faire. Et on se demande,
pendant quatre ans, où on a dépensé 200 000 $ par jour... Je rappelle
ça. C'est-à-dire que, si on regarde à côté pendant une semaine, c'est 1,5 million
qui a été dépensé. Ça va vite, là. Je veux dire, comment est-ce que... Même
ce... En imaginant que c'est juste un conseiller, là, il l'a fait quand, le
conseil de dire que c'était une mauvaise idée?
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que des têtes doivent rouler? Legault veut une évaluation du C.A., du président
de la SAAQ, mais est-ce que... Bien, justement, on cible beaucoup Éric Caire.
Est-ce que c'est Geneviève Guilbault aussi qui est responsable, à quelque part,
dans tout ça?
M. Bouazzi : Bien, ça me paraît
assez évident. C'est assez impressionnant comment est-ce que tout le monde est
responsable sauf les ministres responsables. Je veux dire, on...
Alors, d'abord, pendant quatre ans, on
savait que c'était le plus gros projet... Dans la presse, là, ce n'était même
pas un scoop, on disait qu'il allait y avoir des problèmes quatre ans plus
tard.
Deuxièmement, au mois de novembre, on
propose un «dashboard» aux différents ministres avec... ce que nous dit Éric
Caire, avec que des lumières vertes. Mais pourquoi d'abord, s'ils ne sont pas
responsables, on leur propose un «dashboard»? Pourquoi on leur propose un
tableau de bord pour leur dire : Tout est vert, on va aller de l'avant?
C'est quoi, leur rôle? Et la question suivante, c'est : Mais quand on vous
propose quelque chose où tout est vert, est-ce qu'on pose des questions? Est-ce
qu'on pose des questions?
M. Lacroix (Louis) : Moi, ce
qu'on m'a expliqué, là, parce que j'ai beaucoup parlé de ça la semaine
dernière, là, c'est qu'à partir de la tête, à la Société de l'assurance
automobile du Québec, on mettait de la pression sur les différents directeurs
de services en dessous, puis la pression descendait jusqu'aux gens qui sont
dans la mise en oeuvre du projet, et eux leur disaient, en haut, que c'était impossible.
Il y a même quelqu'un qui m'a dit : Avant 2025, c'est impensable. C'était
impensable de livrer ça.
Alors, dans une galère, c'est toujours
ceux qui sont en bas qui rament, ce n'est jamais ceux qui sont en haut. Alors,
est-ce qu'on ne devrait pas, justement, sanctionner les gens qui ont mis la
pression sur ceux qui devaient mettre cette réforme en place?
M. Bouazzi : Bien, il va
falloir une enquête, déjà, pour comprendre bien des choses, comment ça s'est
passé. Mais, je rappelle, il y a deux manières, là, d'avoir du leadership. Il y
en a une où on se dit : On a le plus gros projet informatique de
l'histoire du Québec, j'y vais, là, je fais du corps à corps. Je le sais, que
ce n'est pas une bonne idée de faire du big bang, là, je leur dis que ce n'est
pas une bonne idée, que ça va exploser dans quatre ans. Ensuite, on propose des
«dashboards». Je dis : Mais c'est quoi, votre plan de mitigation? C'est
quoi, votre plan de migration? On pose des... Au minimum, là, on s'assure que
les choses soient faites tout en haut, là. Ça, c'est comme le...
M. Lacroix (Louis) : ...la responsabilité,
elle est ministérielle...
M. Bouazzi : Bien sûr.
M. Lacroix (Louis) : ...et
non pas administrative?
M. Bouazzi : Bien, il y a les
deux. Il y a les deux, évidemment, il y a les deux. Et puis... Non. Et puis on
oublie le privé. Concrètement, là, c'est qui qui... Je veux dire, aujourd'hui,
il y a des quantités d'argent, mais astronomiques, qui ont été, en fait,
migrées vers le privé, les grosses boîtes de consultation. IBM en a une partie.
Je suis sûr qu'il y en a d'autres, hein, on ne connaît pas les contrats. C'est
quoi, leur responsabilité?
Tu sais, dans l'industrie, on dit :
«Nobody got fired for hiring IBM», personne ne se fait mettre à la porte pour
avoir pris IBM, parce que c'est une manière de se déresponsabiliser. Ce n'est
pas... J'ai pris le meilleur, ce n'est pas de ma faute, ça ne marche pas. À
chaque fois, ça ne marche pas. Il y a bien quelque chose à régler. Ça n'a pas
marché au fédéral, ça n'a pas marché maintenant...
M. Robillard (Alexandre) : ...concrètement,
là, avec la campagne publicitaire de 7 millions de dollars, là, qui
était responsable? Qui est responsable, selon vous, du moment qui a été choisi
puis...
M. Bouazzi : Bien, en tout
cas, il faut bien qu'il y ait des gens qui soient responsables de faire une
communication avant et pendant pour la gestion du changement. Il y a
quelqu'un...
M. Robillard (Alexandre) : ...qui,
selon vous?
M. Bouazzi : Bien, clairement,
il y a Mme la ministre qui pensait qu'elle était responsable de faire la
communication après, parce que c'est ça qu'elle fait depuis déjà une semaine,
beaucoup, beaucoup, beaucoup de communication. Ce n'est pas la manière de
faire. Il fallait... Si c'est elle qui est responsable de la faire après, elle
aurait dû la faire avant, pendant. Et puis il aurait dû y avoir un plan de
gestion de... Honnêtement, c'est la base, là.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que M. Caire peut rester en poste, sachant qu'il y a un énorme chantier qui
s'en vient à la Santé pour implanter le dossier santé numérique?
M. Bouazzi : Ce qui est sûr,
c'est qu'actuellement il y a un bris de confiance évident. Je veux dire, le
projet qui s'annonce... entre autres, d'ailleurs, il va y en avoir plusieurs,
mais celui-là, entre autres, est un projet absolument pharaonique. Et puis,
s'il nous dit qu'il n'est pas responsable sur celui-là, on voit mal comment on
peut avoir la confiance des gens sur la suite, là. Ça fait qu'il faudrait une
enquête pour comprendre. Et peut-être qu'effectivement il n'a absolument rien à
se reprocher et que, je ne sais pas basé sur quelle logique, le ministre
responsable de la Transition numérique n'est pas responsable de la transition
numérique. Ça peut être une conclusion possible, mais il est évident qu'il va
falloir rentrer dans le fond des choses pour éviter les prochains problèmes.
Vous savez, moi, que ce soit Éric Caire ou
quelqu'un d'autre, l'objectif, c'est qu'on réussisse la suite. La numérisation,
là, c'est comme quelque chose qu'il va falloir réussir. On est vraiment en
retard au Québec. Il est évident qu'il y a beaucoup d'optimisation à faire dans
nos systèmes, dans le système de santé aussi. Il va falloir la réussir. C'est
ça, notre objectif. Notre objectif, ce n'est pas le ministre, là.
M. Robillard (Alexandre) : ...Francophonie,
est-ce que Mme St-Hilaire est discréditée comme candidate, là, compte tenu
que c'est une ancienne candidate de la Coalition avenir Québec?
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
moi, ce que je constate ce matin, c'est qu'à la CAQ on ne perd jamais vraiment
ses élections, hein? Même quand on les perd, on gagne. Mme St-Hilaire n'a pas
réussi à déloger Christine Labrie dans Sherbrooke, ce n'est pas grave, on lui trouve
quand même un bon emploi même pas un an plus tard. Ça rappelle les belles
années libérales. C'est des nominations qui sont clairement partisanes. C'est
exactement le genre de choses que les Québécois pensaient s'être débarrassés en
mettant les libéraux dans l'opposition, et, de toute évidence, ça continue sous
la CAQ.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
dans ce cas-là, ils ne font que proposer sa candidature. C'est Mme Mushikiwabo
qui va faire le choix. Donc, ça, est-ce que ça change quelque chose dans le...
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
n'est pas une nomination directe, mais, je veux dire, c'est une forme,
néanmoins, de nomination partisane. C'est la preuve que la CAQ, c'est un parti
de transaction. Et là il y a une transaction qui s'est faite entre la CAQ et Mme
St-Hilaire.
M. Robillard (Alexandre) : ...ça
discrédite Mme St-Hilaire?
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
ça la discrédite...
M. Robillard (Alexandre) : Bien,
la façon dont sa... les motivations ou la façon dont la CAQ procède pour en
arriver à...
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
veux dire, personne, personne, personne ne doute, au Québec, personne ne doute,
au Québec, que c'est une nomination qui est partisane. Ce n'est pas... Je ne
dis pas ça pour juger de la qualité de l'individu, mais c'est clairement un cas
de nomination partisane. Il y a eu des rumeurs qui l'envoyaient à Barcelone
comme déléguée générale ou je ne sais trop. Là, maintenant, c'est à l'organisation
de la Francophonie. Ce sont des nominations partisanes.
M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi
ce n'est pas Barcelone, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais
pas. Pourtant, c'est une belle ville. Je ne sais pas. Je ne sais pas pourquoi finalement...
Je ne sais pas pourquoi les plans de la CAQ ont changé. Je ne sais pas qui
négocie avec qui. Mais, de toute évidence, cette habitude-là des vieux partis
de nommer leurs amis dans des postes importants, prestigieux, cette habitude-là
existe encore. Les Québécois pensaient s'en être débarrassés en renvoyant les
libéraux du pouvoir. Ils doivent être déçus aujourd'hui.
M. Robillard (Alexandre) : 20 000 $
pour le balado de M. Legault, est-ce que c'est une saine utilisation des fonds
publics?
M. Nadeau-Dubois : Bien
honnête avec vous, là, moi, que des hommes politiques, que des femmes
politiques prennent des nouveaux moyens pour communiquer avec les électeurs,
moi, je n'ai pas de problème avec ça. C'est les médias sociaux, c'est des
balados, moi, je n'ai pas de problème avec ça. 20 000 $, là, sur le budget
du gouvernement du Québec, moi, je ne vois pas de problème là-dedans. Je ne
vous dis pas que je vais m'abonner au balado puis je vais écouter tous les
épisodes, mais moi, je ne critiquerai pas le premier ministre de prendre des
nouveaux moyens pour entrer en contact avec les électeurs, les électrices. On
le fait nous, à Québec solidaire, en utilisant les médias sociaux. Donc, non,
moi, je ne vois pas de gros problème avec ça.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur la
fonderie, M. Nadeau-Dubois, c'est quoi, le problème avec la zone tampon? Parce
que la Santé publique l'a quand même déjà recommandée.
M. Nadeau-Dubois : Il n'y a
jamais eu de consultation de la population de Rouyn-Noranda sur la question de
la zone tampon, jamais, jamais. Donc, on parle de demander à 200 familles de
faire des boîtes, on les déracine de leur quartier. Moi, je suis allé dans ce
quartier-là à plusieurs reprises dans les dernières années, les gens ne nous
disaient pas : On veut s'en aller, ils nous disaient : On veut respirer
de l'air pur, on veut arrêter d'avoir peur pour la santé de nos enfants. Les
femmes enceintes que je rencontrais me disaient : J'ai peur pour moi, j'ai
peur pour le petit bébé que je porte. C'est ça, l'important. La zone tampon n'a
jamais fait partie de la consultation.
Là, la CAQ débarque avec ses gros sabots
et décide que, pour accommoder une entreprise milliardaire, on va déraciner 200
familles. Imaginez si c'était nous, si c'était vous, si... Imaginez qu'est-ce
que ça veut dire se faire déménager comme ça parce que ton gouvernement n'a pas
le courage de dire à une entreprise milliardaire qui nage dans les profits
qu'au Québec il y a des normes environnementales puis que les grosses
entreprises les respectent.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
il devrait y avoir une consultation sur ce fait-là? Parce que, je veux dire, la
ville en a parlé, la Santé publique, c'est connu.
M. Nadeau-Dubois : Ça n'a
jamais fait... Il n'y a jamais eu de réelle consultation sur cette question-là
spécifiquement. Ce serait la moindre des choses. Ce serait la moindre des
choses aussi, si ça finissait par se faire, que ce soit complètement aux frais
de l'entreprise. Aïe! C'est insultant. C'est les payeurs de taxes qui vont
payer pour déplacer des Québécois, Québécoises parce qu'il y a une
multinationale qui n'est pas capable de respecter les lois, respecter les lois
environnementales du Québec. On va payer ça avec notre argent. Je veux dire,
c'est inadmissible.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que la réserve de courage de M. Legault est épuisée, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : La réserve...
C'est en lien avec Horne ou c'est une question générale?
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
non, c'est ça, c'est en lien avec...
M. Nadeau-Dubois : La réserve
de courage...
M. Robillard (Alexandre) : Vous
avez parlé de courage.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
la réserve...
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Ah! face à
Glencore. Ah! O.K. Bien, dans ce dossier-là, depuis le début, la CAQ, il n'y en
a jamais eu, du courage, là. Ils se sont mis à genoux devant l'entreprise,
comme les libéraux, comme les péquistes avant eux. Ça fait des décennies que
les gens de Rouyn-Noranda demandent... Ils ne demandent pas du meilleur air que
les autres, là, ils demandent de respirer de l'air qui ne les rend pas plus
malades que les autres. C'est tellement la base. Puis le rôle de l'État
québécois, là, ce n'est pas de faire sur mesure des règles pour faire plaisir à
des multinationales, c'est de protéger la santé et la vie des gens. Ce n'est
pas les entreprises qui font les lois au Québec, ça devrait être le
gouvernement, puis les entreprises devraient les respecter.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...le
projet de loi sur la police qui va être déposé ce matin, le projet de loi sur
la police du ministre de la Sécurité publique, bon, on va voir le texte, mais
qu'est-ce que vous pensez d'encadrer les interpellations aléatoires et de ne
pas les interdire?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
n'a pas lu le projet de loi encore. Donc, pour ce qui est de commenter le
contenu du projet de loi, je ne suis pas en mesure de le faire.
Sur le sujet des interpellations
policières... Je veux dire, tout le monde sait que les interpellations
aléatoires, c'est un des outils qui, malheureusement, dans certains cas, est
utilisé pour faire du profilage. Tout le monde le sait, ça a été documenté,
redocumenté, redocumenté, pas juste au Québec, à peu près partout. Le
gouvernement du Québec n'a pas d'affaire à porter en appel un jugement qui
arrive à cette conclusion-là. Le gouvernement du Québec devrait accepter le
jugement des tribunaux actuels et devrait mettre fin à cette pratique-là qui
n'a pas lieu d'être. On ne devrait pas pouvoir interpeler de manière aléatoire
des gens. Ce n'est pas un outil dont les policiers ont besoin dans le cadre de
leur travail, pour faire leur travail. C'est un outil qui, malheureusement,
donne lieu à des situations de profilage racial, tout le monde le sait.
M. Bellerose (Patrick) : J'aimerais
vous entendre sur la motion qui a été refusée hier par le gouvernement de la
CAQ pour défendre la liberté de la presse. Quel message ça envoie?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça
envoie le message que François Legault, il est prêt à tout pour protéger son
ministre préféré. Il est prêt à tout pour protéger... pardonnez mon français,
mais son bon chum de gars, Pierre Fitzgibbon. On peut être blâmé par la Commissaire à l'éthique, on peut envoyer promener les
journalistes, il n'y en a pas, de conséquences, quand on est un ami personnel
de François Legault. La cause est entendue là-dessus, là, M. Fitzgibbon
trône au côté du premier ministre, et on lui donne carte blanche pour faire
tout ce qu'il veut. C'est inquiétant pour notre démocratie.
M. Authier (Philip) :
What do you think about Mr. Legault's
answer yesterday about the automobile… auto insurance board, that they're going
to evaluate what happened? There didn't seem to be anyone responsible for
anything here.
M. Bouazzi :
It's impressive, actually. The Minister
that is responsible of the digital transition, the numerical transition is not
responsible, basically. It's what we got told yesterday.
It's obvious that we're
talking about the biggest project… the second biggest project of the Québec
history. It's something. It's $200,000 per day for seven years in average, it's
a huge amount of money, and you really need to actually look elsewhere for a
long, long, long time so that we get to the fiasco that we're actually living
right now.
What we say is that the Minister
Caire has been asking for a public commission forever when he was in the
opposition. Now, it's obviously time to actually have it because he doesn't
seem to be responsible, and even to understand why he should have been doing
better.
M. Authier (Philip) :
They… In French, you're saying that
they didn't have a plan B or a plan C, they just sort of shut it down and try
to reboot it in three weeks, and people end up in lines. There didn't seem to
be any planning.
M. Bouazzi :
It's something. So, first, the idea of
having a big bang approach, the idea of closing 400 systems one day and opening
one unique system the day after, these are mistakes we don't make for more than
a decade, honestly.
Second, when you start
these things, you have a plan B for tons of things that has already prepared. You
don't actually decide your plan B after everything goes wrong.
Third, you actually deal
with change management. We learned today that there is $7 million that have
been… a contract for $7 million for the communication that has been done one
year ago. No communication happened before or during, no change management was
actually planned. The only thing that was planned is to say : Everything is
good, everything went well, after the fact.
All these are things that
are really hard to understand. I've been in the industry for 15 years. Again,
these are mistakes who actually used to do on the last decade. I mean, it's
something. And the fact that they don't seem to understand their responsibility…
Again, it's $200,000 per day during seven years. At which time you decide that
it's not the right moment to take action, to take your responsibility as a
minister of the Transition, of the Digital Transition of the Government?
And it's only the first project
of a big, big, long list of projects, obviously. So, it's time for the Government
to understand and for us to understand the situation so that we can succeed in
the next projects, because this is our goal, right, our goal. We need to
succeed. And it's not normal, the situation of all the transition, numerical
transition is… In Québec, we're far behind, we have tons of things to do, but
we have to do them well and succeed in these projects.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
On the
Horne Foundry, why do you take such issue with the idea of moving the families?
M. Nadeau-Dubois :
Well, there was no public consultation
whatsoever on that specific topic. Since the beginning of that story, the CAQ Government
has folded in front of this multinational corporation. They're billionaires. We
should impose them to respect the environmental rules in Québec. The people of
Rouyn-Noranda deserve to breathe clean air just like all the other citizens in
Québec. What the CAQ is announcing is that they will move 200 families before
only asking the business to respect the Québec rules. It's unbelievable. It speaks highly of the real priorities
of that Government. It's not to
defend ordinary people.
Mme Mignacca (Franca
G.) : And, on the upcoming policing bill, I
know we don't know its content yet, but what do you make of the idea of
regulating random stops rather than banning them altogether?
M. Nadeau-Dubois : Well, first of all, we haven't seen the bill, so I'm not able to
comment on the content of the bill, but, on the issue of random stops for
police… Random stops should not be happening. There's a court that actually decided that it was not a good tool
for police to have. That court decision should be respected by the Government, they should not appeal it. It's
been documented over and over again that random stops are actually a tool that creates situations of
racial profiling. This should not be happening in Québec. We're not the only one debating this. Random stops are being
contested all over because they're a tool that creates situations of racial
profiling.
So, no, everyone should
feel respected in their dignity when dealing with the police in Québec. It's a basic function of the State.
The police should treat all human beings with the same dignity, the same
rights. Random stops are an obstacle to this, they should not be happening.
Mme MacKenzie
(Angela) : In your view, what should be in the
bill? What would you like to see?
M. Nadeau-Dubois : Well, first of all, we haven't seen the bill. So, I will not
comment on what should be in it because I don't know what's in it. But, first
of all, the mistake that was already done is to appeal the decision of the
court that said that random stops were not OK. François
Legault should not appeal that decision because it's a
matter of respecting the rights and dignity of everyone in Québec.
Une voix : Merci beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 57)