(Onze heures trente minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à cette conférence de presse qui fait suite au dépôt du
rapport de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs.
Prendront la parole, dans l'ordre, Mme Lucie Lecours, présidente de la commission,
Mme Christine St-Pierre, vice-présidente de la commission, M. Alexandre
Leduc et Mme Méganne Perry Mélançon, membres du comité directeur.
Mme Lecours, la parole est à vous.
Mme Lecours (Les Plaines) : Merci
beaucoup. Dans un premier temps, bien, je tiens à vous remercier d'être ici aujourd'hui.
Ça veut donc dire que le sujet vous tient aussi à coeur que nous, les membres
de la commission. Je vois également plusieurs... Évidemment, les membres qui
sont ici, ce sont les membres du comité directeur, mais il y a derrière vous
aussi plusieurs des membres qui ont sillonné une partie du Québec et qui ont
entendu plusieurs gens en commission avec nous, les membres de la commission
spéciale.
Donc, nous déposons aujourd'hui un rapport
unanime — donc, ceci étant dit, on entend par là que c'est une commission
transpartisane — de la commission sur l'exploitation sexuelle des
mineurs. Après 10 mois de travaux enrichissants, de nombreux témoignages qui
nous ont bouleversés tant ici, à Québec, qu'à Montréal, et nous nommes même
allés à Val-d'Or aussi, l'essentiel de notre travail s'est résumé à faire,
évidemment, des consultations particulières, à entendre des gens en auditions
publiques ainsi que des témoignages à huis clos. Tout ce travail-là nous a
énormément bouleversés, soyez-en conscients, parce que 18 mois de travail
comme ça, c'est vraiment du travail très, très, très intense.
On a rencontré, lors de ces
consultations-là, des corps policiers, des spécialistes des technologies de
l'information et des communications, des chercheurs, des groupes
communautaires, des représentants du réseau de la santé et des services
sociaux, des représentants de groupes autochtones aussi, des organismes issus
des communautés culturelles et des groupes de défense des droits LGBTQ2+.
Grâce à l'apport inestimable de ces
personnes et organismes, nous déposons donc un rapport qui est constitué de 58 recommandations-phares
réparties dans 139 pages, un rapport dont nous sommes, honnêtement,
véritablement fiers. Et je remercie également toute l'équipe de la commission
spéciale, du secrétariat, qui ont été d'un apport incroyable pour nous, les
membres de la commission et du comité directeur.
Ce rapport fait consensus, je vous le dis, c'est
58 recommandations-phares, mais il fait consensus sur une chose, bien
évidemment, c'est que la lutte à l'exploitation sexuelle des mineurs doit
devenir une priorité nationale. C'est d'ailleurs notre première recommandation.
Ceux qui étaient au salon tantôt ont entendu aussi que nous en avons fait une
motion unanime. La lutte à l'exploitation sexuelle des mineurs doit devenir une
priorité nationale. C'est un fléau, et nous appelons toute la population
québécoise à le contrer, à l'éradiquer. Parce qu'il faut agir sur plusieurs
points, et ça fait partie de notre rapport, il faut agir en sensibilisation, en
prévention, en répression, en reconstruction et en réhabilitation. Vous allez
voir, dans notre rapport, c'est bien expliqué.
Plusieurs ministères vont être interpellés,
lorsqu'ils vont lire ce rapport-là, à commencer évidemment par la Santé,
l'Éducation, la Sécurité publique, même le Tourisme et, bien évidemment, la
Justice. Et je pense, entre autres, à l'IVAC et à la liste des actes criminels
admissibles à une indemnisation.
Les crimes contre la personne... contre la
traite des personnes et l'exploitation sexuelle n'y figurent pas. Nous voulons
que ce soit retravaillé, qu'on y remédie, et ça fait partie de nos recommandations.
En fait, vous allez comprendre également
qu'à travers la façon dont c'est écrit nous avons utilisé un langage qui est
propre à notre commission, nous parlons de clients abuseurs. Et, pour nous, ce
n'est pas de la prostitution juvénile parce que, quand on parle du rapport de
force qui est inégalitaire entre les proxénètes, les victimes et les clients
abuseurs, on ne parle pas de prostitution juvénile, on parle d'exploitation
sexuelle des mineurs. Et des mineurs, ça commence à... c'est moins de 18 ans,
donc c'est 17, 16, 14, et etc. C'est pourquoi nous parlons, donc, non pas de prostitution
juvénile, mais bien d'exploitation sexuelle des mineurs.
Au cours de l'exercice, on s'est rendu
compte qu'il y a des gens qui comprennent ce qu'est l'exploitation sexuelle, il
y a des gens qui ne le comprennent pas, ça, c'est clair. Donc, ce qu'on s'est
dit, c'est que ça va être important qu'on ait une chaire de recherche. Ça fait également
partie de nos recommandations, une recommandation que l'on tient vraiment à ce
qu'elle soit respectée.
Je vais laisser la parole à mes collègues,
mais je tiens à vous dire, au nom de ma formation politique, ce rapport-là, je
vous l'assure, il ne sera jamais tabletté. Je vais en faire partie, je veux
travailler à ce qu'il soit mis en application puis j'ai des collègues qui sont
devant moi, qui me regardent, et on est tous d'accord avec ça, autant le comité
directeur que l'ensemble de mes collègues. Alors, merci beaucoup.
Mme
St-Pierre
:
Alors, merci, Mme la Présidente. Donc, bonjour à vous tous et à vous toutes.
Merci d'être parmi nous pour assister à cette conférence de presse qui est vraiment
très importante. Et nous sommes très fiers de déposer ce rapport. Comme l'a dit
Mme la présidente, il y a beaucoup d'éléments, dans ce rapport, il y a beaucoup
de volets. Je vais vous parler de la première partie du rapport qui est celle
de sensibiliser, prévenir, communiquer.
Alors, nos audiences nous ont démontré à
quel point un électrochoc s'impose au Québec. La réputation de Montréal est peu
enviable, c'est une plaque tournante de l'exploitation sexuelle des mineurs. Oui,
vous avez bien entendu.
Socialement, nous banalisons la
pornographie, l'hypersexualisation, l'industrie du sexe dans son ensemble. Les
recruteurs, eux, les proxénètes ont la vie très facile, puisque maintenant,
avec les nouvelles technologies, et les médias sociaux sont très sophistiqués,
ils peuvent rejoindre leurs victimes partout sur le territoire québécois et
même à l'extérieur.
L'exploitation sexuelle au Canada, c'est
criminel, et ça, il faut le claironner. Et de grandes campagnes de
sensibilisation doivent être menées, ça fait partie de nos recommandations,
d'importantes campagnes de sensibilisation pour rejoindre tout le monde,
rejoindre les jeunes, rejoindre les parents, rejoindre tous ceux et celles qui
travaillent auprès des jeunes, rejoindre la population en général.
Les établissements d'hébergement hôtelier
et touristique doivent aussi afficher le fait que l'exploitation sexuelle, c'est
criminel. Nous recommandons aussi un sceau qui doit être affiché également, qui
est celui de «Non à l'exploitation sexuelle des mineurs». Aussi, les grands événements
doivent prêter main-forte à cette lutte contre l'exploitation sexuelle des
mineurs. Alors, on veut que les grands événements, que leurs subventions soient
conditionnelles à la mise en place d'un plan de lutte à l'exploitation sexuelle
des mineurs.
Le Québec doit aussi aider les parents — on
a vu la détresse des parents — et leur fournir des outils de
prévention afin qu'ils puissent détecter et surveiller adéquatement les
activités de leurs enfants, notamment, sur les médias sociaux.
La formation est une question très, très,
très importante. Et on veut que partout au Québec tous ceux et celles qui
travaillent auprès des jeunes, éducateurs, policiers, policières, procureurs,
juges, personnel du milieu de la santé, on veut que tout le monde soit formé
pour prévenir et faire le plus de prévention possible sur cette question.
Évidemment, l'éducation à la sexualité dans... les cours de l'éducation à la
sexualité, dis-je, cette question doit être abordée.
Les victimes et leurs parents ont besoin
de s'y retrouver aussi dans tous les services d'aide. Parce qu'il faut le dire,
il se fait des choses extraordinaires au Québec, il y a des efforts incroyables
qui sont faits pour contrer l'exploitation sexuelle des mineurs. Mais il faut
que l'on sache s'y retrouver. Alors, ce que nous proposons, c'est bien sûr un
guichet unique pour connaître les services, voir quelle aide qui peut être
donnée à ces parents, à ces jeunes ou à tous ceux qui se sentent concernés par
la question.
Il faut rejoindre aussi les communautés
autochtones, il faut rejoindre les communautés culturelles, il faut rejoindre
les LGBTQS2+. Et, bien entendu, il faut faire en sorte qu'on ne banalise pas ce
fléau, parce que c'est véritablement un fléau. Le racisme systémique, la
discrimination, la marginalisation, les préjugés, la précarité sont des
facteurs de risque supplémentaires.
Cette commission a été un exercice
formidable. Nous nous sommes tous élevés au-dessus de la partisanerie, et ça,
je pense qu'il faut le souligner à grands traits. Il faut aussi dire que nous
avons un seul objectif, c'est-à-dire venir en aide aux victimes et aux parents.
Et pour endiguer ce fléau, il faut sortir bien sûr de leurs tanières les
clients abuseurs.
En terminant, mes remerciements vont à
toute l'équipe de l'Assemblée nationale qui nous a accompagnés dans cette tâche
et qui a travaillé avec nous. Je remercie le président du début, Ian
Lafrenière, qui a vraiment présidé nos travaux avec tact, et celle qui lui a
succédé, Lucie Lecours, tout aussi talentueuse. Je remercie tous les collègues
députés de toutes les formations politiques, les équipes de recherche.
Et vraiment c'était extraordinaire de voir
à quel point nous n'avions qu'un seul parti. Il n'y avait pas de parti
politique entre nous, il n'y avait qu'un seul parti, c'est le parti des
victimes. Et nous avons travaillé pour elles, ces victimes.
La semaine dernière, les autorités
policières ont lancé un appel pour retrouver Catherine et Imam. À chaque
semaine ou presque, nous avons droit à ce genre de triste nouvelle. Il faut que
ça cesse. Des vies sont brisées. Merci.
M. Leduc : Merci. Merci,
Christine. Tu as raison, il y avait un seul parti, le parti des victimes. C'est
très bien dit. À mon tour également de remercier l'ensemble des collègues de
toutes les formations politiques. Un clin d'oeil, évidemment, à Ian Lafrenière,
qui nous a approchés, qui a ouvert le bal, qui a été un organisateur hors pair.
On se souviendra longtemps de la virée à Val-d'Or.
Mais, justement, cette camaraderie-là qui
s'est installée entre les différents collègues nous aidait, je pense, pour
notre santé mentale parce qu'on entendait des choses catastrophiques, des
choses cauchemardesques, des témoignages personnels, des témoignages de groupes,
donc une chance qu'on avait le reste de notre groupe pour se soutenir à travers
cette épreuve-là.
Et des remerciements, évidemment, pour
tout le personnel de l'Assemblée nationale qui nous ont accompagnés, que ce
soit pour l'organisation ou que ce soit pour la rédaction, la recherche. Ça a
vraiment été un plaisir de travailler avec vous. Des remerciements, évidemment,
pour ma collègue, mes collègues de ma formation politique aussi.
Je suis fier du rapport qu'on dépose
aujourd'hui, un rapport unanime. Je reste par contre profondément marqué. Je
reste marqué par plusieurs choses qu'on a entendues, marqué par la facilité
avec laquelle les exploiteurs peuvent recruter des jeunes filles, au Québec,
marqué par l'impuissance policière face à l'ampleur du phénomène, notamment le
recrutement sur les réseaux sociaux.
Je veux qu'on imagine un instant à quel
point les jeunes femmes qui réussissent à s'en sortir vont être marquées,
elles, surtout, pour le restant de leur vie, à quel point ce sera difficile
pour le restant de leur vie, le restant de leur passage dans la jeunesse, mais
aussi le restant de leur vie adulte.
On a un chantier colossal qui nous attend.
On a toutes sortes de sujets qu'on a abordés. Aujourd'hui, moi, je vous parle
de l'aspect plus répression. Alors, on a eu toute une réflexion générale, une
réflexion systémique, si j'osais utiliser ce mot à la mode ces temps-ci, par
rapport au fait qu'on peut bien préparer toutes sortes de choses pour aider les
victimes, mais si, en amont, on ne réussit pas à casser la demande, à casser ce
nombre impressionnant, incalculable d'hommes, essentiellement des hommes, qui
veulent acheter des adolescentes, bien, la roue va juste continuer à tourner,
on va réussir à en sortir, des jeunes filles, mais il y en aura toujours, des
nouveaux proxénètes, il y aura toujours une demande, donc il y aura toujours de
l'exploitation. Donc, il faut casser la demande, aller à la racine du problème.
Pour ça, il y a toutes sortes de choses qu'on
propose, par exemple, davantage financer l'Équipe intégrée de lutte au
proxénétisme, l'EILP, pour qu'elle puisse notamment procéder à plus de ce qu'on
appelle des opérations client, où on vise à attraper des hommes qui veulent
acheter des jeunes filles, et aussi davantage des outils en matière de
nouvelles technologies. On veut favoriser des patrouilles mixtes, police,
travail social ou autres professionnels, pour que, lorsqu'on approche une jeune
fille ou qu'une jeune fille approche un service policier, il y ait peut-être un
contact qui soit moins brutal par la présence, donc, d'un travailleur social
dans cette intervention-là. On veut davantage outiller les corps de police
autochtones pour qu'ils puissent développer des interventions adaptées à leur
milieu. On veut diminuer la pression sur les victimes et donc retirer l'étape
de l'enquête préliminaire lors d'accusations d'exploitation de mineurs. On veut
rappeler aux établissements hôteliers leur obligation de signaler toute
situation à risque d'exploitation sexuelle des mineurs. Et ensuite on veut
recommander que le ministère de la Justice examine la possibilité de modifier
le Code civil du Québec afin d'accorder aux victimes mineures d'exploitation
sexuelle un recours en dommage et intérêt imprescriptible contre un
établissement hôtelier qui n'a pas agi ou alerté la police, alors qu'il savait
ou devait savoir qu'une personne mineure y était exploitée sexuellement.
En terminant, peut-être un petit moment
plus personnel. Plusieurs choses m'ont marqué, bien sûr. Une qui m'a vraiment
particulièrement marqué et troublé, c'était le fait que, on l'a abordé tantôt, Christine
l'a abordé, les parents, les parents se retrouvent complètement démunis,
lorsque leur enfant est pris dans le piège de l'exploitation sexuelle de
mineurs. On a entendu des témoignages qui moi, m'ont troublé. Évidemment, étant
le père d'une jeune fille de trois ans... C'est très hypothétique, mais on a
certainement compris que ça pourrait arriver à tout le monde. Et toutes les
classes sociales, tous les milieux, toutes les régions sont à risque. Et,
là-dessus, il faut vraiment qu'on développe davantage un réseau d'aide pour les
proches et les parents, pour qu'ils puissent eux aussi survivre à travers...
passer à travers cette épreuve-là. Et pour ça il va falloir revoir le
financement des groupes, mais ça, c'est un autre sujet. Et justement je passe
la parole à ma collègue Méganne.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Alexandre. Alors, bonjour à tous. Merci de votre intérêt pour cette cause qui
nous tient vraiment à coeur. Je sais qu'il y a des gens en ligne aussi qui nous
écoutent.
Alors, vous savez, au centre de nos
actions, au centre de nos réflexions, on avait vraiment toujours les victimes,
en premier lieu, en tête. Ça a été comme ça durant les 18 mois de travaux
avec les collègues, les collègues qui sont devant nous, également. Et, bien,
les premiers axes de ce rapport très élaboré touchaient les clients abuseurs,
la prévention, l'éducation. Maintenant, on rentre vraiment dans le soutien à la
victime elle-même. Et on a appelé le dernier axe abordé dans le rapport «la
reconstruction de la victime et sa réhabilitation».
Notre objectif, il est clair, il faut
briser le cycle de l'exploitation sexuelle des mineurs. On sait que pour plusieurs
victimes, malheureusement, c'est un tourbillon sans fin, et il faut trouver une
façon de mieux les accompagner vers la sortie, qui peut être difficile, mieux
accompagner les proches également tout au long de la sortie. Alors, les
conséquences de l'exploitation sexuelle sont vastes et l'horreur vécue est
réelle. Il ne faisait aucun doute pour nous qu'il fallait s'attarder à la
reconstruction, alors, sous toutes ses formes.
Elles doivent, les victimes, être appuyées
par des ressources spécialisées pour mener à bien leur processus de
reconstruction. L'accès à ces soins doit prendre la forme d'un continuum de
services adaptés à leur réalité, ce qui n'est pas le cas présentement. On a plusieurs
initiatives qui ne sont pas nécessairement associées à la lutte contre l'exploitation
sexuelle des mineurs. On ne doit pas les abandonner dès qu'ils ont 18 ans,
donc la majorité. Il faut qu'il y ait un processus, même, au passage à la vie adulte.
Nous avons constaté un manque criant de ressources
d'hébergement qui peuvent répondre à l'ensemble de leurs besoins, tant pour les
mineurs que les majeurs. On recommande notamment dans le rapport que le gouvernement
crée un fonds dédié destiné à soutenir les initiatives visant l'offre d'hébergement
aux victimes d'exploitation sexuelle des mineurs et que ce fonds soit alimenté
à même les saisies, les sommes saisies dans les affaires d'exploitation
sexuelle des mineurs.
Nous recommandons, d'ailleurs, aussi
d'interdire la mixité des clientèles dans les centres jeunesse afin d'optimiser
le rétablissement des victimes d'exploitation sexuelle. C'est une recommandation
qui permettrait notamment d'éviter que les jeunes victimes retombent dans les
mains des proxénètes. On a vu plusieurs cas, notamment, à Laval et à d'autres
endroits. Alors, on y va d'une recommandation-phare à ce niveau.
Les victimes et les survivantes se butent
aussi à de nombreux obstacles, notamment, en raison de leur précarité économique.
On en a parlé d'ailleurs. Afin de les appuyer adéquatement, nous recommandons
que des modifications soient apportées aux programmes d'aide de dernier recours,
comme l'aide sociale, ainsi qu'au programme d'Indemnisation des victimes
d'actes criminels, qui présentement ne tiennent pas compte de cette réalité.
Précisément, nous, bon, je l'ai dit, mais,
donc, on demande des prestations d'aide financière à toutes les victimes en
processus de reconstruction leur assurant des soins physiques et psychologiques
et de même que de l'aide pour un logement, en prenant en compte toutes les
spécificités régionales.
Les familles de ces jeunes victimes sont
durement éprouvées et même profondément marquées. Malheureusement, ceux-ci
disposent de très peu de ressources. Les familles et les victimes doivent
pouvoir compter sur l'appui de ressources spécialisées. Alors, lors de nos
travaux, nous avons constaté que l'exploitation sexuelle des mineurs repose sur
des facteurs tant individuels que collectifs. Il est donc impératif
d'intervenir à la fois auprès des victimes, des potentiels proxénètes ou
exploiteurs et mettre en place les conditions pour éviter que d'autres ne
tombent dans cet engrenage.
Alors, je tiens également à remercier
l'ensemble des membres de cette commission, toute l'équipe de recherche qui a
fait un travail remarquable pour vous présenter ce rapport dont on est
extrêmement fiers et qu'on le souhaite soit appliqué de façon rigoureuse par le
gouvernement avec les ressources nécessaires. Donc, nous aussi, on s'assurera
du suivi qui sera fait, du côté du Parti québécois, et de même qu'avec mes
collègues membres de la commission spéciale. Alors, je vous remercie encore
pour votre attention.
La Modératrice
: On va
maintenant passer à la période de questions. Je vous invite à vous identifier
et à dire à qui s'adresse votre question, s'il vous plaît.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour. Mylène Crête, du journal Le Devoir. Bien, ma question
s'adresse à l'ensemble des députés, là. Je voulais savoir... Il y avait plusieurs
intervenants durant la commission qui avaient dit qu'ils trouvaient ça étrange
qu'on fasse une distinction entre l'exploitation sexuelle des mineurs et la
prostitution. C'est-à-dire, une fois que les mineures deviennent majeures, on
les laisse un peu tomber, puis elles tombent entre les mailles du filet. Donc,
je me demandais : Qu'est-ce qu'il y a, dans vos recommandations, pour ces
victimes-là qui auraient commencé à être exploitées sexuellement en étant
mineures, mais qui tentent de s'en sortir en étant majeures?
Mme Lecours (Les Plaines) : En
fait, comme je vous l'ai dit d'entrée de jeu, effectivement, on fait la grande
différence entre prostitution juvénile, c'est un mot qui a trop couru dans la
population... Puis nous, lors des auditions, on a très bien compris que ce
n'est pas de la prostitution juvénile, c'est de l'exploitation sexuelle sur des
mineurs.
Effectivement, pourquoi c'est de
l'exploitation sexuelle? C'est que, comme je disais, le rapport de force, là,
il est inégal. Je ne vous citerai pas des séries de fiction, vous les
connaissez toutes, vous la connaissez toutes. Mais la réalité dépasse la
fiction. On l'a entendu, on l'a entendu des mots de véritables témoins et on a
entendu à huis clos aussi beaucoup de gens qui nous ont... Vraiment, ça a été
crève-coeur.
Et effectivement, dans nos
recommandations, on sait très bien que ces jeunes filles, ces jeunes garçons là,
parce qu'il y a beaucoup de jeunes garçons — on sait que c'est
beaucoup les filles, mais il y a énormément quand même de jeunes garçons — des
autochtones également, quand ils transfèrent du côté des adultes, ils et elles
ont besoin de notre aide. C'est pour ça que plusieurs de nos recommandations
font en sorte qu'on veut les soutenir.
On a parlé, au cours des différents...
dans les différents thèmes... Vous allez voir, dans chacun des thèmes, c'est
ramené, ça, ça s'appelle la sortie, mais il y a toujours à l'intérieur de ça un
point qui nous ramène à comment on peut les aider à s'en sortir.
Mme Crête (Mylène) :
Bien, en fait, je voyais par exemple la recommandation sur l'aide sociale pour
les gens qui tentent de s'en sortir. C'était pour les victimes mineures.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Non, c'est également... Tout, tout l'ensemble des recommandations poussent à
l'aide à la sortie, et c'est souvent quand ils sont rendus majeurs.
Mme Crête (Mylène) :
Donc, je dois comprendre que ça s'applique aux personnes majeures aussi qui
tenteraient de se sortir de la prostitution?
Mme Lecours (Les Plaines) : En
effet.
Mme Crête (Mylène) :
Merci.
M. Larin (Vincent) : Vincent
Larin, pour l'Agence QMI. J'aurais aimé savoir, parmi les 58 recommandations,
lesquelles pensez-vous qui sont les plus urgentes à mettre en place, qui
peuvent être faites le plus rapidement dans l'objectif, là, de venir en aide
aux victimes?
Mme
St-Pierre
:
Si Mme la présidente me permet, j'aimerais dire que ces recommandations-là, c'est
un édifice. Puis Ian Lafrenière, pendant la commission, nous parlait de la
maison : on construit la maison. Bien, c'est un édifice, toutes les recommandations
sont importantes, toutes les recommandations doivent être appliquées. Et
j'étais très heureuse d'entendre Mme la présidente dire qu'au nom de sa formation
politique elle allait bien sûr faire en sorte que le rapport ne soit pas mis
sur une tablette. Mais nous, comme opposition, on va aussi s'assurer que tout
ça puisse être mis en place.
C'est un édifice qu'on a construit, et il
faut absolument qu'on fasse... qu'on pose tous ces gestes pour casser la
demande, pour réduire ce fléau. C'est très, très important. Toutes les pierres
ont été retournées et tous les aspects sont importants. Alors, en sortir une par
rapport à une autre, c'est peut-être plus difficile pour nous parce qu'on est
amoureux et amoureuses de toutes nos recommandations.
M. Larin (Vincent) : Peut-être
pas une, mais, tu sais...
M. Leduc : Moi, je
m'essayerais peut-être sur cet exercice difficile. Ce qui pourrait aider rapidement,
financièrement, des personnes exploitées sexuelles, c'est la réforme de l'IVAC.
Ça tombe bien parce que, pas plus tard que mardi... mercredi... mardi, je
crois, il y a une motion qui a été adoptée à l'Assemblée nationale, qui
appelait à cette réforme-là, une motion qui était présentée par le gouvernement.
Puis on a négocié un amendement pour mettre une date, ce qui est juin de cet
été qui s'en vient. Alors, d'ici juin, le gouvernement s'est engagé à déposer
une réforme de l'IVAC.
Moi, j'étais bien content qu'on ait réussi
à mettre un petit drapeau sur l'espace-temps. Puis je suis convaincu que dans
cette réforme-là il y aura ce qu'on réclame là-dedans, c'est-à-dire
l'intégration des crimes reliés à l'exploitation sexuelle comme acte pouvant...
menant à une indemnisation. Ça serait un acte rapide qui pourrait permettre de
sortir de la pauvreté plusieurs femmes rapidement.
Mme Perry Mélançon :
J'ajouterais qu'on est déjà dans cette première phrase là en disant... La
première recommandation, d'ailleurs, de notre rapport, c'est d'en faire une
priorité nationale. Donc, je pense que c'est un premier pas qu'on fait
aujourd'hui d'en parler devant vous, d'en parler aux Québécois et aux
Québécoises. Je pense qu'il ne faut plus que ce soit un tabou dans la société
que des jeunes filles et des jeunes garçons se font abuser sexuellement par des
clients qui n'ont pas de pitié pour ce qu'elles traversent, pour ce qu'elles
vivent. Qu'est-ce qui est une journée normale pour elle, là, de travail, c'est
absolument épouvantable.
Donc, je pense que ce sera d'agir, de
faire... On l'a dit qu'il faut qu'il y ait des lancements de campagne de
sensibilisation, et, une fois que tous les Québécois se sentiront interpellés,
bien là, je pense que le tout va s'enchaîner au niveau des autres axes,
l'éducation, et que tous les acteurs se sentent impliqués, autant aussi les
grandes industries. On parle des Québécois, mais il faut également que
certaines industries, l'industrie hôtelière, l'événementiel aussi en fassent
une priorité dans leur prévention parce que c'est l'affaire de tout le monde,
finalement.
M. Carabin (François) :
Bonjour. François Carabin, avec le Journal Métro. Je commencerais avec
le système de protection de la jeunesse, qui a vu plusieurs histoires
d'horreur, au courant des années, en lien avec l'exploitation sexuelle des
mineurs. Quelles sont vos recommandations en lien avec la DPJ, en lien avec le système
de protection de la jeunesse? Qu'est-ce qu'il faut modifier pour mettre un
frein à l'exploitation sexuelle des mineurs?
Mme Lecours (Les Plaines) : En
fait, on a beaucoup travaillé aussi en collaboration avec la commission
Laurent, en ce sens où la commission Laurent, c'est vraiment... Bon, je n'ai
pas besoin de vous mentionner le coeur de leurs activités. Nous, c'est la
portion vraiment où les jeunes mineurs — je le redis, c'est des
jeunes mineurs — lorsqu'elles sont placées où ils sont placés dans
des centres, sont confrontés à des réalités qui ne sont pas la leur. Alors, une
de nos recommandations, c'est de faire en sorte qu'ils ne soient pas placés au
même endroit, qu'ils soient vraiment placés dans des endroits... On verra de
quelle façon, quelle ampleur ça va prendre, mais il faut dissocier les deux.
Parce que ces jeunes filles là et ces jeunes garçons là vivent des choses qui
sont épouvantables, et il faut s'assurer qu'ils et qu'elles aient un suivi très
particulier.
Mme
St-Pierre
:
Il faut aussi que l'information circule entre les différents organismes. Il y a
des murs, il y a des silos, et les informations ne circulent pas nécessairement
pour venir en aide à la victime. Chacun garde ses choses. Peut-être pour les
bonnes raisons, là, on ne condamne pas les raisons, mais il n'y a pas de
fluidité dans les communications, lorsqu'un cas est décelé ou un cas est
rapporté, et ça, c'est ce qui nous est apparu assez important.
Comme elle a dit, on parle aussi... comme
la présidente a dit, on parle aussi de lieux d'hébergement pour la sortie,
aussi, pour qu'on les accueille dans des lieux d'hébergement spécifiques pour
elles et pour eux, pour qu'ils puissent se sentir en sécurité et réintégrer la société.
Donc, ce n'est pas un processus de sortie qui se fait en claquant des doigts,
là, le processus de sortie, il peut prendre des mois, et des mois, et des mois.
Et pour éviter qu'elles retournent ou qu'ils retournent dans cette galère-là,
bien, il faut qu'on accompagne, également, vraiment à la sortie, et ça, on l'a
dit clairement aussi à la DPJ, et que ça dépasse les 18 ans, qu'une fois
arrivé à 18 ans qu'on n'abandonne pas, là, on continue. Il faut
accompagner jusqu'au bout.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Parce que le grand danger, puis c'est en même temps une réalité, c'est qu'elles
partent, elles reviennent, elles partent, elles reviennent, pour la simple et
bonne raison que c'est tout ce qu'elles connaissent. L'estime de soi d'une
victime d'exploitation sexuelle, elle est à son plus bas. C'est pour ça que je
reviens à l'une des questions, qui était, là : Quelles sont les recommandations...
Les 58, ce sont des recommandations-phares parce qu'on parle d'une priorité
nationale. On va dans de la prévention, de la campagne d'information, on va
dans la sortie, on passe par la justice, tout est important, tout est amalgamé.
Parce que, comme disait Christine, on a levé chaque pierre et on a essayé de
trouver une solution pour chaque chose. Donc, on est vraiment fiers de notre
rapport.
M. Carabin (François) : J'aimerais,
sinon, parler de la recommandation... je pense que c'est la n° 44,
M. Leduc en a fait mention plus tôt, sur les... En fait, vous recommandez que
les services de police augmentent les patrouilles mixtes associant policiers et
intervenants psychosociaux ou misent sur une approche de type police
communautaire. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus et également
nous dire si c'est un modèle qui pourrait s'appliquer à toutes les
interventions policières?
M. Leduc : Lorsqu'on est
allés, en commission, à Val-d'Or, on a eu l'occasion de rencontrer et de
discuter plusieurs belles heures... avec un projet de ce type-là, notamment,
qui était dédié aux personnes autochtones, pas exclusivement, mais entre autres
aux personnes autochtones, puis il y avait des résultats intéressants.
Le fait, justement, que ce soit une
police... Les personnes marginalisées, pour toutes sortes de bonnes et de
mauvaises raisons, elles peuvent avoir une crainte par rapport à une personne
en uniforme, en... Tu sais, ils ont peut-être subi des traumatismes personnels,
des gens qu'ils connaissent, bon. Donc, si la personne qui l'approche, elle
n'est pas seule ou... ce n'est pas deux policiers, mais bien un policier puis
un travailleur social qu'on connaît déjà, qui n'a pas d'uniforme, qui est plus
abordable, d'une certaine manière, de sa simple facture physique, bien, ça
donne des résultats intéressants.
Puis votre question, elle est excellente
parce que c'est vrai que sur d'autres sujets c'est étudié en ce moment. Je suis
pas mal certain que ma collègue Mme Guilbault, dans son exercice du livre vert,
va avoir des recommandations. Bien, en tout cas, elle est en train de regarder
ça, ça, je suis convaincu. Nous, à Québec solidaire, puis je ne sais pas pour
les autres formations, mais c'est une piste qui nous intéresse, c'est une piste
qui nous intéresse pour aller rejoindre davantage de personnes marginalisées
qui ont des craintes par rapport, parfois, à un homme ou une femme en uniforme.
M. Carabin (François) :
Merci.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour. Une question pour Mme Lecours, s'il vous plaît. Vous dites, évidemment,
que vous ne voulez pas que le rapport se retrouve sur une tablette, vous vous
engagez à ça. Or, quand même, quand on voit les engagements électoraux de la
CAQ, en 2018, ça ne figurait pas, depuis deux ans, ça ne figure pas dans le
discours du gouvernement. Pourquoi, soudainement, ça deviendrait une priorité
nationale pour le gouvernement?
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, je vais commencer par vous dire que je n'étais pas là. Moi, je suis une
nouvelle élue, donc je suis de cette législature-ci. Mais, dans une ancienne
législature, j'ai eu une collègue qui a travaillé beaucoup le dossier, et le
fait... On n'a pas besoin de mettre ça dans un plan d'action de campagne
électorale. C'est une réalité, c'est une réalité terrain, c'est quelque chose
qu'on vit.
Donc, il faut... il fallait faire cette
commission-là. On l'a fait, on l'a fait de façon transpartisane, on a super
bien travaillé ensemble. Maintenant, les recommandations sont là, et je vais
m'assurer... je sais que mes collègues, autant celles de ma banquette que des
banquettes de l'opposition, vont être avec moi pour faire en sorte que ce
document-là soit sur le pupitre de chacun des ministres qui sont interpellés à
l'intérieur de ce document-là.
Mme Richer (Jocelyne) : Mais
n'empêche que depuis deux ans ça ne fait pas partie du discours du gouvernement.
Si le premier ministre énumère ses priorités, ce serait évidemment la lutte à
la pandémie, ce sera l'économie, etc. Mais ce n'est jamais dans le discours. C'est
ce que je veux dire.
Maintenant, à partir du moment où le
rapport est publié, selon vous, est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un meneur, c'est-à-dire
un ministre qui serait identifié? Parce que, sinon, ce sont des recommandations
qui peuvent s'adresser à plusieurs ministères. Est-ce qu'il ne devrait pas y
avoir une personne identifiée comme responsable pour mener à bien et qui
présenterait un plan d'action et un échéancier? Parce que, sinon, ça risque de
se retrouver sur la tablette.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, soyez assurés qu'au sortir du salon tout à l'heure... j'ai respecté
toutes les normes parlementaires, au sortir du salon, j'ai pu donner une copie
de ce document-là au premier ministre qui va certainement en faire une de ses
lectures de chevet. Il va le lire probablement très rapidement parce que tout
ce qui est inclus là-dedans concerne plusieurs de ses ministres.
Donc, à votre question à savoir, tu sais,
s'il fallait que ce soit un engagement électoral, c'est un sujet qui est très
pointu, l'exploitation sexuelle des mineurs, encore fallait-il en connaître
tout le contenu, tout ce qu'on avait à aller chercher comme information. Et
comme je disais aussi d'entrée de jeu, il y a des informations qui nous
manquent parce qu'il y a une partie de l'exploitation sexuelle qui est vraiment
cachée. On a eu des témoignages, je vous disais, qui nous ont donné froid dans
le dos, lorsqu'on a appris des réalités terrain, et tout ça, c'est caché.
Encore fallait-il le savoir, encore fallait-il en être conscient, de tout ça,
et le jeter sur papier. Maintenant, c'est fait.
Mme Richer (Jocelyne) : Donc,
vous ne croyez pas que ce serait... il devrait y avoir un ministre responsable
de ce dossier-là et qui serait, donc, redevable à l'Assemblée nationale et à la
population? Non?
Mme Lecours (Les Plaines) :
Bien, je ne vous dis pas... En fait, on va avoir aussi... Une de nos
recommandations, c'est d'avoir un comité ministériel. Est-ce qu'il va y avoir
une identification d'un ministre? Quand on dit «un comité ministériel pour
faire le suivi»... Je ne me souviens plus quelle recommandation, mais elle
porte un numéro, cette recommandation-là.
Mme
St-Pierre
:
...n° 1.
Mme Lecours (Les Plaines) :
La?
Mme
St-Pierre
:N° 1.
Mme Lecours (Les Plaines) : Le
numéro... Non, ça, c'est la priorité...
Mme
St-Pierre
:
En fait, c'est ça, c'est qu'on parle d'un «comité interministériel qui devra
faire rapport à l'Assemblée nationale tous les deux ans sur la mise en oeuvre
des actions et que ce rapport soit étudié par la commission compétente.» Donc,
on voulait aussi qu'il y ait des résultats à ce rapport.
Mme Lecours (Les Plaines) :
Oui, effectivement.
Mme
St-Pierre
:
Et on ne voulait pas commettre le gouvernement. Et c'est de cette manière-là qu'on
le fait. J'imagine qu'il y a des ministres qui vont lever la main. Alors, il y
a peut-être des ministres qui nous écoutent présentement, qui vont dire :
Bien, moi, je lève la main, puis je vais le prendre, ce dossier-là, puis je
vais le mener à bien, puis je vais être vos yeux et vos oreilles au sein du
Conseil des ministres. Il y a eu plusieurs ministres d'interpelés, ma collègue
l'a dit tout à l'heure, Tourisme, Éducation, Enseignement supérieur, Justice,
Services sociaux. C'est comme un ensemble de ministères...
Mme Lecours (Les Plaines) :
Même les Affaires autochtones.
Mme
St-Pierre
:
...qui doivent se mettre ensemble pour faire en sorte qu'on puisse appliquer
ces recommandations-là qui sont réalistes, hein? Moi, je veux dire, là, que
toutes nos recommandations sont réalistes. Toutes nos recommandations portent
sur un argumentaire. Elles auront été étudiées, on les a regardées et elles sont
applicables. Est-ce que ça va se faire la semaine prochaine? Je n'ai pas cette
naïveté-là. Mais je pense que dans... On a deux ans, là, on donne un échéancier
de deux ans, et j'espère que dans deux ans ce seront 100 % des
recommandations qui auront été appliquées.
M. Leduc : Juste
rapidement réagir là-dessus. C'est une information intéressante. Cependant, les
premiers segments de l'audience, en octobre, il y avait des fonctionnaires du
ministère de l'Éducation, si je ne me trompe pas, qui étaient venus avec nous
écouter les premiers blocs de témoignage qui portaient entre autres, là, sur
tout le volet Éducation. Donc, ça, c'était quand même un signal intéressant qu'on
a reçu, nous les partis d'opposition, de dire : Bon, bien, la machine de
l'État est déjà l'oreille tendue pour voir ce qui se passe sur ce sujet-là.
Merci.
M. Carabin (François) : ...vous
parliez d'éducation. Justement, est-ce qu'il y a nécessité d'augmenter le
nombre d'heures du cours d'éducation sexuelle pour, justement, inclure cette
formation-là?
Mme
St-Pierre
:
Bien, il y a nécessité de l'inclure dans le cours d'éducation sexuelle.
Maintenant, nous, nous ne sommes pas des experts dans cette matière-là, mais
nous sommes en mesure de dire : Il faut inclure cette question-là.
L'expliquer comment? Bien sûr, quand on parle de plus jeunes, peut-être que ça
s'explique... bien, il faut l'expliquer un peu plus délicatement. Mais il faut
vraiment parler de cette question-là dans les cours d'éducation sexuelle, c'est
clair, c'est vraiment, vraiment majeur que ça se fasse. Alors, les experts qui
conçoivent les cours doivent lire notre rapport puis avoir ça en tête.
M. Carabin (François) :
...je pense, 15 heures, là, entre le primaire et le secondaire, par année.
Je ne me souviens plus, là, mais ce n'est pas beaucoup d'heures. Est-ce qu'il
ne faudrait pas rajouter des blocs de temps pour...
Mme Perry Mélançon :
Bien, en fait, l'éducation à la sexualité, ça peut passer aussi par d'autres
organismes qui s'occupent de la jeunesse. On a parlé aussi beaucoup des maisons
des jeunes, on a parlé qu'il fallait aussi avoir une sensibilisation aussi qui
se fait au sein même des centres jeunesse. Parce qu'il y avait certains
témoignages qu'on a entendus qui disaient qu'il y avait certains manques à ce
niveau-là. Donc, je pense qu'on s'est beaucoup attardés sur le contenu; la
mécanique autour devra être pensée par les experts, on l'a dit.
Mais effectivement il faut s'assurer que
nos jeunes filles, nos jeunes garçons savent c'est quoi, une relation saine,
équilibrée. Et ça, ça passe par l'éducation à la sexualité, qui est déjà... On
est contents que ça soit de retour. Maintenant, s'il faut augmenter le
nombre... Il faut surtout s'assurer que ce soient des personnes qui soient en
mesure de le donner, des enseignants ou autres professionnels qui aient les
aptitudes et l'aisance à le faire. Donc, c'est beaucoup là-dessus qu'on a misé
et réfléchi, là, pour la recommandation sur l'éducation à la sexualité.
Mme Lecours (Les
Plaines) :Comme ma collègue le dit, c'est
vraiment... c'est important que, un, ce soit de retour, et deux, aussi que ce
soit fait en collégialité avec des organismes. C'est ce qu'on nous a dit et c'est
ce qu'on veut, ça fait partie de nos recommandations.
La Modératrice
: En anglais.
Mme Greig (Kelly) : If I can ask in English, for whoever is comfortable answering. In
the presentation here it says that sexual exploitation is not treated in the same
seriousness as things like drinking and driving, where there's a public campaign.
Why is that? What did you find in your research that would explain why that is?
Mme Lecours (Les
Plaines) : Sorry about my English, but I'm
going to try to respond. What we said in the «rapport»... in the report, is
that we have to make the same thing to include all the people, as we did with
alcohol and, you know, belts…
Une voix
: …
Mme Lecours (Les
Plaines) : …seatbelts, yes.
Mme Greig (Kelly) : ...taken seriously? Because you've listed some examples, here, like
going to see a stripper on your 18th birthday. Why is there a disconnect
between that being something as serious as, say, drinking and driving?
Mme Lecours (Les
Plaines) : What is...
Mme
St-Pierre
: If I may. Because there is a hypersexualisation, in our society,
the banalization of those things. Because we look in another way, because we
don't want to see it. We don't want to see that Montréal is a hub of sexual exploitation, which is not normal in our
society. What we want to do is make sure that this report is a wake-up call for
everybody in Québec. We want to
make sure that they understand the fact that those victims are broken for all
their lives.
Mme Greig (Kelly) : Yes, go ahead.
Mme Perry Mélançon : Yes. Maybe because the victims are not, maybe, conscious about the
fact that they are abused because they are under the pressure of someone, what
we call «proxénète», and... I don't want to say «pimp» because it's not the
term that we are using. But I guess it's because... It all goes there, the
service... We saw some reports, some podcasts. The person is just calling like
he's calling for a pizza, so he's deciding what options, what he wants as a
service. So, the victim is not in this process, she's just in a room, waiting
for a new client. It goes all the way like this, all day long. So, it's just...
I guess it's all underground. So, the clients, they don't talk about it when
they see their friends, but we all know that it's all kind of clients, abusive
clients.
Mme Greig (Kelly) : And why is Montréal
such a hub? Obviously, it's the largest city in Québec. But from what I understood from previous recording, it's a hub for
Canada as well, people get sent
out to different places in Canada. Why Montréal?
Mme Lecours (Les
Plaines) : Some organisations, some experts
came and told us that it's exotic, it's Frenchies, you know, they call them the
Frenchies. That is why it's Montréal. But you know, it's
not only Montréal. In Québec, every region, every city, they have
that problem, and we have to solve it.
Mme
St-Pierre
: Yes. But Montréal
is a big city, as you know, we have many events like Formula 1, like jazz
festivals, and many people like to come to Montréal. And also, what we see, sadly, is the fact that, apparently,
Frenchies are more... there is a demand for Frenchies, and this is what we have
learned during this commission.
M. Leduc : Unfortunately, well, we are good in tourism, in Montréal, for obvious reasons, but there's a
bad thing coming with it, it's the attraction of this kind of sexual tourism as
well.
On your previous question, if I just may add, I was shocked
to hear a few groups involved with young people, they were telling us that, in
workshop they are doing with young, they were surprised to hear that young
people sometime think that as soon as there is money involved, everything is
fine. If there is money involved, something has been paid, well, it's the
capitalist system, and that is it, you need to provide the service for which you've
been paid. And this is a mentality we need to change. We need to change it by
education, we need to change it with more presence of those groups.
It's a general discussion
about sexual consent. We're having this discussion right now with the
10 days of actions against brutality and violence against women. It's
global. We have colleagues, a transpartisan group, that will soon reveal a
report, again, on sexual violence's and things that the State of Québec will do. So I think that it's a topic
in the same family as the one we've treated here.
Mme Greig (Kelly) : And just, If I may, one more question. You spoke a bit… you all
spoke a little bit about the mixed police. I just wanted to touch on that. But,
also, when you talk about primary schools, education, how young are we talking
for, like, kind of introducing the idea of sexual exploitation?
M. Leduc : I think, as soon as possible. But, of course, when you become a
teenager, in the post… in the secondary… «l'école secondaire», it's beginning
to get more real. We've heard some people starting as young as 14, 13, 12
sometimes. So why not start as soon as possible? Thanks.
M. Lapierre (Matthew) : Just one final question. Is there anything you heard in your work
that would suggest that the pandemic, the COVID-19 crisis, would make this situation worse?
M. Leduc : Well, it was hard for the women involved in the sex industry — I don't like the word, but
that's the one we use — because men wanted more, wanted fast. So they were not able to,
maybe, get out of the system as easily as usual with all the housing system
that is normally full opened. Now, there were restrictions, so they were having
a hard time to get out, there was more poverty than usual. So we've learned and
we've talked about a lot of the poverty aspects, which is hard to get out of
the sex industry and the sex exploitation if you're in poverty. Well, the
pandemic has created a lot more poverty than we were used to know.
Mme Perry Mélançon : And I would say as well that we heard that the victims… what they
say is that there's a lack, yes, of the offer of housing or to get rid of this
cycle, but they say as well that there's a lack of mental health care. So this
is what we heard, about the pandemic, it was hard for everybody, but they were
very stressed out and they needed more help with health care, mental health
care.
Mme Greig (Kelly) : Just one last precision. In terms of those mixed patrols, with the
social worker and a police officer or many police officers, how soon do you
think that can be accomplished in a city like Montréal? Is that something
that's easy to get off the ground?
Mme Lecours (Les
Plaines) : Well, in some places in Montréal it exists. But what we
want is we want them to exchange information and to work together. That's new in the report. And we want that
kind of model to export around those cities that don't have that kind of a…
Mme Greig (Kelly) : Thank you.
M. Leduc : Merci beaucoup,
merci.
(Fin à 12 h 16)