(Neuf heures trente et une minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour. Bienvenue à cette conférence de presse. Pour la prise de parole, en
fait, là, Mme Montpetit, députée de Maurice-Richard, va
faire une brève introduction de la raison pourquoi on est ici ce matin.
Ensuite, Mme Pomerleau prendra la parole; ensuite, M. Jasmin, pour
expliquer la situation. Reprise par Mme Montpetit, M. LeBel,
M. Fontecilla, et ensuite on va prendre les questions. Donc, Mme
Montpetit, allez-y.
Mme Montpetit : Je vous
remercie à tous pour votre présence aujourd'hui. Je vais être très brève pour
l'introduction. J'aurai l'occasion, effectivement, de reprendre la parole par
la suite. Je suis accompagnée, donc, de mes collègues de l'Assemblée nationale,
Andrés Fontecilla et Harold LeBel, et également de Mme Pomerleau qui est
accompagnée aujourd'hui de son mari, M. Gingras, et d'un ami,
M. Patrick Jasmin.
Donc, on voulait vous entretenir
aujourd'hui sur la question des personnes qui ont le cancer au Québec, et il y
a une directive du ministère qui leur interdit d'être accompagné d'un proche
aidant, d'un conjoint. Donc, c'est sur cette question-là que Mme Pomerleau
souhaitait vous adresser la parole. Donc, je la laisse prendre le micro.
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Bonjour. Je m'appelle Isabelle Pomerleau. J'ai 51 ans, je suis infirmière
depuis 30 ans. En juillet, j'ai appris que j'avais un cancer incurable. En
réalité, je m'étais fait arrêter au mois de février parce que j'avais des
douleurs, j'étais épuisée. Les premiers symptômes qui ont apparu, ça a été en
mars, puis, à ce moment-là, mon médecin m'a dit que j'avais une entorse
dorsale. Ça fait que, là, j'ai commencé à traiter ça avec la physiothérapie,
avec tout ce que j'ai pu, puis là, avec la COVID, tout s'est mis à fermer, tous
les professionnels à part la physiothérapie qui a continué à me recevoir, et,
en réalité, ça ne m'aidait pas vraiment.
J'ai passé quatre mois assez
difficiles à être très en douleur, puis, à ce moment-là, les indications que
les médecins avaient reçues, c'était de faire des suivis au téléphone. Donc,
j'ai été quatre mois sans évaluation physique, c'était au téléphone. Mon
médecin, elle a quand même mis beaucoup de volonté à m'aider de toutes sortes
de façons, mais en réalité, j'avais commencé à avoir une bosse qui avait sorti,
qui était une métastase osseuse, puis j'avais d'autres symptômes qui
indiquaient qu'il y avait quelque chose de plus grave.
Donc, éventuellement, on a poussé les
traitements plus loin... bien, pas les traitements, j'ai comme... moi et mon
médecin, on a décidé d'aller vers une IRM pour voir ce qui se passait. Elle,
elle s'attendait à une entorse dorsale ou une hernie, mais finalement, j'avais
une métastase sur une vertèbre. La D4, c'est dans le milieu du dos, était sur
le point de comprimer ma moelle épinière. J'aurais pu tomber paralysée. Elle,
elle me causait beaucoup de douleur puis c'était... Bien, c'est ça, le matin du
IRM, je suis allée faire l'examen, c'était un samedi. L'après-midi,
l'urgence m'ont rappelée pour me réévaluer parce qu'ils ont vu ça, c'était
urgent.
Ça se trouve que l'hôpital où je
travaille, c'est là où je suis soignée. J'ai des bons soins. Donc, c'est ça,
finalement, j'avais ces métastases osseuses, j'en avais d'autres, et le
lendemain... là, on m'a fait des prises de sang, le lendemain, on m'a scannée.
On a vu que j'avais des métastases aux poumons, au foie. On cherchait le cancer
primaire. Je l'ai su huit jours après parce que j'avais des examens de
cédulés. C'est un cancer colorectal plurimétastatique. En réalité, c'est comme...
j'ai des métastases un petit peu partout.
Donc, c'est ça, j'ai commencé à suivre le
traitement en oncologie, et, en août, à un moment donné, bien là, c'est sûr que
là on n'a pas le droit d'être accompagné, à part la première chimio, parce
qu'ils ont beaucoup, beaucoup d'informations à nous donner. Donc là, la
première chimio, il y a le pharmacien, il y a l'infirmière, il y a la nutrition
qui est venue me voir, j'avais perdu beaucoup de poids aussi. Après ça, c'est sans
accompagnement. Les rendez-vous, c'est la même chose, on est supposés d'être
tout seul, sauf qu'à cet hôpital-là, la première fois, on est accompagnés, et
ensuite, quand il y a des... bien, des nouvelles à recevoir suite à des
examens, ils me permettent d'être accompagnée. Ça fait que les autres fois, je
suis toute seule.
Donc, le 30 août, je suis allée à un
rendez-vous que je pensais de routine, puis finalement, qui s'est éternisé de
8 heures à 14 heures, et je suis sortie de là épuisée. Je n'avais pas
mangé, j'étais faible. Je suis partie chez nous, je ne me sentais même pas
sécure de conduire puis je suis allée me coucher pendant plusieurs heures parce
que j'avais eu plusieurs choses qui ne marchaient pas cette journée-là. J'ai eu
un caillot, mon sang était trop bas pour avoir ma chimio le lendemain, on a dû
reporter. Ça, ça fait trois fois que ça m'arrive depuis août qu'on reporte mes
chimios. Donc là, j'ai fait quatre traitements de cette...
Bien, c'est ça, ce que je voulais dire, en
août, c'est que j'ai fait un message sur Facebook qui a été partagé au-dessus
de... je pense, au-dessus de 3 000 partages. J'ai eu beaucoup,
beaucoup, beaucoup de retours, des commentaires des gens. Il y a Patrick qui
est arrivé dans le décor à ce moment-là parce qu'il a eu envie de m'aider. Sa
cousine, qui est une ancienne collègue de travail, elle a 50 ans, elle est
infirmière elle aussi, comme moi, elle a un cancer agressif. Elle n'est pas
suivie au même hôpital, mais on s'est mis à se parler régulièrement. Puis elle,
elle ne voulait pas faire de démarche, parce qu'elle a des soins puis elle ne
veut pas brasser rien, parce qu'elle a peur d'avoir des répercussions. Mais je
peux vous dire qu'elle en aurait eu besoin de l'accompagnement à plusieurs
reprises. Elle a eu des complications que moi, je trouve... Elle était toute
seule à chaque fois que ça arrivait, là. Je trouve ça inacceptable, là, genre
faire un AVC dans une salle d'attente, là, puis que personne ne vient t'aider,
là, pendant 15 minutes.
Donc, c'est sûr qu'au départ je le faisais
pour moi, mais je le faisais pour elle. Puis là ça s'est mis d'être pour tout
le monde qui m'écrivait des histoires d'horreur. Ça fait que moi, si c'était
juste de moi, j'aurais pu avaler ma pilule, puis dire : C'est assez, là, j'arrête
ça là, là, mais non, j'ai décidé de continuer. Puis je continue à avoir des
appuis depuis ce temps-là. Là, il y a eu des sorties dans les médias qu'on a
faites. Patrick a fait beaucoup d'organisation. On a passé à Paul Arcand, on a
passé à Radio-Canada. Je passe dans le journal local jeudi, dans mon coin. Ça
fait que, là, tous mes voisins vont me connaître. Là, c'est ça, ça ne se parle
pas chez nous, ça fait que...
Ça fait que c'est ça, là, en ce moment, je
suis à ma deuxième chimio parce que la première n'a pas fonctionné, puis mon
cancer a continué à progresser sous chimio. Je ne sais pas encore si ça va être
efficace. J'ai très mal dans le dos en ce moment parce que j'ai probablement ma
vertèbre, la première au départ qui me faisait des problèmes, qui est fracturée
probablement. J'attends des résultats, mais j'ai vu le neurochirurgien hier.
J'ai fait plusieurs traitements de radiothérapie aussi. Ça, ça a été une
bénédiction, là, ça a changé ma vie, là, au niveau de la douleur.
Une voix
: ...
Mme Pomerleau (Isabelle) : ...parler
de mon mari?
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Pomerleau (Isabelle) : Tu
parles de moi. Bien, dans tout ça, je ne suis pas toute seule. J'ai mon mari,
j'ai ma famille. J'ai trois enfants, j'ai trois beaux enfants. Mon aînée, elle
a 25 ans, elle a trois petites filles. Ça fait que je suis mamie. Je suis
une jeune mamie. J'ai envie de voir mes petites-filles grandir. J'aimerais ça
qu'elles se souviennent de moi à tout le moins, tu sais.
Mon mari, il est là tout le temps pour
tout. Il m'accompagne. On a énormément de rendez-vous puis on veut... Bien, ma
revendication, en réalité, c'est ça, c'est que je veux être accompagnée de mon
mari dans mes traitements, dans mes examens, dans mes chirurgies. Je vais
probablement en avoir, à un moment donné, des chirurgies ou... C'est un support
moral, c'est un support affectif. J'ai besoin de lui, là, pour traverser ça, tu
sais. Je ne sais même pas si c'est mon dernier Noël. En réalité, je vais en
profiter, là, mais en plus, avec la COVID, on n'a pas le droit de recevoir du
monde, mais imaginez comment c'est difficile en ce moment de ne pas pouvoir
voir mes petits-enfants puis même ma grande fille, de ne pas voir mes amis, de
ne pas faire des câlins à tout le monde qui m'aime. C'est de l'amour virtuel,
en ce moment, qu'on reçoit. J'en ai beaucoup.
J'ai quand même beaucoup d'appui, mais mon
mari, là, je tiens à ce qu'il soit présent. Puis, au niveau des mesures
sanitaires, je ne vois pas en quoi ça dérangerait qu'il soit là. Étant donné
que c'est quelqu'un avec qui je dors, je pense qu'on partage tous les mêmes
microbes. Je ne veux pas amener ma tante, mon oncle, puis mes cousines, puis
des amies, là. C'est mon mari que je veux amener. C'est lui qui est aux
premières loges de ce qui se passe, puis notre famille est complètement
ébranlée en ce moment, tu sais. Puis je pense qu'au niveau sanitaire, il y a
moyen d'avoir des équipements puis d'avoir des mesures suffisantes pour
permettre à un conjoint d'accompagner quelqu'un qui a un traitement en
chimiothérapie.
En plus qu'où je suis, je ne sais pas les
autres hôpitaux, mais c'est des cubicules. On est quand même... un certain
isolement des autres. On n'est pas collés. Je ne vois pas pourquoi je n'aurais
pas le droit d'amener mon mari, puis on l'a fait quelquefois au début, puis ça
ne dérangeait rien, là. Donc, c'est ça que je revendique, puis je suis rendue
ici aujourd'hui, après, je dirais... depuis août, ça fait quatre mois que je
vais de démarche en démarche en... bien là, la conférence, ça, c'est vraiment
le top, là. Ça fait que c'est ça que je voudrais dire aujourd'hui.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. M. Jasmin, si vous voulez compléter.
M. Jasmin (Patrick) : Bonjour,
tout le monde. Donc, je pense que pour les gens qui sont en santé, qui vont
bien, c'est quelque chose de difficile à concevoir, ce type de soins là, en
ayant en tête qu'au bout de la ligne, ce n'est pas curatif, là.
Donc, notre revendication, on est
conscient qu'en temps de COVID le gouvernement doit prendre des mesures. On
n'est pas contre ces mesures-là, Isabelle n'est pas contre ces mesures-là. On
comprend qu'il faut prendre les moyens, là, de protéger les gens. On sait qu'il
y avait des vêtements de protection qui existent, les accompagnants peuvent
porter des gants, des masques, des visières. Il y a différentes choses qui
peuvent être faites.
Donc, à ce moment-ci, nous, ce qu'on
espère, bien, c'est passer le message que la COVID, ça existe, mais qu'actuellement
il y a des patients qui souffrent, qui ont besoin d'accompagnement. Il y a une
certaine détresse qui se vit dans ces conditions-là. Donc, il y a une approche
humanitaire qu'on aimerait qui soit adoptée un peu plus, qu'il y ait une sensibilité
un peu plus grande dans les soins qui soient adoptée à ce moment-ci. Je vous
remercie.
La Modératrice
: Merci.
Donc, Mme Montpetit, brève conclusion, ensuite M. LeBel et M. Fontecilla.
Mme Montpetit : Brièvement.
Merci, Mme Pomerleau, beaucoup pour votre témoignage. Ce n'est pas la première
fois qu'on se parle, mais c'est toujours très touchant de vous entendre. La
revendication, on est là, comme élus, pour appuyer Mme Pomerleau dans sa
revendication avec son mari. Je pense, ça a été bien évoqué, effectivement, on
est dans une condition épidémiologique sanitaire, évidemment, qui amène
plusieurs contraintes. On ne remet pas ces consignes-là en question, mais à
travers tout ça, il faut garder un équilibre où le réseau de la santé ne doit
pas perdre son humanité, ne doit pas perdre son humanisme.
On se rappellera qu'au printemps il y a
une décision qui a été prise par le gouvernement, que les gens en CHSLD ne
puissent plus être rencontrés par leurs proches aidants. La ministre des Aînés,
par la suite, a fini par dire qu'elle regrettait la décision qu'elle avait
prise. Il avait été question aussi au printemps que les femmes enceintes ne
puissent pas accoucher accompagnées d'un proche. Cette décision-là, finalement,
elle a été remise en question par le gouvernement dans la situation. Donc, je
pense que c'est des réflexions qui doivent être faites de façon importante pour
garder de l'humanité dans le réseau.
J'ai eu l'occasion de questionner, vous
vous rappellerez, le ministre de la Santé, il y a deux mois, en Chambre, sur
cette question-là, où il avait nié la situation, où il nous avait dit qu'il n'y
avait pas de directive du ministère de la Santé à l'effet que les gens atteints
de cancer ne pouvaient pas être accompagnés de proches aidants. Il y a une
directive, nous pourrons vous la fournir. Mon collègue Harold LeBel également a
questionné il y a un mois, le ministre nous a dit qu'il allait se pencher sur
la question. Force est de constater que la situation n'a pas évolué du tout.
Donc, on demande au ministre de revoir
cette démarche-là. Il est évident, puis on l'a entendu aujourd'hui, je ne peux
rien ajouter à ce niveau-là, qu'un diagnostic de cancer et vivre avec un cancer
est certainement une situation très difficile. Et ce qu'on demande, ce serait
la moindre des choses, c'est que les gens, quand ils vont à leur traitement,
puissent être accompagnés de leur conjoint ou d'un proche. Merci.
M. LeBel : Oui, très rapidement,
pour vous laisser le temps pour les questions. On vient d'adopter la loi sur
les proches aidants. On vient tout juste de l'adopter. Moi, je pense, le problème
est souvent dans les directives. Puis tout le monde est conscient, les trois
partis d'opposition, puis je suis certain que les gens au gouvernement sont
conscients que ça n'a pas de sens, qu'il faut corriger la situation.
Mais on est dans plein de directives et
qui sont suivies d'une façon différente d'établissement en établissement. Tout
ce que je demande, c'est un peu ça, moi... c'est qu'on a une loi sur les proches
aidants, on a dit... la ministre l'a dit que les gens ont le droit d'avoir des proches
aidants proches d'eux autres. Les directives doivent être plus claires, puis
les gens doivent respecter ces directives-là.
Et qu'aujourd'hui les élus, on prenne le
temps d'écouter les témoignages aussi touchants, bien, c'est dans notre rôle.
Et ce n'est pas de savoir qui est plus sensible à ce qu'on vient d'entendre. Je
suis certain que tous les élus sont sensibles à ça. Maintenant, il faut agir, il
faut répondre à ce genre de témoignage. Merci.
M. Fontecilla : Oui.
Bonjour, messieurs dames. On le sait, le système de santé est là pour soulager
et soigner la souffrance. Mais il n'y a pas seulement la souffrance physique, il
y a aussi la souffrance de l'âme, la souffrance sentimentale, la souffrance de
l'être humain, là. Et, ça aussi, le système de santé doit s'en occuper.
On vit une période très, très difficile,
où on doit imposer des règles de sécurité... un niveau de règles de sécurité
très élevées, mais on ne peut pas vivre éternellement et ne pas avoir... dans
ce système-là et ne pas avoir de conséquences. Le système doit faire preuve
d'humanité, de compassion pour les personnes, entre autres, comme
Mme Pomerleau, qui vivent des situations très, très difficiles. C'est
important d'être accompagné pour certains soins dans le système de santé, mes
collègues l'ont répété, pour les personnes âgées, pour tout le monde, pour les
enfants.
Le système doit donc s'adapter et faire
preuve d'une flexibilité humaniste afin de non pas mettre en péril tout le
monde, là, mais il y a moyen, je crois, là, pour le système de santé de faire
preuve de flexibilité et surtout de compassion. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Donc, on va prendre les questions. On va se limiter au sujet qui nous occupe ce
matin, s'il vous plaît.
M. Lacroix (Louis) :
Mme Pomerleau, est-ce que je pourrais vous poser quelques questions? D'abord,
félicitations pour votre engagement, votre courage dans cette épreuve-là.
Dans le cadre de vos traitements, est-ce
que la COVID a eu un effet sur les traitements que vous avez reçus? Est-ce que
ça a retardé des choses? Est-ce que... Je comprends, le fait, là, de ne pas
avoir votre mari avec vous, c'est le point de votre... Mais est-ce qu'il y a eu
ailleurs... dans les traitements, par exemple, est-ce que ça a eu un effet?
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Bien, en fait, l'effet que ça a eu, ça a été le quatre mois du printemps où
est-ce que je n'ai pas été diagnostiquée parce que je n'étais pas évaluée.
C'est ça. Le cancer, il a vraiment progressé beaucoup à ce moment-là. Je le
sais par la bosse qui m'a sorti sur le sternum, puis vous pouvez imaginer le
restant, là. Ça fait que, quand je suis arrivée en juillet, j'avais comme... en
tout cas, c'est ça. Ça fait que c'est ça qui a été l'enjeu au niveau de la COVID.
Une fois que j'ai eu mon diagnostic, je
pourrais dire que ça a été quand même très vite, là. Moi, je n'ai rien à dire
de ce côté-là, parce que, comme je vous dis, je travaille là, ça fait que, tu
sais, des fois, j'ai-tu des avantages ou je suis une madame comme une autre
madame. Je ne peux pas dire, les autres, s'ils ont eu des délais. Mais moi, ça
a été quand même, je pense, quatre, cinq semaines avant que les traitements
commencent, mais on m'a dit que c'était dans les normales, là.
Mme Gamache (Valérie) : C'est
vraiment votre diagnostic qui a, en quelque sorte, été retardé...
Mme Pomerleau (Isabelle) :
C'est le diagnostic qui a été long. J'ai beaucoup, beaucoup souffert. Je peux
vous dire, là, je ne dormais pas les nuits, je me promenais, j'allais dans le
spa. Demandez à mon mari, là, j'étais blanche, là, j'étais essoufflée, je
n'allais vraiment pas bien, là. Puis je...
Mme Gamache (Valérie) : ...doutiez
que vous étiez malade.
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Bien, je n'aurais jamais pensé à ça, c'est pour dire, hein? Bien,
définitivement, il y a quelque chose qui n'allait pas, puis c'était vraiment
plus que juste une entorse. Je veux dire, je n'ai jamais eu ça de ma vie, une
entorse dorsale, premièrement, là. Je fais de l'ostéopathie depuis des années
quand j'ai des douleurs, puis il n'y a rien qui m'aidait, là. Ça m'empirait.
M. Lacroix (Louis) : Donc, ce
que vous demandez, en réalité, c'est un peu de compassion... pour les gens...
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Oui. Vous l'avez très bien dit que ce n'est pas juste le corps physique qu'on
soigne, c'est l'âme, c'est l'esprit, c'est la douleur morale, c'est la douleur
émotionnelle. Il y a des moments où est-ce qu'on pleure parce qu'il arrive
quelque chose, là, tu sais. Puis je peux vous dire que jusqu'à maintenant, là,
dans mon processus de chimio, je n'ai pas eu vraiment de bonnes nouvelles. Il
n'y a pas grand-chose qui va bien, là. Je fais retarder mes traitements parce
que mon sang, il n'est pas correct, mais j'ai des injections pour booster ça,
mais... Ça fait que, là, je ne sais même pas quel bord ça va prendre en ce
moment. J'ai hâte d'avoir des bonnes nouvelles, mais... Je ne sais pas.
Mme Gamache (Valérie) : Les
traitements de chimiothérapie, on le sait, c'est des hauts et des bas. Dans le
fond, ce que vous demandez, c'est d'être en mesure de partager ça...
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Bien, c'est sûr que, quand il est présent sur place... bien, ça dure au moins
trois heures, là, tu sais. Bien, dans le fond, il y a un aspect surveillance,
parce que j'ai été témoin, malheureusement, de quelque chose qui m'a énormément
ébranlée dans une salle d'attente dernièrement, voir une patiente en chimio
aller à la toilette et ne pas ressortir parce qu'elle est en arrêt
cardiorespiratoire. J'ai vu ça de mes yeux, là. Ça fait que, là, c'est son
infirmière qui la cherchait. Elle est venue la chercher, elle l'a trouvée là,
ça fait qu'ils ont fait les manoeuvres, là, mais...
Moi, j'ai dit : Je suis dans le même
bateau qu'elle, là. Je ne suis plus l'infirmière, là. Je veux dire, là, moi,
j'étais vraiment ébranlée. J'étais toute seule. Si j'avais eu mon mari, là,
j'aurais eu une épaule, là. Je pleurais, là, moi, ça m'a vraiment...
Une voix
: Ah oui! elle
m'a texté tout de suite.
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Oui, oui, là, j'étais complètement à l'envers. Ça fait que, tu sais, la chimio,
l'oncologie, c'est une boîte à surprises. On ne sait jamais ce qui va arriver.
Il peut arriver n'importe quoi n'importe quand. Il n'y a pu rien que je peux
prendre comme... dire : Bien non, c'est juste une petite douleur de je ne
sais pas quoi, tu sais. Non, une petite douleur de je ne sais pas quoi, il faut
que je la nomme. J'avais mon bras qui changeait un petit peu de couleur, bien,
je l'ai dit. J'avais un caillot, tu sais. Ça fait que c'est ça.
M. Lacroix (Louis) : Une des
premières victimes de la COVID, c'est l'humanité dans les soins dans les hôpitaux.
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Oui. Puis je vais vous dire, ce printemps, quand je faisais mes exercices puis
ma physio puis tout en écoutant la TV, puis je voyais la COVID, je voyais... ça
évoluait d'heure en heure, là, les fermetures, puis j'ai vu tous les gens
décéder tout seuls dans les CHSLD, je...
Moi, je le sais que le système de la
santé, ça fait longtemps que c'est difficile. Puis je sais que les CHSLD, il y
a beaucoup d'aidants naturels qui vont, tu sais, vont les faire manger, les
habille. Ça fait que, là, en ne les laissant pas rentrer, c'est sûr qu'il a
manqué de monde. Moi, ça m'a brisé le coeur, ça. J'ai dit : Je ne veux pas
vivre ça. Mais là ce n'est pas mon combat, là. Je veux dire, moi, c'est... je
ne savais pas que j'avais un cancer à ce moment-là, là. Mais quand je l'ai su,
bien, je pense que j'ai dit : J'ai le droit, après 30 ans de services,
d'avoir le retour de l'ascenseur. Habituellement, c'est tous des gens qui sont
accompagnés. En oncologie, il y a toujours quelqu'un qui vient. En chirurgie
d'un jour, il y a tout le temps quelqu'un qui accompagne. Bien, moi, j'ai tout
fait ça toute seule. Mais j'ai des collègues qui sont venus me voir, ça m'a
fait du bien.
Mme Gamache (Valérie) :
Qu'est-ce qui vous donne la force d'être ici aujourd'hui? Qu'est-ce qui vous
donne la force, Mme Pomerleau, d'être ici aujourd'hui?
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Bien, c'est parce que j'y crois, je ne démords pas.
Une voix
: Elle est
fâchée.
Mme Pomerleau (Isabelle) : Je
suis fâchée. Oui, c'est ça, j'ai une petite colère qui gronde à l'intérieur.
Mais je vous dirais que je suis quand même... mon mari vous le dira, je suis
quand même quelqu'un de positif, là, je ris beaucoup puis je fais de l'humour,
mais ça, j'y tiens.
Puis de fil en aiguille, avec Patrick, mon
Dieu, il a tellement travaillé fort, lui... il se passe tellement de chose,
lui... En tout cas, c'est mon ange gardien, là, vraiment, là, il faut que je le
dise, tu sais. Puis c'est sûr, si ça n'avait pas été de lui, je ne serais pas
là aujourd'hui. Ça, je suis certaine de ça. Je n'aurais jamais eu la capacité
de tout mettre ça en branle avec... tout depuis septembre, dans le fond, tu
sais, d'aller avec les médias puis finalement aboutir à l'Assemblée nationale. C'est
un processus, là, je vous dirais.
Puis hier, j'étais très, très en douleur,
puis quand je suis sortie du neurochirurgien au CHUM, on m'a demandé : Tu
vas-tu descendre quand même? Oui, j'ai dit : Je descends quand même. J'ai
dit : Je vais m'organiser, puis, je veux dire, je vais me soulager, puis
j'ai des coussins puis, bon, ça fait que... oui, je tenais à être là.
Ça fait que moi, j'aimerais ça que ça
aboutisse. J'aimerais ça qu'il y ait un assouplissement. Je pense que c'est
faisable. Je suis infirmière, là, je connais ça, tu sais. Je le sais, là, puis
mes collègues aussi, là, ils me le disent. Il n'y a pas grand monde qui est
d'accord avec ça en ce moment, ce qui se passe, là, dans le milieu infirmier.
Mme Crête
(Mylène) : Bien, je voulais savoir ce que vous pensiez du fait
que le gouvernement doit encore délester d'autres types de soins? Est-ce que
vous craignez que d'autres gens se retrouvent dans la même situation que vous?
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Bien, honnêtement, je ne sais pas. Je ne pourrais pas parler des autres
hôpitaux parce que je ne sais pas trop comment ça fonctionne. Du délestage, à
Anna-Laberge, il y en a, puis à ma connaissance, ça n'a pas d'impact sur les
gens qui ont le cancer, parce que je vois souvent l'assistante quitter son
bureau d'assistante puis elle me donne des soins. Ça fait deux fois que mon
infirmière... puis elles s'organisent, les filles.
M. Lacroix (Louis) :
J'aurais une question pour Mme Montpetit, si vous pouvez venir au micro, s'il
vous plaît.
Une voix
: ...
M. Lacroix (Louis) :
Oui, oui, sur le sujet. Pourquoi il n'y a pas de représentant du gouvernement
avec vous? Tu sais, vous avez une démarche qui est transpartisane, là, c'est-à-dire
que tous les partis de l'opposition sont réunis. Est-ce que vous avez fait des
approches auprès de la partie ministérielle pour les inviter à participer à ça?
Je comprends qu'ils sont un peu juge et partie, là, mais...
Mme Montpetit : On a fait
plusieurs approches au cours des derniers mois, là, vous le savez. C'est pour
ça, je le mentionnais tout à l'heure, il y a des questions qui ont été posées
directement...
M. Lacroix (Louis) :
Mais pour cette cause-ci, là, pour cette conférence de presse ci?
Mme Montpetit : Pas dans
le contexte parce que c'est une démarche qui s'inscrit dans les questions qui
ont été... comme je vous dis, on a interpelé à quelques reprises, en Chambre,
le ministre sur ces questions-là. Le dossier n'a pas avancé.
Mme Pomerleau, avec M. Jasmin, ont fait des démarches directement
auprès du ministère dans les... je dis dans les dernières semaines, mais
vraiment dans les deux dernières semaines.
La réponse du ministère, elle est... Moi,
j'ai fait des démarches aussi comme porte-parole. La réponse du ministère, du
ministre, à l'heure actuelle, elle est sans ambiguïté, c'est : Il y a une
directive qui existe dans le réseau de la santé, qui s'applique à tous les
hôpitaux, c'est-à-dire qu'en cancérologie les gens ne peuvent pas être
accompagnés d'un proche sauf pour l'annonce de nouvelles ou pour le premier
traitement de chimiothérapie.
Donc, dans ce contexte-là, c'est la raison
pour laquelle on s'est réunis ensemble pour refaire une demande auprès du
ministre et on espère que cette fois-ci, on sera entendus.
Mme Gamache (Valérie) :
Est-ce qu'il y aura une question aujourd'hui qui sera posée en Chambre à
M. Dubé à ce sujet-là, pour qu'on ait une réponse en plus, là?
Mme Montpetit : Bien, on
souhaite que le ministre déjà entende... Il a eu l'occasion d'y répondre à
plusieurs reprises, là. On espère qu'il, naturellement, interviendra rapidement.
Comme on a parlé beaucoup de compassion, d'humanité, c'est une chose de nous
répondre. Comme je le dis, il l'a fait en Chambre, la première fois, il nous a
dit : Non, non, la directive n'existe pas, alors qu'elle existe. La
deuxième fois, il a répondu à M. LeBel : Je m'en occupe. Mais on le voit
très bien que c'est des réponses qui sont creuses jusqu'à maintenant et que la
situation n'a pas changé, alors que Mme Pomerleau continue de suivre des
traitements et continue de ne pas pouvoir être accompagnée.
M. Lacroix (Louis) :
Avez-vous l'intention de...
Mme Gamache (Valérie) : Aucun
d'entre vous va revenir à la charge?
M. Lacroix (Louis) : Oui,
c'est ça.
Mme Montpetit : Bien, vous
aura l'occasion de le voir. La période de questions est à 2 heures cet
après-midi, on aura l'occasion d'en reparler.
M. LeBel : Très brièvement, il
y a un travail qui se fait à la période de questions, mais il y a aussi un
travail qui se fait par téléphone avec les cabinets. Je peux vous dire qu'on
n'a pas besoin de poser la question à la période de questions, mais, avec le
cabinet de Mme Blais entre autres, il y a des communications qui se fait, il y
a des gestes qui se posent. Mais l'idée, ce n'est pas de mettre personne de
travers, là, c'est de trouver une solution pour ces gens-là, c'est tout.
Mme Greig (Kelly) : ...little
English? Do you speak English a little bit? Est-ce qu'on peut essayer?
Une voix
: A little
bit.
Mme Greig (Kelly) : A little
bit, pas de problème, ce n'est pas en direct. I'd like to ask how it has been
without your husband there to go through these treatments?
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Comment a été ma journée quand je vais...
M. Jasmin (Patrick) : Comment
ça a été pour toi quand tu vas pour les traitements.
Mme Greig (Kelly) : Je peux
le demander en français, si vous voulez.
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Non, c'est beau. J'avais compris, là, mais je voulais être sûre que...
Des voix
: ...
Mme Greig (Kelly) : Why is it important
now, why today?
Mme Montpetit : Because we spoke with M. Jasmin et Mme Pomerleau during the last
weeks. We already asked the Minister of Health, two months ago, to fix the situation to allow Mme Pomerleau and all the
people in the same situation to
have someone with them when they go to their treatments. Two months later, the situation is the same situation. Mrs. Pomerleau asked for this,
four months ago, and so, now, she come to the National
Assembly to ask the Minister to change the rules
because she wants and she needs to be with her husband.
Mme Greig
(Kelly) :Thank you
very much.
Mme Montpetit : You're welcome.
Mme Greig
(Kelly) : Sorry, another part in English, but
what it's like going to these appointments without your husband there?
Mme Pomerleau
(Isabelle) : O.K. Comment ça se passe? Je
réponds en français, ça va être correct?
Mme Greig
(Kelly) : Est-ce que
tu parles un peu d'anglais? OK.
Une voix
: ...
Mme Greig
(Kelly) : ...describe in English, what are the
feelings, scared?
Mme Pomerleau
(Isabelle) : Scared, anxious, emotional,
uncomfortable. C'est-u correct?
It's a three hours treatment, and it's long, and, no, I don't like it when he's
not there. He is waiting outside around the hospital. The winter is coming.
Mme Greig
(Kelly) : And I imagine the treatment is very
strong chemotherapy. Physically, it must be very difficult as well.
Mme Pomerleau
(Isabelle) :C'est ça. The second treatment I'm getting this time, I can have some
reactions during the treatment. But, for the moment, it's OK, but I'm afraid about that too. And when
I go to the bathroom, I'm afraid too to fall, to have a... voyons, un malaise.
Des voix
: ...
Mme Greig
(Kelly) : When he is there, how do you feel?
Mme Pomerleau
(Isabelle) : Comfortable. I'm in love with my
husband, and it's really... je ne sais pas, I don't know how to explain in English. C'est mon support. C'est le
support de notre famille. Sans lui, je ne sais pas dans quel état je serais aujourd'hui.
Mme Greig
(Kelly) : There is a lot of people that are
going through the same thing that you are going through. What would you like to
tell them today, speak to them who are watching and say: That's me, I'm am
going through that?
Mme Pomerleau
(Isabelle) : I'm doing that for everyone. So,
I said I'm a nurse, and I like the people, and I don't like when they are
suffering. And when I receive a lot of answers on Facebook, a lot of persons
have some difficulties, some terrible situations, and I said to them... I'm
doing that for them and I'm going to continue for the battle and... very good
in English, hein?
Mme Greig
(Kelly) : You're doing really well. I know it's stressful. You said, essentially,
COVID slowed down getting
diagnosed, you had to wait for months to get diagnosed of cancer. What were
those four months like? You knew you were sick.
Mme Pomerleau
(Isabelle) : ...traduire la question...
Mme Greig (Kelly) :
...les quatre mois, c'étaient quoi, les sentiments? Parce que vous savez que...
malade. So what was it like to wait?
Mme Pomerleau (Isabelle) :
Je me sentais abandonnée. Je voulais aller à l'urgence, il y avait la COVID.
J'avais trop mal pour aller attendre 10 heures sur une chaise. J'en
parlais à mon médecin, elle me disait : Bien, ça ne changera rien, de toute
façon, c'est le même traitement que tu vas avoir. Donc, quand j'ai eu mon IRM,
je suis rentrée dans le tube. Là, je me suis dit : Enfin, on s'occupe de
moi. Oui, c'était vraiment... Je ne voudrais plus revivre ce que j'ai vécu ce
printemps. Je pleurais souvent, j'étais désemparée. Et mon mari, bien, il ne
savait pas quoi faire. Personne ne savait quoi faire pour m'aider.
Donc, moi, c'est sûr que moi, là, aujourd'hui,
ma revendication, j'en reparle, c'est vraiment qu'il soit avec moi dans chaque
démarche que je vais avoir à faire concernant le système de la santé. Et je
sais que je vais en avoir d'autres, là. Tu sais, je m'attends à quelque chose
pour ma vertèbre en ce moment, là.
Je connais deux personnes, personnellement,
qui ont eu des chirurgies dernièrement, qui n'ont eu aucune visite. Puis ça,
c'est en lien avec le cancer, là. Pendant une semaine, pas le droit d'avoir le
conjoint. Je trouve ça inacceptable. Un patient qui se fait enlever une partie
de foie pour guérir son cancer, qui va aux soins intensifs pendant plusieurs
jours, c'était prévu, puis que sa femme n'a pas le droit d'y aller, elle aussi,
elle trouve que c'est inacceptable.
Donc, c'est pour ça que je le fais. Je le
fais pour toutes ces personnes-là que je connais personnellement ou que je ne
connais pas, de me battre pour un accompagnement, bien, du conjoint. Je trouve que c'est la meilleure personne... la mieux placée, tu
sais.
Mme Greig
(Kelly) : ...English. Merci. C'est très
brave de faire en anglais. Je sais, c'est difficile. Je me débrouille en
français puis je viens de le faire.
Une voix
: ...
Mme Greig
(Kelly) : I'd like to ask... so, Mme
Pomerleau's case is not the only one, obviously, so fighting to get husbands, wives,
people you live with, how difficult is this against a government that say, you
know, no...
M. Jasmin
(Patrick) : Well, of course, we understand
that COVID is bringing right
now different difficulties, and, for governments, it's really difficult, and we
understand that. We understand that, and there were emergency measures that had
to be put in place, and we respect that, we understand that. But, at this
point, we think some actions can be taken and we hope the Government hears us
at this point. People need help, these people are living circumstances that are
very difficult to understand for people who are healthy, but they need people
with them during their treatments.
Mme Greig
(Kelly) : And has there been any movement or
is... I mean, has this loosen a little bit or is it still very strict and it's
not happening at all? Because they... pregnant women, in the spring, that was
actually loosened.
M. Jasmin (Patrick) : Well, actually, we're going to see about that this Friday. There's
a meeting that's been called with representatives from the «ministère de la Santé», and we'll see at
this point. So we hope that what we did today will help the Government
understand the situation these people are in, and Friday maybe we'll have a
better ear, a better understanding.
Mme Greig
(Kelly) : I mean, this takes a lot of courage
to come to the National Assembly, someone who's immunocompromised, really, to
come and... this has gotten pretty far... the trail of pressure to make this
happen. What are your hopes that today could be an example to accomplish… that
the Government might actually listen this time?
M. Jasmin
(Patrick) : Well, we've been working on this
since the beginning of September. We're not necessarily surprised of the time
it took, because we understand the Government had lots of situations to take
care of with COVID situation,
so... but at this point, having the chance to speak with «ministère de la Santé» was what we were
hoping for, of course, and we're just hoping that this discussion we'll have on
Friday will open possibilities at this point.
Mme Greig
(Kelly) : And do you know how many people are
in the same boat as Mme Pomerleau, roughly? Like, how many people have
their cancer treatments...
M. Jasmin
(Patrick) : I'm sorry to say that no, we don't
know. We have a Facebook page, we had different people who contacted us, spoke
of different realities that are really similar to those lived by my cousin and
Isabelle, but we don't know more than that. What we know is that it's not... in
Québec, most of Québec, this reality is right now.
Mme Greig
(Kelly) : And, Mme Pomerleau, you don't
need to come to the mic, I just want to ask... Tu habites dans quelle
région?
Mme Pomerleau (Isabelle) : La
Montérégie.
Mme Greig (Kelly) :
Montérégie. O.K., excellent.
Mme Pomerleau (Isabelle) : La
Rive-Sud de Montréal...
Mme Greig (Kelly) : O.K.,
juste pour... je ne savais pas. Merci beaucoup.
Des voix
: Merci.
(Fin à 10 h 10)