(Dix heures sept minutes)
Mme Anglade : Bonjour,
tout le monde. J'espère que tout le monde a eu une belle fin de semaine.
Des voix : …
Mme Anglade : La mienne… Oui,
c'est ça. La mienne, j'en ai profité, alors… Vous avez remarqué?
Journaliste
: C'est la
COVID ou un party?
Mme Anglade : Ah! la fête des Mères,
je pense, qui a contribué à ça.
Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde.
Aujourd'hui, ça me fait plaisir d'être accompagnée avec Isabelle Melançon.
Merci, Isabelle, d'être là. On va, d'entrée de jeu, parler de pénurie de main-d'oeuvre.
La semaine dernière, je ne sais pas si
plusieurs d'entre vous ont suivi les crédits avec le premier ministre… et
clairement, en termes de pénurie de main-d'oeuvre, on a encore un véritable
problème, de la part du premier ministre, de reconnaître cet enjeu-là.
La semaine passée, il y a des groupes qui
sont sortis pour dire à quel point ça affectait les entreprises, que ça
affectait les PME, que plusieurs des PME n'étaient pas en mesure maintenant de
respecter des contrats, que plusieurs d'entre elles commençaient maintenant à
se délocaliser parce qu'elles n'étaient pas en mesure de trouver de la
main-d'oeuvre. Et qu'est-ce qu'a répondu à ça le premier ministre? Il nous a
dit en fin de semaine : Bien, vous savez, c'est une mosus de bonne
nouvelle.
Il n'y en a pas, de bonne nouvelle,
là-dedans. Les entrepreneurs sont fatigués, les travailleurs sont fatigués. Les
politiques du gouvernement aujourd'hui freinent l'économie du Québec, puis on
le voit dans les chiffres, on le voit en 2022, on le voit pour les projections
en 2023. Un véritable enjeu qui n'est pas pris au sérieux de la part du premier
ministre, et c'est extrêmement inquiétant de voir la manière dont c'est pris
avec légèreté. Il y a une crise de la main-d'oeuvre puis il y a des éléments
qu'ils doivent mettre de l'avant pour répondre à ces besoins-là. Voilà.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, quels éléments vous voulez mettre de l'avant? C'est rehausser les
seuils d'immigration? C'est quoi, vos solutions?
Mme Anglade : Bien, la
première des choses, je vous dirais, c'est de faire en sorte que les femmes
puissent retourner sur le marché du travail. On était... En fin de semaine, il
y avait 10 000 personnes, des hommes et des femmes, mais beaucoup de
femmes, qui marchaient, notamment, pour des poussettes. Pourquoi? Parce
qu'elles ont besoin de retourner sur le marché du travail. Ça fait plus d'un an
qu'elles en parlent, ça fait plus d'un an qu'elles disent : On n'a pas les
moyens, il n'y a pas de service de garde, on n'a pas suffisamment mis les
efforts là-dedans. Elles ont moins d'argent parce qu'elles n'ont pas de revenu,
parce qu'il n'y a pas de service de garde. C'est un recul marqué pour les
femmes. Ça, c'est la première chose qu'il faudrait qu'on règle d'un point de vue
de la pénurie puis d'un point de vue...
M. Bellerose (Patrick) :
...immigration, vous fixez à combien? Parce que j'imagine qu'une grande partie
de la solution, quand même, ça passe par plus d'immigrants qui peuvent venir s'ajouter
à la main-d'oeuvre.
Mme Anglade : Une partie
de la solution, après le retour des femmes sur le marché du travail, le fait qu'on
veut avoir des travailleurs expérimentés, bien sûr, ça doit passer par l'immigration.
Cette année seulement, cette année seulement, le Québec, au total, va
accueillir — ça, c'est la politique de François Legault — 70 000 personnes.
Bien, si on est capables d'avoir une capacité d'accueil de 70 000, moi, je
pense qu'on se base là-dessus et on fait le tour avec l'ensemble de nos
régions. Nos régions...
M. Lacroix (Louis) : Mais
c'est ça, votre cible, dans le fond. Parce que vous n'avez pas répondu.
M. Bellerose (Patrick) : ...70 000
par année — excuse-moi, Louis — ce serait bien, pour vous?
On pourrait dire... cette année, on pourrait faire, sur plusieurs années à
venir, 70 000 personnes par année?
Mme Anglade : Ce que j'aimerais
voir, c'est qu'on soit capables de reconnaître qu'on a été capables d'accueillir
70 000 personnes cette année et qu'à partir de maintenant on veut
travailler avec les régions. C'est ça, la charte des régions qu'on a mise de l'avant
pour travailler avec les régions, pour faire en sorte qu'elles, elles voient
non seulement la nécessité des besoins de main-d'oeuvre, mais également la
capacité d'accueil.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
Mme Anglade, c'est intéressant, la question, parce que M. Legault vous l'a
posée, pendant les crédits, au moins 10 fois, cette question-là :
Est-ce que votre seuil à vous, si vous étiez première ministre, compte tenu de
ce que vous avez expliqué, là, que, bon, cette année, on accueille 70 000 immigrants…
est-ce que ce serait ça, votre seuil à vous? Vous n'avez jamais répondu à cette
question-là, puis, encore là, vous ne répondez pas. Est-ce que 70 000, c'est
trop ou si c'est ça, le seuil?
Mme Anglade : Je
partirais de ce qu'on a accueilli en 2022 comme base pour avoir la conversation
avec l'ensemble de nos régions. Mais là je vais répéter une chose qui est
importante…
M. Lacroix (Louis) : Donc,
70 000.
Mme Anglade : Je vais répéter
une chose qui est importante : Je partirais de la base de ce qui a été
accueilli aujourd'hui et d'avoir la conversation avec l'ensemble des régions du
Québec pour avoir...
M. Laforest (Alain) : La
base, c'est 70 000. Dites-le.
Mme Anglade : La base, c'est
ce qu'on a accueilli cette année, O.K., en 2022. À partir de ce moment-là, ce
qu'il faut faire… Puis là je réitère ce message-là parce que, trop souvent, là,
on veut tout décider à Québec, on veut prendre la décision à Québec puis l'implanter
partout, puis on voit que ça ne fonctionne pas, cette manière-là de faire du
mur-à-mur. On a besoin de faire du sur-mesure, d'où la nécessité de faire en
sorte que les régions soient impliquées pour prendre la décision avec nous.
M. Bellerose (Patrick) : La
CAQ va vous dire : C'est difficile de franciser tous ces immigrants qui
arrivent, c'est pour ça qu'on a réduit les seuils pendant un bout. Là, il y a
un rattrapage cette année. Vous n'avez pas une préoccupation qu'on ait de la
difficulté à franciser, intégrer les immigrants supplémentaires qu'on va
accueillir?
Mme Anglade : Dans les
propositions qu'on a faites, les 27 propositions pour la langue française,
c'était un demi-milliard de dollars par année, justement, pour les enjeux de
francisation. Absolument important de franciser. C'est pour ça qu'il faut
mettre les sommes nécessaires pour y arriver.
M. Lacroix (Louis) : Mais
si on ne trouve personne parce qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre?
Mme Anglade : Il faut
trouver tous les moyens, et c'est pour ça que c'est important d'impliquer les
régions, c'est pour ça que c'est important, parce qu'eux, elles ont les
réponses sur le terrain, eux, elles savent ce dont on a besoin. Quand on s'assoit
avec l'Abitibi-Témiscamingue puis qu'ils nous disent : Bien, on a des
problèmes de logement… On revient à des questions fondamentales : un logement,
assurer les écoles, quand les gens vont venir. Mais les solutions, elles sont
sur le terrain. Il faut arrêter de faire ce mur-à-mur...
M. Lacroix (Louis) : Le
PQ, sur l'immigration, dit qu'il faut fermer le chemin Roxham parce que ça
entre à pleines portes et ça vient limiter, justement, entre autres, la
capacité de francisation. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, qu'on ferme le
chemin Roxham, comme on avait fait pendant la pandémie, pour éviter, justement,
que ça devienne une porte d'entrée aussi importante?
Mme Anglade : Bien, moi,
je pense qu'il faut vraiment respecter les ententes qu'on a puis s'assurer, s'assurer
que toutes les personnes qui rentrent puissent être francisées, que, toutes les
personnes qui rentrent, on puisse les accompagner. C'est ça qui est important.
M. Lacroix (Louis) : Donc, on
ne ferme pas le chemin Roxham.
Mme Anglade : Donc, encore une
fois, il faut s'assurer que, toutes les personnes qui entrent, on puisse les
franciser.
Mais le problème fondamental qu'on a, là,
revenons à la base, là, le problème fondamental qu'on a, c'est que les pénuries
de main-d'oeuvre ne font que s'accentuer. Si on regarde la croissance
économique du Québec cette année, là, elle va être en deçà de l'Ontario. Si on
regarde la croissance économique en 2023, elle va être en deçà de l'Ontario.
Premier geste à faire, c'est revenir avec les femmes qui retournent sur le
marché du travail. Ça, c'est vraiment fondamental.
M. Laforest (Alain) : On
fait quoi avec les travailleurs… on fait quoi avec les camionneurs artisans et
les taxis? Est-ce qu'on compense, est-ce qu'on augmente, tant pour les taxis
que pour les camionneurs artisans, compte tenu de la hausse du coût du pétrole?
Mme Anglade : Bien, ça,
c'est une vraie question à poser au ministre des Transports. Mais je vous
dirais la chose suivante : Quand on parle de camionneurs, là, on parle de
quoi? On parle de personnes qui veulent gagner leur vie, on parle de
personnes... quand on parle d'un taxi, on parle de personnes qui veulent gagner
un gagne-pain. L'épicerie augmente, l'inflation augmente, et ils ne sont pas
capables de joindre les deux bouts. Le gouvernement, le ministre, il a la
responsabilité de trouver des solutions. Il y a des solutions qui doivent
exister au Bureau du taxi, je ne peux pas m'imaginer qu'il n'y a pas de
solution. Mais on ne peut pas laisser les gens ne pas gagner leur vie
également.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que vous avez abandonné votre virage nationaliste, Mme Anglade?
Mme Anglade : Je vous
dirais la chose suivante, là : François Legault n'a pas le monopole du
nationalisme. Ce qu'il pratique, François Legault, là, c'est un nationalisme de
fermeture, c'est un nationalisme qui divise, où il va opposer francophones, anglophones,
immigrants, non-immigrants, caquistes versus non-caquistes. Moi, ce que je vous
dis, là, c'est que, nous, ce qu'on veut, c'est gouverner pour tous les
Québécois, peu importe où ils sont dans les régions, peu importent leurs
origines, on veut gouverner pour tous les Québécois.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que vous êtes d'accord que le sujet du nationalisme divise les Québécois?
Mme Anglade : Ce n'est pas le
sujet du nationalisme qui divise, c'est la manière dont pratique François
Legault son propre nationalisme qui divise, c'est la manière dont il approche
les enjeux qui divise. C'est quand il nous dit qu'il y a des gens qui gagnent
56 000 $ et plus, qui font son affaire, puis il y a les autres. C'est
quand il nous dit : Il y a des bons immigrants, il y a des moins bons
immigrants. C'est quand il nous dit : Il y a des francophones puis des
anglophones. C'est lui qui divise en faisant ça. Ce n'est pas le nationalisme
qui divise, c'est sa manière de le faire qui le divise.
M. Bellerose (Patrick) : Qu'est-ce
qui reste de nationaliste au PLQ si on est contre la Loi sur la laïcité, contre
la loi n° 96… rehausser les seuils d'immigration? On
parlait du bilinguisme, hier, avec votre candidate. Le projet nationaliste, là,
pour défendre le peuple francophone au Québec, il est où au PLQ?
Mme Anglade : Le Québec, là,
c'est une société francophone. Il n'y a personne qui débat ça, il n'y a
personne qui remet ça en question. Puis l'importance de promouvoir puis de
défendre la langue française, il n'y a personne qui va remettre ça en question.
Mais vous, là, ici, là, vous en avez, des
enfants, hein, il y en a plusieurs... qui ont des enfants. Est-ce que le fait
d'apprendre une autre langue, une troisième langue, une quatrième langue, c'est
un problème? Ça ne devrait pas être un problème.
Quand on parle de nationalisme
d'ouverture, c'est de reconnaître que le Québec est une société francophone en
Amérique du Nord qui peut rayonner sur la planète, mais d'encourager aussi nos
jeunes Québécois à apprendre deux langues, trois langues, quatre langues. Je
pense que c'est sain, c'est sain comme débat à avoir. On ne peut pas opposer
les deux. Ils ne sont pas à être opposés.
Mme Prince (Véronique) : Dans
le même thème, concernant l'épreuve uniforme de français, justement, est-ce que
vous trouvez normal qu'il y ait une iniquité entre les écoles, que certaines
permettent à des étudiants d'avoir un dictionnaire électronique, d'autres non?
Est-ce que c'est normal, ça?
Mme Anglade : Bien, je pense
qu'il devrait y avoir des règles équitables pour... partout, hein, que tout le
monde puisse respecter les mêmes règles par rapport aux épreuves de français.
Mme Prince (Véronique) : Mais
est-ce que le ministre doit intervenir? Est-ce qu'il y a des directives qui
doivent être données? Parce que…
Mme Anglade : Certainement.
Le ministre devrait regarder ce qui se fait, mais trouver... le faire de
manière équitable. Je pense que c'est la première des choses qui me viendrait à
l'esprit en termes de principe.
Mme Senay (Cathy) :
Can I jump in English? The
rising cost of gas… You saw truckers protesting, yesterday, in different
regions across Québec, and the Transport Minister said that he's looking at a
solution. And you have Premier Legault that said, at the budget credits, that
he has done enough with the rising cost of living for now, but then, after
that, he said : In 2022, we'll continue to be the champion of the wallets
of Quebeckers, as we were in 2018. So, is the Government dragging its feet to really target sectors where people need help?
Because it's going to be really difficult in the summer for all Quebeckers.
Mme Anglade :
So, the short answer to your question
is yes. Is the Government
dragging its feet? Yes.
The Government took $700 in the pockets of
Quebeckers and decided to give back $500, that's what they did at the last
budget. Meanwhile, you have people trying to make a living. Meanwhile, you have
people trying to pay for groceries, trying to pay for gas, trying to pay for
housing. So, there is definitely a need for the Government to act now. There was a need for the Government to act six months ago, and they didn't, and that's really
problematic.
Everywhere I go, every place
I attend, every location, they tell me : What are we going to do? We need
more money. And we made several recommendations. $2,000 for seniors that are
over 70 years old. Now, not in six months, like we recommended this almost,
like, eight months ago. So, there are clear actions that the Government can take.
Mme Senay (Cathy) :
And for truck drivers, where do you
draw the line? If you start helping… giving a compensation to truck drivers,
independent ones, where do you draw the line? Like, taxi drivers or any other
Quebeckers… living like… So, what do you do? Where's the limit?
Mme Anglade :
What we're living right now is extremely
problematic, and I think you have to put all the resources together to face the
situation, and, if you have to sit down sector by sector and analyze it, let's…
we should be doing this. But first and foremost, look at the economy. I want to
go back to the whole question around manpower, we are lacking people, we have
women that are sitting at home, not being able to work. Like, these are the
things that we need to focus on if we want to boost our economy and support
families.
Mme Greig (Kelly) : I want to ask you about this 1:00 o'clock press conference with
Ghislain Picard and with Chief Sky-Deer from Kahnawake. There's been a lot of
discussion about possibly putting in exemptions for indigenous communities.
What do you think the correct course of action is in terms of Bill 96 and indigenous
communities, about CEGEP specifically?
Mme Anglade : Well, the first thing I'd like to say is : When something like this
happens, it's really… it's hard to understand why the Government will not meet
with them first, meet with them and have a clear conversation to understand the
impacts it has, and then come up with actions. That's the first thing that I would
recommend. But then, there will be a press conference at 1:00 o'clock.
Mme Senay (Cathy) : The French exam, the fact that some students had, like, a paper
dictionary and others had a famous digital tool… I mean, why don't we give the
same means for a standard exam?
Mme Anglade : That's what I think, it should be equitable. I think the principle
that should guide us is really the principle of equity, that everybody should
be taking it the same way. And the Minister would have to intervene in that
case.
M. Authier (Philip)
: The Government has said…
Mme Greig (Kelly) : …do you mind if I do, Phil?
M. Authier (Philip)
: Yes, go ahead.
Mme Greig (Kelly) : If I can just go back to 96 for a second. I know your party said
you're going to be voting against it, but should there be an exemption for indigenous
students in regards to CEGEP? And what specifically would you like the wording
to be around that? Because there isn't right now.
Mme Anglade : Again, again, I think there will be a press conference at 1:00
o'clock. I'm not going to scoop the press conference, but the one thing that I
would say is : I can hardly fathom the fact that there hasn't been any conversation
with the First Nations in order to discuss this and see the implications for
the First Nations.
M. Authier (Philip)
: But the Government has said there would be… in the hallway, anyway,
they've said that there would be an exemption, although it was quite confusing
how that would work. We didn't get… So, would that be acceptable? Because… is saying
the bill will not apply on their territory.
Mme Anglade : Again, you said it yourself, it's confusing. It's confusing, they're
mentioning one thing, they're doing something else. I mean, I've lived enough
with a CAQ Government to know that they say one thing and they do something
opposite at the end. So, I think they need to get the full picture of the
impacts on the First Nations in order to propose something that's going to be
acceptable to everybody, and that's the point of the press conference at 1:00
o'clock.
Des voix :
Merci beaucoup.
Mme Anglade : Merci à tout le
monde. Merci.
(Fin à 10 h 21)