(Huit heures deux minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Ça fait plusieurs semaines, plusieurs mois même, que vous nous entendez
parler de crise de logement. Hier, dans un échange, la ministre a rajouté une
couche à la non-reconnaissance de la crise du logement. Je nous rappelle, elle
a dit : On n'est pas du tout dans une crise de logement. Quelle
déconnexion! Il ne faut pas être un tant soit peu branché sur le monde pour
dire des choses comme celles-là, malgré le fait, on va se le dire, qu'avec
toutes les interventions qui ont été faites dans les dernières semaines, il me
semble que c'est son dossier, là, elle aurait pu se retourner puis aller voir
le monde.
Elle, elle nous parle de chiffres, elle nous
parle de taux d'inoccupation. Nous, on lui parle des gens derrière ces
chiffres-là. On lui parle des gens qui composent la population du Québec, une
vaste étendue de la population du Québec. Quand les gens ne sont pas capables
de payer le coût du loyer qui est demandé, ça rentre... ce loyer-là rentre dans
le taux d'inoccupation. Quand les gens veulent... sont capables de payer un
loyer, mais ils ne veulent pas prendre ce loyer-là parce que c'est un taudis,
ce loyer-là rentre dans le taux d'inoccupation. La ministre nous dit : Il
n'y a pas de crise, le taux d'inoccupation ne justifie pas qu'on appelle ça une
crise. Non, mais attendez, là. Est-ce qu'elle est allée voir c'est quoi, les
coûts de ces logements-là, ou l'état de ces logements-là?
Vous savez, il y a eu des bons coups dans
les derniers jours. Enfin, la ministre s'est réveillée. Enfin, la CAQ s'est
réveillée. 1 500 logements abordables à travers le Québec, c'est bon.
C'est vraiment bon. Bien, c'est un bon début, en tout cas. 100 millions
pour réparer les HLM que ça fait des années et des mois que, nous, on tape sur
ce clou-là, qu'il y en a, des logements. C'est juste qu'ils ne sont pas
rénovés. C'est bien, mais qu'est-ce qu'elle aurait fait si on n'avait pas été
là? Qu'est-ce qu'elle aurait fait? Je sens qu'elle réagit… on sent qu'elle
réagit parce qu'on a brassé la cage, parce qu'on a exposé ici la réalité vécue
par des centaines de milliers de locataires à travers le Québec.
Alors, je pense qu'il y a des bons pas qui
ont été faits, on est en bonne voie. Mais l'enjeu, ça ne règle pas du tout ce
que vivent présentement les gens dans ma circonscription qui sont évincés au
1er juillet. Eux autres, là, ils ne seront pas capables de payer les taux…
les logements, pardon, qui composent le taux d'inoccupation. Alors, la ministre
doit prendre conscience de ça. Il lui reste un geste qu'elle peut
poser — elle peut en poser plusieurs autres — mais un qui
viendrait vraiment aider pas juste les 70 familles dans ma circonscription
du Manoir Lafontaine. Il y a 18 immeubles, présentement, dans Rosemont, en
rénovictions. Il y a des gens de Sherbrooke qui nous ont parlé d'avoir été…
d'avoir reçu leur lettre d'éviction à cause des rénovations. Même chose au
Saguenay, bon, partout à travers le Québec.
Alors, j'invite la ministre à continuer sa
marche vers la prise de conscience de la crise du logement et de déposer un
moratoire contre les évictions. On est en pandémie. Ils l'ont fait l'an
dernier, ils sont tout à fait capables de le faire pour enlever le stress que
vivent présentement les familles qui ont reçu leur lettre d'éviction, et
certains, seulement en anglais, en passant.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. Bonjour, tout le monde. Ce matin, je vais déposer un projet de loi pour
instaurer une pause-vaccin pour l'ensemble des travailleurs et des
travailleuses du Québec. L'objectif de ce projet de loi est simple :
s'assurer que tous les travailleurs, toutes les travailleuses au Québec vont
pouvoir aller se faire vacciner, dans les prochaines semaines, sans perdre un
seul dollar de salaire. La vaccination pour la population active commence, le
ministre de la Santé nous dit que le mois de mai sera le mois de la vaccination.
Bien, pour que ça marche, il faut lever toutes les barrières économiques à la
vaccination. Il faut qu'il n'y ait aucune raison de ne pas aller se faire
vacciner ou de reporter, même de quelques jours, son rendez-vous de
vaccination.
Je vous rappelle qu'il y a près de 125
professionnels de la santé qui ont appuyé cette proposition de Québec
solidaire. Je vous rappelle que, cette semaine, les deux grandes centrales
syndicales du Québec, la CSN et la FTQ, ont appuyé la proposition de Québec
solidaire. Je vous rappelle que de nombreuses compagnies privées le font déjà.
Je vous rappelle que les CDC aux États-Unis en ont fait une recommandation
officielle. Il y a un consensus au Québec, au Canada, à travers le monde, sur
le fait que les barrières économiques à la vaccination doivent être levées. Je
ne demande pas à François Legault de devenir socialiste, je lui demande d'être,
au moins, aussi protravailleur que Jason Kenney qui a, en Alberta, promulgué
une pause-vaccin, je pense qu'il est assez progressiste pour ça.
Journaliste
: …
M. Nadeau-Dubois : Je veux
vous parler d'un deuxième sujet juste avant. Hier…
Journaliste
: …
M. Nadeau-Dubois : …oui, il y
avait une bonne pause, bien, prendre mon souffle, j'ai dit : Jason Kenney
et progressiste dans la même phrase, ça fait que ça prend un moment pour se
remettre sur pied. Hier, on a reçu une super belle nouvelle, hier, on a reçu,
je pense, honnêtement, là, la meilleure nouvelle dans notre lutte contre la
COVID-19 depuis très longtemps, on a appris que Joe Biden appuyait la
suspension des brevets sur les vaccins contre la COVID-19. Ça, c'est un point
tournant dans notre lutte mondiale contre le virus. Québec et Ottawa doivent
répondre présent à l'appel à la solidarité lancé par Joe Biden.
Pfizer-BioNTechprojette des profits de 26 milliards de dollars seulement
grâce à son vaccin contre la COVID‑19.
Ce matin, je vais déposer une motion à
l'Assemblée nationale pour que, d'une seule voix, cette Assemblée affirme que
les vies humaines doivent passer avant les profits des multinationales
pharmaceutiques. Ce n'est pas une question de charité, c'est une question de
solidarité, et c'est dans notre intérêt de s'assurer que toute la planète soit
vaccinée le plus vite possible. Il n'y aura aucun Québécois, aucune Québécoise
en sécurité tant et aussi longtemps que toute la planète ne sera pas vaccinée.
Cette motion-là va donc demander au
gouvernement du Québec d'appuyer le geste de Joe Biden et la motion va
également demander au gouvernement québécois de faire pression sur Ottawa pour
qu'autour de la table de l'Organisation mondiale du commerce le Canada vote du
bon bord, avec Joe Biden, pour la suspension de tous les brevets sur les
vaccins contre la COVID-19.
M. Laforest (Alain) : Alors,
je reviens ...votre proposition concernant le congé de quatre heures, ça a déjà
été refusé. Pourquoi ça changerait aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai
posé, la semaine dernière, la question au Dr Arruda, qui est le
responsable de la santé publique, et il m'a dit que la réflexion se poursuivait
au sein de la santé publique québécoise. Alors, je n'ai pas perdu espoir. Je
pense qu'il ne faut pas prendre de chance, il faut avoir une approche
préventive. Il faut, avant que les problèmes arrivent en termes d'accès à la
vaccination, mettre toutes les chances de notre bord. On ne peut pas se
permettre que même 10 000, 15 000 ou 20 000 personnes reportent
leur vaccination à cause de contraintes liées à leur horaire de travail.
Mme Prince (Véronique) : En
même temps, M. Nadeau-Dubois, au début, là, quand un nouveau groupe peut
s'inscrire, au début, il y a comme un engouement, tout le monde se pitche sur
les plages, comme on dit. Mais après, quelques jours après, il y a plein de
plages vides, alors, même les fins de semaine, même les soirs. Alors, c'est
pour ça que je pose la... je comprends le point de dire : Une pause vaccin
est nécessaire, là. Mais est-ce qu'il y a quand même une pertinence sachant
qu'il y a des plages vides qui finissent par se libérer la fin de semaine?
M. Nadeau-Dubois : À cette
question-là, il y a récemment 125 professionnels de la santé qui ont répondu,
oui, 125 professionnels de la santé, pas du monde de Québec solidaire, pas des
militants syndicaux, des épidémiologistes, des gens crédibles comme Alex
Carignan, des gens comme Roxane Borgès Da Silva à l'Université de Montréal qui
ont dit : Il faut lever...
Mme Prince (Véronique) : ...il
y a des gens qui ne sont pas capables de prendre...
M. Nadeau-Dubois : Mais, moi,
ce que je vous dis, c'est qu'on ne peut pas prendre de chance, on ne peut pas
prendre de chance, il faut lever préventivement toutes les barrières
économiques à l'accès au vaccin. Puis vous avez bien raison que, dans les
premiers jours, on constate une ruée vers les vaccins. C'est facile, ça, c'est
les gens qui étaient très impatients de se faire vacciner. Moi, ma question,
c'est qu'est-ce qu'on fait avec les autres qui ont peut-être des conditions de
vie plus difficiles et pour qui c'est plus difficile d'avoir accès au vaccin?
Paradoxalement, ce sont aussi souvent ces
gens-là qui sont les plus exposés au virus. Les gens qui travaillent dans les
épiceries, les gens qui travaillent dans les restaurants, les gens qui
travaillent dans les transports en commun. Ces gens-là ont des horaires de travail
exigeants. Il faut les accommoder au maximum.
Mme Lévesque (Fanny) : Quel
genre d'indication vous avez là-dessus? J'imagine, les gens vous appellent ou
on parlait beaucoup des professeurs au début, là. Là, maintenant, quel genre
d'appel vous avez ou quel genre de préoccupation vous entendez?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
reçoit deux types de messages de la part des gens. On a des gens qui nous
écrivent pour nous dire : Aïe! moi, mon employeur l'a fait et ça a été
vraiment le fun parce que ça m'a facilité la vie. Je suis une mère
monoparentale, j'ai deux enfants, aller prendre un rendez-vous à 7 heures
le soir, c'est compliqué, donc le deux, trois heures que m'a données mon
employeur durant la journée, ça m'a vraiment permis d'y aller à la première
plage disponible.
Parce que c'est ça, l'objectif. Pas juste
que tout le monde se fasse vacciner d'ici deux mois, que tout le monde soit en
mesure de prendre la première plage disponible. Ça, c'est le premier type de
témoignages qu'on reçoit, puis on reçoit aussi des témoignages de gens qui nous
disent, et ça a beaucoup été des gens dans les services publics : On
trouve ça inacceptable que notre employeur ne fasse pas partie de la solution.
On trouve ça inacceptable qu'ils soient rigides comme ça alors qu'ils ont une
responsabilité sociale d'être flexible. Et d'ailleurs, le premier ministre est
d'accord, il a fait un appel en ce sens en point de presse.
Nous, on dit : C'est beau faire des
appels en point de presse, il faut instaurer des règles uniformes pour tout le
monde.
M. Larin (Vincent) : Qu'est-ce
que vous pensez de l'idée de mettre en place un passeport vaccinal qui permette
de rouvrir les restaurants plus rapidement?
M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai
tendance, sur ce sujet-là, à être d'accord avec les plus récentes déclarations
d'Horacio Arruda, qui disait : Attention à ne pas surestimer les
avantages et sous-estimer les risques. C'est une question délicate qui doit
faire l'objet d'un débat public et qui doit faire ici, à l'Assemblée nationale,
l'objet d'une commission parlementaire pour qu'on entende les experts sur cette
question-là, comme on l'a fait dans le cas, par exemple, de l'application pour
lutter contre la COVID-19.
M. Larin (Vincent) : Selon
vous, on sous-estime les inconvénients de gérer un tel système?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
pense que les avantages sont faciles à voir, mais que ça vaut la peine de
prendre un peu de temps pour se pencher sur les risques potentiels.
M. Larin (Vincent) : Qu'est-ce
que vous voyez comme risques potentiels?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
est en pleine crise du logement. Est-ce que, par exemple, des propriétaires ne
pourraient pas décider d'exiger un passeport vaccinal pour louer un
appartement? La question se pose. Ça, c'est un risque potentiel d'utilisation
problématique. Est-ce que, pour obtenir un emploi, un employeur pourrait
l'exiger? Ça également, c'est une question qui mérite qu'on y réfléchisse.
Est-ce que ça pourrait être une exigence pour entrer dans un cégep ou une
université alors que l'éducation est un droit? Ce n'est pas des questions
faciles à trancher. C'est des questions éthiques lourdes de conséquences sur la
vie des gens et je pense que d'ici à ce que la campagne de vaccination se
termine, ce n'est quand même pas demain matin, on a le temps, à l'Assemblée
nationale, d'entendre les experts sur ces enjeux-là.
M. Lacroix (Louis) : Quand
vous avez entendu, mardi, le premier ministre, M. Dubé, Horacio Arruda,
insister mais durant toute la conférence de presse sur l'invitation à aller se
faire vacciner, M. Legault a même dit : Si vous êtes vaccinés, vous
avez des amis qui sont réticents, essayez de les convaincre, puis on a insisté,
insisté, insisté. Avez-vous l'impression qu'ils craignent de ne pas atteindre
les objectifs qu'on s'est fixés, le fameux 75 % au 24 juin? Parce que,
comme disait Véronique tout à l'heure, il y a un engouement quand on ouvre des
plages, puis ensuite ça réduit. Avez-vous l'impression qu'on pourrait manquer
la cible?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
préfère être optimiste, et c'est pour ça que je propose de mettre toutes les
chances de notre bord puis qu'on ne prenne pas de chance. Je veux dire, trois
heures de congé ou quatre, ça ne mettra aucune business, au Québec, en
faillite, là. On peut-u se donner toutes les chances? On peut-u lever
préventivement toutes les barrières économiques, et qu'on travaille dans un
Loblaws ou qu'on travaille dans une école, bien, qu'on puisse aller se faire vacciner
sur notre temps de travail sans perdre un seul dollar de salaire? Moi, je pense
que ça, c'est le genre de geste à poser, qui a un impact bien plus concret dans
la vie des gens que des incantations en point de presse pour dire :
Convainquez vos amis puis votre famille. Par ailleurs, il faut le faire, là,
convaincre nos amis puis notre famille, c'est superimportant, et je ne rate
jamais une occasion, personnellement, de le faire en personne sur les médias
sociaux, mais la bonne volonté, c'est bien, les gestes politiques concrets,
c'est mieux.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous pensez qu'on va l'atteindre, le fameux 75 %, vous êtes confiant,
vous?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
préfère être optimiste, je préfère être optimiste, mais ce n'est pas gagné, ce
n'est pas gagné, il faut mettre toutes les chances de notre bord, puis le
gouvernement ne doit pas renier une solution simplement parce qu'elle vient
d'un parti d'opposition.
Mme Prince (Véronique) :
Avez-vous l'impression que le gouvernement a voulu écouler un peu à rabais les
doses d'AstraZeneca, alors que les gens, finalement, on s'est aperçu qu'ils
pouvaient attendre trois semaines, un mois de plus et avoir des Pfizer,
Moderna? Il y a des inquiétudes quand même par rapport à ça, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Les
problèmes de communication des derniers jours, ce n'est pas l'idéal, c'est sûr,
c'est dommage. Ceci étant dit, les scientifiques sont des scientifiques, ils
donnent leur opinion scientifique, puis je pense qu'il ne faut pas leur en
vouloir de le faire avec honnêteté, puis je pense que c'est ce qui a été fait
dans cette histoire-là.
Ceci étant dit, maintenant, c'est au
gouvernement de clarifier le message. Moi, je m'attends à ce que, dans les
prochaines heures, le gouvernement du Québec reclarifie la situation et envoie
un message clair parce qu'on ne peut pas ne pas tout faire pour renforcer la
confiance dans la vaccination puis la campagne de vaccination.
La Modératrice
:
Dernière question en français.
M. Bergeron (Patrice) : Mme
Massé, vous avez parlé tout à l'heure de déconnexion, c'est un terme qui est
revenu dans les dernières semaines, et que la cheffe de l'opposition officielle
a aussi utilisé, est-ce que vous avez l'impression que cette étiquette-là, pour
le gouvernement Legault, pour M. Legault, est en train de coller, vous revenez
avec ce terme-là un peu comme avec Mario Dumont, on parlait d'une girouette,
là. Est-ce que c'est en train de devenir un «hashtag», être déconnecté, pour le
gouvernement Legault ou...?
Mme Massé : Bien, pour nous
autres, ça commence à être pas mal un «hashtag», dans le sens où, déjà l'année
dernière, lorsqu'il gérait la crise dans sa première vague, deuxième vague, on
n'a pas hésité à démontrer comment sa déconnexion du terrain faisait en sorte
que nos travailleuses étaient mal protégées au niveau de l'équipement, que nos
écoles n'étaient pas à la hauteur des besoins de prévention et de précaution par
rapport à la transmission aérosol, alors que, sur le terrain, on proposait, à
l'époque, une cellule terrain, qu'il ait sa cellule de crise, mais qui se lie
avec une cellule terrain puisqu'il ne semble pas écouter beaucoup les partis d'opposition.
Alors là, ça, c'était l'an dernier.
Et là, on arrive encore avec cette
déconnexion notamment au niveau du logement où là, c'est plutôt évident. En
tout cas, moi, ça m'apparaît d'une évidence crasse que, s'il n'y avait pas eu
Québec solidaire pour lever le flag, pour lever le drapeau puis de dire :
Les gens qui sont locataires ne peuvent plus se payer de logement, il y a une
crise du logement, bien, je ne pense pas qu'on serait arrivés avec les annonces
dernièrement. Et à preuve... Et à preuve, c'est que ce n'était pas dans le
budget.
M. Laforest (Alain) : Une
dernière au leader, parce qu'hier on a eu une réponse coquille d'oeuf
concernant Marie-Eve Proulx, on avait l'impression que vos deux députés
marchaient sur des oeufs cassés. Qu'est-ce que vous en pensez de toute cette...
Non, non, c'était vraiment une réponse coquille d'oeuf.
M. Nadeau-Dubois : Mais je ne
connaissais pas le vocabulaire «réponse coquille d'oeuf». On dirait un nom de
couleur.
M. Laforest (Alain) : Bien,
c'est parce que... Tu marches sur des oeufs, c'est dangereux, tu marches sur
les coquilles, ils sont déjà cassés.
Une voix
: Il vient de
l'inventer.
M. Nadeau-Dubois : O.K. C'est
ça.
M. Laforest (Alain) : Vous
pouvez le reprendre, c'est une réponse coquille d'oeuf. Non, mais qu'est-ce que
vous en pensez de tout ça, Marie-Eve Proulx, là, la façon dont ça a été géré
dans les derniers jours? Exclue du Conseil des ministres, ça fait un an qu'on
le sait.
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que François Legault a manqué de transparence dans cette histoire-là. Nous, on
entend dans les médias, des journalistes, des commentateurs, qui disent que son
cabinet et lui sont au courant depuis des mois, voire des années, qu'il y a un
climat toxique autour de Marie-Eve Proulx. Qu'est-ce qui s'est passé pendant
tout ce temps-là? Là, elle est trop radioactive pour être au Conseil des
ministres, mais en même temps c'est correct qu'elle reste députée. Moi, je ne
comprends pas, je ne comprends pas. Puis je n'ai pas connaissance des faits, je
n'ai pas connaissance des faits. Mais de l'extérieur, avec la distance qui est
la mienne, je ne comprends pas et je trouve que le premier ministre a manqué de
transparence dans sa gestion de cette situation-là.
M. Larin (Vincent) : Qu'est-ce
que ça implique si des fonds publics ont servi à payer pour les règlements hors
cour dans le dossier de Mme Proulx?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je n'ai aucune information là-dessus. Ça dépend de quels fonds publics vous
parlez. Il y a un régime d'indemnisation, au niveau des frais juridiques, pour
les députés, qui est administré de manière indépendante par le jurisconsulte de
l'Assemblée nationale. Moi, je ne veux pas politiser ça. Je n'ai pas d'information
sur quels fonds publics ont été utilisés ou pas dans le cas de Mme Proulx.
M. Bergeron (Patrice) :
Il y a déjà des parlementaires qui se sont exprimés... Il y a déjà des
parlementaires qui ont exprimé leur malaise par rapport à siéger aux côtés
d'une députée qui a fait l'objet de nombreuses allégations de harcèlement et
qui a le droit encore de siéger dans la même Chambre puis qui ne contrevient
pas, théoriquement, là, au code d'éthique et de déontologie des députés. Vous,
vous ressentez ce même malaise-là?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je partage ce malaise parce qu'on ne sait pas ce qui s'est passé, on ne sait
pas ce qui s'est passé. Il y a des bribes qui sortent à travers les médias, il
y a une décision politique du premier ministre de mettre le couvercle sur la
marmite en la sortant du Conseil des ministres, mais l'affaire reste entière.
Moi, je partage ce malaise.
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce qu'elle devrait réfléchir à son avenir, Mme Proulx?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
elle devrait réfléchir au fait...
M. Lacroix (Louis) : Parce
qu'il y a encore des employés à son bureau de comté.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
oui. Elle devrait réfléchir sur le fait... comment dire? Les députés, on
devrait être exemplaires sur le plan des relations de travail, le harcèlement,
l'intimidation, le climat toxique dans un milieu de travail ça ne devrait pas
exister nulle part au Québec, puis les gens qui votent les lois devraient être
exemplaires, et je n'ai pas l'impression que c'est le cas avec Mme Proulx,
c'est le moins qu'on puisse dire.
Mme Prince (Véronique) :
Moi, j'aimerais vous parler du désengagement policier, là. Je ne sais pas si
vous avez vu le dossier qu'on a fait là, c'est-à-dire des policiers qui ont
tellement peur finalement de se faire filmer dans une intervention ou qu'ils se
retrouvent devant le comité de déontologie. Justement, ils ont tellement peur
qu'eux-mêmes marchent sur des oeufs et hésitent à faire certaines interventions
à cause de ce climat-là.
M. Nadeau-Dubois : À
cause spécifiquement de la question des caméras, le fait d'être filmés?
Mme Prince (Véronique) :
À cause des caméras, mais aussi parce qu'ils ont peur d'être dénoncés. Tu sais,
il y a un climat sur les réseaux sociaux qui fait en sorte que les policiers,
finalement, sont vraiment encore plus scrutés à la loupe que jamais, là, tu
sais.
M. Lacroix (Louis) : Ce
qu'on appelle des policiers coquille d'oeuf.
M. Nadeau-Dubois : Si des
citoyens, citoyennes n'avaient pas pris leurs téléphones intelligents pour
documenter certains abus policiers, il y a des injustices qui seraient restées
impunies. Je pense qu'on ne peut pas reprocher aux citoyens puis aux citoyennes
de documenter certaines interventions policières quand ces citoyens et
citoyennes là ont l'impression qu'il y a quelque chose de pas correct qui se
passe. Ça ne veut pas dire qu'il faut prendre pour argent comptant ces
vidéos-là. Il y a des processus de déontologie qui doivent être améliorés. Il y
a des processus d'enquêtes indépendantes qui doivent être améliorés. Mais moi, je
ne ferai pas le procès des citoyens et citoyennes qui, constatant une situation
qui pourrait être une injustice, ne prennent pas de chance et la documentent.
La Modératrice
: On va
passer en...
Une voix
: ...
La Modératrice
:
Dernière, dernière, dernière.
Mme Lévesque (Fanny) :
Rapide, rapide. On apprenait ce matin qu'il y a des patients en fin de vie qui
ont été transférés dans un hôtel de Laval. La tapisserie tombe des murs, il y a
du tapis par terre. C'est inacceptable, selon les familles. Qu'est-ce qu'on
devrait faire, donc, rapidement pour régler cette problématique-là?
M. Nadeau-Dubois : Je
pense qu'il faut faire preuve de compassion. Il y a... Je pense qu'il n'y a personne
qui souhaite finir ses jours dans des circonstances comme celles-là. Tu sais, il
y a des gens qui ont les moyens de se payer des gens qui vont être à la maison
pour prendre soin d'eux. Il y a du monde qui n'ont pas ces moyens-là. Je pense
que notre système de santé doit faire preuve de plus de compassion puis trouver
une manière de mieux accompagner ces gens-là dans leurs derniers moments.
Mme Lévesque (Fanny) :
...déplace...
M. Nadeau-Dubois : Je
pense qu'il faut trouver un endroit plus digne, plus confortable, plus paisible
pour finir leurs jours.
La Modératrice
:
Merci...
Mme Massé : Puis il n'en
manque pas à Laval.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
puis par ailleurs je pense qu'il y a plein de beaux endroits à Laval.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
M. Nadeau-Dubois : Oui, parce
que, là, c'est nos amis des autres formations politiques qui vont être fâchés.
Mme Senay
(Cathy) : I'll be quick. It's Mother's Daycoming
soon. Yes. And did you see the latest ad campaign from the Government reminding people that they are
not fully immune with one shot? What are your fears regarding Mother's Day
coming in a few days and, like a small portion of the population have received
a second dose?
M. Nadeau-Dubois : We have to stay focused. We have to stay focused on our objective.
And our objective is : Let's get through that third wave. Let's get
everyone a shot of the vaccine, everyone that wants it, as soon as possible.
Let's not take any chances. We've heard stories of people taking a chance one
time for one party and infecting dozens of people around them. Let's not take a
chance. Let's do a Zoom call or a walk outside with our mother this weekend.
And next year we'll have a real party.
Mme Senay (Cathy) : But you know what the feeling of being, when you receive the first
shot... I tend to feel it myself. The people are feeling : Oh! that's it,
liberty is coming. Right? And the fact that the Government have to put together an ad campaign tells you... it tells us that
the message does not get across. ...it's funny that you're saying a Zoom call,
but you know that people are sick of this and...
M. Nadeau-Dubois : I am sick of this, I understand. You know, it's OK to be optimistic, but we have to stay
careful. The cost of too much optimism at this point in our fight against the
pandemic, is heavier, heavier than the emotional cost of maybe having a
Mother's Day a little bit less nice this year.
Des voix
: Merci.
(Fin à 8 h 27)