(Huit heures quarante-neuf minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition officielle,
Mme Dominique Anglade, qui aujourd'hui est accompagnée par Mme Monique Sauvé, porte-parole
pour les aînés et les proches aidants. Mme Anglade, à vous la parole.
Mme Anglade : Merci. Et
bonjour à tous. Et merci à Monique Sauvé de m'accompagner ce matin. Le rapport
de la Protectrice du citoyen est clair, il n'y a pas eu de directive qui a été
envoyée, de la part du gouvernement, aux CHSLD avant le mois de mars, le mois
d'avril pour régler le problème de la pandémie qui sévissait à ce moment-là.
Les faits ne mentent pas. Par contre, le gouvernement, lui, a menti aux
Québécois. Il a menti en disant qu'il y avait des directives qui avaient été
envoyées, alors que ce n'était pas le cas. Ce n'est pas l'opposition officielle
qui le dit, c'est le rapport de la Protectrice du citoyen, c'est les doutes
qu'émet la coroner, c'est l'association des CHSLD privés, également, qui sont
sortis pour dénoncer cette situation. Il est temps pour le gouvernement de dire
la vérité aux Québécois.
Le Modérateur
: On va passer
aux questions.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que Mme McCann doit s'excuser, tout à l'heure, pour ce qui s'est passé?
Mme Anglade : Le gouvernement
Legault doit dire la vérité, doit dire ce qui s'est passé. Pourquoi ils nous
ont dit qu'il y avait des directives qui avaient été envoyées, alors que ce
n'était pas le cas? Ce qu'on a besoin de savoir, c'est la vérité. Ce qu'on veut
avoir, de la part du gouvernement, c'est de la transparence que l'on a n'a pas
aujourd'hui.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
qu'elle doit s'excuser, aujourd'hui, Mme McCann?
Mme Anglade : Elle doit surtout
nous expliquer pourquoi elle a tenu ces propos-là, pourquoi... qu'est-ce qui a
forcé les propos qui ont été tenus, pourquoi est-ce que les gens ont dit qu'il
y avait des directives qui avaient été envoyées, s'il n'avait pas été le cas.
Nous, ce qu'on veut comprendre, c'est pourquoi cette situation-là s'est
produite et qu'est-ce qui a pu justifier ça.
M. Lacroix (Louis) : M.
Legault disait hier, en conférence de presse, que c'était impossible de savoir
ce qui se passait dans les CHSLD, que les CHSLD étaient en danger, parce qu'il
dit : Partout où on regardait, bien, ça éclatait, par exemple, dans tous
les pays du monde. Là, il a cité les États-Unis, l'Italie, etc., là, où c'était
dans les hôpitaux qu'il y avait des problèmes. Alors, il dit que ce n'était pas
possible, il dit : On a tous fait la même erreur. Je n'ai pas le… je
pourrais vous trouver la citation exacte, là, mais il disait que c'était
impossible de le savoir. Il dit : Tout le monde a fait la même erreur. Il
dit : On n'était pas au courant de ça, c'est plus gros qu'on pensait.
Est-ce que c'est une excuse valable?
Mme Anglade : Honnêtement, la
réponse de M. Legault à cette question, elle est absurde. Plutôt que de
regarder, là, partout dans le monde ou seulement de regarder partout dans le
monde, il aurait pu consulter ses experts sur le terrain. Parce que même le Dr
Arruda disait que les personnes aînées étaient particulièrement vulnérables.
Les experts ici, au Québec, aux mois de janvier, février et mars, auraient pu
lui dire, s'il leur avait posé la question.
Mme Lévesque (Fanny) : On
voit que les principaux témoins de la semaine dernière, là, ont rapporté la
même chose, là, sur la directive en janvier. Est-ce que vous avez l'impression,
donc, que c'était un peu coordonné, comme propos? Ils s'étaient entendus pour
dire la même chose, finalement?
Mme Anglade : C'est très
particulier que plusieurs personnes parlent de directive qui a été donnée,
alors que ce n'était pas le cas. C'est la raison pour laquelle le gouvernement
doit répondre à la question qui… Pourquoi ils ont dit qu'il y avait une
directive? Pourquoi plusieurs personnes représentant le gouvernement ont
mentionné qu'il y avait des directives, alors que c'était faux? C'est ça, la
question à laquelle ils doivent répondre.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : …au bénéfice de l'enquête de la coroner, là?
Mme Anglade : Excusez-moi.
Avancez un petit peu.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que ça mérite d'être éclairci, ces
témoignages-là, au bénéfice de l'enquête de la coroner Kamel?
Mme Anglade : Bien sûr que
tous ces témoignages-là méritent d'être éclaircis avec le bureau de la coroner.
Absolument.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
qu'il faut contraindre ces gens-là à venir retémoigner devant la coroner, à la
lumière de ce qu'on apprend?
Mme Anglade : Ce serait une
excellente idée que tout le monde vienne témoigner et vienne expliquer les
contradictions dans les positions qui ont été prises. Je pense que ce serait
une très bonne chose. Et d'ailleurs ce serait très bien également que le premier
ministre lui-même vienne témoigner devant la coroner.
M. Lachance (Nicolas) : Vous
avez dit que c'était faux, donc est-ce que ces personnes-là… est-ce que Mme
McCann a menti sous serment lorsqu'elle s'est présentée devant la coroner?
Mme Anglade : Bien, clairement,
le gouvernement nous a menti. Je veux dire, ils nous ont dit qu'il y avait une
directive qui avait été envoyée, et on n'a pas le début de la couleur d'une
directive qui a été envoyée. Donc, c'est faux.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
elle, personnellement, là, est-ce qu'elle a menti sous serment?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
Mme McCann, ce qu'elle a dit, c'est faux. Le gouvernement a menti, Mme McCann a
menti, je veux dire, c'est ça, la réalité, là. C'est ça. À moins qu'ils soient
capables de nous prouver quelque chose d'autre aujourd'hui et puis de sortir un
chapeau de leur sac, il n'y a pas de... C'est exactement ça qui s'est produit.
M. Larin (Vincent) : ...ce que
vous dites, essentiellement, c'est qu'elle s'est parjurée, là, elle a menti
sous serment. C'est très grave, ça, Mme Anglade. C'est des accusations de
nature criminelle, là.
Mme Anglade : Bien, écoutez, s'ils
sont capables de prouver qu'il y a une directive qui a été envoyée dans les CHSLD...
expliquer leur position. Aujourd'hui, là, c'est pour ça que je dis : Ce
que Mme McCann doit faire, ce que le gouvernement Legault doit faire, c'est
expliquer ce qui s'est passé. Pourquoi on nous a dit qu'il y avait des
directives, alors que finalement on apprend, dans la version de la Protectrice
du citoyen, qu'il n'y en avait pas? Pourquoi ils nous ont dit ça? C'est les
questions auxquelles ils doivent répondre.
Mme Lévesque (Fanny) :
...là, j'oublie le terme, là, mais sur une... Ils ont envoyé quelque chose en
janvier, là, le plan...
Des voix : …
Mme Lévesque (Fanny) : …envoyé
aux P.D.G., donc, qui normalement devait se rendre aux CHSLD. Ils semblent
s'appuyer là-dessus, là. Mais c'est ça qu'ils disent qu'ils ont envoyé en
janvier. Donc, pour vous, est-ce que c'était une façon de contourner la vraie question
ou c'est valable, ce qui a été envoyé?
Mme Anglade : Quand on
nous parle de directives pour faire en sorte que les CHSLD soient prêts, on
s'attend à ce qu'il y aient des directives qui sont envoyées aux CHSLD pour qu'ils
soient prêts à faire face à la COVID-19. Est-ce que, oui ou non, il y a eu une
directive? La réponse, c'est non. Maintenant, c'est à eux de s'expliquer. Mais clairement
les faits sont clairs, la Protectrice du citoyen nous dit qu'il n'y a pas eu de
directive envoyée. Encore une fois, ils doivent répondre aux questions.
M. Lacroix (Louis) :
...à votre avis, est-ce que Mme McCann a menti? Est-ce que c'était pour
protéger sa propre action? Est-ce qu'elle était en service commandé, par
exemple, du gouvernement? J'imagine que, quand on va témoigner de cette
façon-là, on doit... il doit y avoir un minimum de préparation. Alors, pourquoi,
à votre avis, elle a menti?
Mme Anglade : Pour moi,
ce qui m'apparaît clair, c'est qu'il y a plusieurs personnes qui tenaient un
même discours, il a l'air d'y avoir une action concertée par rapport à ça.
Mais, encore une fois, c'est de se poser la question... c'est de dire à la population :
En fait, on était prêts. C'était peut-être pour prouver à la population qu'ils
étaient prêts, mais sans réellement avoir posé les gestes, alors pour sauver
l'image du gouvernement. C'est un gouvernement qui gère beaucoup...
M. Laforest (Alain) :
...ce que vous dites, «des mensonges», devant une enquête du coroner, là, où on
a été assermenté.
Mme Anglade : C'est la
conclusion à laquelle on doit arriver. C'est un gouvernement qui gère beaucoup...
c'est un gouvernement qui gère davantage son image, qui est préoccupé davantage
par son image que préoccupé par dire la vérité aux Québécois.
M. Bergeron (Patrice) :
...des rapports qui sont réapparus soudainement...
Mme Anglade : Sur la question
des rapports, la semaine dernière, on avait... on nous a dit plusieurs choses.
On nous a d'abord dit que les rapports avaient été faits de manière verbale.
Ensuite, on nous a dit que les rapports avaient été écrasés. Il a fallu qu'un
journaliste sorte de l'information pour finalement qu'on nous apprenne :
Ah! bien non, les rapports, ils existent, on va vous les transmettre. Pourquoi est-ce
qu'on a dû attendre qu'un journaliste sorte pour faire... pour dire la vérité,
pour être transparent? Ce n'est pas ce à quoi on s'attend d'un gouvernement.
M. Lachance (Nicolas) :
Dr Arruda a répété ce matin qu'en janvier il avait envoyé ces informations-là, il
l'a dit, sur plusieurs tribunes, là. Donc, vous dites que c'est un plan pour
l'image du gouvernement. Est-ce que M. Arruda participerait à ça, selon
vous?
Mme Anglade : C'est une question
qu'il faut lui poser. Moi, ce que je sais, c'est que ces informations,
effectivement, sur les personnes aînées existaient au Québec depuis le mois de
janvier et qu'aucune directive n'a été émise par le gouvernement en ce sens
pour aller protéger les gens dans les CHSLD.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que vous pensez que la construction du troisième lien peut être carboneutre,
Mme Anglade? La construction.
Mme Anglade : Quand j'ai
entendu ça, je vais vous dire, j'ai pensé que c'était une blague. J'ai pensé
que c'était une blague. C'est absurde, comme commentaire, de penser que la
construction du tunnel peut être carboneutre. Et en fait, hier, le premier
ministre disait que les gens pelletaient dans les nuages. Mais c'est le gouvernement
lui-même qui, sur le troisième lien, est en train de pelleter des nuages.
Le Modérateur
:
Dernière en français.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez probablement vu, là, la vidéo qui circule actuellement, là, qu'on dit que… — peut-être
pas ou…
Mme Anglade : Non, peut-être
pas. Je ne sais pas.
M. Laforest (Alain) : …votre
équipe de communication vous a peut-être avisée — où on enseigne en Ontario
que la loi n° 21 est islamophobe. Vous en pensez
quoi?
Mme Anglade : Bien, je pense
que les lois sont décidées au Québec, et que les Ontariens devraient se
préoccuper de ce qui se passe chez eux sur cet enjeu-là. Les lois du Québec, je
demande... peu importe les opinions que l'on peut avoir, là, moi, je défendrai toujours
le droit du Québec de voter ses propres lois.
M. Lachance (Nicolas) : La
CSQ qui a demandé un mandat de grève générale illimitée dans le dossier des
garderies, disant qu'ils viennent de frapper un mur, qu'est-ce que vous avez à
dire là-dessus?
Mme Anglade : La manière de
fonctionner du gouvernement, qui est d'imposer sa manière de faire — je
rappelle qu'on est, encore aujourd'hui, en gestion de… sous décret sanitaire
d'urgence — cette manière de fonctionner, cette manière de vouloir
tout contrôler, de ne pas faire de reddition de comptes, de ne pas vouloir
collaborer, bien, ça mène aussi à ces situations-là, notamment dans nos services
de garde. Et ça me préoccupe beaucoup, cette manière de faire les choses, de ne
pas collaborer, et voilà où ça nous mène.
Le Modérateur
: En
anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay
(Cathy) : Ms. Anglade, are you asking Danielle McCann to leave cabinet today or to apologize?
Mme Anglade :
I'm asking the Government Legault to tell us why is it that he lied to the
population, that he lied to Quebeckers. They lied to Quebeckers. They told
Quebeckers that there was a clear directive telling how we should deal with the
virus, back in January, February. It wasn't true. It wasn't true. So, I want to
know why they lied to the population.
Mme Senay (Cathy) : Why do you say they lied? Because lying in front of a coroner, I
mean, this is…
Mme Anglade :
They said something that was not true. They said that there were directives
that was sent to senior homes when it was not the case. It was not case. So, if
they can prove it, please, they should feel free to do so today. But I haven't
seen a single report showing that they did what they said they did. This is
lying.
M. Authier (Philip)
:
Do you think the coroner… I think she has the power, but should she reconvene Mme McCann to ask more questions, or Mme
Blais, for example? She's not well, but when she's better, I mean. But, in the
immediate, should the coroner bring McCann back?
Mme Anglade :
The coroner should decide to do everything in her power to get down to the
truth, to really understand what happened. And, if it means calling back people
to come and testify, then, she should be doing so.
Mme Senay (Cathy) : …Legault Government, I remember, like, the Premier, they were
really, really proud of how they managed the crisis, in the first months of it,
of the pandemic. What is troubling and the population should know about, what's
happening today with the new revelations, the ombudsman's report? I mean, why
they should be worried about this?
Mme Anglade :
Why the Government…
Mme Senay (Cathy) : …revelations, as compared to…
Mme Anglade :
Why Quebeckers should be worried about?
Mme Senay (Cathy) : Yes.
Mme Anglade :
Well, Quebeckers should be worried about the fact that we have a Government
that is really not transparent, we have a Government that doesn't want to tell
the truth. We've seen it with the directive given to senior homes, but we've
also seen it in the reports. We heard one thing and the opposite, last week,
regarding the reports, and clearly there was no… there were only
contradictions. So, people should be worried that this Government is more
interested in managing its image than actually telling the truth to Quebeckers.
Mme Senay (Cathy) : But you've been asking for a public independent inquiry for months.
It was always rejected. Why do you think, now, the Government should accept
this? Why?
Mme Anglade :
Everyday that goes by tells us that we have more questions to ask and more
areas that are really not clear about the way the pandemic was managed.
And I want to take a step
back for just one minute. We all understand that this was a very difficult time
to manage, we all recognize that it was not easy to face the situation. But, at
the end of the day, the responsibility of the Government is to tell the truth,
to tell us what happened, so we can better prepare in the future, and also to
bring closure to something that was extremely hard for people that have lost
their loved ones.
Une voix
:
Merci beaucoup.
Mme Anglade : Merci.
(Fin à 9 h 3)