(Huit heures deux minutes)
M. Marissal : Merci d'être
là. Bonjour. Alors, on a une grosse journée, aujourd'hui, en santé. Vous direz
qu'elles sont toutes grosses, les journées, en santé, mais aujourd'hui on a un
rendez-vous. J'espère que c'est un rendez-vous avec l'histoire, avec la petite
histoire du réseau de santé, parce que le ministre dépose aujourd'hui un projet
de loi qui devrait, à terme, selon ce qu'on entend en tout cas, nous
débarrasser, c'est mon souhait, des agences de placement de santé. C'est le
but, c'est ce qui a été dit à maintes reprises par le gouvernement, c'est ce
que M. Dubé nous dit en privé, en public.
On constate que les agences font
maintenant partie du problème et non de la solution. Alors, le ministre dépose,
ce matin, un projet de loi dont je n'ai pas, évidemment, les détails, mais il a
eu la délicatesse de nous rencontrer, les membres de l'opposition, la semaine
dernière, pour nous dire un peu le grand, grand contour de ce projet de loi. Alors,
je m'attends à un projet de loi costaud, j'espère, en tout cas, un projet de
loi costaud qui va faire ce qu'il faut que ça fasse, c'est-à-dire, excusez l'expression,
là, asphyxier les agences de placement en rendant leurs pratiques beaucoup
moins intéressantes, c'est-à-dire beaucoup moins rentables.
Parce qu'en ce moment, on va se le dire,
les agences de placement de personnel font de l'argent comme de l'eau. On a
entendu des histoires épouvantables d'agences de placement qui ont facturé
jusqu'à 450 $ de l'heure pour une infirmière. Pensez-y, là, pour un quart
de huit heures, c'est 3 600 $. Si vous envoyez trois infirmières sur
la Côte-Nord à ce tarif-là, c'est 10 000 $ pour un quart de travail.
C'est complètement indécent, c'est absurde. On a créé un monstre et on continue
de le nourrir avec une louche pour qu'il devienne de plus en plus gourmand, il
faut arrêter ça. Ça va donner un coup, oui, ça va donner un coup, mais on en
est rendus là, on n'a pas le choix. En ce moment, franchement, les agences sont
devenues un immense problème dans le réseau de la santé.
Évidemment, M. Dubé, il a un sacré
problème depuis la semaine dernière, parce que je pense bien, dans son livre
comptable, il avait peut-être provisionné de l'argent qui allait venir du
fédéral, ça l'aurait aidé beaucoup et ça aurait aidé Mme LeBel aussi dans
ses négociations avec les infirmières, avec les gens du réseau de la santé.
Malheureusement, on le sait maintenant, M. Legault non seulement est
revenu bredouille d'Ottawa, mais il est revenu assez content de son sort, là,
Gros-Jean comme devant, comme si, finalement, ce n'était pas si pire, puis c'était
mieux que rien. Six fois moins que ce qu'on avait demandé, ce n'est quand même
pas mieux que rien, c'est pas mal rien dans ce cas-ci. Alors, je ne sais pas
comment M. Dubé va essayer de composer avec ça, mais ça lui cause un
problème supplémentaire.
Je serai, évidemment, disponible plus tard
dans la journée, une fois qu'on aura vu le détail du projet de loi puis qu'on
aura eu le premier briefing.
M. Leduc : Merci, Vincent.
Bonjour, tout le monde. Je vous parle, ce matin, de notre motion, qu'on appelle
aussi la motion du mercredi que vous connaissez très bien. On va parler de
logement aujourd'hui. Vous le savez, dans mon comté, dans d'Hochelaga-Maisonneuve,
on a eu une nouvelle hier. Il y a René, qui habite son logement depuis 54 ans
sur la rue Ontario. Je connais très bien où il est, c'est un endroit que je
fréquente assez souvent. Et, la semaine dernière, il a reçu un avis d'éviction,
il doit quitter son logement parce qu'on va le transformer, son logement, en
Airbnb. Alors, d'un endroit de vie paisible avec ses voisins, voisines, ça va
devenir un endroit de tourisme. La dernière fois que René a déménagé, c'était l'Union
nationale qui était au pouvoir. On a vérifié les années, ça concorde, on a fait
la vérification.
La question que Manon a posée, hier, en
Chambre, à savoir qu'est-ce que la ministre allait faire, je vous cite sa
réponse, je vous le rappelle, elle a dit : «Il y a 1,7 million de
logements au Québec, le diable n'est pas pris dans tous les appartements.» Bon,
bien, ça fait plusieurs fois qu'on le dit, il y a une crise du logement au
Québec. Ce n'est pas des blagues, puis ce n'est pas de l'enflure verbale qu'il
faut, c'est de l'action. Les gens viennent cogner à nos portes, dans nos
bureaux de circonscription, dans les endroits où on est présents, et ils nous
parlent de rénoviction, de hausses abusives, de transformations en Airbnb, ils
nous parlent de clause F, d'immeubles récents de moins de cinq ans qui
peuvent avoir des hausses complètement inconsidérées, puis les conséquences
sont toujours les mêmes, le monde se retrouve dehors, le monde en arrache.
Ça fait qu'on va débattre une motion
importante aujourd'hui. On attend la collaboration de la CAQ, mais on attend
aussi la collaboration des libéraux, parce que la crise du logement, oui, elle
s'est concrétisée, elle s'est empirée dans les dernières années, mais c'est
quand même un milieu qui n'était pas facile auparavant, et les libéraux ont
participé, malheureusement, dans les derniers mois, à faire en sorte qu'on ne
soit pas capable d'avancer sur la clause F. Il y avait un projet de loi
qui était en discussion dans la fin de la législature, on avait proposé des
choses sur la clause F, les libéraux ont travaillé pour faire retirer ces
motions-là. Alors, on espère qu'aujourd'hui notre motion recevra l'appui, bien
sûr, du gouvernement mais à la fois des libéraux pour qu'on puisse avancer sur
le dossier du logement. Merci.
M. Laforest (Alain) : M. Marissal,
il y a un sondage, ce matin, là, qui a été publié, entre autres, par des
agences de placement des infirmières. 81 % des répondants, répondantes,
là, plus de 2 000, disent qu'ils ne vont pas retourner dans le réseau de
la santé, puis 70 % disent qu'elles vont quitter. Ça risque d'être un gros
flop, cette histoire-là de projet de loi, non? Vous n'avez pas peur?
M. Marissal : Je pense que le
flop en ce moment, il est pire que ce qu'on peut aller rechercher en redonnant
confiance à ces soignantes-là. Moi, je viens de faire une tournée au Québec,
vous le savez, au cours des derniers mois, puis je vais recommencer, d'ailleurs,
parce que j'ai reçu des appels, il y a des gens qui veulent nous rencontrer,
qui veulent me rencontrer, puis je vais continuer ma tournée. Puis, s'il y a
une chose qui m'a frappé, c'est la détermination puis la passion des gens qui
sont restés dans le réseau public, mais ça compte aussi pour les infirmières
qui sont parties en agence. Elles ont la passion de leur métier, elles vont là
pour chercher un meilleur sort, pour chercher de meilleures conditions de
travail, et je les comprends, je les comprends.
Alors, c'est à nous, au premier chef au
gouvernement, à redonner confiance à ces gens-là. Le ministre l'a dit, là, il
faut que l'État redevienne un employeur de choix dans le réseau de la santé. La
côte est rude, j'en conviens, la côte est rude, mais moi, je ne vais pas
baisser les bras comme la CAQ puis dire : Bien, ce n'est pas grave, on va
passer vers le privé, hein, ça déborde partout, on va construire des
minihôpitaux privés. Il y a une liste d'attente longue de même en chirurgie,
bien, on va les envoyer au privé. Moi, je ne baisse pas les bras. Le réseau de
la santé, on l'a construit collectivement au Québec, c'est probablement le plus
bel héritage, un des plus beaux héritages, en tout cas, de la Révolution
tranquille. On a payé ça comment? Bien, avec nos impôts. C'est à nous, le
réseau de la santé.
Alors, oui, la côte est rude, j'en
conviens, mais moi, je sais qu'on peut ramener ces gens-là dans le réseau
public. Ce qu'elles veulent, elles l'ont dit, ce n'est pas juste de l'argent, il
y a de l'argent clairement, mais c'est des conditions de travail. L'infirmière
qui rentre, là, sur son quart à 4 heures, à 16 heures, l'après-midi,
puis qui doit finir à minuit ne veut pas se faire dire, à 23 h 45 :
Bien, tu restes ou bien, non, c'est une de tes collègues qui reste, puis
entendez-vous entre vous, mais il y en a trois qui restent à soir, ça fait que
c'est comme ça que ça marche, puis vous allez ressortir d'ici à 8 heures,
demain matin, puis vous reviendrez à 16 heures le... C'est constamment
comme ça dans le réseau. Moi, je crois que les gens qui choisissent le réseau
de la santé sont des gens passionnés, et ces gens-là vont revenir dans le
réseau si on leur donne des conditions de travail.
M. Lacroix (Louis) : Mais, si
on prend des infirmières qui gagnent beaucoup plus cher dans le privé puis
qu'on les ramène dans le système public, quel va être l'incitatif à leur donner
pour... Je comprends, les conditions de travail, mais, sur le plan monétaire,
là, c'est quand même un aspect important. Est-ce que ce serait acceptable
d'avoir, par exemple, un système de santé à deux vitesses pour attirer des
gens, leur donner des primes, par exemple, supplémentaires ou... Pour les
attirer, est-ce que ça, ce serait acceptable ou ce serait...
M. Marissal : Bien, mettons
d'abord quelque chose au clair, quand vous vous dites que les infirmières
d'agence gagnent beaucoup plus, elles gagnent plus, mais soyons clairs, là,
quand une agence facture 450 $ de l'heure, là, c'est l'agence qui se met
ça dans ses poches, l'infirmière ne gagnera pas 125 $ de l'heure. Même à
Maisonneuve-Rosemont, en ce moment, les infirmières d'agence qui sont à l'urgence,
c'est 70 $ de l'heure. Les infirmières ne font pas 70 $ l'heure. Ça
fait qu'en plus, là, il faut aussi démystifier cet aspect-là que les agences
font un paquet d'argent.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que ce serait acceptable de donner des primes de rétention pour ces
infirmières-là, pour les ramener dans le réseau, alors que leurs collègues qui,
elles, sont restées dans le réseau public et qui ont vécu vraiment les
difficultés que... ça arrivait avec les horaires, la surcharge de travail, le
temps supplémentaire obligatoire, etc., elles n'auraient pas de primes?
M. Marissal : Bien, moi, je
préfère qu'on remonte tout le monde plutôt que de faire deux cases puis de
niveler par le bas pour certaines qui sont déjà là, ce qui serait une autre
injustice. Remontons tout le monde, hein, on pousse tout le monde vers le haut,
on tire, on devrait dire, on tire tout le monde vers le haut. Moi, je préfère
ça.
Ensuite, vous avez un meilleur salaire,
des meilleures conditions de travail, un horaire stable dans un milieu sain, parce
qu'en ce moment il y a des milieux qui ne sont pas sains, avec quand même des
avantages sociaux, c'est-à-dire la retraite, des congés conventionnés. Moi, je
pense qu'on a les outils, mais on part de loin parce qu'on a tellement pilonné notre
réseau public, on l'a tellement laissé se défaire sous nos yeux
qu'effectivement on va avoir du travail, mais, moi, le travail ici, ça ne me
fait pas peur.
M. Robillard (Alexandre) : ...tirer
tout le monde vers le haut, vous, est-ce que vous avez une évaluation un peu de
ce que ça coûterait?
M. Marissal : Non, c'est
beaucoup trop complexe. Je n'ai pas les chiffres du Conseil du trésor avec moi.
Ce que je sais, c'est qu'il y a des revendications qui se font. Il y a des
revendications légitimes de la part du personnel soignant qui dit :
Effectivement, on pourrait être un peu mieux payés. M. Legault aime
beaucoup les comparaisons avec l'Ontario, là, bon, on peut commencer par ça,
mais je ne me lancerai pas dans une guerre de chiffres, parce que là il y a
beaucoup trop de tenants et aboutissants dans cette grille-là. Ce que je sais,
c'est qu'un des aspects, c'est la rémunération, oui, mais il n'y a pas que ça, il
n'y a pas que ça.
M. Robillard (Alexandre) : M. Legault,
hier, a dit que le fédéralisme était toujours payant parce que le Québec reçoit
10 milliards de plus que ce qu'il envoie, là, à Ottawa, financièrement.
Moi, je voulais savoir, vous, est-ce que vous êtes d'avis que le fédéralisme
canadien est toujours payant malgré la déconvenue des provinces, là, sur le
front du financement de la santé?
M. Marissal :
Bien, comme on dit à Ottawa, «the proof
is in the pudding». Ce n'est pas trop payant, on a vu la récolte.
Ensuite, M. Legault dit une évidence, hier, qu'il y a une injustice fiscale
ou un déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces. M. Trudeau, ça
n'a pas pris 10 minutes qu'il est sorti pour dire : Non, non, il n'y
a pas de déséquilibre fiscal. Aïe! Ça fait au moins 30 ans qu'on a ce
débat-là sur le déséquilibre fiscal.
M. Robillard (Alexandre) : ...M. Legault?
M. Marissal : Bien, je suis
d'accord avec M. Legault qu'il y a un déséquilibre fiscal, faites-moi pas
dire ce que je n'ai pas dit, je ne suis pas d'accord avec la première partie de
votre question, là, que le fédéralisme est rentable. Il y a un déséquilibre
fiscal, en ce sens que les besoins sont dans les provinces. Puis ça,
j'entendais ça, là, à l'époque du gouvernement de Jacques Parizeau, là, quand
j'étais avec vous, de ce côté-ci. Les besoins sont dans les provinces, l'argent
est à Ottawa.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
quand M. Legault dit : Le fédéralisme est payant parce qu'on reçoit 10 milliards
de...
M. Marissal : M. Legault,
il confond transferts en santé et péréquation puis il fait exprès, il fait
exprès. La...
M. Robillard (Alexandre) : ...c'est
dans le vert, c'est...
M. Marissal : La péréquation,
comme vous savez, là, c'est un équilibre de vases communicants entre les
provinces selon les recettes des provinces.
M. Robillard (Alexandre) : Et,
à la lumière des transferts de péréquation, est-ce que vous jugez que le
fédéralisme est payant ou non?
M. Marissal : Non, le
fédéralisme n'est absolument pas payant. En plus, on se fait niaiser par le
fédéral. Le fédéral nous a donné un plat de pinottes, là, six fois moins qu'on
demandait, c'est venu avec des conditions, parce qu'il y a des conditions
là-dedans, là, les ententes bilatérales, ce sont des conditions, regardez-les
bien aller, puis ensuite il y avait une date de péremption. Pour ajouter
l'insulte à l'injure, là, le ministre Duclos, là, disait, la semaine dernière :
Là, là, ça me prend ma réponse, là, là, décidez-vous, là, le prenez-vous,
l'argent, ou pas, là? Puis comme si c'était à prendre ou à laisser.
C'est notre argent, c'est notre argent.
C'est notre système de santé. Ce sont nos besoins ici, au Québec. Alors, non,
je ne sais pas par quelle entourloupette comptable on peut arriver à dire que
le fédéralisme est payant, mais pas du tout, absolument pas.
M. Lacroix (Louis) : ...comment?
Je reprends la question de M. Legault : Vous les remplaceriez
comment, les 10 milliards de péréquations supplémentaires qui arrivent
d'Ottawa depuis 20 ans?
M. Marissal : Si j'étais
coquin, je vous réciterais le budget de l'an 1 de François Legault, là, qui
avait fait quand même quelques démonstrations de ce genre, mais on envoie
beaucoup d'argent à Ottawa aussi. Il y a des dédoublements avec Ottawa aussi,
ça a été démontré. Ensuite, on ferait nos propres choix ici. Moi, je suis
persuadé que le Québec est parfaitement viable économiquement avec des bons
choix qu'on fera ici.
M. Lacroix (Louis) : On ne
laisserait pas d'argent sur la table, à votre avis?
M. Marissal : Non, les
démonstrations qui ont été faites dans le passé...
M. Lacroix (Louis) : Mais,
dans le passé, il y avait 3 milliards de péréquations qu'on recevait, on
est rendu à 13.
M. Marissal : Les
péréquations, ça bouge, hein? Si le baril de pétrole est à 150 $,
l'Alberta fait plus d'argent, il y a plus de...
M. Robillard (Alexandre) : ...le
budget de l'an 1, là, que le PQ doit mettre à jour va encore démontrer ça?
M. Marissal : Ah! je vais les
laisser déposer leur budget de l'an 1, là, je ne vais pas réécrire ça à la
place du PQ, là. On verra ce qu'ils ont à dire là-dessus, là.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Pour les agences de santé, vous avez parlé qu'il n'y avait pas juste la
question d'argent. Dans le sondage, on voit que huit personnes sur 10
penseraient peut-être même changer de carrière. Il faut des gens pour combler
les nuits, il faut des gens pour combler les fins de semaine dans le réseau de
la santé, ces gens-là peuvent avoir peur de combler ça. Vous n'avez pas peur
qu'il y ait un exode, avec la pénurie de main-d'œuvre qui existe en ce moment,
que les gens aillent juste trouver d'autres emplois?
M. Marissal : Bien, deux
choses là-dessus. D'abord, une chose que je n'ai pas dite, tout à l'heure, je
n'ai pas la méthodologie du sondage, et on sait par qui il a été commandé.
Alors, vous savez, un sondage ce n'est pas toujours les réponses, c'est aussi
les questions, alors il faut quand même faire attention à ça. En ce moment, il
y a aussi le moment où on fait le sondage. À un moment où ça craque partout
dans la santé, ce n'est pas étonnant qu'on ait des réponses de ce type de la
part du personnel soignant qui, en ce moment, en a plein les bras et est
peut-être un peu découragé de l'état du réseau, c'est vrai.
Mais moi, je reviens sur ce que je
constate sur le terrain, c'est-à-dire la passion des gens qui travaillent dans
le réseau de la santé. C'est un choix de carrière, on ne décide pas, du jour au
lendemain, de devenir infirmière parce que ça a de l'air le fun, ces gens-là
ont une passion profonde. Croyez-moi, là, les infirmières qui travaillent, là,
sur le quart de nuit aux urgences de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, là, ce
sont des passionnées. Ce sont des passionnés, puis moi, je crois que ces
gens-là vont rester passionnés par leur métier.
Mais c'est à nous, et surtout au
gouvernement, je dirais, à leur donner des conditions de travail décentes,
décentes. D'abord, c'est dans la loi, hein, c'est dans la loi. Et Alexandre
pourrait vous en dire plus là-dessus, là. Le gouvernement, comme employeur,
doit donner un milieu de travail sain et sécuritaire à ses employés. En ce
moment, je peux vous dire que, dans bien des hôpitaux, ce n'est pas le cas.
M. Laberge (Thomas) : Mais
est-ce qu'on ne prend pas le problème à l'envers, M. Marissal? Vous parlez
de donner des meilleures conditions, mais là on parle d'abolir les agences de
santé privées, du moins c'est ce que vous espérez. On ne serait pas mieux
d'augmenter les conditions de travail avant de faire ça justement pour éviter
l'exode dont on parle depuis tantôt?
M. Marissal : Ça va se faire
concurremment, là, je ne pense pas que M. Dubé va nous présenter un projet
de loi qui va dire que, la semaine prochaine, il n'y a plus d'agence, hein? Ça
va se faire concurremment, mais ça prend un échéancier. J'ai été très, très
clair sur la question de l'échéancier. Il faut envoyer, de un, le message. Le
message, c'est le projet de loi. J'espère qu'il sera clair, j'espère qu'il sera
costaud, le message.
Ensuite, les agences, tranquillement,
reprenez mon image un peu lugubre, là, on va les asphyxier. Les asphyxier,
c'est les priver de profits, essentiellement, là, parce que c'est ça, le nerf
de la guerre. Tranquillement, elles vont disparaître comme elles sont nées. D'ailleurs,
elles sont nées d'un besoin, puis on en a fait appel, on leur a fait appel de
façon démesurée. Si on n'a plus besoin d'elles, tranquillement, bien, ça va se
faire.
Et ça, je l'ai toujours dit, en santé, il
n'y a pas de baguette magique. Il n'y aura pas de solution miracle, il n'y aura
pas de génération spontanée, mais il faut envoyer des messages. Puis on parle
des infirmières ou du personnel soignant, là, qui pensent peut-être partir ou
changer de métier, il faut aussi leur envoyer des messages clairs, des messages
cohérents qu'on va retaper notre réseau de la santé. Et ça, pour le moment, le
gouvernement, il parle des deux côtés de la bouche.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
avez parlé de milieu de travail sain et sécuritaire, vous parlez de ça, mais,
dans le réseau de l'éducation, vous avez peut être vu, dans les pages du journal,
cette histoire d'un professeur qui, en 1997, a écopé de huit mois de prison
pour proxénétisme. Finalement, bien, on se rend compte qu'il a enseigné par la
suite pendant une vingtaine d'années à Mont-Saint-Hilaire, là. Visiblement, il
y a quelqu'un qui l'a échappé, là.
M. Leduc : Oui, oui,
quelqu'un l'a échappé. Moi, je me rappelle, quand j'étais étudiant à l'UQAM,
avec un petit côté militant peut-être, à l'époque, mes amis qui étaient à la
faculté d'éducation se faisaient dire, là, avec des gros surligneurs :
Faites bien attention de ne pas aller dans des manifestations, etc., parce que,
si vous avez un dossier, vous ne pourrez jamais enseigner. Puis là c'était
comme gros puis c'était sérieux, parce que, oui, on veut mettre des standards
très élevés dans nos écoles. Alors, moi, je me rappelle de ces souvenirs-là, tu
sais, n'allez pas dans des manifs, puis j'entends des choses comme ça, puis je
trouve ça ahurissant.
À quel point on fait le suivi dans nos
commissions scolaires... je dis encore commissions scolaires, dans nos centres
de services scolaires sur ces dossiers-là? Quel est les processus qui sont en
place? Je ne les connais pas, mais, justement, j'aimerais ça qu'on s'y penche.
Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose qui est fait quand on accueille un C.V.?
Est-ce qu'il y a des vérifications qui sont faites auprès du rôle judiciaire,
par exemple? Comment ça fonctionne? Moi, c'est le genre de question que j'ai ce
matin. Et je suis pas mal certain que ma collègue, Ruba, va faire un suivi
là-dessus.
M. Robillard (Alexandre) : M. Marissal,
juste une précision sur le budget de l'an 1. Est-ce Québec solidaire
devrait collaborer avec le PQ dans la mise à jour de tout ça? Est-ce qu'il y
a... Avez-vous un intérêt dans les travaux qui sont en cours là-dessus?
M. Marissal : Je vais vous
donner une réponse plutôt personnelle parce qu'honnêtement on n'a pas discuté
de ça. De un, nous n'avons pas été consultés. De deux, on aura un intérêt... en
tout cas, j'aurai un intérêt académique, ce sera un...
M. Laforest (Alain) : ...de
savoir comment ça rapporte? Vous n'êtes pas indépendantiste, vous?
M. Marissal : Oui, mais là
vous parlez d'un rapport qui sera fait par un autre parti politique.
M. Laforest (Alain) : Oui,
oui, mais, quand tu veux l'indépendance, il faut que tu saches où tu t'en vas,
là.
Des voix : ...
M. Laforest (Alain) : ...c'est
comme un mariage ou un divorce, là, il faut faire les calculs.
M. Marissal : Vous êtes une
journée en retard, c'était hier, la Saint-Valentin. Blague à part, c'est sûr
qu'on va regarder ça. C'est un élément de plus, mais là vous me demandez de
commenter quelque chose, de un, sur lequel on n'a aucun contrôle puis que je ne
sais même pas qu'est-ce qu'il va avoir dedans, puis...
M. Robillard (Alexandre) : ...le
processus, est-ce que vous pensez que...
M. Marissal : On n'a pas été
invités.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que vous...
M. Marissal : Bien, je pense
qu'on fait nos affaires entre nous, puis on va...
M. Bergeron (Patrice) : ...budget
de l'an 1, vous autres?
M. Marissal : On n'a pas eu
cette discussion-là, je n'en sais rien. Honnêtement, je n'en sais rien. Je ne
vous dis pas oui, je ne vous dis pas non.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
donc, même si vous étiez invités, vous diriez non.
M. Marissal : Bien, de toute
façon, il serait un peu tard dans le processus, entre vous puis moi. La
question est purement hypothétique, à ce stade-ci, nous n'avons pas été
invités.
M. Gagnon (Marc-André) : Dans
Saint-Henri—Sainte-Anne, vous avez vu que le candidat de la CAQ a effectué une
sortie, en fin de semaine, puis en a remis hier, dans une entrevue, en disant :
Ça suffit. Il est tanné de se faire écœurer parce qu'il est petit puis qu'il a
plein de commentaires sur les réseaux sociaux. Est-ce que ce n'est pas un peu,
en quelque part, l'illustration d'une des dérives, disons, qu'on voit sur les
réseaux sociaux, entre autres, depuis la pandémie?
M. Marissal : Une des
nombreuses illustrations des dérives sur les réseaux asociaux, oui, en effet,
c'est malheureux. Puis moi, je veux lui donner notre soutien — il
s'appelle Victor, je pense, Victor Pelletier — parce qu'effectivement...
Il y a beaucoup à débattre dans le milieu politique, hein, on a tellement
d'idées parfois divergentes, on ne va pas commencer à s'en prendre au physique
d'une personne. Puis, en plus, moi, il n'y a jamais personne qui m'a niaisé
parce que je suis grand. Pourquoi on voudrait s'en prendre à quelqu'un parce
qu'il est de petite taille?
Une voix : ...
M. Marissal : Bien, ça, c'est
assez clair, là, que, oui, il y a des doubles standards dans la société,
malheureusement, puis ce pour quoi moi, de un, je le soutiens puis je le
félicite d'avoir fait cette sortie-là. Effectivement, ça n'a rien à voir, ça
n'a strictement rien à voir avec ce dont il débat puis ce dont on va débattre.
Puis je suis persuadé que notre candidat, Guillaume Cliche-Rivard... D'ailleurs,
je pense qu'ils se sont parlé. On n'est pas là-dedans, là, on n'est vraiment
pas là-dedans.
Mme Mignacca (Franca
G.) : In English, on the private agencies. If
the province does abolish them entirely, how do you suggest they make sure that
people don't just leave the public health system altogether?
M. Marissal : Well, the name of the game is to give people that work in the
public sector good conditions. It seems easy when I say that, and I know it's
not easy, and I know it's not going to be easy, but if you give people good
working conditions, no mandatory overtime, for example, schedules that are fixed and previsible... I'm sure that the people
in the health sector are passionate about their job, and they just want to work
in this sector, in this field. But given the conditions that they are working
in, I mean, I totally understand them to look somewhere else for a better
living, for better working conditions. So, we just have to stop that vicious
circle with the agencies and start working on good conditions on the public
health sector.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But given that they've been... through
these conditions for so long and so many years, and they've been calling for
better conditions for years at this point, how can you
be so sure that they stay?
M. Marissal :
Well, because of the passion of these people, these people are passionate. And
you are right, the burden of proof is on the shoulder of the Government, I
mean, they have to make sure that they will send the right signals. That could
begin today with this draft bill. If we send the right signals that we want to
get rid of agencies, that's the first good step in the good direction. But then
after, we have to work to make sure that people working in our hospitals and
CHSLDs will get good working conditions. That's not only about money, that's also
about schedules and about, you know, the place where you work, it has to be
safe. And, at the moment, in many hospitals, I can tell you that it's not the
case.
Mme Mignacca (Franca
G.) : And also I'd just like to ask about your Airbnb motion. What exactly
are you hoping to accomplish with this?
M. Leduc :
So, it's our time, as the Second Opposition, to ask a motion on Wednesday, and
we want to talk about housing crisis for a lot of reasons, but mostly because
what the Minister has said yesterday, answering a question of Manon Massé,
saying : The fire is not in every household in Québec, diminishing the
crisis that we are living right now. We want to take the CAQ accountable for
their inaction, we want to make them move.
But we want also to take
the Liberal Party and ask them to support us in this crisis, housing crisis
movement, because they have not done the job, the Liberals, since last year.
They've worked to get rid of an amendment to the bill
that the Minister was pushing saying that the F clause should be removed,
they've done lobbying to maintain the F clause, you know, the clause that
can permit someone to do unlimited raises to constructions made five years and
less. This is a big issue now, especially in the southwest of Montréal, in Saint-Henri—Sainte-Anne, for example. And we
want to ask Liberals if they're still on that position or if they have changed
their positions, and move on the right direction.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
In terms,
though, of when you hear that people are being evicted so that their homes can
be turn into Airbnb in Hochelaga-Maisonneuve, what do you make of that?
M. Leduc :
It's a big problem, it's not new that
we're talking about this problem. It was more centered in the downtown areas before,
but... I'm deputy for five years now, and I've heard a lot of people knocking
on my door of the MNA saying : What can we do? What can we do? We're
trying to support them, I had some «attachés politiques», yesterday, on the
field, to make contact with those people, but we need to face the truth, the
law is not on our side. The law that has been made by the CAQ and the Liberals
in the last years are not on our side, so we need to change the laws, and for
that we need the support of the Liberals and we need the support of the CAQ.
M. Marissal :
You know, when you walk in the streets
of Rosemont, everyday you see people with big luggage and their phones in their
hand looking for an address. They're looking for an Airbnb, there's no hostel
on the rue Masson and in this vicinity, in Rosemont. And basically, everyday
you see people looking for addresses. They are basically taking out of the
market some housing for the people of Rosemont and elsewhere as well.
M. Leduc : Merci, tout le
monde. Bonne journée.
M. Marissal : Merci.
(Fin de la séance à 8 h 27)