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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et M. André Fortin, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Le mardi 1 février 2022, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-trois minutes)

Mme Anglade : Alors, bonjour, contente d'être de retour à l'Assemblée nationale pour le dernier droit avant le rendez-vous électoral. Alors, honnêtement, j'avais préparé quelques notes, d'entrée de jeu, à vous partager, mais, en voyant la nouvelle qui vient de sortir, je me suis dit : Non, j'ai beaucoup plus envie de réagir à ce qu'on entend sur la taxe santé et le retrait de la taxe santé.

D'abord, on va faire un peu d'historique par rapport à ce qui a été proposé par le gouvernement de François Legault. On se rappellera que, la semaine où le Dr Arruda démissionnait — je dis «démissionnait» entre guillemets — la semaine où il y avait plein de mesures qui étaient contradictoires, puis les Québécois ne comprenaient plus rien de ce que faisait le gouvernement, le gouvernement est arrivé avec une idée qui était irréfléchie, qui était irresponsable, cette idée de taxe santé. Ils sont arrivés avec ça sans appui juridique, sans avis de la Santé publique, sans étude à l'appui, puis ils ont lancé cette idée-là. Ils ont lancé cette idée-là, mais ils avaient certainement un sondage qui leur disait que c'était une bonne chose à faire.

Pas plus tard qu'il y a trois jours, là, il y a trois jours, ils nous disaient que cette taxe santé, ça allait être entre 100 $ et 800 $. Puis, aujourd'hui, coup de théâtre, on apprend finalement qu'ils veulent retirer la taxe santé. Le gouvernement de la CAQ, là, a niaisé les Québécois pendant un mois, pendant un mois, sur cet enjeu-là. Il a niaisé, il improvise constamment, il dit une chose le lundi, le contraire le mardi. Vraiment, ils nous prennent pour des valises.

On va entamer, cette semaine, comme je le disais tout à l'heure, la dernière session, le dernier droit avant le rendez-vous électoral. Et ce que je peux vous dire, c'est que, dans les prochaines semaines et dans les prochains mois, les Québécois vont voir deux approches qui sont très différentes : l'approche de la CAQ, un gouvernement qui est paternaliste, qui dit aux gens quoi faire, un gouvernement qui n'est pas transparent, avec un gouvernement éventuel, un gouvernement qui va faire en sorte que, lui, va vouloir proposer des choses de manière inclusive, un parti qui est progressiste, et ça, ce sera le Parti libéral du Québec.

Merci. Je suis prête, maintenant, à répondre à vos questions.

Journaliste : Donc, vous êtes d'accord avec la décision de François Legault... Il a bien fait?

Mme Anglade : Bien, ce que je peux vous dire... Je pense qu'il a lu un sondage, ce matin, qui lui disait que, finalement, ce n'était pas une bonne idée. C'est un gouvernement, encore une fois, qui a tenté de faire une diversion, qui a tenté de ne pas répondre aux questions alors qu'il avait complètement perdu le contrôle, qui a proposé quelque chose qui était irréfléchi. Puis maintenant il se rend compte que les gens se disent, dans les sondages, sûrement : Ce n'est pas nécessairement l'idée du siècle. Alors, ils ont décidé de le retirer.

Journaliste : Mais, la semaine dernière, le Dr Boileau avait refusé de prendre position sur cette mesure-là. Est-ce que vous pensez que ça peut avoir eu un impact sur la décision? C'était durant, là, la séance de breffage technique, jeudi dernier, on lui a posé la question : Est-ce que vous pensez que... Voulez-vous vous prononcer là-dessus? Est-ce que c'est une bonne mesure? Puis il avait dit : Ça, c'est de la politique, je ne veux pas me... Est-ce que vous pensez que ça peut avoir eu un impact?

Mme Anglade : Moi, je pense que c'est surtout, encore une fois, tu sais, les sondages qu'il regarde pour regarder si ça l'impacte ou pas, pour prendre les décisions. Avant même de lancer l'idée, la première chose que tu fais, c'est que tu regardes avec la Santé publique. Avant même de mettre l'idée dans l'espace public, tu valides avec la Santé publique si c'est la bonne approche. Alors, encore une fois, ça démontre toute l'improvisation de ce gouvernement.

Journaliste : Quand vous voyez ce qui se passe à Ottawa avec le convoi et qu'une minorité de la population est décidée à manifester, à paralyser même une ville, craignez-vous que la même situation pourrait survenir dès cette semaine à Québec?

Mme Anglade : Bien, d'abord, je vais vous dire la grande majorité des camionneurs, bon, premièrement, sont vaccinés et respectent les règles. Puis, quand je vois ce qui s'est passé à Ottawa, quand j'ai vu des drapeaux d'extrémistes, de partis fascistes, de comportements, de vandalisme, des propos qui incitent à la haine, évidemment, on ne peut que condamner tout ce qui est associé à ça. Alors, la chose que je dirais, c'est : Oui, j'ai des préoccupations quand je vois ce type de comportement là qui se déplacerait sur la colline Parlementaire. Cela dit, les gens ont droit de manifester et de manifester de manière pacifique.

Journaliste : Mais faut-il tempérer certaines mesures sanitaires, retirer la taxe santé, par exemple, si on a peur que ce climat social là s'envenime au Québec? Est-ce que c'est une chose qu'il faut réfléchir comme décideur?

Mme Anglade : Bien, comme décideur... C'est sûr que comme décideur, puis ça, je l'ai dit par le passé, il faut... La politique de la division n'est jamais une politique.... C'est une politique qui est très encouragée par la CAQ, cette politique de division, c'est un parti qui divise à plusieurs égards. Et c'est sûr que ça n'aide pas dans un contexte où, justement, on a besoin de rassembler.

Cela dit, encore une fois, pour tout ce qui est la manifestation, je pense qu'il faut condamner de manière claire les actes de vandalisme et puis l'incitation à la haine qu'on a vue.

Journaliste : ...est-ce que c'est une position que vous maintenez toujours, à la lumière des développements des dernières heures?

Mme Anglade : Bien, c'est sûr qu'on a encouragé, dès le départ, la vaccination obligatoire. Puis je vous rappellerais, à l'époque, on était dans des pourcentages qui étaient plus faibles que ceux qu'on a aujourd'hui, on n'était pas dans les 90 %. Mais, oui, la vaccination obligatoire pour se rendre au maximum de personnes vaccinées. Puis je pense qu'il faut continuer à encourager la vaccination et surtout penser à une quatrième dose, peut-être, pour les personnes vulnérables. Je veux dire, il faut penser maintenant à la suite des choses.

Journaliste : Juste pour terminer, donc, vous maintenez que, si vous étiez élue, par exemple, vous voudriez imposer une vaccination obligatoire, c'est ce que je comprends?

Mme Anglade : Oui, comme exemple, comme exemplarité que doit démontrer l'État, oui.

Journaliste : Est-ce qu'il y a un lien, Mme Anglade, entre la décision, là, qui reste à être annoncée sur la contribution santé, et puis le mouvement de protestation, là, des camionneurs, puis la perspective que ce mouvement-là se transporte ici, à Québec?

Mme Anglade : Bien, écoutez, ça, c'est une question que vous pourrez poser à François Legault dans sa prise de décision...

Journaliste : ...je me demande, c'est peut-être encore plus objectif à observer, là, ce genre de manifestation là. Est-ce que, selon vous, ça peut quand même être une des variables dans l'équation?

Mme Anglade : Moi, je pense que ce qui joue dans l'équation beaucoup pour le gouvernement de la CAQ, et ça a été démontré à plusieurs reprises, c'est encore de prendre des décisions qui sont basées sur des sondages et des décisions qui sont improvisées. Je pense que c'est surtout ça qui compte dans la balance. Je pense que, s'il y avait encore un sondage qui montrait que c'était une excellente idée, bien, probablement qu'il voudrait aller de l'avant, indépendamment des faits puis de ce que nous dit la science.

Journaliste : Est ce que vous avez eu des informations concernant des plaintes envers Mme Montpetit, que ce soit, là, récemment, ou au cours des dernières semaines, ou mois précédents?

Mme Anglade : Alors, comme je l'ai déjà dit sur ce sujet, avec les informations que j'avais, que j'ai toujours, la seule décision qui s'imposait, c'est celle que j'ai prise.

Journaliste : Êtes-vous capable de dire s'il y a des plaintes? Parce que c'est un peu l'enjeu, là, qui semble être mis de l'avant.

Mme Anglade : Je n'ai pas entendu.

Journaliste : Des plaintes. Est-ce que vous êtes au courant qu'il y ait des plaintes formelles, que ce soit à l'aile parlementaire ou à l'Assemblée nationale?

Mme Anglade : Comme je vous dis, avec les informations que j'avais, j'ai pris la décision qui s'imposait, et puis il n'y a rien qui a changé en ce sens-là.

Journaliste : ...et ils sont très fâchés contre le gouvernement. Ils disent qu'on veut attaquer leur autonomie professionnelle. Est-ce que vous êtes d'accord avec eux pour laisser tomber le projet de loi ou est-ce que vous pensez qu'au contraire il faut renforcer peut-être le contrôle sur les médecins?

Mme Anglade : Premièrement, j'aimerais juste rappeler que, quand le gouvernement de la CAQ est rentré au pouvoir, il y avait 400 000 Québécois qui n'avaient pas de médecin de famille. Aujourd'hui, on est plus de 1 million de Québécois qui n'ont pas de médecin de famille, alors que le gouvernement de la CAQ avait promis exactement l'inverse. Alors évidemment, on est contents de voir que, là, ils veulent faire quelque chose.

Maintenant, je pense que ça doit se faire dans la collaboration. Et donc on va voir le détail de tout ça dans la commission parlementaire qui s'en vient. Mais, nous, ce que l'on veut, c'est que ça avance, mais on veut que ça avance de manière constructive. Et c'est ce qu'on va étudier dans les prochaines semaines.

Journaliste : Qu'est-ce que ça veut dire, «de manière constructive»? Parce que la FMOQ n'est pas en mode très collaborative en ce moment, là. Ça a plus l'air d'un bras de fer entre le gouvernement et les médecins omnipraticiens.

Mme Anglade : Vous avez raison de le dire, que ça a plus l'air d'un bras de fer qu'autre chose. Nous, ce qu'on aimerait voir, c'est que tout le monde est à la table, qu'ils s'asseyent... Ça fait quatre ans qu'ils sont au gouvernement, ça fait quatre ans qu'ils sont au gouvernement. Je veux dire, ils pouvaient s'asseoir depuis longtemps avec la Fédération des médecins omnipraticiens. Comment se fait-il qu'on en soit là, aujourd'hui? Moi, je pense qu'il y a une manière plus collaborative de travailler avec les médecins de famille, et, d'ailleurs, c'est ce qu'ils disent.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Mrs. Anglade, Premier Legault backtracked on making vaccination mandatory for health care workers. Now, he's going to backtrack at 1 :00 p.m. with the health tax for the unvaccinated. Will people believe Mr. Legault again?

Mme Anglade : Mr. Legault improvises constantly. So, what we've seen with this tax? He came up with the idea during the week that was one of the worst weeks for him : Dr. Arruda had so-called resigned, we had very mixed messages from the Government Legault in terms of measures being applied. And he came up with this idea that was not only irresponsible, that was not thought through, that didn't have any legal support to it, and he maintained this idea for weeks. No later than three days ago, he said that it was going to be a tax between $100 and $800. And today, he's just saying : We're not going ahead anymore.

He's managing by polls. He must have a poll that's saying, you know : This is not popular anymore, therefore I'm no longer doing it.

Mme Senay (Cathy) : What people have to understand today? Its Bill 11, the general practitioners' federation is furious. And now there are truck drivers planning to come here, in front of the National Assembly, on Thursday and Saturday, towards Saturday. So, basically Mr. Legault is trying to create diversion, create diversion so Bill 11 doesn't get the media exposure and, with its 1 :00 p.m. press conference, easing restrictions and getting rid of the health tax project.

Mme Anglade : So, this is a specialty from Mr. Legault, to create diversion, there is no question about that. But again, I think that the tax... He's just looking at the polls and say, thinking : It's not going to go well for us, therefore we're not going to go ahead.

Regarding family doctors, I think the message is the following. They have been in power for four years. When they entered, there were 400,000 Quebeckers that didn't have a family doctor. Today, it's over a million people that don't have a family doctor. And now, all of the sudden, they are saying : We're going to come up with a bill that's going to fix everything, and they're not sitting at the table with the federation. Four years, no result. Things are getting worse, and they're not sitting down with the federation.

So, I think it's going to go... I think they should really think about a way to collaborate.

Journaliste : Bonjour.

Mme Anglade : Bonjour.

Journaliste : ...Just to start up with the tone that was somewhat conciliatory from Mr. Legault over the weekend. Do you think that this potential, still potential, convoy protest on Thursday... You said you're worried about it. Do you think that this is something that François Legault is starting to invite as he's changing his tone with the health tax flip-flop today?

Mme Anglade : That he's trying to avoid, you said?

Journaliste : ...in a certain degree.

Mme Anglade : Hard to say. But what I would say with the convoy again, regarding that specifically... You said I was preoccupied. I am preoccupied, because I see the level of tension, I see things that are happening that you never want to see here, in Québec or in Canada. And I don't want to see this happening in Québec City. Now, I understand that people can demonstrate, but we have to be really careful on how things are being done.

Now, Mr. Legault is a master in diversion. Could that be a diversion that he wants to do today? Maybe. But I think it's probably related to a poll that he's seeing that he's not getting the support that he needs.

Journaliste : I appreciated having Mr. Birnbaum speaking to us yesterday about Dawson College. I wanted to follow up to what Marlene Jennings said to us yesterday. She said that this is another example of how the current Government doesn't care about the English community, and they're prioritising Francophone students over English CEGEP students. I want to know what you think about what she says here.

Mme Anglade : This is not a linguistic question, this is a question of equity. This project, the Dawson's project was in the plan in the Bill 66. Why? Because there is a lack of space for the students at Dawson. Not to get more students, just to respect the norms of the Education Ministry. It's the same thing for other CEGEPs as well, and that's why other CEGEPs were part as well of Bill 66. What the CAQ is doing is a political decision. But it's a matter of equity. This project needs to move ahead because it's a matter of equity, because it doesn't matter where you are in Québec, you should respect the norms of the Education Ministry, period.

Journaliste : You say : Dawson is a political decision. Is he flip-flopping to appeal to his base?

Mme Anglade :Obviously, he is trying to divide, he is trying to divide Quebeckers yet again. Again, this is not a linguistic question. It's a matter of having students in a place where they don't have enough space, and the space is not up to par with the norms, the Ministry of Education. We're talking about norms. And this project was included in Bill 66 along with other CEGEPs. And the Government has made the decision not to go ahead. Like, students, or students, or students, right? And it's a matter of equity.

Journaliste : ...why do you think he's backing away from this?

Mme Anglade : I think it's for political reasons. And you have to ask him the question, because this project is not preventing other projects, and this project doesn't add more students to the CEGEP either. It's just bringing the CEGEP back to the regular norms from the Ministry.

Journaliste : So, the Liberals still support the project?

Mme Anglade : Yes, absolutely.

Journaliste : J'en aurais une dernière pour vous en français, Mme Anglade. J'ai oublié tantôt.

Le Modérateur : Vas-y, Olivier. Last one. Dernière.

Journaliste : Sur les peines de prison de fin de semaine qui, depuis le début de la COVID, sont purgées à la maison, qu'est-ce qu'il faut dire aux victimes et aux familles des victimes? ...juste faite par téléphone, puis ça semble...

Mme Anglade : Inquiéter les gens.

Journaliste : Oui.

Mme Anglade : Bien, je pense que ça soulève un certain nombre de choses, une certaine inquiétude par rapport aux familles des victimes. Puis je la comprends, cette préoccupation-là.

Mais je pense, encore une fois, que ce sont des questions qui peuvent se régler à partir du moment où un ministre est impliqué puis comprend ces enjeux-là pour trouver des solutions qui fassent en sorte que les victimes ne se sentent pas blessées par ce qui est en train de se produire.

Journaliste : Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 49)

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