(Neuf heures trente-deux minutes)
La Modératrice : Alors,
bonjour et bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. S'adressera à
vous aujourd'hui Mme Méganne Perry Mélançon, porte-parole en matière d'habitation.
Elle sera accompagnée de la fédération des OSBL d'habitation de la Montérégie
et de l'Estrie, M. Martin Bécotte, directeur, Mme Sylvie Adam, représentante
des locataires, et Mme Diane Côté, représentante des citoyens. Mme Perry
Mélançon, c'est à vous.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Anne-Sophie. Bonjour, tout le monde. Merci, M. Bécotte, Mmes Adam et
Côté, d'être avec moi pour ce point de presse très important. Le sujet qui nous
concerne aujourd'hui, en fait, c'est une situation qui s'aggrave au Québec en
matière d'habitation, en matière de logement de tout type, mais surtout le
logement social, qui a été très lourdement sous-financé dans les dernières
années, ce qui nous cause, en fait, la crise qu'on connaît, qui s'amplifie
partout dans les régions du Québec.
Et ce qu'on voit, le phénomène,
présentement, disons, qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est le phénomène des
OBNL d'habitation qui, présentement, sont en fin de convention dans bien des
endroits. Et, juste dans mon comté, il y en a quatre qui sont en fin de
convention déjà, et dont une autre qui va être échue d'ici la fin de l'année. C'est
un peu partout comme ça sur le territoire.
Dimanche dernier, on a été à une
manifestation à Richelieu pour la Villa Belle Rivière, dont 60 locataires
sont dans une incertitude par rapport à leurs logements, à savoir s'ils vont
devoir assumer des hausses de leurs loyers ou même devoir se délocaliser parce
qu'ils ne seront plus en mesure de payer leurs logements. C'est un OBNL, encore
une fois, dont la convention est échue depuis 2014. Et il y a un promoteur
privé qui est en train, là, de mettre la main sur cet OBNL là.
Alors, on est dans, vraiment, un flou, un
vide légal qui permet des ventes comme ça au privé. Et ce qu'on demande aujourd'hui,
et je vais le réitérer lors de ma motion qui sera déposée, là, en Chambre, tout
à l'heure, c'est d'imposer... d'adopter de toute urgence un moratoire, le temps
qu'on puisse se pencher sur des mécanismes légaux pour empêcher la vente d'immeubles
de logements sociaux à des intérêts privés.
Alors, on demande... La demande est claire
aujourd'hui. J'espère que la ministre entendra ce cri du coeur de plusieurs
locataires partout au Québec qui vont devoir se retrouver un autre logement
dans les prochains mois, les prochaines années. C'est inacceptable, ce qu'on
fait présentement pour gérer cette crise du logement. On ne construit pas assez
de logements sociaux et on n'est même pas en mesure de sauvegarder les
bâtiments qu'on a déjà financés dans les 30, 40 dernières années. Pour
moi, c'est un gros échec du gouvernement caquiste. Puis là on ne peut plus
attendre. Il faut agir par moratoire et par voie législative.
Alors, je cède la parole à nos invités. Je
suis contente que vous soyez là. Et vous aurez, là, plus le portrait en détail
sur la situation de la Villa Belle Rivière. Je passe la... oui, donc, M. Martin
Bécotte, qui va s'adresser à vous.
M. Bécotte (Martin) : Merci
beaucoup, Mme Perry Mélançon, de prendre ce dossier-là sous votre aile.
Alors, au Québec, il y a environ 10 000 bénévoles qui gèrent et
administrent 55 000 unités de logement social sans but lucratif et communautaire
au bénéfice des locataires et de la communauté, avec des pratiques de
gouvernance rigoureuses.
Malheureusement, certains prennent la
décision inexplicable de vendre des immeubles dans le marché privé, comme à
Sherbrooke, où 175 logements sans but lucratif ont été vendus en février,
dans le comté de Mme Hébert, ou à Richelieu, où vit Mme Sylvie Adam
comme locataire dans un immeuble qui a été financé par les locataires puis les
contribuables puis développé grâce à la mobilisation de la famille de
Mme Diane Côté, entre autres, dans les années 70.
Les coopératives ont une loi qui protège
les coopérants, là, d'une privatisation de leurs coops. Malheureusement, les
locataires d'OSBL n'ont pas droit à cette même protection là. Dans le cadre des
programmes de la SCHL, là, qui finançaient le développement de logements sans
but lucratif avant 1994, c'est 14 000 unités de logement qui ne sont
plus sous convention ou qui ne le seront plus bientôt au Québec. Ces
logements-là, ils vont offrir pour toujours, là, des logements abordables, sans
plus de financement de l'État, s'ils ne sont pas vendus dans les communautés
puis les régions du Québec. Ces logements-là abritent en majorité des femmes de
plus de 60 ans qui gagnent en moyenne moins de 25 000 $ par année.
Ils ont une valeur inestimable pour la communauté. Juste dans le cas de Villa
Belle Rivière, là, c'est des loyers à 100 $ sous le loyer médian. C'est
72 000 $, là, qui restent dans les poches des locataires de la villa
puis qui sont dépensés dans l'économie locale. Ça a vraiment une valeur très
importante. Ces immeubles-là, au Québec, ils ont une valeur foncière de 1,4 milliard
de dollars. Ils pourraient être utilisés comme leviers, là, par les communautés
pour construire plus de logements communautaires et sans but lucratif.
Alors, si le gouvernement veut exercer sa
compétence en logement, là, comme il le prétend, il doit protéger ce parc de
logements là de la spéculation immobilière. En ce moment, les organismes
reçoivent des offres par la poste, reçoivent des offres en personne de
spéculateurs immobiliers. Alors, tout le monde en reçoit, là. Donc, c'est
important d'agir maintenant et rapidement. Merci beaucoup. Je vais passer la
parole à Mme Sylvie Adam, locataire à la Villa Belle Rivière.
Mme Adam (Sylvie) : Merci.
Bonjour. En 1978, un groupe de citoyens de Richelieu ont créé un organisme à
but non lucratif d'habitation ayant pour objet de construire, acquérir et
maintenir des logements à prix abordables et de bonne qualité pour des aînés et
des personnes à la retraite. Cette initiative, une fierté de notre communauté,
a été largement financée par des fonds publics municipaux, provinciaux et
fédéraux. Il serait donc pertinent que le gouvernement ne laisse pas partir
leurs investissements dans les mains d'un promoteur immobilier privé, surtout
que nous sommes plusieurs OBNL dans la même situation.
Nous, les aînés qui habitons ces
immeubles, nous voulons que la pérennité des OBNL soit protégée pour notre
sécurité, notre précarité financière et notre tranquillité d'esprit. On ne vous
demande pas de l'argent. On vous demande de protéger les OBNL, ce qui
protégerait des milliers de logements dans cette période de crise du logement. Nous
demandons au gouvernement l'adoption d'une loi afin de protéger les immeubles
qui ont été financés par des fonds publics afin d'éviter leur vente dans un
marché lucratif. Merci. À toi, Diane.
Mme Côté (Diane) : Bonjour.
Je m'adresse aujourd'hui à vous en tant que citoyenne de la communauté, en tant
que fille des fondateurs, de certains fondateurs, petite-fille, au nom de la
communauté qui nous ont... qui nous supporte, parce que, déjà, dimanche, on
avait autour de 150 personnes qui étaient déjà là pour...
Alors, au nom de tous ces gens-là, je veux
comme souligner le fait que ces logements-là font partie de notre communauté
depuis plus de 40 ans. Mes grands-parents y ont vécu, mes grands-tantes.
C'est comme le point, si vous voulez, de rassemblement du village, parce que
Richelieu, ce n'est pas un... Il y avait 2 000 habitants en 1978.
Alors, on a tous grandi avec ça. Et il y a un besoin de garder nos aînés, les
gens qui sont seuls. Je suis proche aidante, en plus, de ma mère, qui a
87 ans. Et ces gens-là ont besoin de leur communauté. Ils ont besoin
d'avoir un endroit sécuritaire. Ils ont besoin qu'on soit proche d'eux pour
pouvoir les aider à tous les jours.
Alors, ces logements-là sont déjà acquis,
sont déjà payés, entretenus. Il y en a partout au Québec. Je pense que c'est
important que le gouvernement protège ce bassin-là. Il n'y a aucun coût pour
eux. Même, ça va au-delà du coût parce que je considère qu'il y a un certain
parallèle qui se fait, le fait qu'on soit capable, la communauté, de s'occuper
de ces gens-là, bien, ils ne se ramassent pas dans les RPA puis dans les CHSLD,
puis ça affecte le réseau de la santé.
Alors, j'appuie mes collègues... ou je ne
sais pas comment appeler ça, là, pour garder nos aînés, garder nos logements
abordables, pour le bien-être, la santé, pour pouvoir garder nos aînés dans nos
milieux de vie. Je pense que c'est primordial. Ça fait partie de notre
communauté. Et puis je pense que de prendre le temps d'évaluer l'impact de
laisser aller tout ça, l'impact financier, l'impact sur la santé des gens, sur
la communauté puis le bien-être, surtout, des aînés... Leurs revenus, ils
n'augmentent pas vraiment, mais le coût de la vie, oui. Merci.
Mme Perry Mélançon : Merci...
La Modératrice : Alors, il
n'y a pas de question. Ceci met fin à ce point de presse. Merci à vous, et
bonne journée.
(Fin à 9 h 41)