(Huit heures trente-deux minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Bon début de journée. Vous l'avez vu comme moi hier, à la période de
questions, mon collègue Gabriel a questionné le premier ministre s'il allait
finalement accepter d'avoir une commission parlementaire sur le plan
stratégique d'Hydro-Québec. Parce que, vous le savez, ça fait depuis mars
dernier qu'on exige de pouvoir avoir une discussion sur ce plan stratégique là.
Bien, hier, ce qu'on a vu, c'est que, dans
les faits, la CAQ a accepté qu'il y ait une commission parlementaire, mais elle
nous a clairement dit que Mme Sophie Brochu ne serait pas là. Après avoir
accepté cette commission parlementaire qui est fondamentale pour les Québécois
et Québécoises pour comprendre Hydro-Québec, sa vision, développement de l'énergie — les
enjeux énergétiques, c'est des enjeux qui concernent les Québécois et
Québécoises, Hydro-Québec, c'est notre société d'État — alors, après
avoir dit oui à Gabriel, bien, ils ont refusé une motion de mon collègue,
Haroun Bouazzi, qui demandait clairement cette commission avec la présence de Mme
Brochu. Donc, le message est clair, on ne l'aura pas.
Pourquoi la CAQ refuse systématiquement,
depuis un an, qu'on puisse regarder ce plan d'action là avec la présence de Mme
Brochu? C'est sûr qu'il y a des questions qui se posent. Cette résistance-là
nous pose des questions. Est-ce que, dans les faits, la CAQ a peur qu'on
apprenne les vraies raisons du départ de Mme Brochu? Je ne sais pas. Hier,
Gabriel disait : Il y a anguille sous roche. À mon sens... Bon, hier, on
voyait la démission d'un vice-président, aujourd'hui, on apprend qu'on pourrait
faire beaucoup mieux en matière de production de mégawatts mais qu'on ne le
fait pas, pour toutes sortes de raisons. On aimerait ça. C'est essentiel pour
le Québec, parce que la transition énergétique exige que tout le monde soit à
bord, et, pour ça, ça veut dire de la transparence. Et nous, ce qu'on sent, à Québec
solidaire, là, c'est de la résistance de la part du gouvernement caquiste pour
avoir accès à cette transparence, pour qu'ensemble on puisse faire des choix de
société pour les 60 prochaines années. Je laisserais Alex... Alexandre vous
parler.
M. Leduc : Ah! Alex, c'est correct.
Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver. Tous les gens qui ont écouté
Le bye-bye cette année se rappellent de l'excellent sketch sur les bébés
qui travaillent à la pataterie avant d'entrer au CPE, parce que ce sketch-là,
il était exagéré, mais justement il était drôle et il mettait le doigt sur un
vrai problème au Québec, et ce problème-là, c'est le travail des enfants. Avec
la pénurie de main-d'oeuvre, on a de plus en plus recours à des adolescents,
qui vont — jusqu'à parfois même 11 ou 12 ans — travailler
dans plusieurs domaines, surtout la restauration et le commerce de détail.
Notre législation québécoise est très en retard par rapport à d'autres
législations canadiennes. Le ministre avait demandé, hein, aux patronats et aux
syndicats de se concerter, d'arriver avec un consensus pour pouvoir intervenir,
faire une intervention législative. C'est une bonne procédure, là, de demander
aux patronats, aux syndicats de trouver des consensus comme ça. Et le rapport
du CCTM, qui est le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, propose
de limiter le nombre d'heures par semaine et de fixer à 14 ans l'âge minimal
légal pour travailler. Il y aura des exceptions, on les attend, probablement
quelque chose comme le gardiennage, l'arbitrage, les productions théâtrales ou
cinématographiques, des choses qui font consensus.
Or, alors que le ministre est en train de
faire ses dernières révisions de son projet de loi, j'ai appris qu'en coulisses
les associations patronales tirent la couverte de leur bord et exigent du
ministre une exception de taille à rajouter dans la liste que je vous ai
mentionnée, soit l'industrie complète de la restauration et du commerce du
détail. Eux, ils disent que des tâches légères, ce n'est pas si grave que ça, c'est
moins dangereux. Sauf que l'hôtesse de restaurant qui a 12, 13 ans, qui
accueille les clients, qui va les placer et qui va donner un verre d'eau, par
exemple, on pourrait dire : C'est une tâche légère, c'est moins grave, on
peut travailler en bas de 14 ans. Mais qu'est-ce que vous pensez qu'il va se
passer le jour où est-ce que le cuisinier ne rentre pas, le plongeur ne rentre
pas, et que le patron lui dit : Pourrais-tu aller donner un coup de main
en cuisine? Pourrais-tu aller donner un coup de main à la plonge? Qu'est-ce qui
va se passer? Elle va aller les faire, ces tâches-là, elle va les faire, ces
tâches dangereuses là, même si, théoriquement, dans sa fonction, elle n'est pas
supposée de les faire. Donc, il y a des maudites limites à tirer la couverte de
ce bord-là, du côté du patronat.
La CNESST nous dit en plus que la majorité
des accidents concernant les enfants sont dans ces deux industries, je répète,
l'industrie de la restauration et du commerce du détail. Et voulez-vous bien me
dire à quoi ça va servir de mettre un âge minimal à 14 ans d'un bord si,
ensuite, on met une exception pour permettre à des jeunes de continuer à
travailler dans des endroits qui causent des problèmes qui étaient la raison
pour laquelle on voulait faire une intervention puis limiter l'âge à 14 ans?
Donc, ce n'est pas compliqué, on est en train de redonner par la main droite ce
qu'on venait juste de retirer par la main gauche. C'est le chien qui se mord la
queue. Si le ministre cède au patronat, son projet de loi ne servira à rien et
ne vaudra même pas l'encre sur laquelle il a été imprimé. Merci.
M. Robillard (Alexandre) : Selon
vous, Mme Massé, qu'est ce que ça cache, le fait que M. Legault laisse planer un
doute sur la participation de Mme Brochu à l'étude du plan stratégique?
Mme Massé : Bien, c'est clair
que ça nous pose énormément de questions. La transparence, c'est cette capacité
de dire : J'ai confiance en mes affaires, je vais en discuter avec les
autres. Puis le Parlement... c'est à ça que ça sert, une commission
parlementaire. C'est exactement notre responsabilité, comme parti d'opposition,
c'est d'interpeller, questionner, essayer de comprendre.
M. Robillard (Alexandre) : Vous
dites : Il y a anguille sous roche. Ça veut dire que vous la voyez, l'anguille
sous la roche? C'est quoi? Ça veut dire quoi, là, ça? Qu'est-ce que vous voyez
concrètement?
Mme Massé : Ce que je vois, c'est
une Hydro-Québec qui voit sa P.D.G. démissionner en plein milieu d'un mandat.
Ce que je vois, c'est un vice-président démissionner en plein milieu... bien,
pas en plein milieu, mais en cours de mandat. Ce que je vois, ce que j'apprends,
c'est qu'on nous martèle que les projets de M. Fitzgibbon pourraient demander
plusieurs milliers de mégawatts.
M. Robillard (Alexandre) : Ça
vous dit quoi, tout ça?
Mme Massé : Bien, moi, ça me
dit qu'il faut avoir ces gens-là assis, parce que c'est une réflexion qui doit
être collective, la gestion de l'énergie au Québec, puis Hydro-Québec, c'est
notre fierté.
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que le navire est en dérive, en ce moment, à Hydro-Québec?
Mme Massé : Écoutez, ce que
je vois, ce qu'on voit, là, sur la place publique, c'est qu'on n'est pas
capable d'avoir le fond de l'histoire concernant notre gestion de l'énergie,
concernant notre Régie de l'énergie, qui est notre filet de sécurité à nous
tous, Québécois et Québécoises. Et donc Mme Brochu, qui est une femme qui a
fait ses preuves par le passé, si elle a décidé de partir en cours de route, il
y a des raisons pour ça, puis nous, on veut les connaître.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que votre lecture, c'est qu'il y a une crise actuellement à Hydro-Québec?
Mme Massé : Est-ce que notre
lecture, c'est...
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
qu'il y a une crise à Hydro-Québec actuellement?
Mme Massé : Je pense que la
nécessité d'avoir une société d'État, qui va être majeure dans notre transition
pour lutter contre les changements climatiques, la nécessité d'avoir une
société d'État solide, assise sur un plan stratégique entendu par les Québécois
et Québécoises, et non pas qui répond aux aspirations de M. Fitzgibbon... Pour
moi, je ne sais pas si elle est en crise, mais ce que je sais, c'est que je ne
peux pas la laisser partir toute seule, et j'ai envie de savoir, comme
parlementaire, le pourquoi du départ de...
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que vous pensez que c'est un désaveu de la politique de monsieur Fitzgibbon,
ces trois départs-là en cascade?
Mme Massé : Ça soulève des
bonnes questions que j'aimerais bien pouvoir poser, effectivement, aux gens
concernés.
M. Bellerose (Patrick) : Puis
est-ce que, dans la vision mise de l'avant par M. Fitzgibbon, il y a M. Legault?
Parce qu'il parle de décarboner l'économie, on parle d'alimenter les voitures
électriques, on parle de stimuler l'économie aussi. Donc, qu'est-ce qui vous
préoccupe dans cette vision-là?
Mme Massé : C'est
l'utilisation de l'énergie. Quand on voit que notre énergie peut être utilisée
dans des projets extrêmement énergivores, alors qu'on a toute une transition à
faire, bien, il faut se poser la question : Qu'est-ce qu'on veut vraiment?
Qu'est-ce qu'on veut vraiment collectivement? Quand on voit que notre filet
qu'est la Régie de l'énergie perd ses dents une après l'autre, on a envie de
pouvoir se donner les moyens.
Alors, moi, ce que je vous dis, c'est que,
si Hydro-Québec est pour être au service exclusivement de projets qui nous
fragilisent dans notre capacité ici, au Québec, de faire notre transition, pas
juste d'électrifier les transports, mais de faire notre transition, bien, ça
pose des sérieuses questions.
Des voix : ...
Mme Massé : Je m'excuse,
c'est parce que vous gueulez, vous savez que je suis un peu sourde, alors c'est
difficile pour moi. Là, je sais qu'il y a des gens qui veulent des questions,
là. Aidez-moi à vous aider.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que le gouvernement fait du «greenwashing» en présentant tout ça comme pour la
transition, pour décarboner l'économie?
Mme Massé : Ce que je peux
vous dire, c'est que la seule façon de pouvoir répondre adéquatement à cette
question, c'est si je travaille avec les mêmes outils que travaille M.
Fitzgibbon. Actuellement, il n'y a pas de transparence, je ne suis pas capable
de répondre à cette question-là.
M. Robillard (Alexandre) : Justement,
est-ce que le gouvernement cache quelque chose en refusant notamment de dire
clairement si Mme Brochu va venir en commission parlementaire?
Mme Massé : Je ne le sais pas.
Je ne le sais pas. C'est sûr que je soulève la question, puisque ça fait un an
que je lui demande, puisque... Et même le gouvernement, c'était en mars 2022,
avait lui-même accepté par motion d'appeler le plan stratégique. Alors c'est
sûr que ça me soulève des questions. Ça vous en soulève aussi, j'imagine.
M. Denis (Maxime) : Quelles
qualités on recherche chez un prochain P.D.G.?
Mme Massé : Écoutez, je pense
que notre société d'État a besoin d'avoir une ligne franche entre le politique
et cette société d'État là. Ceci étant dit, il y a un plan qui est sur la table,
actuellement, que nous n'avons pas pu, collectivement, critiquer, que... nous
n'avons pas pu, collectivement, soulever les roches pour voir s'il y avait
anguille, et donc je souhaite que la transparence soit une des qualités de
cette personne-là.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
...de maintien des infrastructures à Hydro-Québec. On a vu ça ce matin à
Radio-Canada. Justement, on parle de nouveaux barrages, on parle de nouveaux projets
puis on a derrière nous des problèmes d'infrastructures. Qu'est-ce que vous
demandez à M. Fitzgibbon par rapport à ça?
Mme Massé : Bien,
premièrement, je veux dire, ce n'est pas nouveau, là, la Vérificatrice générale
nous lève ce drapeau-là depuis un bout. Vous savez, des infrastructures
majeures comme celles de production d'électricité, on gagne à les entretenir.
Et, à preuve, ce matin, on apprend qu'on perd du mégawatt en plein moment où il
faut l'acheter ailleurs et qu'il nous coûte la peau des fesses. Que c'est ça,
cette affaire-là? C'est de l'argent qu'on prend pour acheter du mégawatt
ailleurs. Comment ça se fait qu'on ne le met pas dans les réparations qui nous
permettraient de continuer à produire notre propre électricité, de le faire de
façon saine, écoresponsable, puis, en plus, bien, d'engranger de l'argent dans
les coffres de l'État? C'est un mauvais choix économique.
M. Denis (Maxime) : Êtes-vous
à l'aise avec la position d'hier de ne pas avoir pris position sur Mme
Elghawaby?
Mme Massé : Bien oui. Oui,
oui, absolument. Absolument. C'est à dire que je veux juste... de ne pas avoir
pris position... le vote d'abstention, c'est un vote qui indique quelque chose.
Et nous, on a indiqué hier à la CAQ — elle le savait très bien
d'ailleurs, on l'avait dit — que nous, notre première étape, notre
priorité, c'est de rencontrer Mme Elghawaby, mais la CAQ l'a quand même déposé.
On a fait...
Des voix : ...
Mme Massé : Laissez-moi
terminer, s'il vous plaît. On a fait des amendements, qu'elle a rejetés, et
donc, pour moi, notre prise de position d'abstention, c'est notre façon claire
de dire : On va prendre le temps de la rencontrer parce que la lutte à
l'islamophobie, c'est sérieux, et nous, à Québec solidaire, on veut que ce soit
fait aussi sérieusement.
Une voix : ...
Mme Massé : ...monsieur, c'est
parce que...
M. Bergeron (Patrice) : Non,
mais c'est parce que la motion disait «condamne les propos». Vous ne condamnez
pas ces propos-là?
Mme Massé : Bien oui, on les
condamne. On l'a dit clairement hier, et je le répète aujourd'hui, ces
propos-là ne sont pas acceptables, un, parce qu'ils ne sont pas vrais, ce ne
sont pas tous les Québécois, hein, qui considèrent la confession musulmane
comme un danger.
Nous, notre malaise, et on vous l'a dit
hier, c'est que, premièrement, à deux jours... à un jour, même, de la
commémoration... Si vous êtes allé sur le terrain, là, vous le voyez, que les
gens sont profondément blessés, les gens de confession musulmane sont
profondément blessés de ce qui est arrivé, comme les Québécois de toutes
confessions. Moi, ça me blesse aussi, ce qui est arrivé le 29, mais jamais
comme si j'étais une femme musulmane. C'est un peu la même chose quand les
femmes sont tuées, ça vous dérange, les gars, mais jamais comme nous, les
femmes, que ça pourrait être notre prochain tour. On se voit toujours comme
étant le prochain tour. Mais pourquoi demander son retrait maintenant sans
l'avoir rencontrée? Ce n'est pas notre façon de travailler, à Québec solidaire.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que c'est possible juste... j'aimerais ça, préciser un petit peu. La position
du gouvernement, selon vous, face aux propos de Mme Elghawaby, est-ce que
c'est une diversion?
Mme Massé : Je pense que
M. Legault a dit ce qu'il pensait. Je peux-tu vous dire que, le lendemain
de la commémoration de la tuerie de la grande mosquée, ça manquait
définitivement, à mon sens, de sensibilité? Et ce que je veux dire, c'est que
je ne crois pas qu'on vit ça tous de la même façon — et ce que vous
faites référence, bien sûr, c'est aux propos de mon collègue,
Haroun Bouazzi — vous comprendrez qu'on ne vit pas tout ça tous
de la même façon, avec la même sensibilité. Mais nous, là, ce qu'on veut...
Journaliste : ...diversion,
selon vous?
Mme Massé : Je ne pense pas
que c'est une diversion, je vous l'ai dit, je pense que M. Legault a dit
le fond de sa pensée, mais moi, ce que je vous dis, c'est que ça manquait de
sensibilité et que... Et faites juste prendre... à preuve, là, regardez la
revue de presse d'hier, là, et vous allez voir qu'est-ce qui occupe l'espace. Je
ne suis pas sûre que c'est la présence de Mme Brochu.
M. Robillard (Alexandre) : ...Mme Maccarone
avait été obligée de s'expliquer sur son tweet, qui n'était pas tout à fait
aligné, là, avec la position du caucus. Là, M. Bouazzi dit que c'est une
diversion. Vous, vous dites que ce n'est pas le cas. Donc, comment ça
fonctionne, à QS, la procédure pour les tweets? Est-ce que c'est une opinion
personnelle ou ça représente... parce que, là, on est devant des positions
contradictoires sur la notion de diversion.
Mme Massé : Attendez, là,
c'est comme si vous faites... vous prenez un bout de ce que je vous ai dit, là.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
c'est juste pour... votre position.
Mme Massé : C'est parfait.
Moi, ce que je vous dis, un, c'est que la position qu'on a défendue hier, qu'on
défend aujourd'hui, tout le monde au caucus est d'accord. Tout le monde s'en va
dans le même sens. C'est une décision collective, et notre volonté, c'est de
rencontrer Mme Elghawaby. Ce qui s'en vient, O.K., juste pour que... vous ne me
le demandez pas, là, mais elle a accepté de nous rencontrer, comme le Bloc
québécois, d'ailleurs, et ça s'en vient. Ceci...
Journaliste
: Mais ce
qu'on veut savoir....
Mme Massé : Je veux juste
finir de répondre. Je comprends que vous avez tous et toutes vos questions. Et
moi, ce que je vous dis, c'est qu'on n'est pas tous touchés de la même façon.
Je ne suis pas musulmane, je n'ai pas six personnes de ma communauté qui ont
été assassinées.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
l'opposition officielle dit que ce n'est pas une diversion.
Mme Massé : Bien, c'est-à-dire
qu'on ne vit pas tous les choses de la même façon. C'est ça que je veux vous
dire.
M. Laberge (Thomas) : ...savoir,
Mme Massé, c'est qu'au sein de Québec solidaire il semble y avoir des
divisions là-dessus, puis on dirait que la motion d'hier sur l'abstention était
une manière de rallier tout le monde. On cherche les raisons des différends.
Par exemple, M. Sol Zanetti, hier, a dit que la raison pourquoi il
s'était abstenu, c'était par une position indépendantiste, parce qu'il était plus
indépendantiste que les autres, pour garder une indépendance face au Canada.
Là, on a l'impression qu'il y a comme plein de positions au sein de QS par
rapport à Mme Elghawaby, ça fait qu'on cherche à savoir où est-ce que le parti
loge, exactement. Est-ce que c'est parce que vous êtes indépendantiste que vous
vous êtes abstenue, ou est-ce que c'est parce que c'est une diversion, ou
est-ce que...
Mme Massé : Ce qui rallie
notre position, là, depuis hier, c'est de dire : Les propos de Mme
Elghawaby sont inacceptables, on veut qu'elle se rétracte et on veut la
rencontrer pour lui parler de ça. Et là on nous demande de tout de suite
demander sa démission. Non. Non, non, ça, ce n'est pas nous autres, ce n'est
pas de même qu'on marche. On va la rencontrer, et c'est parce qu'on est
féministes, indépendantistes, c'est parce qu'on est qui on est qu'on va dans
cette direction-là. Et c'est fou, parce que cette direction-là, ça m'apparaît
la direction du gros bon sens, celle de prendre le temps de parler aux gens. Et
d'ailleurs le Bloc québécois le fait aussi. C'est la même chose.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
vous ne répondez pas. Est-ce que c'est une diversion? Est-ce que le parti
considère que c'est une diversion ou ne considère pas que c'est une diversion?
Parce que Bouazzi dit que c'est une diversion. Vous, vous êtes en train de dire :
Non, ce n'est pas une diversion. Est-ce que le parti considère que c'est une
diversion?
Mme Massé : Moi, ce que je
vous dis, c'est qu'on ne vit pas tous les choses de la même façon. C'est ça que
je vous dis, et ça, peut être que... Tu sais, je veux dire, on est des humains,
là. On est des humains.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
un parti, ça a de la cohérence, là, je veux dire, on ne peut pas dire deux
affaires.
Mme Massé : Bien, de la
cohérence... Rabrouer des gens parce qu'ils ne disent pas exactement la même
affaire, tu sais... Nous, là, les tweets, là... je ne vais pas voir qu'est-ce
qu'Alexandre va tweeter à tous les jours, là, mais la position que nous
avons...
M. Bellerose (Patrick) : Vous
dites : On ne vit pas tous les choses de la même façon, par exemple, M.
Bouazzi peut le recevoir différemment. Je comprends. Dans quelle façon c'est
acceptable de dire : Les Québécois sont animés, de façon majoritaire, par
un sentiment antimusulman? En quoi vous dites : Les propos de Mme
Elghawaby sont inacceptables, mais ça peut être perçu différemment par un autre
segment de la population?
Mme Massé : C'est le fait
qu'on demande sa démission le lendemain. Je vous dis, ça a manqué de
sensibilité de la CAQ, là. Tout ça s'est passé... Moi, j'étais là, sur le
terrain, dimanche, je vous dis, c'est frappant, c'est frappant. Les personnes
de confession musulmane qui ont vécu ce drame, que... ça a répercuté sur
l'ensemble des Québécois et Québécoises, mais particulièrement les Québécois et
Québécoises de confession musulmane, ces gens-là, là, se sont sentis visés — c'est
clair, il y en a qui sont morts — et, le lendemain, on vous dit... vous
qui êtes Québécois de confession musulmane, on vous dit : Bien, ce que le
Québec... vous qui ne voulez pas «basher» le Québec, au contraire... Étiez-vous
à la mosquée dimanche? Ces gens-là sont des gens de liaison, de pont, ils
veulent qu'enfin on les considère comme des Québécois et Québécoises. Pas
seulement en parole, mais en vrai.
M. Bellerose (Patrick) : Mme
Elghawaby pourrait rester en poste parce qu'il y a eu cet événement-là qui est
terrible? Je veux dire, en quoi ça vient justifier les propos ou le maintien en
poste de Mme Elghawaby, même si l'événement, on s'entend, est atroce? Je ne
comprends pas le lien entre les deux.
Mme Massé : Bien, il y a une
chose qui est sûre, moi, ce qui me fascine, c'est que... tu sais, le «Québec
bashing», ce n'est pas acceptable, on s'entend là-dessus, là, ce n'est
absolument pas acceptable. On veut qu'elle retire ses paroles, on veut qu'elle
se rétracte. Ça, là, je veux le dire, et le redire, et le re-redire, O.K.?
Mais moi, ce que je vous dis aussi, quand
vous essayez de me dire : Oui, mais vous ne dites pas exactement les mêmes
mots... Tant mieux! Vous avez du monde devant vous qui sont des humains, et,
dans ce sens-là, c'est là que la sensibilité, à mon sens, a manqué, du côté de
la CAQ, qui a forcé un vote qu'il savait qu'on allait soit voter contre ou
s'abstenir. Pourquoi? Bien, parce qu'on l'a dit, que nous, la première étape
qu'on voulait, c'était rencontrer et, en plus, souhaiter de la CAQ qu'elle
s'attaque, qu'elle adresse le problème vécu par plusieurs de nos concitoyens,
c'est-à-dire des répercussions, je veux dire, ils vivent de l'islamophobie, et
donc c'est nécessaire, à notre sens, qu'on agisse ici.
M. Denis (Maxime) : La CAQ
manque d'humanisme?
Mme Massé : Écoutez, moi, ce
que je vous dis... il y a une sensibilité qui n'était définitivement pas là.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
vous n'avez pas demandé, par contre... Est-ce qu'il y a deux poids, deux
mesures, ici? Parce que, lorsqu'il y a eu la nomination du Commissaire à la
langue française, Benoît Dubreuil, vous n'avez pas demandé à rencontrer M.
Dubreuil, vous avez tout simplement demandé qu'il soit démis de ses fonctions.
Donc, pourquoi ici vous demandez à la rencontrer, et est-ce qu'il y a deux
poids, deux mesures?
Mme Massé : Bien, on a
demandé à rencontrer M. Dubreuil. D'ailleurs, on l'a rencontré, O.K.?
Mme Lévesque (Fanny) : ...favorable
à sa nomination maintenant?
Mme Massé : On en discute. On
en discute au caucus, ça fait que vous aurez notre réponse sous peu, mais c'est
la même logique. On a rencontré, on n'est pas sûrs, on a des questions à poser.
On a rencontré. Le débat va se faire en caucus, concernant M. Dubreuil.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
vous avez dit, avant sa rencontre, que vous n'étiez pas à l'aise avec cette
nomination-là.
Mme Massé : Bien, c'est
particulièrement avec le processus. Rappelez-vous, M. Legault nous avait
fait... puis peut-être que tu peux en parler plus que moi, en tant que leader,
nous avait déposé cette proposition-là de façon... encore là, comme s'il était
le seul à gouverner.
M. Leduc : À prendre ou à
laisser.
Mme Massé : À prendre ou à
laisser, alors que, dans le fond, c'est une nomination importante, le premier Commissaire
à la langue française. Et, à ce moment-là, il a décidé de la retirer, mais sans
aucune autre démarche. Il est revenu pareil, première semaine d'ouverture. On
se dit : Bien, voyons, M. Legault, ce n'est pas de même qu'on marche,
donnez-nous le temps de le rencontrer.
M. Laberge (Thomas) : Justin Trudeau
aussi impose Mme Elghawaby, il a dit qu'il était derrière elle à 100 %, même si
le Québec demande sa démission. C'est une imposition par le fédéral, et vous
êtes un parti indépendantiste.
Mme Massé : Soyez assuré d'une
chose, moi, ce que je m'attends, c'est qu'au Québec, ici, on s'attaque à la
question de l'islamophobie, qu'on se donne un réel plan d'action, qu'on n'attende
pas après Ottawa. Ça, là-dessus, tout à fait d'accord avec vous, et le caucus
est pleinement aligné là-dessus.
La Modératrice
: Il va
falloir passer en anglais, là, il y a un autre point de presse après. Vous avez
eu à peu près 10 questions, M. Robillard, là.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Bouazzi est d'avis que les propos de Mme Elghawaby constituent du «Québec
bashing», comme vous, c'est ça?
Mme Massé : Dans ces mots-là,
je ne lui ai pas demandé, mais il y a une chose qui est sûre, c'est que, pour
nous, à Québec solidaire, c'est... Il est d'accord avec le fait que les propos
sont inacceptables.
Une voix : ...
Mme Massé : Bon, bien c'est
pour ça que je vous dis...
Une voix : ...
Mme Massé : Parfait. Donc, on
est d'accord qu'ils sont inacceptables.
M. Authier (Philip)
: Did you feel obliged to
abstain on the vote yesterday in order to preserve party unity? Were you
concerned about party unity, given the nature of the subject?
M. Leduc : We didn't feel any obligation at all. We had a discussion in the
caucus and we landed on this position.
M. Authier (Philip)
: Can you explain why you abstained, then?
M. Leduc : Because, of course, there was a part when we wanted to ask Mme Elghawaby
to retract — I don't know if I can say «retract» in English — retract her
thoughts, the things she said, but the other part, on asking for immediate
removal, we thought it was too soon, we wanted to meet her, as the Bloc
Québécois will do in the next hours, I think, or the next days. So, this is not
a process which we were comfortable with.
M. Authier (Philip)
: And do you have a date when you… Mme Massé just said that you will
be meeting her too, do you…
M. Leduc : I'm not aware of the exact date, but soon.
15421 Mme Massé :
We have a yes, I mean, but we haven't found a date yet, I don't think so, no.
It's confirmed.
M. Grillo (Matthew) : What would have to come from that meeting to keep her in her
position or for you guys to come out and say : No, she should leave? I
mean, how would that meeting play out to then have, you know, a firm and final
result from Québec solidaire?
M. Leduc : I think we need to approach it with an open mind. Of course, we'll
ask some details about her thoughts. We're still wanting her to retract, but
when we are having those kinds of conversations, we have to come with open
mind, and let's hope for the better.
Merci beaucoup.
Bonne journée.
(Fin à 8 h 59)