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Point de presse de M. Sylvain Roy, député de Bonaventure

Version finale

Le jeudi 24 février 2022, 13 h 05

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures sept minutes)

Le Modérateur : Donc, bienvenue à notre point de presse. Aujourd'hui, le député de Bonaventure, Sylvain Roy, accompagné de Maurice Rancourt, président du conseil d'administration, et de Carl Grandchamps, ancien directeur général de L'Accueil Notre-Dame. Le point de presse débutera par une déclaration du député de Bonaventure, suivra ensuite M. Rancourt. Nous prendrons par la suite vos questions. Donc, M. le député, la parole est à vous.

M. Roy : Merci, Carl.Écoutez, merci beaucoup, MM. Rancourt et Grandchamps, d'être présents ici aujourd'hui. Le philosophe Jean Baudrillard disait : Lorsque le monde prend un tournant cynique, il faut avoir un point de vue cynique sur le monde. Le monstre technocratique ou… un monstre technocratique peut parfois accoucher d'horreurs organisationnelles et de l'inévitable maltraitance institutionnelle qui en découle, et les aînés en sont les premières victimes.

À l'époque du gouvernement libéral, j'avais demandé au chef du Parti québécois de l'époque de porter plainte à l'Organisation mondiale de la santé pour maltraitance institutionnelle envers les aînés. Et la réponse fut que cela aurait nui à l'image du Québec. Trop tard, c'est déjà fait. Le reportage de ce matin sur le sort d'une citoyenne âgée décédée dans des conditions concentrationnaires est un autre tragique exemple du caractère irresponsable de la gestion de l'hébergement des aînés au Québec. Actuellement, les directions de CISSS et de CIUSSS gèrent l'hébergement des aînés avec un laxisme et une inconscience stupéfiants.

Nous sommes aujourd'hui ici pour éviter la fermeture d'une résidence de 81 chambres qui nécessite un soutien de l'État qui est sans commune mesure avec les coûts qui seront engendrés par le déplacement et le déracinement qu'ils vont subir. Pourtant, l'État est prêt, d'une main, à payer 1 million la porte pour des maisons des aînés et, de l'autre main, fermer des résidences qui sont des milieux de vie adéquats, qui nécessitent un support financier plus que raisonnable.

De plus, le soutien financier autorisé par les gestionnaires aux résidences pour aînés se fait de manière opaque, arbitraire, et selon leur bon vouloir, ce qui laisse entrevoir de potentiels conflits d'intérêts, de chantage et surtout de l'iniquité dans les prestations de services et les conditions d'existence des citoyens âgés.

Il est vital que l'État impose de la rigueur, de l'imputabilité, de l'équité, de l'humanité et des normes dans le soutien aux résidences pour les citoyens âgés au Québec, mais aussi des sanctions contre les irresponsables qui donnent des directives qui engendrent un recul de notre humanité envers nos parents et grands-parents. Et, fait inquiétant, les pyromanes de la déconstruction et de l'affaiblissement de notre réseau de la santé sont toujours en poste, d'où l'immobilisme, voire pire, la détérioration de l'écosystème de soins de santé au Québec.

Notre demande, aujourd'hui, est de ramener de l'humanité dans le soutien aux citoyens âgés, qui doit se matérialiser par un financement adéquat pour éviter les fermetures de leurs milieux de vie.

En conclusion, les fermetures des résidences provoquent une perte d'environ 1 000 places par année, qui seront remplacées hypothétiquement par 750 places dans les maisons des aînés, à 1 million la place, et ce, sans parler du déficit actuel de 10 000 places, qui se chiffre ainsi : 3 800 places qui manquent dans les CHSLD, 3 200 en RI et 3 000 personnes qui vieillissent et qui sont susceptibles d'aller occuper ces endroits-là.

Donc, je vais maintenant donner la parole à M. Maurice Rancourt, président de L'Accueil Notre-Dame, qui va nous parler de la situation de son établissement. M. Rancourt.

M. Rancourt (Maurice) : Merci, M. Roy, de nous donner l'occasion de venir vous présenter L'Accueil Notre-Dame, devenu en difficultés financières, et aussi une maison qui a de grands défis à relever, malheureusement, avec peu de soutien du réseau ou d'autres programmes.     Actuellement, nous sommes une résidence certifiée. On a de la misère à avoir notre certificat — apparemment que c'est bien complexe — catégorie 3. Nous avons été, depuis environ 34 ans, catégorie 4, et nous avions un contrat de six places de convalescence, qui n'a pas été renouvelé parce qu'on n'était pas assez fort pour remplir les 60 pages que la proposition demandait et on n'était pas assurés non plus qu'on nous offrirait un prix correspondant au service.

On est à but non lucratif. On n'est pas là pour faire de l'argent. D'une certaine façon, on est là pour préparer notre avenir si jamais on doit aller en résidence pour personnes âgées. Actuellement, je me dis : Il est très difficile de négocier avec le réseau de la santé et des services sociaux dans notre région. Il y a bien des choses qui se passent sans qu'on soit mis au courant : des contrats gré à gré, des articles 108 qui ne paraissent pas, qui ne sont pas mis à notre disposition, des intervenants qui s'empêchent de venir évaluer notre clientèle parce que parfois, ils ne sont pas là, ou parfois ils ont lâché leur travail.

Tout ça produit des délais et des frais pour L'Accueil Notre-Dame qui n'ont aucun bon sens. De notre propre poche, nous avons donné des services pour plus de 100 000 $ et nous avons aussi des réclamations de 5 millions de dollars de services donnés, pour lesquels, actuellement, le réseau de l'Estrie demeure sourd et, d'une certaine façon, indifférent. Ce n'est donc pas facile d'essayer de développer des milieux sécuritaires.

Alors, si on nous avait offert quelque chose, un contrat ou autre chose, on aurait été prêt à en faire l'étude. Le danger, c'est que c'est des contrats qui nous poussent à la perte. Il faut quasiment être expert et avoir beaucoup d'expérience pour pouvoir analyser ces types de contrats là, parce qu'on vient souvent nous chercher le coeur ou encore les motivations que l'on a à offrir un milieu de vie à nos personnes âgées. On doit composer aussi avec une multitude de programmes très compartimentés. La main gauche ne sait pas ce que la main droite a fait ou limite la main gauche sans savoir que la main droite a besoin d'espace, comme tel. Je vous nommerais quelques programmes, là, qui sont... tels AccèsLogis, soins à domicile, hébergement, certification, résidences intermédiaires, CHSLD. Ça devient et c'est très, très complexe, et même les experts s'y perdent.

Nous avons bâti une résidence qui peut loger 81 personnes. C'est un produit de toute notre communauté, qui a, pardonnez-moi, vidé ses poches pour pouvoir la faire et pour accueillir ces personnes âgées. Aujourd'hui, on est obligé de leur dire : On ne peut pas vous garder, on n'a plus d'infirmière, on n'est pas capable de la payer, on n'a pas d'aide de l'État, on est tous mal pris. Et les gens quittent.

L'évolution de la perte d'autonomie, c'est quelque chose d'imprévisible, mais, c'est certain, il faut pouvoir répondre à ces besoins-là sans avoir à déplacer les personnes. Vous savez, une certification, on est pour ça, parce qu'il y a des dimensions de qualité, mais quand ça coûte sept heures par semaine non rémunérées, pour une petite résidence, c'est très lourd. On devrait aussi regarder de ce côté-là. En fait, actuellement, je me dis : On est dans un contexte extrêmement difficile, on cherche des milliers de dollars, pour ne pas dire 500 000 $. Et je vous dis, on n'est pas un petit canard à la patte cassée, mais il faut trouver les ressources pour pouvoir continuer. On a du personnel de qualité, compétent, et un désir d'offrir un milieu stable à nos anciens. Merci.

M. Roy : Bon, écoutez, en résumé, là, le message est clair : Les résidences et les gestionnaires suffoquent actuellement sous la lourdeur bureaucratique, sous l'insensibilité. Puis il faut se poser de sérieuses questions : Qu'est-ce qui se passe dans le réseau de la santé au Québec, actuellement? Pourquoi ils sont si déconnectés de la réalité et des besoins des personnes âgées?

Donc, c'est sûr que nous allons poursuivre le combat pour l'enjeu des résidences. Et l'enjeu, ce n'est pas compliqué, c'est d'avoir des conditions décentes de vie lorsqu'on atteint le troisième âge, parce que nous aussi, on y va, on va être là dans pas longtemps. Donc, merci beaucoup, messieurs, on se souhaite bonne chance.

(Fin à 13 h 19)

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