(Onze heures une minute)
Mme Anglade :
Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde.
Aujourd'hui, je suis accompagnée d'André Fortin, et vous allez me permettre de
saluer tout particulièrement Monsef Derraji, qui vient d'obtenir son Ph. D.
en santé publique. Alors, on est très contents d'avoir notre collègue, et
toutes nos félicitations à toi, Monsef, au nom de l'ensemble de notre caucus.
Alors, aujourd'hui, on a assisté au point
de presse du ministre de la Santé Christian Dubé. Alors, il semblerait que la
première coulée soit la bonne. La CAQ avait promis que chaque Québécois aurait
accès à un médecin de famille. Aujourd'hui, là, si vous n'avez pas de médecin
de famille chez vous, là, on vous dit que vous n'en aurez pas plus avec la CAQ.
Non seulement c'est une promesse brisée, mais ils n'ont pas l'intention de
revenir avec un plan qui va permettre ça. Moi, là, je regarde ça puis je me dis :
Ce n'est pas normal, on sait à quel point le fait d'avoir un médecin de famille
permet de désengorger nos urgences, permet de désengorger notre système. Et la
CAQ dit : La promesse que j'ai faite, je ne la tiendrai pas, et on va
passer à un autre appel. Pour nous, ce n'est pas acceptable. La santé, là, c'est
d'abord et avant tout de l'humanité, ce n'est pas de la comptabilité.
Puis, parlant d'humanité, ceci, ce livre
qui est sorti. Il y a 5 060 personnes, 5 060 Québécois,
Québécoises, des parents, des grands-parents, des histoires de vie, des
personnes qui sont décédées parce qu'elles étaient affamées, parce qu'elles
étaient déshydratées. Et jusqu'à présent, aujourd'hui, on n'a pas d'enquête
publique indépendante pour savoir la vérité. On n'a toujours pas la vérité.
Marguerite Blais a donné toutes sortes de versions différentes. Elle était au courant
de ce qui se passait, elle a alerté le premier ministre. À la fin, elle nous
dit : Finalement, je n'ai jamais été au courant. On ne comprend plus
laquelle des versions est la bonne. Ce n'est pas acceptable. Ceci confirme
juste une chose, on doit avoir une enquête publique au nom et à la mémoire des
personnes qui sont décédées ici.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que Mme Blais a menti?
Mme Anglade : Mme Blais
a menti. Elle a menti, parce que dans un cas, elle nous a dit qu'elle savait et
qu'elle avait alerté les autorités, c'est ce qu'on apprend ici, puis qu'elle
avait alerté plusieurs personnes, puis que personne ne l'écoutait. Puis, dans
un autre cas, elle est arrivée devant la coroner, puis elle avait dit :
Personne ne savait, finalement, on n'était pas au courant. Donc, clairement,
elle a menti.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
qu'on comprend que vous êtes, donc, contre le GAP, le guichet d'accès première
ligne, qui est une ligne unique, dans le fond, puis une infirmière réfère à un
professionnel qui n'est pas nécessairement un médecin de famille?
Mme Anglade : Ce qui est
fondamental, c'est que chaque personne puisse avoir accès à un médecin de
famille parce que c'est ça qui change complètement la dynamique, d'un point de
vue de santé, de la prise en charge. Mais vous allez me permettre de céder la
parole à Monsef Derraji sur ce point pour qu'il puisse commenter plus en
détail.
M. Derraji : Très bonne
question, pour le GAP, parce que ça ne nécessite aucun projet de loi, ça ne nécessite
aucune refondation. C'est une initiative locale des gens du Bas-Saint-Laurent,
et qu'ils ont démontré qu'en s'organisant au niveau local, on peut aider. Mais,
encore une fois, c'est pour du sans rendez-vous. Les dernières semaines, nous
avons vu le modèle norvégien. S'il y a une conclusion de ce modèle, qu'un
patient qui passe le plus de temps avec son médecin de famille, là, on a un
résultat. C'est quoi, le résultat? C'est éviter de se ramasser au niveau des
urgences et c'est éviter de se ramasser au niveau des hôpitaux.
M. Laforest (Alain) : Oui,
ça on le sait, mais ça marche ou ça ne marche pas... le système? Ce qu'il a
présenté ce matin, ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas?
M. Derraji : Ce qui a
été présenté aujourd'hui, c'est un plan d'une plateforme électorale.
Mme Prince (Véronique) : Non,
mais le guichet... C'est ça, tu veux savoir, sur le guichet? Le guichet, est-ce
qu'il est exportable ou pas?
M. Derraji : O.K., très
bonne question. Bien, pourquoi le gouvernement n'a pas travaillé pour exporter
le guichet ailleurs dans toutes les autres régions? Mais, encore une fois, l'accès
au guichet, ce n'est pas accès aux soins. Une fois, tu es à l'intérieur du
guichet, c'est quel professionnel de la santé, tu vas rencontrer? On a un
manque au niveau des infirmières, on a 400 positions de médecins de
famille qui n'avaient pas été remplies les trois dernières années. Un médecin
de famille qui n'est pas inscrit, c'est 30 ans de services de moins. Donc,
oui, le guichet est un premier pas, ils auraient dû le faire ça fait longtemps,
mais ça ne règle pas le problème de 1 million de patients québécois,
aujourd'hui, qui attendent. C'est là, le nœud du problème, et ça ne règle pas
le problème des urgences, et ça ne règle pas le problème de la deuxième ligne.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que le projet de loi n° 11 parvient à régler le
problème d'accès?
M. Derraji : Le projet
de loi n° 11, le ministre de la Santé l'utilise pour
ramener à l'ordre la FMOQ. Pour moi, c'est ça, parce que s'il avait la volonté
de le régler... On a terminé les consultations au mois de février. Pourquoi on
attend toujours avant de commencer l'étude du projet de loi n° 11?
On n'a rien encore commencé. Ce qu'on va faire, cette semaine, c'est l'urgence
sanitaire. Donc, si c'est vraiment la priorité des priorités pour le ministre
Dubé, c'est l'accès à la première ligne, qu'il appelle le projet de loi n° 11, qu'on commence l'étude de projet de loi, et qu'il ne
négocie pas en parallèle, comme ce qu'il faisait l'automne dernier, avec la
FMOQ. Donc, ce que je constate, c'est qu'il est en train d'utiliser le projet
de loi n° 11 pour mettre plus de pression sur le
syndicat des médecins omnipraticiens, pour leur dire : Écoutez, soit vous
allez me donner ce que je veux, soit je mets sur la table le projet de loi n° 11. Donc, moi, j'invite le ministre de la Santé, s'il
est très sérieux par rapport à la première ligne, qu'il appelle le projet de
loi n° 11 le plus tôt possible.
Mme Prince (Véronique) : Mais
la FMOQ, dans des entrevues par rapport au plan de santé, semble être quand
même d'accord avec le plan.
M. Derraji : Je viens d'écouter
ce qu'ils ont dit. Ils ont dit : Oui, c'est une... Ils n'ont pas le choix
de dire que c'est un bon pas, mais rappelez ce qu'ils ont dit aussi : 400
médecins de famille, 400 positions qu'on n'a pas remplies. Ça veut dire, c'est
des manques, chaque position, c'est 30 ans de services. Donc, oui, mais
est-ce qu'ils ont dit oui pour le projet de loi n° 11?
Vous avez vu qu'ils ont dit clairement qu'ils étaient invités à un dîner de
cons, qu'ils négociaient, négociaient, négociaient avec le ministre de la
Santé, que, de l'autre côté, le premier ministre les menaçait pendant l'automne,
et on arrive à un cul-de-sac aujourd'hui.
M. Lachance (Nicolas) : Mais,
monsieur, vous avez essayé de le faire, les libéraux, avec M. Barrette,
là. Vous avez eu quatre ans pour essayer de forcer les médecins à rendre
accessibles leurs horaires avec Rendez-vous santé Québec qui, finalement,
encore aujourd'hui, là, semble être dans un grand flou. Qu'est-ce qui fait que,
vous, vous n'avez pas plus réussi à l'époque, là, pourquoi, aujourd'hui, vous
seriez capables de le faire, négocier avec eux?
M. Derraji : O.K., deux
situations. À la fin du mandat, on était à 400 000, aujourd'hui, on est à
1 million de patients qui attendent, 400 000 patients...
M. Lachance (Nicolas) : Ce
n'est pas ça, ma question. Donc, vous dites : Le projet de loi n° 11, il est pour ramener les médecins à l'ordre. Vous
avez eu l'occasion de le faire, pendant vos quatre années avant la CAQ, vous
n'avez pas réussi. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui vous seriez capables de le
faire, vous autres, les ramener à l'ordre?
M. Derraji : Mais, je
suis désolé, on a réussi parce qu'il y avait 400 000, aujourd'hui, il y a
1 million. Et je tiens à vous le dire, on peut mettre le fardeau...
M. Lachance (Nicolas) : Le
point avec les médecins de famille, dans le dossier actuel et le projet de loi n° 11, c'est de forcer les médecins à rendre accessibles,
au ministère de la Santé, leurs plages horaires, pour qu'on puisse voir c'est
où qu'il y a de l'espace, afin de fournir un médecin de famille à la
population. La FMOQ, elle ne veut pas. Vous avez essayé de le faire, vous
n'avez pas réussi pendant votre mandat. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui,
vous, là, comme la CAQ, là, vous seriez capables de le faire, contrairement à
eux?
M. Derraji : Oui. En
fait, il y a plusieurs choses dans votre question. Le projet GAP, on parle, à
Rimouski... a démontré une solution pour une région. Encore une fois, je
reviens au résultat. En 2018, il y avait 400 000 patients en attente.
Aujourd'hui, il y a 1 million. La question qu'il faut se poser :
Pourquoi la CAQ l'a échappé? Et c'est clairement... Il y avait quelque chose,
et ne me parlez pas de la pandémie, parce que Mme Danielle McCann a ramené
la liste de 400 000 à 650 000 avant le début de la pandémie. Il faut
revenir en arrière, en 2019, c'est quoi, le message qui a été envoyé par
l'ex-ministre de la Santé aux omnipraticiens? Il y avait 400 000,
aujourd'hui, il y a 1 million. C'est clair que ce qu'on a fait
fonctionner, ce que la CAQ fait maintenant, n'a pas fonctionné.
M. Lacroix (Louis) : Mme Anglade,
M. Dubé disait, tout à l'heure, sur ce même enjeu de l'accès aux médecins,
que ce n'est pas tous les Québécois qui ont besoin d'un médecin, d'où
l'importance, dit-il, de ce GAP, parce qu'il y en a qui ont besoin d'un
professionnel de la santé qui peut être autre qu'un médecin. Alors... Donc, il
laissait sous-entendre que ce n'était pas nécessaire, finalement, que chaque
Québécois ait accès à un médecin, comme la promesse de 2018.
Mme Anglade : Premièrement,
là, je pense que c'est une manière d'essayer de rattraper le résultat qu'ils
ont parce qu'ils sont rendus à 1 million de patients qui n'ont pas de
médecin de famille. Mais, quand on regarde les recherches puis la science, ça
démontre que c'est important, pour un patient, que d'avoir accès de manière
régulière à un médecin de famille, même si, dans certains cas, il n'y a pas de
maladie chronique, ils n'ont pas besoin d'avoir un suivi. Mais qu'il y ait une
personne clé avec laquelle ils peuvent transiger, ça, ça fait en sorte que ça
maintient ces personnes-là à l'extérieur de nos urgences. Donc, il y a beaucoup
d'études qui ont été démontrées par rapport à ça. C'est pour ça qu'on croit,
encore une fois, que tout le monde devrait avoir accès à un médecin de famille.
Ça ne veut pas dire...
M. Lacroix (Louis) : ...doit
absolument être un médecin?
Mme Anglade : Elle doit
absolument, d'abord, être un médecin, mais c'est évident que cette personne-là,
peut-être que ce n'est pas chaque fois qu'elle va aller à la clinique qu'elle
va avoir besoin du médecin, et peut-être qu'à ce moment-là, elle va avoir
besoin d'une infirmière, peut-être qu'elle aura besoin d'un autre service en
matière de santé mentale, par exemple. Par contre, ce qui a été démontré, c'est
qu'avoir une prise en charge avec une personne qui est le médecin de famille,
c'est ça qui permet d'assurer la continuité.
M. Laforest (Alain) : ...
Mme Anglade : Pardon?
M. Laforest (Alain) : On
les produit où, les médecins?
Mme Anglade : En fait, on
produit...
M. Laforest (Alain) : Il
n'y en a pas assez, il est là, le problème.
Mme Anglade : On a des
médecins, mais une chose qui est sûre, c'est quand on envoie...
M. Laforest (Alain) : ...1 million
de patients actuellement, il n'y a pas assez de médecins.
Mme Anglade : ...quand
on envoie, comme message, qu'on peut faire... juste essayer de régler les
problèmes rapidement, ou de faire de la prise en charge, c'est sûr qu'on ne
favorise pas la prise en charge dans la manière dont le gouvernement se
comporte. Puis je sais que, Monsef, tu voulais intervenir spécifiquement sur ce
sujet.
M. Derraji : Parce que
si on veut commencer à faire le bilan des quatre dernières années, on peut le
faire. Il y a 400 personnes qui n'ont pas été, en fait, inscrites au
niveau de la discipline, la médecine familiale. Donc, est-ce que le
gouvernement aujourd'hui, ce que vous voyez sur la table, est-ce qu'il y a une
seule mesure pour augmenter l'attractivité à la médecine familiale? Je n'en ai
pas vu une. Donc, votre question, ça touche le fond du problème aussi, parce
que si on voit la plupart des modèles qui ont donné des résultats, surtout pour
les populations vulnérables et les populations qui souffrent d'une maladie
chronique, le rôle d'un médecin généraliste est très important. Je suis
d'accord qu'on peut parler de l'interdisciplinarité, mais, un, reconnaître
qu'on a un problème d'attractivité, travailler fort pour encourager les gens à
s'inscrire au niveau de la médecine familiale, et travailler en collaboration
avec les médecins. Parce que ça reste, encore une fois, quand on parle d'une
première ligne, le médecin joue un rôle important avec d'autres professionnels
de la santé, mais on ne peut pas l'exclure de l'équation.
Mme Ait Kaci Ali (Samira) :
M. Derraji,
est-ce que vous craignez... Pour donner suite à ce que vous venez de dire, est-ce
que vous pensez que le guichet, tel que promis par la CAQ, faciliterait l'accès
aux soins en santé mentale pour les Québécois et Québécoises?
M. Derraji : Je ne pense
pas.
Mme Ait Kaci Ali (Samira) : Non?
M. Derraji : Non.
Mme Lévesque (Fanny) : Est
ce que vous craignez... Parce que Québec solidaire nous a parlé de ça...
M. Derraji : Je vais juste
terminer. Il y a 900 psychologues qui manquent aux services publics, donc
l'accès, c'est un Trivago. Le ministre l'a très bien dit. Il a très bien dit,
au lancement du projet de relance, c'est un Trivago, mais un Trivago qui vient
sans services.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que vous craignez qu'il y ait un embouteillage avec les projets de loi en
santé, qu'il y ait un embouteillage à la commission? Puis M. Marissal nous
disait qu'il y avait une odeur de bâillon. Est-ce que vous partagez cette
vision-là?
M. Derraji : C'est
clairement... Il y a un embouteillage parce que quand je vois la liste des
projets de loi... Et c'est très important parce qu'il y a le projet de loi n° 11, l'accès aux médecins de famille, on ne sait pas à
quel moment il va l'appeler. L'urgence sanitaire, on commence les consultations
ce jeudi. Il y a le projet de loi n° 19, on n'a même
pas encore commencé les consultations, on ne s'est même pas encore entendus sur
la liste des groupes, je n'ai pas vu la liste des groupes qu'on doit accueillir
en commission parlementaire. Et je rajoute la DPJ... La réforme de la DPJ, c'est
très important, et je tiens juste à vous le dire : Ce jeudi, la commission
ne va pas étudier la réforme de la DPJ parce qu'elle ne peut pas, ce qu'on va
faire, c'est la consultation pour l'urgence sanitaire, et on va revenir la
semaine prochaine. Donc, on va arrêter pour deux semaines la réforme sur la
DPJ. On n'a pas encore vu aucun indicateur sur l'aide médicale à mourir. Donc,
je me demande comment le gouvernement peut dire aux Québécois aujourd'hui :
J'ai un réel plan, j'ai la ferme conviction que je vais régler et je vais
refaire la refondation de la santé. Et quand je vois les moyens législatifs qu'il
est en train d'utiliser et qu'il veut utiliser, ça n'a aucun bon sens. C'est
impossible.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
on ne peut pas y arriver, là. Quand vous regardez ça, on ne peut pas adopter tout
ça d'ici la fin de la session?
M. Derraji : Tu veux... C'est
bon, vas-y.
M. Fortin :Juste rajouter quelque chose là-dessus, là, on a l'impression
que le gouvernement nous garroche tous ces projets de loi en santé, là, à la
toute fin de son mandat, dans les derniers mois de son mandat. Ils ont eu
quatre ans pour présenter plusieurs de ces projets de loi là, ils auraient pu
le faire. Mais, quand on regarde l'agenda législatif puis qu'on se dit :
O.K. il nous reste à peu près 25, 26 jours de session parlementaire ici,
puis il y a des matins, comme ce matin, là, où la Commission de la santé ne
siège même pas. On n'étudie pas le projet de loi de la DPJ, on n'étudie pas le
projet de loi n° 11, on n'étudie pas le projet de loi
sur l'aide médicale à mourir, on n'étudie pas le projet de loi sur l'urgence
sanitaire, bien, on se dit que le gouvernement lui-même gaspille des jours de
session, qui pourraient être étudiés, pour faire avancer son agenda.
M. Laforest (Alain) : Mme Anglade,
donc, si je vous comprends bien — vous pouvez enlever votre masque — le
ministre de la Santé vient d'accoucher d'une souris?
Mme Anglade : L'éléphant
a accouché d'une souris. Définitivement. On nous avait promis quelque chose de costaud,
on nous avait promis quelque chose de vraiment significatif, puis on constate
que l'éléphant a accouché d'une souris. Et surtout, moi, ce qui me préoccupe
surtout, c'est la question de cette première ligne-là, c'est cette promesse où
on dit aux Québécois : Vous pourrez avoir accès à un médecin de famille.
Cette promesse-là qui est brisée, puis on se dit que jamais on ne va voir le
jour, avec ce qui est déposé par la CAQ, où un Québécois va pouvoir avoir un
médecin de famille. Ça, c'est extrêmement préoccupant.
Mme Plante (Caroline) : Pensez-vous
avoir qu'il va y avoir des bâillons en suivi à la question de ma collègue?
Mme Anglade : Est ce que
tu veux... S'ils veulent faire passer leur projet de loi, c'est sûr que... Je
veux dire... Vas-y, André, on va dire la même...
Mme Plante (Caroline) : Bien,
vous dites : S'il veut faire passer, c'est sûr que...
M. Fortin :Bien, c'est le choix du gouvernement, là. Ça ne serait pas
la première fois, vous le voyez, dans les premières années de leur mandat,
avant la pandémie, quand ils avaient l'option d'utiliser le bâillon, ils l'ont
utilisé de façon régulière. Alors, clairement, là, c'est une option que le
gouvernement envisage parce qu'il l'a déjà utilisé, parce qu'il l'a déjà fait,
parce que c'est une méthode qu'il semble privilégier. Alors, c'est possible qu'il
le fasse. Mais regardez le fond de ces dossiers là, adopter un projet de loi
comme la protection de la jeunesse sous bâillon, ce serait impensable. Adopter
l'aide médicale à mourir sous bâillon, ce serait inimaginable. Donc, il y a des
projets qui ne s'y prêtent pas du tout, mais s'il veut le faire, il faudra qu'il
vive avec les conséquences.
Mme Plante (Caroline) : Avez-vous
d'autres détails sur l'aide médicale à mourir?
M. Fortin :En fait, on demande régulièrement au gouvernement de nous
donner des mises à jour sur le moment où il va déposer le projet de loi de l'aide
médicale à mourir, et on n'a aucune indication, à part nous dire qu'on
travaille là-dessus. Mais le gros du travail, il a été fait par les députés qui
ont siégé pendant des mois et des mois, qui ont consulté la population pendant
des mois et des mois. Alors, j'ose dire que le travail, là, sur l'aide médicale
à mourir, en grande partie, il est déjà fait, mais il faut que le gouvernement
dépose son projet de loi.
M. Bourassa (Simon) : M. Fortin,
sur le dossier de la mobilité à Québec, le tramway, le malaise palpable entre
le gouvernement puis le maire de Québec, qu'est ce que devrait faire le maire,
selon vous, dans les prochains jours, là, pour essayer de dénouer l'impasse?
M. Fortin :Bien, en fait, je trouve ça particulier que personne au
gouvernement n'ait saisi l'occasion, la semaine dernière, pour parler au maire
de Québec. Le fait que le seul ministre qui a été délégué pour aller parler au
maire de Québec, c'est le ministre de l'Environnement, et il n'a même pas abordé
le sujet, ça démontre un manque de volonté de la part du gouvernement du Québec
de faire avancer ce projet-là. Moi, je vois un maire qui comprend la réalité de
sa ville, qui comprend les priorités de ses citoyens, qui continue de consulter
sa population, et d'avoir un gouvernement qui ne daigne pas le rencontrer, lui
parler, ça me semble contre-productif à ce moment-ci. Alors, j'espère que le
gouvernement du Québec va rencontrer le maire de Québec, mais va aussi accepter
ses arguments, va accepter que c'est un projet... que la vocation d'une rue, ça
appartient à la municipalité, et qu'il va entendre l'appel de l'ensemble des
municipalités du Québec qui dit au gouvernement en ce moment : Mêlez-vous
de vos affaires, ce genre de dossier là, ce genre d'intervention là, ce n'est
pas approprié. Si les ministres du gouvernement avaient voulu se présenter aux
élections municipales, bien, ils avaient juste à le faire.
M. Lachance (Nicolas) : Qu'est-ce
que la CAQ a fait pour la Capitale-Nationale depuis qu'ils ont été élus?
Mme Anglade : Bien, en
fait, je vous la pose, la question. Qu'est-ce qu'ils ont fait?
M. Lachance (Nicolas) : Bien
non, mais...
Mme Anglade : Non, bien,
quand on fait le bilan de la CAQ, le bilan de la CAQ est très mince. Il est
très mince à Québec. En matière de grands projets d'infrastructures, on n'a
rien vu, sinon des dessins sur une napkin faits sur un coin de table. On n'a
rien vu de la part de la CAQ à Québec et, de manière générale, dans les grands
projets d'infrastructures. Donc, on va laisser les Québécois de la ville de
Québec dresser leur propre bilan.
M. Robillard (Alexandre) : Mme Anglade,
j'aimerais ça savoir, est-ce que l'aile parlementaire libérale a approuvé la
hausse du budget de l'Assemblée nationale pour l'année prochaine, là, dans une
proportion qui est trois fois plus élevée que ce qui est consacré, ce qui est
prévu, pour la santé cette année?
Mme Anglade : Le montant
est très élevé, contient beaucoup d'éléments par rapport au maintien d'actifs puis
par rapport à la sécurité, puis je pense que c'est important que ces
éléments-là soient considérés, mais, par ailleurs, il y a encore plusieurs
questions qui se posent, et on attend les crédits pour aller poser l'ensemble
de ces questions-là.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
quand même, votre formation... votre aile parlementaire, elle a approuvé cette
hausse-là. Donc, est-ce que vous êtes en train de me dire que c'était précipité
d'approuver ça, compte tenu des questions qui subsistent?
Mme Anglade : Non, je pense
que les questions qui subsistent vont pouvoir être posées aux crédits. Comme je
dis, on parle aussi de maintien d'actifs, on parle aussi de la sécurité. Puis
on a eu des exemples malheureux, justement, dans les dernières 24 heures.
Donc, ces éléments-là sont importants, mais pour toutes les autres questions,
elles vont être certainement posées aux crédits pour s'assurer de vraiment
comprendre l'étendue du 25 millions.
M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi
vous dites que c'est très élevé? Vous vous basez sur quoi pour dire que c'est
très élevé?
Mme Anglade : Simplement
parce qu'effectivement ça croît à une vitesse importante par rapport au reste
des autres budgets. Alors, c'est pour ça que je dis que c'est un montant qui
est élevé.
M. Robillard (Alexandre) : Puis
est-ce que, ça, c'est normal?
Mme Anglade : Bien,
comme je vous dis, le maintien des actifs... Il y a le maintien des actifs, mais
pour tout le reste, c'est pour ça qu'on va poser les questions aux crédits.
Mme Plante (Caroline) : Parlant
des crédits, est-ce qu'il va y avoir le même nombre d'heures de crédits cette
année?
Mme Anglade : En
principe, c'est oui. Mais, André, si tu veux...
M. Fortin :Bien, on est, disons, dans la fin des négociations avec le
gouvernement, là, pour bien circonscrire le nombre d'heures qu'on passera en
commission parlementaire. Nous, on veut faire une étude approfondie des crédits
comme à l'habitude. C'est nécessaire de le faire dans une année électorale, on
n'a pas à vous le dire, mais on est à la toute fin des négociations. Je vais
laisser le processus terminer avant de m'exprimer sur...
Mme Plante (Caroline) : ...gouvernement,
donc, on veut moins d'heures?
M. Fortin :Bien, je vais vous le dire comme ça : Le gouvernement
a fait une proposition, dans sa réforme parlementaire, pour réduire le nombre
d'heures en commission parlementaire. Disons que, dans la négociation, il est
fidèle à lui-même.
Mme Plante (Caroline) : C'est
d'importance, ça, que, disons, l'électeur à la maison comprenne, là, justement,
le fonctionnement des crédits? Pourquoi ça serait important, disons, pour la
personne à la maison de comprendre ça? Pourquoi c'est significatif?
M. Fortin :Bien, les crédits, c'est l'occasion de comprendre
exactement où va dépenser le gouvernement au cours de la prochaine année. C'est
une occasion aussi de revenir sur la façon que le gouvernement a dépensé au
cours des dernières années, de voir les améliorations qui sont nécessaires. C'est
une étude approfondie, avec chacun des ministres, de comment ils entrevoient la
suite des choses pour leur mandat. Dans une année électorale, là, c'est
primordial, encore plus qu'à l'habitude, de se pencher sur comment le
gouvernement va dépenser les sommes. On le sait, on a devant nous un
gouvernement qui a des enjeux de transparence — j'ai juste à penser
au caviardage des documents, entre autres — mais on a un gouvernement
qui a des enjeux de transparence, alors d'avoir cet exercice-là, de le faire à
fond, d'avoir un maximum d'opportunités pour tous les parlementaires de bien
comprendre la façon que le gouvernement gère ses dépenses, pour nous, c'est
essentiel.
Mme Senay
(Cathy) :
Mrs.
Anglade, it's almost 90 pages, it's 50 measures, and it's called “More human and
performant”. What are you mourning about? The CAQ understood what the health
care system needs to get better.
Mme Anglade :
What I see is a lot of accounting but
not a lot of humanity. What really matters at this point, with the reform, is
to make sure that every single Quebecker has access to a family doctor. It was the engagement, the
commitment of the CAQ to make sure that every Quebecker would have a family
doctor. It didn't materialize. We went from 400,000 Quebeckers not having
access to a million. And looking at the numbers, they are saying: O.K., we'll
never going to get there, so might as well change the topic and find a
different way to approach the issue, but the fundamental issue remains: We
believe that people need to have access to a family doctor, and that's not what
the plan says.
Mme Senay (Cathy) : Mrs. Anglade, you don't think that the GAP can succeed for patients
who do not have a family doctor, at least, they can have access to a health
care professional?
Mme Anglade : All research… If you look at research that's being done, that has
been done over the years, they say one thing: That method of just trying to
find solutions quickly, in the long run, it doesn't pay off. Why it doesn't pay
off? Because people, at the end of the day, they need to be associated or
attached or have access to their family doctor. Even though they don't
necessarily go on a regular basis, they have access and that prevents them from
going to emergency rooms, etc., so that's really the key element. And the
reason why they don't want to go back to their original commitment is because
they know that, in September, in October, they won't be able to meet their own
commitment, so they're changing the topic.
Mme Senay (Cathy) : So, just to clarify this, if you call, you get a different health
care professional, then you have to go back again to explain everything. So,
it's as if you don't have a person taking care of you which is what the plan
should be about?
Mme Anglade : Exactly. The plan should be about having one person able to take
care of you. It doesn't mean that every single time you need a service, it has
to be this person, but that one person knows your file, knows your history,
knows when you came, the number of times you came, and they can ensure a
follow-up, and for chronical problems, this is really fundamental. And again,
this is just a way to save face, what they're suggesting. They're just saving
face, they're not fixing the fundamental issue.
M. Brennan (Andrew) : What do you think about Mr. Dubé saying today that you don't
necessarily… not every person may necessarily need a family doctor in, you
know, context. Do you think that this is just shifting the goalpost, doing as I
just said right there, you know, it's a way of saving face?
Mme Anglade : It's a way of saving face, because it's true that there are some
people that are healthy, 30 years-old, 40 years-old, they are healthy, they
don't need to have access to a family doctor, like, for three years. I mean, of
course, they are elements like this. But again, let's go back to science,
science tells us that, in order to avoid people going to emergency rooms, you
need to make sure that they have access to a doctor, even if it's not the
doctor that sees them every single time, but, at least, having something that
is consistent every time they show up to a clinic. Just having access to fix
one problem here, another problem there, and not having this consistency
doesn't fix the problem at the root.
M. Brennan (Andrew) : Well, you said there is lot of accounting and not surely much of
humanity. Is there consistency in this plan in order to create actual reform? Will
this do anything?
Mme Anglade : I don't think it will fix the first line, and I think the first
line is what really matters, at this point. We have a million people waiting to
have access for a family doctor, a million people, and it's not going to go
away. And if you tell people that it's not really important to have access to a family doctor, you're just moving away from the
objective, from the original goal.
Des voix : …
Mme Anglade : Oh! Sorry.
Mme Henriquez
(Gloria) : You said in French : «L'éléphant
a accouché d'une souris»…
Mme Anglade : Help me with the translation, please, Cathy.
Mme Senay (Cathy) : …
Mme Anglade : The elephant… I don't know, like, the expression… The elephant gave
birth to a mouse, I don't know if it's the right expression, but definitely, we
were expecting something that would really nail the actual problem. The actual
problem is you have people going to emergency rooms, you have people that are
not being treated because they don't have access to a family doctor, you have
people with chronical diseases that don't have access to a family doctor. That
has huge repercussions on our system. So, at the end of the day, what we need
to do, collectively, is to find a way to make sure that every single Quebecker has access to a family doctor,
period. And that's not what they're proposing.
Mme Henriquez
(Gloria) : And then you mentioned there's
other obstacles, including that there are several bills that are essentially
jammed, can you talk about that?
Mme Anglade : Certainly, but I'd rather have my leader talk about all the bills,
he's a specialist in this.
M. Fortin : Yes, the Health Committee right now is, in theory, studying
Bill 15 on youth protection services. I say in theory because, this
morning, the Government chose to have all three of its Health Ministers in one
room, making an announcement, instead of having the associate Minister in
committee, proceeding with the bill. There is only about 25, 26 days left to
our parliamentary session, and when we look at the list of the bills, youth
protection, family doctors, the «informatisation» of the health network, the
assisted medical dying bill, the list goes on and on and on. And we do get the
impression that the Government kept all of its health care initiatives to the
very end of its mandate, threw it all in at the health committee and said :
Study this. Well, you can't study youth protection in two days. You cannot
study medical assisted dying just like that. Those are bills that actually do
need time, and the Government is trying to fast-track everything here. We'll
see what they do manage to call before the end of the session, but it's
certainly putting a strain on the agenda at Health Committee, and it puts into
question whether the Government really wants all these bills to be studied
properly, or whether it wants to use closure on some of them.
Mme Henriquez
(Gloria) : So, what are the consequences for Quebeckers, in the end?
M. Fortin : Well, you can't invoke closure on youth protection. You cannot
invoke closure on medical assisted dying. Those are things that need to be done
very carefully, very thoughtfully, that need to be debated between
parliamentarians. We need to make sure that it's done so that the format
protects Quebeckers when they
do access government's services. And if government is intent on invoking
closure and not studying some of the clauses in these bills, that's going to
create a huge problem for the services that Quebeckers could get down the road. So, it's incumbent on government to tell
us what their priorities are, what they intend to study, what they intend to
put aside. But that's on them, they put themselves in this situation.
La Modératrice
:
Thank you. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 29)