(Neuf heures vingt minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. C'est un moment émotif, pour moi, ce matin, parce que c'est la
dernière fois de la législature que, Manon et moi, on prend, ici, la parole. Et
aujourd'hui on le fait pour faire notre bilan. Le 3 octobre prochain, c'est
les Québécoises et les Québécois qui vont faire leur bilan des quatre dernières
années.
On est au milieu de la pire crise de l'inflation
en 30 ans. Le 500 $ de François Legault, ça fait déjà longtemps qu'il
est dépensé, les familles le savent. François Legault, lui, il pense que la job
est faite et il a été clair : il ne donnera aucune aide de plus aux
Québécois, aux Québécoises d'ici la prochaine élection, ça ne l'intéresse pas.
La CAQ, ce n'est plus le parti du portefeuille des familles. La CAQ, c'est
devenu le parti des obsessions de François Legault : la Louisiane, l'immigration.
Moi, je pense que les Québécois ont d'autres priorités.
Cet hiver, ce printemps, c'est Québec
solidaire qui s'est imposé comme le parti du coût de la vie. C'est Québec solidaire
qui parle pour les gens qui n'arrivent pas à la fin du mois, qui doivent couper
ailleurs pour payer le loyer, l'épicerie, les factures. C'est des familles, c'est
des aînés, c'est rendu la classe moyenne qui étouffe. Nous, on a entendu les
Québécois, les Québécoises. Nous, on a des solutions concrètes pour aider les
gens. La CAQ fait du patchage, la CAQ patche les crises comme on patche des
nids-de-poule au Québec. Ça ne marche pas, ce n'est pas sérieux, on ne peut pas
patcher la crise du coût de la vie.
On ne peut pas patcher non plus la crise
climatique. François Legault a peur de débattre, avec nous, d'environnement, il
ne veut pas défendre son bilan, il n'assume pas son échec environnemental. Le
plus grand échec de François Legault, c'est la crise climatique.
Tout ça, c'est la preuve de quoi? Bien, c'est
la preuve qu'on a besoin de sang neuf à l'Assemblée nationale. On ne peut pas
laisser le Québec entre les mains de politiciens qui ont baissé les bras, on ne
peut pas faire ça. On a besoin d'une nouvelle vision, on a besoin d'une
nouvelle équipe, on a besoin d'un nouveau projet de société.
Mme Massé : Merci.
Merci, Gabriel. Bonjour, tout le monde. Si vous vous demandez ça fait quoi, une
différence de 10 députés solidaires à l'Assemblée nationale du Québec, eh
bien, regardez de quoi on a parlé depuis quatre ans, de quoi se parle ici
depuis quatre ans.
Si Québec solidaire n'était pas là, jamais
on n'aurait entendu parler de la crise du logement au Parlement du Québec. Mon
ami, Andrés, n'a pas attendu, lui, que ça pète de partout, que ça aille mal.
Depuis le jour un qu'il est dans cette enceinte, Andrés s'est battu contre les
rénovictions, contre les hausses abusives du coût des loyers. On a tiré sur la
sonnette d'alarme sans cesse. Et aujourd'hui on a réussi à faire reconnaître à
la CAQ qu'il y a une crise du logement au Québec.
L'environnement, bien, la CAQ essaie de
mettre ça sous le tapis, ne veut surtout pas qu'on en parle trop. Puis je peux
comprendre, avec le bilan qu'ils ont. Mais Québec solidaire est le chien de
garde en matière environnementale à l'Assemblée nationale du Québec. Laissez-moi
vous dire une chose, ce gouvernement-là, il n'aurait jamais bougé pour
interdire les hydrocarbures sur le territoire si nous n'avions pas été là. Main
dans la main avec les citoyens, Ruba Ghazal, ma collègue de Mercier, a passé
deux ans à se battre contre le mégaprojet mégapolluant de GNL Québec. Bien, c'est
une bataille qu'on a gagnée. Main dans la main avec les gens de Québec, Sol et
Catherine ont gagné la longue bataille du tramway. La CAQ a abandonné les gens
de Québec. Une chance qu'il y avait Sol et Catherine ici, sur le terrain, et
les gens le voient, le reconnaissent.
Je pense aussi à ma collègue de l'Abitibi-Témiscamingue,
Émilise Lessard-Therrien. Je pense que les gens sont contents, dans son coin de
pays, d'avoir une députée comme Émilise parce qu'elle s'est battue, sans arrêt,
pour les soins de santé, le transport interurbain, les services offerts à sa
population, la qualité de l'air dans sa région. Émilise, en fait, ce n'est pas
juste une fille qui a représenté son comté, elle a porté les préoccupations de l'Abitibi-Témiscamingue
au grand complet, mais plus que ça, je dirais, de toutes les régions du Québec.
Et elle a réussi à se faire respecter pour tout ça.
Du respect, mon collègue, Alexandre Leduc,
mon collègue, Alexandre Leduc, en a pas mal gagné, pas mal gagné avec ses
combats pour la santé et la sécurité au travail et le droit à la déconnexion
des travailleurs et travailleuses. En fait, lorsqu'il est question des
travailleurs et travailleuses, Alexandre répond toujours présent, puis aussi
pour l'est de Montréal.
En santé, Vincent, oui, Vincent, là, il a
fait un boulot extraordinaire, extraordinaire. Il a été à l'écoute des soignantes
sur le terrain. Peut-être que, si la CAQ avait plus pigé dans son Plan respect,
bien, on n'en serait pas là où nous en sommes présentement. Puis honnêtement,
là, une chance que Vincent ne lâche pas le morceau sur, notamment, les
scandales éthiques de Pierre Fitzgibbon parce que, sinon, ça aurait peut-être
passé dans le beurre.
De mémoire de féministe, ça fait longtemps
qu'on n'a pas autant entendu parler des femmes en politique. Puis honnêtement
c'est grâce à des femmes comme Christine, Christine Labrie. Christine, c'est
l'une des députées les plus appréciées au Parlement. Et Christine est une
alliée infatigable pour les gens de l'éducation, pour les gens des services de
garde. Et, en fait, elle est une voix très forte pour sa génération, puis ça, bien,
ça me rend fière.
Alors, si vous vous demandez qu'ossa donne — comme
disait un de nos humoristes — qu'ossa donne, Québec solidaire à
l'Assemblée nationale, bien, ça donne qu'on parle enfin des jeunes, de
l'environnement, du logement, du coût de la vie qui ne cesse d'augmenter, de
nos relations avec les Premières Nations, de santé mentale. Bref, tout ça,
François Legault ne veut pas en parler. Bien, ça tombe mal, parce que, qu'il le
veuille ou non, il va devoir débattre avec mon co-porte-parole, Gabriel
Nadeau-Dubois.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. J'ai beaucoup de chance de travailler avec toi. Ça fait deux ans
qu'on... ça fait quatre ans qu'on est ici, ensemble, on a fait ça à deux, c'est
ce qui fait notre force. Puis on est arrivés en 2018, tout était à construire
ici, au Parlement, pour Québec solidaire. Et je suis tellement, tellement fier
de ce qu'on a construit.
Nous autres, on part en campagne la tête
haute, on est fiers de notre bilan dans l'opposition. La CAQ bat tous les
records d'arrogance et de cynisme, mais, en voyant ça, il y a beaucoup de gens
qui perdent confiance dans la politique. Les députés solidaires que j'ai
derrière moi, là, eux autres, ils redonnent confiance en la politique. Et c'est
pour ça que, partout où on va, ces jours-ci, sur le territoire du Québec, nos
salles sont pleines. Avec eux, on va présenter 125 candidatures à leur
image, la meilleure équipe que Québec solidaire n'a jamais présentée, la seule
équipe capable, vraiment, de changer le Québec.
La campagne va commencer, je ne suis pas en
mesure de vous dévoiler toute notre plateforme électorale, ce matin, mais je
peux déjà vous faire une première promesse : François Legault n'aura pas
un été facile. Qui a déstabilisé François Legault dans les dernières années? C'est
Québec solidaire. Qui a talonné la CAQ sur le coût de la vie? C'est Québec
solidaire. Qui est le parti le plus crédible en environnement? C'est Québec
solidaire. C'était vrai pendant la session parlementaire, ce sera vrai tout au
long de la campagne électorale.
La vérité, c'est que personne ne va
l'avoir facile, moi non plus. Mais, quand je regarde mon équipe, j'ai confiance
comme jamais. Donc, au plaisir de se recroiser cet été sur le terrain et cet
automne en campagne électorale. Merci, tout le monde.
La Modératrice : Merci
beaucoup. On va prendre vos questions au micro, une question et une
sous-question, en vous présentant, s'il vous plaît.
Mme Prince (Véronique) : Bonjour.
Véronique Prince, Radio-Canada. Québec solidaire a comme explosé en début de
mandat, mais là on dirait que vous êtes sur un plateau. Qu'est-ce que ça va
vous prendre? Qu'est-ce qui vous manque pour exploser encore plus? Qu'est-ce
qui vous manque?
M. Nadeau-Dubois : Depuis
le début... En fait, ce qui nous manque, c'est une campagne électorale. Ce qui
nous manque, c'est une campagne électorale parce que, depuis le début de notre
histoire, on a amélioré nos résultats durant les campagnes électorales. Il y a
quatre ans, là, à notre bilan de fin de session, en 2018, les analystes nous
donnaient une poignée de comtés, tous à Montréal, puis tout le monde disait :
Vous ne sortirez jamais de Montréal. On l'a fait. Vous ne ferez jamais élire de
députés, vous autres, dans une circonscription rurale. On l'a fait. Donc, moi,
je suis très confiant non seulement qu'on va conserver notre belle équipe des 10,
mais qu'on va également faire des gains dans les prochains mois.
Mme Prince (Véronique) : Je
pense que ça fait 10 ans, à peu près, que vous existez, c'est... En tout
cas...
Mme Massé : 2008...
M. Nadeau-Dubois : Ça
fait une quinzaine d'années maintenant.
Mme Prince (Véronique) : Bon.
Est-ce que vous êtes à un point tournant? Ça passe ou ça casse à la prochaine
élection? Est-ce que vous êtes à un point tournant?
M. Nadeau-Dubois : Depuis
15 ans, là, chacune de nos élections a été un point tournant. Le premier
point tournant, c'est : Ils vont-u être capables, ce monde-là, de faire
élire un député? On l'a fait. Le deuxième point tournant, ça a été : Ils
vont-u être capables d'en faire élire un deuxième? On l'a fait. Oui, là, Amir
et Françoise, c'est bien, mais la troisième, Manon Massé, en plus, elle est un
peu spéciale, on va-t-u être capables de la faire élire?
Mme Massé : On l'a fait.
M. Nadeau-Dubois : On
l'a fait élire. Puis, en 2018, c'était : Oui, O.K., c'est bien beau, là,
le premier trio, mais, en dehors de Montréal, ça ne marchera jamais, en dehors
de la ligne orange, ça ne marchera jamais. On l'a fait. Donc, pour un parti comme
nous, qui n'est pas un parti de l'establishment politique, chaque élection est
un point tournant. À chaque élection, il faut se battre pour faire notre place.
Puis c'est encore ce qu'on va faire cette année.
Mme Prince (Véronique) : Ce
n'est pas la croisée des chemins, c'est ce que vous êtes en train de me dire?
M. Nadeau-Dubois : C'est
une des nombreuses croisées des chemins sur le chemin qui est celui de Québec
solidaire, parce qu'on a toujours à faire face à des vents de face. L'histoire de
Québec solidaire, là, c'est quoi? C'est l'histoire de gens qui ont le vent dans
la face, que tout le monde pense que ça ne marchera pas, leurs affaires, puis
qui finissent par y arriver parce qu'on a les valeurs à la bonne place puis
parce qu'on travaille comme personne d'autre durant les campagnes électorales.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
bonjour. Moins de 10 sièges, c'est-u une défaite pour vous?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je ne fais pas des campagnes électorales pour faire des épluchettes de blé
d'Inde, je fais des campagnes électorales pour gagner. Donc, on veut conserver
nos 10 circonscriptions puis on veut faire des gains. Trop tôt pour
donner, aujourd'hui, un chiffre précis, mais notre objectif, c'est d'avancer,
puis d'avancer pour vrai durant la prochaine campagne électorale.
Journaliste : Mme Anglade
vient de nous donner un chiffre précis avec 63.
M. Nadeau-Dubois : Bien oui,
j'ai vu ça.
Journaliste : Je vais quand
même m'essayer, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, j'ai
vu qu'elle a fait ça.
Journaliste
: Est-ce
que vous pensez que c'est réaliste?
M. Nadeau-Dubois : Bien oui,
bien oui. Moi, je pense qu'il est trop tôt pour donner des chiffres. La
campagne n'est pas commencée, il est trop tôt pour donner des chiffres à ce
stade-ci. Mais nous, on ne fait pas ça pour participer, là, ce n'est pas la
ligue de hockey communautaire, là, je veux dire, on est là pour gagner. Donc,
on veut faire des gains, on veut conserver nos 10 circonscriptions puis
faire élire la plus grande équipe qu'on n'a jamais eue à Québec solidaire.
Journaliste : Bien que vous
soyez là pour gagner, mais, de façon réaliste, comment vous accueilleriez une
position d'opposition officielle dans une prochaine législation?
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce
que je veux, c'est qu'on avance. Si on est l'opposition officielle, c'est un
pas vers l'avant, c'est certain.
M. Laforest (Alain) : Bonjour.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : C'est
quoi, le pire piège, pour vous?
M. Nadeau-Dubois : Le?
M. Laforest (Alain) : Pire
piège.
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que le piège, pour nous, ce serait de penser que, parce qu'on a été la
meilleure opposition, les gens vont, par magie, voter pour nous. Moi, je ne
prends rien pour acquis. Il faut qu'on mérite chacun des votes. Il faut qu'on
mérite chacune des circonscriptions qu'on va aller gagner. On ne prend rien
pour acquis, on va travailler superfort. Mais l'avantage qu'on a, nous, c'est
qu'on a les idées claires. On sait où est-ce qu'on s'en va, on connaît notre
projet.
M. Laforest (Alain) : Parlant
d'idées claires, vous avez pris une prise de position qui est passée
difficilement à l'intérieur de votre parti, c'est d'appuyer la réforme de la
loi 101. Il y a des militants, là, qui s'en sont plaints. Ça, est-ce que
ça va vous nuire durant la campagne?
M. Nadeau-Dubois : Il y a des
débats, à Québec solidaire, sur bien des choses. Il y en a eu là-dessus. Puis
vous suivez nos instances depuis assez longtemps pour savoir que ce n'est pas
la première fois qu'on a des débats à l'interne, à Québec solidaire. Moi, je
regarde vers l'avant. Puis notre message pour les Québécois, il est clair :
On va garder ce qu'il y a de bon dans le projet de loi n° 96, le français au
travail, au Québec, c'est important, puis on va corriger les erreurs de la loi
n° 96.
M. Laforest (Alain) : ...la
question. Je ne veux pas refaire le projet de loi, il est adopté, le projet de
loi, là.
M. Nadeau-Dubois : Exact, il
est adopté.
M. Laforest (Alain) : Moi, je
vous dis : Est-ce que ça va vous nuire, cette prise de position là? Est-ce
qu'il y a des gens qui vont vous quitter parce que vous avez appuyé François
Legault?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que, notre position, dans ce dossier-là, elle est nuancée puis elle est
responsable. C'est une position où on dit : Oui, le français, c'est
important au travail, mais pas en pointant du doigt les immigrants puis pas en
oubliant les langues ancestrales des peuples qui étaient là, avant le peuple
québécois, sur notre territoire. C'est une position nuancée, raisonnable, on va
l'expliquer, puis je pense que c'est la bonne position.
Journaliste : Bonjour à tous.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Journaliste
: On ne
peut pas s'empêcher de remarquer que Mme Dorion n'est pas présente
aujourd'hui.
M. Nadeau-Dubois : Oui, en
effet.
Journaliste : Là, si on
regarde la séquence des événements, à la base, tout le monde se représentait. Finalement,
elle ne se représente plus. Il y a eu une mésentente, à un moment, sur le
transport en commun, troisième lien, dans la région de Québec... Bien, en tout
cas, vos réponses n'étaient pas toujours...
M. Nadeau-Dubois : C'est ce
que M. Legault pense, qu'il y a eu un désaccord. Il n'y en a pas eu.
Journaliste : Vos réponses
n'étaient pas toujours alignées. Les journalistes aussi, on a remarqué que les
réponses n'étaient pas toujours...
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
Journaliste : On a remarqué,
nous aussi, que les réponses n'étaient pas alignées, à l'époque. Ce que je veux
savoir, c'est : Est-ce qu'il y a une bisbille avec Mme Dorion? Est-ce
qu'il y a une chicane? Parce que, là, clairement, elle n'est pas ici pour cet
événement.
M. Nadeau-Dubois : On aurait
bien aimé que Catherine soit là aujourd'hui. En fait, elle a déjà un peu
transitionné vers son nouveau rôle, celle de militante de terrain pour Québec
solidaire. Elle est en tournée en Gaspésie en ce moment. Et vous allez la voir
aux côtés de Manon, à mes côtés, aux côtés de nos candidats, candidates de la
région de Québec durant la prochaine campagne électorale.
Journaliste : M.
Nadeau-Dubois, vous vous apprêtez à demander aux Québécois de faire de vous le
prochain premier ministre. C'est le rôle que vous allez demander. Comment vous
allez faire pour expliquer à l'électeur moyen qui ne vous a pas vu depuis
quatre ans, autant au salon bleu, qui n'a pas observé de près votre travail,
comment vous allez faire pour faire le pont entre l'image du leader étudiant de
2012 et celui qui aspire à premier ministre l'an prochain?
M. Nadeau-Dubois : La
première chose que je vais faire, c'est aller les voir. Je vais passer l'été
sur le terrain à rencontrer les électeurs, à rencontrer les électrices, à leur
parler de notre projet puis à me présenter aux Québécois, Québécoises. Il n'y a
personne qui ne change pas, hein, en 10 ans de vie. Moi, j'ai l'humilité
de le reconnaître. Je vais aller rencontrer les Québécois, Québécoises, ils
vont me voir au débat des chefs. Je pense que je suis capable de créer un lien
puis de parler aux gens qui, en 2012, peut-être ne me voyaient pas sous un jour
positif puis qui, aujourd'hui, vont découvrir une personne qui a pris de
l'expérience, qui a pris de la maturité puis, surtout, qui s'est entourée d'une
équipe absolument exceptionnelle.
Moi, ce qui me donne confiance en vue de
la prochaine élection, ce n'est pas tant mes capacités personnelles que le fait
qu'on présente, à Québec solidaire, la meilleure équipe de notre histoire. Je
veux dire, Maïtée Labrecque-Saganash dans Ungava, Mélissa Généreux dans Saint-François,
Philippe Pagé dans Richmond, Haroun Bouazzi dans Maurice-Richard,
Mathieu Dufour dans Hull, je veux dire, des candidatures de cette stature-là,
autour de Manon et moi, ça envoie le message d'un parti qui est prêt à
gouverner le Québec.
Journaliste : Mais vous dites :
J'ai changé, j'ai pris de l'expérience, tout ça sans renier ce que vous avez
défendu en 2012?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense qu'on peut, dans la vie, changer sans se trahir. On peut grandir, on
peut évoluer en restant fidèle à ses valeurs. Puis je pense que les Québécois
respectent ça, respectent les gens qui gardent le cap sur ce qui les anime, qui
gardent le cap sur leurs valeurs fondamentales mais qui sont capables aussi de
prendre de l'expérience en aspirant à des fonctions comme celle de premier
ministre.
Journaliste : Bonjour. Vous
avez parlé de l'arrogance du gouvernement Legault. Est-ce que c'est un thème
que vous allez chercher à exploiter pendant la campagne électorale? Et comment
allez-vous essayer de faire ressortir ça, là, dans votre stratégie?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense que les Québécois, les Québécoises commencent à les voir, les signes
de cette arrogance-là. Quand François Legault dit : Si vous êtes contre
mon agenda politique, vous ne défendez pas le Québec, sous-entendant que vous
êtes contre le Québec, ça, c'est de l'arrogance. Je pense que les Québécois n'aiment
pas ça, les politiciens qui parlent comme ça puis qui ont cette prétention d'à
eux seuls incarner le Québec en entier. M. Legault va devoir faire, dans
les prochains mois, quelque chose qu'il n'a jamais fait de toute sa carrière
politique : défendre son bilan comme premier ministre. Puis moi, je pense
ça va faire bouger les choses en politique au Québec.
Journaliste : Lors de votre
dernier conseil national, il y a deux semaines, vous avez parlé un peu de
stratégie électorale. Je comprends que vous misez beaucoup sur les débats des
chefs, là, notamment, pour faire bouger l'aiguille. Est-ce que vous allez... Qu'est-ce
que... Quelle place ça va prendre dans votre stratégie, le débat des chefs?
Est-ce que vous pensez que vous allez chercher un K.-O. puis que ça va vous
permettre...
M. Nadeau-Dubois : Moi,
ce qui me... Là, vous me demandez de parler de moi, comme, à la troisième
personne puis de dire ce que je vais faire au débat des chefs. Je ne sais pas
trop comment répondre à ce genre de question là, ça m'embête un peu. Moi, je
vous dis, là, moi, ce qui me rend confiant, c'est surtout l'équipe qu'on a. Tu
sais, je veux dire, oui, le débat des chefs, c'est un moment important dans
toutes les campagnes électorales, on ne va pas se le cacher. Mais l'équipe qu'on
a à Québec solidaire, là, c'est une équipe d'une solidité exceptionnelle, c'est
la meilleure équipe qu'on n'a jamais présentée. Puis, moi, c'est surtout cette
équipe-là je vais vouloir mettre de l'avant.
Mme Massé : Mais
permettez-moi, parce que je comprends de parler à la troisième personne, c'est...
Mais vous l'avez vu, vous autres, ici, là. Qui a talonné François Legault dans
les dernières semaines, derniers mois? Qui a ébranlé François Legault dans les
dernières semaines, les derniers mois? C'est Gabriel Nadeau-Dubois. Ça, c'est
vrai. Peut-être que tout le Québec ne l'a pas vu, mais nous autres, on l'a vu, vous
autres l'avez vu aussi. Alors, ça, ça ne va pas changer.
Ça fait que, oui, pour le débat des chefs,
mais, essentiellement, Québec solidaire, puis Gabriel l'a dit, c'est le
terrain. C'est ça qui nous a toujours amenés là où on est. C'est ça qui fait
que même Manon Massé, au débat des chefs, a fait élire, pas juste par le débat
des chefs, l'équipe qui est derrière nous aujourd'hui. Alors, je pense que ça,
ça va se poursuivre. On le voit dans les dernières semaines, on le voit dans
les derniers mois. Et plus ça va aller, plus ça va s'accentuer parce qu'on
rentre en campagne électorale pas mal maintenant, si on peut dire, là.
Journaliste : Bonjour à tous.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Journaliste
: On a
parlé beaucoup, dans les dernières semaines, de nationalisme, d'identité
québécoise. Vous avez souvent accusé le gouvernement de vouloir faire de l'enjeu
identitaire, de l'immigration un sujet de campagne. On l'oublie souvent, Québec
solidaire est un parti indépendantiste. Est-ce que c'est quelque chose que vous
voulez ramener de l'avant à la prochaine campagne électorale?
M. Nadeau-Dubois : Québec
solidaire, c'est un parti indépendantiste, ça va le demeurer. Mais notre vision
de l'indépendance, elle est différente de celle que les Québécois ont entendu
parler dans les dernières décennies au Québec. On va avoir au moins cinq
candidatures issues des Premières Nations à Québec solidaire. À notre connaissance,
c'est un record, c'est sans précédent en politique québécoise. Ça, c'est un
signal fort. C'est un signal qu'on est en train de réinventer en profondeur ce
projet d'indépendance là pour que ça devienne un projet de réinvention de notre
système politique fait d'égal à égal avec les Premières Nations du Québec. Pour
moi, c'est un symbole d'à quel point notre projet d'indépendance, il est
profondément différent de celui qu'a promu le Parti québécois, historiquement.
Journaliste
: Est-ce
que vous êtes capable de dire, aujourd'hui, que Québec solidaire est un parti
nationaliste?
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr. François Legault n'est pas propriétaire du nationalisme québécois.
François Legault n'est pas propriétaire de l'identité québécoise. Moi, ce qui
me rend fier, au Québec, là, c'est de vivre dans une société de justice
sociale, de vivre dans une société d'inclusion où on ouvre les bras au lieu de
pointer du doigt. Moi, le Québec que je veux construire, c'est un Québec où on
est fiers d'avoir des logements pour tout le monde, on est fiers de protéger le
territoire, on est fiers de regarder nos frères et soeurs des Premières Nations
dans les yeux puis de leur dire : On se respecte puis on se parle d'égal à
égal. C'est ça, notre nationalisme. C'est ça, notre vision de l'identité.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Good day. Mr. Nadeau-Dubois,
the exchange Duplessis-woke, that's a long time ago in politics, it's many
months ago...
M. Nadeau-Dubois : I don't know if it's that long, people keep talking to me about it,
like, every week.
Mme Senay (Cathy) : Within your party?
M. Nadeau-Dubois : No, on the street, on the street, I tell you, yes.
Mme Senay (Cathy) : OK, fair enough. It's just that you said, at the beginning, that
Mr. Legault will spend a very tough summer. How are you so sure about
this? What will you do to make sure he's having a very bad summer?
M. Nadeau-Dubois : François Legault will have to do, in the next months, something he
never did in his entire political career : he will have to defend his
results as the Premier of Québec. He will have to explain why we're failing to
fight climate change, why he's failing to solve the housing crisis, why he does
not want to help Quebeckers,
before the next election, to go through the unbelievable crisis of the cost of
living we are right now in Québec. He will have to defend those failures, and I
will be there to remind him of those.
Mme Senay (Cathy) : And you said you can change without betraying yourself, who you
truly are as a person, as your convictions. So, is this a message sent to
Mr. Legault? Because, in his caucus, the word «sovereigntist» cannot be
pronounced.
M. Nadeau-Dubois : Oh! honestly, it was not a message to anyone, it was an answer to
the question of your colleague.
Mme Senay (Cathy) : ...Mr. Legault doesn't assume, stand by his past as
sovereigntist, doesn't speak out about his past as a sovereigntist?
M. Nadeau-Dubois : Mr. Legault has made the choice to abandon the project of
giving Québec all the powers to become all what we can become. He has abandoned
also the social democratic project that was, once upon a time, the project of
the Parti québécois. He abandoned those principles.
We are true to our
principles, we are solid on our project. And the next step, for us, is to meet
the Quebeckers during the
electoral campaign, and to talk about that project, and to make clear with them
that, if you think we should do something else than the status quo, there is an
alternative, and that alternative is Québec solidaire.
Journaliste
: Good morning. I think you would agree that your party surprised a
lot of people, in the last election, winning 10 seats. How can you be sure
or what are you going to be doing to be sure that that's not just a one-time
thing, that's not, you know, like...
M. Nadeau-Dubois : Well, first of all, it's not a one-time thing because we had
surprised everyone at each of the elections. You know, people... You know, once
upon a time, it was : Québec solidaire, well, they're sympathetic, but
they will never get one MNA elected. We did it. One, it's beautiful, but never
two. We did it. Then, there was the third one, who was different than ordinary
politicians. We did it. And, four years ago, I was there with Manon, and back
then, it was : Yes, OK, but not outside of Montréal. We did it. And not in
a rural area. We did it. So, we're going to do it once again in 2022.
Journaliste
: What do you think... I know there's a thousand issues that Quebeckers can focus on and politicians can
focus on, but what, to you, is the number one concern of Quebeckers going into this election in
particular?
M. Nadeau-Dubois : When I go meet people, when I was in Sherbrooke, last weekend, with
Christine, people were not talking to me about immigration or Louisiana, they
were talking to me about the housing crisis, the cost of living crisis and the
environmental crisis. That will be our priorities going into the election. Hi!
Journaliste :
You just mentioned your priorities, but
the large topics and the large issues that have been the key priorities for the
CAQ have been immigration, like you said, comparing
Québec to Louisiana. How will you make sure your priorities are heard and it
doesn't spin into this whole debate, like, we've been having on immigration and
on sovereignty versus federalism?
M. Nadeau-Dubois :
I will not let François Legault transform this election into a debate on
Louisiana, or immigration, or I don't know what else. I will be there, with the
team of Québec solidaire, to talk about the issues that really matter to
Quebeckers : the housing crisis, the cost of living crisis, the
environment. We will be on the ground, with Manon, with our unbelievable team,
to talk about those issues. And I think those are the real priorities of
Quebeckers. So, if Mr. Legault wants a campaign on Louisiana, he will be
talking alone. Merci beaucoup. Thank you.
(Fin à 9 h 49)