(Neuf heures cinq minutes)
M. Lacombe : Bien, bonjour, tout
le monde. Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Donc, bien, aujourd'hui,
je suis avec mon collègue Jean Boulet — bonjour, Jean, merci beaucoup
d'être avec moi aujourd'hui — pour cette annonce, pour vous parler,
je dirais, du plus grand chantier, dans les années à venir, pour le réseau des services
de garde éducatifs à l'enfance : la main-d'oeuvre.
D'abord, je dois vous dire que les gens
qui sont déjà là, qui sont déjà dans le réseau, peu importe leur travail, que
ce soient des éducatrices, des cuisiniers, des cuisinières, des directeurs, des
directrices, ce sont des gens merveilleux qui n'ont pas un travail facile en ce
moment. Puis je reçois beaucoup de messages, je reçois beaucoup de témoignages,
je sais que c'est difficile en ce moment, notamment avec le port des
équipements de protection individuelle, notamment à l'extérieur. Mais je veux
les remercier d'être là pour assurer le bien-être puis le développement de nos
tout-petits.
Mais ce personnel dont je viens de parler
a besoin d'aide, clairement. Ils ne sont pas assez nombreux en ce moment. Les
besoins, ils se font sentir un peu partout au Québec pour tous les postes en question.
La situation de la rareté, en tant que telle, elle n'est pas nouvelle. C'est quelque
chose qu'on aperçoit, qu'on voit venir déjà depuis un moment.
Par contre, comme pour bien d'autres
domaines, la pandémie a exacerbé la situation. Les exigences de la pandémie
sont venues aggraver cette rareté qu'on connaissait et qui s'est transformée en
pénurie de main-d'oeuvre. Pour répondre aux besoins des familles, donc, on doit
proposer des solutions applicables dès maintenant et d'autres solutions qui
vont être viables à plus long terme. Je vous le dis, aujourd'hui, je fais de la
pénurie de main-d'oeuvre ma priorité pour les derniers mois qui nous restent
encore au mandat.
On lance donc aujourd'hui l'opération
Jetravaille! dans les services de garde éducatifs à l'enfance afin de répondre
aux besoins actuels, aux besoins qui sont actuellement criants dans le réseau. On
veut ainsi diriger les personnes qui sont à la recherche d'un emploi actuellement
vers les différents besoins qu'on a dans le réseau. Le recrutement sera donc
facilité pour les services de garde éducatifs.
Pour connaître l'ampleur des besoins, parce
que, je vous le rappelle, c'est parfois difficile à concevoir, mais ce n'est
pas le ministère de la Famille qui est l'employeur des éducatrices ou des
éducateurs puis de l'ensemble du personnel, le ministère de la Famille est le
bâilleur de fonds, mais n'est pas l'employeur, donc, pour connaître, nous,
l'ampleur des besoins, j'ai demandé, il y a maintenant plus d'un mois, à ce que
l'ensemble des gestionnaires du réseau affichent leurs postes vacants sur une
seule et même plateforme, ce qui n'était pas le cas auparavant.
Donc, on parle, bien sûr, de la plateforme
Jetravaille! C'est la première fois qu'une telle opération est entreprise dans
notre réseau. En date d'aujourd'hui, ce sont plus de 1 300 postes qui
sont affichés, dont plus de 1 100 postes d'éducatrices ou
d'éducateurs, mais il y a aussi d'autres besoins dans d'autres types d'emplois.
Je pense aux préposés à l'entretien, aux responsables de la cuisine,
l'alimentation ou de tout autre employé qui oeuvre, bien sûr, dans un service
de garde éducatif à l'enfance.
C'est donc, je pense, un message clair que
je lance aujourd'hui. Si vous êtes à la recherche d'un emploi, si vous êtes
intéressé par le développement des enfants, le réseau a besoin de vous. Donc,
vous pouvez aller sur le site Jetravaille! Vous allez trouver facilement des
emplois dans toutes les régions du Québec. On veut, sincèrement, préserver le
réseau des services de garde éducatifs à l'enfance, un réseau dont on est si
fiers au Québec. Mais, pour ça, ça nous prend des gens qui vont vouloir y
travailler. Et nous, on pense que les gens qui actuellement cherchent un
travail peuvent assurément faire partie de la solution.
Tous les membres du personnel actuel vont
vous le dire, c'est fascinant de voir les tout-petits se développer au
quotidien, de faire partie de leur parcours et de les aider à se développer. Ça
peut être des occasions, pour vous, de changer des petites vies, d'avoir une
empreinte durable sur les tout-petits que vous allez accompagner dans un
milieu, bien sûr, qui n'est pas toujours facile, ça, c'est clair, mais qui est
très valorisant, surtout de par les sourires quotidiens que les éducatrices
reçoivent.
C'est clair que, je le disais tantôt, il y
a des défis actuellement avec les mesures qui sont dues à la pandémie. Mais, je
veux le répéter, autant pour les gens déjà à l'emploi du réseau que pour ceux
qui se demandent s'ils devraient venir nous donner un coup de main en y
travaillant, la santé et la sécurité du personnel sont vraiment nos priorités
en ce moment.
Mon collègue Jean Boulet va aussi vous
parler d'une autre action pour attirer de la nouvelle main-d'oeuvre qualifiée.
Parce que, bien sûr, on fait appel un peu à tout le monde, qualifié ou non,
mais éventuellement, bien sûr, l'objectif, c'est d'avoir davantage de personnel
qualifié, donc avec la formation appropriée.
Comme ministre de la Famille, bien sûr,
j'ai donné les moyens aux gens sur le terrain de développer présentement des
milliers de places qui vont répondre à des besoins criants pour les parents.
Mais, si on ne s'occupe pas de cette question, si on ne s'occupe pas de cette
question de pénurie de main-d'oeuvre, bien, le développement de places, il est
en péril. Donc, on doit absolument, je le répète une fois de plus, s'y
attaquer, et la pénurie de personnel, j'en fais vraiment ma priorité.
Donc, je vous remercie pour votre intérêt
envers les enfants, et, je vous le rappelle, si vous êtes à la recherche
actuellement d'un emploi, Jetravaille!, c'est la plateforme où vous allez
trouver tous les emplois qui sont disponibles partout au Québec. Merci.
M. Boulet : Merci. Bon matin.
Écoutez, la pénurie de main-d'oeuvre, c'est effectivement un phénomène, vous le
savez tous, qui existait avant le début de la pandémie. La population au Québec
vieillit rapidement, il y a beaucoup de départs à la retraite, ce qui crée
beaucoup de postes vacants. Il y a des secteurs où c'est plus névralgique. Avec
la pandémie, vous le savez, j'en parle assez fréquemment, cohabitent deux
phénomènes : des secteurs où il y a du chômage pandémique et des secteurs
où il y a encore une pénurie de main-d'oeuvre.
Quand on dit «pénurie de main-d'oeuvre»,
ça veut dire : il y a des problèmes de disponibilité de personnes pour
répondre à des besoins spécifiques, et les services de garde à la petite
enfance, pour moi, c'est vraiment un incontournable. Qui n'a pas témoigné, qui
n'a pas côtoyé quelqu'un qui avait une problématique soit de rétention ou de retour
au travail en raison de son impossibilité d'avoir accès à des services de garde
à la petite enfance? C'est pourquoi c'est important de le réaliser dans un
contexte global.
Il y a les petits enfants, bien sûr, leur
épanouissement, on en parle depuis le début de la pandémie, pour nous, c'est
vraiment fondamental, et ils jouent vraiment un rôle crucial dans le tissu de
notre société.
Alors, je suis fier d'annoncer, moi, ce
matin, une aide de plus de 1 million de dollars aux regroupements des
centres de la petite enfance de la Montérégie et de la Côte-Nord pour la
formation d'éducatrices et d'éducateurs de la petite enfance. C'est une
formation qui va mener à une attestation d'études collégiales. Et c'est mis en
place vraiment pour pallier à la problématique de main-d'oeuvre dans les CPE de
ces deux régions.
La formation, pour moi, vous le savez, ça
m'apparaît essentiel. On a des besoins. C'est pourquoi cette annonce-là va
contribuer à combler les besoins de relève immédiatement en permettant aux
participantes et participants d'embarquer dans des projets de formation et de
travailler en alternance travail-études. Donc, c'est bénéfique pour tout le
monde. On fait trois jours de formation académique et deux jours en milieu de
travail. Donc, ça leur permet de parfaire leurs connaissances académiques et
leurs compétences pratiques.
Ces projets de formation là font suite…
Vous le savez, le 16 octobre dernier, on a tenu un forum sur la
requalification de la main-d'oeuvre et le rehaussement des compétences. On a fait
un dialogue social. Il y a eu un consensus. Il faut aider les personnes qui
sont affectées par la pandémie à rehausser leurs compétences. Et donc je pense
que c'est une orientation qui découle bien de ce forum-là. Les consensus,
d'ailleurs, qui sont ressortis du forum, bon, il faut soutenir le rehaussement
des compétences par la mise en place de moyens pour assurer un équilibre entre
l'offre… l'équilibre du marché du travail pour s'assurer d'une économie forte,
flexible et capable de s'adapter à toutes les situations.
Le financement qui est donné aux deux
regroupements, c'est dans le cadre d'un programme… On appelle ça un programme
de formation de courte durée dans des emplois qui sont en déficit de
main-d'oeuvre, et c'est des emplois que nous avons priorisés avec la Commission
des partenaires du marché du travail. En Montérégie, c'est une aide d'à peu
près 365 000 $.
Et, dès janvier 2021, il y a 20 éducatrices
et éducateurs qui sont à l'emploi ou nouvellement embauchés par des CPE qui
vont y participer. Ça mène au diplôme… à l'attestation technique d'éducation à
l'enfance. Et puis c'est le cégep Édouard-Montpetit qui va participer à
l'initiative. Ils réaménagent leur programme d'études. Ça va être une formule
flexible, innovante, permettant, comme je le disais, à la personne participante
de combiner à la fois les études et le travail.
Évidemment, il y a un programme de
subvention salariale. Donc, le CPE qui est l'employeur va recevoir une
subvention salariale équivalente à 70 % du salaire. Et, pendant la
formation académique, les participants, participantes vont aussi bénéficier
d'une compensation salariale.
J'aimerais souligner, d'ailleurs, que les
perspectives d'emploi jusqu'en 2023 dans la région de la Montérégie sont
excellentes pour la profession d'éducatrice, éducateur. Il y en avait à peu
près 20 000 qui étaient en emploi dans cette région-là en 2018. Sur la
Côte-Nord, les perspectives sont tout aussi intéressantes. 80 % de la
demande à venir, en termes d'éducatrices et d'éducateurs, servira au remplacement
de ceux et celles qui vont quitter pour la retraite.
C'est pourquoi on agit tout de suite, tout
en proposant, dans le cas de la région de la Côte-Nord, une aide financière de
700 000 $ qui va répondre, encore une fois, à ces besoins-là. Et ça va
débuter dès janvier 2020-2021, il y a 30 personnes qui vont pouvoir
participer au programme de formation, et ça va se faire en collaboration avec
les cégeps de Sept-Îles et de Baie-Comeau. Donc, ultimement, c'est les parents
des deux régions qui vont en bénéficier. C'est un besoin qui est urgent.
Il y a trois établissements collégiaux qui
ont fait preuve d'énormément d'agilité, avec nos collègues aussi, bien sûr, à
l'Enseignement supérieur, les regroupements de CPE de ces deux régions là, et
on travaille à ce qu'éventuellement ces deux projets là puissent être
pérennisés, d'une part, et puissent contaminer les autres régions du Québec,
donc qu'on puisse avoir accès à ce type de formation là en alternance,
travail-études, partout au Québec. Ça viendra en temps opportun.
Et je suis vraiment fier, pour conclure,
de m'associer à mon collègue Mathieu Lacombe, qui travaille extrêmement fort
pour qu'on puisse, comme société, contribuer à un recrutement plus intensif
pour répondre à nos besoins en matière d'éducation à la petite enfance.
Et la plateforme numérique, là,
Jetravaille!, vous le savez, l'arrimage se fait par intelligence artificielle
et géolocalisation. Donc, plus il y a de personnes qui vont pouvoir s'inscrire,
particulièrement dans le contexte actuel, plus rapidement on pourra faire
l'adéquation entre la personne qui veut et la personne qui a des besoins. Donc,
l'offre et la demande seront rencontrées, et ce sera pour le bénéfice de la
société tout entière et pour répondre de façon très adéquate aux besoins de
notre marché du travail. Merci beaucoup de votre attention.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce qu'on peut passer à la période des questions? Est-ce que ça vous va, si
je commence, les filles?
Des voix
: ...
Mme Prince (Véronique) : Oui?
Parfait. Je voudrais savoir, le ratio actuel en pandémie a été modifié, c'est-à-dire
qu'on permet, là, d'avoir une éducatrice sur trois qui n'a pas reçu la
formation versus, avant, c'était deux sur trois. Quand la pandémie va se
terminer — on s'imagine qu'un jour ça va finir, là — qu'est-ce
qu'on va faire avec les gens qu'on va avoir embauchés et qui ne seront pas
qualifiés? Est-ce que ces gens-là ne vont plus pouvoir travailler ou si on peut
leur offrir un genre de formation accélérée pour leur permettre de rester dans
le milieu s'ils ont envie de rester dans le milieu?
M. Lacombe : Bien, je pense
que la partie de l'annonce que vient de vous présenter M. Boulet peut
répondre à ce type de besoin là. C'est-à-dire, oui, on aura du personnel non
formé dans nos services de garde éducatifs à l'enfance. Et, quand on va revenir
au ratio, bien, on va vouloir qu'ils soient formés.
Et je dirais que de toute façon, même en
temps normal, on veut tendre vers un personnel qui sera 100 % formé. Donc,
M. Boulet vous a présenté une initiative dans deux régions du Québec. On
est en train de voir aussi comment ça peut, je reprends ses mots, contaminer le
reste du Québec. Et ça, c'est le meilleur exemple, c'est-à-dire vous avez ces gens
en emploi qui ne sont pas formés et qui peuvent être libérés par leur
employeur, tout en continuant de recevoir une rémunération, pour aller se
former à l'attestation d'études collégiales qui est un programme de courte
durée, tout en...
Mme Prince (Véronique) :
...encore plus court.
M. Lacombe : Bien,
c'est-à-dire, il y a un minimum, là, il y a un minimum de qualité qu'on doit
bien sûr conserver. Pour dire d'une éducatrice qu'elle est formée, elle doit
avoir réussi un certain nombre, là, de cours très spécifique. Je vous dirais
qu'actuellement la formation qualifiante la plus rapide, c'est l'attestation
d'études collégiales. La technique de trois ans, c'est toujours la voie royale,
la voie privilégiée. Mais l'attestation, elle est là pour les gens, souvent,
qui ont déjà de l'expérience.
Et on est en train de voir, peut-être pour
terminer là-dessus, avec la Fédération des cégeps, là, on est en train de
travailler avec eux pour voir comment on est capables même de rendre ça encore
plus ramassé, si vous me permettez l'expression, mais en ne faisant aucun
compromis sur la qualité.
M. Boulet : Si vous me
permettez, Mme Prince. On n'a pas la prétention de régler ça du jour au
lendemain, mais je pense qu'on fait un grand pas en avant. Et moi, je vous
assure que je travaille beaucoup avec, notamment, Mathieu et Danielle McCann à
l'Enseignement supérieur.
Parce que ce qu'on a convenu notamment, au
forum, c'est d'améliorer l'offre de formation au Québec, puis l'offre de
formation, ça passe par des solutions nouvelles comme l'alternance
travail-études. Il va falloir de plus en plus que les milieux de travail
deviennent ce qu'on appelle des milieux apprenants. Et l'alternance
travail-études, c'est bénéfique pour tout le monde parce que celui qui y participe,
il est compensé au plan financier, et ses connaissances académiques sont
enrichies par son expérience pratique, puis son expérience pratique est
enrichie par ses connaissances académiques.
Ceci dit, on se parlait tout à l'heure,
Mathieu et moi, puis on va faire l'inventaire des A.E.C., notamment, au Québec.
Il y en a, des formations de courte durée. Il y a des formations accélérées,
mais, encore une fois, comme on l'a fait pour les technologies de
l'information, on va trouver des nouvelles façons de faire puis avec les
collèges, avec la fédération des collèges du Québec, qui est extrêmement
ouverte à ce qu'on puisse élaborer des nouveaux programmes pour répondre le
plus rapidement possible aux besoins de notre marché du travail.
Puis le PARAF, il s'inscrit dans ce
courant d'idées là, et, avec les partenaires, on a dit : Bon, il y a
alternance travail-études, il y a apprentissage en milieu de travail,
formations de courte durée, les formations accélérées. Dans certains secteurs,
ça va être la formation traditionnelle. À quelque part non plus, il ne faudra
pas trop sacrifier sur les qualifications des personnes, mais on n'a pas fini.
Mme Prince (Véronique) : Puis
pourquoi... Tu sais, vous avez ciblé des régions, là, pour l'annonce
d'aujourd'hui, là, mais pourtant il y a beaucoup de régions où les besoins sont
criants, Montréal notamment. Il me semble que...
M. Boulet : C'est une
excellente question. Ça nous prend un promoteur collectif puis ça nous prend
des employeurs, et c'est cette structure-là qu'on est en train de développer
partout où il y aura une demande dans une région, venant d'un promoteur
collectif, puis on a déjà beaucoup de demandes.
Mais les deux qu'on annonce aujourd'hui,
je le répète, c'est des modèles, c'est des façons de faire qui vont répondre à
des besoins spécifiques dans ces régions-là, et moi, j'ai l'intention... Je
vais réutiliser le terme que j'avais dans mon... que j'ai prononcé tout à
l'heure, ça va contaminer les autres régions, et j'anticipe qu'on va pouvoir
avoir de ce type de formation là le plus possible partout au Québec.
M. Lacombe : Mais je vais
juste, peut-être, préciser une affaire. Il y a deux choses, là, tu sais.
Aujourd'hui, là, on a des besoins pour demain matin. Demain matin, là, on a
besoin de personnel dans nos services de garde éducatifs à l'enfance. Le défi
qu'on a, c'est qu'on a près de 3 000 employeurs, sur le terrain, qui
utilisent chacun les méthodes qu'ils veulent pour faire leur recrutement. Donc,
il y en a qui pouvaient publier ça dans les petites annonces, il y en a qui
pouvaient s'inscrire dans d'autres endroits, il y en a qui pouvaient faire une
démarche avec la communauté. Tout ça était différent d'un endroit à l'autre.
Nous, ce qu'on fait, là, aujourd'hui, puis
ça, il ne faut pas le perdre de vue, je pense que c'est un élément important,
l'annonce d'aujourd'hui, c'est qu'au ministère, pour la première fois, là, de
mémoire, on parle de main-d'oeuvre. Si vous regardez, là, un ministre de la
Famille qui vous parle de main-d'oeuvre puis qui propose des solutions, il n'y
en a pas beaucoup eu ou il n'y en a pas eu, de mémoire, parce que ce n'est pas
le ministère qui embauche, ce n'est pas lui qui est l'employeur.
Mais là, aujourd'hui, là, ce qu'on dit,
c'est : Bien, jouons notre rôle de leader, rassemblons les employeurs
autour d'une seule plateforme. Puis je continue à lancer ce message-là aux
employeurs du réseau, inscrivez vos offres. Puis aux gens qui se cherchent une
job, allez consulter ça parce que, demain matin, là, partout, notamment à Montréal,
comme vous mentionnez, on a des besoins. D'ailleurs, Montréal, évidemment, là,
dans nos statistiques, c'est là où on en a le plus besoin demain matin. Et, en
faisant ça, bien, ça va nous aider.
D'ailleurs, grâce à la plateforme
Jetravaille!, ce n'est pas seulement la personne qui se cherche une job qui
peut aller voir s'il y a quelque chose de disponible. Il y a aussi des agents
d'Emploi-Québec qui vont prendre le téléphone puis qui vont faire le maillage entre
les offres d'emploi puis les candidats. Donc, ça, c'est important puis ça
répond peut-être à votre question pour l'immédiat. Puis après, bien, on a
besoin de gens formés avec la bonne formation, et là c'est là que le programme
de Jean est intéressant, pour être capables de le faire rapidement.
Mme Martin (Andrée) : Oui,
bonjour à vous deux. Andrée Martin, de TVA.
Je me dis que l'offensive sur la
plateforme Jetravaille!, c'est une chose, mais encore faut-il, hein, que les
gens veuillent travailler. Vous dites qu'il manque présentement 1 300 personnes.
Donc, la demande semble là, c'est l'offre qui semble absente. Je crois que le
nerf de la guerre, notamment, c'est la valorisation de la profession. Il y a quelques
mois, M. Lacombe, vous avez dit : Je suis en train de réfléchir à comment
je vais faire pour valoriser cette profession-là. Qu'allez-vous faire? On en
est où? Vous en êtes où dans votre réflexion?
M. Lacombe : Bien, je persiste
avec ce que je disais, je veux dire, il y a quelques semaines, on est toujours
dans un plan à deux étapes. C'est-à-dire, à court terme, là, ça me prend des
gens demain matin parce que, sinon, il y a des groupes qui ferment. Donc, ce
n'est pas une question de valoriser à long terme la profession, là. C'est une question
de trouver du personnel pour travailler dans nos garderies et nos CPE cette
semaine, la semaine prochaine, le mois prochain, parce que, sinon, il y a des
directeurs et directrices qui vont prendre le téléphone un matin puis qui vont
dire : On ferme la shop parce qu'on n'a pas d'éducatrices, puis les
parents, vous devez vous arranger aujourd'hui, puis on ne pourra pas accueillir
vos enfants. Ça, c'est le geste qu'on doit poser dans l'immédiat, première
étape.
Et la deuxième étape, je persiste aussi,
il faut arriver avec un plan plus complet où là on va valoriser, vous avez
raison, la profession, expliquer pourquoi c'est important, avoir des
incitatifs, avoir des stratégies pour qu'il y ait plus d'étudiants,
d'étudiantes qui s'inscrivent à la technique, qui s'assoient sur les bancs
d'école, là, puis qui terminent avec leurs diplômes, puis qu'on soit capables
aussi de récupérer des chômeurs pandémiques, comme Jean vous parle souvent.
Donc, ça, ce plan-là, là, on est en train
de le finaliser puis on ne l'a pas fait tout seuls dans notre tour d'ivoire au
ministre de la Famille, là. Bien sûr, on l'a fait avec les partenaires puis on
l'a adapté en raison de la pandémie.
Mme Martin (Andrée) : Vous
parlez d'incitatifs. Il va y avoir des incitatifs financiers parce que ça
aussi, c'est très important. Je présume qu'il y a des yeux qui étaient tournés
vers vous aujourd'hui, qui s'attendaient peut-être à des annonces financières
pour optimiser le salaire des personnes qui travaillent dans les services de
garde, mais ce n'est pas ça, aujourd'hui, là.
M. Lacombe : Bien, clairement
que la question financière, la question du salaire, c'est une question qui doit
être négociée, là, puis je n'entrerai pas dans les négociations ce matin. Mais,
à court terme, je veux encore le souligner, ce n'est pas le ministère qui
embauche, c'est chaque employeur qui doit le faire. Et nous, au ministère, ce
qu'on a décidé pour la première fois, c'est de les accompagner de façon très
soutenue dans ce délicat dossier de la main-d'oeuvre parce qu'à chaque fois que
le ministère se mêle de ça il se fait aussi dire, dans une certaine mesure, par
les employeurs sur le terrain, d'être prudent puis de faire attention parce que
chaque employeur est autonome. Donc, nous, on arrive quand même, là, avec
quelque chose, je pense, de mobilisateur, où on dit à tout le monde :
Bien, ramassons-nous sur une plateforme parce que, sinon, ça n'a aucun bon
sens. On ne pourrait même pas savoir combien d'emplois sont disponibles, sont
vacants dans le réseau. Imaginez, on fait parfois des appels puis on n'a pas de
retour, là. Ce n'est pas tout le monde qui répond. Même dans ce cas-ci, on a un
employeur sur quatre qui a inscrit ses offres d'emploi. Moi, je pense que c'est
un excellent début. Mais, vous voyez, on a un défi parce qu'on fait affaire
avec un réseau qui est autonome.
Donc là, aujourd'hui, on pose un geste, un
premier geste pour accompagner le réseau. C'est notre rôle de le faire, je pense,
dans le contexte, et on le fait. Ça, c'était nécessaire. Puis, après ça, évidemment,
on va présenter un plan qui va être plus musclé. Puis effectivement que, si je
vous présente un plan qui ne coûte rien dans quelques mois, bien là je vous
incite à me poser des questions parce que ça voudra dire évidemment que ça ne
vaut pas grand-chose. Mais ce ne sera évidemment pas le cas. Quand on aura un
plan plus complet à présenter, ça répondra à toutes ces questions-là.
Mme Martin (Andrée) : Merci.
Mme Senay (Cathy) : I just would like to hear you about the fact that you want to
recruit educators as soon as possible. So what is your word that you used to
seduce them, because we hear educators in day cares that left because they were
too tired. It's very complicated during the pandemic. So you have to fight the
fact that there are thousands that decided to leave and now you're here this
morning to say : No, come and join us, we need you. So what are your
arguments to seduce them, attract them to the profession?
M. Lacombe : I would say there's a lot of jobs available. I would say there's a
lot of people trying to find a job. So the challenge we have and the decision
we made is to make sure that everyone could show their job offers at the same
place because, if not, it's too complicated to have the right image of the
situation. So we decided to do this. I think it's the right decision. And I
would say to the people who are trying to get a job : We need you to work
in our daycare centers. I know it's not an easy job, but it's an important one.
Mme Senay (Cathy) : And it's not an easy job if you add all the pandemic.
M. Lacombe : Of course.
Mme Senay (Cathy) : I mean, that's just a puzzle for a lot of educators. It takes so
much time. It's not the same contact with children.
M. Lacombe : It's sure that it's a challenge.
Mme Senay (Cathy) : It's the worst time ever to recruit.
M. Lacombe : It's a difficult time to work in daycare centers, but, at the same
time, it's maybe the most important time to do it. So, if you're looking for a job, I think it's a
great opportunity for yourself, for the kids, for the parents. And we need you,
so it's the message I send to the people today.
M. Boulet : And, if you allow me to add some comments... and I do agree with
you, there's an additional burden during the pandemic for the daycare
educators. But again, if you love kids, if you want to contribute to the labor
market development and you understand the balance that is needed between the
offer and the demand, I think it's a good challenge. The conditions of
employment have been improving. Of course, the environment is more difficult,
but, if you want to help, again, you need to love children and you need to
understand the importance for them to blossom in our
society that has to be open and modern. And the type of training we propose
this morning is extremely innovative, and it's fun, learning by doing and doing
by learning, as it were. I think it's interesting, and you get compensated
while you learn. I think it's another advantage. At least, it has to be seen as
an incentive to go and try this out.
Mme Greig (Kelly) : As you mentioned, you know, one of the qualifications is to love
children, but, obviously, as Mme Prince highlighted, many people who are in the
job now don't have that formal training. So you want to attract people, but how
can you be sure you're attracting the right people when you already have «une pénurie», a lack of workers, and there's some places that
might just hire people because they're desperate? How can you be sure you get
the people that are right for the job and not just people that are available
for the job, in the short term?
M. Lacombe : That's a good question. I would like to answer in French because I have a lot to say.
Mme Greig (Kelly) : ...in English, please?
M. Lacombe : Yes, I can try in English, but I'll repeat after in French because
I want to make sure that you understand well. You know, we have a challenge of
attracting people to work in our day-care centers. We launched some way to
attract people, but we will not hire the first person coming in the day-care
center without any verification or just because his or her smile is beautiful.
We have to make sure, of course, that those people are qualified, maybe not by
their school degree, but because of their experience.
So, in French.
C'est clair, qu'on a un problème de main-d'oeuvre, là, mais, en même temps, ce
n'est pas parce qu'on a besoin de gens qu'on va se mettre à embaucher n'importe
qui puis qu'on va embaucher des gens juste parce qu'ils ont un beau sourire
puis qu'on se dit : Oui, je pense que Marcel serait bon avec les enfants.
On n'est pas dans ce scénario-là, là, on n'est pas si désespérés que ça.
Évidemment, là, puis je veux lancer le
message aux gens qui nous écoutent, si vous avez des enfants dans les services
de garde éducatifs à l'enfance, on ne se mettra pas à embaucher le premier venu
qui a besoin d'une job. Ce n'est pas ça non plus, le message. On va évidemment
continuer de faire des vérifications tant au niveau des antécédents criminels,
ça, c'est une chose, mais aussi au niveau des compétences. Les gens qui
travaillent dans les services de garde éducatifs, les directeurs, les
directrices en ont vu d'autres, là, ils sont aussi capables, évidemment, de
faire preuve de jugement. Donc, je veux rassurer tout le monde, on n'embauchera
pas le premier venu sans faire de vérifications.
M. Boulet : And just one comment. It's exactly the same phenomenon for every
type of job : you have requirements and you have to understand that you
have to be compatible. And the type of training we are talking about this
morning is an excellent opportunity to find out if it fits to your profile, and
your qualifications, and your abilities, at the end of the day. So it's not
different. But we are talking about day-care educators, they have to take care
of our children. And of course you have to have the fibre, as it were, to
understand the needs of our market. It's just one point I wanted to highlight
because the type of training, again, is a very good platform to understand if
you meet the requirements of the job.
M. Lacombe :
So that was an excellent question.
Mme Greig (Kelly) : Thank you. And, for parents and for educators who see the struggles
now, Mme Senay spoke a little bit about the atmosphere now, but, for those
parents and for those educators who are watching this day to day, how can you
reassure them this will be fixed in the short term, in a quick way? Because the
needs are real now, and, of course, they're not going to be going away anytime
soon with the pandemic ongoing. So what is the message, in the short term, to
alleviate the pressure tomorrow?
M. Lacombe :
I can't make false... How do you say «promesses»?
Des voix
:
...
M. Lacombe :
Promises? I can't make false promises. The only thing I could do is to do what
I can do with my tools as Minister of Families to make sure that we help the
day care centers to reach the people, to reach people looking for a job. And I
think it's the first thing to do. After, I'm not sure if...
Je vais répondre en
français, là. C'est clair qu'on ne peut pas faire de fausses promesses aux
gens. On ne peut pas leur dire que, demain matin, tout va être magiquement
réglé. Mais ce que je peux leur dire, c'est que, comme ministre de la Famille,
j'en fais ma priorité d'ici la fin du mandat, ce que peu de ministres de la
Famille ont fait dans le passé, si vous regardez bien, et qu'on va faire tout
ce qu'on peut, avec les outils qu'on a au ministère de la Famille, pour
accompagner les employeurs pour les aider à embaucher le personnel qu'ils
doivent embaucher parce que, bien sûr, ce n'est pas le ministère qui est
l'employeur de ces personnes-là.
M. Boulet :
At least, we can make a promise that we're going to keep doing the best we can.
We will keep working as a team with our colleagues. And, this morning, we are
speaking about a blitz of recruitments, a very sophisticated website where we
use geolocalization and AI, artificial intelligence. And, again, we also refer
to a new type of training. Those are the tools we can present as of today and
we're going to add some additional tools to make sure that we meet the challenge we have to face all together and to make sure that we face
this societal challenge the best we can. Thank you.
Des voix
: Merci.
Mme Martin (Andrée) :
Question, question! C'est combien de temps, la formation?
M. Boulet : C'est à peu près
une année et demie. C'est à peu près 1 200 heures, il y a trois jours
en classe puis il y a deux jours au travail.
Mme Martin (Andrée) : O.K.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Boulet : Aïe! Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 40)