(Huit heures vingt-cinq minutes)
Mme Anglade : Alors, bonjour.
Bonjour à tous. Je suis accompagnée, ce matin, d'Isabelle Melançon et de Marwah
Rizqy.
Le GIEC nous disait : C'est
maintenant ou jamais pour agir. Mais avec la CAQ, on a compris que ce serait :
jamais. En fait, ce n'est même pas qu'on fait de la stagnation, c'est qu'on
recule, dans les décisions qu'ils prennent, chaque fois qu'ils prennent une
décision. On l'a vu avec les résidus dans les lacs, on l'a vu, pas plus tard
qu'hier, avec le nickel dans l'air, les redevances sur l'eau, le trou dans le
fleuve, l'étalement urbain. Systématiquement, ils prennent des décisions qui
nous font reculer par rapport à l'enjeu des changements climatiques.
Puis, je l'ai mentionné à plusieurs
reprises, l'enjeu des changements climatiques, la lutte aux changements
climatiques, c'est l'enjeu du XXIe siècle. Alors, on sait à quel point
c'est important. Donc, tout doit être orienté en fonction de cette lutte aux
changements climatiques : l'économie, la santé, l'éducation. C'est la
raison pour laquelle on a décidé de proposer un projet qui s'appelle ÉCO, ÉCO
pour écologie, ÉCO pour économie, et de faire en sorte que tous les piliers soient
alignés pour aller atteindre cet objectif-là.
Ça, ça veut dire 100 milliards
d'investissement d'ici 2050 pour lutter contre les changements climatiques. Ça,
ça veut dire la nationalisation de l'hydrogène vert pour qu'on puisse
s'approprier une richesse qu'on va être capables de redistribuer. Ça veut dire
qu'on veut avoir une loi sur la carboneutralité. Il y a plein de gestes qu'on
est capables de poser pour peu qu'il y ait une volonté politique d'agir de la
part du gouvernement. Mais chaque fois qu'ils prennent une décision, ils vont à
l'inverse, à l'encontre des décisions qui sont prises. Et je n'ai même pas
parlé de la manière dont ils ont essayé de torpiller le tramway, à Québec.
Alors, le message que j'envoie, c'est que
l'ambition, elle est possible. Et, je le répète, on va toujours trop loin pour
quelqu'un qui ne va nulle part, et, en matière d'environnement, la CAQ ne va
nulle part. Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
qu'on doit faire avec Mme McVey? Parce qu'hier, là, le gouvernement a jeté
la présidente-directrice générale du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal en
dessous de l'autobus. Mme Blais l'a fait. M. Legault a dit ensuite qu'eux
autres ils ne s'en sont pas occupés parce que c'était la responsabilité du
CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île. On fait quoi avec Mme McVey? Dans quelle
position elle se trouve, ce matin, après que le gouvernement blâme son
administration?
Mme Anglade : Moi,
j'aimerais ça que le gouvernement actuel prenne ses responsabilités. Les
courriels, ils ont été envoyés aux ministres. Les ministres étaient au courant,
les sous-ministres étaient au courant, les attachés politiques étaient au...
les ministres, là, qui sont ultimement responsables, étaient au courant, malgré
ce qu'elles nous ont dit.
Et je vais répéter ce que j'ai dit, hier :
Ce n'est pas normal, c'est absolument anormal d'avoir toute cette
information-là et que rien ne se soit fait. Je ne sais pas si vous avez écouté
le... Vous avez sans doute écouté ce qui est sorti dans LaPresse
aujourd'hui, juste l'appel des gens en détresse, c'est le 29 mars, les
gens sont en détresse. Il dit : Aidez-moi, je ne sais même plus qui
appeler...
Mme Côté (Claudie) : Est-ce
que le premier ministre était au courant avant le 14 avril?
Mme Anglade : Bien, les
définitions du premier ministre... Je ne peux pas croire qu'il n'était pas au
courant. Je ne peux pas croire qu'il n'était pas au courant.
Mme Côté (Claudie) : Qu'est-ce
qui vous fait dire qu'il était au courant?
Mme Anglade : Bien,
écoutez, hier, je lui ai posé la question. Hier, il m'a dit, en Chambre, puis
je le cite : Le 10 avril au soir, quand on a appris la situation, on
est intervenus. C'est ça qu'il m'a dit, hier. Quand une journaliste lui a posé
la question, à savoir s'il avait appris ça dans les journaux, il a dit :
Non, on savait déjà depuis un certain nombre de jours. Donc, il répond à la
question de la journaliste qui lui dit : Est-ce que vous avez appris ce
qui se passait dans ce CHSLD en lisant le journal? Non, on le savait déjà
depuis un certain nombre de jours.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais lui, il dit que, personnellement, il l'a appris plus tard. Un petit peu
plus tard, dans la conférence de presse, ce qu'il dit, c'est qu'il l'a
appris...
Mme Anglade : Ça veut dire
quoi, un certain nombre de jours? Depuis un certain nombre de jours, c'est
quand, ça? C'est quand, un certain nombre de jours?
Mme Porter (Isabelle) : Bien,
sinon qui, de Mme McCann ou de Mme Blais, porte le plus de responsabilité,
selon vous, dans cette histoire-là?
Mme Anglade : Bien, tout le
monde a une responsabilité. Tu es ministre d'un gouvernement, tu es ministre d'un
gouvernement. Il y a des appels à l'aide qui sont faits, ta responsabilité, c'est
d'y répondre. Quand tu reçois des courriels à 10 heures, à 11 heures
le soir, puis on te dit que c'est urgent, puis que tu n'es pas... La première
chose que tu fais, c'est quoi? Là, mettez-vous... Vous, là, c'est vous qui êtes
dans ce rôle-là, vous faites quoi? Vous dites : O.K., ça n'a pas d'allure,
je vais appeler pour voir ce qui se passe sur le terrain, je vais voir comment
aider, je vais appeler une collègue, je vais informer le bureau du premier
ministre. C'est comme ça que vous auriez réagi, c'est comme ça que les gens
devraient réagir, a fortiori, quand tu es ministre. Et, encore plus, replaçons-nous
dans le contexte où il y a une cellule de crise. Il y a une cellule de crise qui
se réunit, qu'est-ce que vous dites, dans la cellule de crise : Tout va
bien, ou vous dites : Là, j'ai des courriels, ça ne marche pas, là, il y a
quelque chose… qui sont en train de se passer, il faut qu'on réagisse plus
rapidement? Qu'est-ce que vous expliquez à la cellule de crise?
M. Lacroix (Louis) : Bien, dans
ce cas-là, je reviens avec Mme McVey, est-ce qu'elle doit être le bouc
émissaire de ce qui s'est passé? Est-ce qu'il faut se questionner sur son
administration?
Mme Anglade : Bien, je pense
qu'on peut se questionner sur bien des choses, à commencer par la
responsabilité ministérielle.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
par rapport à la responsabilité du CIUSSS?
Mme Anglade : Bien, à
commencer par la responsabilité ministérielle. Parce qu'une fois qu'un ministre
est au courant, ultimement, c'est lui qui est responsable, ça ne peut pas
toujours être la faute des autres.
M. Lacroix (Louis) : Chaque
fois que je vous pose une question sur Mme McVey, vous contournez, vous ramenez
ça... Moi, je vous parle d'elle. En tant que tel, est-ce qu'il faut... Je
comprends, là, mais est-ce qu'il faut se poser...
Mme Anglade : Mais c'est
parce qu'ultimement il faut se poser des questions sur tout le monde, c'est la raison
pour laquelle on demande d'avoir une commission d'enquête publique indépendante
sur la chaîne de commandement, c'est la raison pour laquelle on veut avoir ces
réponses-là. Je suis d'accord avec vous qu'on devrait avoir des réponses sur l'ensemble
de ce qui s'est passé. J'aimerais ça pouvoir avoir ces réponses, comme vous, M.
Lacroix, je ne les ai pas, vous ne les avez pas non plus. Mais c'est quand
même, encore une fois, la question de la responsabilité ministérielle, elle est
quand même fondamentale.
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
dès qu'un patron de CIUSSS fait des erreurs, le ministre doit payer?
Mme Anglade : Là, on parle d'une
crise majeure, on parle d'une crise majeure dans laquelle on nous a dit et
répété, à maintes reprises : Les ministres savaient, les ministres ne
savaient pas. Les contradictions des ministres sont quand même assez
incroyables. On nous dit : Bien, j'étais au courant, mais finalement je n'étais
pas au courant, finalement, je ne l'ai pas dit. Vous avez vu toutes les
contradictions qui ont eu lieu, vous les avez vous-mêmes regardées puis
analysées. Donc, encore une fois, il faut qu'on ait des réponses à ces
questions-là.
Mme Prince (Véronique) : Vous
demandez la démission des ministres, mais est-ce que vous demandez aussi la
démission de Mme McVey ou vous pensez que ce sont les ministres qui doivent
payer de leur poste?
Mme Anglade : Encore une
fois, il y a toute une ligne de chaîne de commandement, mais ultimement la
responsabilité ministérielle… Moi, je veux entendre les ministres nous dire ce
qui s'est passé. Jusqu'à présent, on ne sait pas ce qui s'est passé.
M. Bossé (Olivier) : Des
courriels dits urgents, à ce moment-là, en fin mars 2020, on peut croire qu'il
y en avait un puis un autre, vous ne pensez pas, plus qu'a un ministre, en ce
moment, là?
Mme Anglade : Ah! bien, j'aimerais
bien les voir. J'aimerais bien les voir. Mais moi, je peux vous dire que moi,
dans la situation où des députés... On m'a appelé à 11 heures du soir,
puis j'ai vu qu'il y avait un enjeu, je peux vous dire que je n'ai pas tardé à
faire les appels qu'il fallait pour essayer de régler le problème. On est dans
une crise où tout le monde essaie de réagir et on nous dit... Qu'on nous dise,
à ce moment-là : On l'a reçu, on a reçu plein de courriels urgents puis on
n'a pas jugé que celui-là était suffisamment important. Qu'il nous le dise, à
ce moment-là, si c'est ça, qu'ils nous le disent, mais qu'ils ne nous disent
pas qu'ils ne savaient pas parce qu'ils le savaient.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
du moment où la cheffe de cabinet parle avec le CIUSSS, parce qu'on voit le
courriel, mais ça relève d'échanges précédents, là, puis qu'on dit : Le
CIUSSS s'en occupe, qu'est-ce que le gouvernement doit faire?
Mme Anglade : À partir du
moment où tu reçois un courriel qui dit : Urgent, à partir du moment où tu
dis : On est vraiment dépassés par la situation, il y a véritablement des
problèmes, tu prends ton téléphone puis tu appelles pour savoir ce qui se passe
sur le terrain. Ça, c'est la première des choses, c'est la première des choses
que tu fais. Comme ministre, comme équipe, tu veux t'informer, tu veux
connaître la vérité, tu veux savoir ce qui se passe sur le terrain. Sinon,
comment tu fais pour faire partie prenante d'une gestion de crise? Comment
est-ce que tu es capable, autour d'une table, d'analyser cette gestion de crise
là? C'est ça qui est important.
Mme Lévesque (Fanny) : Du
moment où ces documents-là font partie ou ont déjà été déposés devant la
coroner, en quoi l'enquête publique vient compléter? Parce que le cas Herron, c'est
sûr que Mme Kamel va l'élucider, là.
Mme Anglade : Oui. Alors, on
va attendre le rapport de la coroner là-dessus. Mais ce qui m'apparaît évident,
c'est que toute la chaîne de commandement, ce n'est vraiment pas clair. Ce
n'est vraiment pas clair, cette chaîne de commandement là, qui savait, les
messages contradictoires qu'ils nous ont présentés, ce n'est absolument pas
clair.
Mme Côté (Claudie) : …
Mme Anglade : La cellule de
crise… comment les décisions se sont prises, qui savait, pourquoi les décisions,
pourquoi on a laissé des gens... Comment se fait-il qu'il y ait quelqu'un, au
Québec, qui appelle au 8-1-1, puis vous entendez ce message dramatique… Moi, ce
que je veux, la dernière chose que je veux, c'est que ça se reproduise. Mais,
si on veut éviter que ça se reproduise, il faut comprendre ce qui a mené à
cette situation-là. Puis certains... il va y avoir certaines des réponses dans
le rapport du coroner, mais on ne les aura pas toutes, et c'est pour ça qu'on
va faire l'ensemble de la lumière sur cet enjeu-là.
Mme Prince (Véronique) : Donc,
dans une enquête publique, que vous commandez toujours, il faudrait que le
premier ministre, son chef de cabinet et les gens de la cellule de crise
témoignent aussi?
Mme Anglade : Moi, je pense
que tout le monde devrait venir témoigner. Tout le monde devrait venir
témoigner. Tout le monde qui était là devrait dire : Bien, voici comment
ça s'est passé, voici les informations... Et voici ce que l'on va faire pour
que plus jamais ça ne se reproduise. C'est ça, l'objectif ultime.
Mme Prince (Véronique) : Mais
c'est sûr que si vous demandez une enquête publique avec un témoignage du
premier ministre, ça ne lui donnera pas le goût de déclencher une enquête
publique, là, s'il sait…
Mme Anglade : Tous les
acteurs… Au bout du compte, qu'est-ce qu'on cherche à faire? On cherche à avoir
l'entière vérité sur ce qui s'est passé. Puis, clairement, on ne l'a pas, vous
ne l'avez pas, on n'a pas toutes les réponses à ces questions-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : …peut-être,
sur la carboneutralité, il n'y a que la moitié des projets au MTQ, finalement,
qui vont être carboneutres. Je voulais savoir ce que vous pensez de ça, parce
que ce principe de carboneutralité a été lancé sous les libéraux, avant
l'arrivée au pouvoir de la CAQ.
Mme Anglade : Encore une
fois, vous voyez le niveau d'ambition de la CAQ. Mais je vais céder la parole à
ma collègue Isabelle Melançon sur le sujet.
Mme Melançon : Merci. Alors,
rapidement, à chaque fois que le gouvernement caquiste pose un geste, on fait
reculer l'environnement, actuellement, au Québec. Crédibilité : zéro. Là,
on le voit, ils annoncent, finalement, qu'il y a un pourcentage très réduit qui
sera carboneutre.
On l'a vu, bien sûr, avec le refus de
revoir les redevances sur l'eau, on l'a vu, notamment, avec les lacs à Fermont,
où on permet maintenant de mettre des résidus miniers dans des lacs, pas dans
des fosses, dans des lacs, au Québec, on le voit quand ils permettent
l'agrandissement de dépotoirs, avant que le BAPE générique puisse être déposé,
à la demande du ministre, ils font les choses à l'envers. Quand on nous dit que
ça va freiner l'étalement urbain de faire un tunnel sous le fleuve,
honnêtement, j'espère que le ministre de l'Environnement réalise qu'il est tout
seul dans son coin à penser ça.
Moi, à chaque décision qui sont prises,
que ce soit pour les redevances sur l'eau, que ce soit pour pour le nickel dans
l'air, à chaque fois, c'est des décisions qui sont prises pour des lobbys, les
chums de Fitzgibbon. Ça fait que moi, ce que je suis en train de penser, c'est
que le ministre de l'Environnement, il s'appelle Pierre Fitzgibbon.
Mme Lajoie (Geneviève) : Comment
on définit ça, l'acceptabilité sociale?
Mme Rizqy : Bien, vendredi
dernier, le grand philosophe Jonatan Julien disait que c'était très difficile à
définir comme concept, et, hier, Jonatan Julien est revenu en disant que
c'était 50 % plus un, mais il a oublié de nous dire si c'était
50 % plus un d'un référendum, 50 % plus un d'un vote au
caucus ministériel. Est-ce que ce vote du caucus ministériel va se tenir dans
l'autobus, la 800, le matin? Je ne le sais pas.
Alors, moi, je considère que lorsqu'il y a
une élection municipale dont un des enjeux, qui a été largement discuté dans
cette élection, a été le tramway et le troisième lien et que trois candidats
sur quatre protramway, ensemble, cumulent 70 % des voix,
17 conseillers municipaux sur 21 protramway, moi, je considère que
l'enjeu a été discuté. Par la suite, par bonne foi, il y a aussi une
consultation publique pour la voie partagée : trois semaines de
consultations, plus de 2 000 répondants.
À un moment donné, je pense qu'il va
falloir que M. Legault comprenne qu'il ne peut pas dire une chose et son
contraire. Et je vais m'expliquer… une chose et son contraire : dire qu'il
est pour le tramway, mais de laisser ses ministres varloper le maire de Québec,
torpiller le tramway. Ce n'est pas être protramway.
Et enfin est-ce que M. Legault veut
changer, en fait, les règles du jeu? C'est-à-dire, en matière de démocratie,
c'est ce qu'on appelle la démocratie législative, donc quand on se fait élire,
puis dire, quoi : On va gouverner par sondages? Bien, je comprends, il y a
pris goût après deux ans, à coups de millions, avec des sondages. Mais là c'est
ce que... Chaque jour de retard, c'est 274 000 $. C'est qui, qui va
payer ça? Moi, je me la poserais, la question. Parce que n'oubliez pas l'affaire,
l'autre condition pour ne pas qu'il y ait trop de dépassements de coûts… mais
chaque jour qui passe, c'est le gouvernement Legault qui s'assure qu'il y ait
des dépassements de coûts.
Puis, si je peux me permettre, moi, je
suis députée de Saint-Laurent. Puis, ce matin, je suis ici avec vous parce que
j'ai des gens dans mon comté, puis ça ne va pas bien, puis j'ai écrit, pendant
plusieurs semaines, au ministre. Moi, j'ai joué au basketball primaire, et
secondaire, et collégial. Dans mes années à moi, il y a eu un cas d'agression
sexuelle à Regina Assumpta. Mais je n'ai jamais vu, en plus de 20 ans de
basket, trois coachs de basket, entraîneurs, se faire arrêter au même endroit.
C'est du jamais-vu au Québec. Ça commande une vraie enquête. Ça ne peut pas
être un fonctionnaire de Québec, dans son coin, qui attend que le téléphone
sonne.
Ça fait des semaines que j'ai des parents,
j'ai des élèves, des enseignants, du personnel du scolaire qui embarquent puis
qui m'appellent en sortant de l'école pour me dire : Ça ne va pas bien,
Marwah, à Saint-Laurent, le climat ne va pas bien. Il y a quelqu'un qui m'a
écrit : Le bordel est pris. Ils attendent, ils veulent savoir c'est qui,
l'enquêteur au dossier. Vendredi dernier, il y a eu une assemblée à l'école
Saint-Laurent avec le personnel. 250 personnes se sont fait dire : On ne
sait pas c'est qui, l'enquêteur. Il y a un enseignant qui a levé la main :
Bien, moi, on m'a dit que c'était un certain Philippe Côté. Le lundi, une
enseignante a appelé ce certain Philippe Côté : Je ne peux pas vous parler,
je vais d'abord parler avec les directions.
Le ministre et son cabinet répondent, dans
LaPresse : «Il est d'abord possible de "solliciter
un entretien" avec l'enquêteur Philippe Côté, en écrivant directement […] signalements@education.gouv.qc.ca...»
Honnêtement, c'est tellement laconique. C'est une réponse de technocrate. Ils
se sont — c'est des allégations — passé la victime. Donc,
le premier coach, il a coaché benjamin, cadet, après ça, a passé sa victime au
coach juvénile. C'est des allégations tellement graves et troublantes. Puis
qu'est-ce qui s'est passé, en deux mois, depuis les arrestations?
Puis moi, je vais vous dire pourquoi ça me
trouble. Parce que moi-même, j'ai joué au basketball, puis le profil des
victimes, savez-vous c'est quoi? Des jeunes filles de milieux défavorisés
ethniques. Les prédateurs sexuels, là, ne vous trompez pas, choisissent leurs
victimes. Ça n'a pas duré un an, ça n'a pas duré deux ans, on parle depuis des
années, là. Et on parle d'un climat toxique, un climat que les gens n'osent
même plus parler.
Alors, on attend quoi, pour déclencher une
vraie enquête? Quand il y a un feu qui se passe, quelque part, les assurances
font quoi? Bien, ils envoient un enquêteur, un expert en sinistre qui est
dépêché sur les lieux, qui dit : Voici ma carte d'affaires, voici ce qu'on
va faire, vous pouvez me parler, je cherche des témoins. Il n'est pas assis
dans son bureau, à Québec, à plus de 280 km de Saint-Laurent.
Mme Prince (Véronique) : Avez-vous
peur que les coachs ils s'en tirent, c'est ça?
Mme Rizqy : Moi, ce qui
me fait peur, c'est qu'en ce moment j'ai des jeunes qui ne sont pas sûrs qu'ils
veulent continuer à jouer au basket, puis pourtant c'est grâce à ça qu'ils
s'accrochaient à l'école. Moi, ce que j'ai peur aussi...
M. Lacroix (Louis) : …
Mme Rizqy : Une seconde,
M. Lacroix. J'ai des parents qui allèguent avoir communiqué avec la
direction d'école, j'ai des parents qui allèguent... une maman, là, qui me
dit : Marwah, j'ai envoyé la mise en demeure à Daniel Lacasse, copie
conforme au directeur, il est encore là aujourd'hui. Pourquoi qu'il n'est pas
suspendu avec solde le temps de l'enquête? Il y a un climat qu'on vous dit qui
n'est pas bon à l'école. Pensez-vous qu'un enseignant va aller parler à un
enquêteur puis, le lendemain matin, se présenter à l'école devant la personne
qui, peut-être… c'est lui-même qui a mis l'omerta? Ça ne marche pas. Il n'y a
rien qui marche là-dedans.
Moi, ce que je veux, c'est une enquête
indépendante. Il y a des firmes spécialisées. Puis je ne doute pas des
compétences de M. Côté, mais peut-être que M. Côté, comme
fonctionnaire du ministère de l'Éducation, n'a jamais géré des cas d'agressions
sexuelles ou de harcèlement au travail. C'est peut-être qu'il n'a pas fait ça.
Il y a des firmes qui sont spécialisées là-dedans. C'est ça que je souhaite. Et
je veux que le rapport sort public pour que ne plus jamais ça n'arrive ni à
Saint-Laurent ni ailleurs. Puis regardez les chiffres, en matière de sport, il
y en a, des agressions sexuelles, pas juste au basket. Et ce rapport-là, il
doit avoir une date butoir, parce que ça ne me tente pas, là, d'attendre dans
deux ans. C'est maintenant qu'on doit savoir qu'est-ce qui se passe.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous dites que la situation existe depuis des années, là, à votre époque, là,
quand vous jouiez au basketball, est-ce que ça se discutait? Est-ce qu'il y
avait des allégations en ce sens là? Est-ce que c'était quelque chose qui était
dans l'air, que les joueuses, par exemple...
Mme Rizqy : Moi, à mon
époque est arrivé l'incident... le cas du coach de Regina Assumpta. Puis ça, ça
a été une onde de choc pour nous. Parce que, bien, moi, j'avais été recrutée
pour aller jouer à Regina Assumpta. Ils avaient essayé de me recruter, mais je
n'avais pas d'argent, je veux dire, ma mère ne pouvait pas me payer l'école
privée, là. Donc, j'ai comme été, au fond, chanceuse dans ma malchance. Mais ça
a été le cas puis ça avait vraiment été une onde de choc.
Mais dans le cas de Daniel Lacasse, de
Xavier Boilard, de Robert Luu, là, ça dépasse tout entendement, là, même
endroit, passer une victime. Non. Puis moi, je vais vous dire, ils ne
comprennent tellement pas ce qui se passe. C'est qu'ils veulent juste cerner le
débat sur l'équipe de basket. Daniel Lacasse a commencé comme coach, après ça,
comme surveillant, puis il a fini par gérer le budget de l'école, là. Il est
dans l'école, là, donc il a tissé sa toile, là, bien comme il faut.
Mais moi, j'ai même des entraîneurs de
d'autres écoles secondaires qui veulent parler. Parce que, quand on joue au
basket, on s'en va jouer dans d'autres tournois, et il y en a qui ont vu des
comportements inacceptables, ils veulent parler. Alors, c'est pour ça que ça
nous prend vraiment une vraie enquête, qu'ils se déplacent puis qu'ils soient
connus. Là, écoutez...
M. Lacroix (Louis) : Donc, à
la lumière de ce que vous savez, il y aurait d'autres victimes qu'on pourrait
découvrir si on avait une enquête plus poussée?
Mme Rizqy : Absolument. Ça,
je le sais, parce que moi, mon téléphone a sonné.
Mme Lajoie (Geneviève) : Puis
est-ce que vous avez envoyé les informations que vous avez à l'enquêteur actuel
ou au gouvernement?
Mme Rizqy : Une des
personnes, elle n'est pas prête à aller à la police, alors je l'ai envoyée à
Rebâtir la confiance, elle a besoin d'accompagnement, c'est un accompagnement psychologique,
avant, je crois, qu'elle soit capable de déposer une plainte.
Mme Senay
(Cathy) :
Can
we go in English on this, Mrs. Rizqy?
Mme Rizqy :
Sure.
Mme Senay
(Cathy) : Because those people are already
accused of sexual crimes, and then you have the investigation from the Government, the Education Ministry. But you
received calls in your office, in your riding, and people are not happy about
the results, they are scared. What's happening?
Mme Rizqy : There's a breach of trust. It's been two months since the first
arrestation came, and, since that, no one knows who is the investigator in
charge. They have to try to find him. So, the teacher made so many calls, so
they finally found who was the investigator. And Mr. Côté, Philippe Côté,
said : I'm not able to talk to you now, I need to finish talking to the
principal before talking to the teachers. And I tried many times, I sent emails
to Jean-François Roberge, asking him : You need to put in place a real
investigation with an independent firm. They need to go on the ground, they
need to go at the school, they need to present themselves, give their business
card and say : This is the number, you can reach us. When I see, in this
article from LaPresse: You can ask for a meeting. That's not the way you work when you
want to make a real investigation. You need to be boots on the ground.
Mme Senay
(Cathy) : Just a clarification. Do you want to have the report of this investigation ASAP or you
want to have… you want to scrap the whole thing and have a new investigation?
Mme Rizqy : I want to have an independent firm with experience with sexual
assault… with harassment experience. And I want them to make a full
investigation, not only regarding what happened in the basketball program, but
what happened, also, in school, which principal knew and which one did nothing.
Mme Senay
(Cathy) :
Mrs.
Anglade, I listened to the recordings, earlier this morning, of the Herron
CHSLD, the staff struggling to get help. What does that tell you?
Mme Anglade : So, it must have been pretty… it's hard to listen to the calls
because you see the level of distress in the people that are trying to find
answers and saying, you know : We need help and we can't get the help.
That just tells you, like, how much was going on at the time on the ground. And
you can't deny… like, even the emails that were sent out to the ministers are
clearly specifying the issues. They're saying, you know : We know that
we're going to have an issue, we don't have people looking after the patients
in the CHSLDs. So, to me, it just tells me how much it was critical, and I
cannot fathom why the Government didn't do anything, why the ministers did not
do anything, why they decided to deny that they knew that it was critical.
Well, it was critical. They said they knew, they didn't know. All the answers
are contradictory, it makes no sense. And they have a responsibility to answer
those questions.
Mme Senay
(Cathy) :
But
when you said that the fault is on the CAQ, the CAQ is saying the fault is on
the CIUSSS de l'Ouest de Montréal, then the CIUSSS de l'Ouest de Montréal will
say that the fault is on the Herron management. What do you want now, what
should happen?
Mme Anglade :
Ultimately, a minister that knows
what's going on, that has been alerted, has the responsibility to react. Not
any minister, the Minister in charge of the people in the CHSLD, the Minister
in charge of Health sitting at the cell crisis on a daily basis. They get those
emails and they do what? Nothing.
Mme Senay
(Cathy) : You want to hear the cell crisis?
Mme Anglade : Of course, I want to hear the cell crisis. Of course, we want to
hear what they have to say. I mean, I can't imagine sitting down, and getting
those emails, and not doing anything. People were aware, Ministers were aware,
a deputy minister was aware, staff was aware, but : Oh! we didn't do… until we
read an article. Really? That, I can't fathom that.
M. Authier (Philip)
: On another subject, Mr. Legault, yesterday, expressed some doubts
that it would be a simple task to eliminate this amendment on Bill 96, which is
causing you so much trouble. What is your hope for this process? It seems that
you need unanimity to get that thing killed, which you proposed. So, what is
your attitude today to this question? And what it your hope that this will be
done?
Mme Anglade : Well, we did the work of listening to the people and understanding
that what is on the table, right now, is not applicable. I certainly hope that
the Government is going to do the same thing, and be responsible, and realise
that it's not applicable, and that we have to reopen it. So, that's really the
hope that I have with the Government.
M. Authier (Philip)
: If they don't do it, if it doesn't work?
Mme Anglade : At the end of the day, the majority… I certainly hope that the
right thing to do is to listen to what people have to say on the ground, and
realize that the way it is, right now, it won't work. And to put, ahead of all this, the students, and
making sure that they… You want everybody to succeed. Merci. Thank you.
(Fin à 8 h 51)