(Onze heures trente minutes)
M. Leduc : Bonjour, tout
le monde. D'abord, je voudrais revenir sur, hier, ce qui s'est passé à Amqui.
Je veux d'abord offrir, bien sûr, mes sympathies aux victimes et à leurs
familles. J'ai une pensée pour les premiers répondants également, qui vont
probablement revivre cette journée-là longtemps. Ce qu'on comprend, c'est que l'enquête
est encore en cours. Le suspect va comparaître aujourd'hui. Mais il y a une
chose qu'on sait, c'est qu'on vit une crise importante de santé mentale au
Québec. C'est le temps qu'on en fasse une priorité nationale. Je pense qu'ensemble,
tous les partis, toutes les lignes partisanes doivent être mises de côté, on
doit se retrousser les manches pour faire quelque chose alentour de cet
enjeu-là. Il faut prendre soin de notre monde au Québec.
Évidemment, je veux revenir également sur
le résultat de la partielle, hier, dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Je suis, sans
grande surprise, très, très content d'avoir un 12e collègue, Guillaume
Cliche-Rivard, qui va venir nous rejoindre à Québec. Il va réellement amener
une belle expertise dans les différents dossiers qu'il aura à travailler au salon
bleu. Puis, en tant que leader parlementaire, moi, c'est sûr que, dans les
prochains jours, je vais faire tout en mon possible pour qu'on puisse l'accueillir
dans les plus brefs délais et que ça se passe bien de son côté, qu'il nous rejoigne
rapidement sur les banquettes pour qu'on puisse continuer à faire notre travail
d'opposition. Je suis prêt à prendre vos questions.
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
là-dessus, peut-être, d'abord, est-ce que vous avez essayé de renégocier le
temps de parole? Un député de plus, qu'est ce que ça peut signifier, là, pour
Québec solidaire, en termes de budget, en termes de temps? Évidemment, il y a
la reconnaissance officielle comme groupe d'opposition aussi.
M. Leduc : Tout le
dossier de la reconnaissance est réglé, hein? À travers la négo qui a eu lieu
en octobre, novembre, décembre, on a eu la reconnaissance pleine et entière à
ce moment-là, avec les officiers, avec les budgets. Puis une fois que tout ça,
c'est réglé, c'est scellé à travers une entente qui devient une loi. Alors, ce
n'est pas possible de le rouvrir. Vous vous rappelez, d'ailleurs, la dernière
législature. À mesure que le PQ perdait des élus, on n'a pas été rejouer dans
le budget qu'ils avaient, année après année. Donc, une fois que c'est réglé, c'est
fait. Tout ce qui peut changer par la suite, c'est les temps de parole. Donc,
dans les commissions parlementaires, à partir de, probablement, quelque part la
semaine prochaine, il va y avoir un ajustement sur les temps de parole. Quand
il y a un invité qui vient faire une présentation, c'est minuté à la seconde
près. Bien ça, il va y avoir un ajustement. Il va y avoir un ajustement sur le
nombre de questions qui vont être posées. Donc ça, c'est des choses qu'on va
devoir discuter dans les prochains jours, mes collègues et moi. Mais c'est un
ajustement, donc il n'y aura pas une grosse révolution à ce niveau-là.
M. Laforest (Alain) : Paul
St-Pierre Plamondon a dit que vous étiez devenus des libéraux en gagnant Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Leduc : Il a dit
quoi?
M. Laforest (Alain) : Que
vous étiez devenus des libéraux.
M. Leduc : Ah bon! Il n'est
pas supposé être gentil, lui, toujours gentil? Blague à part, moi, j'ai tout
entendu, là, je suis à Québec solidaire depuis la fondation, j'ai fait des
campagnes électorales depuis 2012. À l'époque, on nous disait qu'on était juste
capables de battre des PQ, que ça servait juste à ça, Québec solidaire, battre
des circonscriptions péquistes. Là, aujourd'hui, on se fait dire l'inverse.
Donc, moi, au-delà des caricatures, je pense que les gens savent ce que c'est,
Québec solidaire. C'est un parti indépendantiste.
M. Laforest (Alain) : ...sur
l'indépendance d'avoir distribué des pamphlets uniquement en anglais pour
remporter la...
M. Leduc : C'est une
vieille chanson qu'on a entendue en 2018, en 2014, en 2012. Moi, aujourd'hui,
je suis content qu'on ait un 12e élu qui va venir renforcer notre caucus
avec son expertise particulière, qui va apporter son regard particulier. Alors,
je suis bien content de l'accueillir parmi nous.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...la
question de l'indépendance n'était peut-être pas mise de l'avant dans Saint-Henri—Sainte-Anne.
Est-ce que c'était un thème gagnant pour vous dans cette circonscription-là?
M. Leduc : Bien, nous,
on a voulu faire une campagne positive, basée sur les enjeux, une campagne
terrain. C'est sûr que la question du logement a pris beaucoup de place, c'était
certainement une priorité qu'on a mise de l'avant pendant la campagne, et
visiblement les gens de Saint-Henri—Sainte-Anne ont répondu positivement.
M. Lacroix (Louis) : Sur ce
qui s'est passé à Amqui, est-ce que vous pensez qu'on peut faire un lien entre
les événements tragiques d'Amqui, de Laval et la pandémie, qui a eu un impact
qui est reconnu, je pense, là, sur le... comment le dire, la détresse
psychologique de personnes qui étaient peut-être un petit peu plus vulnérables?
Est-ce que vous pensez qu'on peut faire un lien comme ça?
M. Leduc : Vous posez
une excellente question. Moi, je me sentirais bien prétentieux d'avoir la
réponse à vous livrer aujourd'hui, mais je pense qu'il faut se poser ce genre
de question là. Puis il y a toute une discussion sur la santé mentale. Il y a
des rapports, notamment du CIUSSS de l'Estrie, plus pour les jeunes, là, mais
qui parlent de la crise de santé mentale qui s'est accentuée avec la pandémie.
Il faut le traiter de front, cet enjeu-là. J'entends que c'est le cas des
différents partis, notamment du gouvernement. Je me réjouis de ça. Il faut en
faire plus par exemple. Les gens du Québec s'attendent à ce qu'on en fasse plus
sur la santé mentale et qu'on travaille ensemble, les quatre partis.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous seriez d'accord pour qu'on... Parce que, bon, ce matin, le Parti
québécois semblait dire : Bien, nous autres, on serait d'accord pour qu'il
y ait, par exemple, une commission parlementaire qui étudie ce phénomène-là ou...
Est-ce que vous pensez que c'est le meilleur véhicule? Est-ce qu'il pourrait y
avoir une enquête publique sur la santé mentale des Québécois? Qu'est-ce que...
M. Leduc : Bien, je vous
parlais à l'instant du rapport, par exemple, sur la santé mentale des jeunes
qui avait été déposé par le CIUSSS de l'Estrie. Il n'y a pas plus tard que deux
semaines, ma collègue Christine Labrie a demandé un mandat d'initiative pour
étudier ce rapport-là en particulier. Bon, ça a été refusé pour toute sorte de
raisons, mais est-ce qu'on peut avoir une vision plus large de santé mentale,
puis là à la fois traiter des questions des adultes, des régions, des jeunes,
etc.? Moi, je suis 100 % ouvert à ça, c'est certain.
M. Gagnon (Marc-André) : Qu'en
est-il de la haine sur les réseaux sociaux? Est-ce qu'il faut encadrer davantage
les Facebook, Twitter de ce monde, comme le premier ministre s'était commis à
le faire, là...
M. Leduc : Oui. C'est
toujours difficile, ce débat là, hein, ça arrive à la liberté d'expression. Mais
c'est vrai que ça fait des ravages, les réseaux sociaux, je l'ai vécu, mes
collègues femmes en particulier, au caucus, le vivent encore plus sévèrement
que les collègues hommes. Mais où tracer la ligne exactement? Il faut dénoncer
quand il y a des menaces, quand il y a des propos insultants. Surtout les
menaces, en particulier, il ne faut pas hésiter à dénoncer. Je pense qu'il y a
une belle évolution de la société là-dessus. Les policiers, les services
policiers prennent très au sérieux maintenant les dénonciations, les menaces de
ce genre-là sur les réseaux sociaux. Ça donne des résultats. Je vois, des fois,
des condamnations qui sont faites pour les gens qui ont proféré des menaces sur
les réseaux sociaux. Donc, oui, il faut prendre ça plus au sérieux.
M. Gagnon (Marc-André) : En
parlant de liberté, le Parti libéral va déposer tout à l'heure une motion sur
la liberté de presse. Il reproche entre autres à Pierre Fitzgibbon le
comportement qu'il a eu envers les journalistes dans les dernières semaines.
Est-ce que vous allez appuyer, donc, cette motion?
M. Leduc : Je n'ai pas eu le
temps de lire le libellé de la motion. J'ai entendu le bout de la conférence de
presse de tantôt. C'est certainement quelque chose qui est dans nos cordes
normalement. Donc, on va l'analyser en caucus un peu plus tard puis...
M. Gagnon (Marc-André) : Mais,
sinon, sur le comportement spécifique de M. Fitzgibbon, est-ce que vous
partagez les critiques du Parti libéral?
M. Leduc : C'est toujours
compliqué, hein, parce que c'est un exercice difficile de se présenter devant
des journalistes, mais je pense qu'à la base il faut avoir un profond respect,
un profond respect pour la charge journalistique. Moi, j'invite M. Fitzgibbon,
peut-être, à travailler cet aspect-là.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que vous faites un lien entre santé mentale, drame d'Amqui, haine en ligne?
Est-ce que tout ça...
M. Leduc : Qu'est-ce que vous
voulez dire, «aide en ligne»?
M. Bossé (Olivier) : Haine en
ligne, pardon.
M. Leduc : La haine sur les
réseaux sociaux? Mon Dieu! Bien, pour Amqui, on n'en sait pas beaucoup, là, à
l'instant où on se parle. Il y a-tu un lien à faire avec ça? Je n'en sais pas
plus que vous.
M. Laforest (Alain) : M. Bonnardel
a laissé entendre qu'on devrait peut-être se pencher sur le fait... peut-être
retirer le permis de conduire à certaines personnes qui ont des problèmes de
santé mentale. Vous en êtes où, vous, au niveau de la liberté, puis tout ça,
là?
M. Leduc : Il faut regarder
ça. La loi est déjà claire cependant, là. Quand quelqu'un... On peut faire un
signalement, là, à la SAAQ, quand on considère qu'une personne n'a plus les
capacités d'avoir son permis. Les gens le font parfois pour des proches, des
parents d'un certain âge. Mais visiblement, est-ce qu'on va migrer, comme
société, vers ce genre de signalement là pour des gens d'âge moyen, mettons,
mais qui vont visiblement... ne vont pas bien? C'est certainement quelque chose
qu'il faut aborder, oui.
M. Desrosiers (Sébastien) : Aide
médicale à mourir, c'est le début aujourd'hui des consultations sur le projet
de loi. Comment vous abordez ça? Est-ce que vous êtes favorable, par exemple, à
un élargissement encore plus grand de l'accès à l'aide médicale à mourir, comme
le propose le Collège des médecins?
M. Leduc : C'est un débat de
société. Ça aussi, c'est un débat intéressant parce qu'il va au-delà des lignes
partisanes. Je pense qu'on le gère bien, ce débat-là, depuis les dernières
années. Je pense aussi que, tranquillement, on va aller vers une plus grande
ouverture de l'aide médicale à mourir, mais il faut vraiment y aller à petits
pas, il faut vraiment y aller doucement. Il faut vraiment y aller ensemble,
comme société, et écouter où la société est rendue puis bouger avec elle, dans
le fond.
Journaliste : Est-ce que,
selon vous, le rapport sur la qualité de l'air dans la ville de Québec, ça ne
vient pas donner le coup de grâce, là, au projet de troisième lien de François
Legault?
M. Leduc : Ah! j'aimerais.
J'aimerais que ça soit le coup de grâce, en effet, mais ça vient certainement
plomber, ça, c'est sûr. Ça, c'est sûr. Mon collègue Sol Zanetti a fait une
intervention hier. Je pense que c'est le genre de sujet qui va être débattu au salon
bleu cet après-midi. Mais, oui, évidemment, plus qu'il y a de voitures, plus
qu'il y a de capacité autoroutière... l'inverse, plus qu'il y a de capacité
autoroutière, plus qu'il y a de voitures, plus qu'il y a de pollution
atmosphérique. C'est quelque chose sur lequel on veut travailler depuis
longtemps à Québec solidaire. Et le troisième lien en particulier, en plus des
sommes colossales qu'il va nécessiter, est vraiment l'exemple suprême de cette
mauvaise stratégie-là, de cette mauvaise décision-là que le gouvernement de la
CAQ a prise et qu'il maintient depuis des années.
M. Laforest (Alain) : Ça fait
que vous n'aviez pas la bonne cible, là. La poudre rouge, ce n'était pas le
problème, là.
M. Leduc : Ce que je
comprends du rapport, puis moi, je ne l'ai pas lu, Sol pourrait vous répondre
plus en détail que moi, mais il y a plusieurs problèmes de pollution
atmosphérique, il n'y en a pas un seul.
M. Laforest (Alain) : Oui,
mais le principal problème, c'est le CO2...
M. Leduc : Là, pour le
contenu exact du rapport, je vais vous référer...
M. Laforest (Alain) : ...qui
vient surtout de Saint-Roch.
M. Leduc : Honnêtement, je ne
l'ai pas lu. Je vais vous référer à Sol... à M. Zanetti pour cet aspect-là
plus pointu.
Mme Henriquez
(Gloria) :
I
just wanted to ask you, about Amqui, what are your thoughts on the tragedy and
also on... if you think we need to do more in terms of providing mental health
services after the pandemic.
M. Leduc :
Of course, our thoughts are for the
families of the wounded, of the dead… of the deceased. Our thoughts are also
for the first respondents… — how do you say that? — first responders who might live with those memories for a long time.
So, the mental health crisis in Québec is a huge topic. I think we need to be
more serious about it, to invest more energies, and to do it as a society, go
beyond the political fight, partisan fight that we might have sometimes, here,
at the National Assembly. I think the mood is OK for now and parties are working in that direction, because we need
to send a strong message to the population that we are united as a political
class in order to find solutions and apply them as soon as possible.
Mme Henriquez
(Gloria) : And on your big win in Sainte-Anne—Saint-Henri?
M. Leduc :
Very glad to have another colleague, a
12th — how you say
that, «douzième»? — 12th
colleague coming in. He's a very nice guy. He loves this neighborhood. He's the
only one who was living there. And I think his love for his neighborhood is
going to be the thing that drives him to come here and fight for the topics he
knows, on immigration for example, he's a lawyer on that topic, and he will be
certainly a good addition to our team.
Mme Henriquez
(Gloria) :
In
terms of being able to, let's say, dethrone the Liberals in such a strong, you
know, riding for them, what does this mean for Québec solidaire and its
advances in Montréal? And also, could you confirm how many volunteers you had
on the ground?
M. Leduc :
Oh! I don't know the exact number. I
think I saw couple of hundreds… 700. I don't know. I'm sorry. I can… We can
give you the exact number later on. What it means for the next steps? Of
course, we were close, in the general election, with Guillaume Cliche-Rivard.
So, it was kind of a… how do you say «un match revanche», a revenge match or
something like that…
Une voix : A rematch.
M. Leduc : A rematch, that's the good term. It was kind of a rematch. And I
think we made a good campaign on the ground. We focussed on priorities and
crises, as the housing crisis was very big, and people responded good with
those priorities.
Mme Henriquez
(Gloria) : Thank you.
M. Leduc : Thank you. Bien, bonne journée, tout le monde. Au revoir.
(Fin à 11 h 43)