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Point de presse de M. Etienne Grandmont, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Le vendredi 20 janvier 2023, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures deux minutes)

M. Grandmont : Bonjour, tout le monde. Vous connaissez sans doute le fameux slogan de la saucisse Hygrade : Plus elle est fraîche, plus le monde en mange, plus le monde en mange, plus elle est fraîche. Mais l'inverse est vrai aussi, moins elle est fraîche, moins on en mange. Et ça continue comme ça. Bien, c'est exactement ce que le gouvernement est en train de faire avec le transport en commun au Québec. Et je suis là, aujourd'hui, pour demander à Geneviève Guilbault, qui est la ministre responsable du Transport et de la Mobilité durable, de donner un électrochoc aux sociétés de transport pour les empêcher d'être dans une spirale de la mort.

Lundi, Gabriel, notre chef parlementaire, a rencontré le premier ministre et lui a parlé de transport en commun, puis là il ne lui a pas demandé d'appliquer le plan ambitieux de Québec solidaire en transport en commun, il lui a juste demandé le strict minimum, de ne pas réduire l'offre de service dans les sociétés de transport au Québec, bref, qu'on ne recule pas dans le transport en commun en 2023, dans cette période post... ou pandémique, en tout cas. C'est pourquoi on demande aujourd'hui que le gouvernement injecte immédiatement des fonds pour maintenir le service, et ensuite, s'asseoir avec les sociétés de transport pour revoir le mode de financement, qui est désuet, au niveau du transport en commun au Québec. Puis d'ailleurs le gouvernement a, en ses mains, des études, depuis 2019, qui lui donnent une très, très large palette de solutions qui pourraient être rapidement mises en œuvre.

L'achalandage ne revient pas au niveau prépandémique. Il y a une baisse qui est observée dans à peu près toutes les sociétés de transport actuellement. Puis avoir moins de passagers, ça entraîne, évidemment, moins de revenus, et moins de revenus, bien, ça entraîne un service qui est moins bon. Comme à Montréal, où la Société de transport de Montréal, la STM, ne garantit plus son service 10 minutes max sur plusieurs des parcours qu'elle avait développés en ce sens-là. Puis des passages moins fréquents, bien, ça donne un moins bon service. Donc, évidemment, comme je l'ai dit d'entrée de jeu, moins de gens l'utilisent. Donc, la saucisse Hygrade, moins les gens utilisent les transports en commun, moins de revenus pour les sociétés de transport, et on baisse le service en conséquence.

Donc, nos sociétés de transport ont besoin d'un électrochoc. Puis de l'argent pour le transport, il y en a, il y en a, de l'argent actuellement. Le gouvernement a déjà engagé 325 millions dans un bureau de projet pour le troisième lien, un bureau... un projet, en fait, qui n'est appuyé sur aucune étude actuellement. Donc, les autobus, eux, puis le métro, actuellement, ils roulent. Il y a une pénurie d'achalandage, si on peut dire comme ça, donc les besoins sont criants, les besoins sont maintenant, ils sont documentés. Donc, l'argent, là, il faut qu'on le mette au bon endroit, actuellement, au Québec.

François Bonnardel, quand il était aux Transports — c'est le prédécesseur de Geneviève Guilbault — il avait promis de ne pas abandonner les sociétés de transport dans ce contexte, un peu fou, de la pandémie de COVID-19, mais, quand on parle avec la nouvelle ministre des Transports et de la Mobilité durable, ça devient pas mal moins clair. Au salon bleu, à l'automne dernier, j'ai posé ma première question, justement, sur la question du financement des sociétés de transport, particulièrement de la STM, puis Geneviève Guilbault l'avait comme rejeté du revers de la main. Est-ce que le premier ministre François Legault trouve, lui, que c'est acceptable de couper dans le service des sociétés de transport? Visiblement, si sa ministre ne veut pas faire la job, est-ce que François Legault, lui, est d'accord avec ce positionnement-là?

Donc, je le répète, le gouvernement doit donner un électrochoc pour remettre les sociétés de transport sur les rails. Et maintenant, bien, je vais prendre vos questions. Merci.

Mme Côté (Danny) : Est-ce que Geneviève Guilbault n'a pas dit qu'il y avait de l'intérêt pour renouveler le financement, mais peut-être sur une autre méthode? Ce n'est pas ce qu'elle a dit il y a à peu près un mois?

M. Grandmont : Elle a dit qu'elle était prête à s'asseoir avec les sociétés de transports pour revoir le mode de financement. On ne sait pas quand est-ce que ce sera fait, mais il y a un problème actuellement, il y a un problème. On coupe dans le service. On est en train... Les sociétés de transports sont en train de baisser leur offre de service. Et ça, là-dessus, là, Geneviève Guilbault ne veut pas y répondre, ne veut pas aider les sociétés de transport, qui s'engagent de plus en plus. Puis on le voit, là, c'est partout pareil, dans toutes les sociétés de transport. Montréal est la première qui rencontre ce mur-là, mais le besoin, il est présent. Puis cette spirale de la mort, ce cercle vicieux de la baisse des services, on est en train de le voir à Montréal, mais on va le voir ailleurs au Québec.

Il y a des chiffres très intéressants qui sont sortis de l'Association du transport urbain du Québec, l'ATUQ, qui disait que le manque à gagner, pour 2023, serait de 560 millions de dollars, que, pour 2024, il serait de 650 millions de dollars — ça, on parle de budget d'opération, là — et qu'en 2027... ils ont fait des projections sur cinq ans... en 2027, il manquerait 900 millions de dollars pour faire fonctionner nos réseaux de transport en commun. Donc, c'est bien beau dire qu'on va s'asseoir pour essayer de trouver des solutions, mais il y a un problème criant maintenant, et le gouvernement, actuellement, n'y répond pas.

M. Bourassa (Simon) : Le dossier du tramway, M. Grandmont. Le sondage SOM-Le Soleil parlait, un peu plus tôt cette semaine... on voit que l'appui qui, bien, stagne à 44 %, diminue rapidement à 36 % dès qu'on parle de dépassement de coûts, si minime soit-il. Le tramway doit-il se faire à tout prix?

M. Grandmont : Le tramway doit se faire, certainement. Le tramway, c'est un projet dont on a besoin à Québec. C'est un projet dont on discute depuis le début... au moins, le début des années 2000. Il est passé à travers tout le processus pour... qui a permis de démontrer que c'était un bon projet pour Québec. Maintenant, est-ce qu'il faut être inquiets de voir des sondages qui montrent un appui qui n'est pas si élevé que ça? Moi, je ne pense pas.

M. Bourassa (Simon) : Ça ne vous inquiète pas...

M. Grandmont : Ça ne m'inquiète pas, parce que, si on regarde ce qui se passe à l'étranger, toutes les fois où on déploie une première ligne de tramway, les sondages, l'acceptabilité sociale est, tout le temps, relativement basse. D'ailleurs, il y a des reportages très intéressants qui étaient sortis sur un maire d'une ancienne ville où, justement, ils avaient développé du transport en commun, puis c'est ce qu'il disait : la première ligne, il n'y a jamais une acceptabilité sociale très élevée. La deuxième, la troisième ligne, généralement, le taux d'acceptabilité sociale remonte rapidement.

Puis je référerais aussi à un sondage, qui était du Journal de Québec, je pense, en 2018 ou 2019, sur ce projet-là de tramway, puis les gens de Montréal, qui connaissent l'avantage, les avantages d'avoir un bon système de transport structurant dans leur ville, souhaitaient davantage, pour Québec, un tramway que les gens de Québec eux-mêmes. Donc, c'est normal. Quand on a connu une amélioration substantielle du transport en commun, on est très... on est plus facilement engagés ou prompts à être d'accord avec les nouvelles lignes.

M. Bourassa (Simon) : Mais est-ce que les dépassements de coûts, ça menace le projet présentement? Parce que c'est ce que certains disent.

M. Grandmont : Les dépassements de coûts menacent à peu près tous les projets au Québec, là, je veux dire.  Ça va être vrai dans la santé, ça va être vrai sur les routes, ça va être vrai pour le troisième lien, si jamais ce projet-là continue d'avancer. Est-ce qu'on va s'arrêter de construire des hôpitaux au Québec parce que les coûts augmentent? Non, parce qu'on en a besoin, d'hôpitaux au Québec. Est-ce qu'on va s'arrêter de faire un tramway, dont on sait, très pertinemment, qu'on en a besoin à Québec, parce que les coûts augmentent? Non, évidemment.

Il y a une surchauffe, puis ça touche à peu près tous les secteurs d'activité. Puis, évidemment, il y aura des corrections qui se feront, les coûts, selon ce que je comprends aussi, là, vont éventuellement redescendre un peu, là. Mais c'est normal. Donc, il y a l'inflation normale. L'inflation est particulièrement élevée ces temps-ci, avec une surchauffe dans la construction, mais il ne faut pas s'empêcher, finalement, de faire des projets dont on a vraiment besoin.

Maintenant, il y a, je le rappelle toujours, ce besoin très important de répondre à la lutte aux changements climatiques, puis les transports, c'est 43 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Ça, ça, c'est la préoccupation la plus grande qu'on devrait avoir à l'esprit quand on pense au projet de tramway, là.

Mme Côté (Danny) : Mais vous dites ce matin : Il faut financer les réseaux de transport. On sait que les syndicats ont dit : On achète plus d'autobus, c'est difficile de les entretenir. Pour la question de fiabilité aussi des véhicules, est-ce que ça va se répéter avec un tramway, tout ça? En ce moment, on a de la difficulté avec les autobus.

M. Grandmont : Bien, en fait, il y a plusieurs choses, là. D'abord, là, nous, la sortie aujourd'hui, c'est vraiment sur les budgets d'opération, c'est une chose, donc, puis il y a un manque à gagner qui est causé par le fait qu'on a moins d'achalandage. Je le répète, là, à Montréal, les revenus sont importants, là, c'est 50 % des revenus de la STM qui proviennent des usagers. À Québec, c'est 33 %. Mais quand on a une baisse d'achalandage, ça impacte directement le budget d'opération des sociétés de transport. Donc, la sortie d'aujourd'hui porte spécifiquement là-dessus.

Cela dit, votre question est très bonne aussi, mais le tramway a, comme avantage, de baisser les coûts d'opération pour une société de transport. Un tramway, c'est un chauffeur pour beaucoup plus d'usagers qui se déplacent, à l'intérieur. Un tramway, ça veut dire aussi un seul véhicule à traiter par un mécanicien. Bref, c'est beaucoup plus simple. Puis ça baisse les coûts d'opération à long terme, il faut le voir à long terme, là. Mais ça, ça présente beaucoup d'avantages, en termes de coûts d'opération, pour une société de transport.

M. Côté (Gabriel) : Vous l'avez rappelé, M. Nadeau-Dubois a rencontré M. Legault mardi, il lui a présenté cette idée-là d'un financement d'urgence du transport en commun. Est-ce que vous décidez de mettre de la pression aujourd'hui parce que M. Legault, pendant cette rencontre-là, a fermé la porte complètement, puis donc là, vous, quelques jours plus tard, vous êtes fâché puis vous décidez de mettre de la pression sur le gouvernement? Ou est-ce que... Qu'est-ce que François Legault a dit à Gabriel Nadeau-Dubois?

M. Grandmont : Moi, j'aurais vraiment aimé ça être un petit oiseau, une mouche, je ne sais pas quel animal utiliser, mais j'aurais vraiment aimé ça pouvoir... Je pense que j'aurais payé, même, pour assister à cette rencontre-là, ça devait être très relevé. Je n'ai pas eu encore des échos précis, là, de ce qui s'est dit, là, dans le détail, au niveau de la rencontre entre M. Legault et Gabriel, mais ce que j'entends, moi, c'est qu'il y a... il semble y avoir une espèce d'incohérence. D'un côté, il y a quelques années, en 2021, François Bonnardel, lui, disait qu'il n'y avait aucune chance qu'on laisse tomber les sociétés de transport. Mme Guilbault semble plutôt fermée à ça et s'en lave les mains, elle retourne la responsabilité des choix budgétaires ou des choix de budget d'opération aux municipalités, alors qu'ils ont un rôle puis ils ont déjà pris un engagement en 2021.

Donc, la sortie aujourd'hui, elle est surtout motivée par le fait qu'on a un problème maintenant. La STM est en train de couper ses services, le service 10 minutes max est en train de disparaître, et ça, ça ne se fait pas au bénéfice des usagers, qui voient le service diminuer, ça ne se fait pas non plus en cohérence avec l'importance qu'on doit accorder à la lutte aux changements climatiques. On est en train d'aller dans le mauvais sens avec ça. Donc, la sortie est essentiellement motivée par ça, la STM a un problème urgent à régler, au bénéfice des usagers.

Puis, nous, ce qu'on voit, quand on regarde les chiffres, là, qui ont été dévoilés par l'ATUQ, les estimations de l'association pour les transporteurs urbains, c'est qu'on voit que le problème va continuer d'augmenter dans les prochaines années, donc on veut essayer de le régler rapidement, parce que c'est une très mauvaise pente qu'on est en train de prendre, elle est très glissante.

Mme Côté (Danny) : À Québec, je sais qu'ils avaient réussi à boucler, je pense, avec les aides d'urgence, justement, pour la COVID, mais le président, si je me souviens bien, disait que ça allait être des années difficiles aussi.

M. Grandmont : Absolument, c'est la même problématique qu'on va rencontrer partout au Québec. Québec... Puis chaque société de transport a des particularités, là, je vous invite, évidemment, à les voir, là, à aller les rencontrer pour en discuter, là, avec plus de détails, plus de précisions. Mais on sait comment Québec est faite aussi, c'est une ville qui a besoin d'améliorer son service de transport en commun. On sait aussi qu'une bonne part des usagers du transport en commun c'est des gens qui travaillent sur la colline Parlementaire, qui sont des fonctionnaires et qui, à terme, pourraient avoir... pourraient être incités à faire davantage de télétravail. Ça fait que la réalité du transport en commun aussi va beaucoup changer dans les prochaines années, ça pourrait...

Donc, il y a importance non seulement de répondre rapidement, donner une aide d'urgence aux sociétés de transport, mais, en même temps, je le répète, de s'asseoir pour revoir les modes de financement. Je vous le dis, en 2019, il y avait eu une grande... 2018, 2019, j'y avais participé dans mon ancienne vie, il y avait eu une grande consultation organisée sur les enjeux de financement du transport en commun, parce qu'on voyait même avant la pandémie, qu'il y avait des enjeux de financement du transport en commun. Beaucoup de cet argent-là vient de contributions qui sont prélevées à même, tu sais, de taxes sur l'essence, par exemple, les produits pétroliers servent... il y a une taxe qui est là-dessus qui sert à financer le transport en commun, puis, avec l'électrification des transports, on voyait, éventuellement, une baisse des revenus pour financer le transport en commun. Donc, il y avait déjà cette réflexion-là.

Et le gouvernement a, entre les mains, une étude, depuis 2019, mais a décidé de ne rien faire, en plus, avec la pandémie qui est venue s'ajouter. Ils n'ont rien fait avant la campagne électorale, mais il faudra leur demander, eux, pourquoi ils décident de ne rien faire avant une campagne électorale. Mais ils ont déjà des documents, des études qui montrent qu'il y a un paquet de bonnes solutions à mettre en oeuvre pour s'assurer de revoir convenablement et durablement le financement des sociétés de transport.

C'est bon pour tout le monde? Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 14)

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