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Point de presse de Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle, et de M. Denis Trottier, porte-parole de l'opposition officielle en matière de forêts

Version finale

Le mercredi 22 février 2012, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures quatre minutes)

Mme Marois: Voilà. Merci beaucoup, Marie. Je suis effectivement accompagnée de Denis Trottier, député de Roberval et surtout porte-parole en matière de forêts et de foresterie.
Depuis des mois, Jean Charest n'a d'intérêt que pour son plan marketing du Nord. C'est un plan marketing qui vise à faire oublier l'héritage économique désastreux du gouvernement libéral. N'en déplaise à M. Charest, nous connaissons au Québec un endettement record, un déficit commercial record et un taux de chômage record. Les travailleurs de la forêt et leurs familles sont parmi les plus grands perdants. Au total, ce sont plus de 60 000 emplois, 60 000 personnes qui ne travaillent plus dans le secteur forestier depuis l'arrivée de Jean Charest au pouvoir. Les travailleurs de la forêt sont les grands oubliés du plan marketing du Nord de M. Charest.
Aujourd'hui, plus d'une cinquantaine de maires venant de partout au Québec étaient avec nous et voulaient rencontrer le gouvernement pour faire part de leur exaspération. Avec les fermetures d'usines, les pertes d'emplois liées à la forêt qui se multiplient, les régions veulent plus qu'un plan marketing. Un gouvernement du Parti québécois mettra en oeuvre un véritable plan de relance de l'industrie forestière. Nous avons d'ailleurs des solutions concrètes à proposer pour faire de cette ressource renouvelable une priorité et une source de fierté nationale.
Nous proposons de lancer d'abord un vaste chantier sylvicole pour doubler la valeur et la production forestière au cours des 25 prochaines années. Nous devons préparer l'avenir. En reboisant nos forêts, nous serons à même de protéger véritablement notre ressource, garantir des emplois à des centaines de travailleurs, et ce, dans presque toutes les régions du Québec. Nous proposons d'adopter une véritable charte du bois pour favoriser la deuxième et la troisième transformation et évidemment l'utilisation du bois dans les constructions gouvernementales, paragouvernementales ou publiques. À cet effet d'ailleurs, le Parti québécois a déjà déposé un projet à l'Assemblée nationale pour favoriser l'utilisation du bois québécois dans la construction.
Cette mesure aidera l'industrie à diversifier sa production. Un gouvernement du Parti québécois mettra en place un régime d'épargne forestier permettant aux travailleurs et aux citoyens d'investir dans des entreprises. Nous soutiendrons la recherche et le développement ainsi que les activités d'innovation des entreprises oeuvrant dans le secteur forestier. Nous mettrons aussi sur pied un programme de valorisation et de soutien de la connaissance de la forêt, de la culture forestière, de la formation et des métiers liés à la forêt et à l'industrie forestière.
En terminant, les Québécois doivent réaliser que le Canada de Stephen Harper a littéralement abandonné l'industrie forestière, alors qu'il n'a pas hésité à injecter 10 milliards de dollars dans l'industrie de l'automobile, en particulier en Ontario. Devant cette situation, qu'a fait Jean Charest? Il a tout simplement détourné les yeux. Ça démontre à quel point nos intérêts sont mal servis par le gouvernement fédéral de M. Harper. Il est temps d'ailleurs de redresser l'échine. Un gouvernement du Parti québécois redonnera ses lettres de noblesse à l'industrie forestière. Denis.

M. Trottier: Oui. Bien, pour continuer dans ce sens-là, c'est qu'il faut savoir que le Québec est d'abord... Le Québec est d'abord et avant tout un immense territoire forestier. Il s'est développé à partir de cette industrie-là. On a occupé le territoire grâce à l'industrie forestière, et je pense que c'est encore un fer de lance de l'économie.
C'est sûr qu'il y a des transformations importantes qui doivent se faire. Nous, on va dans ce sens-là. Il faut être conscients qu'il y a des nouveaux produits qui doivent apparaître. Moi, j'ai fait le tour d'à peu près tous les centres de recherche du Québec, j'ai rencontré les chercheurs qui me disent qu'il y a plein de nouveaux produits. Ils m'ont montré des nouveaux produits sur lesquels ils travaillent, qui seront prêts dans cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans. Ce qu'ils me disent, c'est que le bois, c'est... la fibre de bois, c'est l'or vert qui va remplacer l'or noir qu'est le pétrole, et qu'il faut absolument maintenir la recherche et soutenir les investissements là-dedans.
Présentement, même les industries qui ont des bons brevets ne peuvent pas rien faire parce que les banques ne veulent pas prêter, il n'y a pas de soutien de l'État, l'État n'y croit pas. Rappelez-vous que le premier ministre lui-même a dit aux travailleurs forestiers qui recherchaient de l'aide: Allez travailler dans les mines. Finalement, c'est que, pour M. Charest, il n'y a que les mines qui comptent.
Et, en fin de semaine dernière, j'ai assisté à un congrès, le congrès de l'Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles, qui portait sur la question du Plan Nord et de la forêt. La conclusion, c'était qu'il n'y a pas de place pour la forêt dans le Plan Nord, malheureusement. Et c'est totalement inacceptable parce qu'il y a plus de 50 % de la forêt québécoise qui est située dans le Plan Nord. Mais, pour M. Charest, ça ne compte pas.
Bien, nous, pour nous, ça compte, la forêt, et c'est dans cet esprit-là qu'on vient en appui à tous les maires du Québec qui sont venus ici ce matin, qui ont fait preuve de courage, parce que ce n'est pas toujours évident, là, de venir dire au gouvernement: Tu ne fais pas bien ton travail. Bien, nous, on les admire parce que ces gens-là font leur travail, ils défendent leurs communautés, ils défendent leur industrie puis ils croient dans l'avenir, puis il faut faire passer le message, M. Charest, que c'est essentiel pour le développement de l'ensemble des régions du Québec. Je vous rappelle que, même à Montréal, il y a 10 000 emplois qui est relié au monde forestier.

Mme Marois: Merci beaucoup, Denis.

La Modératrice: M. Journet.

M. Journet (Paul): MM. Généreux et Tremblay demandent 150 millions par année pour les cinq prochaines années. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette position-là?

Mme Marois: Nous n'avons pas, nous, évalué les coûts. Nous le ferons éventuellement, ça va de soi, puisque ce sont des engagements que nous prenons. Et est-ce que c'est de l'ordre de 150 millions que ça exigera? Moi, je crois que, si ça devait exiger des sommes aussi importantes, il faut être capables de voir à soutenir cette industrie de façon significative.

M. Journet (Paul): A priori, ça vous semble raisonnable comme demande?

Mme Marois: A priori ça me semble raisonnable. Évidemment, il peut s'agir de mesures d'investissements qui, à ce moment-là, n'émargent pas au même budget que des mesures, par exemple, de garanties de prêts ou autre chose que des mesures de dépenses qui émargent plus à un autre budget. Mais, moi, je crois que c'est un ordre de grandeur qui apparaît assez raisonnable, à ce moment-ci.

M. Bergeron (Patrice): Est-ce que l'industrie n'est pas en train de demander à l'État de jouer...

Mme Marois: Je vais juste ajouter quelque chose à ce que votre camarade, votre collègue a demandé. C'est assez fascinant qu'on demande un investissement de 150 millions par année, alors que le gouvernement a la prétention d'avoir investi des milliards de dollars - hein, c'est bien ça, Denis, je ne me trompe pas - des milliards de dollars. Où sont-ils allés ces milliards de dollars? D'ailleurs, le gouvernement ne nous a donné aucun chiffre quant aux sommes réellement investies dans le secteur forestier. Excusez-moi.

M. Bergeron (Patrice): Ça va, pas de problème. Est-ce que l'industrie n'est pas en train de demander à l'État de faire un rôle que les banques refusent elles-mêmes de faire? Les banques refusent d'avancer de l'argent, comme le disait M. Trottier. Est-ce que le gouvernement doit prendre un risque tel que de financer des entreprises qui sont en pleine transition, à des risques élevés?

Mme Marois: Bien, moi, je crois que c'est justement le rôle d'un État que... On n'a pas à être comme une banque, puisque les banques sont là pour faire des prêts dans des circonstances x. Souvent, le gouvernement va devoir intervenir à un moment du processus de l'investissement pour justement prendre un risque plus grand parce qu'on veut innover et, quand on innove, on prend parfois des risques. Mais si on choisit bien les projets, moi, je crois qu'on peut sortir gagnants de ça. Et le gouvernement doit parfois se substituer, je ne dis pas que c'est la règle, mais il doit parfois le faire dans des conditions particulières et c'est... seul le gouvernement peut assumer ce rôle-là, puisque justement les banques ne le feront pas.

Des voix: ...

Mme Marois: Un peu comme... un peu comme le capital de risque, hein? Vous savez très bien, à certains moments de la naissance d'une entreprise, s'il n'y a pas de capital de risque de disponible, l'entreprise ne naîtra pas. Et il n'y a pas d'institutions financières qui sont prêts à le faire. D'ailleurs... qui sont prêtes à le faire. D'ailleurs, vous avez vu le gouvernement annoncer à moult reprises des fonds pour soutenir l'innovation, pour soutenir l'investissement, mais probablement qu'ils ne sont pas suffisamment intéressants, parce qu'ils ne s'investissent pas.

M. Trottier: Peut-être je voudrais rajouter un petit élément, c'est qu'il y a des choses qui ne coûtent rien. Si le premier ministre prenait fait et cause pour le monde forestier au lieu de dire aux travailleurs: Allez travailler dans les mines, ça donnerait confiance à des étudiants qui sont dans les écoles, dans les cégeps, dans les universités. Ça donnerait confiance au monde bancaire qui dirait: Bien, si le gouvernement y croit, nous autres aussi. Mais là le message, c'est que le gouvernement n'y croit pas.
Puis, moi, je rêve du jour où le premier ministre va prendre une scie mécanique, va couper un arbre en direct à la télévision, puis qu'il va dire: Je viens de poser un geste écologique parce que je viens de capter le carbone qu'on va utiliser dans des meubles, dans des planchers, etc. Il faut que le premier ministre... comme on le fait dans en Finlande. Le premier ministre en Finlande, il fait des discours passionnés sur la forêt. Avez-vous déjà entendu le premier ministre faire un discours passionné sur la forêt? Jamais. Je pense qu'il faut au moins qu'il y ait un signal de l'État comme de quoi que, l'industrie forestière, c'est quelque chose qui a de l'avenir.

Le Modérateur: Josée Thibeault.

Mme Thibeault (Josée): Ce matin, M. Gignac a laissé entendre qu'il y aurait quelque chose dans le budget pour les forestières. Je ne sais pas de quel ordre ça pourrait être. Et il a dit aussi que le nouveau régime forestier serait prêt après le plan, le rapport Beaulieu, donc au mois de mai.
Est-ce que vous considérez que ce sera trop peu trop tard, et que le Québec sera... est déjà en retard et qu'on a déjà abandonné les gens de la forêt?

Mme Marois: Bien, le Québec est déjà très en retard. On l'a abandonné, le secteur forestier, depuis cinq ans, où il n'y a aucun geste significatif qui se pose. Même, je dirais, depuis le début du mandat de M. Charest, on a littéralement baissé les bras.
Quand Ottawa annonce qu'il va investir 10 milliards dans l'industrie de l'auto puis qu'il annonce presqu'en même temps, c'est il va mettre 170 millions dans l'industrie de la forêt, bien, je me dis: Le gouvernement aurait dû pousser les hauts cris, aurait dû faire des démarches, aurait dû se manifester d'une façon très significative. Il ne l'a pas fait.
Il nous a annoncé une série de mesures qui étaient souvent de l'improvisation, et on n'a jamais eu le résultat concret de ces budgets qu'ils ont rendus disponibles. Dans certains cas, ils ont rendu des budgets disponibles justement pour, par exemple, la machinerie forestière avec... en offrant les mêmes taux que la banque à côté, alors que l'entreprise ou le travailleur autonome avait besoin d'un coup de pouce pour être capable de passer au travers.
Donc, moi, je crois qu'il est tard pour faire ça. Tant mieux s'il y a quelque chose cependant parce qu'au moins le cri d'alarme aura été un peu entendu par ce gouvernement, mais j'ai l'impression que l'échéancier électoral aidant.

Mme Thibeault (Josée): Justement, en parlant d'échéancier électoral, est-ce que ce n'est pas un peu électoraliste de votre part, puisque la clientèle des régions, c'est une clientèle traditionnelle pour le Parti québécois?

Mme Marois: Je vous rappellerai que nous y croyons à la forêt depuis longtemps, que, déjà, il y a quelques années, on avait pris position, entre autres, sur... L'exemple de la charte du bois est un très bel exemple de ça. On a déposé un projet de loi à l'Assemblée nationale. Alors, ce que je vous dis aujourd'hui, c'est que ce projet de loi, il deviendra une réalité lorsque nous formerons le gouvernement.
Les annonces que je fais aujourd'hui, ce sont des annonces, ce sont des propositions qui sont déjà à notre programme, mais on voulait les mettre en lumière aujourd'hui parce qu'il y a la présence de ces municipalités, il y a cette volonté que nous avons de répondre aux attentes des citoyens et citoyennes qui vivent dans les régions et qui crient au secours.

M. Caron (Régys): Mme Marois, vous dites... vous parlez de l'État levier. Comment éviter l'écueil, là, que j'évoquais avec la FQM ce midi, à savoir l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis? Vous connaissez le contexte qui a eu cours, là. Comment éviter l'écueil des réactions intempestives des Américains, pour empêcher...

Mme Marois: Bon. Je crois... Il faut respecter les accords que l'on a signés, ça va de soi, mais il y a souvent des mesures que nous pouvons prendre et qui ne sont pas couvertes par les accords, entre autres, toute la question de la recherche et du développement des produits innovants, la formation de la main-d'oeuvre. Il y a plusieurs mesures que nous pouvons prendre et qui ne vont pas à l'encontre de ces accords. Et, moi, je crois qu'on peut avoir assez d'imagination à cet égard. Les Américains en ont pas mal aussi.

La Modératrice: En anglais, s'il vous plaît.

Journaliste: Oui, moi, sur un autre sujet, par exemple.

La Modératrice: Sur le sujet du jour...

M. Bergeron (Patrice): Qu'en est-il du geste posé par le maire de Lebel-sur-Quévillon, là, aujourd'hui, là, qui... en Chambre.

Mme Marois: Bien, écoutez, bien, dans le fond, moi, je rendais hommage à M. Lemoyne parce que... vous savez que je l'ai appelé d'ailleurs. Au lendemain de l'annonce de cet investissement à Lebel-sur-Quévillon, je l'ai appelé parce qu'il y a quelques... ça fait cinq ans, vous savez, que Domtar est fermée. Je suis allée à deux reprises à Lebel-sur-Quévillon, j'ai rencontré les gens de la mairie, j'ai rencontré les travailleurs, j'ai rencontré des représentants des entreprises. Ils étaient désespérés. Et, moi, c'est un hommage que j'ai rendu à M. Lemoyne ce matin.
S'il y a eu ensuite un investissement supporté par le gouvernement - je le reconnais, voyons, je ne suis pas aveugle et sourde, hein, je le reconnais - mais, si M. Lemoyne n'avait pas tenu le phare, n'avait pas fait la bataille, le gouvernement du Québec les avait abandonnés. Je m'excuse, là, mais c'est ça, la réalité. Puis je suis allée, comme je vous dis, à quelques reprises, j'ai été en contact régulièrement. Luc Ferland, qui est notre député, sait les batailles que M. Lemoyne a menées. C'est de bonne guerre que le gouvernement dise: On a investi. Oui, après que, lui, se soit arraché le coeur pour aller chercher un investissement.

Mme Plante (Caroline): So, Mme Marois, in English. On photo radars, do you think that each city should have full control over the photo radars on its territory like the Montréal Mayor was saying this afternoon?

Mme Marois: We agree with this orientation, with this position, but I don't know if we are not... if we agree with the possibility to use the money by the city. We think the money has to go in prevention, in road security. So, it is important for us. So, we agree with the position of the Government.

Mme Plante (Caroline): And the fact that there will be more photo radars in the future, that, you agree...

Mme Marois: I don't have a problem with that, if it is not an excess. But, I think also we don't have... we have the responsibility to increase the resources, the police resources because that is not enough to implement photo radars.

M. Duboyce (Tim): But the Government, I mean, has the Charest Government given enough assurances that they're not going to turn these devices into, you know, a ticket machine, a cash cow? Have they given those assurances to you and to the public?

Mme Marois: I hope they will give this assurance, because I disagree if they used that as source of money for the Government. That is not the goal. The goal is to prevent accidents, to do the prevention, and the money which comes from the tickets will have to be invested in security on the road.

La Modératrice: Dernière en anglais.

Journaliste: Non. C'était la même chose.

Mme Marois: C'est la même chose? Merci, bonne fin de journée. Merci, Denis. Excuse-moi, je ne te volerai pas tes affaires. O.K.

(Fin à 14 h 19)

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