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Point de presse de M. Marc Tanguay, chef de l’opposition officielle, Mme Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, et Mme Jennifer Maccarone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Le mercredi 1 février 2023, 8 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures quatre minutes)

M. Tanguay : Alors, bon matin à tous et à toutes. Ce matin, nous sommes excessivement préoccupés par les données relatives aux violences que l'on voit sur les lieux des écoles. Dans nos écoles au Québec, il y a eu une augmentation très marquée des actes de violence posés par des jeunes à l'endroit des jeunes. Notamment, on a vu un jeune battu à coups de marteau à Montréal, on a vu une alerte à la bombe à Sherbrooke, une bagarre à Sorel-Tracy, un ado poignardé à l'école en Montérégie. C'est inacceptable.

Nous devons être interpellés, évidemment, comme élus, mais on pense ici, ce matin, aux élèves, on pense aux parents, on pense aux équipes-écoles. Ça n'a pas de bon sens, il faut agir, et, en ce sens là, nous demandons l'octroi d'un mandat d'initiative. Nous devons définir le problème, nous devons le documenter et nous devons agir collectivement. Alors, la violence dans nos écoles, c'est réellement l'angle mort du ministre de l'Éducation, et j'interpelle, nous interpellons, ce matin, non seulement le ministre de l'Éducation, mais également le premier ministre.

Vous me permettrez de saluer la présence, évidemment, de ma collègue Jennifer Maccarone, à ma droite, et de celle qui est à la source de ces informations-là — je vais lui céder la parole — ma collègue Marwah Rizqy. Merci.

Mme Rizqy : Bonjour, tout le monde. Merci d'être aussi présents. Ça marque votre intérêt sur ce dossier. Je vais être très claire. Au Québec, tout le monde sait qu'un enfant ne peut pas apprendre le ventre vide, mais il n'y a aucun enfant qui peut apprendre avec la peur au ventre. Et, comme tous les parents, moi aussi, je regarde les nouvelles, puis, à chaque semaine, il y a eu des actes de violence, et ce sont des actes de violence excessivement, là, troublants. Ce n'est pas normal, d'avoir des jeunes qui vont à l'école avec des armes blanches, mais aussi des armes à feu. J'ai été préoccupée.

Nous avons fait 72 demandes d'accès à l'information auprès de tous les centres de services scolaires et commissions scolaires. Et, malheureusement, là, les données que nous avons sont préoccupantes, et je veux qu'on tourne toutes les pierres pour comprendre qu'est-ce qui se passe. Les années de référence sont une année avant la pandémie et la dernière année complète postpandémie, 2020‑2021. Je n'ai pas les réponses aujourd'hui, et c'est pour ça qu'on veut avoir un mandat d'initiative. Est-ce qu'il y a un effet pandémie? Est-ce que c'est le temps d'écran, les jeux vidéo? Est-ce que les parents ont assez de ressources lorsqu'ils lèvent la main, qu'ils disent : Je ne reconnais pas mon jeune? Je n'ai pas ces réponses-là, et c'est ça que je veux avoir comme réponse.

S'il y a un dossier qu'on ne devrait pas faire de partisanerie, c'est celui-ci. S'il y a un dossier qu'on devrait aller au fond des choses, c'est celui-ci. Pourquoi? Parce qu'on doit protéger non seulement les élèves, mais aussi le personnel scolaire. Juste pour vous donner un chiffre, entre 2020 et 2021, environ 500 demandes d'indemnisation à la CNESST pour le personnel scolaire; l'année suivante, 911. Donc, même les enseignants, le personnel de soutien, puis les professionnels de soutien sont aussi touchés par ça. Alors, on parle d'attirer des gens, mais moi, je voudrais... surtout, il faut les garder, notre monde. Alors, on est prêts à prendre vos questions. Et j'espère sincèrement qu'aujourd'hui le gouvernement va dire oui à cette demande de mandat d'initiative.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Vous demandez un mandat d'initiative pour avoir des réponses, mais, on l'a vu, les cas rapportés ont augmenté, la violence, elle est maintenant. Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant, en attendant d'avoir toutes les réponses?

Mme Rizqy : Bien, je ne pense pas qu'on peut faire l'économie de la discussion, au contraire. Là, il y a eu des sommes d'argent qui ont été distribuées un peu partout, mais la vérité, c'est que les chiffres rapportés... ça n'a pas calmé le jeu. Alors, plus rapidement que nous, les élus, on se penche... Puis je suis disponible, ma collègue Jennifer Maccarone est disponible, il y a 90 élus caquistes, on est capables rapidement de faire un mandat d'initiative. Ce n'est pas une question qui va durer deux semaines, un mandat d'initiative, là, c'est quelque chose qui peut se faire très rapidement, là. On convoque les gens, on parle avec le monde, on comprend, on documente, et on trouve des solutions ensemble, collectivement. Et ça ne peut pas être une solution qui émane seulement des élus, elle doit venir aussi de la base, incluant les parents.

M. Bellerose (Patrick) : M. Tanguay, sur les aspirantes infirmières qui vont pouvoir participer aux accouchements, être en salle d'accouchement, on a vu aussi la semaine dernière, là, que M. Drainville voulait faire entrer en classe des aides en services de garde, est-ce qu'on est en train de niveler vers le bas les gens dans les services publics pour pallier la pénurie?

M. Tanguay : Écoutez, nous sommes face à une pénurie de main-d'oeuvre. Ça fait cinq ans, là, qu'on dit au gouvernement que ce n'est pas une bonne nouvelle. Moi, je n'irai pas taper sur la tête de celles et ceux qui veulent venir aider dans nos réseaux, mais, chose certaine, les responsables là-dedans, aussi, c'est l'administration gouvernementale. François Legault ne peut pas se désincarner des non-décisions qu'il a prises. Alors, quand, effectivement... Puis vous parliez de l'exemple des services de garde, un dossier excessivement préoccupant. Nous ne devons pas, justement, je vais reprendre votre expression, niveler par le bas la qualité des services. Nous devons nous assurer que les services essentiels sont donnés, oui, et donnés en qualité. Maintenant, il faudrait d'abord... François Legault, il arrête de dire que la pénurie de main-d'oeuvre, c'est une bonne nouvelle. Il faudrait qu'il ait une vision, un plan. Puis on peut parler des infirmières également. Quand on dit que les délais d'attente ont explosé et les pauvres infirmières qui sont à bout, les infirmières, bien, quittent le réseau pour aller pratiquer ailleurs ou quittent la profession carrément.

M. Bellerose (Patrick) : ...plus de gens de l'immigration pour combler des postes?

M. Tanguay : Pénurie de main-d'oeuvre, l'immigration, c'est un des aspects. Si vous parlez à certaines associations, ils vont dire que ça peut aussi osciller entre 15 % et 23 % de la solution. C'est un élément important. Et, pour ça, bien, le gouvernement doit mieux faire également.

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce que vous pensez, M. Tanguay, du fait que les solidaires, hier, se soient abstenus, là, sur la motion?

M. Tanguay : Je pense qu'on voit bien que Québec solidaire est assis sur la clôture. Quand vous entendez Sol Zanetti, à Québec, Sol Zanetti, qui a été chef d'Option nationale, résolument séparatiste, quand Sol Zanetti dit : C'est épouvantable, la Constitution canadienne, c'est épouvantable la Charte canadienne des droits et libertés, puis, pour lui, du jour au lendemain, là, il ne voudrait plus être assujetti à la Charte canadienne des droits et libertés, ça, c'est un discours. Puis, quand vous voyez Gabriel Nadeau-Dubois, dans les circonscriptions de Montréal, notamment dans Saint-Henri-Sainte-Anne, dire : Bien, écoutez, il faut respecter les droits et libertés, il faut respecter la charte canadienne, on est là pour tout le monde, ils sont assis sur la clôture. Alors, hier, on l'a quasiment physiquement vu, Québec solidaire assis sur la clôture, ne pas avoir d'opinion sur un dossier excessivement névralgique qui fait rage depuis plusieurs jours maintenant.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que c'est possible peut-être juste de... Parce que Mme Maccarone est là. Est-ce que c'est possible peut-être juste de revenir sur la séquence, là, sur votre tweet pour essayer juste de comprendre un peu? Parce que, bon, hier, M. Tanguay parlait d'une communication d'équipe. Est-ce que... Comment ça fonctionne, quand vous prenez des positions comme ça sur les réseaux sociaux? Est-ce qu'il y a une procédure qui est définie?

Mme Maccarone : Habituellement, oui. Puis évidemment j'ai agi trop rapidement, trop tôt, sans avoir une information complète, puis c'est pour ça que j'ai porté mes excuses à la population. Puis j'espère que les gens vont voir que j'étais vraiment sincère. J'ai fait une erreur, et, pour ceci, je suis profondément déçue en moi-même, et j'espère que la population va être reconnaissante de ça. Ce n'est pas de mon habitude d'être sur la place publique pour des telles affaires. Alors, je suis 100 % derrière mon chef, 100 % derrière la position que nous avons prise comme parti politique, et vous avez mes assurances que je veux faire tout en mon possible pour éviter que ça se reproduise.

M. Bellerose (Patrick) : ...dans votre tweet initial, est-ce que vous n'étiez pas du tout au courant de ce que Mme Elghawaby avait écrit dans le passé? Pourquoi est-ce que vous avez parlé d'un manque d'humanité de la part du gouvernement Legault?

Mme Maccarone : Peut-être c'est aussi une question de la façon que je l'ai formulé. Comme je dis, encore une fois, une erreur de mon côté, c'est ce...

M. Bellerose (Patrick) : Vous n'étiez pas du tout au courant de ce que Mme Elghawaby avait écrit?

Mme Maccarone : Non. J'étais au courant, mais peut-être pas au courant en entier du dossier. Ça fait que c'est pour ça que je prends ma part de responsabilité dans ça. On peut dire que c'était une erreur de communication, de procédure, une question de peut-être agir trop tard dans une journée et de ne pas lire en entier une revue de presse. Alors, c'est pour ça que je dis : C'est de ma responsabilité aussi. Je ne peux pas passer le puck pour dire que c'est les autres, c'est moi qui aurais dû agir puis peut-être parler plus avec mes collègues pour s'assurer que la position que j'avais prise, c'était la position du parti.

M. Bellerose (Patrick) : Mais vous étiez au courant qu'elle avait dit que les Québécois avaient un sentiment antimusulman en majorité et ça ne vous a pas choqué? Vous n'avez pas considéré que ça la discréditait pour le poste?

Mme Maccarone : Les informations que j'avais reçues, ce n'était pas de cette façon. Ça fait que, moi, ma lecture de la situation, c'était plus comme, comme on avait reçu l'information, Mme Bochra Manaï dans le passé. Puis c'est sûr, de qui je suis comme personne, je veux toujours donner la chance au coureur. Moi, mon aspiration pour la madame en question, c'est qu'elle apporte ses excuses. C'est quand même un rôle qui est essentiel et très important. Alors, je ne veux pas nier ça, puis je ne veux pas changer où on est rendus en ce qui concerne la lutte contre le racisme et l'islamophobie.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous trouvez, Mme Maccarone, que le gouvernement Legault manque d'humanité envers les musulmans?

Mme Maccarone : Je dirais qu'ils doivent être conséquents avec leurs propres actions. C'est un gouvernement qui a dit que le racisme systémique n'existe pas. Ils ont adopté la loi n° 21. Alors, est-ce qu'ils peuvent en faire plus en ce qui concerne la lutte contre le racisme et l'islamophobie?

M. Laforest (Alain) : Mais ma question, c'est : Est-ce qu'il manque d'humanité? Parce que mettons de côté Ottawa, là, moi, je veux avoir le sens profond de votre pensée, là, est-ce que vous trouvez que le gouvernement manque d'humanité envers les musulmans?

Mme Maccarone : Je dirais qu'ils auraient pu agir autrement en ce qui concerne le dossier. Je pense qu'ils auraient pu agir avec une... de donner l'opportunité à la madame de s'excuser, puis de dire qu'eux aussi ils reconnaissent que le rôle est important, au lieu de dire rapidement que oui... Peut-être on peut lui donner une occasion de s'excuser, de donner le contexte. Tout de suite, ils ont demandé sa démission.

M. Bergeron (Patrice) : Quand un député tweete chez vous, est-ce qu'il doit consulter le caucus avant, ou comment ça fonctionne, là?

Mme Maccarone : Je pense, c'est du cas par cas, ça dépend c'est quoi, la situation.

M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi, selon vous, le gouvernement a opté pour réclamer la démission d'emblée plutôt que, justement, là, d'opter pour la voie que vous auriez privilégiée, vous?

Mme Maccarone : Je ne pourrais pas répondre pour le gouvernement. Je pourrais dire que, peut-être, eux... Je ne fais pas partie de leur caucus, ça fait que je ne pourrais pas prendre les explications pour...

M. Bellerose (Patrick) : Vous citez la loi n° 21 parmi les choses qui font que le gouvernement a une attitude déplorable envers les musulmans. Pourtant, votre parti ne propose pas de la retirer directement, on propose juste d'enlever la clause dérogatoire. Vous êtes...

M. Tanguay : Là-dessus, si vous permettez, là-dessus, projet de loi n° 21, on a voté contre. Et je vais vous donner un exemple, là, qui devrait être mis de côté aujourd'hui, là : l'interdiction de port de signes religieux pour les enseignantes et enseignants, primaire et secondaire. Pour nous, c'est notre position. Alors, ça, ça a été mis dans la loi. Et il y a la clause dérogatoire, vous m'avez déjà entendu là-dessus, qui passe la gratte sur tous les droits de toutes les Québécoises et les Québécois. Ça, ça ne passe pas la rampe chez nous.

M. Bellerose (Patrick) : La position du parti pourrait changer advenant l'élection d'un nouveau chef? Est-ce qu'on pourrait proposer de retirer carrément la loi n° 21? Parce que, là, Mme Maccarone, clairement, n'est pas à l'aise avec cette loi-là. Ce n'est pas juste une question de clause dérogatoire, c'est une question...

M. Tanguay : Oui. Indépendamment de la chefferie, puis je ne répondrai pas à une question hypothétique, la laïcité, c'est important au Québec, là. Je veux dire, le fait qu'il n'y ait pas de prosélytisme, autrement dit, qu'une personne qui travaille pour l'État québécois, quelle que soit sa fonction, ne profite pas de son poste pour faire la promotion ou dénigrer une religion, ça, le prosélytisme, là, évidemment, c'est un principe fondamental, la laïcité de l'État. Nous en sommes maintenant dans la façon de le faire. La loi n° 21 va beaucoup trop loin et suspend l'entièreté des droits et libertés de tout le monde. Ça n'a pas de bon sens.

Mme Lévesque (Fanny) : La position du Parti libéral sur l'affaire de Mme Elghawaby — c'est la première fois que je le dis — est-ce que ça a suscité beaucoup de remous au sein du caucus libéral?

M. Tanguay : C'est une question qui nous a choqués en voyant les propos qui ont été tenus, et nous avons rapidement voulu avoir des explications, des excuses, qu'elle fasse amende honorable. Et, pour revenir sur ma collègue Jennifer, moi, quand j'ai accordé les entrevues hier matin, là, c'était encore le temps des excuses. Je veux dire, ça fait des jours qu'elle le sait, ça fait des jours que les intervenants le savent, pas d'excuse, pas d'explication. C'est pour ça que nous, on a voté clairement en faveur de la motion, de dire : Bien, rendu là, là, «this is it», si vous me permettez l'expression.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que le gouvernement s'est servi de ça comme moyen de diversion, selon vous?

M. Tanguay : Écoutez, moi, je ne ferai pas comme le collègue de Québec solidaire, là, faire diversion sur la diversion, là. C'est un dossier important. Québec solidaire, qu'il ait une position là-dessus. Qu'il arrête à être aux abonnés absents, Québec solidaire, là-dessus. Encore une fois, Québec solidaire est assis sur la clôture. Gabriel Nadeau-Dubois, il est pro, peut-être, droits et libertés de la charte canadienne, mais Sol Zanetti, vous lui poserez la question. Sol Zanetti, est-ce qu'il est en faveur de la Charte canadienne des droits et libertés? Puis vous poserez la question à Gabriel Nadeau-Dubois. Lui, est-ce qu'il est en faveur de la Charte canadienne des droits et libertés? J'aimerais ça qu'on leur pose la question clairement. Je ferme la parenthèse.

M. Robillard (Alexandre) :  ...sur cet aspect-là, là, quand vous dites c'est la diversion sur la diversion?

M. Tanguay : Non, c'est le collègue de Québec solidaire qui dit : On ne devrait pas parler de ça. Aïe! Allo! Ça fait des jours, une semaine qu'on ne parle que de ça, entre autres. Et de dire : On ne devrait pas parler de ça, on devrait parler des autres enjeux... Il y avait comme un malaise chez le collègue de Québec solidaire quand il a dit : Le gouvernement fait diversion. Moi, je ne suis pas en train d'accuser le gouvernement de faire diversion. C'est un dossier important.

M. Robillard (Alexandre) : Mais vous vous dites qu'il fait diversion sur cette ligne de fracture là ou sur autre chose?

M. Tanguay : Il fait diversion sur le fait que c'est un malaise chez Québec solidaire que des questions de droits et libertés. Québec solidaire, je veux dire, n'est pas cohérent, est incohérent sur les questions de droits et libertés. Gabriel Nadeau-Dubois, est-ce qu'il est pour ou contre la Charte canadienne des droits et libertés? Sol Zanetti, est-ce qu'il est pour ou contre la Charte canadienne des droits et libertés? Alors, quand vous voyez un député de Québec solidaire dire : On ne devrait pas parler de ça, circulez, il n'y a rien à voir, désolé, on va en parler.

M. Denis (Maxime) : Sur Hydro-Québec, est-ce que le navire est à la dérive? On voit des départs, on voit les barrages qui doivent être réparés ce matin. C'est notre société d'État, c'est un joyau au Québec. Qu'est-ce qu'on en pense?

M. Tanguay : C'est très préoccupant. C'est très préoccupant. Puis je vois la situation... je ne sais pas si «dégradée» est trop fort, mais dans les derniers mois, dernières semaines. Moi, j'étais porte-parole de l'opposition officielle lors des crédits, mars, avril de l'année dernière, ça ne fait même pas un an, mars, avril 2022. J'avais Sophie Brochu devant moi qui venait répondre à toutes nos questions sur le plan stratégique d'Hydro-Québec. Aujourd'hui, même pas un an après, exit Sophie Brochu, exit le numéro deux d'Hydro-Québec, exit la présidente du conseil d'administration. Et le plan stratégique d'Hydro-Québec, qu'en est-il? On pourrait peut-être même dire «exit», parce qu'il devait y avoir un travail de réflexion. Même à ce moment-là, Sophie Brochu, le 26 mars dernier, 2022, elle disait : Ça va nous prendre une jasette nationale, parce que, là, faut prioriser, il faut décider du quoi puis du comment de nos priorités.

Encore une fois, l'énergie, c'est notre économie. Puis l'énergie et l'économie, ce n'est pas le portefeuille privé de M. Fitzgibbon. Il doit y avoir une vision. Puis, quand je dis portefeuille privé, je fais référence au fait qu'il ne peut pas décider seul dans son bureau à portes closes. Nous devons participer à ces décisions-là. Quand j'entends M. Fitzgibbon dire : Bien, on en a pour à peu près 22 000 ou 24 000 mégawatts, de demandes de projets, on va en prendre la moitié, puis c'est moi qui décide, on ne connaît pas les critères, écoutez, oui, vous avez raison. Excusez ma longue réponse, mais c'est un sujet qui me passionne, parce que ça touche l'économie, puis notre force économique, puis la force de la nation québécoise comme une nation francophone. Aussi forte sera notre économie, aussi forts serons-nous comme une nation francophone. Tout ça pour dire que c'est un joyau, Hydro-Québec, et là, de plus en plus, là, on dirait que le joyau est malmené.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce qu'on peut parler d'une crise, M. Tanguay? Est-ce qu'on peut parler d'une crise à Hydro-Québec?

M. Tanguay : Moi, je pense qu'on peut clairement parler d'un manque de gouvernail. On manque de plan de route. Hydro-Québec, si vous êtes... Puis là, ils vont nommer, imaginez-vous, dans ce contexte-là, une ou un P.D.G. Quelle sera la feuille de route? Est-ce que la feuille de route, c'est dire : Ah! appelez le ministre Fitzgibbon? C'est-u de ça, la feuille de route, pour vous faire dire quoi faire?

M. Robillard (Alexandre) : Justement, concernant le plan stratégique, là, bon, vous avez dit... vous semblez douter du fait qu'il va tenir le coup au changement de P.D.G. Mais donc, hier, on a cru comprendre que ce n'était pas certain que ce serait Mme Brochu qui viendrait en commission parlementaire pour défendre le plan stratégique. Qu'est-ce que vous pensez ça?

M. Tanguay : Je pense que Sophie Brochu devrait pouvoir venir à l'Assemblée nationale. Moi, je pense que Sophie Brochu aimerait ça. Je pense que ce n'est pas... On l'a vu, hein, Mme Brochu, là, c'est une femme excessivement compétente, qui n'a jamais reculé face à des demandes d'information. Elle a beaucoup, bien communiqué, elle a bien géré et bien administré. Ça a été une bonne, Sophie Brochu, P.D.G. d'Hydro-Québec.

M. Robillard (Alexandre) : Le ou la prochain P.D.G. pourra défendre le plan stratégique qui a été élaboré par Mme Brochu, ou si c'est virtuellement impossible?

M. Tanguay : Le plan stratégique, dès qu'il avait été déposé par Mme Brochu, elle le disait : Il est incomplet, il faut définir d'autres pans du plan stratégique. Je peux vous donner un exemple : les énergies de proximité, la production de l'énergie de proximité, le solaire un peu plus local, et ainsi de suite, c'était tout un pan qui restait à définir. Je vous donne ce seul exemple-là. Qu'est-ce qu'on fait avec l'éolien? Qu'est-ce qu'on fait avec les autres sources d'énergie? Pendant ce temps-là, on passe de pas de barrages à un barrage, 13 barrages, puis on est en lien avec Terre-Neuve par rapport à l'entente qui termine en 2041.

M. Robillard (Alexandre) : ...P.D.G. va pouvoir mettre ces morceaux qui manquent là dans l'équation, là?

M. Tanguay : Bien, je vous dis, le prochain P.D.G., là, quand il va faire ses entrevues d'embauche, là — c'est peut-être commencé à l'heure actuelle, là... Normalement, quand vous êtes employé, vous devez avoir une feuille de route. Je veux dire, il n'y en a pas, de feuille de route, là.

M. Robillard (Alexandre) : ...le plan stratégique?

M. Tanguay : Le plan stratégique, il demeure à définir, il y a des pans majeurs qui demeurent à définir. Et M. Fitzgibbon à toutes les semaines nous arrive avec de nouvelles orientations, et ça, c'est un manque de vision. C'est pour ça qu'on demandait une commission... une discussion nationale sur notre avenir énergétique. Puis on ne l'a pas.

M. Laforest (Alain) : Quel type de cadre ça prend à la tête d'Hydro-Québec, votre modèle à vous?

M. Tanguay : Ça prend quelqu'un qui est capable d'assumer un leadership positif, évidemment, une personne excellente gestionnaire. Mais un leadership positif, ça veut dire de s'assurer d'avoir les coudées franches, d'avoir un mandat clair. J'espère que la personne qui va prendre le poste de P.D.G. ne l'acceptera pas sans un mandat clair et sans avoir toutes les coudées franches, parce que le P.D.G. d'Hydro-Québec n'a pas à se rapporter à toutes les semaines au ministre Pierre Fitzgibbon.

M. Bergeron (Patrice) : Vous avez des antennes, probablement, dans Hydro-Québec. Qu'est-ce que vous avez comme échos du climat...

M. Tanguay : Je n'ai pas d'échos à vous partager ce matin.

Mme Lévesque (Catherine) : On voit ce matin que la mairesse Plante signe une lettre ouverte parce qu'elle demande... elle estime que c'est préoccupant, là, qu'on procède à l'agrandissement de Maisonneuve-Rosemont par phases. On a appris ça récemment. Elle demande au gouvernement de nous présenter un plan clair sur l'échéancier puis les travaux à venir. Qu'est-ce que vous en pensez, que la mairesse ressente ce besoin-là d'exprimer publiquement sa position?

M. Tanguay : Je souscris à la demande de la mairesse. Ce sont des demandes d'avoir des plans clairs. On parle de la violence dans nos écoles ce matin, là. Il faut documenter l'enjeu puis ça va prendre rapidement un plan clair. Dans le dossier de l'agrandissement de Maisonneuve-Rosemont, nous avions, avant de quitter le pouvoir, un plan clair d'agrandissement. Il a été revisité à la baisse par le gouvernement caquiste, et là il y aurait une première phase puis une deuxième phase. Le besoin de première ligne, d'avoir un hôpital Maisonneuve-Rosemont avec le nombre de lits suffisant, on l'a vu dans la pandémie, c'est nécessaire. Vous ne pouvez pas faire ça comme si vous faites une catalogne, par pièces puis vous ajouter des pièces. Vous devez avoir... Alors, les intervenants sur le terrain le disent, là : La phase II, on ne sait pas quand, on ne sait pas comment, on ne sait pas quoi. Et, oui, ce sont des investissements majeurs, mais au fur et à mesure que le gouvernement pellette par en avant puis ne réalise pas le projet, non seulement ce sont des coûts qui explosent, mais ce sont des patients qui n'ont pas accès aux services.

Mme Lévesque (Catherine) : Donc, il aurait intérêt à décaisser le montant global en une seule phase? Ça, ça serait possible, 4,2 milliards?

M. Tanguay : Il aurait intérêt à avoir un plan global maintenant, clair, puis qu'on se mette à l'ouvrage puis qu'on le fasse, parce que, plus il retarde, plus il tergiverse... Puis ça, c'est typique, c'est typique des grands projets qui ne se réalisent pas sous le gouvernement Legault. Puis je pourrais vous parler de la ligne bleue, je pourrais vous parler du REM de l'Est, je pourrais vous parler de l'enjeu de mobilité dans la région de la Capitale-Nationale, hein? Avec l'obsession du troisième lien, pendant ce temps-là, il y a un enjeu de mobilité auquel il ne répond pas.

M. Grillo (Matthew) : Ms. Maccarone,can we just ear you on the tweet and the backtrack that happened after that, what sort of went into that and what happened?

Mme Maccarone : It was a tweet that went out too soon. It was an error in communication on my part, and that's why I deleted the tweet and apologized for the position that I had made. I'm 100% behind the position of our party leader as well as our caucus. So, I hope that the population will accept my sincere apologies. It was an error on my part for not having completed the work that I needed to do on my end, and an error in communication.

Mme Mignacca (Franca G.) : On the data about violence in schools, we're hearing from… some schoolboards saying that they changed the way that they report data and that could account for part of this increase that they're seeing. Why is this such a concern for you? And why now?

Mme Rizqy : Because, every week, we see on television, on the medias so many acts of violence. And, for myself and for the Québec Liberal Party, it's not normal to have kids going to school with a hammer, with a knife, with a gun. It's not normal. Not only the numbers had exploded, but the level of dangerosity is so dramatic for me and for my party. So, that's why we need to understand what is going on with those young kids, why they need to bring a knife, a hammer, or a gun in school, why we have so many kids taking their iPhones and filming someone being beat up instead of helping someone else. I don't know, I don't have the answer, but I need to understand what's going on so we can actually do something to improve the safety in school, not only for the students but also for the staff.

M. Grillo (Matthew) : What was the statistic, or number, or piece of information that shocked you the most in these findings that you made?

Mme Rizqy : Well, I have here the numbers: centre scolaire des Mille-Îles, they had 2,500 in 2018‑2019, and 2021, 4,000. It's almost the double. If you go… It's not only, like, in the Greater Montréal, it's also, like, Beauce-Etchemins, 400 to 900, almost the double again. Even les Îles-de-la-Madeleine. Îles-de-la-Madeleine, là, I love «les îles», but five cases to 47 cases, that's a lot. And again, it's not only the numbers, it's also what we see in the media. For me, for the Liberal Party, it's something that we need to address right now before it gets worse. Thank you.

Mme Mignacca (Franca G.) : Mr. Tanguay, if I can hear you on the open letter from Valérie Plante. In Maisonneuve-Rosemont, what can be done at this point to speed up work? 

M. Tanguay : I think that we need to have a government assuming its leadership with respect and to have, in that case again, a plan, a complete plan, and to make the work done. Again, going by phases, phase I, phase II, and we're not clear with respect to what will be the final outcome of phase II, and we don't even know what will be the end result of the whole project… We have to see that there's a need, and it needs to be address as soon as possible. When we left the Government in 2018, we had a plan to increase the capacity of the hospital, but the Government decided to revise this. And now we see that the project doesn't go ahead. We don't see any end results. And, at the end of the day, this is… I'm thinking about the patients, «les patients», who are not receiving the proper care, and that's very, very concerning.

Mme Mignacca (Franca G.) : On Ms. Elghawaby, you said that your party is against Bill 21, but you did vote in favor of the CAQ's motion yesterday. Can you explain that?

M. Tanguay : Yes. It's two different things. «Laïcité de l'État», this is a very important principle, and we have to make sure that «l'État» will stay «laïc». The Bill 21 goes way too far, and, for instance, with respect to the notwithstanding clause, we already voiced our position on this. And, with respect to Mrs. Elghawaby, I think that having not receive any excuses from her part, I think that's it, I think she is not the right person for that very important position.

M. Authier (Philip) : Is your position on the notwithstanding clause is the same as it was when Mrs. Anglade was here?

M. Tanguay : Yes. We were against the use... that use of...

M. Authier (Philip) : Mme Anglade said she would not renew it. Is that still your position?

M. Tanguay : Yes, of course. Absolutely. Absolutely. The way the CAQ, they are using notwithstanding clause, we are against it. You cannot set aside everyone's every right. This is not right. 

M. Grillo (Matthew) : Time has run out for Ms. Elghawaby?

M. Tanguay : Yes. Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 31)