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Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé mentale, et M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’emploi

Version finale

Le jeudi 9 février 2023, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-quatre minutes)

Mme Massé : Bonjour, tout le monde. C'est sûr que, ce matin, sur toutes les lèvres des Québécois et Québécoises, dans le coeur de tous les Québécois et Québécoises, des parents, des grands-parents, des enfants aussi... La tragédie d'hier, c'est une tragédie sans nom. C'est une tragédie qui nous coupe les jambes. C'est une tragédie qui fait mal à nos coeurs d'humains, je dirais.

Alors, bien sûr, dans un premier temps, encore, je vais réitérer, au nom de Québec solidaire, nos sympathies pour les familles qui ont perdu leurs enfants, pour les familles qui sont dans l'angoisse de ce qui va arriver à leurs enfants. On leur dit : Courage! On est là, on est là, solidairement, le Québec est avec vous. D'ailleurs, mon collègue, mon co-porte-parole, comme vous savez, Gabriel Nadeau-Dubois, est là ce matin. On est de tout cœur avec les familles, avec les proches, avec les gens qui sont intervenus, c'est un choc qui doit être terrible, hein, les ambulanciers, les policiers, policières, tous les intervenants, bien sûr, les éducatrices qui sont là, qui étaient sur les lieux, et aussi la communauté, parce que c'est le genre de drame qui laisse des traces, qui marque. J'en sais quelque chose, avec le décès de la jeune Maria, on est encore, dans mon comté, à prendre soin de notre communauté, tellement ça marque.

Alors, je veux dire que je reconnais que la guérison va être longue, mais qu'on va être ensemble là-dedans et qu'on va être sensibles à offrir ce qu'il est possible d'offrir quand on n'est pas au cœur de ces tragédies-là. Et j'ai envie de vous dire que, ce matin, il n'y a pas de mots, il n'y a pas de mots qui peuvent être à la hauteur de la tragédie qui se vit et de ce que les parents et proches doivent vivre aussi aujourd'hui. Alexandre.

M. Leduc : Merci, Manon. Deux sujets, ce matin. D'abord, le gouvernement a ouvert la porte à hausser l'âge minimal pour retirer sa rente de 60 à 62 ans en refusant notre motion. De ce qu'on a entendu hier pendant les auditions, syndicats, actuaires, aînés, à peu près personne n'est en faveur de ça, et on espère que le gouvernement va entendre ce qui a été prononcé hier et va faire volte-face.

Autre sujet, vous avez certainement vu l'article de M. Bordeleau dans Le Devoir, hier, qui se base sur une étude massive, là, plus de 18 000 jeunes consultés, qui couvre plein de sujets. Mais un de ceux-ci, dont je veux vous parler, ce matin, c'est le travail des enfants. Vous le savez, qu'il y a un projet de loi qui s'en vient, du ministre. Le graphique est hallucinant. Vous l'avez peut-être vu, je vous le remontre, là. La colonne de gauche, c'est les jeunes qui disent travailler. Là, vous avez secondaire I à secondaire V. Je ne sais pas vous, quand vous avez fait votre première job, là, quand vous étiez plus ado, peut-être plus secondaire IV, secondaire V. Ça, c'était comme la norme, avant, là, le bleu foncé. Le bleu plus pâle, c'est depuis un an, en un an, 2022-2023, la proportion des jeunes qui disent travailler. Regardez, là, secondaire V, c'est à peu près similaire, puis, plus vous descendez en âge, plus vous arrivez à 12, 13, 14 ans, précisément la période où on veut intégrer un âge minimal d'accès au travail. Ça a explosé, ce n'est pas compliqué, là.

Regardez ce qui est ici, c'est précisément ce que l'Association des restaurateurs puis les lobbys patronaux veulent protéger. Ils veulent garder ces jeunes-là au travail, ils veulent les maintenir en emploi. Et, quand il y a un consensus patronal et syndical qui a été établi, très fort, pour dire : Non, non, c'est vrai, au Québec, on est en retard, on va instaurer un âge minimal au travail, ça va être 14 ans, c'est ici que ça se passe. Il y a une révolution, en ce moment, ou, j'oserais dire, une contrerévolution, où les jeunes se mettent massivement à travailler encore plus jeune que d'habitude. C'est épeurant, c'est affolant. Il faut s'en préoccuper et il faut que le ministre du Travail entende raison et qu'il ne cède pas au lobby des restaurateurs.

C'est écrit, noir sur blanc, hein, on vous l'a montré, la semaine passée, je le remontre, là, registre des lobbyistes, l'Association des restaurateurs du Québec : «Empêcher l'ajout d'un âge minimum pour avoir accès au marché du travail.» Le consensus, c'est 14 ans. Ils poussaient pour 13, à la table de négos, de ce que j'ai compris. Les syndicats ont fait des compromis sur le nombre d'heures travaillées par semaine et ont dit : On va s'entendre sur 14. Dans les coulisses, ils poussent pour avoir l'exception du 14 ans pour la restauration et le commerce de détail. C'est inacceptable! J'espère que le ministre a pris connaissance de ce rapport-là, et qu'il refusera de céder, et qu'il ne cédera pas aux lobbys de patrons. Merci.

M. Bellerose (Patrick) : Comment vous expliquez que des jeunes comme ça, 12, 13 ans, souhaitent travailler ou que leurs parents les laissent travailler? Si on revient un petit peu en arrière, socialement, comment vous expliquez cette explosion-là de cas?

M. Leduc : On le savait, qu'il y avait un peu plus de jeunes qui travaillaient, c'est pour ça qu'il y avait plus d'accidents, notamment. Sur les motivations profondes, c'est une bonne question. Il y a des pistes dans l'étude, la grosse étude qui est publiée hier. Il y a des gens qui disent que c'est pour se procurer des objets. Est-ce que ça vient combler un vide, un vague à l'âme difficile? La pandémie a été difficile, en particulier pour les jeunes, moi, je trouve que c'est une piste qu'il faut approfondir.

Il y a tellement de matière, dans ce rapport-là, sur la santé mentale, sur les jeunes filles, sur le travail des enfants, sur l'angoisse. Moi, je pense qu'on serait bien servis si on faisait venir ces gens-là en commission parlementaire pour l'étudier en profondeur puis essayer de tirer des conclusions sur différents aspects de notre jeunesse. Il y a un cri d'alarme qui est lancé ici.

M. Bellerose (Patrick) : On voit que Québec essaie d'aller chercher des plus jeunes et des plus vieux pour avoir le plus de monde possible. On est en train d'étirer un petit peu l'élastique des deux côtés?

M. Leduc : Il y a une limite, là, à ce qu'on veut utiliser comme pénurie de main-d'œuvre pour faire des mesures sociales de ce genre-là. Nous, on n'embarque pas là-dedans du tout.

Mme Morin-Martel (Florence) : ...l'âge d'admissibilité à la rente de retraite, si c'était haussé à 62 ans, comme une des options de Retraite Québec, est-ce que vous inviteriez la population à se mobiliser et à sortir dans les rues?

M. Leduc : Vous faites le parallèle avec la France, j'imagine. Les gens peuvent se mobiliser. Moi, je pense qu'on n'est pas à cette étape-là. Là, on est à l'étape de faire entendre raison au gouvernement. Et, hier, à ma connaissance, de manière unanime, les gens qui se sont prononcés disaient que c'était une mauvaise idée. Le régime va bien, il n'est pas en mode sauvetage parce qu'il n'y a plus d'argent. Personne ne réclame ça. S'il y a des enjeux sur la pauvreté de la tranche 60 à 65, ce qui est un vrai enjeu, cherchons des solutions à ça plutôt que de modifier le régime dans un sens que personne ne souhaite.

M. Laforest (Alain) : Mme Massé, j'aimerais ça, revenir sur ce qui s'est passé à Laval, puis je veux faire appel à votre ancienne vie, là, avant la politique. On sait qu'au cours des dernières années il y a eu moins de solidarité dans la société, là, on est devenu plus individualiste. Est-ce qu'un drame comme ça, ça doit du moins tenter de devoir faire plus attention aux autres, d'être plus à l'écoute des autres, selon vous? Est-ce que ça devrait sonner un réveil, ce genre de situation là?

Mme Massé : Un drame comme hier, ça laisse tout le monde sans mots. Je pense que la vague de solidarité s'exprime, depuis hier. Vous interpellez mon ancienne vie, qui se déroulait à Laval, d'ailleurs.

Je ne suis pas la meilleure pour faire ces analyses-là. Ce que je sais, c'est que notre société, actuellement, traverse des moments difficiles. Et, pour ça, bien, il faut que les gouvernements soient au rendez-vous. C'est notre outil collectif pour prendre soin les uns des autres. Alors, on parle d'accès aux services, on parle de... tu sais, vous me parlez de solidarité sociale. Certes, mais il faut qu'on se donne les moyens collectifs aussi.

M. Laforest (Alain) : Mais l'écoute de l'autre, là... peut-être, des fois, on sent qu'il y a des proches, il y a des collègues qui vont moins bien. Est-ce qu'on doit porter plus attention que de dire : Ça ne me regarde pas? C'est un peu ça, la société d'aujourd'hui, là.

Mme Massé : Bien, écoutez, moi je vois aussi plein d'exemples de solidarité, et tout ça, ce n'est pas un seul comportement, je dirais, mais c'est clair pour moi que notre société a des défis quand il est temps de parler de bien commun, quand il est le temps de parler de vivre-ensemble, quand il est temps de parler de prendre soin les uns des autres, comme vous l'évoquez. Mais, pour moi, prendre soin les uns des autres, c'est bien sûr dans notre contact quotidien. Je pense que, oui, quand on voit des signes — tu sais, on est en pleine semaine de prévention du suicide, là — quand on voit des signes, il faut, je pense, avoir l'humanité de se mettre en contact avec l'autre, même si on ne sait pas quoi faire. Juste d'avoir un lien, ce n'est pas rien. Mais, de l'autre côté, il faut que notre outil collectif qui est l'État fasse ce qu'il a à faire aussi, puis ça, ça s'appelle des ressources.

M. Bellerose (Patrick) : ...notre société ne va pas bien, présentement. Je comprends qu'il y a eu la pandémie, mais qu'est-ce qui fait que vous voyez que la société ne va pas bien, présentement? C'est quoi, les signes, outre ce qui est arrivé, là?

Mme Massé : Bien, écoutez, moi, je vous dirais que ce qu'Alexandre vous disait tantôt... il y a une étude qui est sortie hier, qui nous parle de la santé mentale des jeunes à travers un échantillon quand même assez important. Je pense qu'on a besoin de comprendre collectivement les impacts à court terme de la pandémie, à moyen terme.

Et moi, ce que je vous dis, puis je ne veux pas faire de lien directement avec hier parce qu'il faut qu'on commence à comprendre ce qui s'est passé là, mais ce que le rapport nous disait hier, c'est que l'état de santé mentale, de défi de détresse chez nos concitoyens et concitoyennes, particulièrement chez les jeunes et particulièrement chez les jeunes filles, bien, ça, il faut qu'on s'en préoccupe. Ça fait que l'idée de faire venir l'équipe de recherche pour voir l'ensemble des aspects... je pense qu'on a déjà été un Québec fou de ses enfants, je pense que ça vaut la peine encore.

M. Lacroix (Louis) : Comment vous avez trouvé la réponse du gouvernement, jusqu'à maintenant, entourant cette tragédie-là? C'est à dire, il y a eu, bon, un paquet de gestes, on a envoyé des gens, M. Legault va se présenter ce matin et a invité les chefs d'opposition. Comment vous trouvez la réponse du gouvernement?

Mme Massé : Écoutez, à mon sens, le genre de geste, la présence sur le terrain du premier ministre, des ministres, comme hier, des chefs d'opposition — aujourd'hui, Gabriel sera là avec le premier ministre — c'est essentiel. C'est essentiel parce qu'il y a des gens, que ce soient les parents, les familles, mais aussi les voisins, les voisines, les intervenants, qui ont besoin de savoir qu'on est avec eux, qui ont besoin de savoir qu'on les soutient dans le traumatisme qu'ils vivent. Et, dans ce sens-là, je pense que c'est un bon geste. Ce que je trouve extraordinaire aussi, et je tiens à le dire, peut-être je ne l'ai pas assez clairement dit... on a vu comment s'est déployée la sécurité civile, hein, que ce soit à travers les ambulanciers, tout le monde était au rendez-vous, les hôpitaux qui ont accueilli, les premiers répondants. Chapeau! Chapeau! Je ne sais pas comment ils font. Je ne sais pas. Vraiment, je suis très reconnaissante et je suis contente qu'on soit sur le terrain et qu'on va le rester, parce que des traumatismes comme celui-là, dans une communauté, c'est long à guérir, et je pense qu'il faut être là tout le long.

M. Duval (Alexandre) : Je ne sais pas qui de vous deux voudra répondre, là, sur les demandeurs d'asile. Ce matin, on voit des témoignages de gens qui se retrouvent dans une précarité assez inquiétante en attendant leur permis de travail. On savait que les délais étaient longs, ça, ce n'est pas une surprise, mais là on a des exemples concrets. Qu'est-ce qu'on demande au gouvernement fédéral de faire ou qu'est-ce qu'on demande à Québec de faire, étant donné que les gens ont deux options, travailler au noir ou être sur l'aide sociale, là?

Mme Massé : Écoutez, le système d'immigration a plein de failles, et, dans un Québec indépendant, nous en aurions l'ensemble des leviers. C'est la première chose que je veux vous dire.

Ce que vous dites, j'en suis témoin très proche, parce que ces endroits où le gouvernement canadien prend les réfugiés et les accueille pour le mois... je n'ai pas le fin détail, là, mais pour les quelques semaines dans des hôtels, que chez nous, ils appellent, là, les hôtels de réfugiés, c'est fou, c'est fou, l'extrême pauvreté, le défi. Quand tu es réfugié, ce n'est pas un voyage en vacances, là, ces gens-là arrivent avec de multiples traumatismes. Et ce qu'on fait, grosso modo, c'est qu'au bout du mois on leur met un chèque d'aide sociale dans les mains puis on leur dit : Allez vous trouver un appartement, en pleine crise du logement, là, où il manque déjà des logements pour les plus pauvres de nos sociétés. On met ces gens-là dans une précarité terrible.

Alors, vous soulevez la question du permis de travail. Vous avez raison, vous avez raison, le gouvernement d'Ottawa doit faire beaucoup mieux. Le gouvernement du Québec doit... Si on parle, par exemple, en matière d'accueil, bien sûr, il y a l'aide sociale, mais vous le savez comme moi qu'avec un chèque d'aide sociale, une famille de trois enfants, tu ne vas pas trouver de logement, là. Ah! peut-être un taudis. C'est-u ça qu'on veut pour l'accueil de ces gens-là? Alors c'est très problématique.

M. Duval (Alexandre) : Mais on fait quoi? On bonifie l'aide sociale qui est offerte à ces gens-là en attendant, on trouve un moyen d'essayer de les faire travailler sans permis, Québec crée quelque chose pour leur donner... Qu'est-ce qu'on fait?

Mme Massé : Écoutez, cette situation-là existe depuis très longtemps, 2015, je crois — mais ne retenez pas ma date, là, ma mémoire fait défaut, mais je pourrai vous revenir si vous le voulez — où le gouvernement du Québec a modifié des programmes, qui fait en sorte que ces gens-là se retrouvent dans une précarité. Moi, je pense que l'urgence, c'est le permis de travail. C'est ça qu'ils veulent, ces gens-là, ils veulent travailler. Ils ne veulent pas vivre de l'aide sociale, ils veulent travailler, mais, en même temps, tu sais, si on veut vraiment être une belle et bonne société d'accueil, bien, on va s'assurer que ces permis de travail là arrivent, qu'ils se retrouvent des emplois, non pas à... C'est quoi, le salaire minimum en ce moment?

M. Leduc : 15,25 $.

Mme Massé : 15,25 $ de l'heure, parce qu'ils ne seront pas plus capables de se payer un logement. Et donc le gouvernement du Québec doit les accompagner là-dedans. Puis un bout, c'est aussi d'avoir accès à, par exemple, des services de garde, à l'éducation. Ils ont déjà accès à un certain nombre de services, mais ce que les gens veulent, c'est travailler.

M. Bellerose (Patrick) : Mais, si on fermait le chemin Roxham puis que les gens passaient par la frontière, si on réglait la situation de l'entente sur les tiers pays sûrs, est-ce qu'on n'aurait pas des entrées plus régulières qu'on pourrait prévoir puis on pourrait mieux encadrer les gens qui entrent?

Mme Massé : Le statut de réfugié, c'est un statut qui se demande aux frontières, etc. Vous mettez le doigt sur ce qui est problématique.

M. Bellerose (Patrick) : On a vu la différence d'afflux, quand même, entre Roxham versus...

Mme Massé : Oui, bien, exactement. Vous mettez le doigt sur ce qui est exactement le problème, c'est-à-dire, cette entente-là force plusieurs personnes à passer non pas par les chemins définis comme les frontières canadiennes, etc., mais passer par, notamment, le chemin Roxham — mais ce n'est pas le seul, là — de passer à côté de ces endroits-là. Mais les réfugiés, on en a toujours accueilli puis on va continuer à en accueillir. L'enjeu, c'est qu'actuellement, en pleine crise du logement, en pleine crise d'entente entre le Québec et le Canada sur les questions de l'immigration, ça fait que ces gens-là sont laissés à eux-mêmes, puis c'est problématique.

Mme Plante (Caroline) : J'aimerais revenir sur votre réponse, la réponse que vous avez donnée sur les jeunes, l'anxiété, la santé mentale. Est-ce qu'on peut nommer les écrans comme quelque chose de particulièrement problématique?

Mme Massé : Les quoi?

M. Leduc : Les écrans.

Mme Plante (Caroline) : Les écrans comme quelque chose de particulièrement problématique. Puis, si on fait le lien avec le travail des enfants, moi, j'ai entendu, dans l'espace public, des parents dire : J'aime bien mieux qu'il aille travailler qu'il passe sa journée sur son écran. Est-ce qu'il y a un gros problème à ce niveau-là?

M. Leduc : Il y a un enjeu avec les écrans. J'ai entendu ce genre de commentaires là aussi. Moi, ce que je réponds... Je peux vous garantir une chose : si l'enfant veut voir des réseaux sociaux deux, trois, quatre heures par jour, qu'il en travaille quatre, cinq, six avant, revenu à la maison, il va quand même aller les écouter, ses heures sur son téléphone, pareil. Ça fait que ce n'est pas un qui remplace l'autre. Cette équation-là est fausse. On la souhaiterait, à la limite, pour qu'il y ait moins d'écran, mais elle ne fonctionne pas comme ça. S'ils veulent regarder leurs écrans, ils vont moins dormir, ils vont moins faire autre chose, mais ils vont le regarder, l'écran. Ça fait que le problème, avec l'écran, ou l'enjeu, avec l'écran, il faut le traiter en soi puis il ne faut pas le comparer ou le substituer à l'enjeu du travail.

M. Bossé (Olivier) : Autoroute Dufferin-Montmorency, à Québec, je sais que Québec solidaire a même proposé un plan de transformation en boulevard urbain. La ministre dit : Bien, un radar, pour l'instant, ça fait l'affaire. Les élus de la ville proposent, comme compromis, peut être, ou, en tout cas... à étudier de juste fermer la sortie François-de-Laval. Est-ce que, pour QS, ce serait un compromis acceptable, au moins pour commencer, peut-être?

Mme Massé : Bien, écoutez, je laisserai Sol répondre, mon collègue Zanetti de répondre de façon plus spécifique, mais je peux vous dire que, lorsqu'on a une autoroute comme ça, qui, malheureusement, blesse et tue des gens, je pense qu'il est plus que temps d'agir. Nous, on a proposé effectivement un boulevard urbain parce que c'est sur le bord de l'eau, c'est magnifique, il faudrait être capable d'en profiter. Ceci étant dit, je pense que là, c'est assez, là. Combien ça va en prendre, d'accidents, avant qu'il se passe quelque chose? Alors, mais, pour plus de détails, je vous inviterais à parler avec Sol, qui maîtrise beaucoup plus la situation que moi-même.

M. Duval (Alexandre) : Peut-être une petite précision, M. Leduc. Ce ne sont peut-être pas tous les enfants de 12 et 13 ans qui ont, entre guillemets, la chance d'avoir des familles qui vont les emmener faire des activités sportives ou artistiques la fin de semaine, qui vont avoir de quoi s'occuper en dehors des journées d'école. Est-ce qu'il n'y a peut-être pas certaines vertus ou certains avantages à ce que certains jeunes puissent trouver une forme d'accomplissement et d'occupation à l'extérieur de l'école, même s'ils ont un peu moins de 14 ans?

M. Leduc : Vous posez une bonne question, puis c'est un débat social important, puis on doit l'avoir, puis on va l'avoir bientôt avec le projet de loi qui va être déposé.

D'abord, il risque d'y avoir des exceptions, hein, dans le projet de loi, sur les moins de 14 ans, par exemple, pour le gardiennage, par exemple, pour l'arbitrage dans les compétitions de sport. Ça fait que c'est une forme d'exception qui va exister de manière pas mal consensuelle, patronale, syndicale, pas mal toutes les parties vont être assez à l'aise avec ça. Ça fait qu'on n'est pas en train de dire qu'il va y avoir une police qui va se promener, qu'il n'y a absolument aucune forme de travail qui va être interdite et il y aura des... On est tous en train d'être capables de trouver des compromis.

Maintenant, ce qu'on recherche, c'est une politique globale. L'âge de l'admissibilité en emploi, on est en retard, au Québec, la plupart des autres législatures canadiennes ont fixé un âge minimal d'accès à l'emploi, puis eux autres aussi avaient toutes sortes d'exceptions. Est-ce qu'un cas individuel à gauche ou à droite, ce jeune-là, lui, il pourrait aller travailler 12, 13 heures par semaine... à 12, 13 ans, pardon, puis ça n'aurait pas trop d'impact? Peut être, mais là on n'est pas dans des cas individuels, on est dans des politiques globales, des politiques de société, puis on considère, pour le bien-être de l'enfant dans ses études, dans sa santé mentale, que ce n'est pas profitable d'aller travailler, de manière générale, à 12, 13, 14 ans.

Mme Massé : Parle des accidents aussi.

M. Leduc : Bien, c'est sûr que, plus tu mets des jeunes aussi au travail, plus ils sont jeunes, moins ils sont formés. Des fois, on est un petit peu plus... comment je le dirais positivement, moins soucieux de notre propre santé et sécurité, quand on est dans ces âges-là, ça fait que, mathématiquement, plus on met des jeunes puis plus ils sont jeunes, plus on se magasine des accidents de travail malheureux.

M. Laforest (Alain) : Il y a eu une hausse de 36 %.

M. Leduc : Oui, bien, c'est ça.

Mme Massé : Et ça, ça marque pour la vie.

M. Leduc : Exact.

Mme Mignacca (Franca G.) : Can you explain in English why you think… why we're seeing such an increase in the number of children working?

M. Leduc : I don't have the exact answer. One of the answers that is proposed in the big study is maybe they want to have some money, maybe there's a lack of… I don't know, they want to fill some kind of void in their lives. The pandemic has been very hard on the young, on the very young, more specifically.

What I think we should do is invite those researchers in a commission here to analyze very deeply this study project and hear from them what they think we should do in different areas, around mental health, child labor, etc.

Mme Mignacca (Franca G.) : You are expecting Minister Boulet to table a bill on this. Can you explain why it's still a concern for you?

M. Leduc : Because the rumor… it's more than a rumor, there's a lobbyist called «l'Association des restaurateurs», the restaurant's lobby, who... they're obliged to fill a mandate on the lobbyist registry, «le Registre des lobbyistes», and they said clearly, plainly, they want to forbid, they want to break the attempt to install a new minimum age of work. And the minimum age that has been discussed between the bosses and the unions is 14. It's the compromise they arrived... It's a compromise we can agree to, but they want an exception, they say : Yes, yes, 14 is O.K., but one exception for the entirety of the industry of restaurants and the detail commerces... the detail businesses? «Commerce de détail», I don't know how to translate that.

Une voix : Retail.

M. Leduc : Retail. But basically, where are the young working? When you're 12, 13… they work in those two industries. So, you want to take back with the right hand what we just took you from the left hand. It's ridiculous. And the minister, I asked him last week and I'll ask him again, he needs to refuse this lobbyist attempt to install this exception for those two industries, because otherwise this bill will serve nothing.

Mme Mignacca (Franca G.) : Can I just get one more question? It's about something else entirely, but we've been following the class-action lawsuit on racial profiling in Montréal. Mme Massé, do you feel like racial profiling is still an issue in the city on the SPVM's part?

Mme Massé : I don't know the story, so, I'm sorry.

M. Leduc : Sorry,we'll get back to you.

Mme Massé : Yes. We'll get back to you, of course. Merci.

M. Leduc : Merci, tout le monde. Bonne journée.

(Fin à 8 h 47)

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