(Huit heures quatre minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Ce matin, j'aimerais m'adresser aux Québécois et aux Québécoises qui envisagent
de venir manifester devant l'Assemblée nationale dans les prochains jours. J'aimerais
leur dire que c'est normal d'être tanné de la pandémie puis des mesures
sanitaires, on est tous tannés. J'aimerais leur dire aussi qu'il y a plein de
bonnes raisons d'être fâchés, il y a plein de bonnes raisons de manifester.
On devrait tous ensemble être en train de
manifester, c'est vrai. On devrait être en train de manifester pour que les
travailleuses, les travailleurs dans nos écoles, dans nos hôpitaux, dans les
usines soient mieux protégés. On devrait être en train de manifester pour que
les enfants dans nos écoles respirent de l'air de qualité, puis qu'on ait un
ministre de l'Éducation qui s'occupe d'eux autres. On devrait être en train de
manifester pour que les aînés au Québec, on les respecte enfin, puis qu'ils
vivent dans la dignité, puis que plus jamais on ne voit des histoires d'horreur
se produire, comme on a vu dans les deux dernières années. Il y en a vraiment
plein, des bonnes raisons de manifester. Mais manifester pour la levée de
toutes les mesures sanitaires, là, ça, c'est manifester contre la solidarité,
puis ça, on n'a pas besoin de ça au Québec.
Mme Dorion : Bonjour. Je vais
vous parler rapidement du troisième lien. J'aimerais ça qu'on arrête
collectivement, à partir d'aujourd'hui, de faire semblant qu'on croit vraiment
qu'il va se réaliser ce projet-là. Aujourd'hui, je vais demander, vraiment,
très, très concrètement, à François Legault, à François Bonnardel et à la Coalition
avenir Québec d'arrêter de bluffer, d'arrêter de tromper les Québécois avec ce
qui est une des plus grosses ballounes électorales des derniers temps, d'arrêter
de tromper, particulièrement les gens de Québec et de Chaudière-Appalaches avec
un projet qui est complètement vide, qui est dépourvu d'études sur lesquelles
le projet est basé, qui est dépourvu de tout, qui est même dépourvu de coût, d'estimation
fiable de coût, et qu'on arrête de tromper les gens de Québec et de Chaudière-Appalaches
en leur faisant miroiter ça pour avoir leur vote.
Il est temps qu'ils nous regardent en
pleine face puis qu'ils nous disent : Il n'y a aucune acceptabilité
sociale, ce projet-là n'a pas d'assise solide. Ça va coûter une fortune, l'argent
des Québécois doit aller ailleurs. D'accord, on l'abandonne. Moi, je trouve ça
culotté qu'un bluff à 10 milliards et plus, ils continuent d'essayer d'étirer
ça jusqu'après les élections pour avoir la petite plus-value que ça leur a
apporté de faire ce bluff-là jusqu'à maintenant, c'est-à-dire de se rendre
jusqu'aux élections pour avoir des votes.
J'aimerais savoir aussi combien d'argent a
été investi dans ce mégabluff-là, combien ça a coûté depuis le début, depuis
les libéraux jusqu'à maintenant, combien de centaines de millions investis dans
une balloune électorale, alors que les besoins, au Québec, Gabriel vient de les
mentionner, sont criants, nous tordent le coeur. Ils veulent faire la première
pelletée de terre avant les élections, sans même qu'on ne sache absolument rien
de ce qui est une immense coquille vide. Qui achète quelque chose sans en
regarder le prix dans la vie? Peut-être François Legault, pas les Québécois.
La Modératrice : Merci. On va
prendre vos questions. Je vous demanderais de vous concentrer, une question,
une sous-question.
Mme Côté (Claudie) : ...de
rester à la maison samedi? C'est ça que vous demandez?
M. Nadeau-Dubois : Dans une
société démocratique, la liberté de manifester, c'est important, les gens ont
le droit de s'exprimer. Mais moi, l'appel que je lance aujourd'hui, c'est un
appel à manifester pour les bonnes raisons. On a besoin de plus de solidarité
au Québec, pas de moins de solidarité. On a besoin de travailler ensemble pour
que nos enfants respirent de l'air de qualité, pour que nos aînés soient bien
traités, pour que les gens qui travaillent dans les hôpitaux, dans les écoles,
dans les abattoirs, dans les usines n'attrapent pas la COVID. C'est de ça dont
on a besoin. Demander la levée des mesures sanitaires, diviser les Québécois
sur ces choses-là, ça nous éloigne d'une sortie de la pandémie, ça ne nous
rapproche pas. Donc, les gens ont droit de manifester, il faut respecter ce
droit-là, mais on n'a vraiment pas besoin, dans les rues de Québec, de voir des
scènes comme celles qu'on a vues dans les rues d'Ottawa. Ça, c'est certain.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que ça veut dire qu'on ne vous verra pas aller voir les manifestants, ni vous
ni aucun des députés de Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Les deux
députés de Québec solidaire vont manifester samedi. Ils vont manifester sur le
pont Dorchester, à 11 h 30. Ils vont manifester pour que les citoyens
de la région de Québec respirent de l'air pur. Il y a une manifestation prévue
samedi pour demander à la Coalition avenir Québec de reculer sur son
controversé projet de règlement concernant la qualité de l'air. Les gens de
Québec ont le droit de respirer de l'air pur. Les gens de partout au Québec ont
droit de respirer de l'air pur. C'est là que vont être les solidaires samedi.
Et moi, j'invite tous les gens de la région de Québec à se joindre à Sol et
Catherine et à aller manifester pour de l'air pur à Québec. Ça, c'est une bonne
raison de manifester, puis nous, on va être là.
M. Lacroix (Louis) : Mme
Dorion, est-ce qu'on pourrait vous entendre sur... Parce que vous avez été
quand même une cible des gens qui s'en viennent manifester ici, là. On vous a
ciblée, entre autres, vous, c'est dans votre comté que ça se passe. Est-ce que
vous avez l'intention de les rencontrer, les organisateurs de cette
manifestation-là?
Mme Dorion : Quand vous dites :
Vous avez été une cible des gens qui viennent manifester, ces gens-là, c'est...
M. Lacroix (Louis) : ...
Mme Dorion : Je vais terminer
ma réponse. Mais ces gens...
M. Lacroix (Louis) : ...
Mme Dorion : Oui, O.K., je
comprends. Donc, ces gens-là, c'est toutes sortes de gens, hein? Il y a des
gens, là-dedans, qui sont très respectueux, qui ne ciblent pas les gens qui
veulent exprimer, inciter à s'interroger sur des questions. Ça, c'est tout à
fait valable.
On reçoit beaucoup de leurs commentaires,
de leurs lettres. On jase avec du monde au bureau de comté. On a toujours été
très... je ne veux pas dire un anglicisme, là, mais on répond, là, on répond,
on jase, on discute. Et puis j'ai toujours été ouverte. J'ai déjà écrit une
lettre ouverte à Rambo Gauthier à une autre époque. Moi, je suis curieuse de
voir tout ce qui émerge sur le terrain.
Je ne serai pas en personne à cette
manifestation-là. Je vais être à la manifestation contre la hausse des normes sur
le nickel. Je considère que c'est un enjeu qui est extrêmement important, qui
est central, et ça peut créer, à Québec, un précédent pour toutes les autres
zones industrielles au Québec. C'est vraiment très, très, très important. Et
ça, c'est un enjeu sanitaire de premier ordre. Donc, je vais utiliser mon
temps, le peu de temps que j'ai la fin de semaine avec les enfants, pour aller
là.
M. Robillard (Alexandre) :
Pourquoi vous dites que vous êtes curieuse de ce qui va se passer en fin de
semaine?
Mme Dorion : Je suis curieuse
de ce que les gens pensent, de ce que les gens ont à dire, des mouvements
sociaux. C'est de ça que je suis curieuse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : L'industrie
culturelle ne manifeste pas encore, mais ils écrivent une lettre ouverte, ce
matin, pour presser le gouvernement d'assurer de la prévisibilité, surtout pour
protéger le caractère international de Montréal dans le grand circuit des
artistes internationaux, pour que Montréal reste une destination culturelle.
Est-ce que ça vous inquiète en ce moment? De la façon qu'on gère la pandémie,
Montréal pourrait devenir une petite ville de province.
Mme Dorion : Par rapport à l'art,
la culture, là, c'est ça? Je n'ai pas entendu le début de votre question. Oui,
c'est ça. Oui, par rapport à l'art, la culture, j'ai énormément d'inquiétudes,
comme tout le milieu, là. Puis je suis de ce milieu-là. La difficile
cohabitation entre les nécessaires mesures sanitaires et la survie d'un milieu
culturel, là, en ce moment, on est rendus à un point où il faut que ça se
dénoue, là, le plus rapidement possible. Puis les artistes sont mobilisés. Puis
j'ai espoir que, dans les prochaines semaines, ça va se faire. Je suis assez
sûre que ça va se faire, mais effectivement, il est moins une, on n'a plus
beaucoup de temps, là, devant nous, si on veut que ce milieu-là continue d'être
un écosystème viable qui fait en sorte que... Il s'agit de la culture au
Québec, c'est un enjeu de... Donc, je pourrais vous en parler longtemps,
mais...
M. Bossé (Olivier) :
...troisième lien, Mme Dorion, vous dites: Ils font ça pour avoir des votes,
mais les gens n'en veulent pas. Ce n'est pas contradictoire? S'ils font ça pour
avoir des votes, c'est parce que les gens en veulent.
Mme Dorion : Oui, ça peut avoir
l'air contradictoire, effectivement. Ils font ça pour avoir des votes en Chaudière-Appalaches,
dans la grande région de Québec. On sait qu'il y a un taux d'appui qui n'est
pas si élevé que ça, là, qui est à peu près à la moitié, mais dans leurs zones
où ils veulent faire élire des députés, le calcul est très, très facile à voir.
Ceci dit, l'enjeu s'est nationalisé depuis.
Ils auraient bien voulu que ça demeure un enjeu juste de la grande région de
Québec, mais l'enjeu est devenu national depuis. Et le taux d'appui, l'acceptabilité
sociale, est absent complètement quand on prend qui va payer, c'est-à-dire les
Québécois.
M. Bossé (Olivier) :
...extérieur de Québec?
Mme Dorion : Bien, y compris
à Québec. Il y a des zones où c'est... la zone qui va le plus en souffrir, le
centre-ville de Québec, ne veut pas de ce projet-là.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce qu'il y a un intérêt électoral à défendre votre position, vous?
Mme Dorion : Je ne le fais
pas pour des raisons électorales.
M. Robillard (Alexandre) :
Non, mais quand vous dites : Bon, la CAQ, on voit où est l'intérêt, de
quel côté du tunnel est l'intérêt, est-ce que, de votre point de vue, il y a...
Mme Dorion : Là où il y a un
problème, pour moi, c'est quand on bluffe, quand on amène une idée qui est du
vide pour des raisons électorales. Quand on défend ses valeurs, quand on défend
les intérêts de ses citoyens, alors là c'est la job d'un député.
M. Lachance (Nicolas) :
...que vous étiez ouverts pour un tunnel si c'était seulement du transport en
commun. Donc, êtes-vous ouverts ou vous n'êtes pas ouverts pour un tunnel avec
du transport en commun?
Mme Dorion : En fait, notre
position de fond, elle n'a jamais, jamais, jamais changé, c'est toujours la même
chose. On a besoin d'un meilleur transport en commun interrives entre Québec et
la Rive-Sud. Ça, c'est reconnu par tous depuis très longtemps. Et évidemment, puis
j'ai bien hâte qu'on vous fasse nos propositions quand on sera rendu là, il
faut que ça s'améliore. Il faut qu'il y ait un projet d'envergure qui puisse
régler la question de l'impossibilité, là, d'utiliser... la difficulté, disons,
des transports en commun entre les deux rives. Mais la CAQ ne proposera pas un
projet comme ça, ça fait que, non seulement c'est hypothétique, mais — je
vais juste terminer — c'est impossible. Puis là le nom «troisième
lien», là, depuis le temps, là, il est «brandé» troisième lien autoroutier, c'est
une autoroute sous le fleuve. Un projet de troisième lien autoroutier, une
autoroute sous le fleuve, on est contre à 500 %, on va toujours être
contre.
La Modératrice : Une dernière
question en français.
M. Lacroix (Louis) : ...c'est
important pour vous de faire votre travail de députée. Vous dites : Là,
là, on n'est pas dans la politique, je fais mon travail de députée, l'intérêt
des... En fin de semaine, il va y avoir un événement. L'événement le plus
important dans la région de Québec en fin de semaine se passe dans votre comté.
C'est ici. Il y a des restaurateurs, il y a des commerçants, il y a des gens de
votre comté ici, des gens de la population autour qui vont vouloir venir au
Carnaval, qui est l'événement culturel le plus important à Québec en ce moment,
qui vont être empêchés de le faire par une bande de camionneurs. Est-ce que
votre travail de députée ce ne serait pas d'être dans le comté, justement, puis
de venir supporter ces gens-là et d'intervenir auprès des camionneurs pour
essayer de les convaincre de laisser les gens profiter de ce qui se passe à
Québec?
Mme Dorion : C'est une bonne
question. Quand vous dites : Il y a des gens qui vont être empêchés, il va
se passer ci, il va se passer ça, on ne le sait pas encore. On va voir comment
ça évolue. S'il y a une crise qui s'étend sur plusieurs jours — vous
savez comment, les politiciens, on tripe sur les questions hypothétiques, là, je
ne m'étendrai pas là-dessus pendant une heure — on verra, mais là en
ce moment il y a des gens qui veulent manifester. On peut faire toutes sortes
de pronostics sur ce qui va se passer. Moi, je vais évidemment garder les yeux
ouverts et voir quel va être l'impact sur les citoyens.
M. Lacroix (Louis) : ...vous
ne serez pas dans votre comté ce jour-là, vous allez être ailleurs en train de
manifester, dans Limoilou.
Mme Dorion : Pour la qualité
de l'air dans mon comté, pour la qualité de l'air dans mon comté qui va
grandement souffrir de ce projet de règlement, qui va grandement souffrir d'un
hypothétique troisième lien autoroutier, si ça arrivait, et des élargissements
d'autoroutes, qui est un enjeu fondamental, la qualité de l'air. Tu sais, on
parle d'enjeux sanitaires, là. Ça, c'est ce que je vais faire en fin de semaine,
aller...
La Modératrice : On va passer
en...
M. Nadeau-Dubois : ...précision.
On disait : Il y a des camionneurs qui vont se faire entendre. Je pense
que dans les situations comme celle dans laquelle on est présentement, c'est
très important de nommer les choses par leur nom. Le mouvement auquel on fait
face actuellement, ce n'est pas un mouvement de camionneurs. 90 %, à peu
près, des camionneurs sont vaccinés. C'est l'équivalent du taux dans la
population générale. Les organisations qui représentent ces gens-là n'appuient
pas le mouvement.
Ce qu'on a devant les yeux, c'est un
mouvement anti-mesures sanitaires, et c'est le même mouvement depuis le début
de la pandémie. Il prend aujourd'hui une nouvelle forme, il utilise des
nouveaux moyens plus dérangeants que jamais, mais c'est le même mouvement anti-mesures
sanitaires, c'est les mêmes personnes qui manifestaient contre les masques, c'est
les mêmes groupuscules qui alimentent les discours antivaccins, c'est les mêmes
organisateurs.
Ça fait que moi, je pense, c'est bien
important de tous se dire, disons, élus, membres des médias, de se dire :
Là, un instant, là, ce n'est pas un mouvement de camionneurs, c'est un
mouvement anti-mesures sanitaires. Puis ça, en pleine pandémie, qu'est-ce que
ça veut dire? Ça veut dire que c'est un mouvement antisolidarité. Puis c'est
pour ça qu'il faut s'y opposer, c'est parce que ça nous affaiblit dans notre
lutte contre le virus. Il y a des vies en jeu en pleine pandémie, ce n'est
quand même pas rien, puis, je pense, c'est important de préciser ça.
La Modératrice : En
terminant.
Des voix : ...
La Modératrice : Pouvez-vous
pouvez y aller une personne à la fois, s'il vous plaît?
M. Robillard (Alexandre) : J'aimerais
savoir, M. Nadeau-Dubeau, question de Santé publique, là, vous avez beaucoup
réclamé l'indépendance de la Santé publique du politique. Or, cette semaine,
lors d'un point de presse, un échange ici, à l'Assemblée nationale, dans un
corridor, de M. Boileau avec les médias, l'attaché de presse du ministre Dubé
est intervenu pour s'interposer puis interrompre ce point de presse là. Donc,
je voulais savoir si, sur le plan de l'apparence d'indépendance de la fonction,
cette intervention-là a porté atteinte.
M. Nadeau-Dubois : C'est la
démonstration que le problème, ce n'est pas l'identité du directeur national de
santé publique, c'est-à-dire M. Boileau ou M. Arruda, le problème, c'est
le modèle. Le personnel politique des ministres devrait s'occuper des
ministres, les autorités scientifiques devraient avoir leur indépendance
scientifique puis leur indépendance de s'adresser aux Québécois et aux
Québécoises. Cet incident-là, pour moi, c'est juste un révélateur d'à quel
point il faut changer le modèle, d'à quel point il faut donner une pleine
indépendance, réellement, là, au-delà des individus, à la direction nationale
de la santé publique.
M. Robillard (Alexandre) : Puis
c'est un exemple de manque d'indépendance...
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
un incident qui révèle qu'entre le pouvoir politique et les autorités
scientifiques, il y a trop de proximité, pas assez d'indépendance.
La Modératrice : ...Pilon-Larose,
en terminant.
M. Pilon-Larose (Hugo) : …j'aimerais
entendre votre opinion sur le revers qu'a subi le ministre de la Justice, Simon
Jolin-Barrette, qui s'est fait dire ni plus ni moins par la cour que ce qu'il a
fait était illégal en n'écoutant pas ce que demandait la juge en chef par
rapport aux compétences linguistiques des juges.
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense qu'au Québec les juges francophones ne devraient pas être discriminés. Ça,
c'est clair. Puis je pense qu'il y a un consensus là-dessus au Québec.
Maintenant, ce qu'on a besoin, c'est de données fiables et claires à savoir où
c'est important, réellement, pour vrai, que les juges soient bilingues. En ce
moment, ces données-là, on ne les a pas. Ce qu'on a, c'est un combat de coqs,
un affrontement, entre M. Jolin-Barrette et la magistrature, qui ne porte pas
seulement sur ce dossier-là par ailleurs. Il y a un affrontement qui se
perpétue puis qui éclabousse plein d'autres dossiers, hein, du tribunal
spécialisé sur les agressions sexuelles jusqu'à la question du bilinguisme, et
tout ça, ça nous empêche de prendre les meilleures décisions pour le français
puis pour l'accès à la justice pour les Québécois.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...réponse,
c'est que vous l'appuyez, M. Jolin-Barrette. Vous êtes d'accord avec ce qu'il
dit, que le bilinguisme des juges, même si c'est ce que voudrait la juge en
chef, ça ne devrait pas avoir lieu au Québec.
M. Nadeau-Dubois : Ma
compréhension, c'est que personne ne demande le bilinguisme de tous les juges
dans l'ensemble des districts, hein? Ma compréhension, c'est qu'il y a un débat
sur où est-ce que c'est nécessaire, le bilinguisme, puis où est-ce que ça ne l'est
pas. Il ne faut pas sursimplifier le débat.
Moi, ce que je dis, c'est que, de manière
générale, il y a un consensus au Québec, Québec solidaire en fait partie, que
les francophones devraient pouvoir exercer tous les métiers. Il devrait avoir
le moins de barrières à l'accès à l'emploi pour les francophones qui ne
maîtrisent pas l'anglais. Il y a aussi la question de l'accès à la justice qui
est importante. Pour trouver cet équilibre-là, il faut des données fiables, il
faut savoir où est ce que c'est réellement un besoin, des juges bilingues.
Puis, en ce moment, on n'a pas ces données-là, parce qu'on est, encore une
fois, pris dans une tiraillade qui n'en finit plus de finir entre M.
Jolin-Barrette puis la magistrature.
La Modératrice : En anglais.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Nadeau-Dubois, judge Rondeau pointed the areas where she was
asking judges to be bilingual. Hugo's question refers to: Are you supporting
Mr. Jolin-Barrette's position saying that he doesn't want to see this
requirement of bilingualism for certain judges? And the Superior Court is
saying: Mind your business, this is not the Minister to do this and interfere.
M.
Nadeau-Dubois : The historic fight for
Francophones to have access to all jobs in Québec, if their only language is French, is an important fight and that
fight is not over. That's the principle, I think, we all share in Québec, across party lines. That being said,
we also have to consider the right of all Quebeckers to have access to the justice system. In order to find that
equilibrium, we need independent and clear data to indicate where it is really
needed, really, factually needed to have bilingual judges. Right now, we don't
have that information because, once again, we are in the middle of a mud fight
between Mr. Jolin-Barrette and the judges.
Mme Senay
(Cathy) : …
M.
Nadeau-Dubois : Well, she has a version of the
facts. Mr. Jolin-Barrette has a version of the facts. I have not seen
independent and clear data to justify the position on that issue.
Mme Senay
(Cathy) : Mrs. Dorion, I have a family friend
living in Ottawa, downtown. It's a nightmare for them, and they are being quite
critical about what is being done. So, as the MNA responsible of the area, the
protest will occur this weekend, don't you want to be shown as a proactive… and
ask citizens to be ready? They're organizations that have contingency plans. So,
I have the impression that you're a bit off, earlier in your answer to Louis.
Mme Dorion : I
heard the mayor say that he wouldn't be as tolerant as Ottawa was during the
demonstrations, if we can call it that. And I don't know yet how it's going to
be. I don't have any idea how if it's going to be harmful for downtown Québec
or not. I remember when we were worried about the G7 Summit here. It was like :
It's going to be a catastrophe because it was a catastrophe in other cities
around the world, you have to be ready. And everybody was so alarmed. Maybe,
this time, you are right to be alarmed. I'm going to check this and follow
what's happening. I'm not like : Oh! Let's see, and on Monday I'll read
the newspapers. I'll still be there and watching, and if problems occur, I'll
try to do my best to be proactive.
Mme Côté (Claudie) : …parce
que vous semblez beaucoup moins sévère à l'égard des manifestants qui s'en
viennent que M. Nadeau-Dubois. M. Nadeau-Dubois dit : Nous, là, on ne les
veut pas, les manifestants, si c'est contre les mesures sanitaires. Puis vous
dites : On va regarder qu'est-ce qui se passe. Est-ce qu'ils sont les
bienvenus ou ils ne sont pas les bienvenus?
Mme Dorion : Le droit de
manifester, Gabriel comme moi, on le respecte. Ce pourquoi ils manifestent,
Gabriel comme moi, on considère qu'il y a des raisons de manifester qui sont
beaucoup plus urgentes, beaucoup plus graves, beaucoup plus importantes. C'est
notre message à tous.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce qu'il va y avoir une directive envoyée aux partis de ne pas aller à la
manifestation des camionneurs ou ça revient au jugement de chacun des députés?
La Modératrice : Après ça, on
va passer en anglais, là. Il y a deux autres points de presse.
M. Nadeau-Dubois : Non, non. Je
ne comprends pas votre question, parce qu'on l'a déjà répondue. Il n'y a aucun
député solidaire qui va participer à ces événements là et...
Mme Prince (Véronique) : ...directive,
comme chef, que vous envoyez à vos députés?
M. Nadeau-Dubois : On s'en
est parlé, hier, en caucus. Je n'ai même pas eu besoin de donner quelconque
directive, c'était spontané et unanime. Des mouvements comme ceux qu'on a vu s'exprimer
à Ottawa et qui promettent de s'exprimer à Québec, ça va à l'encontre des
valeurs fondamentales qui sont les nôtres. Québec solidaire, comme tous les
autres partis, comme le premier ministre lui-même, reconnaît la liberté de
manifester. Mais demander la levée des mesures sanitaires, c'est manifester
contre la solidarité. Puis le nom de notre parti, c'est quoi? C'est Québec
solidaire.
M. Lachance (Nicolas) : Si
les camionneurs venaient à Québec pour assiéger la ville, mais pour manifester
contre la norme sur le nickel ou l'environnement, est-ce que ça serait une
bonne façon de faire? Est-ce que vous l'accepteriez?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, faire tourner des moteurs diesel pendant des heures pour l'environnement,
ce ne serait pas très cohérent et ce ne serait pas très intelligent. Mais, plus
sérieusement, il faut respecter le droit de manifester, mais en même temps,
moi, je pense aux familles, oui, qui veulent aller au Carnaval de Québec, avoir
du fun, et on est en pleine crise de santé mentale, là, les gens ont besoin d'activités
extérieures. Il y a tellement encore de contraintes à l'intérieur. Donc, oui,
je trouve ça profondément dommage que le week-end de plein de jeunes familles
de Québec pourrait être gâché par ça. C'est des moyens qui font en sorte qu'il
y a des gens qui vont voir leur fin de semaine gâchée, puis c'est profondément
dommage.
La Modératrice : Une dernière
question en anglais. Une dernière question en anglais, s'il vous plaît.
M. Brennan (Andrew) : So, just to simplify, you respect the right to protest, but you
cannot respect the position of these protestors and their general movement.
It's the same that you've seen since the start of the pandemic, antimask, antivax.
To you, this is all the same thing, a different phase with a bigger truck.
M.
Nadeau-Dubois :
I mean, since the beginning of the pandemic, we have seen fringe
groups trying to exploit the fatigue and the anger of a lot of people towards
the pandemic situation. Those people have organized… at the beginning, it was
antimask protest, then, it was antivaccine protests, and now they are finding a
new slogan, but it's the same fringe groups exploiting people's anger and
fatigue towards the pandemic. It's the same movement. That's why, for me, it's
always important to say : It's
a not a trucker's movement, it's an anti-public health measures movement. That's
why it's an antisolidarity movement, and that's why it goes against our core
values.
M. Brennan
(Andrew) : ...Québec
solidaire, and that's why you're saying your caucus,
you said, of course, just to confirm, that it was unanimous, no...
M.
Nadeau-Dubois : Of course. Honestly, it's a
big surprise for me that I'm being asked such an obvious question this morning. We are Québec solidaire. We will protest for clean
air, we will protest to protect workers against COVID-19, we want to protest to protect elderly people, we want to protest
for a better health care system. But protesting against public health measures,
asking all of them to be canceled, this is an indirect attack to the most
vulnerable people in our society, and that goes against what we stand for in
our heart.
La
Modératrice : Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 30)