(Neuf heures vingt et une minutes)
Mme Samson : Alors, bonjour,
mesdames et messieurs. Bonjour. Ce matin, j'aurais voulu faire le point sur la
motion du mercredi qui a été débattue hier, qui a été déposée par moi et qui
visait à faire adopter le principe du projet de loi n° 898 qui revisite la
façon dont le gouvernement peut renouveler l'urgence sanitaire. Malheureusement,
la CAQ a fait tout son temps, beaucoup de temps, ce qui a fait en sorte qu'on
n'a pas pu avoir de vote, bien que j'aie senti que les oppositions allaient
appuyer ma motion.
Naturellement, la vice-première ministre a
fait beaucoup de temps. Elle a beaucoup parlé de la deuxième vague, en 2020, de
son bébé, et tout ça, mais elle nous a aussi dit que, bien que ça faisait la
quatrième fois que le sujet était débattu, ça lui faisait plaisir de se plier
au jeu de la démocratie et de venir une fois de plus expliquer aux députés sans
dessein, là, comme moi, là, qui ne comprennent rien, pourquoi l'urgence
sanitaire était importante. Bref, il n'y a pas eu de vote, mais ses propos ont
été, pour moi, le comble de la condescendance et du mépris, comme je ne l'avais
jamais entendu à l'Assemblée nationale.
Donc, le gouvernement, il est clair que ce
qui les intéresse c'est de continuer à gouverner en état d'urgence sanitaire.
Ça leur permet d'accorder des contrats sans appel d'offres et de ne pas faire
de reddition de comptes. Et, de la façon dont les choses s'enlignent, jamais
personne ne verra la liste des contrats accordés sans appel d'offres avant le
mois de novembre prochain, peut-être, moment auquel ils vont dire : C'est
des vieilles histoires, ne perdons pas notre temps, passons à autre chose. Mais
ça, vous autres, vous serez peut-être là pour le voir, moi, je n'y serai pas.
Bien que, là, là, j'ai peut-être envie de me représenter juste pour voir la fin
de cette histoire-là, Éric. Donc, on verra pour l'avenir.
Moi, je déplore, en tout cas, le mépris
qu'elle a exprimé hier. Et il y en a de plus en plus, de citoyens, là, qui se
sentent méprisés, là : les restaurateurs, les travailleurs de la santé.
Vous autres, bien, ça dépend, là : s'ils sont capables de vous manipuler,
vous faites une bonne job; sinon, ils vous méprisent, je vous le dis tout de
suite.
M. Laforest (Alain) : Êtes-vous
en train de dire qu'on est manipulés...
Mme Samson : Si vous n'êtes
pas manipulés, ils vous méprisent. C'est ce que je vous dis.
M. Laforest (Alain) : Donc,
on est méprisés? Non, mais clarifiez votre position. Vous venez de dire...
Mme Samson : Non, non.
M. Laforest (Alain) : Mme Samson,
clarifiez cette position-là, là.
Mme Samson : Je vais vous
clarifier ça tout de suite. On connaît la technique de la spin, là : si
vous spinnez du bon bord, vous faites une bonne job; si vous ne spinnez pas du
bon bord, vous ne faites pas une...
M. Laforest (Alain) : ...l'impression
que tout le monde, ici, spinne pour le gouvernement.
Mme Samson : Non, ce n'est
pas ce que je dis. Je dis : Ceux...
M. Laforest (Alain) : Bien, c'est
ça que vous laissez entendre.
Mme Samson : Non, ce n'est
pas ce que je dis. Je dis : Ceux qui spinnent du bon bord, c'est des bons
journalistes.
M. Laforest (Alain) : ...qui spinne
du bon bord, là?
Mme Samson : Bien, écoutez,
vous, vous connaissez mieux que je vous connais tous, là, mais il y en a.
M. Laforest (Alain) : Non,
mais vous faites des allégations, là. Allez au bout de votre pensée, Mme
Samson.
Mme Samson : J'y suis allée,
au bout de ma pensée.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez travaillé dans tous les réseaux de télévision, là. Allez au bout de votre
pensée, là.
Mme Samson : J'y suis allé,
au bout de ma pensée.
M. Lachance (Nicolas) : ...des
journalistes, en ce moment, à Ottawa, qui se font invectiver, là, parce qu'ils
pensent ça également, là. Est-ce que c'est normal?
Mme Samson : Des journalistes
qui se font...
M. Lachance (Nicolas) : Des
journalistes sur le terrain, par des manifestants, à Ottawa, qui se font
empêcher de faire leur travail parce qu'ils pensent des choses comme ça,
justement, qu'il y en a qui sont porte-parole du gouvernement.
Mme Samson : Bien, c'est l'opinion
des gens. Chacun a son...
M. Lachance (Nicolas) : Ce n'est
pas juste l'opinion des gens, là. On est rendu à une coche au-dessus, là, on
parle de la charte des droits et libertés, là.
Mme Samson : Moi, je ne
remets pas en question la charte des droits et libertés, je dis que c'est un
gouvernement qui se distingue par son mépris de beaucoup de groupes de
citoyens.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
considérez-vous que les journalistes font leur travail convenablement?
Mme Samson : Dans la majorité
des cas, je vous dirais que oui. Moi, je n'ai pas de critiques à formuler à l'endroit
d'un... D'ailleurs, j'ai toujours accepté tous les appels de tous les
journalistes, indépendamment du média pour qui ils oeuvrent.
M. Carabin (François) : Vous
dites quoi aux personnes qui, justement, s'attaquent aux journalistes? Bon, il
y avait plusieurs... bon, il y avait des manifestants, cette fin de semaine, certains
critiquaient fortement le travail des médias. Vous leur dites quoi à ces
personnes-là?
Mme Samson : Bien, écoutez,
les gens ont le droit d'être critiques, là. De toute façon, là, les gens en ont
ras le bol du discours paternaliste : Faites ci, faites ci, faites ça, là.
Je pense que les gens sont capables de prendre des décisions éclairées. Et il y
a des redondances, là. Puis je ne dirais pas que... je ne dis pas que les gens
s'en prennent aux journalistes, les gens s'en prennent aux médias en général. On
a beaucoup vu...
M. Laforest (Alain) : Vous n'êtes
pas sur le terrain, Mme Samson, parce que vous ne voyez pas ce que nos
collègues à l'extérieur vivent, là.
Mme Samson : Bien, je l'ai vu
puis je les ai entendus, j'ai entendu leurs plaintes, puis ce n'est pas
correct.
M. Laforest (Alain) : ...journalistes,
là. Je veux dire, regardez le journaliste de Radio-Canada, hier, qui se fait
mettre des pancartes dans le visage, se fait bousculer, il se fait crier après.
Mme Samson : Ah! moi, je
pense que les gens ne devraient pas tenter d'intimider les journalistes, absolument
pas. Les journalistes, ils essayent de faire leur job, puis c'est bien correct.
Puis pour la majorité des cas, je vous dirais que...
M. Laforest (Alain) : Les
gens font ça parce que... c'est à cause du type de déclaration que vous avez
faite : Si vous faites le bon spin. Comme si tous les journalistes étaient
des spinneux. C'est ça que vous avez dit tantôt, là.
Mme Samson : Non.
M. Laforest (Alain) : Ou
certains sont des spinneux.
Mme Samson : Bien, il y en a.
Donc, bref, on peut en parler de midi à 14 heures, mais de toute façon...
M. Bergeron (Patrice) : Hier,
il y a un article qui...
M. Duhaime (Éric) : On va
faire la période des questions tout de suite après. Mais j'aimerais juste ça
qu'on...
M. Bergeron (Patrice) : Oui,
oui, allez-y.
Mme Samson : Bien, moi, en
tout cas, je voulais vous parler de la motion d'hier. C'est très fâchant que le
débat n'ait pas pu se poursuivre dans un vote. De toute évidence, le
gouvernement ne veut pas de vote, mais il va falloir qu'il comprenne, à un
moment donné, que l'ère du tsarisme, là, c'est terminé, ça n'existe plus, et qu'il
revienne à la démocratie. Sur ça, Éric avait quelques commentaires à vous
faire.
M. Duhaime (Éric) : Merci
beaucoup, Claire. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. Je veux commencer
par, d'abord, rappeler un peu ce que Claire vient de dire, là. Ce qui s'est
produit, hier, c'est quand même assez particulier, là. Nous autres, c'est la
seule journée d'opposition qu'on va avoir. On voulait un vote sur la motion qui
concernait le projet de loi n° 898 pour mettre fin à l'état d'urgence
sanitaire, modifier la Loi sur la santé publique. Mme Guilbault a parlé de
tout sauf du sujet concerné, puis, quand elle en a parlé, c'était pour répéter
ce qu'elle a dit depuis deux ans. Il n'y avait absolument rien de nouveau,
alors que l'heure a totalement changé.
Encore hier, le directeur de la santé
publique, M. Boileau, a fait un point de presse pour nous dire que 2 millions...
plus de 2 millions de Québécois ont été contaminés pendant le temps des fêtes.
Ce n'est pas rien, là, c'est un Québécois sur quatre. Ça rejoint les chiffres
qui avaient été rendus publics par la firme de sondage Angus Reid la semaine
dernière. Je vous en avais parlé ici même.
Et j'ai vu, hier soir, le Dr Alain
Vadeboncoeur, qui n'est pas un sympathisant conservateur, comme vous pouvez
vous en douter, sortir les chiffres puis mettre en perspective avec la grippe,
là. Ce n'est pas moi qui le fais, c'est le Dr Vadeboncoeur, hier, qui a fait un
tableau qui a même été présenté à Noovo. Il explique qu'on en est rendu, pour 1 000
cas de contamination au Québec, à l'équivalent... pour 1 000 cas de
COVID, de gens qui ont attrapé la COVID... Il a comparé ça avec la grippe aux
États-Unis au cours des 10 dernières années. Il a pris les chiffres du CDC et
les chiffres de l'INSPQ. Pour les hospitalisations, il arrive au chiffre de 16,
pour la grippe, par 1 000 cas. Pour ce qui est de la COVID, c'est six
par 1 000 cas. Pour ce qui est des décès, c'est 1,3 pour la grippe, 1,1
pour la COVID. C'est les chiffres de l'INSPQ et du CDC que je cite, relayés par
le Dr Vadeboncoeur. Est-ce que ça, ça justifie le maintien de l'état d'urgence
sanitaire? C'est la question qu'on veut poser aujourd'hui. Est-ce que ça
justifie qu'on continue à imposer un confinement qui est de plus en plus
pénible pour une écrasante majorité de Québécois?
Et ce qui nous inquiète particulièrement
par rapport à l'état d'urgence sanitaire, Claire en a fait mention, c'est que,
là, il y a des choses qui doivent être rendues publiques à partir du moment où
ils mettent fin à l'état d'urgence sanitaire. Je vais vous lire l'article 129
de la Loi sur la santé publique, là, dont on aurait voulu débattre hier. Ça
dit, et je cite :
«Le ministre doit déposer à l'Assemblée
nationale, dans les trois mois qui suivent la fin de l'état d'urgence sanitaire
ou, si elle ne siège pas, dans les 15 jours de la reprise de ses travaux, un
rapport d'événement.
«Ce rapport doit préciser la nature et, si
elle est déterminée, la cause de la menace à la santé de la population qui a
donné lieu à la déclaration d'état d'urgence sanitaire, la durée d'application
de la déclaration, ainsi que les mesures d'intervention mises en oeuvre et les
pouvoirs exercés en vertu de l'article 123.»
On parle notamment aussi de l'octroi de
contrats sans appel d'offres pour quelques milliards qui ont été faits pendant
cette période. Si vous calculez bien, le gouvernement nous relaie ça jusqu'au
14 mars présentement. La session, ici, est supposée se terminer le
10 juin. 90 jours, ça arrive quand? Comme par hasard, bingo! Qu'est-ce
qui va arriver après? La Chambre ne siégera plus avant le mois de novembre.
Donc, on n'aura pas la transparence à laquelle on a droit avant après la
prochaine élection. La raison pourquoi le gouvernement tente présentement de
maintenir artificiellement l'état d'urgence sanitaire pendant encore un mois,
plus d'un mois, pour nous, ça semble être peut-être pour ça. Et les discours
vides de Mme Guilbault, peut-être que, ce qu'ils cachent, en réalité, c'est
l'article 129 de la Loi sur la santé publique.
L'autre élément dont je veux parler, c'est
le passeport vaccinal, parce que lui aussi devient de plus en plus difficile à
défendre. Il y a une directive ministérielle qui a été émise il y a quelques
jours, le 4 février, par le ministère de la Santé et des Services sociaux,
où on dit que les personnes ayant été infectées depuis le 20 décembre
2021, donc le 25 % de Québécois dont je suis, dont peut-être plusieurs d'entre
vous êtes aussi, là, bien, ces gens-là, on est considérés comme adéquatement
vaccinés. Les gens qui ont obtenu trois doses ou même quatre, comme Claire, ces
gens-là sont considérés comme partiellement protégés. Donc, selon leurs propres
critères, la propre directive, les gens qui ont eu la COVID sont plus protégés
que les gens qui ont les trois doses, même ceux qui étaient non vaccinés. C'est
précisé, même, dans la directive : même les non-vaccinés. Donc, quelqu'un
qui est mieux protégé que quelqu'un qui a eu ses trois doses ne peut pas partir
puis aller s'acheter un tournevis chez Canadian Tire ou chez Canac. C'est ça
qui se passe, présentement, au Québec. Le passeport vaccinal n'a plus de raison
d'être. Il y a une raison pour quoi il y a des provinces canadiennes qui
commencent à le lever. D'ailleurs, l'Alberta l'a fait il y a quelques jours, je
pense que la Saskatchewan, ce sera au cours des prochaines heures, et je pense
qu'au Québec il faut véritablement qu'on s'attarde à ça et qu'on fasse,
idéalement, la même chose.
Et pour ce qui est du gouvernement qui dit...
Parce que j'entends déjà la question venir, là : Oui, mais hier le
directeur de la santé publique a réitéré qu'il fallait maintenir le passeport
vaccinal. Je veux juste vous référer à ce que l'INSPQ a écrit le
1er octobre dans une réponse à une demande d'accès à l'information. Ils
ont dit, et je cite : «Le passeport vaccinal est une mesure déterminée par
le ministère de la Santé et des Services sociaux et pour laquelle nous n'avons
pas été consultés.» L'INSPQ n'a pas été consulté. Puis, en fait, il n'y en a
pas eu aucune, consultation. Puis là j'entends des partis d'opposition, aujourd'hui,
réclamer des consultations. Ça, il fallait demander ça au mois d'août quand ils
nous ont proposé l'idée. Aujourd'hui, c'est le temps de demander de mettre fin
au passeport vaccinal. Et, plus précisément, quand l'INSPQ s'est fait
questionner pour savoir quelles preuves scientifiques ils avaient pour
justifier le passeport vaccinal, ils ont répondu, et je cite : «L'institut
ne détient aucun document pour cet élément de votre demande.» Fin de la
citation.
Donc, je réitère ce que j'ai dit tout à l'heure,
je pense que le temps est venu, au Québec, de faire comme la majorité des États
ailleurs dans le monde, de lever l'état d'urgence sanitaire et de mettre fin au
passeport vaccinal discriminatoire. Sur ce, je vais prendre vos questions.
M. Laforest (Alain) :
Vous remettez en question les avis de... parce que vous l'avez écouté,
visiblement, là, les avis que le Dr Boileau a donnés verbalement hier, là.
M. Duhaime (Éric) : Je
ne les remets pas en question, je cite ce que...
M. Laforest (Alain) : ...vous
venez de le faire.
M. Duhaime (Éric) :
Bien, c'est l'INSPQ, là.
M. Laforest (Alain) : Je
ne vous parle pas de l'INSPQ, je vous demande : Dr Boileau, hier, ce qu'il
a dit, hier, est-ce que vous remettez ça en question, oui ou non, en disant que
le passeport...
M. Duhaime (Éric) : Le Dr
Boileau, là, il est toujours assis entre deux chaises. Puis on en parle tout le
temps, ça fait des mois qu'on le dit, là. D'un côté, là, il y a des politiciens
qui disent des choses, la veille... Parce que je vous rappellerai que Christian
Dubé avait dit ça la veille. Le Dr Boileau s'est fait le relais de ce que le
ministre avait dit la veille. Il préfère, semble-t-il, contredire les
directives de l'Institut national de la santé publique plutôt que celles du ministre
Dubé.
M. Laforest (Alain) : ...pas
crédible.
M. Duhaime (Éric) : Ce n'est
pas qu'il n'est pas crédible, c'est qu'il est assis dans une position très
inconfortable. C'est ça, le problème de l'amalgame qu'on a, au Québec, entre le
politique et le scientifique.
M. Carabin (François) : Donc,
il n'est pas plus indépendant que le Dr Arruda l'était?
M. Duhaime (Éric) :
Bien, moi, j'ai peur que non. D'ailleurs, vous avez vous-même été témoin de ça,
je pense, quand sa fille, qui est l'attachée de presse du ministre, vous a
interrompus à un point de presse à un certain moment. Il y a un paquet de
problèmes, présentement, par rapport à ça, et il va falloir, à un moment donné,
qu'on ait véritablement, là, les directives. C'est la même chose, rappelez-vous,
avec la troisième dose, quand on s'était fait dire qu'il fallait aller se faire
vacciner tout de suite, dès qu'on n'avait plus les symptômes, et que, comme par
hasard, un vendredi soir, à 16 h 45, ils nous ont envoyé un avis pour
dire que, finalement, il fallait attendre deux à trois mois. Ils n'ont pas fait
de conférence de presse là-dessus. Je veux dire, il ne faut pas... Il faut se
rappeler, là, que la cellule de crise du gouvernement compte beaucoup plus de
spécialistes de communication et de marketing, pour qui, la priorité, c'est de
faire réélire la CAQ, que de scientifiques.
M. Laforest (Alain) : En
fin de semaine, lors de la manifestation, un des organisateurs a dit qu'il n'avait
pas confiance, et je cite, «aux 125 députés de l'Assemblée nationale», ce
qui inclut votre députée de votre parti. Dans ce groupe-là, il y a des gens qui
parlent de prendre les armes pour venir attaquer le parlement. Est-ce que vous
avez peur? Est-ce que vous trouvez que c'est normal? Est-ce que vous appelez au
calme?
M. Duhaime (Éric) : D'abord,
il faut appeler au calme de tous les côtés, là. Moi, je n'ai jamais fait la
promotion de la violence ou de la désobéissance civile. Je pense que c'est
important. Puis d'ailleurs, sur ce, je voudrais féliciter les manifestants, à
Québec, qui se sont comportés relativement de façon exemplaire, là. Il peut y avoir
eu un cas ou deux isolés, que vous venez de rapporter, mais, de façon générale,
je suis très fier de voir que ça s'est déroulé dans le calme. Puis les
organisateurs, en passant, ce n'est pas des conservateurs, là. Rambo Gauthier,
ça n'a jamais été un de mes amis, je vous le dis tout de suite. Mais je suis
obligé de leur lever mon chapeau. J'ai vu qu'ils ont coopéré avec les forces de
l'ordre, j'ai vu qu'ils ont quitté de façon civilisée et, pour ça, je pense que
ça a été un modèle, ce qui s'est passé ici la fin de semaine dernière.
M. Laforest (Alain) : ...cette
tension-là qui est vive, actuellement, cette polarisation-là qui augmente, est-ce
que vous sentez une part de responsabilité dans cette polarisation-là?
M. Duhaime (Éric) : Au
contraire.
M. Laforest (Alain) : Puis
est-ce que vous craignez qu'il y ait un débordement funeste?
M. Duhaime (Éric) : Au
contraire, moi, je pense que le Parti conservateur du Québec a un rôle de
diminuer cette tension-là. Parce que je peux vous dire que, si, en plus, on n'était
pas ici, si on avait de plus en plus de gens dehors qui manifestent puis qu'il
n'y a pas une seule voix qui s'élève dans l'Assemblée nationale, le climat puis
la tension sociale seraient encore pires. Et heureusement que Claire Samson est
devenue députée du Parti conservateur, puis heureusement qu'on est capables de
faire entendre la voix de ceux qui manifestent dans la rue à l'intérieur de l'Assemblée
nationale aujourd'hui.
M. Lachance (Nicolas) : En
remettant en doute la démocratie puis le travail des journalistes, est-ce que
vous n'avez pas un rôle à jouer, justement, sur les propos qui sont tenus par
certains manifestants, dont...
M. Duhaime (Éric) :
Écoutez, là, il n'y a aucun parti politique qui est responsable de tous les
propos de tous les manifestants, là. Ce n'est pas... Il n'y a pas... Moi, j'ai
assez de mes propos à supporter puis mes propres contradictions à vivre avec, je
ne commencerai pas à défendre celles des autres, là.
M. Lachance (Nicolas) :
Non, mais vous répétez des choses qui sont dites sur les réseaux sociaux par
ces gens-là qui sont à l'extérieur puis qui disent : Il n'y a plus de
démocratie.
M. Duhaime (Éric) :
Bien, écoutez, là, «il n'y a plus de démocratie», le gouvernement a
délibérément, il y a deux ans, mis la démocratie sur pause, hein? Ils ont mis
le Québec sur pause à plusieurs égards, notamment sur la démocratie. Vous savez
que nous, on réclame que la démocratie retrouve ses droits. On veut justement
qu'il y ait 125 députés à l'Assemblée nationale qui siègent, ce qui n'est
toujours pas le cas au moment où on se parle, on veut que la vie reprenne son
cours normal, que la Loi de la santé publique soit modifiée pour qu'on mette
fin, une fois pour toutes, à l'état d'urgence sanitaire. Donc, nous, je pense
qu'on pousse, justement, pour que la démocratie retrouve pleinement ses droits.
M. Bossé (Olivier) :
Bernard Gauthier, vous dites, ce n'est pas votre ami. Ça, c'est vos relations
privées. Mais ça pourrait être un bon candidat pour votre parti.
M. Duhaime (Éric) :
Écoutez, M. Gauthier, comme vous savez, a été un syndicaliste que j'ai déjà...
d'un certain syndicalisme que j'ai déjà dénoncé dans le passé. Je n'ai pas
changé mon opinion à ce sujet là.
M. Laforest (Alain) :
Concernant lui, là, M. Gauthier, là, un des apôtres de la liberté, qui s'en
prend à une microbrasserie en déchirant... en découpant une tuque puis en
appelant presque à un boycott, puis ce propriétaire-là se voit assailli de
messages haineux, vous en pensez quoi, de tout ça?
M. Duhaime (Éric) :
Bien, écoutez, je ne m'ingérerai pas dans les chicanes entre une microbrasserie
puis Rambo Gauthier, là, je vais les laisser... Mais c'est sûr que ce n'est
pas... je pense que ça détourne le message de la manifestation. Le message de
la manifestation, ce n'était pas de faire la promotion ou de dénigrer une
microbrasserie. Le message de la manifestation, c'était de dire : Une fois
pour toutes, mettons fin aux mesures d'urgence sanitaire.
M. Laforest (Alain) :
...pour un propriétaire de brasserie?
M. Duhaime (Éric) : Non,
non, pas du tout, là, c'est une distraction, là, qui est inutile.
M. Lachance (Nicolas) :
...envers les journalistes, envers les commerçants qui s'opposent à ce
mouvement-là, qui se...
M. Duhaime (Éric) : Oui,
mais, ultimement, qui est responsable de la division actuelle? Le premier
ministre du Québec, là, il est là pour unir les Québécois, pas pour les
diviser. Ça fait deux ans que le premier ministre divise le Québec. Ça fait
deux ans qu'il nous dit : Eux autres, c'est des touristes tatas; eux
autres, c'est une radio poubelle, à Québec, puis on ne les aime pas, on va
couper notre argent là; eux autres... la coiffeuse de Thetford Mines, elle a
contaminé du monde, c'est de sa faute; les édentés qui sont dans les rues... On
se faisait traiter de tous les noms. Aujourd'hui, c'est les non-vaccinés que c'est
devenu des parias qu'on peut même... Même s'ils sont mieux protégés, des fois,
que des vaccinés, on les empêche d'accéder à des lieux publics. Puis le
ministre Fitzgibbon, il trouve que ce n'est pas encore assez, il faudrait en
rajouter une couche. Je veux dire, qui crée cette division-là? Le premier
ministre du Québec, François Legault, se comporte, depuis deux ans, comme un
chef de la CAQ à la recherche de votes et non pas comme un homme d'État qui
agit pour rassembler son peuple, et c'est ça qu'on lui reproche. Puis aujourd'hui,
là, quand la chicane est prise dans une classe, là, c'est le professeur qui est
responsable, ce n'est pas l'élève qui tire la tuque de l'autre à côté.
M. Lachance (Nicolas) : Est
ce que, Mme Samson, vous pourriez nommer des journalistes qui spinnent
pour le gouvernement? C'est quels journalistes qui spinnent pour le
gouvernement?
Mme Samson : ...moi, il
y a des journalistes qui me l'ont confié. Puis j'ai été à la CAQ assez
longtemps pour savoir qu'il arrive, dans leur stratégie, fréquemment, qu'ils
disent : O.K., on va couler telle affaire à tel journaliste, puis il va
nous spinner ça. Écoutez, là, j'ai été là, je l'ai vu. Les journalistes se
connaissent. Ceux qui n'ont jamais été approchés par un «spin doctor» de la
CAQ, là, tant mieux pour vous autres, mais ce n'est pas la majorité.
M. Bossé (Olivier) : ...encouragez
les manifestants à revenir la semaine prochaine, M. Duhaime?
M. Duhaime (Éric) : Écoutez,
moi, j'encourage le gouvernement à lever l'état d'urgence sanitaire, à enlever
le passeport vaccinal obligatoire, puis il n'y en aura pas, de manifestation,
personne, nulle part.
Mme Lévesque (Fanny) : Par
rapport à la course à la direction du Parti conservateur, on comprend que vous
donnez votre appui à Vincent Guzzo.
M. Duhaime (Éric) : Non.
J'ai choisi de rester neutre dans cette course-là. Vincent Guzzo, je l'ai
mentionné parce qu'il est le seul de tous les aspirants candidats — parce
qu'il n'y a personne dans... il y en a juste un d'annoncé au moment où on se
parle — parce qu'il est celui qui m'a appuyé pendant le leadership du
Parti conservateur du Québec et qu'il milite au sein de notre formation
politique. C'est pour ça que j'ai tenu à mentionner son nom. Mais je vais
rester totalement neutre, de même que notre exécutif. On a choisi de ne pas s'ingérer
dans la course à la chefferie. Vous savez qu'on a beaucoup de travail en vue
des élections du 3 octobre. On ne manquera pas d'ouvrage. On n'a pas de
temps... pas de détour à faire à Ottawa.
Mme Lévesque (Fanny) : C'est
votre préféré jusqu'à présent?
M. Duhaime (Éric) : Je n'ai
pas de préféré. Je n'ai pas de préférence. Je n'ai pas... Honnêtement, je ne
suis pas ça plus qu'il ne le faut, là. On m'interpelle là-dessus, mais mon
temps est vraiment consacré... Puis c'est sérieux, là, on a 125 associations
de comté à s'occuper, on a 125 candidats à recruter...
Mme Lévesque (Fanny) : Qu'est-ce
que vous...
Des voix : ...
Mme Lévesque (Fanny) : Excusez-moi.
Mais qu'est-ce que vous pensez de la candidature, peut-être, ou qu'on évoque peut-être
l'arrivée de Jean Charest? Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne
candidature?
M. Duhaime (Éric) : Je
sais, il y a beaucoup de noms qui tournent. Moi, je sais que j'ai parlé à trois
candidats, trois aspirants candidats, et je leur ai tous dit le même message
que je viens de vous tenir là. Puis j'invite... Tu sais, c'est une course à la
chefferie, là, ça va être, ultimement, les membres qui vont décider. Puis tous
les membres du Parti conservateur du Québec, on est plus de 51 000, au
moment où je vous parle, s'ils veulent devenir membres du Parti conservateur du
Canada pour voter pour un des candidats, c'est leur droit. Moi, j'encourage
tout le monde à s'impliquer en politique. Puis, s'ils veulent le faire, tant
mieux, puis, s'ils ne veulent pas, bien, tant pis.
M. Laforest (Alain) : Êtes-vous
plus favorable à la frange progressive?
M. Duhaime (Éric) : Écoutez,
c'est sûr que, moi, j'ai mis deux choses sur lesquelles... puis ce n'est pas
pour un candidat ou pour un autre, là. Mais personnellement, moi, j'oeuvre à l'Assemblée
nationale du Québec, j'oeuvre sur la scène québécoise, pour moi, le respect des
compétences du Québec, c'est fondamental. J'espère qu'on ne se retrouvera pas
avec un chef conservateur, à Ottawa, qui est aussi centralisateur et
irrespectueux des compétences du Québec que le premier ministre actuel. Je
pense que, ça, c'est une chose importante.
La deuxième, vous le savez, hein, je suis
le premier chef gay d'un parti conservateur, ouvertement gay, de l'histoire du
Canada. Pour moi, les enjeux moraux en politique, je ne pense pas qu'il y a un
appétit pour ça. Je peux vous dire que, des 51 000 membres, il n'y en
a jamais un qui m'a parlé de ça, et j'espère que les candidats vont éviter, là,
de tomber dans ce piège-là dans lequel le Parti conservateur du Canada a trop
longtemps joué.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
Pierre Poilievre qui prévoit peut-être s'ingérer au niveau de la loi n° 21,
pour vous, ce n'est pas... il n'aura pas votre appui?
M. Duhaime (Éric) : Je
ne commenterai pas sur chacun des candidats. Ce que je vous dis, moi, c'est un
principe que j'émets. Puis j'invite les membres conservateurs à prendre ça en
considération dans leurs choix.
Mme Senay
(Cathy) :
Mr. Duhaime,
regarding what we can read in this article of the Canadian
Press,that some
protesters, last weekend, were ready to take up arms and attack the National Assembly, I mean, who is responsible for this?
M. Duhaime
(Éric) :
First
off, I want to congratulate the protestors and the
truckers who were in front of the National Assembly last weekend. I think they were very
respectful of the rules, they followed everything, they were in cooperation with the police, and I think it was very, very positive. And the output is that there is more people now
supporting that convoy than there was at the beginning because they behaved
properly, and I want to commend them for that. That being said, there might be
a few people who, unfortunately, said a few things that were completely out of
line, and I totally disagree with that. And I don't think they're serving the
cause that they're supposed to defend when they say such things. And I think
that we should be aware, and we should be very cautious with those people, and
I denounce them publicly.
Mme Senay
(Cathy) : Do we have to take that anger
seriously?
M. Duhaime
(Éric) : Well, «the anger seriously», I mean,
it's always scary when someone is threatening someone else or a group, I mean,
no matter which cause we're talking about.
Mme Senay
(Cathy) : But, I mean, what do you do? Who is
responsible of this anger…
M. Duhaime
(Éric) :
Well,
as I said earlier, you know, currently, there is obviously a huge split within Québec society, there are huge divisions.
They've been exacerbated by the QuébecGovernment and by
François Legault personally, always trying to blame a subgroup in society. And
I think that's very shameful. It's the role of the Prime Minister of Québec to try to rally and to unite Quebeckers. Unfortunately, François Legault
has been a very good leader of the CAQ, for his upcoming elections, but a
terrible statesman in terms of putting the people of Québec together. He did the exact opposite. I've never seen Québec as divided as it is right now: our
families are split, we were arguing with colleagues, neighbors don't talk to
each other anymore. I mean, he created a huge polarization that I completely
denounce today.
Mme Senay
(Cathy) : How?
M. Duhaime
(Éric) : How did he do that? Well, without
science, when he's trying to use subgroups in society, and he's trying to
eliminate them from public spaces, and he is trying to blame those groups for
the mismanagement of the crisis, I think he is not helping us to unite
ourselves.
Mme Senay
(Cathy) : Your party helps to canalize this
anger right now?
M. Duhaime
(Éric) : Yes, I think, fortunately, we are
here, because if there was only protest outside, and our voice was not heard in
the National Assembly, I think it would be even worse, the democratic deficit
would be even greater. And I think that we have an important role in this
democracy, and it's to make sure that those people are heard within where the
decisions are made, here, at the National Assembly of Québec.
Mme Senay
(Cathy) : What will it take for them to not
come back next weekend?
M. Duhaime
(Éric) : To make sure that we get out of the
state of emergency and we eliminate the vaccine passport. That's it.
Thank you very much. Merci beaucoup…
Mme Lévesque (Fanny) : ...question :
Pensez-vous sincèrement que ça pourrait... tu sais, par exemple, qu'on lèverait
l'état d'urgence, ça, ça pourrait apaiser vraiment cette colère-là ou on a
vraiment franchi un point de rupture où c'est irréconciliable?
M. Duhaime (Éric) : Bien, écoutez,
moi, j'ai très hâte qu'on parle d'autre chose que de la COVID. Comme vous tous,
là, je pense qu'on est tannés puis on veut tourner la page. Cela étant dit, à
partir du moment où on va lever l'état d'urgence sanitaire et on va abolir le
passeport sanitaire, je pense que la... le passeport vaccinal, la prochaine
étape va être de faire le bilan de la gestion qui a été faite des deux
dernières années et de s'attaquer à réformer véritablement, une fois pour
toutes, notre système de santé. Je pense que, dès qu'on va pouvoir tourner la
page sur ça, on va pouvoir parler des vrais enjeux. Moi, j'ai très hâte qu'on
parle du système de santé, parce que n'oubliez jamais que c'est l'état du
système de santé au Québec, le pitoyable état du système de santé, qui nous a
mis dans la situation dans laquelle on a été confronté depuis deux ans. Et ça,
il va falloir qu'à l'élection ça devienne l'enjeu majeur.
M. Laforest (Alain) : La
question de ma collègue, c'était sur la violence. Une fois que c'est enlevé, la
pression, ça baisse ou ça ne baisse pas?
M. Duhaime (Éric) : La
pression va diminuer, c'est... Bien, moi, c'est pour ça que je pense qu'il n'y
aura même pas de manifestation. Moi, je pense qu'à partir du moment où il n'y a
plus de passeport vaccinal et il n'y a plus d'état d'urgence sanitaire, je
pense que la manifestation vient de perdre beaucoup de sa pertinence.
Mme Lévesque (Fanny) : Tantôt,
quand vous avez dit que vous ne vouliez pas vous ingérer dans la course à la
direction ou s'impliquer, est-ce que c'est... vous avez dit que c'était la même
chose pour vos membres?
M. Duhaime (Éric) : Non. J'ai
dit : La même chose pour l'exécutif du parti, le bureau exécutif national.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
les membres pourraient être…
M. Duhaime (Éric) : Les
membres, au contraire, j'ai dit que j'invitais tous les membres à s'impliquer
où ils veulent, pour qui ils veulent.
M. Carabin (François) : Le
Parti populaire, est-ce que les membres du Parti conservateur du Québec sont
aussi invités à voter?
M. Duhaime (Éric) : C'est
évident que le parti… Ça, il faut mettre ça très clair, là, le Parti
conservateur du Québec, oui, on a le même nom que le Parti conservateur
fédéral, mais, contrairement à d'autres provinces, on n'a pas de lien organique.
C'est important de le dire. Il y a des gens, dans le Parti conservateur... je
vous dirais que la majorité je pense qu'ils sont conservateurs sur la scène
fédérale, mais il y a des gens aussi qui sont avec, par exemple, le Parti
populaire, ou encore avec le Bloc québécois, ou même avec d'autres partis
politiques, et pour moi, je n'ai aucun problème avec ça. Les gens prennent
leurs décisions comme ils veulent à un autre palier de gouvernement là.
Merci beaucoup, tout le monde. Bonne
journée.
(Fin à 9 h 48)