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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et Mme Catherine Dorion, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports

Version finale

Le jeudi 3 février 2022, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quatre minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Ce matin, j'aimerais m'adresser aux Québécois et aux Québécoises qui envisagent de venir manifester devant l'Assemblée nationale dans les prochains jours. J'aimerais leur dire que c'est normal d'être tanné de la pandémie puis des mesures sanitaires, on est tous tannés. J'aimerais leur dire aussi qu'il y a plein de bonnes raisons d'être fâchés, il y a plein de bonnes raisons de manifester.

On devrait tous ensemble être en train de manifester, c'est vrai. On devrait être en train de manifester pour que les travailleuses, les travailleurs dans nos écoles, dans nos hôpitaux, dans les usines soient mieux protégés. On devrait être en train de manifester pour que les enfants dans nos écoles respirent de l'air de qualité, puis qu'on ait un ministre de l'Éducation qui s'occupe d'eux autres. On devrait être en train de manifester pour que les aînés au Québec, on les respecte enfin, puis qu'ils vivent dans la dignité, puis que plus jamais on ne voit des histoires d'horreur se produire, comme on a vu dans les deux dernières années. Il y en a vraiment plein, des bonnes raisons de manifester. Mais manifester pour la levée de toutes les mesures sanitaires, là, ça, c'est manifester contre la solidarité, puis ça, on n'a pas besoin de ça au Québec.

Mme Dorion : Bonjour. Je vais vous parler rapidement du troisième lien. J'aimerais ça qu'on arrête collectivement, à partir d'aujourd'hui, de faire semblant qu'on croit vraiment qu'il va se réaliser ce projet-là. Aujourd'hui, je vais demander, vraiment, très, très concrètement, à François Legault, à François Bonnardel et à la Coalition avenir Québec d'arrêter de bluffer, d'arrêter de tromper les Québécois avec ce qui est une des plus grosses ballounes électorales des derniers temps, d'arrêter de tromper, particulièrement les gens de Québec et de Chaudière-Appalaches avec un projet qui est complètement vide, qui est dépourvu d'études sur lesquelles le projet est basé, qui est dépourvu de tout, qui est même dépourvu de coût, d'estimation fiable de coût, et qu'on arrête de tromper les gens de Québec et de Chaudière-Appalaches en leur faisant miroiter ça pour avoir leur vote.

Il est temps qu'ils nous regardent en pleine face puis qu'ils nous disent : Il n'y a aucune acceptabilité sociale, ce projet-là n'a pas d'assise solide. Ça va coûter une fortune, l'argent des Québécois doit aller ailleurs. D'accord, on l'abandonne. Moi, je trouve ça culotté qu'un bluff à 10 milliards et plus, ils continuent d'essayer d'étirer ça jusqu'après les élections pour avoir la petite plus-value que ça leur a apporté de faire ce bluff-là jusqu'à maintenant, c'est-à-dire de se rendre jusqu'aux élections pour avoir des votes.

J'aimerais savoir aussi combien d'argent a été investi dans ce mégabluff-là, combien ça a coûté depuis le début, depuis les libéraux jusqu'à maintenant, combien de centaines de millions investis dans une balloune électorale, alors que les besoins, au Québec, Gabriel vient de les mentionner, sont criants, nous tordent le coeur. Ils veulent faire la première pelletée de terre avant les élections, sans même qu'on ne sache absolument rien de ce qui est une immense coquille vide. Qui achète quelque chose sans en regarder le prix dans la vie? Peut-être François Legault, pas les Québécois.

La Modératrice : Merci. On va prendre vos questions. Je vous demanderais de vous concentrer, une question, une sous-question.

Mme Côté (Claudie) : ...de rester à la maison samedi? C'est ça que vous demandez?

M. Nadeau-Dubois : Dans une société démocratique, la liberté de manifester, c'est important, les gens ont le droit de s'exprimer. Mais moi, l'appel que je lance aujourd'hui, c'est un appel à manifester pour les bonnes raisons. On a besoin de plus de solidarité au Québec, pas de moins de solidarité. On a besoin de travailler ensemble pour que nos enfants respirent de l'air de qualité, pour que nos aînés soient bien traités, pour que les gens qui travaillent dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les abattoirs, dans les usines n'attrapent pas la COVID. C'est de ça dont on a besoin. Demander la levée des mesures sanitaires, diviser les Québécois sur ces choses-là, ça nous éloigne d'une sortie de la pandémie, ça ne nous rapproche pas. Donc, les gens ont droit de manifester, il faut respecter ce droit-là, mais on n'a vraiment pas besoin, dans les rues de Québec, de voir des scènes comme celles qu'on a vues dans les rues d'Ottawa. Ça, c'est certain.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que ça veut dire qu'on ne vous verra pas aller voir les manifestants, ni vous ni aucun des députés de Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Les deux députés de Québec solidaire vont manifester samedi. Ils vont manifester sur le pont Dorchester, à 11 h 30. Ils vont manifester pour que les citoyens de la région de Québec respirent de l'air pur. Il y a une manifestation prévue samedi pour demander à la Coalition avenir Québec de reculer sur son controversé projet de règlement concernant la qualité de l'air. Les gens de Québec ont le droit de respirer de l'air pur. Les gens de partout au Québec ont droit de respirer de l'air pur. C'est là que vont être les solidaires samedi. Et moi, j'invite tous les gens de la région de Québec à se joindre à Sol et Catherine et à aller manifester pour de l'air pur à Québec. Ça, c'est une bonne raison de manifester, puis nous, on va être là.

M. Lacroix (Louis) : Mme Dorion, est-ce qu'on pourrait vous entendre sur... Parce que vous avez été quand même une cible des gens qui s'en viennent manifester ici, là. On vous a ciblée, entre autres, vous, c'est dans votre comté que ça se passe. Est-ce que vous avez l'intention de les rencontrer, les organisateurs de cette manifestation-là?

Mme Dorion : Quand vous dites : Vous avez été une cible des gens qui viennent manifester, ces gens-là, c'est...

M. Lacroix (Louis) : ...

Mme Dorion : Je vais terminer ma réponse. Mais ces gens...

M. Lacroix (Louis) : ...

Mme Dorion : Oui, O.K., je comprends. Donc, ces gens-là, c'est toutes sortes de gens, hein? Il y a des gens, là-dedans, qui sont très respectueux, qui ne ciblent pas les gens qui veulent exprimer, inciter à s'interroger sur des questions. Ça, c'est tout à fait valable.

On reçoit beaucoup de leurs commentaires, de leurs lettres. On jase avec du monde au bureau de comté. On a toujours été très... je ne veux pas dire un anglicisme, là, mais on répond, là, on répond, on jase, on discute. Et puis j'ai toujours été ouverte. J'ai déjà écrit une lettre ouverte à Rambo Gauthier à une autre époque. Moi, je suis curieuse de voir tout ce qui émerge sur le terrain.

Je ne serai pas en personne à cette manifestation-là. Je vais être à la manifestation contre la hausse des normes sur le nickel. Je considère que c'est un enjeu qui est extrêmement important, qui est central, et ça peut créer, à Québec, un précédent pour toutes les autres zones industrielles au Québec. C'est vraiment très, très, très important. Et ça, c'est un enjeu sanitaire de premier ordre. Donc, je vais utiliser mon temps, le peu de temps que j'ai la fin de semaine avec les enfants, pour aller là.

M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi vous dites que vous êtes curieuse de ce qui va se passer en fin de semaine?

Mme Dorion : Je suis curieuse de ce que les gens pensent, de ce que les gens ont à dire, des mouvements sociaux. C'est de ça que je suis curieuse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : L'industrie culturelle ne manifeste pas encore, mais ils écrivent une lettre ouverte, ce matin, pour presser le gouvernement d'assurer de la prévisibilité, surtout pour protéger le caractère international de Montréal dans le grand circuit des artistes internationaux, pour que Montréal reste une destination culturelle. Est-ce que ça vous inquiète en ce moment? De la façon qu'on gère la pandémie, Montréal pourrait devenir une petite ville de province.

Mme Dorion : Par rapport à l'art, la culture, là, c'est ça? Je n'ai pas entendu le début de votre question. Oui, c'est ça. Oui, par rapport à l'art, la culture, j'ai énormément d'inquiétudes, comme tout le milieu, là. Puis je suis de ce milieu-là. La difficile cohabitation entre les nécessaires mesures sanitaires et la survie d'un milieu culturel, là, en ce moment, on est rendus à un point où il faut que ça se dénoue, là, le plus rapidement possible. Puis les artistes sont mobilisés. Puis j'ai espoir que, dans les prochaines semaines, ça va se faire. Je suis assez sûre que ça va se faire, mais effectivement, il est moins une, on n'a plus beaucoup de temps, là, devant nous, si on veut que ce milieu-là continue d'être un écosystème viable qui fait en sorte que... Il s'agit de la culture au Québec, c'est un enjeu de... Donc, je pourrais vous en parler longtemps, mais...

M. Bossé (Olivier) : ...troisième lien, Mme Dorion, vous dites: Ils font ça pour avoir des votes, mais les gens n'en veulent pas. Ce n'est pas contradictoire? S'ils font ça pour avoir des votes, c'est parce que les gens en veulent.

Mme Dorion : Oui, ça peut avoir l'air contradictoire, effectivement. Ils font ça pour avoir des votes en Chaudière-Appalaches, dans la grande région de Québec. On sait qu'il y a un taux d'appui qui n'est pas si élevé que ça, là, qui est à peu près à la moitié, mais dans leurs zones où ils veulent faire élire des députés, le calcul est très, très facile à voir.

Ceci dit, l'enjeu s'est nationalisé depuis. Ils auraient bien voulu que ça demeure un enjeu juste de la grande région de Québec, mais l'enjeu est devenu national depuis. Et le taux d'appui, l'acceptabilité sociale, est absent complètement quand on prend qui va payer, c'est-à-dire les Québécois.

M. Bossé (Olivier) : ...extérieur de Québec?

Mme Dorion : Bien, y compris à Québec. Il y a des zones où c'est... la zone qui va le plus en souffrir, le centre-ville de Québec, ne veut pas de ce projet-là.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'il y a un intérêt électoral à défendre votre position, vous?

Mme Dorion : Je ne le fais pas pour des raisons électorales.

M. Robillard (Alexandre) : Non, mais quand vous dites : Bon, la CAQ, on voit où est l'intérêt, de quel côté du tunnel est l'intérêt, est-ce que, de votre point de vue, il y a...

Mme Dorion : Là où il y a un problème, pour moi, c'est quand on bluffe, quand on amène une idée qui est du vide pour des raisons électorales. Quand on défend ses valeurs, quand on défend les intérêts de ses citoyens, alors là c'est la job d'un député.

M. Lachance (Nicolas) : ...que vous étiez ouverts pour un tunnel si c'était seulement du transport en commun. Donc, êtes-vous ouverts ou vous n'êtes pas ouverts pour un tunnel avec du transport en commun?

Mme Dorion : En fait, notre position de fond, elle n'a jamais, jamais, jamais changé, c'est toujours la même chose. On a besoin d'un meilleur transport en commun interrives entre Québec et la Rive-Sud. Ça, c'est reconnu par tous depuis très longtemps. Et évidemment, puis j'ai bien hâte qu'on vous fasse nos propositions quand on sera rendu là, il faut que ça s'améliore. Il faut qu'il y ait un projet d'envergure qui puisse régler la question de l'impossibilité, là, d'utiliser... la difficulté, disons, des transports en commun entre les deux rives. Mais la CAQ ne proposera pas un projet comme ça, ça fait que, non seulement c'est hypothétique, mais — je vais juste terminer — c'est impossible. Puis là le nom «troisième lien», là, depuis le temps, là, il est «brandé» troisième lien autoroutier, c'est une autoroute sous le fleuve. Un projet de troisième lien autoroutier, une autoroute sous le fleuve, on est contre à 500 %, on va toujours être contre. 

La Modératrice : Une dernière question en français.

M. Lacroix (Louis) : ...c'est important pour vous de faire votre travail de députée. Vous dites : Là, là, on n'est pas dans la politique, je fais mon travail de députée, l'intérêt des... En fin de semaine, il va y avoir un événement. L'événement le plus important dans la région de Québec en fin de semaine se passe dans votre comté. C'est ici. Il y a des restaurateurs, il y a des commerçants, il y a des gens de votre comté ici, des gens de la population autour qui vont vouloir venir au Carnaval, qui est l'événement culturel le plus important à Québec en ce moment, qui vont être empêchés de le faire par une bande de camionneurs. Est-ce que votre travail de députée ce ne serait pas d'être dans le comté, justement, puis de venir supporter ces gens-là et d'intervenir auprès des camionneurs pour essayer de les convaincre de laisser les gens profiter de ce qui se passe à Québec?

Mme Dorion : C'est une bonne question. Quand vous dites : Il y a des gens qui vont être empêchés, il va se passer ci, il va se passer ça, on ne le sait pas encore. On va voir comment ça évolue. S'il y a une crise qui s'étend sur plusieurs jours — vous savez comment, les politiciens, on tripe sur les questions hypothétiques, là, je ne m'étendrai pas là-dessus pendant une heure — on verra, mais là en ce moment il y a des gens qui veulent manifester. On peut faire toutes sortes de pronostics sur ce qui va se passer. Moi, je vais évidemment garder les yeux ouverts et voir quel va être l'impact sur les citoyens.

M. Lacroix (Louis) : ...vous ne serez pas dans votre comté ce jour-là, vous allez être ailleurs en train de manifester, dans Limoilou.

Mme Dorion : Pour la qualité de l'air dans mon comté, pour la qualité de l'air dans mon comté qui va grandement souffrir de ce projet de règlement, qui va grandement souffrir d'un hypothétique troisième lien autoroutier, si ça arrivait, et des élargissements d'autoroutes, qui est un enjeu fondamental, la qualité de l'air. Tu sais, on parle d'enjeux sanitaires, là. Ça, c'est ce que je vais faire en fin de semaine, aller...

La Modératrice : On va passer en...

M. Nadeau-Dubois : ...précision. On disait : Il y a des camionneurs qui vont se faire entendre. Je pense que dans les situations comme celle dans laquelle on est présentement, c'est très important de nommer les choses par leur nom. Le mouvement auquel on fait face actuellement, ce n'est pas un mouvement de camionneurs. 90 %, à peu près, des camionneurs sont vaccinés. C'est l'équivalent du taux dans la population générale. Les organisations qui représentent ces gens-là n'appuient pas le mouvement.

Ce qu'on a devant les yeux, c'est un mouvement anti-mesures sanitaires, et c'est le même mouvement depuis le début de la pandémie. Il prend aujourd'hui une nouvelle forme, il utilise des nouveaux moyens plus dérangeants que jamais, mais c'est le même mouvement anti-mesures sanitaires, c'est les mêmes personnes qui manifestaient contre les masques, c'est les mêmes groupuscules qui alimentent les discours antivaccins, c'est les mêmes organisateurs.

Ça fait que moi, je pense, c'est bien important de tous se dire, disons, élus, membres des médias, de se dire : Là, un instant, là, ce n'est pas un mouvement de camionneurs, c'est un mouvement anti-mesures sanitaires. Puis ça, en pleine pandémie, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire que c'est un mouvement antisolidarité. Puis c'est pour ça qu'il faut s'y opposer, c'est parce que ça nous affaiblit dans notre lutte contre le virus. Il y a des vies en jeu en pleine pandémie, ce n'est quand même pas rien, puis, je pense, c'est important de préciser ça.

La Modératrice : En terminant.

Des voix : ...

La Modératrice : Pouvez-vous pouvez y aller une personne à la fois, s'il vous plaît?

M. Robillard (Alexandre) : J'aimerais savoir, M. Nadeau-Dubeau, question de Santé publique, là, vous avez beaucoup réclamé l'indépendance de la Santé publique du politique. Or, cette semaine, lors d'un point de presse, un échange ici, à l'Assemblée nationale, dans un corridor, de M. Boileau avec les médias, l'attaché de presse du ministre Dubé est intervenu pour s'interposer puis interrompre ce point de presse là. Donc, je voulais savoir si, sur le plan de l'apparence d'indépendance de la fonction, cette intervention-là a porté atteinte.

M. Nadeau-Dubois : C'est la démonstration que le problème, ce n'est pas l'identité du directeur national de santé publique, c'est-à-dire M. Boileau ou M. Arruda, le problème, c'est le modèle. Le personnel politique des ministres devrait s'occuper des ministres, les autorités scientifiques devraient avoir leur indépendance scientifique puis leur indépendance de s'adresser aux Québécois et aux Québécoises. Cet incident-là, pour moi, c'est juste un révélateur d'à quel point il faut changer le modèle, d'à quel point il faut donner une pleine indépendance, réellement, là, au-delà des individus, à la direction nationale de la santé publique.

M. Robillard (Alexandre) : Puis c'est un exemple de manque d'indépendance...

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est un incident qui révèle qu'entre le pouvoir politique et les autorités scientifiques, il y a trop de proximité, pas assez d'indépendance.

La Modératrice : ...Pilon-Larose, en terminant.

M. Pilon-Larose (Hugo) : …j'aimerais entendre votre opinion sur le revers qu'a subi le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, qui s'est fait dire ni plus ni moins par la cour que ce qu'il a fait était illégal en n'écoutant pas ce que demandait la juge en chef par rapport aux compétences linguistiques des juges.

M. Nadeau-Dubois : Moi, je pense qu'au Québec les juges francophones ne devraient pas être discriminés. Ça, c'est clair. Puis je pense qu'il y a un consensus là-dessus au Québec. Maintenant, ce qu'on a besoin, c'est de données fiables et claires à savoir où c'est important, réellement, pour vrai, que les juges soient bilingues. En ce moment, ces données-là, on ne les a pas. Ce qu'on a, c'est un combat de coqs, un affrontement, entre M. Jolin-Barrette et la magistrature, qui ne porte pas seulement sur ce dossier-là par ailleurs. Il y a un affrontement qui se perpétue puis qui éclabousse plein d'autres dossiers, hein, du tribunal spécialisé sur les agressions sexuelles jusqu'à la question du bilinguisme, et tout ça, ça nous empêche de prendre les meilleures décisions pour le français puis pour l'accès à la justice pour les Québécois. 

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...réponse, c'est que vous l'appuyez, M. Jolin-Barrette. Vous êtes d'accord avec ce qu'il dit, que le bilinguisme des juges, même si c'est ce que voudrait la juge en chef, ça ne devrait pas avoir lieu au Québec.

M. Nadeau-Dubois : Ma compréhension, c'est que personne ne demande le bilinguisme de tous les juges dans l'ensemble des districts, hein? Ma compréhension, c'est qu'il y a un débat sur où est-ce que c'est nécessaire, le bilinguisme, puis où est-ce que ça ne l'est pas. Il ne faut pas sursimplifier le débat.

Moi, ce que je dis, c'est que, de manière générale, il y a un consensus au Québec, Québec solidaire en fait partie, que les francophones devraient pouvoir exercer tous les métiers. Il devrait avoir le moins de barrières à l'accès à l'emploi pour les francophones qui ne maîtrisent pas l'anglais. Il y a aussi la question de l'accès à la justice qui est importante. Pour trouver cet équilibre-là, il faut des données fiables, il faut savoir où est ce que c'est réellement un besoin, des juges bilingues. Puis, en ce moment, on n'a pas ces données-là, parce qu'on est, encore une fois, pris dans une tiraillade qui n'en finit plus de finir entre M. Jolin-Barrette puis la magistrature.

La Modératrice : En anglais.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Nadeau-Dubois, judge Rondeau pointed the areas where she was asking judges to be bilingual. Hugo's question refers to: Are you supporting Mr. Jolin-Barrette's position saying that he doesn't want to see this requirement of bilingualism for certain judges? And the Superior Court is saying: Mind your business, this is not the Minister to do this and interfere.

M. Nadeau-Dubois : The historic fight for Francophones to have access to all jobs in Québec, if their only language is French, is an important fight and that fight is not over. That's the principle, I think, we all share in Québec, across party lines. That being said, we also have to consider the right of all Quebeckers to have access to the justice system. In order to find that equilibrium, we need independent and clear data to indicate where it is really needed, really, factually needed to have bilingual judges. Right now, we don't have that information because, once again, we are in the middle of a mud fight between Mr. Jolin-Barrette and the judges.

Mme Senay (Cathy) :

M. Nadeau-Dubois : Well, she has a version of the facts. Mr. Jolin-Barrette has a version of the facts. I have not seen independent and clear data to justify the position on that issue.

Mme Senay (Cathy) : Mrs. Dorion, I have a family friend living in Ottawa, downtown. It's a nightmare for them, and they are being quite critical about what is being done. So, as the MNA responsible of the area, the protest will occur this weekend, don't you want to be shown as a proactive… and ask citizens to be ready? They're organizations that have contingency plans. So, I have the impression that you're a bit off, earlier in your answer to Louis.

Mme Dorion : I heard the mayor say that he wouldn't be as tolerant as Ottawa was during the demonstrations, if we can call it that. And I don't know yet how it's going to be. I don't have any idea how if it's going to be harmful for downtown Québec or not. I remember when we were worried about the G7 Summit here. It was like : It's going to be a catastrophe because it was a catastrophe in other cities around the world, you have to be ready. And everybody was so alarmed. Maybe, this time, you are right to be alarmed. I'm going to check this and follow what's happening. I'm not like : Oh! Let's see, and on Monday I'll read the newspapers. I'll still be there and watching, and if problems occur, I'll try to do my best to be proactive.

Mme Côté (Claudie) : …parce que vous semblez beaucoup moins sévère à l'égard des manifestants qui s'en viennent que M. Nadeau-Dubois. M. Nadeau-Dubois dit : Nous, là, on ne les veut pas, les manifestants, si c'est contre les mesures sanitaires. Puis vous dites : On va regarder qu'est-ce qui se passe. Est-ce qu'ils sont les bienvenus ou ils ne sont pas les bienvenus?

Mme Dorion : Le droit de manifester, Gabriel comme moi, on le respecte. Ce pourquoi ils manifestent, Gabriel comme moi, on considère qu'il y a des raisons de manifester qui sont beaucoup plus urgentes, beaucoup plus graves, beaucoup plus importantes. C'est notre message à tous.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce qu'il va y avoir une directive envoyée aux partis de ne pas aller à la manifestation des camionneurs ou ça revient au jugement de chacun des députés?

La Modératrice : Après ça, on va passer en anglais, là. Il y a deux autres points de presse.

M. Nadeau-Dubois : Non, non. Je ne comprends pas votre question, parce qu'on l'a déjà répondue. Il n'y a aucun député solidaire qui va participer à ces événements là et...

Mme Prince (Véronique) : ...directive, comme chef, que vous envoyez à vos députés?

M. Nadeau-Dubois : On s'en est parlé, hier, en caucus. Je n'ai même pas eu besoin de donner quelconque directive, c'était spontané et unanime. Des mouvements comme ceux qu'on a vu s'exprimer à Ottawa et qui promettent de s'exprimer à Québec, ça va à l'encontre des valeurs fondamentales qui sont les nôtres. Québec solidaire, comme tous les autres partis, comme le premier ministre lui-même, reconnaît la liberté de manifester. Mais demander la levée des mesures sanitaires, c'est manifester contre la solidarité. Puis le nom de notre parti, c'est quoi? C'est Québec solidaire.

M. Lachance (Nicolas) : Si les camionneurs venaient à Québec pour assiéger la ville, mais pour manifester contre la norme sur le nickel ou l'environnement, est-ce que ça serait une bonne façon de faire? Est-ce que vous l'accepteriez?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, faire tourner des moteurs diesel pendant des heures pour l'environnement, ce ne serait pas très cohérent et ce ne serait pas très intelligent. Mais, plus sérieusement, il faut respecter le droit de manifester, mais en même temps, moi, je pense aux familles, oui, qui veulent aller au Carnaval de Québec, avoir du fun, et on est en pleine crise de santé mentale, là, les gens ont besoin d'activités extérieures. Il y a tellement encore de contraintes à l'intérieur. Donc, oui, je trouve ça profondément dommage que le week-end de plein de jeunes familles de Québec pourrait être gâché par ça. C'est des moyens qui font en sorte qu'il y a des gens qui vont voir leur fin de semaine gâchée, puis c'est profondément dommage.

La Modératrice : Une dernière question en anglais. Une dernière question en anglais, s'il vous plaît.

M. Brennan (Andrew) : So, just to simplify, you respect the right to protest, but you cannot respect the position of these protestors and their general movement. It's the same that you've seen since the start of the pandemic, antimask, antivax. To you, this is all the same thing, a different phase with a bigger truck.

M. Nadeau-Dubois : I mean, since the beginning of the pandemic, we have seen fringe groups trying to exploit the fatigue and the anger of a lot of people towards the pandemic situation. Those people have organized… at the beginning, it was antimask protest, then, it was antivaccine protests, and now they are finding a new slogan, but it's the same fringe groups exploiting people's anger and fatigue towards the pandemic. It's the same movement. That's why, for me, it's always important to say : It's a not a trucker's movement, it's an anti-public health measures movement. That's why it's an antisolidarity movement, and that's why it goes against our core values.

M. Brennan (Andrew) : ...Québec solidaire, and that's why you're saying your caucus, you said, of course, just to confirm, that it was unanimous, no...

M. Nadeau-Dubois : Of course. Honestly, it's a big surprise for me that I'm being asked such an obvious question this morning. We are Québec solidaire. We will protest for clean air, we will protest to protect workers against COVID-19, we want to protest to protect elderly people, we want to protest for a better health care system. But protesting against public health measures, asking all of them to be canceled, this is an indirect attack to the most vulnerable people in our society, and that goes against what we stand for in our heart.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 30)

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