(Huit heures trente-et-une minutes)
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Mme Melançon : Alors,
bonjour. Très heureuse de vous retrouver encore ce matin. Je suis accompagnée
de Marc Tanguay, député de LaFontaine, et de mon collègue Saul Paulo, député de
Laval-des-Rapides, qui, non, n'est pas une anecdote. Il est bel et bien vivant et
on est très fiers de lui, je tiens à le mentionner.
Aujourd'hui, bien sûr, je suis devant vous
pour continuer à vous parler de pénurie de main-d'oeuvre. Encore ce matin, dans
la revue de presse, on voit que la pénurie de main-d'oeuvre fait très mal au
Québec, quoi qu'en pense le premier ministre Legault, qui dit que c'est une
mosus de bonne affaire. Honnêtement, les entrepreneurs partout au Québec disent
le contraire. On le voit dans Chaudière-Appalaches, on le voit du côté de la
Beauce, on a des exemples dans la revue de presse régionale ce matin. Et tout à
l'heure, Marc pourra bien sûr vous parler de certaines entreprises.
Moi, ce qui a retenu mon attention, c'est
qu'après deux ans de confinement, le milieu culturel l'a eu difficile avec la
pandémie. Et à la sortie de la pandémie, bien, là, on apprend que c'est des
événements culturels qui sont annulés, notamment à Trois-Rivières, où il y a
cinq spectacles qui ont été annulés. Pas parce qu'un artiste est malade, pas
parce qu'on a un manque dans une salle de théâtre parce qu'on n'est pas capable
de les recevoir, mais parce qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre de
techniciens de scène. Alors, la pénurie de main-d'oeuvre fait mal à,
malheureusement, un contexte culturel qui a déjà souffert pas mal dans les deux
dernières années. Et là, on en ajoute une couche avec la pénurie de main-d'oeuvre.
Puis, malheureusement, le gouvernement caquiste, on l'a vu, ils le répètent,
pour eux, ce n'est pas une priorité. Et ça va faire très, très mal
économiquement à toutes les régions, dans tous les secteurs.
Et ce que le gouvernement ne comprend
toujours pas, c'est que c'est difficile pour les entrepreneurs qui ne peuvent
pas aller jusqu'au bout de leur rêve, qui ne peuvent pas aller, justement, dans
le développement de leur entreprise comme ils le souhaiteraient. C'est
difficile pour les travailleurs, comme je vous l'expliquais hier encore, qui
doivent être doublement mis à contribution à cause du manque d'employés dans
les entreprises. Donc, ils font du temps supplémentaire. Mais du temps
supplémentaire, c'est chouette une semaine, deux semaines, mais après plus que
ça, ça devient très lourd, et c'est ce que vivent actuellement les
travailleurs. Et on pourrait vous parler, bien sûr, des gens qui subissent les
contrecoups comme consommateurs, qui vont payer plus cher, qui vont avoir moins
de services. On le voit déjà dans plusieurs régions, mais aussi dans nos
différents services. On parlera tout à l'heure, justement, du côté juridique,
par exemple, ou encore dans nos hôpitaux, dans nos écoles. Alors, les services
aux citoyens sont amoindris, sont difficiles, et ce n'est qu'un début.
Et je ferais une petite parenthèse. L'été
est à nos portes, la belle saison débute. Et malheureusement, dans le milieu
touristique, c'est très difficile, encore aujourd'hui, de recruter. Donc, quand
on dit qu'il manque 240 000 travailleurs
actuellement, au Québec, il y a des secteurs qui sont vraiment affectés, par
exemple, comme en tourisme. Et ce sera difficile pour les hôteliers de recevoir,
bien, les gens qui vont se promener un peu partout au Québec, qu'ils soient du
Québec ou de l'extérieur. Ça va être difficile de les accueillir comme ils sont
habitués de nous accueillir, parce que la moitié des étages sont fermés parce
qu'ils n'ont pas de personnel, même chose chez les restaurateurs. Donc, malgré
la belle saison, ce sera difficile. Et c'est un secteur qui avait tellement
besoin d'avoir une bonne année, cette année, pour pouvoir refaire leurs coffres
parce que les deux dernières années ont été difficiles.
Alors, voilà, je m'arrête ici. Je vais
passer la parole à Marc Tanguay, qui va pouvoir donner d'autres exemples en
pénurie de main-d'oeuvre. Merci.
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M. Tanguay : Merci
beaucoup, Isabelle. Alors, merci, bienvenue à tout le monde, bonjour. Alors,
pénurie de main-d'oeuvre, je vais vous en parler sous deux angles : angle
justice et angle délocalisation.
Alors, angle justice, vous le voyez,
maintenant, la sonnette d'alarme a été sonnée, pas par des présidents de
syndicats... Parce que François Legault se plaît à dire : Bien, écoutez, c'est
une négociation en matière de justice, la présidente du Conseil du trésor est
en train de négocier, c'est pour ça qu'ils se plaignent. Non, non, ça fait
maintenant deux ans que les juges en chef, Cour du Québec, Cour supérieure,
Cour d'appel, ont sonné l'alarme, faire en sorte qu'il y ait suffisamment d'employés
dans le système de justice pour que les palais de justice puissent fonctionner.
Greffières, audiencières, il y en a plus de 50 qui ont quitté. Des agents de
sécurité, il y en a qui quittent à toutes les semaines. Et c'est même la
sécurité même de nos palais de justice qui est remise en cause, tout comme est...
remis en cause, évidemment, les délais légaux pour pouvoir avoir justice.
J'ai eu l'occasion, la semaine passée, de
soulever des cas très tangibles, entre autres, de cette dame de 87 ans, qui
a été agressée, qui a dû retourner à la maison parce que l'audition n'a pas eu
lieu le jour où elle était convoquée. Elle est angoissée, elle a peur, et c'est
ça, un impact tangible de la pénurie de main-d'oeuvre. Oui, il y a un aspect de
négociation, mais au-delà de ça, c'est un problème qui était sur la table de
François Legault depuis maintenant plus de deux ans, dénoncé pas des présidents
de syndicat, mais par les juges en chef. Il manque de monde dans nos palais de
justice. Et là on parle, vous savez quoi, de Jordan 2.0, des délais qui
vont faire en sorte que des prévenus, des gens accusés vont pouvoir quitter
librement les palais de justice parce qu'ils n'auront pas été entendus, leur
cause n'aura pas été entendue dans des délais légaux. Alors, on revit ce
cauchemar de Jordan comme un potentiel risque et on le voit de façon tangible
dans différents cas. Et, statistiques : quand la CAQ est arrivée au
pouvoir, les délais aux petites créances pour une audition étaient de sept
mois. C'est rendu plus de deux ans. Ça, c'est à cause de la pénurie de main-d'œuvre.
Et, dernier élément, j'aimerais maintenant
vous parler d'une réalité au Québec, et ça se sera vécu sous la gouverne de
François Legault, la délocalisation d'activités économiques du Québec à l'étranger.
Le cas le plus récent est celui qui nous a été révélé par TVA, lundi cette
semaine, où les aliments DuBreton songent — ils ont cinq usines au
Québec, 1 200 employés — songent
à délocaliser une partie de leur production au New Hampshire à cause de la
pénurie de main-d'oeuvre. Et j'aimerais vous nommer quelques exemples de postes
qui sont affichés chez aliments DuBreton, pour démontrer qu'il s'agit de bons
emplois, mais qui, malheureusement, sont à risque de ne pas être comblés, ici,
au Québec. On parle de chargés de projet à la maintenance, coordonnatrices en
développement organisationnel, on parle d'agronomes coordonnateurs, on parle de
chefs d'équipe. Et en ce sens-là, c'est le type d'emplois qui, sous la gouverne
de François Legault... Parce que, pour lui, la pénurie de main-d'oeuvre, c'est
une mosus de bonne affaire, ce qui est tout à fait une hérésie économique.
Bien, c'est ce que l'on vit. On vit donc
une attaque frontale sur notre économie, la vigueur de notre économie et la
pérennité de notre économie. Puis les services sociaux que nous avons au
Québec, ça va prendre une économie forte pour qu'on puisse continuer à se les
payer. Et, en ce sens-là aussi, on voit que les missions de l'État — je
viens de vous parler de justice, mais on pourrait parler de santé, de services
de garde également — sont frappées de plein fouet par la pénurie de
main-d'oeuvre. Alors, non, M. Legault, ce n'est pas une mosus de bonne
affaire, c'est une crise, et vous n'y avez pas répondu depuis quatre ans.
Voilà.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que l'immigration est la solution à la pénurie de main-d'oeuvre?
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M. Polo : C'est
une des solutions. Et notre parti, mon collègue, mes collègues, l'avons répété
à multiples reprises : Que ce soit la requalification, que ce soit
l'accompagnement des jeunes dans l'intégration du marché du travail, que ce
soit, par exemple, s'assurer que les Québécois sur le point de prendre leur
retraite, on puisse les garder quelques années de plus sur le marché du travail
ou les attirer de nouveau sur le marché du travail. Mais par la suite,
l'immigration est une solution complémentaire, n'est pas que la solution. Et
ça, nous l'avons toujours dit.
M. Lacroix (Louis) : Comment
vous avez réagi, hier, quand M. Legault vous a traité d'anecdote? Il a dit
que votre cas à vous, là, était une anecdote parce que vous parlez français,
parce que vous vous êtes intégré en français, parce que... Il dit que vous êtes
une anecdote.
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M. Polo : Bien, honnêtement,
même encore aujourd'hui, moi et membres de ma famille, et comme beaucoup
d'immigrants, ça vient nous chercher. Parce que, vous savez, le contrat moral
de l'immigration, c'est quoi? C'est qu'on souhaite, on travaille pour que les
immigrants... Comme société d'accueil, on travaille pour que les immigrants
adoptent le français, s'éduquent en français, intègrent le marché du travail et
contribuent autant à l'essor économique, social, et même à la démocratie. Et
j'en suis un exemple, et j'ai des collègues ici. Ça, c'est le contrat moral.
Ça, c'est ce qu'on souhaite que l'immigrant fasse en arrivant ici.
En contrepartie, comme société, il faut
mettre les conditions, les bonnes conditions. Aujourd'hui, l'Institut du Québec
nous présente des chiffres, que le taux de chômage des personnes immigrantes a
notablement baissé au cours des dernières années. L'intégration au marché du
travail se fait beaucoup mieux. Est-ce qu'il y a encore des obstacles, des
barrières à la pleine intégration? Certainement. Il y a encore du travail à
faire, comme société d'accueil. Est-ce que les immigrants adoptent le français?
L'Office québécois de la langue française a des statistiques qui démontrent que
90 % des personnes actives sur le marché du travail utilisent le français
et prévoit que, d'ici 2036, 96 % des personnes vont utiliser le français
dans l'espace commun. Ça, c'est des statistiques, c'est la vraie réalité. C'est
loin du 1,8 % des personnes de la Louisiane qui parlent encore le français
aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que, selon vous, le premier ministre et le gouvernement caquiste comprennent
bien ce que c'est, ce que ça représente, pour un immigrant, que d'arriver au
Québec, de s'intégrer, d'apprendre le français, de se trouver du travail, etc.?
Est-ce qu'il est bien conscient de tous les défis que ça peut représenter comme
effort d'intégration?
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M. Polo : Bien,
en 2017, le premier ministre avait de la misère à comprendre qu'est-ce que
c'était, la réunification familiale. En 2018, le premier ministre disait qu'il
avait peur pour ses petits-enfants de ne plus utiliser le français. Ça, c'est
la connaissance du premier ministre face à l'immigration. Je vous laisse en
juger. Et hier il m'a étiqueté, moi et bien d'autres, comme étant des anecdotes,
des cas d'exception, et que pour le reste, la très grande majorité, nous étions
une menace au fait français et une menace à l'existence de la nation
québécoise.
M. Bossé (Olivier) : Vous
reconnaissez quand même que vous n'êtes peut-être pas représentatif de la
majorité des immigrants non francophones qui arrivent au Québec?
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M. Polo : Bien,
écoutez, moi, je vous parle de faits et je vous présente des statistiques de
l'Office québécois de la langue française. Je ne vous parle pas d'anecdotes, je
vous parle avec des statistiques qui sont démontrées et qui sont véhiculées, et
qui sont partagées, et qui sont publiques.
M. Lacroix (Louis) : Avez-vous
été blessé par cette affirmation-là? Comment vous vous êtes senti, là,
personnellement, là? Je comprends toutes les statistiques, mais vous,
personnellement, là, quand M. Legault fait cette déclaration-là, vous vous
sentez comment?
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M. Polo : Regardez,
vous me posez une question très personnelle, là. Je milite en politique depuis
2005, O.K.? J'ai mes collègues avec moi, qu'on se connaît depuis presque, déjà,
17 ans. Quand le débat des accommodements raisonnables... et Marc et moi,
on était membres du comité de travail pour le Parti libéral, c'est venu me
chercher profondément. Et à partir, plus ou moins, de ces années-là — là,
j'avais quoi, 29, 30 ans — j'ai décidé volontairement d'adopter,
à chaque fois, que je me présente comme un Québécois d'origine colombienne.
C'était foncièrement partout, que ce soit pour le travail, que ce soit pour mon
militantisme ou autre : Québécois d'origine colombienne. Pour moi, c'était
une façon de démontrer mon appartenance au Québec. Et hier, de me faire
étiqueter par le premier ministre comme une anecdote, ça me blesse
profondément, moi et beaucoup d'autres Québécois qui faisons tous les efforts
nécessaires pour bien nous intégrer et être des citoyens à part entière.
Alors, ma réponse, ma réplique
aujourd'hui, c'est : Quand est-ce qu'on va faire assez d'efforts? Quand
est-ce que notre parcours va être suffisant pour répondre aux attentes du
premier ministre, qu'on soit des vrais Québécois?
Mme Lajoie (Geneviève) : Selon
vous, pourquoi le premier ministre François Legault décide de faire campagne
sur l'immigration? Il nous l'a annoncé, là. Il l'a annoncé, il va faire
campagne sur l'immigration.
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M. Polo : Bien,
je viens de vous le dire. En 2018, il a utilisé l'épouvantail de l'immigration
à des fins purement politiques, à des fins purement électoralistes, pour
diviser les Québécois.
M. Lacroix (Louis) : Mais
il a été élu assez fortement. 76 députés, c'est quand même assez fort, là.
Est-ce que vous pensez que, dans les régions, notamment, qui ont élu le
gouvernement caquiste majoritairement, est-ce que c'est un discours qui trouve
écho?
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M. Polo : Il y a
un effort continu à faire, de la pédagogie sur les bienfaits de l'immigration.
Malheureusement, le premier ministre et sa formation politique n'en font
aucunement. Pour eux, uniquement d'utiliser un discours et des stratégies électoralistes
pour aller chercher le vote, c'est uniquement leur objectif. Ils n'ont aucune
responsabilité sociale d'expliquer en quoi l'immigration est un bienfait pour
le Québec, que ce soit sur le plan économique, sur le plan de la vitalité des
régions, sur le plan aussi de la société et de la démocratie. Et elles sont là,
les nuances. Le premier ministre et sa formation politique ne font aucune
nuance, et uniquement pour des fins stratégiques et électorales.
Mme Côté (Claudie) : Est-ce
que vous vous attendez à des excuses de la part de M. Legault?
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M. Polo : Bien,
écoutez, ce n'est pas juste moi, ce n'est pas Saul Polo, c'est tous les
Québécois qui font des efforts et qui, aujourd'hui, sont fiers d'être des
Québécois à part entière, et qui se sentent blessés, et qui se sentent
attaqués. Parce que, vous le savez, je l'ai dit hier, ce que les Québécois font
à la maison, il y a déjà eu un premier ministre qui a dit : Ce que les
Québécois font dans leur chambre à coucher, ce n'est pas le rôle du gouvernement
de décider quoi, qu'est-ce qu'ils font. Aujourd'hui, moi et d'autres, on dit :
Ce n'est pas à M. Legault, ce n'est pas au gouvernement, de dire quelle
langue j'utilise autour de ma table à souper à la maison.
M. Duval (Alexandre) : Pensez-vous
que c'est induire la population en erreur d'utiliser cette statistique-là sur
la langue parlée à la maison pour dire que le français est en déclin au Québec?
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M. Polo : C'est
clair que c'est une insulte, c'est clair que c'est de jouer sur les mots, parce
que la langue parlée à la maison n'a jamais fait partie du contrat moral entre
la société d'accueil et les immigrants. Ce n'est pas le rôle du gouvernement de
parler de transferts linguistiques à la maison. Ce que je décide de faire chez
nous, ça m'importe... ce n'est pas des affaires du premier ministre puis du
gouvernement de dire quelle est la langue que je pratique à la maison, ou
comment je m'habille, ou qu'est-ce que je fais dans ma routine à la maison.
Maintenant, dès que je sors du cadre de porte de chez nous, je fonctionne en
français, je travaille, je contribue à l'essor de la société québécoise.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que, selon vous, le discours du premier ministre sur l'immigration, ça fait en
sorte, justement, que les gens, les Québécois, voient maintenant l'immigration
comme quelque chose de dangereux?
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M. Polo : C'est
clair que si on a un premier ministre, et une formation politique, et un
gouvernement qui ne font aucune pédagogie pour expliquer les bienfaits, malheureusement,
des personnes dans la population vont voir ça comme une menace et une
différence; et l'autre et la différence créent toujours une certaine
appréhension. Maintenant, quand on parle de faits, quand on parle d'intégration
économique, quand on parle de vitalité dans les régions, quand on parle de
régionalisation, quand on parle de répondre aux besoins des différents secteurs
économiques, la survie, l'ouverture, l'offre de services, des services de
qualité, quand on parle de la contribution réelle et concrète quotidienne de ce
que peuvent et apportent les Québécois d'origine immigrante, c'est là qu'on
réussit à faire tomber les limites et c'est là qu'on réussit à faire tomber
les... et les étiquettes.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
qu'il y a une forme de racisme caché?
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M. Polo : Écoutez,
je vous laisse juger. Moi, ce que je dis, c'est qu'il faut y aller avec nuance,
il faut y aller avec une responsabilité gouvernementale. Quand on est premier
ministre, quand on est chef d'un gouvernement, quand on représente une
population, il faut faire les nuances nécessaires, il faut faire la pédagogie,
il faut reconnaître qu'il y a bien plus... une très grande majorité d'apports
positifs de l'immigration et surtout, surtout, ne prenons pas les Québécois
pour des valises quand on compare la situation du Québec avec la Louisiane.
M. Duval (Alexandre) : Mais
est-ce que c'est une bataille que vous pouvez vraiment remporter? Parce que les
gens, là, quand on leur donne une idée qui est simple, qui est facile à
intégrer, versus tous les efforts de pédagogie dont vous parlez... dans une
campagne électorale, vous savez comme moi que ça va vite, ça se passe vite.
C'est-u une bataille que vous pouvez vraiment remporter, celle-là, la bataille
de la pédagogie?
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M. Polo : Moi,
j'ai confiance. Honnêtement, j'ai confiance dans la maturité des Québécois.
J'ai confiance dans le Québec qui m'a donné, qui a donné à tous les immigrants
des opportunités de contribuer à l'essor du Québec. J'ai confiance parce que
c'est ce Québec-là qui nous a offert ces opportunités-là, et j'ai confiance
qu'ils vont être capables de faire la part des choses sur le discours du
premier ministre et de la Coalition avenir Québec.
M. Lacroix (Louis) : Mais
le Parti québécois, tout à l'heure, M. St-Pierre Plamondon, là, a dit
que... et je vais le citer pour dire la phrase précise, en parlant
d'immigration... parce qu'eux autres, ils veulent baisser les seuils. Il dit :
L'impact de l'immigration sur la pénurie de main-d'oeuvre est nul.
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M. Polo : Bien,
écoutez, je vais peut-être laisser mon collègue, au niveau...
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M. Tanguay : Bien,
Paul St-Pierre Plamondon a tout faux. Je veux dire, j'ai fait une tournée du
Québec, de la Gaspésie à l'Abitibi, en passant par le Saguenay–Lac-Saint-Jean
et Coaticook, et les femmes et les hommes d'affaires, là, sont des agents... L'immigration
n'est pas la réponse totale pour la pénurie de la main-d'oeuvre, mais c'est une
partie de la réponse excessivement substantielle. Alors, les femmes et les
hommes d'affaires créent eux autres mêmes leur mission de recrutement à
l'étranger. Allez leur parler, ça leur coûte, par nouvel arrivant, 5 000 $, 10 000 $, 17 000 $. Ils vont chercher
des gens pour travailler dans leurs entreprises. Et ça, on le voit partout au
Québec.
Alors, je ne sais pas si Paul St-Pierre
Plamondon n'a pas suffisamment fait la tournée du Québec, mais quand vous allez
voir des femmes et des hommes d'affaires, ils recrutent, ils espèrent, ils
veulent, maintenant, quand ils arrivent... ils ont une pénurie de logements. La
première chose, c'est de dire : O.K., on va les loger où? Moi, j'ai des
entreprises, savez-vous quoi, qui ont acheté des hôtels abandonnés, qui ont
acheté une résidence pour personnes âgées, qui ont acheté des maisons
unifamiliales. Alors, même les entreprises, ce n'est pas leur business — si
vous me permettez l'expression — d'acheter du logement, mais se
désâment pour aller chercher des travailleurs à l'étranger, paient des
fortunes. Le travailleur a un permis de travail pour deux ans. Après deux ans,
ce n'est pas garanti. Alors, vous payez le logement, vous voulez un service de
garde parce que, quand on parle de réunification familiale, bien, monsieur,
madame arrive avec les enfants par la suite. Alors, c'est un casse-tête
quotidien pour les entreprises. Et, oui, ça a un impact parce que, savez-vous
quoi, les femmes et les hommes d'affaires, là, ne perdraient pas leur temps à
faire ça si ça n'avait pas un impact.
C'est vital pour eux. Puis je termine là-dessus,
c'est tellement vital pour eux que, là, on est en train de parler de
délocalisation. C'est un concept qu'on commence à mettre dans l'univers, au
Québec, qu'on voyait très peu dans les années précédentes, mais sous la
gouverne de François Legault, pour lui, que c'est une mosus de bonne affaire,
la pénurie de main-d'oeuvre... Les entreprises — DuBreton, je vous
l'ai cité — elles pensent délocaliser au New Hampshire. Pourquoi?
Parce qu'ils ont des travailleurs là.
Mme Côté (Claudie) : Une petite
dernière, peut-être, sur le chèque de 500 $ qui a déjà été envoyé, bon,
François Legault en promet un autre. Est-ce qu'il s'achète des votes?
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M. Tanguay : Tout
à fait. François Legault s'achète des votes. François Legault est le digne
successeur de Maurice Duplessis. Alors, le 22 mars dernier, 500 $
donnés par François Legault, «Duplessis donne à sa province». En vertu de la
prochaine élection, il promet peut-être un autre 500 $, «Duplessis donne à
sa province». Alors, François Legault pense s'acheter des votes. Je pense qu'on
mise sur l'intelligence des gens. Et au-delà du 500 $, là, qu'il nous
parle donc de c'est quoi, sa stratégie, qui est inexistante, pour la pénurie de
logements, la pénurie de places en services de garde, l'accès à un médecin de famille,
et tout ça qui découle, entre autres, beaucoup, de la pénurie de main-d'oeuvre.
Mme Morin-Martel (Florence) :
Une dernière question sur un autre sujet, à propos de la décriminalisation
de la possession de petites quantités de drogues dures en Colombie-Britannique.
Il y a des médecins, ici, qui estiment qu'on devrait aller dans la même
direction, au Québec, pour freiner la crise de surdose des opioïdes.
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789
M. Tanguay : Oui.
Je pense qu'il faut avoir le débat, au Québec, je pense que c'est un débat
important. Puis c'est une réalité, en Colombie-Britannique, puis on voit que
c'est une réelle crise en Colombie-Britannique. Au Québec, ça existe aussi. Je
pense que nous devons avoir le débat et nous souhaitons avoir ce débat-là.
Mme Senay (Cathy) :
Can I jump in, in English, about this? It's
regarding, actually, the decriminalization of small amounts of illicit drugs…
in Vancouver. Perhaps the Montréal Mayor wants the same thing in Montréal?
M. Tanguay :
It's a reality in B.C., it's a crisis
in B.C. It also exists in Québec. I think that it's a very, very important issue, a very important
question, and we are looking forward to have the debate and to discuss about
this important issue and what could be, and what should be, and what must be
the answers. But we need to have the debate on this.
Mme Senay (Cathy) :
About the $500 check, the second that
is coming, if…
M. Tanguay :
If he's re-elected. So, he's buying
votes. Wow! It's his vision. François Legault thinks that he can buy votes,
$500 once, $500 twice. So, again, is this the vision of the economy that we
wish for Quebeckers, for the
Québec? No, I don't think so. And again, he says that it's a very, very good
thing, actually, «pénurie de main-d'oeuvre». He's wrong on this as well, and Quebeckers will have to judge, and will be
able to judge. But, again, you cannot have a vision of Québec by trying buying votes with $500.
Mme Senay (Cathy) :
So, you said in French that he
is a second version of Maurice Duplessis.
M. Tanguay :
Yes, he is direct… in line with Maurice
Duplessis. At that time, I think that it was money and also refrigerators. So,
what will be the next step? Money and, stay tuned, refrigerators are coming?
M. Polo : Air fryers.
M. Tanguay
: «Refryers» are coming? So, again, I'll say it in English. Now, he
sends $500, trying to buy votes. What will be the next step? Sending «refryers»?
I don't think so.
Mme Senay (Cathy) : And, Mr. Polo, just to have to your reaction. At question period,
when Mr. Legault qualified non-Francophones immigrants, as you, anecdotes. Is
it hurtful?
M. Polo : It is. It is, because when will it be enough? When a non-Francophone
immigrant that decides to study in French, work in French, basically go about
his day-to-day life in French outside of home, and that makes all the efforts
about integrating the work force, you know, being as much of a good citizen as possible, contributing to the Québec democracy, when will it be enough,
based on François Legault opinion, about what should be a real Quebecker? What I do at home... There's a
Prime Minister of Canada that
said : Whatever Canadians do at home, in their personal life, in their
private life, it's not up to the Government to decide. I basically respond to the Prime Minister Legault :
Whatever language I decide to use at home, around my dinner table with my son,
it's none of his business, it's my decision.
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
une petite question, M. Tanguay. Je ne sais pas si vous avez vu, hier, le
débat à la commission sur l'aide médicale à mourir, là?
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M. Tanguay : J'étais
sur le projet de loi n° 2. Savez-vous pourquoi? On n'a pas le temps...
Écoutez, la Coalition avenir Québec est en train de garrocher des débats à
l'Assemblée nationale qui mériteraient que l'on puisse en discuter de façon
sereine et d'avoir le temps. L'Assemblée nationale n'est pas une machine à
saucisses. Hier, je n'ai pas pu voir ce qui se disait sur l'aide médicale à mourir
parce que nous étions, de façon compressée, sur le projet de loi n° 2,
imaginez-vous, la réforme du droit de la famille. Alors, moi, j'en veux à Simon
Jolin-Barrette et au ministre de la Santé d'avoir déposé des projets de loi...
le ministre de la Santé, de l'avoir déposé à minuit moins une sur un débat de
société qui touche, là, au coeur de la vie de beaucoup de Québécois, et de
compresser le débat en si peu de temps. Ça, c'est pour l'aide médicale à
mourir. Pour ce qui est de Simon Jolin-Barrette, la réforme du droit de la
famille, il ne l'a appelé qu'il y a deux semaines, article par article. C'est
un projet de loi qui est gigantesque.
Alors, non à votre question, je n'ai pas
eu le temps de suivre parce qu'hier on était au droit la famille. Et là c'est
la façon de faire de la CAQ. On dirait que le tableau de chasse parlementaire
de Simon Jolin-Barrette l'importe plus que le respect des droits et libertés
fondamentales des Québécoises et des Québécois, l'intéresse plus qu'une
approche humaine, pas l'approche robotique du petit robot qui ressort dans ces
éléments-là, une approche humaine pour dire : C'est quoi, l'impact du
débat que l'on a sur les mères porteuses, dans la vie des enfants à naître,
dans la vie des parents d'intention? C'est quoi, l'impact que va avoir ce qu'il
propose sur ces différents projets de loi là? Alors, c'est le bulldozer, c'est
le petit robot bulldozer qui, en cette fin de session parlementaire, ressort,
puis ça, il faut le condamner. Alors, désolé pour ma longue réponse. Je n'ai
pas eu l'occasion, malheureusement...
Mme Lévesque (Fanny) : ...par
rapport au Code criminel, vous ne pouvez pas commenter là-dessus? Je vais voir
avec...
11
789
M. Tanguay : Malheureusement...
Mme Lévesque (Fanny) : Merci.
11
789
M. Tanguay : Merci.
(Fin à 8 h 57)