(Douze heures)
M. Roy : Bien, bonjour à
tous. J'aimerais saluer Pier-Luc Bujold, le président du syndicat des
infirmières, infirmiers auxiliaires et inhalothérapeutes de l'Est du Québec.
Merci beaucoup d'être présent.
Bon, l'objet du point de presse, c'est
pour discuter du rapport de la Vérificatrice générale sur la gouvernance du
CISSS de la Gaspésie, qui, à notre avis, est dévastateur. C'est un rapport qui
met en lumière de nombreuses lacunes administratives et à la limite de l'illégalité
presque chronique dans l'octroi de contrats de gré à gré qui ne respecte
absolument pas les règles dans plusieurs des cas. On fait des… bon, on parle
aussi de processus d'embauche viciés pour, à la limite, faire du favoritisme, on
parle de contrats potentiellement donnés à la famille de gré à gré. Bref,
écoutez, c'est de l'inédit. Mais ce qui est le plus troublant, c'est que c'est
la première analyse ou enquête de la V.G. sur un CISSS ou un CIUSSS depuis la
création de ces derniers. Et ce qu'on voit là, c'est réellement quelque chose
qui peut être la balise ou l'émetteur d'un environnement, dans le domaine de la
santé, qui peut peut-être dépasser celui de la Gaspésie. Donc, ça, c'est notre
crainte.
C'est sûr qu'en tant que Gaspésien j'aimerais
bien qu'on règle le cas de la Gaspésie puis qu'on change la gouvernance, ça
fait des années que je le demande aux différents ministres. Je suis interpelé
quotidiennement, pratiquement, sur les enjeux du CISSS. Écoutez, je pourrais
nommer d'autres éléments du rapport, entre autres, le climat extrêmement
toxique de travail des gens de la baie des Chaleurs, où près de la moitié des cadres
ont démissionné, là, ils n'ont pas pris leur retraite, ils ont démissionné.
Puis j'ai parlé à beaucoup d'entre eux qui étaient... Écoutez, leur carrière a
été détruite.
Ça fait que c'est inadmissible, en 2022,
de gérer une institution comme le réseau de la santé de cette manière-là. C'est
attaché avec de la broche, c'est du n'importe quoi. Et on a... j'ai demandé au
ministre, tout à l'heure, au salon bleu, d'agir assez rapidement, là, puis de
régler le problème de gouvernance, mais de le régler globalement, pas juste de
changer la D.G., parce que ceux et celles qui ont été placés sous sa gouverne
vont pérenniser le mode de gestion, et ça, ce n'est pas une bonne idée, là.
Donc, on va se ramasser avec les mêmes modes opératoires qu'on a vus sous la
gouverne de l'ancienne… de la D.G. actuelle, mais qui devrait prendre sa
retraite sous peu.
Donc, globalement, c'est un enjeu
important pour moi, en tant que député de Bonaventure, depuis 10 ans
pratiquement que je travaille sur ce dossier-là. Donc, j'ose espérer que le
ministre va prendre ses responsabilités, parce que le budget de la Santé, c'est
la moitié de l'argent des Québécois. Le CISSS de la Gaspésie, c'est
460 millions de dollars par année, ce n'est pas des pinottes, et là c'est
géré comme une entreprise privée qui donne des contrats à qui ils veulent en
défiant l'ensemble des règles de bonne gouvernance.
Donc, voilà pour ma part. Maintenant, je
vais céder la parole à M. Pier-Luc Bujold, qui, lui aussi, a des choses à
dire, puis on travaille ensemble depuis des années sur le dossier du CISSS.
Donc, je vous laisse la parole, M. Bujold.
M. Bujold (Pier-Luc) : Bien,
tout d'abord, ce dossier-là doit être pris très au sérieux, là, de la part du
ministère de la Santé. Ce n'est pas seulement en changeant la P.D.G. que les
choses vont se régler. C'est un problème vraiment de gouvernance au niveau du
CISSS de la Gaspésie et ça doit être observé, attaqué, là, du ministère de la
Santé. Je pense, ce n'est pas juste en changeant une pomme dans un bol à fruits
qui fait que tous les fruits deviennent sortis de l'arbre. Ce n'est pas en
tassant les mouches, non plus, du bol à fruits que ceux-ci, là, deviendront
bons à la consommation.
Ça fait que je pense qu'il y a beaucoup d'actions
qui doivent être prises, notamment sur le climat de travail. Il y a une
réhumanisation du climat de travail, des conditions de travail qui doit être
faite, là, partout en Gaspésie. Là-dessus, on sera... on va surveiller ça de façon
très, très stricte. Je pense que, la P.D.G., ce n'est pas dans quelques jours
qu'il faut qu'elle soit retirée de ses fonctions, c'est aujourd'hui,
maintenant, à l'heure où on se parle.
Il y a beaucoup d'actions qui doivent être
entreprises dans les chantiers en Gaspésie, notamment en nommant une personne,
là, de confiance, avec les compétences pour mettre à bien les recommandations
de la V.G., puis cette personne-là ne pourra pas faire ça seule, mais bien avec
un groupe qui est détaché de l'état de la situation actuellement au CISSS de la
Gaspésie, pour redonner confiance en la population vers le CISSS de la
Gaspésie, aux membres qu'on représente vers le CISSS de la Gaspésie, mais aussi
la confiance de la population gaspésienne envers le gouvernement, parce que ça
fait des années que ces situations-là sont connues. Le gouvernement les
connaît, il doit agir maintenant.
M. Roy : Peut-être
rajouter un élément. La V.G. avait un mandat très circonscrit puis elle dit,
dans son rapport, qu'il y a des éléments qui pourraient déboucher sur d'autres
enquêtes, faites par d'autres organisations, parce que ça va loin.
Ça fait que, voilà, si le ministre ne
comprend pas qu'il faut qu'il bouge rapidement, probablement qu'il va y avoir
une réaction en chaîne et que d'autres organisations vont s'intéresser au
dossier du CISSS, qui, encore une fois, peut être la balise et l'émetteur d'un
signal d'une problématique qui dépasse la Gaspésie, mais qui couvre l'ensemble de
la gouvernance et de la gestion des CISSS au Québec. C'est la moitié de notre
argent qui est là-dedans puis, à mon avis, c'est très mal investi dans la santé
de la population. Donc, voilà, c'est ce que j'avais à dire.
Merci beaucoup, M. Bujold, pour votre
dévouement pour le personnel de la Gaspésie. Voilà. Merci.
(Fin à 12
h 6)