(Neuf heures)
M. Ouellet : Donc, bon matin.
Aujourd'hui, le Parti québécois trouve que la situation du Québec, elle est
particulière, et on est dans une situation extraordinaire. On constate que le
gouvernement n'en fait pas assez pour diminuer l'impact de l'inflation en ne
proposant pas de mesures à moyen, long terme, et surtout qu'en ne proposant que
du court terme.
Le gouvernement de la CAQ a été inactif
pendant quatre ans pour régler la crise du logement. Donc, effectivement, le
fait qu'il nous manque de logements sociaux, ça fait une énorme différence,
aujourd'hui, lorsqu'on voit les prix des loyers augmenter. Même chose lorsque
le Parti québécois propose de mettre un cartel... pas un cartel, pardon, mais
mettre un bureau de la concurrence pour effectivement mettre fin au cartel des
pétrolières au Québec. Encore une fois, le gouvernement du Québec fait la
sourde oreille à nos propositions et ça occasionne une augmentation des coûts
pour les Québécois et les Québécoises. Même chose lorsque le gouvernement
fonçait tête baissée à des maternelles quatre ans à 800 000 $ la
classe, alors qu'on demandait depuis longtemps que l'on construise des CPE pour
permettre aux gens d'avoir une place, et, comme on l'a vu cette semaine, de
permettre aux femmes d'être de retour sur le marché du travail.
Donc, c'est quatre ans d'inaction qui,
aujourd'hui, coûtent cher aux Québécois et Québécoises. Et c'est pour ça que le
PQ a choisi, dans ces circonstances, d'aider directement la population pour
faire face à l'augmentation du coût de la vie et d'être capable, aussi, de
payer encore son épicerie puis son logement. Pour le Parti québécois, ce qu'on
propose aujourd'hui, c'est une allocation pour le pouvoir d'achat.
On propose de verser aux personnes seules
gagnant moins de 25000 $
une allocation de 500 $, pour le prochain palier, personne seule qui gagne
moins de 50000 $,
une allocation de 350 $, et pour les personnes gagnant un revenu d'un
maximum de 70000 $,
c'est 200 $. On s'adresse aussi aux familles. Donc, les familles gagnant
moins de 50000 $
auront une allocation de 1000 $,
les familles gagnant moins de 100000 $,
une allocation de 700 $, et de 100000 $
à 120000 $,
une allocation de 400 $.
Donc, l'énorme différence entre le Parti
québécois et la CAQ, aujourd'hui, c'est que, nous, on module nos allocations en
fonction du revenu des Québécois et des Québécoises. Il n'est pas normal et
acceptable pour nous qu'on envoie un chèque à tout le monde du même montant. Ce
n'est pas vrai qu'il y a une différence entre quelqu'un qui gagne 25000 $ et qui gagne
150000 $. La
différence, elle existe, elle est là. Et, pour nous, au Parti québécois, vous
connaissez notre ADN, il est important pour nous d'aider les gens qui sont dans
le besoin et ne pas en envoyer, des chèques, aux gens qui, eux, gagnent assez
d'argent pour faire face au coût de la vie.
Donc, pour nous, c'est fondamental, et
c'est la grande nuance qui nous distingue entre la CAQ, qui veut envoyer un
chèque à tout le monde avant l'élection, et nous, qui veut envoyer une
contribution et une allocation à toutes les familles du Québec qui en ont
besoin. Sur ça, je vais laisser la parole à ma collègue Méganne Perry Mélançon,
qui va parler aussi d'une situation qui touche nos petites et très petites entreprises.
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217
Mme Perry Mélançon : Merci
beaucoup, Martin. En fait, c'est ça, mon collègue parle de décisions qui ont
coûté cher aux Québécois et aux Québécoises dans les dernières années. Il y a
aussi des décisions de ne pas agir qui coûtent cher à certaines personnes, des
entrepreneurs dans ce cas-ci, de petites et de très petites entreprises. Ça
fait des années qu'on le demande. Ça a commencé avec, justement, Martin à
l'économie, et maintenant ça fait déjà un certain moment qu'on fait ces
demandes-là. C'est la question de la déduction aux petites entreprises dont 38000 petites
entreprises sont encore privées aujourd'hui, alors qu'on avait imposé, à
l'époque, un seuil de 5500 heures
pour pouvoir être éligible à cette déduction-là, ce qui, pour certains, est
absolument inatteignable, et ça fait en sorte qu'on les freine dans leur
économie plutôt que de les aider à croître et à aller chercher plus d'employés.
Donc, ce qui était censé être un objectif de croissance économique est tout le
contraire. Puis, bien, c'est ça qu'on demande, de mettre un terme à cette
injustice pour nos petites et très petites entreprises, qu'on puisse les aider
à croître et se sortir, elles aussi, de tous les défis liés à l'inflation
galopante qu'on connaît aujourd'hui.
La Modératrice : Sur ce, on
va prendre vos questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.
M. Laforest (Alain) : M.
Ouellette, pouvez-vous m'expliquer succinctement c'est quoi, l'intérêt de faire
une interpellation avec le ministre des Finances à 48 heures du dépôt de
son budget? Pensez-vous vraiment, aujourd'hui, que vous allez avoir des
réponses quand il dépose son budget mardi?
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495
M. Ouellet : C'est une
excellente question, M. Laforest. Mon intention, aujourd'hui, pour
l'interpellation n'est pas d'avoir des indications sur le budget, mais c'est
mettre dans la face de la CAQ son inaction depuis quatre ans. Mon
interpellation, ce matin, sert à dire à la CAQ : Ça fait quatre ans que
vous n'agissez pas pour la crise du logement. Si vous aviez agi sur les leviers
qu'on vous a présentés, la crise ne serait pas aussi difficile pour les
familles québécoises qui cherchent un logement abordable. Si la CAQ avait, au
lieu de foncer tête baissée, créé des places en CPE, on ne serait pas en 2025
pour permettre aux femmes d'être sur le retour au travail, elles le seraient
déjà.
Donc, mon interpellation, aujourd'hui,
c'est de mettre les faits devant la CAQ : si on est aussi dans la chnoutte
aujourd'hui, c'est parce que vous avez fait des choix par action ou par
omission, et c'est ça qui coûte cher aux familles du Québec.
M. Laforest (Alain) : C'est
une période de questions de deux heures, un vendredi, quand ça ne siège pas.
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217
Mme Perry Mélançon : On
se gâte.
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495
M. Ouellet : Bien,
c'est un outil parlementaire qui...
M. Laforest (Alain) : Comme
vient de dire votre collègue, vous allez vous gâter.
Mme Perry Mélançon : Bien non,
mais...
M. Laforest (Alain) : Non,
non, mais c'est ça vous avez dit, là.
Mme Perry Mélançon : C'est mes
mots, ce n'est pas les siens.
M. Laforest (Alain) : Bien
oui, mais venez me les dire. Venez me les dire. Vous l'avez dit, là. Vous allez
vous gâter, c'est ça? C'est mieux si vous êtes au micro. Ça fait que vous allez
vous gâter, c'est ça que vous avez dit.
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Mme Perry Mélançon : Non,
non. Je reviens sur mes mots.
M. Laforest (Alain) : Bien,
je vous ai entendu. Vous l'avez dit.
Mme Perry Mélançon : C'est
parce que vous dites : Période de questions de deux heures. Bien, vous
savez comment on est limités dans nos questions durant une semaine. Donc, j'ai
bien des questions qui sont sans réponse depuis que je siège dans cette
enceinte du Parlement. Donc, oui, on va poser des questions. C'est surtout ça
que je veux dire, parce qu'on...
M. Laforest (Alain) : Mais
vous avez dit : On se gâte.
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Mme Perry Mélançon : Bien,
en questions que je me prive de poser depuis des années. Donc, oui,
effectivement, je vais participer à cette interpellation avec grand plaisir, parce
qu'on le fait pour régler des injustices. Dans mon cas, on parle des
entrepreneurs, ici, du Québec. Et mon collègue va parler des familles, des
mères et des pères qui sont pris à la maison faute de places en garderie, du
manque de soins à domicile du manque de... On l'a dit, là, il vient de faire
son point de presse. Donc, je le dis, je vais pouvoir poser de belles
questions, aujourd'hui, que je ne peux pas poser couramment.
M. Lacroix (Louis) : Ça coûte
combien votre mesure, votre allocation pour le pouvoir d'achat?
M. Ouellet : C'est dans une
fourchette aux alentours de 1,7 et 1,9 milliard.
M. Lacroix (Louis) : Et ce
serait récurrent ou si c'est...
M. Ouellet : Ponctuel.
Considérant la situation conjoncturelle actuelle.
M. Lacroix (Louis) : Ponctuel,
pour combien de temps? Je veux dire, c'est une année?
M. Ouellet : Oui. Ça serait
applicable déjà pour le rapport d'impôt que les gens doivent remplir
présentement, là.
M. Lacroix (Louis) : O.K. Et
qu'est ce qu'on fait avec, par exemple, les autres mesures qui touchent les
Québécois, comme, par exemple, le prix de l'essence? Tout le monde dit :
Il ne faut pas toucher au prix de l'essence. Mais c'est sans doute l'effet le
plus direct pour les gens. C'est 32,4 % de taxes provinciales sur chaque
litre d'essence. C'est beaucoup, là. C'est-à-dire que le gouvernement engrange
deux fois plus d'argent maintenant qu'à la même période l'année passée ou à peu
près.
M. Ouellet : Oui. Bien, c'est
pour ça que les mesures qu'on met de l'avant, aujourd'hui, vont être financées,
justement, par ce gain que le gouvernement est en train de faire suite à
l'augmentation des prix. Cela étant dit, pour le Parti québécois, il est
évident que... pour nous, que si on joue et on coupe les taxes sur l'essence,
on est convaincus que les pétrolières vont juste remplir l'espace qui sera
laissé vacant avec une baisse de TVQ. Alors, pour nous, ce qui est fondamental,
c'est de mettre en place un bureau québécois de la concurrence qui va expliquer
aux Québécois et faire des enquêtes surtout. Comment se fait-il qu'il y ait
aussi de grandes disparités, M. Lacroix, entre différentes régions du Québec?
Moi, je reçois beaucoup de courriels puis de messages dans mon Facebook :
Comment se fait-il que, sur la Côte-Nord, je paye 0,10 $, 0,12 $,
0,13 $ de plus que mes collègues du Saguenay—Lac-Saint-Jean? On est à
côté, là. Comment se fait-il que ça, ça existe? Alors, nous, on demeure
convaincu qu'un bureau québécois de la concurrence va pouvoir faire la lumière
et donner des explications, et s'assurer qu'aucun cartel ne puisse s'installer.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous allez... il faut toucher aux autres, j'allais dire, plaisir des
Québécois, là? Parce que, tu sais, on peut aller chercher de l'argent ailleurs,
on peut couper ailleurs, on peut... Est-ce que, par exemple, il faut, en une
période comme celle-là, toucher la SAQ, par exemple?
M. Ouellet : Bien, le Parti
québécois a proposé de geler les tarifs des sociétés d'État. Donc, évidemment,
on a parlé d'Hydro-Québec, on a parlé des gens qui vont à la SEPAQ. Donc, tu
sais, il faut tout regarder. Le bout que je ne serais pas capable de franchir,
M. Lacroix, bien honnêtement, je ne toucherais pas à la SQDC. Mais, si le
Québec peut, effectivement, dans l'ensemble de ses sociétés d'État, regarder
pour freiner l'augmentation des coûts, la SAQ en fait partie. Mais la SQDC, M.
Lacroix, ça, je ne le franchirais pas, ce bout-là.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que vous voulez dire que vous ne feriez pas avec la SQDC?
M. Ouellet : Bien,
c'est-à-dire de geler les prix. C'est assez gelé de même.
M. Bossé (Olivier) : Qu'est-ce
que vous attendez du ministre Girard? Il est là, mais il ne peut pas vous dire
ce qu'il y a dans son budget. Mais il est déjà écrit, ça fait que vous pouvez
proposer n'importe quoi, c'est sûr que ça ne sera pas dedans mardi. Ça fait que
vous attendez juste qu'il vous regarde puis qu'il vous dise : Vous avez
bien raison ou pas raison? Mais ça ne changera rien.
M. Ouellet : O.K. Une
interpellation sert aussi à un parti d'opposition d'obtenir des comptes d'un
gouvernement. Et moi, je veux, avec le ministre Girard, obtenir des comptes sur
comment se fait-il que, parce que vous avez choisi les maternelles 4 ans
au lieu des CPE, les femmes sont obligées de venir à l'Assemblée nationale
crier leur désespoir avec leurs enfants pour avoir des places. Êtes-vous
conscients que, ça, c'est un frein à la participation active des femmes? C'est
un bilan qu'on fait aujourd'hui, mais j'aurai assurément quelques questions
pour le futur. Je ne veux pas me scooper, mais évidemment on va parler des
tarifs d'Hydro-Québec. S'il faut que le ministre Girard bricole un mécanisme
pour contourner leur propre turpitude, c'est-à-dire la loi qui fait qu'on a
fixé ça autour de l'inflation, je vais être curieux, aujourd'hui, d'entendre le
ministre Girard m'expliquer comment, lui, dans son budget pour la prochaine
année, il va être capable de trafiquer une mesure qui va répondre aux vidéos
Instagram du premier ministre, en disant : Ne vous inquiétez pas, on va
vous aider en 2023.
M. Bossé (Olivier) : Merci.
La Modératrice : Dernière
question en français.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour. Jusqu'à quel point est-ce que c'est une bonne idée de transmettre
encore des allocations? Parce qu'une des causes de l'inflation actuelle, là, il
y en a plusieurs, mais c'est le fait qu'il y a eu beaucoup d'argent en
circulation, beaucoup d'allocations. Les gens ont mis de l'argent de côté. Là,
finalement, il y a comme une espèce de spirale de dépenses, là. Donc, est-ce
que ce n'est pas contreproductif?
M. Ouellet : Pas dans
l'époque actuelle, à cause, justement, de l'inflation galopante. Je suis
convaincu, bien honnêtement, que les gens qui vont avoir cette allocation-là,
elle va être 100 % dédiée à payer son épicerie, à faire face à
l'augmentation de ses coûts de loyer, à l'électricité. Il n'y a pas personne,
avec ces 1 000 $-là, qui va se payer un voyage dans le Sud. Déjà, là,
puis c'est votre collègue Gérald Fillion qui en faisait mention pas plus tard
qu'hier, on voit les coûts augmenter pour les familles, notamment en ce qui a
trait à l'alimentation. Les familles pourraient payer entre 1 000 $
et 3 000 $ de plus en épicerie, entre 200 $ et 500 $ pour
l'essence, et jusqu'à 100 $ de plus pour l'électricité. Donc, cette
allocation-là, là, elle ne sera pas suffisante, on est bien conscients, là.
Quand on additionne ces chiffres-là, là, il y a des familles du Québec qui vont
être plus pauvres de 3 000 $.
Donc, ce qu'on fait, nous, au Parti
québécois, c'est conjoncturel, c'est ponctuel. On donne une allocation, cette
année, pour donner un coup de main. On est conscients qu'on ne fait pas tout
l'effort nécessaire, au Québec, pour pallier à cette augmentation-là. Mais on a
une certitude, cet argent-là sera intelligemment dépensé, parce que ces
dépenses-là, elles sont véridiques et surtout elles sont récurrentes. Merci.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 9 h 13)