(Dix heures trente et une minutes)
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bonjour, tout le monde. Ce matin, on a plusieurs sujets d'importance, des
sujets costauds. Premièrement, j'ai des annonces importantes à faire par
rapport aux nouvelles responsabilités de l'équipe de députés du Parti québécois.
Pas moins de 14 dossiers changent de mains. Je veux également vous parler
absolument de liberté d'expression dans les campus, dans les universités québécoises.
Ça me semble essentiel de prévenir une dynamique qui, à mon avis, est très
problématique, celle qu'on a vue à l'Université d'Ottawa. Puis finalement je
glisserai un mot sur cette histoire de dézonage de terres agricoles, dans la
MRC de Montcalm, qui me fait étrangement penser à tout ce que, comme citoyen,
je détestais de l'ère libérale, c'est-à-dire le contournement des lois pour
favoriser, à l'époque, des bons libéraux, puis aujourd'hui c'est devenu des
bons caquistes. Mais malheureusement c'est le même problème au niveau de
l'environnement et de l'étalement urbain.
Donc, commençons par le commencement. Pas
moins de 14 dossiers vont changer de mains dans le cadre de notre nouveau
cabinet fantôme, de notre nouvelle répartition des responsabilités parmi les
députés. Dans ce qui change qui doit être souligné, d'une part, certains gestes
audacieux comme celui de confier l'économie, la relance économique et de même
que les PME à Méganne Perry Melançon. Je veux une voix jeune,
dynamique pour remettre en question le modèle économique, tout droit sorti des
années 90, de la CAQ, une relance économique à travers le p.l. 66, en
ce moment, qui ne nous parle que de béton et qui ne sert essentiellement qu'à
remplir les promesses électorales de la CAQ, qui étaient déjà très
électoralistes. Pas de place pour l'environnement, pas de place pour une autre
discussion que le PIB, comme si on était dans les années 90. Donc, c'est
le temps qu'une nouvelle génération prenne sa place en économie et nous parle
des théories récentes sur comment on peut mieux concevoir l'économie en
harmonie avec l'environnement et non pas en contradiction avec l'environnement.
Fait important aussi que je désire
souligner, la place que Sylvain Gaudreault occupera. Il aura plusieurs
responsabilités très importantes. Donc, il se voit confier, évidemment, vous ne
serez pas surpris, l'environnement et la lutte contre les changements
climatiques, l'énergie, le Conseil du trésor, le travail de même que la vice-présidence
de la CAP. Donc, ce sont des thématiques qui me sont chères. C'était important
pour moi que Sylvain Gaudreault prenne une place importante. Je salue d'ailleurs
son professionnalisme et sa notion de service envers le parti puis le Québec,
dans sa décision, c'est une décision commune, là, on en a parlé ensemble, dans
cette décision commune, là, de prendre toutes ces responsabilités-là au sein de
l'équipe.
D'autres personnes se voient confier de
nouvelles responsabilités. Soulignons entre autres Pascal Bérubé, qui se voit
confier, en sus des mandats qu'il avait déjà, la culture et les communications
de même que les affaires municipales. Sylvain Roy se voit confier les pêcheries
de même que le développement régional et la ruralité. Soulignons également que
Joël Arseneau, également, voit sa charge de travail bonifiée parce que j'ajoute
les services sociaux de même que la santé mentale et la solitude. Et c'est un
nouveau thème, mais je veux qu'on soit très précis là-dessus. En temps de
COVID, la santé mentale et la solitude sont des enjeux de santé. Donc, Joël
Arseneau va jouer un rôle supplémentaire dans ces dossiers-là. De la même
manière, par rapport à Martin, je lui ai confié les affaires autochtones de
même que la sécurité publique.
Donc, comme vous voyez, beaucoup de
mouvement. Il y a des gens comme Véronique Hivon qui incarnent la solidité de
notre équipe et qui vont donc continuer dans les mêmes dossiers parce qu'ils
sont tout simplement excellents, puis on ne voyait pas de raison de faire de
changement. Mais avec 14 dossiers qui changent de main, on peut dire qu'il
y a un véritable remaniement. Et mon objectif, c'était, d'une part, d'incarner
un renouveau, mais surtout de permettre aux députés... parce que j'ai entendu
chaque député, avant de prendre ces décisions-là, de permettre à chaque député
de briller dans les sujets qui les passionnent le plus, de trouver des sujets
qui, finalement, les motivent. Donc, c'est à partir de discussions avec les
députés que j'en suis arrivé à ces décisions-là. Puis d'ailleurs je vais céder
la parole rapidement à Martin sur le rôle de chaque député, là, dans la reprise
des travaux.
M. Ouellet : Merci beaucoup, chef.
Tout d'abord, merci de la confiance. J'ai demandé d'avoir les affaires
autochtones. On a discuté ensemble aussi de sécurité publique. J'avais un
profil économique depuis plusieurs années, mais je pense que c'est tout à fait
audacieux, et c'était le geste à poser aussi, de permettre à Méganne, qui est
une étoile montante dans notre équipe, de prendre la place, de prendre la
parole au sein du Parti québécois pour cette relance économique tournée vers
l'économie verte mais tournée aussi vers la jeunesse. Ce que les gens
s'attendent d'une relance économique, ça ne sera pas une relance pour les cinq,
10 prochaines années, mais c'est une relance pour plus d'une génération.
Alors, j'étais content de confier les dossiers que j'avais à Méganne, mais
aussi à Sylvain. Donc, merci de la confiance, Paul.
Cela étant dit, nous nous sommes entendus,
les partis, les différents leaders, à une reprise des travaux parlementaires
ici au salon bleu. Et juste pour vous dire qu'il n'y a pas beaucoup de
changements, des changements à la marge : toujours à 37, la même façon de fonctionner
en commission parlementaire. Donc, on va faire le même travail, toujours en
respectant… Et ça a été ça, la clé de notre négociation. On a demandé au leader
du gouvernement : Est-ce que la Santé publique a des conditions
différentes à nous imposer pour faire notre travail? La réponse est non. Donc,
ce qu'on a convenu en juin et ce qu'on a convenu en septembre, c'est la même
chose qui va s'appliquer aujourd'hui. Et on a signé une entente qui va nous
amener jusqu'en décembre. Donc, le Parti québécois est prêt. Et je laisse
maintenant la parole à mon chef, Paul St-Pierre Plamondon. Merci.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Merci, Martin. Donc, pour conclure sur ce sujet-là, c'est un
nouveau départ, pour le Parti québécois, dans le cadre duquel les députés sont
valorisés. Des nouveaux dossiers qui offrent de nouvelles possibilités, puis,
j'en suis très fier, ça va dans le sens de ce que j'avais défendu durant la
course à la direction.
Je veux vous parler de liberté
d'expression dans les campus universitaires. J'incite la population à ne pas
prendre cette question-là à la légère parce que pouvoir débattre, pouvoir citer
des oeuvres sans avoir peur d'une représaille, que ce soit de la part d'un employeur,
dans le contexte des médias, ou que ce soit de la part de son employeur, dans
le contexte d'une université, c'est fondamental pour la démocratie.
Et, lorsque que je vois des institutions
comme l'Université d'Ottawa ou Radio-Canada, CBC plus particulièrement, là,
dans le cas de Wendy Mesley qui a perdu son émission après avoir cité le
nom d'un livre, lorsque je vois ces institutions-là endosser, au nom de la
rectitude politique, des démarchent qui visent essentiellement à la censure
d'oeuvres littéraires et qui visent à limiter les débats, limiter la liberté
d'expression, moi, j'y vois une grave attaque contre la démocratie. Je prends
ça très au sérieux et je dis aux campus québécois, je dis aux universités
québécoises : Commençons tout de suite à travailler sur trois chantiers
qui protégeront les universités québécoises de ce dérapage. Parce que c'en est
un.
Premièrement, les universités québécoises
doivent tout de suite s'entendre sur une politique qui protège la liberté
d'expression et la liberté de débattre dans les campus. Ça prend des politiques
officielles puis ça doit être dans toutes les universités.
Les universités québécoises doivent
également mettre en oeuvre le plus rapidement possible une politique de
protection des oeuvres, qu'elles soient littéraires ou cinématographiques, mais
il faut que la libre circulation des oeuvres soit garantie, peu importe le
sentiment subjectif qu'elles peuvent susciter chez un étudiant.
Et, dans un dernier temps, je pense qu'il
faut absolument travailler, au sein de toutes les universités québécoises, sur
une politique de prévention de l'intimidation et des représailles. Parce que ce
n'est pas un climat démocratique que de craindre de perdre son emploi ou de
craindre pour sa sécurité parce qu'on entreprend de parler d'une oeuvre ou
parce qu'on décide de mener un débat, surtout pas dans une université, qui est
l'endroit par excellence pour préserver, pour avoir de l'espace pour des
débats. Parce que c'est ça, la démocratie, c'est de débattre librement sans
avoir peur de représailles.
Donc, je vais travailler, au cours des
prochains jours, pour s'assurer que ces politiques-là soient mises de l'avant. Et
j'insiste à nouveau pour… je souligne que ce qu'on a entendu à l'Université d'Ottawa,
ce sont des étudiants qui, à nouveau, se fondent sur le concept de racisme
systémique pour tenter de censurer, se fondent également sur un sentiment
subjectif et non pas sur des faits objectifs, sur des susceptibilités
subjectives pour tenter de décider, à titre de militants, qui a droit de dire
quel mot, et qui a le droit de mener un débat ou de ne pas le mener, et quelle
serait l'issue de ces débats-là.
Donc, je conclus là-dessus en
disant : Nous devons, au Québec, prendre cette question-là au sérieux. Ce
n'est pas parce que le Canada est en ce moment dans un virage idéologique
dangereux qu'on est obligés de suivre. On a droit à notre propre point de vue. Et
mon point de vue à moi, c'est que la démocratie et la liberté d'expression sont
des valeurs fondamentales. Et jamais, au Parti québécois, on ne laissera tomber
ces principes fondateurs des démocraties occidentales.
Le Modérateur
: …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Juste un dernier point.
Le Modérateur
: …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, ça s'en vient. Je veux rapidement vous parler de l'histoire de zonage dans
la MRC de Montcalm. Je veux vous parler de ça parce que l'étalement urbain,
c'est un vrai problème. Ça coûte cher aux Québécois parce que plus on étale,
plus il y a des coûts, plus on dédouble les services. Et ça, c'est le payeur de
taxes qui paie et c'est catastrophique sur le plan environnemental parce que ça
veut dire plus de GES, plus de transport.
Et qu'est-ce qu'on apprend ce matin? Ça
fait deux jours qu'on parle essentiellement du modus operandi des libéraux mais
qui est exécuté par les caquistes. Donc, on a des maires qui ont intérêt à ce
qu'il se construise des bungalows sur des terrains agricoles. Pourquoi? Parce
que ça génère des taxes, donc ça enrichit la caisse de chaque ville. On a des
entrepreneurs en construction qui veulent faire de l'argent sur des bungalows,
donc qui poussent avec la mairie pour qu'on contourne les lois. Puis on a des
spéculateurs immobiliers qui achètent des terres, juste avant, parce qu'ils
sont connectés avec la mairie, puis qui vont faire une fortune une fois que la
pression politique aura fonctionné.
Et moi, c'est sur ces techniques-là qu'on
a appris, dans la série de reportages dans LaPresse, où
essentiellement on contourne les lois, on met des délais impossibles pour
s'assurer qu'il n'y ait pas d'opposition puis on se sert de tactiques
d'influence politique, notamment à travers Louis-Charles Thouin, qui était
auparavant préfet et qui était là pour défendre le point de vue du dézonage
auprès de la ministre. Rappelons-le aussi, il était candidat du Parti libéral
du Canada en 2015.
Moi, je reconnais tout le modus operandi
des libéraux. Mais, au lieu d'avoir des maires, des entrepreneurs en
construction puis des spéculateurs qui sont des bons libéraux, tout ce qui est
arrivé c'est qu'aujourd'hui ils sont devenus de bons caquistes. Et qui en
souffre? Bien, c'est l'environnement et ce sont nos terres agricoles.
Donc, pendant que le Parti québécois
plaide pour l'indépendance alimentaire, la protection de l'intérêt de notre
population pour qu'en temps de crise on ait les moyens de nourrir notre monde,
il y a des gens qui veulent faire une piastre rapide en se servant de toutes
sortes de moyens politiques douteux pour faire avancer leurs intérêts aux
dépens de l'intérêt des Québécois.
Et moi, comme chef du Parti québécois, mon
engagement, c'est vraiment de dénoncer et de mettre de la pression pour que la
CPTAQ puis toutes les autres instances politiques fassent en sorte que la
ministre revienne sur sa décision et décide de ne pas dézoner les terres
agricoles. Il y en a pour 220 terrains de football, de terres agricoles,
tout ça parce que des maires puis des entrepreneurs en construction veulent
augmenter leurs revenus. Je trouve ça complètement inacceptable, et ça démontre
à quel point la CAQ et le Parti libéral, c'est la même approche, c'est juste la
mise en marché qui a changé.
Le Modérateur
: On va
prendre les questions.
Mme Gamache (Valérie) : ...M. Plamondon,
vous souhaitez faire de ce fameux mot qui commence par «n»? Il y en a qui
disent : Bien, quand c'est dans un contexte historique, quand on nomme une
oeuvre, c'est correct, sinon, ce ne l'est pas. Est-ce que cette politique
d'utilisation là, proposée, est-ce que ça doit être seulement dans les
universités?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, c'est tous les mots du dictionnaire. Puis, en fait, on avait un débat
intéressant entre plusieurs intervenants, dont Dany Laferrière, de
l'Académie française, qui nous parle de l'importance de respecter le
dictionnaire, puis ensuite on a une militante, qu'on ne connaît pas, mais qui
dit : Parce que je suis militante, moi, je vais vous dire ce que vous
pouvez faire et ce que vous ne pouvez pas faire. Et les fondements de la
démocratie, c'est de laisser cours à tous les mots et à tous les débats.
Maintenant, si, dans le cadre d'un débat, quelqu'un
a objectivement... là, je ne vous parle pas de microagression, je ne vous parle
pas de subjectivité, si, objectivement, quelqu'un a un comportement ou tient
des propos racistes, je serai le premier à le dénoncer. Mais là on a
complètement dérapé, on a complètement passé à un autre niveau, où, là, il
n'est pas question d'empêcher certaines oeuvres d'être nommées, certains débats
d'avoir lieu…
M. Lacroix (Louis) :
Lesquelles, par exemple? Lesquelles? À quoi vous faites référence?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, à toutes les oeuvres dont il est question, là. Donc, ça a eu lieu à
Concordia, avec Nègres blancs d'Amérique, ça a eu lieu à l'Université
d'Ottawa puis ça a lieu partout en Amérique du Nord en ce moment. Il faut
distinguer la lutte au racisme, et au Parti québécois vous allez nous voir très
actifs sur la lutte contre le racisme parce qu'on doit être tous égaux devant
la loi, il faut distinguer ça de la rectitude politique et l'hypersensibilité
de certains groupes militants qui veulent dicter au reste de la société les
mots et les débats qui sont permis, en fonction de leurs sensibilités
subjectives. Ça, on ne peut pas laisser faire ça.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'on assiste à une dérive sociétale, à ce niveau-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, on est devant une dérive sociétale qui nous vient des États-Unis, qui nous
vient de campus universitaires comme Evergreen College et qui est documentée
depuis des années. C'est seulement qu'au Québec qu'on se sentait un peu à part,
un peu protégés de cette mouvance-là. Et là, vraisemblablement, avec ce qui
s'est passé à Concordia puis avec Ottawa, cette mouvance-là, elle est à nos
portes. Et c'est pour ça que je réagis en disant : Nos universités
québécoises vont se doter d'une politique en protection de la liberté
d'expression, une politique en protection de libre circulation des oeuvres puis
en matière de prévention de l'intimidation sur le campus également. Sinon,
c'est notre démocratie qu'on est en train d'échapper.
M. Lacroix (Louis) : Mais
dans quels cadres est-ce que le mot «nègre» peut être utilisé, à votre avis?
Quelles sont les limites? Quelles sont les balises de l'utilisation de ce
mot-là, selon vous?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Les mots peuvent être utilisés lorsqu'une personne raisonnable conclurait qu'il
n'y a pas de geste raciste et d'intention raciste. Donc, si une oeuvre porte un
mot inconfortable pour certains, il demeure que l'oeuvre porte ce nom-là puis
il demeure que l'oeuvre doit continuer de circuler. Une oeuvre peut être
profondément dérangeante, elle demeure une oeuvre, et, si on veut apprendre de
nos erreurs, en Occident, on ne peut pas brûler nos livres ou tasser nos livres
parce qu'ils sont inconfortables.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous parlez de défense de… en fait, de défense de la liberté d'expression, en
fait — c'est le terme que je cherchais. Est-ce que, dans le cadre de
la liberté d'expression qui est reconnue par les chartes, là, on peut utiliser
ce mot-là…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien sûr.
M. Lacroix (Louis) : …quel
que soit le message qui soit envoyé?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, en fait, les tribunaux ont déjà déterminé ce qui constituait du discours
haineux. La liberté d'expression est fondamentale, en démocratie, mais elle
n'est pas illimitée. On a déterminé que, lorsqu'il est question de discours
haineux et de diffamation, il y a une limite, là, puis ça peut engendrer des
poursuites civiles. Ça, c'est déjà le cas, je n'invente rien, c'est l'état des
lieux. Ce qui est en train de changer, c'est que, dans des contextes où il n'y
a pas de haine, dans des contextes où il n'y a pas d'intention ni de fait
raciste, certains groupes militants, en fonction de leurs sensibilités
subjectives, vont commencer à dicter à tout le monde ce qu'on peut dire, le
débat qu'on peut faire et l'issu des débats, sous peine de quoi on est dans une
opération d'intimidation et de représailles. On ne peut pas laisser faire ça.
Donc, il y a déjà des cadres juridiques
bien établis sur l'utilisation de la liberté d'expression, mais là on est en
train de changer le cadre radicalement. Et je trouve ça tellement dommage de
voir des professeurs se voir menacés de perdre leur emploi, se voir diffamer,
alors qu'ils font leur travail. Soyons solidaires des professeurs. Soyons
solidaires de la démocratie et de la libre circulation des idées. Évidemment
que, s'il y a du discours haineux, on va être les premiers à réagir en
disant : Ce n'est pas acceptable, et on fixera ces limites-là. Mais là on
est complètement ailleurs.
M. Bossé (Olivier) : Mais
comment on fait pour juger entre... et susceptibilité subjective?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ma couleur de peau n'est pas pertinente dans le caractère objectif d'un
discours haineux ou pas. On peut objectivement, indépendamment de la couleur de
peau ou la religion des gens, déterminer ce qui est un discours haineux. Il y a
des tests qui ont déjà été développés, d'ailleurs, pour ça. Et je rejette
complètement le discours du recteur de l'Université d'Ottawa qui fait siennes
toutes les théories qui vont avec le racisme systémique. Parce que ça, c'est un
autre enjeu, avec le mot «systémique», c'est qu'il ne vient pas seul. Il vient
avec toutes sortes de nouvelles théories qui visent essentiellement à limiter
le droit des gens de s'exprimer, sur la base de catégorisation raciale. Donc,
on fait essentiellement renaître le concept de race, alors que le concept de
race n'a aucune validité. Et, si on veut se battre contre le racisme, nous
devons absolument se battre contre ce concept-là. Là, on est en train de faire
l'inverse et donner la parole et donner le droit de débattre, dans les
universités, en fonction de la couleur de peau et de la susceptibilité
individuelle des gens. C'est une dérive dangereuse.
M. Laforest (Alain) : Deux
petites questions rapides pour M. le nouveau porte-parole de la sécurité
publique. Qu'est-ce que vous pensez des poursuites intentées contre l'UPAC, de
deux gens qui étaient ciblés dans le Projet A, et aussi de la pétition qui est
en ligne actuellement pour que le directeur général de la Sûreté du Québec
reste en poste?
M. Ouellet : Bien,
évidemment, pour nous, il y a énormément de questions derrière ces enjeux-là.
Pour ce qui est de la pétition, évidemment, on va suivre ça de près. Parce que,
je veux juste vous rappeler, la décision pourrait être soumise à l'Assemblée
nationale, mais nous, on n'a pas eu le rapport, donc j'ai de la misère à
évaluer la qualité de l'enquête qui a été menée. Et, lorsque j'entends les
propos de M. Prud'homme, bien, malheureusement, j'ai de la misère à avoir
l'ensemble des informations. Donc, j'ai bien hâte de voir de quelle façon le
gouvernement de la CAQ va amener cette proposition à l'Assemblée nationale.
Et pour ce qui est de l'autre sujet, bien,
vous avez effectivement raison, ces deux personnes-là ont été tassées, je pense
que c'est un petit peu ça l'expression. Donc, est-ce que le travail que la CAQ
avait promis à l'UPAC est en train de se faire? Permettez-moi d'en douter. La
CAQ avait promis d'agir. Il y a eu le projet de loi n° 1 pour la
nomination du commissaire aux deux tiers. C'était une demande du Parti
québécois dans l'ancienne législature. Mais présentement je ne vois pas de
grande différence entre l'ancien gouvernement et celui actuel. C'est-à-dire
qu'il y a encore beaucoup de questions par rapport à l'UPAC, beaucoup de
questions quant à la crédibilité de l'organisation. Et moi, mon travail, ça va
être de ramener la confiance en posant les questions, en obtenant les
diagnostics.
M. Laforest (Alain) :
...l'UPAC, c'est un échec total pour vous?
M. Ouellet : Bien,
présentement, ça ne donne pas les résultats escomptés. On voit ce qui s'est
passé avec les enquêtes qui ont été laissées de côté, qui ont été laissées
tomber. Donc, à la sortie de la commission Charbonneau, les citoyens du Québec
ont placé beaucoup d'espoir à l'UPAC, mais je suis tenté de vous dire aujourd'hui :
Malheureusement, les critères de succès ne sont pas présents. Donc, il y a...
Une voix
: ...
M. Ouellet : Pardon?
Une voix
: ...
M. Ouellet : O.K. Et donc on
a effectivement un déficit de crédibilité à regagner auprès de l'UPAC. Donc, est-ce
qu'il y aura une façon différente de travailler? Je l'espère. Mais on manque
beaucoup de détails et on a bien hâte de connaître la suite. Merci.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Juste un point que je voudrais rajouter sur l'UPAC. On s'attendait, avec le
gouvernement du changement, à ce qu'il y ait un changement dans tous les
dérapages qu'on a vus dans la Sûreté du Québec, dans l'UPAC et au DPCP au cours
des années libérales. Donc, essentiellement, je pense qu'il y avait une attente
légitime, de la part de la population, que la CAQ prenne contrôle des milieux
de travail toxiques, fasse les changements qui s'imposent pour que les enquêtes
avancent. Et plus on avance, plus la CAQ démontre qu'en fait on est dans le
même contexte qu'à l'époque des libéraux, c'est-à-dire des cafouillages, des
choses qui ressemblent à du sabotage. Mais c'est tellement complexe puis opaque
qu'on ne peut pas juger vraiment de ce qui s'est passé. Ce dont on se rend
compte, c'est qu'il n'y a pas de différence entre les dérapages qu'il y avait
sous les libéraux et les dérapages qu'on voit en ce moment qui font en sorte
que l'UPAC n'aboutit pas, n'atteint pas ses résultats. Au contraire, ce qu'on
va voir, c'est plein de poursuites contre le gouvernement du Québec parce que
les choses ont été bâclées puis parce que la CAQ ne s'est pas occupée de ces
choses, n'a pas pris ses responsabilités en temps opportun lorsqu'ils ont pris
le pouvoir.
Journaliste
: Martin
Prud'homme, il reste en poste ou il part?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, pour l'instant, c'est sûr qu'il reste en poste parce que le processus est
conçu comme ça. Ce qui est problématique avec Martin Prud'homme, puis c'est ça
qu'il va falloir éclaircir, c'est que, s'il y a une enquête sur lui, mais qu'on
ne lui a pas dit ce qu'on lui reprochait puis on ne lui a pas laissé la chance
de s'exprimer, il est là, le problème. Parce qu'à ce moment-là tout le reste va
être en violation de ses droits et donc tout le reste va avoir une valeur très,
très limitée. Puis c'est pour ça que le fameux rapport, que personne n'a, à mon
avis, il a une valeur limitée. Parce que, si les enquêteurs n'ont pas donné une
chance conforme à M. Prud'homme de s'exprimer sur ce sur quoi on lui
reprochait quelque chose, la valeur juridique de ce travail-là va être remise
en question assez rapidement.
M. Bergeron (Patrice) : ...le
dézonage dans la MRC de Montcalm, M. Legault a toujours répété qu'il
n'était pas achetable, il a toujours dit : Je ne suis pas achetable, son
parti n'est pas achetable. Est-ce qu'avec tout ce qui se passe comme
fligne-flagne, là, dans la MRC, il n'est pas en train de démontrer le
contraire, que son parti est achetable?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il est en train de démontrer que la différence entre le Parti libéral et la CAQ,
dans la gestion des affaires courantes, elle est invisible. C'est vrai au
niveau de la langue, mais c'est vrai aussi au niveau du p.l. n° 61 qui a été suivi du p.l. n° 66.
Rappelez-vous du p.l. n° 61. Qu'est-ce que ça
nous disait sur la CAQ? C'est que c'est un gouvernement pour qui ce n'est grave
d'essayer de contourner les lois, ce n'est pas grave d'essayer de contourner
les citoyens puis les élus, ce n'est pas grave d'essayer de contourner les lois
environnementales, ce n'est pas grave d'essayer de contourner des processus
déjà en place pour prévenir la corruption.
Ils ont reculé, avec le p.l. n° 66, parce qu'ils voyaient bien que la population était indignée.
Mais est-ce que leur mentalité puis leur philosophie a changé? Non, c'est le
même... modus operandi — pardon, c'est deux mots, «maudit»
veut vraiment sortir — le même modus operandi que les libéraux. Puis
pourquoi la CAQ fait ça? C'est parce que, quand on donne des cadeaux à des
maires, puis quand on donne des cadeaux à des entrepreneurs en construction,
puis quand on donne des cadeaux à des gens qui font de la spéculation, bien,
après, ils deviennent des bons caquistes, ils sont loyaux aux élections
suivantes. Puis c'est ça, la corruption dont on veut se débarrasser au Québec.
Donc, je pense que les Québécois sont en
train de prendre la mesure du fait que le mot «changement» sur les pancartes de
la CAQ, en 2018, c'était de la poudre aux yeux, c'est de la foutaise. Puis mon
travail, comme chef du Parti québécois, c'est que ça ressorte clairement puis
qu'on prenne espoir en un gouvernement qui est véritablement au service de la
démocratie, de la lutte à la corruption puis de l'intérêt des gens.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. I would like to cover
two things with you. Geneviève Guilbault wrote a note, a declaration, on
Facebook, she is quite concerned with what's happening at Ottawa U. And she
said also that the professor is receiving insults because she is a Francophone,
add to all this. What is dangerous, what is at stake right now with the use of
the N-word and this censorship?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : So, we are dealing with censorship and the basis for
censorship, right now, and it's the case in many U.S. Universities, and it's
the case in the rest of Canada. And Justin Trudeau is part of that problem. Because
on the day you say: Systemic racism is everywhere, you can't see it, you can't
identify it, let groups that are very involved in that topic tell you what is
acceptable and what's not, then you let small groups define what word is
acceptable, what debate could be or could not be done in a university and what
the outcome of each debate should be. So, we are destroying democracy.
So, there is one thing we
all agree on, that is: racism is a problem, and we need to work on that. So,
hate speech is not acceptable. And there are objective ways to determine
whether there is a hate speech or not. We are not dealing with that topic right
now. We're dealing with books, we're dealing with debates that are now
forbidden because of individual opinions and new theories that do not allow a
free debate in our society. And we need to protect democracy. So, it's a very
serious topic.
Mme Senay
(Cathy) : …is politically correct going too
far? Is it one explanation?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think we have to see it in terms of power relationships.
Certain groups who are «militants», who are activists would like to determine
what can be said, what cannot be said and what the outcome of each debate
should be, and that's not how democracy works. So, of course, they have their
freedom of speech, they have the freedom to say that, according to them, we
should use that word or we shouldn't do that debate. But a university cannot be
run by five or six activists. Each student has a right to participate in each
and single debate so long that it's not within the real «mauvais»… hate speech.
And we're not there right now. So, we need to protect our books, we need to
protect debates in universities, and it's not for four or five activists to
determine what debate we can do or not in a university. It's fundamental for
the future or democracy.
Mme Senay
(Cathy) : October 28th, that's the
challenge that the Legault Government gave to Quebeckers. We're already on
October 20th. There is a press conference at 1:00 o'clock. What the Government
should do about this October 28th deadline? They should probably be saying
up front: It's going to be extended, to prepare Quebeckers mentally to an extension?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : For the red zones? I didn't hear well.
Mme Senay
(Cathy) : The deadline is October 28th. They
were always saying: Well, we're asking you to make sacrifices…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Until that date.
Mme Senay
(Cathy) : Yes. But now it's October 20th,
and obviously there will be an extension. So, what the Government should do
with this deadline?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think that the population doesn't mind extensions and
flexibility. What they have a problem with is lack of transparency. People will
be willing to collaborate if they get the information and they understand what
comes from Public Health and what comes for political reasons. If the
Government is honest and transparent, I think people are flexible, they
understand that, a pandemic, you don't control it. That's the issue that we're
dealing with: Is that Government going to be transparent and honest as to why
certain decisions are made? That's the topic for the upcoming days.
Mme Senay
(Cathy) : They should know in advance?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. The population should be able to understand what were
the data and what are the reasons for extensions and decisions. People, then,
will collaborate. But, when you cannot get an independent inquiry on what is
happening in CHSLDs, when you cannot get the data, the notes, when you cannot
separate what's political marketing and what's public health, that's a problem
for the population and that's where the real issue lies.
Une voix
:
Merci beaucoup.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Thank you.
(Fin à 11 heures)