(Onze heures vingt-sept minutes)
Mme Samson : Merci d'être là.
Alors, on revient...
Une voix : ...
Mme Samson : Le masque tombe,
oui. Dans mon cas, ça fait longtemps que c'est fait. Alors, on revient d'une
semaine de répit en circonscription. Vous comprendrez que je n'ai pas fait
grand-chose dans ma circonscription puisque je n'y serai pas aux prochaines
élections. Mais on s'est promenés beaucoup, ensemble puis chacun de notre côté,
et moi, j'ai été vraiment abasourdie du nombre de fois où on m'a apostrophée. Et
le sujet dont on m'a parlé le plus, c'est l'inflation et le coût de l'essence,
naturellement. Tout ce qui est camionneur, chauffeur de taxi, livreur, tout le
monde, les agriculteurs, tout le monde est paniqué et ne voit plus la fin de
cet enjeu, alors... Puis les gens savent qu'on a fait des propositions, et je
vais laisser Éric vous en parler, et puis on va pouvoir répondre à vos
questions.
M. Duhaime (Éric) : Merci
beaucoup, Claire. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. Effectivement, l'enjeu
du prix de l'essence continue de faire beaucoup jaser parce que les Québécois
réalisent de plus en plus qu'ils s'appauvrissent rapidement et que ça a un
effet domino sur l'inflation, évidemment.
Là, on est dans le dernier sprint
parlementaire, hein, il reste deux semaines et demie avant la fin des travaux
parlementaires, et aujourd'hui on voudrait que le gouvernement, là, vraiment, s'engage,
avant le 10 juin, à réduire les taxes sur l'essence. C'est une demande qu'on
a faite il y a déjà plus de deux mois. Le gouvernement n'a toujours rien fait
au moment où on se parle. On va quitter bientôt pour les vacances. Il y a même
des analystes qui disent que le prix de l'essence pourrait continuer d'augmenter,
on parle même de 2,50 $, 2,75 $ le litre. C'est absolument
inacceptable, inabordable. On sait qu'à la veille des vacances de la
construction, d'habitude, il y a toujours un petit boum, en plus. Donc, qu'est-ce
que le gouvernement va faire pour s'assurer que ça n'arrive pas?
Il faut, dès maintenant, commencer à
réduire les taxes sur l'essence. Vous savez que l'Alberta l'a fait, déjà,
depuis le 1er avril. Le premier ministre de l'Ontario, qui est en campagne
électorale présentement, promet, s'il est réélu, Doug Ford, de réduire le prix
de l'essence, là, de 0,67 $ le litre à compter du 1er juillet. C'est
la seule poignée que le gouvernement a véritablement pour donner un répit aux
automobilistes.
Pour vous donner un exemple, le litre d'essence,
là, j'ai fait le calcul il y a quelques jours... Je sais que ça a bougé, là,
parce que c'était 1,179 $. Présentement, je pense qu'il est à 1,149 $.
Ce matin, en tout cas, quand j'ai gazé, c'était ça, le prix à la pompe où je
suis allé. Ça veut dire…
Une voix : ...
M. Duhaime (Éric) : 2,149 $,
c'est ça, donc... Mais j'avais fait le calcul à 2,179 $, ça fait que je
vais garder les calculs sur ceux que j'avais faits. Juste pour vous donner une
idée de grandeur, sur 2,179 $, il y a 0,739 $ qui va en taxes. Il y a
cinq ou six taxes, dépendamment où vous habitez sur le territoire québécois, c'est
quand même très important. Il y a moyen de le faire au Québec. Il y a la taxe
sur le carburant qui est 0,192 $. Il y a la TVQ qui s'ajoute, évidemment,
sur l'ensemble du prix et de la taxe. Juste quand on va faire le plein, juste
sur le prix que vous voyez à la pompe, il y a 0,061 $ que c'est des taxes
sur la taxe. Donc, on taxe les taxes qui sont déjà sur l'essence. Ça devient abusif.
Je pense que c'est au gouvernement, maintenant, de se serrer un peu la ceinture
pour donner du répit aux automobilistes.
D'autant plus que vous savez que, pendant
cette session-ci, le gouvernement a adopté un projet de loi afin d'empêcher le
Québec d'exploiter ses hydrocarbures. Donc, le gouvernement Legault a choisi de
s'assurer que le Québec continue à importer 100 % de son gaz et de son
pétrole. Vous savez qu'on est le seul parti qui s'oppose à ça. Nous, on pense
qu'autant d'un point de vue environnemental, d'un point de vue pour l'industrie,
d'un point de vue pour les automobilistes on aurait intérêt, en tant que
Québécois, à être autosuffisants en matière énergétique.
Donc, non seulement le gouvernement a fait
en sorte qu'on est totalement dépendants de l'extérieur pour notre
approvisionnement, dans un contexte, je vous rappelle, avec la guerre en
Ukraine, où les Européens réclament qu'on puisse les aider, notamment au niveau
du gaz naturel, donc, non seulement le gouvernement fait fausse route, a
abandonné la promesse qu'il avait faite aux électeurs lors de la dernière
campagne électorale... Vous vous souvenez que François Legault était le
champion en faveur de l'exploitation de nos ressources, notamment les
hydrocarbures. Il a même écrit un chapitre entier dans son livre pour dire qu'il
souhaitait faire du Québec la Norvège d'Amérique. Et malheureusement ça ne s'est
pas produit, il a fait exactement le contraire, il a renié son engagement. Des
gens comme moi qui ont voté pour lui se sont retrouvés CAQus sur cet enjeu-là
également. Et donc non seulement il a fait ça, mais là, en plus, pendant que le
prix monte, il ne fait rien et, pire...
Mme Samson : ...il fait de l'argent.
M. Duhaime (Éric) : Évidemment,
le gouvernement, plus le prix monte, vous comprenez qu'en pourcentage il
engrange de plus en plus d'argent. À chaque fois que le prix de l'essence
monte, le gouvernement en profite financièrement. Mais, en plus de ça, il dit
qu'il ne peut... que c'est bon pour l'environnement, le fait de payer plus
cher, là. Souvent, pour bien des gens qui nous écoutent, là, les travailleurs,
ils n'ont pas le choix de faire le plein. Puis ce n'est pas une décision
antienvironnement de remplir sa voiture puis d'aller travailler, puis ce n'est
pas parce que le prix de l'essence monte que votre travail, il se rapproche de
la maison, puis ce n'est pas parce que le prix monte que, vos enfants, vous n'allez
plus les chercher pour leurs activités, ou, je veux dire, c'est souvent un bien
qui est inélastique, là, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas comprimer dans leur
consommation. Donc, je pense que c'est important, là, de faire un geste
concret, que le gouvernement envoie le bon signal et qu'il passe enfin, là, de
la parole aux actes. Oui.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Qu'est-ce qui vous permet de croire que cet
argent-là, vraiment, reviendrait dans les poches des Québécois? Parce que ça ne
m'étonnerait pas que vous vous en rappeliez, là, Jacques Parizeau l'avait fait,
hein, dans les années 80, puis finalement les consommateurs ne l'avaient
pas vue, la différence.
M. Duhaime (Éric) : Bien, au
moment où on se parle, regardez le prix à la pompe, présentement, à Calgary ou
en Alberta. Quand le premier ministre a réduit la taxe sur l'essence,
automatiquement, le prix à la pompe a diminué du même pourcentage et du même montant.
Donc, on vient de... on l'a vu, là. Puis, si on suit cet argument-là, il
faudrait taxer encore plus tous les biens, parce que les compagnies feraient
moins de profits parce qu'ils laisseraient les prix fixes, là. Les prix ne sont
pas fixes, les prix sont aussi le reflet de la taxation. Si les Québécois...
M. Laforest (Alain) : ...pas
de garantie des raffineurs, c'est eux qui vont aller chercher cet argent-là?
M. Duhaime (Éric) : Si les
Québécois paient plus cher, présentement, l'essence — on est d'ailleurs
ceux, avec la Colombie-Britannique, qui payons le plus cher du continent, là,
il faut juste rappeler ça, là — c'est parce qu'aussi on est l'État
qui taxe le plus l'essence, là. Il y a un lien direct entre la...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Donc, pour vous, il n'y a aucun doute qu'on ne
répéterait pas l'expérience des années 80 puis que ça reviendrait bel et
bien dans les poches?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
regardez aussi les États américains, hein? Il y a beaucoup d'États américains
qui ont aussi fait de même, qui ont réduit leur taxation sur l'essence pour s'assurer
qu'il y aurait un plus... que les automobilistes souffriraient moins de la
hausse des prix.
M. Laforest (Alain) : ...les
raffineurs ne baissent pas le prix, vous faites quoi?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
écoutez, on n'a pas le contrôle...
M. Laforest (Alain) : ...
M. Duhaime (Éric) : On n'a
pas le contrôle, M. Laforest, sur le prix mondial du baril de pétrole, là. Puis
c'est sûr que... dans un monde idéal, c'est sûr qu'on dirait : Ça va
coûter 0,25 $, puis on passerait une loi, puis ça finirait là, mais ce n'est
pas...
M. Laforest (Alain) : ... du
baril de pétrole, moi, je vous parle de la marge de profit des raffineurs. Vous
baissez la taxe de 0,10 $, la taxe d'accise de 0,10 $, les raffineurs
vont aller la chercher. Tous les analystes, c'est ce qu'ils disent. Donc, vous,
vous dites...
M. Duhaime (Éric) : Mais les
analystes se sont trompés en Alberta puis ils se sont trompés dans les États
américains, ces dernières semaines, ces derniers mois, qui ont baissé les
taxes, parce que c'est exactement le contraire qui s'est produit. Les prix à la
pompe ont diminué du même montant que le gouvernement s'est retiré.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
est-ce que vous.... Vous avez dit, tout à l'heure : Je pense que le
gouvernement, le fait qu'il n'intervient pas, lui, il continue de récolter
encore plus de taxes.
M. Duhaime (Éric) : Bien oui.
Parce que, regardez, l'année dernière... il y a deux ans, le prix à la pompe, c'était
à peu près la moitié prix, là. Ça veut dire que, par exemple, juste les revenus
de TVQ, au lieu d'être 0,20 $... vingt quelques sous du litre, bien, ils
étaient de 0,10 $. Donc, présentement....
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
c'est exprès, le gouvernement n'intervient pas, comme ça il continue
d'engranger et faire le plein, lui, de son côté.
M. Duhaime (Éric) : Bien,
plus le prix monte, plus le gouvernement, effectivement, remplit ses coffres,
et plus le portefeuille de l'automobiliste se vide.
Mme Lajoie (Geneviève) : J'aimerais
poser une question à Mme Samson, si vous permettez...
Mme Samson : Oui.
Allez-y.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...sur
le projet de loi n° 96, à savoir dans quel sens vous
allez voter. Puis vous aviez déposé, vous, le rapport Samson. Est-ce que vous
trouvez qu'il y a trop de divergences avec votre rapport?
Mme Samson : Ah! le
projet de loi n° 96 n'a rien à voir avec le rapport
Samson. Le rapport Samson, ça parlait de la francisation des immigrants, et
j'avais volontairement évité d'ouvrir toute la question de la loi 101. Ce
n'était pas le mandat que j'avais. Mon mandat, c'était la francisation, mieux
réussir la francisation des immigrants. Là, ils en ont fait le projet de loi n° 96 qui n'a plus rien à voir avec le rapport que j'ai
présenté il y a maintenant quatre ou cinq ans, là, je ne me souviens plus. Et
d'ailleurs, pendant l'hiver, pendant ma convalescence, j'ai rappelé toutes les
personnes que j'avais rencontrées pour la préparation de mon rapport, qui sont
toutes listées, d'ailleurs, en annexe de mon rapport, pour leur demander s'il y
avait eu des progrès, des améliorations dans le système depuis le dépôt du
rapport, qui avait été accueilli favorablement par tout le monde, incluant la
CAQ. Et la réponse à ça, c'est zéro puis une barre, les gens n'ont vu aucune
amélioration réelle ou concrète par rapport aux activités de francisation ou au
financement de la francisation dans leurs différents secteurs d'activité.
M. Laforest (Alain) : Et
vous allez voter pour ou contre?
Mme Samson : Moi, je
vais voter contre ce matin.
M. Laforest (Alain) : Pourquoi?
Mme Samson : Bien, parce
que, premièrement, est-ce qu'on a vraiment besoin de mettre... de créer de la
chicane? Non. Et, quand je l'ai lu, moi, il y a quelqu'un qui a posé une
question à un moment donné ou qui m'a posé une question : Si je suis
pédopsychiatre et que je dois analyser le comportement ou les aptitudes d'un
enfant, cet enfant-là fréquente une école anglophone, ses parents sont
anglophones, des anglophones traditionnels du Québec, eh bien, je devrai
rédiger mon rapport en français?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien,
c'est faux, ça, Mme Samson.
Mme Samson : Bien, à ça,
ils ont répondu que oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
là vous êtes dans le cas qui est plus clairement faux, là. Le secret
professionnel est maintenu puis les... en plus c'est des ayants droit, là. S'il
est allé à l'école en français...
Mme Samson : Bien, en
tout cas, c'est la réponse qu'eux ont eue du gouvernement, ça a été que, oui,
le rapport devra être soumis en français.
M. Laforest (Alain) : Le
ministre a répété à quatre reprises, ce matin, aux collèges anglophones que les
services de santé ne seront pas touchés, qu'ils auront droit aux services en
anglais. Donc, vous, vous dites : C'est le contraire. Vous dites que le
ministre ment?
Mme Samson : Bien, moi,
en tout cas, de ce que j'ai lu, là, je ne l'ai pas vu dans les exceptions. Et
d'ailleurs il y a une autre exception que je cherchais, que je n'ai pas trouvée
encore, elle est peut-être là, mais je ne l'ai pas trouvée, et c'est relatif à
mon ancienne vie : Les producteurs américains qui viennent produire au
Québec et qui y laissent des millions à chaque année, est-ce que ces gens-là
vont vraiment diriger leurs plateaux en français? Je ne suis pas sûre de ça,
moi.
Mme Prince (Véronique) : Vous
avez dit, dans votre préambule : Ce que les gens m'ont parlé, c'est de
l'inflation, le prix de l'essence, et tout ça. Donc, on avait l'impression, là,
que c'était une pointe envoyée au gouvernement, comme quoi, en ce moment, ils
ne sont pas sur les enjeux qui sont proches des gens. Puis après ça vous
dites : Est-ce qu'on veut volontairement créer de la chicane? Non. Donc,
est-ce que, dans le fond, vous êtes en train d'accuser le gouvernement de
maintenir cet enjeu-là sur la place publique et d'essayer de le mousser, dans
le fond? C'est-u ça que...
Mme Samson : Vous parlez
de la langue? Bien, je ne sais pas pourquoi on avait besoin de ça. Je suis
d'accord qu'il y avait besoin de programmes puis d'actions concrètes pour
améliorer la francisation des immigrants au Québec, j'en suis, et améliorer la
présence du français, j'en suis. Mais moi, personnellement, j'ai fait mes
études universitaires aux États-Unis, je ne suis pas moins francophone, je ne
suis pas moins québécoise, mais j'ai décidé de... j'avais l'opportunité de
faire mes études à l'université de New York, que j'ai fait. Et, comme mon
anglais était vraiment misérable — c'est épouvantable, j'avais «thank
you», «one french fry», «one hot dog», au revoir — j'avais donc
décidé, et les gens de l'Université de New York m'avaient conseillé, de prendre
des cours de droit. Alors, j'ai fait deux ans de droit, parallèlement à mon MBA,
pour améliorer mon anglais. Puis j'en suis très fière, aujourd'hui, puis ça ne
m'empêche pas de parler français et de privilégier le français, absolument pas.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Dans
le projet de loi n° 96, on veut ajouter trois cours
de français aux étudiants des cégeps anglophones, ou de français, là, pour ceux
qui ne maîtrisent pas suffisamment bien le français. Est-ce que c'est exagéré,
selon vous, qu'il y ait trois cours de français supplémentaires dans les cégeps
anglophones?
15
409
Mme Samson :
Bien,
je pense qu'il y aurait moyen d'améliorer, certainement, la qualité des cours
qui sont offerts actuellement, autant les cours français dans les institutions
anglophones que les cours d'anglais dans les institutions francophones, de
façon à permettre à tout le monde de se débrouiller dans les deux langues s'ils
le souhaitent. Mais est-ce qu'il faut l'imposer? Est-ce que ça va réduire les
chances de succès des étudiants? Est-ce que ces étudiants-là, qui sont aussi,
il faut le dire, des futurs ingénieurs, puis des futurs médecins, puis des
futurs employés à 56000 $
par année que le premier ministre aime tant, là, est-ce qu'on va les envoyer en
Ontario ou au Nouveau-Brunswick ou si ce n'est pas plutôt des talents qu'on
veut garder ici? L'avenir nous le dira.
****
M. Bellerose (Patrick) :
...la
position du parti. Vous croyez que le projet de loi n° 96
crée de la chicane et...
M. Duhaime (Éric) :
Bien,
écoutez, oui, on est... la position du Parti conservateur du Québec est claire.
En fait, je pense qu'on a été le premier parti à s'opposer au projet de loi n° 96 depuis déjà quelques mois. Et la raison, avant même
de parler de langue, la première chose qui nous avait sauté aux yeux, je pense
que la Ligue des droits et libertés avait eu le même réflexe, c'est de voir
qu'il y a 38 articles la charte des droits et libertés du Québec, pas du
Canada, là, du Québec, qui sont suspendus. Et, pour nous, ça, c'est une pente
glissante, surtout après deux ans de pandémie, deux ans de crise sanitaire où
nos droits et libertés ont été suspendus comme pratiquement jamais dans notre
histoire, de voir qu'on fait un projet de loi qui est sur une question qui
divise déjà la société québécoise, et d'inclure ça, on trouvait que ce n'était
pas approprié à ce moment-ci. Et donc pour des raisons de droits et libertés,
en partant, on avait un problème avec ce projet de loi là, et c'est pour ça
que, dès le départ, on s'est opposés à cette législation.
M. Laforest (Alain) :
Est-ce
qu'on doit protéger davantage la langue?
M. Duhaime (Éric) :
Absolument.
M. Laforest (Alain) : Comment?
M. Duhaime (Éric) :
Bien,
il y a différentes façons, là. Évidemment, moi, je suis de ceux qui font la
promotion de, tu sais, le Québec, c'est un territoire francophone. On est,
évidemment, très fiers que la langue commune soit le français. Il faut que ça
le demeure, il faut renforcer cet état d'esprit là, mais il faut aussi... On
voit les régressions, mais il faut voir aussi les progrès, parce qu'il y en a
eu, au Québec, ces dernières années, des progrès. Un de ceux-là, c'est de voir
que les anglophones, particulièrement les jeunes, sont de plus en plus
bilingues. Et, pour moi, ça, c'est important, puis c'est là qu'il faudrait
faire le plus d'efforts, quant à moi, si on s'inquiète pour la prochaine
génération. Et je pense qu'il y a une nouvelle philosophie, hein, il y a un
dynamisme nouveau dans la communauté anglophone dont il faut prendre acte.
M. Laforest (Alain) :
Et
pourquoi Montréal est de plus en plus anglais?
M. Duhaime (Éric) :
Bien,
écoutez, je veux juste finir sur le fait que les anglophones sont de plus en
plus bilingues. Pour moi, c'est là où il faut mettre des efforts. Quand
j'entends, là, tu sais, qu'on dit : Est-ce qu'il faut, oui ou non, enlever
des droits aux francophones de pouvoir étudier... à des adultes de pouvoir
étudier dans leur langue seconde? Moi, je le vois à l'inverse, c'est-à-dire que
je pense qu'il faudrait inciter davantage les anglophones à fréquenter les
institutions francophones, notamment les cégeps et les universités. Il peut y
avoir toutes sortes de programmes, on peut mettre... autant au niveau des
reconnaissances des diplômes, au niveau des bourses d'études, au niveau des
cours d'apprentissage qu'on peut faire, des propédeutiques qu'on peut faire
pour accélérer le processus, pour faciliter l'accès à ces gens-là à des
institutions d'enseignement francophones. Moi, je pense que j'aime mieux
l'approche incitative plutôt que l'approche coercitive.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) :
Puis en immigration? Parce que vous
parlez, vous, de compatibilité civilisationnelle. Est-ce que le fait de parler
français, ça entre là-dedans? Est-ce qu'on devrait favoriser davantage une
immigration francophone?
M. Duhaime (Éric) :
Une
immigration réussie, puis Claire a même écrit un rapport à ce sujet-là, une
immigration réussie, c'est quand un immigrant se trouve un emploi. Et
évidemment un immigrant qui vient ici, qui n'a pas de travail, c'est un échec
et pour la société d'accueil et pour l'immigrant qui immigre chez nous. Donc,
la langue est importante, le français est très important, ça fait partie des
critères de sélection, mais ça ne peut pas être le seul. C'est pour ça qu'on a
dit que c'était important aussi que les gens puissent facilement intégrer le
marché de l'emploi puis facilement se sentir chez eux et que la société
d'accueil se montre encore plus tolérante à leur égard.
Mme Lajoie (Geneviève) : Au
feuilleton, ce matin, il y a le projet de loi pour l'aide médicale à mourir
élargie. J'aimerais avoir votre position là-dessus et savoir si vous pensez
qu'on devrait l'adopter d'ici la fin de la session parlementaire.
M. Duhaime (Éric) :
Là,
écoutez, je ne suis pas au courant du processus parlementaire, si, oui ou non,
ça va prendre... ils vont être obligés de faire un «fast track» ou pas, là. Je
ne peux pas... le leader ne nous a pas appelés là-dessus.
15
409
Mme Samson : D'après
moi, ils ont terminé l'étude article par article. Donc, ça se peut qu'ils le
soumettent cette semaine, c'est possible.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous,
vous êtes en faveur de... Parce que, si votre consentement est demandé pour
accélérer la procédure, vous allez le donner?
15
409
Mme Samson : Oui.
Mme Lajoie (Geneviève) : Et
est-ce que vous pensez qu'on doit adopter ça d'ici la fin de la session? Parce
que c'est quand même... c'est un sujet quand même délicat, là, mais il y a une
partie des étapes qui ont été franchies. Il y a un comité qui avait remis un
rapport.
M. Duhaime (Éric) :
Comme
je vous dis, là, au niveau des processus parlementaires, je peux vous rappeler
après, mais je ne suis pas...
Mme Lajoie (Geneviève) : ...en
faveur de l'aide médicale à mourir élargie?
M. Duhaime (Éric) : Oui, on
est en faveur de la législation. Là, maintenant, par rapport au processus
législatif, là, je ne peux pas répondre à votre question.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Peut-être une petite dernière sur l'essence.
Le Parti québécois a fait une sortie semblable à la vôtre. Êtes-vous étonnés de
les voir devenir votre allier, là, dans...
M. Duhaime (Éric) : Bien,
je pense qu'il y a une nuance, il y a une nuance, un peu, par rapport au Parti
québécois. Ce que j'ai compris, c'est qu'ils voudraient fixer un prix. Nous, on
ne veut pas fixer de prix, là. On comprend que le Québec n'a pas le contrôle du
prix du baril de pétrole mondial. Nous, on veut intervenir sur ce sur quoi le
gouvernement a directement un impact puis un pouvoir direct, c'est-à-dire de
retirer ses taxes sur l'essence. Donc, ce n'est pas tout à fait la même...
c'est la même intention, mais ce n'est pas tout à fait la même façon de le
faire.
M. Bellerose (Patrick) : M. Duhaime,
il y a eu tout un débat, il y a deux ou trois semaines environ, sur le fait
qu'on puisse interdire des candidats pour antiavortement.
M. Duhaime (Éric) : Oui.
M. Bellerose (Patrick) : Et
on s'est demandé, à ce moment-là, est-ce que vous accepteriez d'avoir un
candidat qui s'opposerait aux droits des gais.
M. Duhaime (Éric) : Écoutez,
c'est une bonne question, parce que, ce matin, je lisais, d'ailleurs, un
article de Radio-Canada, puis là, j'ai appris qu'on est le seul parti qui
n'interdit pas les gens non vaccinés. Je ne sais pas si vous avez vu passer
cette nouvelle-là, mais ça m'a un peu surpris. Moi, ce que j'ai dit, puis je
vais le répéter aujourd'hui, là, les gens ont le droit d'avoir des convictions
personnelles, ont le droit d'avoir la religion de leur choix. Moi, je crois à
la liberté de conscience. Cela étant dit, la position du parti, elle est très
claire. Vous savez que je ne suis pas un conservateur social. Je suis le
premier chef ouvertement gai d'un parti conservateur provincial ou fédéral au
Canada. Et, pour moi, il n'y a pas de débat sur cet enjeu-là. De toute façon,
c'est même un enjeu qui relève davantage du fédéral que du Québec. Cela étant
dit, donc, la politique... les gens qui viennent chez nous peuvent avoir les
croyances religieuses qu'ils veulent, mais il faut qu'ils comprennent qu'au
niveau législatif, au niveau concret, au niveau des positions, il n'y a pas
d'appétit pour ouvrir ce genre de débat là, puis ils en sont totalement
conscients.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
un candidat qui se dirait ouvertement contre le droit des gais, contre le droit
d'adopter ou se marier, par exemple, serait bienvenu chez vous?
M. Duhaime (Éric) : Non,
ce que je dis, c'est qu'il y a une position du parti. Le parti, évidemment, on
est en faveur des droits de tout le monde, incluant la communauté gaie et
lesbienne, et donc c'est la position officielle du parti. Puis, s'il y a des
gens qui ont... Je comprends qu'il y a des enjeux religieux puis il y a des
communautés culturelles à Montréal. J'en rencontre beaucoup, de candidats, ces
temps-ci, d'ailleurs, là. Puis c'est normal, là, il y a différentes communautés,
il y a des gens qui arrivent ici avec différents backgrounds, et c'est
important de comprendre qu'ils n'ont pas nécessairement les mêmes pratiques que
nous. Cela étant dit, il faut qu'on s'entende sur un dénominateur commun, puis
ça, c'est ce qu'on propose aux Québécois. Puis ce qu'on propose aux Québécois,
il n'y aura aucune ambiguïté.
Mme Prince (Véronique) : ...moi,
je trouve ça quand même flou, parce que, quand vous dites : On veut que
tout le monde ait des droits, bien, je veux dire, les gens ont droit d'être
contre le mariage gai, dans le fond...
M. Duhaime (Éric) : Oui,
mais ils auraient le droit d'aller dans un autre parti ou de se présenter
indépendant. Mais, s'ils viennent au Parti conservateur du Québec, il faut
qu'ils soient d'accord qu'il n'y aura aucune mesure qui va aller dans ce
sens-là.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Mais vous n'appliquez pas cette logique-là pour
l'avortement, là, parce que vous avez un candidat antiavortement qui va,
évidemment, se ranger à la position de votre parti.
M. Duhaime (Éric) : Mais
M. Eappen a dit, M. Eappen clairement dit que jamais il ne voudrait
imposer ses convictions religieuses à qui que ce soit.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Non, mais vous le prenez comme candidat quand même. Donc,
vous pourriez prendre comme candidat quand même quelqu'un qui s'oppose au
mariage gai.
M. Duhaime (Éric) : Vous
savez, je trouve ça particulier, parce qu'à cette même tribune, j'ai vu
d'autres chefs de d'autres partis politiques essayer de faire de la politique
sur ça, et je trouve ça bizarre parce que ces mêmes partis-là... Puis je vous
rappelle que même le gouvernement a financé des cliniques, hein, qui allaient
dans le sens contraire, puis ils ont dit... ils ont prétexté l'erreur. J'ai
même vu des coupures de journaux d'un député local qui présentait une
organisation comme celle-là à ses citoyens, puis invitait les femmes à
fréquenter cette clinique-là. Donc, je trouve qu'il y a beaucoup d'hypocrisie
présentement dans cette...
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : ...ce n'est pas ça, M. Duhaime.
Une voix : ...
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : C'est ça, là, c'est que vous acceptez avoir un
candidat antiavortement qui dit : Je vais me ranger à la position du
parti.
M. Duhaime (Éric) : Mais
est-ce qu'ils en ont, les autres partis, vous croyez?
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Donc, est-ce que ça pourrait être la même chose...
M. Duhaime (Éric) : Moi,
j'aime mieux que les gens soient honnêtes...
Des voix : ...
M. Duhaime (Éric) : Moi, je
veux que les gens soient honnêtes, O.K.? Parce que, là, présentement, je sais
que, dans les autres partis, il y a des gens qui pensent la même chose que M.
Eappen, mais qui ne le disent pas publiquement. Puis ils ont même fait des
actions bien pires que M. Eappen en faveur des... antiavortement. Et ces
gens-là, aujourd'hui, disent : Non, non, non, on est pro-choix. Moi, là,
j'aime mieux, comme...
Des voix : ...
M. Duhaime (Éric) : Oui,
mais laissez-moi finir. Je veux juste finir ma réponse.
M. Bellerose (Patrick) : ...pourquoi
interdire à une personne... pour votre parti s'il est contre les droits des
gais mais pas contre l'avortement?
M. Duhaime (Éric) : Je
veux juste finir ma réponse, parce que c'est intéressant, parce qu'on vient de
passer une semaine à rencontrer des centaines sinon des milliers de Québécois,
il n'y en a pas un qui m'a parlé de cet enjeu-là, hein? Tout le monde m'a parlé
de l'inflation, tout le monde m'a parlé du système de santé inefficace et...
Une voix : ...
M. Duhaime (Éric) : Non,
non. Puis là on parle de cet enjeu-là parce qu'il s'est passé quelque chose aux
États-Unis puis on essaie d'importer un débat qui est étranger au débat
politique actuel au Québec. Et je comprends qu'il y a des... il y a beaucoup de
politique puis beaucoup de partisanerie derrière ça, mais il y a un principe,
pour nous, qui est fondamental, c'est : il y a une politique pour le
parti, tout le monde est d'accord avec la politique. Si vous avez des
convictions religieuses, vous avez droit d'avoir vos convictions religieuses,
la liberté de conscience existe chez nous, mais elle s'arrête là. Quand vous
sortez de chez vous, quand vous sortez de votre église, quand vous arrivez au
Parlement, vous ne... ces enjeux-là ne sont pas des enjeux.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : O.K. Bien, donc, ça s'applique pour les positions
personnelles d'un candidat sur le mariage gai, par exemple?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
est-ce qu'on va commencer à exclure du débat... Puis c'est ça, parce que M.
Legault est allé très loin, hein, quand il a fait sa déclaration l'autre jour, il
a dit que les partis ne devraient pas autoriser de candidat. Ça veut dire qu'il
y a juste des gens qui pensent d'une certaine façon qui auraient droit d'être
candidats, même s'ils sont prêts à taire ces... Moi, là, il y a des choses...
Non, mais je vais vous donner un exemple.
Des voix : ...
M. Duhaime (Éric) : Non, mais
je vais vous donner un exemple. Moi, il y a des politiques du parti avec
lesquelles je suis moins d'accord. Mais un parti politique, là, on travaille en
équipe puis on accepte de faire partie de l'équipe, puis on va jouer en équipe.
Et donc on est obligés de faire avec, puis il y a des politiques qui sont
adoptées. Puis c'est ça, la démocratie. Puis la majorité décide dans un congrès.
Comme nous, il y en a 800 qui se sont réunis, au mois de novembre, ici, à
Québec, puis ils ont adopté des politiques. Il y a des gens, peut-être, qu'il y
a des politiques, certaines politiques, qu'ils sont moins d'accord que d'autres,
puis ils ont droit d'être dans le parti, même s'ils ne sont pas d'accord. Mais
cela étant dit, ils vont être obligés, par exemple, de défendre la politique du
parti.
M. Bélair-Cirino (Marco) : ...c'est
juste qu'il semble y avoir deux poids, deux mesures. Mais c'est peut-être nous
qui avons mal compris. Si, par exemple, moi, je suis contre, personnellement,
contre le mariage gai, est-ce que je peux militer, être candidat dans votre
formation politique, si j'arrive ici, à l'Assemblée nationale du Québec...
M. Duhaime (Éric) : Là, vous
faites référence à une entrevue que j'aie faite avec Patrick Lagacé il y a
quelques semaines.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Non,
je ne l'ai même pas écoutée, l'entrevue avec Patrick Lagacé.
M. Duhaime (Éric) : Parce
qu'il me disait : Si quelqu'un te dit d'aller... Ce que je lui ai dit, là,
c'est qu'il n'y a pas quelqu'un qui va venir me dire d'aller dans une thérapie
de conversion. Parce que c'était ça, la question. Puis moi, je n'irai pas dans
une thérapie de conversion, je vous avertis tout de suite, là. Et donc c'est
ça, mais la personne, elle peut penser ce qu'elle veut dans sa vie privée, là. Ce
n'est pas...
M. Bélair-Cirino (Marco) : ...elle
arrive au Parlement, puis elle ne va pas présenter un projet de loi pour couper
l'union civile en...
M. Duhaime (Éric) : ...si
elle veut ça, elle va se présenter pour une autre formation politique ou comme
candidature indépendante.
M. Bélair-Cirino (Marco) : ...la
personne peut être contre l'avortement, mais quand j'assume mon rôle de député,
je ne proposerai pas un projet de loi...
M. Duhaime (Éric) : Mais il y
en a déjà dans les autres partis, c'est juste qu'ils ne veulent pas le dire.
Une voix : C'est qui?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
écoutez, vous le savez.
M. Bellerose (Patrick) : ...un
tel candidat, opposé au mariage gai, à... serait accepté dans votre parti?
Juste ça qu'on veut savoir.
M. Duhaime (Éric) : Bien,
comme il y en a peut-être dans les autres partis aussi, là.
Mme Senay
(Cathy) :
Can I
jump in in English? I just would like to…
Mme Samson : Enjoy it, because starting tomorrow, you may not be aloud to.
Mme Senay
(Cathy) : You're right. So, I'll enjoy it and
I'll ask…
M. Duhaime
(Éric) : Last call.
Mme Senay
(Cathy) : …Claire, Mrs. Samson. So, you will
vote against it, against Bill 96, even though there are measures that you
proved when you worked with the CAQ in Bill 96? So, why is it so crucial for
you, Mrs. Samson, to… when the vote will take place, you will be among MNAs that
will vote against Bill 96?
Mme Samson : Yes, it's true. Bill 96 has nothing to do with the rapport Samson
that I produced years ago, which was… its intent was to favor a best…
Mme Senay
(Cathy) : Integration?
Mme Samson : …integration of immigrants in their introduction to French, and
them learning French and using French as their prime language. Bill 96 has
nothing to do with that. It does all sorts of things, but not that. It limits
options to Quebeckers to decide where they want to study, how they want to
study, and what their future plans are.
Mme Senay
(Cathy) : And the use of the notwithstanding
clause?
Mme Samson : Is a precedent that is not acceptable.
M. Duhaime
(Éric) : That's the reason why we're against
Bill 96 actually, mainly.
Mme Samson : Primarily.
M. Duhaime
(Éric) : Because, for us, it's unbelievable
that there are 38 articles of the Charter of rights and freedoms of Québec, not
the federal one, the one that was adopted here, at the National
Assembly, that they're saying we're not going to apply
38 articles of the Charter of rights and freedoms, and many of them have
nothing to do with language. And it's very weird because you know how much we suffered because our
rights and freedoms have been violated like never before in Québec's history
over the last two years. And to see that introduced in a bill upfront, for us,
it's scary. That being said, I'm not against the notwithstanding clause, but
somebody could challenge a bill, go in front of the courts, have a decision,
and then, if the Government
thinks that the decision is not good and it's not serving a public interest, it
has the rights to overturn and use the notwithstanding clause to apply what
they believe is essential. But at least there's a debate, at least, there's
political accountability. But, right now, that doesn't exist, we're not even
going to be able to challenge the bill. That's the big problem with that Bill
96 for me.
Mme Senay
(Cathy) : It should not have happened with
linguistics rights?
M. Duhaime
(Éric) : Well, because why… you know, they could use… as you remember, Robert Bourassa used the notwithstanding clause for Bill 101 in the
past, but he did it upfront, there was a debate, and he said why he was against
the court's decision and there was a legislative process and a judicial
process. Now, what we're doing with this bill is that we're putting an article
to make sure that the courts cannot even hear people who are going to complain
because their rights and freedoms are being violated.
Mme Senay
(Cathy) : So, because Robert Bourassa received
the decision of the Supreme Court, then protected its own law, but here it's
the reverse?
M. Duhaime
(Éric) : Yes, and it was going against one or
two articles of the bill. Now, we're talking about 38
articles of the Charter of rights and freedoms that are being put aside, and it
was two articles of the Charter that were used historically. So, it shows you
how large the CAQ is using this bill. It's a bulldozer for no reason. We don't
understand why. And the other problem I have also is that we're here, today,
and the CAQ is trying to fast track that bill. There is all sorts of question
marks as we speak that are not answered. Many people are not even sure, even
Claire, who was said something to earlier that we're not sure if, yes or no, it
applies. A lot of people have those question marks at home, and we're going to
adopt a bill without having any clarity on those issues, and that scares me.
Why don't we take the time? What's the rush? Why is it so rushed, today, to
adopt such a bill? Why don't we take the time?
Mme Senay
(Cathy) :
There
is the election coming.
M. Duhaime
(Éric) :
Well,
then, if they think they're so right, they could bring it back after the
election. If they think it's so good, if they're...
Mme Senay
(Cathy) :
You
have the impression that they were too slow to reassure Anglophones? And that
would be my last question. Do you have the impression that for health and
social services, they should have been more clear about how it would not change
anything for Anglophones?
M. Duhaime
(Éric) :
You
know that I didn't like Mr. Legault, over the last two years, what he did, and
that's why I left the CAQ, because he was splitting Quebeckers. He did split us
two years ago, saying : Your job is essential, his job is not essential,
he can't work. He split us between : He's vaccinated, she's not
vaccinated, she can't go to a restaurant. And now, he's trying to split
Anglophones and Francophones, that's my concern. When I see that he's even
refusing a debate in English during the upcoming election because, supposedly,
he didn't have time, I'm sorry, but if he doesn't have time to speak to 1
million Quebeckers, what does he have time for? Does he have time to have an
election campaign, period? Like, how is that acceptable? How come he had time,
four years ago, to have an English debate, and today, he doesn't have time?
What changed so much? Because the Anglophones don't matter anymore? Because 1
million voters are not real Quebeckers in his book? What is he trying to imply?
What message is he sending to the English community? And not just to the
English community, by the way, even as a Francophone, I'm offensed because
we're all Quebeckers, first and foremost, and I think it's very important for
us to have a Premier who represents us all. He's not just the leader of the
CAQ, doing political, partisan things, he's also the Premier of all Quebeckers,
and unfortunately, he's not a statesman, he's not at the level that we're
expecting a premier to be. Merci beaucoup. Thank you so much.
Mme Samson : Merci beaucoup.
Merci. Bonne journée.
(Fin à 11 h 57)