(Huit heures trente-trois minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Je veux revenir sur mon échange d'hier avec François Legault en période des
questions. Hier, François Legault m'a confirmé qu'il a induit les Québécois en
erreur sur sa promesse de construire 15 000 nouveaux logements sociaux au
Québec. Son chiffre de 15 000 logements, qu'il nous répète depuis des
mois, c'est du vent, en fait. La grande, la majeure partie de ces logements-là,
c'est des logements imaginaires. Et on n'est pas dans Les Sims, donc les gens
ne peuvent pas vivre dans des logements imaginaires, ils vivent dans des
logements construits avec des vrais murs, un vrai toit. Et la CAQ n'a pas livré
les logements qu'elle avait promis.
En fait, c'est bien pire que ça. Il y a
une étude, publiée hier, qui l'a confirmé. Depuis cinq ans, c'est 90 000 logements
abordables qui ont disparu, seulement à Montréal, 100 000 au total au Québec.
Autrement dit, François Legault, c'est le champion canadien, le champion
canadien de la perte de logements abordables. Il a fait pire que l'Ontario,
pire que la Colombie-Britannique, des endroits où la crise du logement,
pourtant, là, frappe durement. Puis, derrière chacun de ces 90 000 logements
abordables à Montréal, qui ont été perdus, derrière chacun de ces logements, là,
bien, il y a du vrai monde, du monde qui vivaient dignement et qui ne vivent
plus dignement parce que leurs loyers ont explosé et qu'ils doivent dorénavant
consacrer 50 %, 60 % de leur revenu pour se mettre un toit sur la
tête.
Donc, François Legault doit arrêter de
vanter ces logements imaginaires, puis il doit aussi arrêter de travailler avec
le Parti libéral du Québec pour bloquer nos solutions à la crise du logement.
La semaine dernière, les libéraux, la CAQ se sont alliés pour battre notre
proposition d'enfin mettre fin à la clause F, hein, la clause du bail qui
légalise des hausses abusives de loyer. C'est notamment à cause de cette
clause-là qu'on a des chiffres comme ça aujourd'hui. 100 000 logements
abordables perdus, au Québec, en cinq ans, c'est une hémorragie, et François
Legault est le principal responsable de cette hémorragie-là.
En terminant, je veux, encore une fois,
dire quelques mots sur la commission parlementaire qui aura lieu aujourd'hui.
Je rappelle qu'à la demande de mon collègue Vincent Marissal les dirigeants du
hockey québécois seront entendus en commission aujourd'hui. On a des questions,
on a beaucoup de questions, parce que moi, je ne crois pas que des initiations
violentes, humiliantes, voire sadiques, comme celles dont on a appris l'existence
récemment, ont pu avoir lieu, au Québec pendant des années, sans que personne,
nulle part, dans les hautes sphères du hockey québécois, ne soit au courant. Il
y a une culture du silence qui existe, il y a une omerta qui existe, et aujourd'hui,
à la demande de Québec solidaire, on va la casser. Merci.
M. Grandmont : Bonjour, tout
le monde. Donc, moi, je vais vous parler de financement de transport collectif.
Vous avez vu hier que la Société de transport de Montréal est forcée de faire
des compressions de 18 millions de dollars. Il y a quelques semaines,
ils ont été forcés d'abandonner, de couper les services, d'abandonner le
service 10 minutes max, ce qui laisse un trou encore de 60 millions
pour boucler le budget 2023.
Puis la ministre des Transports et de la
Mobilité durable, Geneviève Guilbault, elle fait quoi, pendant ce temps-là?
Bien, elle fait quoi, en fait, pour aider les gens de Montréal qui utilisent
les transports en commun ou qui voudraient le prendre davantage, en cette
période de crise climatique, par exemple, dans les secteurs comme le sud-ouest?
Il y a des statistiques complètement incroyables de gens qui prennent... jusqu'à
40 % de gens qui se déplacent le matin en heures de pointe, le matin, en
transport en commun. Donc, qu'est-ce qu'elle fait, Geneviève Guilbeault?
Moi, je lui ai posé une question là-dessus
en Chambre, en décembre dernier, et elle s'en est lavé les mains, elle a remis
cette responsabilité à des choix budgétaires de la municipalité. C'est renier
la promesse de son prédécesseur, François Bonnardel, qui, lui, disait qu'il n'abandonnerait
aucune société de transport à cause de la pandémie, qu'il n'y aurait jamais
aucune coupure de services à cause de la pandémie. Donc, d'une part, j'ai un
problème avec le fait qu'elle ne réponde pas à l'urgence. On a encore 60 millions
manquants dans le budget de 2023 et on ne sait pas comment ce 60 millions de
dollars là va être épongé. Est-ce qu'on aura... La Société de transport de
Montréal n'a pas beaucoup de possibilités, soit elle coupe encore des services,
soit elle augmente les tarifs, mais, dans les deux cas, ce n'est rien pour
aider ou pour motiver des gens à prendre le transport en commun.
Donc, pour ce qui est de l'aide d'urgence,
déjà, on a un problème, mais, pour ce qui est du financement structurel de
transport en commun, qui a été noté par l'association des transporteurs urbains
du Québec... Je n'ai rien contre le fait de bien faire les choses, d'avoir une
bonne discussion franche avec les partenaires pour régler le problème à long
terme, mais la ministre Guilbault a annoncé, il n'y a pas longtemps, une
consultation, une consultation des partenaires pour savoir comment on allait
régler le problème de financement des sociétés de transport en commun. Elle
aurait pu sauver beaucoup de temps et beaucoup d'argent en demandant à son
prédécesseur, François Bonnardel, de lui envoyer ce rapport.
Le rapport sur le chantier sur le
financement de la mobilité, ça découle de la Politique québécoise de mobilité
durable. Il y a eu un chantier, Claude Reid qui s'est déplacé, un peu partout
au Québec, pour rencontrer les partenaires, trouver des pistes de solutions
pour financer le transport en commun au Québec. C'est ridicule, on a le rapport
ici, elle a juste à le prendre puis à mettre en application les différentes
recommandations qui sont à l'intérieur.
Investir en transport en commun, c'est la
clé pour régler les transports collectifs au Québec. Il y a un budget qui va
être déposé, dans quelques semaines, par le gouvernement du Québec, par le
ministre des Finances, on espère qu'il y aura à la fois des solutions pour
régler très rapidement l'urgence du déficit anticipé de 2023 de la STM, mais
aussi des solutions à très court terme aussi pour régler le problème structurel
de financement. Merci.
Mme Plante (Caroline) : Pourquoi
vous avez voté... c'est-à-dire, refusé le dépôt de la motion du PQ, hier, qui
affirmait que la capacité d'accueil du Québec est largement atteinte?
M. Nadeau-Dubois : Largement
dépassée.
Mme Plante (Caroline) : Je
pense que, dans la motion, c'était écrit «atteinte».
M. Nadeau-Dubois : «Largement
dépassée», dans la version finale qui a été présentée en Chambre. Je ne veux
pas vous corriger, mais mon souvenir, c'est «largement dépassée». Bien, si on
affirme que la capacité d'accueil du Québec est largement dépassée, la seule
conclusion logique, c'est qu'on ne peut plus accueillir personne, ce qui
voudrait dire tourner le dos à nos obligations internationales d'accueil des
personnes réfugiées.
Et j'ai été très clair, à cet égard-là
hier, le statu quo, en ce qui a trait au chemin Roxham, n'est pas possible. Il
faut suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs, il faut la renégocier, mais
le Québec aura encore une responsabilité d'accueillir certaines personnes. Ça
doit se faire de manière équitable avec les autres provinces canadiennes, de
manière à respecter le poids du Québec à l'intérieur du Canada.
Mais d'affirmer, comme ça, de manière
définitive, que la capacité d'accueil est largement dépassée, c'est donc
induire qu'on ne peut plus accueillir personne, et ce n'est pas ça, la position
de Québec solidaire. On a une responsabilité humanitaire d'accueillir les
personnes qui fuient la violence, la persécution, l'oppression. Il faut le
faire dans un processus bien organisé. En ce moment, c'est mal organisé, c'est
ça, le problème qu'il faut régler en suspendant l'entente sur les tiers pays
sûrs.
Mme Plante (Caroline) : Vous
ne vouliez pas que ce soit le message lancé par l'Assemblée nationale, même si
M. Legault le dit, le répète, vous ne vouliez pas que l'Assemblée nationale le
dise?
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
motion était largement incomplète. D'ailleurs, on avait proposé des amendements
pour bonifier la motion, la rendre plus complète. Il y a une situation
particulière, d'ailleurs, à Montréal. C'est assez clair qu'à Montréal, là, il y
a une situation très, très, très aiguë où les organismes sont débordés. Personne
ne le nie, les organismes nous le disent, puis on est en contact étroit avec
ces gens-là sur le terrain, mais de là à dire qu'au Québec, globalement, la
capacité d'accueil est largement dépassée, ça, ce serait donc sous-entendre
qu'on ne peut plus accueillir personne.
Puis, je suis désolé, mais c'est une
position qui est complètement naïve, parce que la vérité, c'est qu'il y a des
réfugiés qui vont continuer à cogner à nos portes. Il faut les accueillir de
manière bien organisée en suspendant l'entente sur les tiers pays sûrs.
M. Laberge (Thomas) : On en
est où, la capacité d'accueil au Québec, selon vous? On l'a atteinte, on est en
deçà, 70 %, 90 %?
M. Nadeau-Dubois : J'ai envie
de vous répondre par une question : De quelle capacité d'accueil
parlez-vous? Est-ce qu'on parle de la capacité d'accueil en termes
d'immigration permanente? Est-ce qu'on parle de l'immigration temporaire qui a
explosé, dans les dernières années, hein? Des centaines de milliers de
personnes vivent maintenant au Québec sur des statuts migratoires temporaires?
François Legault nous parle assez rarement de ces gens-là, par ailleurs, quand
il parle d'immigration. C'est des gens qui ont un statut précaire, souvent qui
est suspendu à un emploi. Ça donne des situations d'abus comme celles qu'on a
vues, récemment, chez BRP. Donc, il y a ça et il y a la question de
l'immigration humanitaire des réfugiés, qui est une tout autre question.
Donc, la notion de capacité d'accueil, là,
la vérité, là, c'est que c'est surtout une notion politique, chaque parti a sa
définition. Et c'est pour ça qu'en campagne électorale à Québec solidaire,
qu'est-ce qu'on proposait? On proposait un comité d'experts pour définir, une
bonne fois pour toutes, sur des bases objectives, la capacité d'accueil du
Québec pour l'immigration permanente. Il y a des démographes qui nous disent
que c'est autour de 50 000,
60 000. Il y a des
économistes qui nous parlent de plus autour de 80 000.
Nous, on avait une position, je pense, posée, nuancée sur cette question-là, en
campagne électorale, où on disait : C'est à un comité d'experts de
recommander une cible adossée à une capacité d'accueil qui serait définie
sérieusement. Parce que la vérité, c'est qu'en ce moment cette notion-là de
capacité d'accueil, c'est surtout une notion politique, chaque partie en fait
son interprétation.
M. Lachance (Nicolas) : Les
problèmes sont réels sur le terrain.
M. Nadeau-Dubois : Je viens
de le reconnaître, d'ailleurs.
M. Lachance (Nicolas) : Là, récemment,
on a nommé des articles concernant la francisation qui était impossible, même à
Québec, pour des jeunes dans les écoles, ici, des jeunes Ukrainiens que ça
faisait cinq semaines qui n'avaient pas eu de cours. Donc, les ressources,
est-ce qu'ils sont là, selon vous, ou on les invente? Qu'est-ce que...
M. Nadeau-Dubois : Je viens
de dire que c'est pour ça qu'il faut préciser de quelle capacité d'accueil on
parle. Si vous me parlez des demandeurs d'asile, en ce moment, à Montréal, les
organismes nous le disent, là, il y a une situation de crise, les ressources ne
sont pas suffisantes. Le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada
doivent ajouter des ressources pour qu'on soit capables d'accueillir ces
gens-là en dignité et convenablement. Il faut que ce soit bien organisé.
M. Lachance (Nicolas) : Elles
sont où, ces ressources-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il
faut ajouter des ressources en hébergement, il faut mieux financer les groupes
communautaires qui accueillent ces gens-là sur le territoire. Et je le disais
hier, je le redis ce matin : Il faut s'assurer d'une répartition équitable
des demandeurs d'asile à travers le Canada. Ce principe-là, on y adhère tous et
toutes tant qu'on ne force pas les gens.
M. Robillard (Alexandre) : Pour
l'accueil des demandeurs d'asile, est-ce que la capacité est atteinte?
M. Nadeau-Dubois : Encore une
fois, la situation à Montréal, elle est critique, elle est critique, les
organismes nous le disent, là, qu'ils ne fournissent pas. Il faut ajouter des
ressources pour aider ces organismes-là. Il y a une situation très difficile à
Montréal, tout le monde le reconnaît, les organismes nous le disent, puis on
les entend, à Québec solidaire, c'est aussi notre position. La situation à
Montréal, pour les demandeurs d'asile, là, elle est très difficile. C'est pour
ça que le fédéral doit faire sa part, c'est pour ça qu'il faut une répartition
équitable à travers les différentes provinces, tout en ne forçant personne.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que la capacité est atteinte?
M. Nadeau-Dubois : À Montréal,
la situation, elle est très critique. À Montréal, il y a, en effet, des
organismes qui sont débordés. Les ressources en hébergement, en ce moment, ne
suffisent pas. Donc, la capacité d'accueil de ces organisations-là, des
ressources actuellement en place, elle est atteinte. Et, encore une fois, la
solution, ce n'est pas de fermer la porte ou de construire un mur à la
frontière, ça ne fonctionnera pas. Ce qu'il faut, c'est ajouter des ressources
pour mieux accueillir les gens, c'est de s'assurer d'une répartition équitable
à travers le Canada. Et la seule manière durable de faire ça, la seule, c'est
de renégocier ou de suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que c'est une bonne idée de faire en sorte que les maternelles quatre ans
soient ralenties, là, actuellement? Parce que le ministre Drainville conçoit
qu'il manque de monde, il manque de locaux.
M. Nadeau-Dubois : Bien, M.
Drainville a vu la lumière, c'est juste dommage qu'avant lui M. Roberge ne
l'ait pas vu et c'est surtout dommage qu'au départ de tout ça François Legault
ne l'ait pas vu.
Je veux quand même rappeler que François
Legault avait mis son siège en jeu sur les maternelles quatre ans. François
Legault, rappelez-vous, avait mis son siège en jeu sur les maternelles quatre
ans. François Legault avait mis son siège en jeu sur un projet mal ficelé, mal
organisé. Et aujourd'hui la décision de Bernard Drainville, c'est un désaveu total
de l'obsession de M. Legault envers les maternelles quatre ans. C'est la
démonstration que cette promesse lancée en l'air par François Legault, pour
laquelle il avait mis son siège en jeu, était mal ficelée.
Mme Plante (Caroline) : Mais
qu'est-ce que ça veut dire «mettre son siège en jeu»? Ça ne veut plus rien
dire, finalement. Un politicien peut dire ça n'importe quand, puis...
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
une très bonne question, parce que moi, je m'en rappelle d'avoir vu François
Legault répondre à la question : Pour quelle promesse mettrez-vous votre
siège en jeu? Il avait dit : Les maternelles quatre ans. Ça fait qu'il
avait mis son siège en jeu sur quelque chose d'irréaliste, sur une obsession
personnelle dont on se rend compte aujourd'hui qu'elle était inapplicable dans
un contexte de pénurie d'enseignants, d'enseignantes, pénurie qui était
prévisible.
Combien de fois avez-vous vu Christine
Labrie talonner Jean-François Roberge pour l'alerter de la pénurie à venir en
matière d'enseignants, enseignantes? Combien de fois avez-vous vu Québec
solidaire dire : Là, votre obsession pour les maternelles quatre ans mur à
mur, là, ce n'est pas réaliste, ça ne marchera pas. François Legault s'est
entêté, il a amené avec lui Jean-François Roberge. Et, une fois au fond du
trou, Bernard Drainville réalise que ça ne tient pas la route.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
qu'on doit avoir un salon de jeu au Centre Bell? On a vu ça ce matin. Est-ce
que ça vous préoccupe qu'on installe ça à côté du Centre Bell?
M. Nadeau-Dubois : La
question qu'il faut se poser, c'est : Est-ce que c'est de ça dont le
centre-ville de Montréal a besoin, des milliers de machines à sous? Je pense
que poser la question, c'est un peu y répondre. Et on a bien hâte d'entendre la
Santé publique sur ce dossier-là. Parce que, par le passé, la Santé publique
avait sonné l'alarme sur des projets de développement de casinos autour du
centre-ville de Montréal en soulignant la présence de populations vulnérables
dans ce coin-là puis en disant que ce n'était peut-être pas l'idée du siècle,
là, d'ajouter des minicasinos comme ça proche de populations vulnérables. Donc,
moi, j'ai hâte d'entendre la Santé publique là-dessus, mais je me pose
sérieusement la question : Est-ce que c'est de ça dont le centre-ville de
Montréal, en ce moment, a besoin?
Mme Lévesque (Fanny) : Les
libéraux ont déposé un mandat d'initiative, ce matin, pour qu'on entende,
justement, la Santé publique en commission.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Vous
me l'apprenez.
Mme Lévesque (Fanny) : Bon.
Est-ce que vous allez l'appuyer ou êtes-vous favorables à cette démarche-là?
M. Nadeau-Dubois : On va
étudier la demande de l'opposition officielle, mais plus de transparence sur
ces enjeux-là, ce n'est jamais de refus pour Québec solidaire.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
François Legault est parti à Terre-Neuve pour entamer les négociations.
Qu'est-ce que vous attendez de François Legault par rapport à ces négociations?
Est-ce que Québec doit donner une compensation pour l'entente passée avec
Terre-Neuve?
M. Nadeau-Dubois : Pouvez-vous
répéter votre question? Est-ce que...
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Est-ce que le Québec doit donner une compensation pour l'entente passée
avec Terre-Neuve? Parce que, là-bas, il y a énormément de grogne, à
Terre-Neuve, pour ce qu'ils, eux, considèrent une injustice. Alors, est-ce
qu'on devrait, pour négocier, penser à une certaine compensation pour
l'ancienne entente vers la nouvelle entente?
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas Québec solidaire qui négocie cette entente-là, donc je ne négocierai pas
sur la place publique à la place de la personne qui négocie pour le Québec, mais,
moi, ce à quoi je m'attends, c'est une bonne entente pour le Québec, c'est une
bonne entente, un bon deal pour le Québec, pour l'avenir énergétique. C'est un
approvisionnement énergétique important pour le Québec, et on espère que
François Legault va ramener une entente satisfaisante pour les Québécois,
Québécoises.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que c'est incontournable que ce renouvellement-là soit maintenu, que cette
capacité de production là soit maintenue pour l'avenir énergétique du Québec?
M. Nadeau-Dubois : C'est
important pour le Québec. Il faut aussi que ça se fasse, c'est important pour
moi de le préciser, avec le consentement des peuples autochtones qui habitent
le territoire, mais c'est une source énergétique importante pour le Québec.
Tout le monde le sait, tout le monde est d'accord.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que M. Legault joue gros, dans le sens où… Je veux dire, est-ce qu'il y
a une obligation de résultat?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
négociation qui est importante pour l'avenir énergétique du Québec, c'est
absolument certain, oui.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que ça pourrait compromettre des projets si on n'a pas l'apport d'énergie de
Churchill Falls?
M. Nadeau-Dubois : Des
projets?
M. Laforest (Alain) : Bien,
entre autres, pour des projets d'exportation.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Je
pensais qu'on parlait...
M. Laforest (Alain) : Tout le
développement… on le sait, là, c'est écrit dans le plan stratégique
d'Hydro-Québec, là, qu'il va manquer d'énergie, là.
M. Nadeau-Dubois : Pour
accomplir la transition énergétique, on a besoin de plus d'électricité au
Québec, et Churchill Falls, c'est un approvisionnement important. Donc, ce
serait un recul que de perdre cet apport énergétique là. C'est pour ça qu'on
s'attend à une entente qui soit satisfaisante pour les Québécois, les
Québécoises.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
qu'on doit se poser des questions sur l'augmentation des exportations
d'Hydro-Québec? Est-ce que c'est encore un sujet qui est d'actualité?
M. Nadeau-Dubois : Plus que
jamais.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
qu'il faut arrêter ça, les exportations?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
question fondamentale, c'est extrêmement important. Si on veut faire la
transition énergétique au Québec, là, il faut bien choisir comment on dépense
notre électricité. Est-ce qu'on la dépense dans des mégaprojets industriels
triés sur le volet par Pierre Fitzgibbon? Est-ce qu'on la dépense dans des
ententes d'exportation ou est-ce qu'on la dépense ici, au Québec, pour
électrifier notre économie, notre société? Ces questions-là sont déterminantes,
pas pour les cinq prochaines années, pour les 50, 60 prochaines années.
M. Robillard (Alexandre) : ...d'exporter
de l'électricité dans la conjoncture actuelle.
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
vous dis, c'est que c'est une question qui est essentielle pour l'avenir
énergétique du Québec et que, pour voir clair sur ces questions-là, il faut un
plan de match transparent et complet. Ça commence par étudier, en commission
parlementaire, le plan stratégique d'Hydro-Québec, avec Mme Brochu
derrière le micro, pour savoir quelle était la vision d'Hydro-Québec avant que
M. Fitzgibbon ne débarque avec ses grosses bottes et se mette à gérer ça
comme si c'était son entreprise personnelle. On ne peut pas gérer l'avenir
énergétique du Québec sur le flair, sur le coin de la table comme ça, ça prend
un plan de match global, transparent. En ce moment, il n'y a pas de
transparence, Pierre Fitzgibbon fait une conférence le lundi, un scrum le
mercredi, et c'est comme ça qu'on apprend la politique énergétique du Québec.
C'est inacceptable.
Et, pour être sûr de bien répondre
directement à votre question, là, oui, la question des exportations, dans le
cadre de cette réflexion-là, elle est essentielle, il faut l'aborder. A-t-on
les moyens d'exporter davantage? Est-ce que c'est rentable? Est-ce que c'est la
bonne chose pour l'avenir énergétique du Québec? Il faut avoir ces
discussions-là de manière transparente. Il faut un vrai plan de match.
Mme Lévesque (Fanny) : M. Grandmont,
juste, peut-être, sur le pont de l'Île-aux-Tourtes, là, on voit, ce matin, que
ça va coûter beaucoup, beaucoup plus cher que prévu. Est-ce que cette explosion
des prix là vous surprend?
M. Grandmont : Bien, il y a
une surchauffe, actuellement,, dans le domaine de la construction, ça, c'est
très, très clair. Maintenant, moi, ce qui m'intéresse, dans ce projet-là, c'est
de s'assurer que la nouvelle infrastructure qui va être mise en place va bien
répondre aux besoins des gens sur place, qu'il va y avoir de la place pour du
transport collectif, parce qu'il y a beaucoup de gens qui voudraient l'utiliser
qui ne peuvent pas le faire. Donc, ça, c'est un enjeu qui est très important
pour moi. Pour ce qui est des coûts, évidemment, là, on regardera le projet
avec détail, ça vient tout juste de sortir, là, mais, oui, il y a une
surchauffe dans les projets d'infrastructure actuellement, là.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
qu'on est condamnés, justement, à vivre un peu avec cette surchauffe-là pour
les prochaines années pour les projets d'infrastructure publique, là?
M. Grandmont : Combien de
temps elle va durer cette surchauffe-là? C'est dur à dire aussi, là. On sait
que les prix pourraient se restabiliser, on l'a vu dans le domaine de la
construction résidentielle, ça a commencé à rebaisser un petit peu. Donc,
est-ce que c'est temporaire? C'est une chose qu'on devra suivre avec attention,
évidemment, là.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
il faut continuer quand même les projets?
M. Grandmont : Bien, il y a
des projets qui doivent malheureusement... ou, en tout cas, ils doivent se
faire, ça, c'est sûr. On ne peut pas jouer avec la sécurité des gens, ça, c'est
évident, là.
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
qu'il y a un deux poids, deux mesures dans les dépenses d'infrastructures,
M. Grandmont? Par exemple, quand on parle de transport en commun, les gens
s'offusquent lorsque les prix sont gonflés à cause de cette surchauffe-là, mais,
lorsque c'est question d'autoroutes, de ponts, de tunnels, on semble un peu
s'en laver les mains.
M. Grandmont : Votre question
est très bonne, mais il y a, de base, un deux poids, deux mesures au Québec, il
y a ça, ce que vous nommez, effectivement. Il y a un problème où, quand c'est
des projets qui sont menés par des municipalités, par exemple, le transport
collectif, c'est souvent les municipalités, il y a beaucoup d'attentes, de
reddition de comptes, de transparence qui est exigée auprès des municipalités.
Quand il s'agit des projets menés par le
gouvernement lui-même, notamment le ministère des Transports et de la Mobilité
durable, c'est des choses qui avancent, pour lesquelles on n'a pas beaucoup
d'information. On pourrait prendre le projet de troisième lien, c'est un projet
pour lequel il y a un bureau de projet où qu'il y a 325 millions de
dollars, et on ne sait absolument pas comment ce projet-là avance. Et ça me
faisait rire, tantôt, parce qu'Éric Caire aussi avait mis son siège en jeu,
pour faire écho à la question de tout à l'heure, sur la réalisation de ce
projet-là, avant le début des travaux, avant la dernière élection de 2022.
Mais il y a un deux poids, deux mesures
structurel, aussi, au Québec. D'une part, quand c'est des projets de transport
collectif, le gouvernement finance entre 75 % puis 90 % des
infrastructures, puis l'opération revient entièrement à la charge des
municipalités et des usagers. Aïe, à Montréal, c'est 50 % des gens qui
paient le fonctionnement du transport collectif, l'autre 50 %, c'est des
revenus autonomes puis l'agglomération de Montréal. L'autre côté, quand c'est
des transports routiers, autoroutiers, c'est entièrement payé par le
gouvernement du Québec, autant pour les infrastructures que pour l'entretien,
l'opération.
Donc, en quoi ce système-là, qui existe
depuis le début des années 90… c'est la réforme Ryan. En quoi ce
système-là encourage les villes à se développer autour du transport collectif?
Bien non, ils font comme la ville de Lévis, ils vont taper à la porte du
ministère des Transports du Québec, demandent des élargissements de
l'autoroute 20, des nouvelles sorties, des nouvelles entrées d'autoroute
puis investissent le moins possible dans le transport collectif pour garder les
taxes résidentielles le plus bas possible. Donc, ce n'est pas un incitatif à
développer le transport collectif. On est en pleine crise climatique, c'est
exactement le contraire qu'il faudrait faire. Il y a un problème structurel, au
Québec, actuellement.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que le tramway, le projet de tramway à Québec est victime de ce deux poids,
deux mesures là, selon vous?
M. Grandmont : Absolument.
Sur les deux volets qui ont été nommés, on demande beaucoup de redditions de
comptes, il y a des autorisations à obtenir du BAPE, il y a des enjeux
environnementaux, il faut être plus blanc que blanc dans le transport collectif.
Puis, en plus, toute l'opération de ce nouveau système-là, puis une bonne
partie, là, 10 % du projet, va être payée par le gouvernement municipal,
par le palier municipal et par les usagers, par les gens de l'agglomération de
la ville de Québec. Donc, il y a clairement un deux poids, deux mesures, au
Québec, sur les deux volets que j'ai nommés là.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Sur le Fonds des générations, le Parti libéral, là, vous a attaqués en
disant que vous hypothéquez l'avenir des jeunes. Il y a une campagne électorale
partielle, en ce moment. Donc, est-ce que c'est ce que vous faites?
M. Nadeau-Dubois : Si le
Parti libéral se préoccupait de l'avenir des jeunes, je ne serais pas en
politique. Ce qui m'a amené en politique, c'est mon opposition aux politiques
libérales qui s'attaquaient à la jeunesse du Québec en voulant faire exploser
les frais de scolarité. Ça fait qu'en ce qui a trait à la défense de la
jeunesse québécoise, là, je n'ai aucune leçon à recevoir des libéraux, puis
Québec solidaire n'a aucune leçon à recevoir du parti qui a creusé notre dette
climatique comme personne, qui a créé la crise du logement comme personne puis
qui a négligé le système d'éducation comme personne. Les libéraux ont été,
pendant 15 ans, un gouvernement antijeune, ils n'ont aucune crédibilité,
ils n'ont aucune leçon à donner.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Mais cet argent-là va servir aux services publics dans le futur. Est-ce que
vous pensez... Comment vous allez faire en sorte que les jeunes d'aujourd'hui
auront les mêmes services publics qu'ailleurs si on ne fournit plus dans le
Fonds des générations?
M. Nadeau-Dubois : L'objectif
du Fonds des générations, c'était de mitiger le poids de la dette québécoise,
la dette publique du Québec sur notre économie, sur nos finances publiques. Cet
objectif-là, il a été atteint, hein, le Québec est en avance sur les objectifs,
qui étaient ceux de Jean Charest quand il a mis en place le Fonds des
générations. Donc, le Fonds des générations, on pouvait être pour ou être
contre sa création, à l'époque, il a accompli son mandat. Est-ce que c'est
sage, en 2023, de continuer à ajouter toujours plus d'argent dans ce fonds, ou
est-ce qu'il ne serait pas préférable d'utiliser ces milliards de dollars là
pour s'attaquer à la vraie iniquité intergénérationnelle, en ce moment, la
dette climatique?
Moi, quand je rencontre les jeunes, dans
les universités, dans les cégeps, sur la rue, la dette dont ils me parlent,
c'est de la dette climatique que les libéraux leur ont léguée. Et ce qu'ils
nous disent, c'est : On a besoin d'un gouvernement qui investit pour que
notre avenir n'ait pas l'air d'une catastrophe. La dette qui préoccupe la
jeunesse, c'est la dette environnementale, c'est dans cette dette-là, nous,
qu'on veut investir, à Québec solidaire, et on ne propose pas de vider le Fonds
des générations, on propose simplement d'arrêter d'ajouter des milliards et des
milliards.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Dernière petite question, sur BRP, qu'est-ce que vous demandez au ministre
Boulet sur cette question?
M. Nadeau-Dubois : Il faut
absolument faire la lumière sur cette situation-là. C'est inacceptable, un
traitement différencié comme celui-là, de travailleurs, de travailleuses qui
viennent de l'étranger. Et moi, je veux bien qu'on... Je pense que c'est
important de le souligner, là, ce scandale-là, c'est un symptôme de quelque
chose de plus profond. L'explosion de l'immigration temporaire au Québec, sous
François Legault, hein, qui fait des déclarations tonitruantes en disant
vouloir protéger la nation québécoise de la menace de l'immigration, mais qui, de
l'autre côté, a fait exploser l'immigration temporaire, qui est une immigration
précaire, fragile, qui, souvent, s'intègre moins bien parce qu'elle est plus
précaire, justement.
Donc, on parlait de la capacité d'accueil
du Québec, tantôt, là, voilà un bel exemple d'à quel point cette question-là,
elle est complexe, puis d'à quel point, si on veut avoir le débat sur
l'immigration, on ne peut pas juste avoir un débat de chiffres, il faut avoir
un débat de modèles. Est-ce que le modèle d'immigration qu'on veut, au Québec,
c'est une immigration fragile, précaire, à la merci, souvent, de grandes
entreprises qui les embauchent, ou est-ce qu'on veut un modèle d'immigration
régionalisé, francisé, bien intégré sur l'ensemble du territoire?
Mme Mignacca (Franca
G.) : On the hearings into hockey teasing,
what exactly are you hoping will come out of it?
M. Nadeau-Dubois : You know, I don't believe that those cruel initiations could have
been going on, in Québec for
years, without anyone anywhere knowing about it. I don't believe that. There is
a culture of silence, and today we will break that culture of silence.
Mme Mignacca (Franca
G.) : And, on BRP, do you feel like there is
anything Minister Boulet could be doing differently to prevent situations like this?
M. Nadeau-Dubois : Well, the core problem here is our model of immigration. You know, François Legault keeps saying that
he will protect the Québec
nation against the threat of immigration, but what he is actually doing, on the
ground, is opening the gate to unbelievable numbers of temporary immigrants,
which is a fragile and vulnerable type of immigration that leaves those human
beings at the mercy of, sometimes, employers that, like in the case of BRP, do
not treat them well. So, that's why we cannot have only a debate of numbers in
terms of immigration, we need to talk about the model. And the model, right now,
is a bad model. We need a model with more efforts for immigrants to learn
French, a model that respects their rights and that regionalizes them all
across Québec.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
And, on
Churchill Falls, you mentioned, in French, that you'd like to see a good deal
for Québec, but what would it look like to you?
M. Nadeau-Dubois :
Yes.Well, the future of the
energy, in Quebec, it's a very important challenge. It's one of the most
important challenges that we have as a collectivity in the next decades, and
Churchill Falls is an important source of energy for Québec. So, of course, it's
an important deal for Québec. We need to keep that energy coming in. But we
also need, and that's the more important thing, a transparent and overall plan
to know where we're going collectively. Mr. Fitzgibbon cannot keep inventing,
day-to-day, declaration by declaration, the future of energy in Québec. It's too
important to be a thing that is left to the day-to-day impulse of one minister.
M. Authier (Philip) :
How do you think Mr. Legault will do as
a negotiator with Mr. Furey?
M. Nadeau-Dubois :
Well, you know, I'm not at the table of
negotiation and I will not negotiate in public at the place of the guy actually
negotiating, but it's an important deal , it's an important source of energy
for Québec. We need that energy for the future of Québec. And we all hope the deal
is going to be a good deal for Quebeckers.
M. Authier (Philip) :
And the casino that they're talking
about opening in the Bell Center. I think it's Loto-Québec and the club du CH, negotiating,
is it a good thing?
M. Nadeau-Dubois :
The question a lot of people have, the
question I have is : Is this what downtown Montréal needs right now? Thousands
of lotto machines, is it…
M. Grandmont :
Slot machines.
M. Nadeau-Dubois :
Slot machines.
Une voix :
Videopokers.
M. Nadeau-Dubois :
Videopoker machines. So, I think that's
the question : Does downtown Montréal needs videopoker machines by
thousands? Honestly, I can't wait to hear the Direction of Public Health on
that issue because they, in the past, have been vocal in their opposition to
similar projects in a similar area. There are vulnerable populations in these
neighborhoods, and we need their expertise to take a good decision, but, I'll
be honest with you, when you ask : Does downtown Montréal need thousands
of videopoker machines? I think a lot of people, knowing that area, tends to
say that the answer is no.
Le
Modérateur : Merci beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 03)