(Huit heures trente-trois minutes)
Mme Melançon : Bonjour,
tout le monde. Alors, aujourd'hui, on est devant nous, Marc Tangauy et moi,
pour parler notamment de pénurie de main-d'oeuvre. C'est un fléau qui frappe
actuellement toutes les régions du Québec. Marc pourra vous parler de la
tournée qu'il a effectuée dans les dernières semaines. Mais je tiens à vous
rappeler qu'au début du mandat il y avait 118 000 postes vacants au
Québec; maintenant, on est à 238 000 postes, et ça va continuer à
augmenter. Donc, on est passés de 118 000 à 238 000, ça, c'est le
double de postes vacants qu'il y avait depuis 2018.
Le gouvernement a décidé de ne rien faire.
Son inaction, malheureusement, coûte très, très cher à toutes les régions du
Québec, aux employeurs, certainement, mais aussi aux employés qui doivent
vaquer à des occupations qu'ils ne devaient pas nécessairement faire auparavant
parce qu'il y avait d'autres employés qui pouvaient, justement, tenir... faire
ce qui devait se faire dans d'autres postes. Alors, les employés sont
doublement mis à contribution, il y a beaucoup de temps supplémentaire, il y a
moins de temps de vacances, il y a moins de temps, les fins de semaine aussi,
pour les employés.
Mais là il y a les consommateurs qui
commencent à payer aussi les frais de l'inaction du gouvernement. Vous savez,
actuellement, moins de services, l'inflation qui augmente… Je ne dis pas
qu'aujourd'hui la main-d'oeuvre… la pénurie de main-d'oeuvre est le seul
facteur inflationniste, mais assurément il y a un impact majeur sur l'inflation,
quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre, et d'ici 2030 on sait que ça va
continuer à augmenter, alors c'est un problème criant.
Le gouvernement pouvait passer à l'action,
lors du minibudget de novembre dernier, lors de la mise à jour économique. D'ailleurs,
il y a six organisations nationales qui avaient parlé d'une seule voix pour
demander au gouvernement du Québec d'agir, chose que le gouvernement n'a pas
faite. Au budget, on a manqué une autre occasion de pouvoir passer à l'action.
Ils ne l'ont pas fait. Du côté du Parti libéral du Québec, on avait fait de
nombreuses propositions, le ministre Boulet est resté muet sur ces propositions-là,
il n'a pas bougé.
Alors là, actuellement, on est dans une
crise qui va malheureusement s'amplifier, année après année, et ça fait perdre
des milliards de dollars au Québec, l'inaction de ce gouvernement-là. Et
honnêtement, pour un gouvernement qui vous disait qu'il avait les régions à
coeur, l'économie à coeur, on voit que c'est un flop complet de la part du
gouvernement caquiste. Marc.
M. Tanguay : Merci,
Isabelle. J'ai eu l'occasion, au cours des dernières semaines, de faire une
tournée du Québec qui m'a amené, notamment, au Bas-Saint-Laurent, Gaspésie,
passant par l'Estrie jusqu'en Abitibi, pendant toute une semaine, là, du
dimanche au vendredi. Et un commentaire qui m'a marqué et qui résume bien la
situation : La pénurie de main-d'œuvre, partout, dans toutes les régions,
est le sujet numéro un en matière économique, a un effet déstructurant. Quelqu'un
a dit, en Abitibi, j'étais à Rouyn-Noranda : La pénurie de main-d'œuvre a
un effet déstructurant.
Alors, ça veut dire que, notamment pour
les Manufacturiers et Exportateurs du Québec, on le sait, ils l'ont chiffré, c'est
une perte de 18 milliards de dollars. Et eux, également, tout le monde fait
face à cette pénurie de main-d'œuvre, et on voit un gouvernement qui n'agit
pas, un gouvernement qui prétend être le gouvernement des régions, mais qui,
dans les faits, ne l'est pas du tout, en n'écoutant pas, en ne réalisant pas qu'il
y a une véritable crise, pénurie de main-d'œuvre qui affecte tous les secteurs,
notamment, nos PME.
Et vous avez vu, lundi, un sondage qui est
sorti de la FCEI, Fédération canadienne des entreprises indépendantes, qui est
venu dire : Écoutez, avec l'inflation, bien, ce qui fait en sorte… c'est
que, oui, la pénurie de main-d'œuvre a un impact sur les prix. Quand on regarde
l'action du gouvernement qui ne travaille pas pour diminuer cette inflation-là,
notamment pour les tarifs d'hydroélectricité, vous nous avez entendus le
dénoncer régulièrement… bien, qui fait en sorte que ces tarifs-là viennent
ajouter aux défis énormes, à la crise, pénurie de main-d'œuvre. Et, encore une
fois, pouvant en témoigner, c'est le sujet numéro un, quand on rencontre des
acteurs économiques sur le terrain et même des acteurs sociaux, partout, dans
les missions de l'État, c'est une pénurie grave.
Jean Boulet, s'il était ici, il vous
dirait : Bien, vous savez, on a fait ça, ça, ça. Ça ne marche pas, ça ne fonctionne
pas, et les chiffres sont excessivement préoccupants. Et il doit mettre, donc,
en application des mesures très tangibles. Il avait pu, il avait l'occasion de
le faire, le 22 mars, puis ça a été une occasion manquée. Bien, nous, on
ne lâchera pas, on va continuer le combat, continuer à souligner l'impact
dévastateur que ça a sur, oui, l'économie du Québec, sur les citoyens, sur nos
entrepreneurs, puis on va continuer à exiger des solutions tangibles. Voilà.
Merci.
M. Laforest (Alain) : Vous
parlez souvent de la santé. Le Dr Boileau, hier, a décidé de ne pas mettre
de mesures supplémentaires pour Pâques, a laissé entendre, ce matin, qu'il
pourrait prolonger le port du masque. Avec la hausse des cas, actuellement,
est-ce que vous trouvez que le gouvernement devrait serrer un peu plus, pas la
vis, mais le message, pour dire aux gens que le virus circule trop?
M. Tanguay : Bien, je
pense... Nous, on a toujours dit que, maintenant, il faut apprendre à vivre
avec le virus. La Santé publique, ce qu'elle nous dit, et les analyses qu'ils
font, c'est excessivement important, alors on écoutera, évidemment, de façon
très, très consciencieuse ce que dira le Dr Boileau, et ça sera à la Santé
publique d'arriver avec les suggestions. Encore une fois, il y a un appel à la
plus grande prudence qui a été lancé hier, on pense que c'est évidemment la
bonne chose à faire, puis écoutons la Santé publique, et… voir les suggestions
qu'ils feront en temps et lieu.
M. Lachance (Nicolas) : Êtes-vous
en train de changer un peu votre angle d'attaque? Vous êtes comme un peu de
retour à ce que vous disiez avant Noël, donc on revient à la pénurie de main-d'œuvre,
à l'économie. Est-ce que les libéraux se cherchent une nouvelle identité ou... recentre
son message?
M. Tanguay : Savez-vous,
moi, là, je vais… le témoignage que je viens vous porter ce matin est le fruit
d'une capacité que nous avons récupérée à aller dans les régions, à aller
visiter les entreprises. Puis vous avez vu sur mes réseaux sociaux, on n'a pas
chômé, je n'ai pas chômé avec mes collègues, sur le terrain, puis c'est le
message très, très fort que l'on entend. Les gens, là, première des choses, ils
sont contents de nous voir, ça fait longtemps qu'ils ne nous ont pas vus à
cause du confinement. Et là, ils nous disent : Assoyez-vous, on a des
choses à vous dire. Et invariablement c'est la pénurie de main-d'œuvre qui
revient, crise du logement, également, crise du logement. Aïe! À Rimouski, taux
d'inoccupation, c'est 3 %, puis à Rouyn-Noranda, c'est 2 %.
Savez-vous, il y a quelque chose que j'ai appris, il y a deux semaines, qui m'a
jeté à terre : un quatre et demi, à Rouyn-Noranda, c'est 1 200 $,
un quatre et demi, à Rouyn-Noranda, c'est 1 200 $. Ce qui fait la
valeur d'une chose, c'est la rareté, il y a une pénurie, il y a une crise.
Alors, ça, le fait d'être sur le terrain,
nous, notre devoir, c'est d'être les porte-parole de cette crise-là, de ses
effets néfastes, et aussi, notre responsabilité, c'est d'apporter des solutions,
puis on en a faites, des solutions, si vous voulez.
M. Laforest (Alain) : ...dans
les derniers mois, cependant, là.
M. Tanguay : Pardon?
M. Laforest (Alain) : Vous
n'en avez pas parlé beaucoup, durant les derniers mois.
M. Tanguay : Vous parlez
de quel sujet?
M. Laforest (Alain) : Vous
en avez parlé beaucoup, de pénurie de main-d'oeuvre, à l'automne, vous avez mis
ça de côté plus là vous revenez ce matin.
M. Tanguay
: Ah! non,
bien, moi, je ne sais pas si…
M. Laforest (Alain) : …
M. Tanguay : Ah! non, bien, j'ai
eu l'occasion de poser quelques questions, ma collègue également.
M. Laforest (Alain) : ...quelques
questions, oui.
M. Tanguay : Oui, oui,
non, tout à fait. Mais vous savez, il y a d'autres questions comme l'hécatombe
à Herron, les 5 600… 5 060 victimes également, alors il y a eu des
sujets qui ont évidemment, à raison, pris le temps nécessaire, puis on va
continuer à questionner là-dessus.
Mais, pour ma part, comme porte-parole de
l'opposition officielle en matière d'économie, PME, d'être sur le terrain et de
revenir avec ce message-là, très clairement, on va continuer, parce que le
gouvernement manque le bateau, le gouvernement n'est pas conscient de la crise,
puis ça ne semble pas intéresser François Legault.
Puis ce gouvernement-là est caractérisé
par une chose : s'il y a un sujet qui n'intéresse pas François Legault,
bien, il n'y a pas de plan de match, il n'y a pas de solution. Et il serait
temps qu'il s'en occupe, là, du logement. On a su puis on a vu l'apprentissage
du premier ministre en direct. Un appartement, à Montréal, ce n'est pas
500 $. Je veux dire, le fait d'augmenter de 720 $ par mois un
logement, la fameuse clause F, bien, il l'a appris sur le tas. Ça me faisait
penser au François Legault d'octobre 2018, vous vous en rappelez, septembre
2018, en matière d'immigration, quand il disait : Bien, écoutez, je ne
suis peut-être pas bon à Génies en herbe, mais au moins, on aura des
propositions là-dessus.
Alors, encore une fois, on demande de
façon urgente à François Legault de s'intéresser à la pénurie de main-d'oeuvre,
de s'intéresser à la crise du logement et de faire en sorte d'arriver avec des
solutions tangibles.
Puis une dernière chose. Le 22 mars
dernier, moi, je m'attendais, comme porte-parole de l'économie, là, à ce qu'il
y ait un PAUPME puis un AERAM, des programmes gouvernementaux pour aider nos
PME, aider nos entreprises, 2.0. Je n'ai rien vu dans le budget. Alors, les
programmes de soutien de nos PME, pour passer à travers la crise — puis
là, on espère, on touche du bois, la crise est davantage derrière nous — bien,
évidemment, bien, on aurait espéré un programme pour préparer la relance, les
aider à la relance, mais on n'a rien vu de ça. Alors, on reste sur notre faim,
puis on va continuer, puis d'où le point de presse de ce matin.
M. Duval (Alexandre) : On
nous promet un tunnel avec… deux tunnels, en fait...
M. Tanguay : Ou là,
c'est deux tunnels, hein? J'ai perdu le fil, moi, là, expliquez-moi, oui.
M. Duval (Alexandre) : Deux
tunnels, mais probablement pas plus que 7 milliards de dollars. Y
croyez-vous, à ce montage financier?
M. Tanguay : Pas du
tout, pas du tout, parce qu'il faut toujours, avec ce projet-là, quand on consulte
les experts, ajouter quelques milliards. Alors là, le tunnel de
7 milliards, les experts pourront en faire une analyse. Puis ça sort du
chapeau, je veux dire, il y a un mois, on ne parlait pas de deux tunnels, là.
Il y a quatre ans, la CAQ…
Puis Éric Caire, là, moi, je suis inquiet
pour Éric Caire. Éric Caire, il a mis son siège en jeu, alors ils vont faire
quoi, là? Rappelez-vous, Monique Jérôme-Forget, là, elle parlait du syndrome de
la pépine, là, alors, Éric Caire, il va-tu se dépêcher pour essayer de mettre
une pépine à quelque part, couper une couple d'arbres puis dire :
Voyez-vous, «check the box» — si vous permettez l'expression — j'ai
sauvé mon siège? Éric Caire a mis son siège en jeu pour livrer ce troisième
lien là, alors on les voit désespérer.
Puis là, écoutez, passer d'un tunnel à
deux tunnels, là, ce n'est pas la petite chose, là. Puis les élections s'en
viennent. Alors, je crois qu'il y a beaucoup d'amateurisme dans ce dossier-là.
Et 7 milliards, vous allez voir, là, ça va augmenter, ça va exploser.
M. Laforest (Alain) : Mais
on fait quoi?
M. Tanguay : Bien, tout
à fait. Il est important de faire en sorte, oui, de reconnaître la congestion.
Nous avions été, lorsqu'on était au gouvernement, parties prenantes, notamment,
pour le tramway, donc un projet que nous avions mis de l'avant...
M. Laforest (Alain) : ...
en place.
M. Tanguay : Pardon?
M. Laforest (Alain) : Le
bureau de projet, c'est vous autres qui l'avez mis en place, c'est André
Fortin.
M. Tanguay : Oui, bien,
tout à fait, et c'est important d'écouter les experts, tout à fait, c'est
important d'écouter les experts. Et à votre question : Qu'est-ce qu'on
peut faire? Améliorer la fluidité à la tête des ponts, s'assurer que, les
principales artères, également, on puisse améliorer le transport, faire en
sorte d'avoir un transport en commun structurant d'une rive nord, rive sud,
etc. Alors, il y a des plans que la CAQ pourrait mettre de l'avant, mettre sur
la table, mais on voit une obsession du trou, du tunnel à 10 milliards, puis
là c'est rendu deux tunnels à 7 milliards. Écoutez, c'est un mauvais film,
toute cette histoire-là, là.
M. Bossé (Olivier) : En
bas de 7 milliards, ça peut commencer à être intéressant pour le PLQ? Ça peut
commencer à être acceptable?
M. Tanguay : Non, vous
savez… puis je pourrai laisser ma collègue compléter également, non, pas du
tout, pas du tout. Les solutions, telles que celles que je viens de mentionner,
peuvent être mises en application. Puis voilà. Alors, je vais laisser,
peut-être, ma collègue compléter.
Mme Melançon : Merci,
Marc. Bien, il y a différentes choses dans tout ça, là. Vous savez que le
ministre de l'Environnement lui-même est allé dire qu'on était pour être
capables de freiner l'étalement urbain grâce à un tunnel caquiste. Il est le
seul à se croire, là, on va se le dire honnêtement, là, il est zéro crédible
lorsqu'il parle. Et là, bien, lui, il se fait le porte-voix... parce
qu'habituellement il se fait le porte-voix de Pierre Fitzgibbon, là, il se fait
le porte-voix du ministre des Transports, il se fait le porte-voix de François
Legault. Zéro crédibilité.
Bien sûr qu'il y a du travail. On doit
aller avec du transport en commun structurant. Le tramway, là, c'est le Parti
libéral du Québec, aussi, puis je suis très fière de vous le rappeler ce matin.
Mais vous savez quoi, à un moment donné, là, il y a des lubies comme celle-là,
là, auxquelles on doit mettre un frein, à un moment donné. Je comprends
François Legault de ne pas vouloir être à l'annonce, ce matin, parce qu'il doit
savoir lui-même que ça n'a aucun bon sens ce qu'ils vont proposer, il sait que
c'est très, très, très politique. Il est en train de vouloir sauver le poste d'Éric
Caire, et ça, moi, je trouve que c'est très, très cher payé, pour les Québécois,
de sauver le poste d'Éric Caire, de parler de 7 milliards de dollars.
M. Laforest (Alain) : …Éric
Caire est le ministre à 7 milliards?
Mme Melançon : Éric
Caire est le ministre à 7 milliards de dollars. Mais moi, je vous dirais
que ça va être pas mal plus que 7 milliards de dollars au final.
M. Carabin (François) : À
partir de quel pourcentage de prestations de services en transport collectif, à
l'intérieur du tunnel, est-ce que le projet devient acceptable?
Mme Melançon : Moi, là,
je continue à vous dire que ça nous prend du transport en commun structurant.
Ça nous prend, justement, une gestion dynamique à la tête des ponts. Il y a du
travail. On va pouvoir arriver avec des propositions, là, je vous rassure, nous
aurons des propositions. Mais le tunnel creusé sous le fleuve, actuellement, on
est en 2022, je veux juste vous dire, j'espère qu'aujourd'hui, j'espère qu'aujourd'hui
ils vont nous arriver avec des plans, des devis, des études environnementales.
Sinon, la crédibilité ne sera plus de zéro, elle va être de moins 1 000.
Mme Lévesque (Fanny) : ...projet
de loi n° 96, là, on comprend qu'hier la CAQ a déposé
un amendement qui vous permet de peut-être respirer un peu mieux, là, du côté
libéral, parce qu'on voulait retirer… revenir sur ce qu'on avait adopté.
Pouvez-vous expliquer d'abord un peu qu'est-ce qu'il s'est passé?
M. Tanguay : Bon, ce qui
s'est passé hier... Puis les travaux vont recommencer aujourd'hui, alors on
verra la suite des travaux aujourd'hui. Puis j'écoutais ça, justement, en
direct. Alors, c'est notre collègue, Hélène David, qui a déposé un amendement,
hier, qui a été jugé recevable, qui fait en sorte de rééquilibrer l'approche
par rapport au projet de loi n° 96, par rapport aux
cours en français et les cours de français. Alors, le débat va commencer. L'amendement
a été jugé recevable, hier, à la fin des travaux.
L'amendement qui a été déposé par ma
collègue, Hélène David, participe et est le fruit d'une discussion aussi avec
le gouvernement, donc un amendement qui a fait en sorte, aussi, que le
gouvernement a fait ses consultations, puis il est revenu en disant :
Bien, ça tient la route, c'est une bonne chose. Et on entend que Québec
solidaire, également, va appuyer cet amendement-là. Alors, tout ça pour vous
dire que le débat va se poursuivre aujourd'hui. L'important, c'est, oui, de
travailler à l'épanouissement du français, de le faire de façon équilibrée, et
on va poursuivre le travail en ce sens-là.
Mme Lévesque (Fanny) : ...c'est
un soulagement pour les libéraux?
M. Tanguay : Bien,
écoutez, nous, on fait notre travail, puis je n'analyse pas ce travail-là,
soulagement ou pas soulagement pour les libéraux, je pense que c'est les bonnes
choses à faire. Il faut toujours s'assurer... Vous savez, comme quand on est
législateur, là, on prend des décisions excessivement importantes, puis il faut
s'assurer que l'impact de nos décisions, qu'est-ce que ça va être dans la vie
des gens. Puis là, quand on se rend compte qu'une décision, oui, dans le sens
de l'épanouissement du français, mais qui pourrait affecter de façon marquée la
cote puis le succès scolaire... bien là, O.K., il faut faire un équilibrage.
Vous savez, la langue française, là, ça
sera toujours une nécessité, d'avoir une vigilance complète, pour la langue
française, l'épanouissement, mais il faut le faire de façon équilibrée. Et l'on
voit, on expérimente encore une fois, dans le projet de loi n° 96,
ce jeu d'équilibre là, qui est important, entre, je termine là-dessus, l'objectif
commun puis le respect des droits et libertés individuelles.
Journaliste
: …
Mme Lévesque (Fanny) : Oui,
bien, l'amendement, finalement, il va permettre que ça ne sera pas contraignant
pour les étudiants au cégep.
M. Tanguay : Fait en
sorte que les trois cours qui... tel que c'était d'abord rédigé, les trois
cours exigés en français soient trois cours de français. Donc, il y a une
différence entre suivre un cours dans une matière x en français, quand
vous êtes un étudiant anglophone, et de suivre, lorsque vous êtes un étudiant
anglophone, un cours de français selon le niveau que vous avez. Alors, ça, on
atteint l'objectif puis on vient rééquilibrer les choses, c'est l'amendement.
M. Carabin (François) :
...une erreur, M. Tanguay, là...
M. Tanguay : Écoutez,
moi, mon travail de législateur, là, quand le ministre dépose un amendement, je
ne dis pas : Ah! Ha! tu as commis une erreur. Moi, quand je dépose des
amendements, puis je l'ai fait souvent, puis vous pouvez aller voir mon bilan,
là, je ne l'apporte pas en disant : Bien là, je vais corriger, à matin,
une erreur du ministre. Puis Dieu sait qu'on veut les amendements des
ministres, puis ça participe de notre travail. Rédiger une loi, c'est souvent
ça, de dire : Bien, on va dans un sens, finalement, on rouvre des
articles. J'en ai fait réouvrir, des articles, puis les ministres, également,
en ont fait réouvrir. Parce qu'on est en lien avec la population puis des fois,
quand on est législateurs, il faut s'assurer de l'impact que ça peut avoir puis
d'un équilibrage. Alors, ça, là, comme législateurs, c'est notre quotidien, ça :
amendements, puis il y a même le concept de sous-amendements, puis de rouvrir
des articles.
Alors, on est contents, l'amendement est
recevable, le débat va se poursuivre aujourd'hui.
M. Lachance (Nicolas) : 2,3
millions par classe pour les lab-écoles. Est-ce qu'on met l'argent au bon
endroit dans le réseau scolaire?
M. Tanguay : Bien,
écoutez, dans le réseau scolaire — je pense que, là-dessus, je vais
laisser ma collègue — ce qu'il est important d'assurer... Écoutez, il
y aurait tellement de choses à dire.
Moi, j'ai eu le dossier de la famille,
puis, quand on parle de succès scolaire, il faut savoir où on met les efforts.
Quand on parle de succès scolaire, on parle, notamment, du décrochage, comment
faire en sorte de prévenir le décrochage. Il y a un projet de loi que l'on a
déposé qui faisait en sorte que l'accès à un service de garde était aussi
important qu'une place en première année, deuxième année. Quand on parle d'agir
tôt pour prévenir, notamment, le décrochage scolaire, il y a 5 milliards,
une entente fédérale qui a été signée entre Québec et Ottawa, octobre dernier,
puis François Legault a dit : Moi, je ne le dépenserai pas tout, le
6 milliards.
M. Lachance (Nicolas) : ...l'argent,
là, qu'on met pour construire des classes, les lab-écoles, ça explose, là.
Est-ce que l'argent va au bon endroit? C'est ça, la question.
M. Tanguay : Bien, il
faut s'assurer, justement, que l'argent aille au bon endroit, puis ça, bien, il
y a un questionnement à y avoir là-dessus, tout à fait, tout à fait.
M. Lachance (Nicolas) : C'est
où qu'il faut qu'il aille, cet argent-là?
M. Tanguay : Bien,
notamment...
Mme Melançon : À Verdun.
M. Tanguay : C'est pour
ça je voulais lui laisser la... Vas-y.
Mme Melançon : J'attends
une école primaire et secondaire à Verdun depuis 2018. Il est venu me voir, le
ministre de l'Éducation, je l'ai invité à venir à Verdun. Il est venu voir les
parents, il les a regardés droit dans les yeux puis il leur a promis qu'il
était pour offrir un terrain et une école avant juin 2019. On est en 2022, je
n'ai pas de terrain d'acheté, je n'ai pas d'école. Puis, pendant ce temps-là,
là, j'ai des enfants qui sont dans des tours à bureaux, qui n'ont pas de gymnase,
qui n'ont pas de cour d'école, qui n'ont pas de bibliothèque. Puis j'ai des
parents qui commencent à dire : Moi, mes enfants, là, je sens,
actuellement, qu'ils ne sont pas capables de s'épanouir, ils n'aiment pas
beaucoup l'école, actuellement, parce qu'ils ne sont pas capables de
s'épanouir. Ce n'est pas drôle, là, mais c'est là où on en est.
Puis, quand j'entends d'autres collègues
du gouvernement dire : Aïe! je veux remercier le ministre pour mes deux
écoles et mon agrandissement, je suis en train de me dire que François Legault,
quand il parle aux gens puis il dit : Il faut voter sur le bon bord, bien,
le Duplessis en lui, là, bien, il est plus fort que jamais.
Aïe! je l'ai rencontré souvent, le
ministre de l'Éducation, j'ai parlé avec Sonia LeBel, comme présidente du
Conseil du trésor, puis ils ne sont jamais capables de me fournir de réponse.
Moi, j'ai besoin d'une école, pas pour moi, pour les enfants de l'Île-des-Soeurs,
pour les enfants du primaire puis du secondaire. Puis vous savez quoi, on
attend toujours, puis ils sont assis sur leurs mains.
Alors, moi, quand vous me dites :
Est-ce que l'argent va à la bonne place? Honnêtement, il y a des endroits qui
ont besoin d'argent; ils ont besoin d'écoles, ils ont besoin de services.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Tanguay, I mean, for the
new amendment proposed by the Liberals and supported by the CAQ, there were
tensions within the caucus, the Liberal caucus. You didn't have a choice but to
move on and propose a new amendment. It showed, with the previous amendment,
that Liberals were disconnected with the English-speaking community.
So, I mean, I appreciate
that you talk about the work of MNAs studying, making propositions, not knowing
all the time the consequences of such propositions. But, it remains that a lot
of anglophone students, CEGEP directors were so afraid of having these
mandatory three courses in French, and you didn't see it coming. How come? Is
there a lesson to learn for the Liberals?
M. Tanguay
: I think that there is always a lesson to learn when you are a
legislator. And, again, it's part of our day-to-day job to ensure the balance
between the common goal, which is to make sure that the French will continue in
Québec, and also, on the other
hand, to respect fundamental rights of every citizen, so it's always a question of balance. And I'm not personally
thinking that it's a question
of : OK, it's a mistake, it's always a process by which you discuss,
you're in touch with the community. You receive certain messages, you think
that this, for instance, could be a good solution, but at the end of the day,
it is not a good solution.
Then, our responsibility is to make sure to have the
best law, at the end of the day. And that's what we are doing, and that's the
reason why we deposed, yesterday, an amendment, I think, to ensure that the
students will be not penalized. And we found, I think, a middle ground to do
that, to achieve student success, and to not have a bad effect on their score,
but also... So, it's part of our day-to-day job, again. And we'll continue the
fight today, in the commission, discussing this
amendment that we deposed yesterday.
Mme Senay (Cathy) : But you're still going to vote against Bill 96?
M. Tanguay
:
Yes, we are going to vote against Bill 96.
M. Grillo (Matthew) : The PQ is saying that, you know, the Liberals are sort of asking
the other parties to, you know, save yourselves, save the Liberal Party by
proposing this new amendment. What
is your reaction to that?
M. Tanguay
: I think that it's a very narrow analysis. And, if the PQ thinks
that it's a question of strategy, it's a question of political position, our
role is fundamental, as legislators, it's to ensure a right balance between the
common goals and also respecting the fundamental rights of every citizen. So,
that's the way we are approaching our job, and I'll let the PQ analyzing in
these terms what we are doing here in Québec.
But when we are voting
laws... And again, we will be voting against Bill 96, but we were trying, as we
speak, day after day after day, to make sure that the negative impact will not…
will be minimized. That's our day-to-day job. So, I'll let the PQ say what he
has to say, this is not our analysis.
M. Grillo (Matthew) : I'd just like a precision on this amendment. It would apply only to
the anglophone students, is that correct?
M. Tanguay
: It would apply to students, anglophone students, yes, it would
apply to anglophone students, yes.
La Modératrice
:
Merci.
M. Tanguay
: Merci.
(Fin à 8 h 57)