(Huit heures quarante minutes)
M. Bérubé : Bonjour, trois
sujets, ce matin, importants.
D'abord, le discours du trône, hier, c'est
franchement désolant, voire humiliant pour le Québec. Non seulement le premier
ministre, après sa bière avec Doug Ford, après le covoiturage vers Ottawa,
n'a pas l'argent nécessaire pour la santé — première défaite — ensuite,
empiétement d'Ottawa dans les juridictions québécoises — ça, c'est
franchement inacceptable — et aussi, bien, disons que… non-respect
des juridictions et création de nouveaux programmes. Alors, dans tous les cas,
c'est humiliant pour le Québec.
Deuxième thème. Je n'arrive pas à croire
que le gouvernement du Québec ait choisi de garder le projet de l'agrandissement
du collège Dawson dans la loi n° 61. C'est
une gifle, d'abord, pour le ministre Simon Jolin-Barrette, qui voit
bousillée sa stratégie linguistique par son propre gouvernement. Et j'ai des
raisons de croire qu'il est isolé sur cette question-là. C'est un message très
fort. Aucun autre collège du Québec ne reçoit une telle accélération d'un
projet. En choisissant Dawson, le gouvernement du Québec tend à démontrer qu'il
a un nationalisme de façade, voire un nationalisme non conséquent, avec ses
prétentions.
Et enfin, et ça, ça me trouble
particulièrement, en l'absence de commission d'enquête indépendante sur les
CHSLD, sur les décès de milliers de nos personnes âgées, bien, la ministre des
Aînés a choisi de tirer ses propres conclusions et elle rejette la faute sur le
premier ministre du Québec, sur le directeur national de la santé publique. Ça
fait 13 ans que je suis à l'Assemblée nationale, j'ai rarement vu une
telle chose. Alors, j'ai des raisons de croire qu'il y a un problème majeur.
Grosse soirée de télévision ce soir. À la fois à Radio-Canada, à la fois à TVA,
on va parler beaucoup des centres de soins de longue durée.
Donc, en résumé, humiliation du gouvernement
du Québec hier lors du discours du trône. La question que je pose au premier
ministre : Qu'est-ce qu'il attend toujours du Canada? Qu'est-ce qu'il
attend toujours du Canada? Lui qui est à l'aise avec le Canada, lui qui s'est
réconcilié avec le Canada, lui qui devient capitaine Canada en présidant le
Conseil de la fédération, bien, finalement, il a la même posture et surtout les
mêmes résultats que ses prédécesseurs, Philippe Couillard et
Jean Charest.
Alors, j'invite le premier ministre à
tirer des conclusions politiques de cet échec. Si le premier ministre croyait
avoir un rapport de force face à Ottawa, bien, il a sa réponse aujourd'hui. Et
il réalise peut-être davantage aujourd'hui qu'être premier ministre d'une
province… on a le titre de premier ministre, mais on dirige franchement une
juridiction pour qui le Canada n'en a franchement rien à foutre, et ça dure
depuis 1867.
Quant à Dawson, je vous l'ai indiqué,
c'est presque de la provocation, de la part du gouvernement de la CAQ,
connaissant notre position à ce sujet, de choisir d'accorder une rallonge. Ce
n'est pas qu'on ne leur a pas dit.
Et, en terminant, comment… Est-ce que le gouvernement
du Québec, le premier ministre en tête, qui a choisi de ne pas parler à Enquête…
Comment accepte-t-il les blâmes de sa propre ministre des Aînés, qui prétend
qu'elle n'avait pas de pouvoir, qu'on ne lui avait donné aucun pouvoir? Mais là
elle ne parle pas de Philippe Couillard. Elle parle du premier ministre actuel,
François Legault, et on apprend qu'elle n'a pas de budget. Le seul budget qu'elle
a, manifestement, c'est un budget de représentation.
Alors, voilà pour aujourd'hui, disponible
pour répondre en français à toutes vos questions.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce que vous pensez des rapports de Herron et de Sainte-Dorothée, qui ont
été publiés hier? Qui est imputable?
M.
Bérubé
:
Bien, c'est dévastateur. Qui est imputable? Manifestement, ça ne relève pas des
gouvernements précédents. Je veux dire, le transfert des employés de la santé
de secteurs chauds, de zones chaudes à zones froides, ça, c'est une décision du
ministère de la Santé actuel. Le degré de préparation face à la pandémie, ça
relève du gouvernement du Québec actuel. Herron est une manifestation de la
perte de contrôle quant à la gestion des CHSLD.
Et je réitère à nouveau que ça prend une
commission d'enquête indépendante. Tout milite en ce sens. Et la CAQ, qui se
souviendra peut-être d'avoir demandé, pendant des mois, voire des années, une
commission d'enquête indépendante sur un autre sujet, va trouver, dans le Parti
québécois, une formation politique qui va lui rappeler très régulièrement la
nécessité d'une commission d'enquête. On ne lâchera pas là-dessus. Et,
croyez-moi, la pression va monter de jour en jour.
M. Lavallée (Hugo) : Donc,
concernant Mme Blais, est-ce que vous êtes d'accord avec son appréciation de la
chose? Parce qu'elle dit que ce n'est pas de sa responsabilité à elle, c'est M.
Legault.
M.
Bérubé
: La ministre
Blais?
M. Lavallée (Hugo) : Oui, c'est
le Dr Arruda… Est-ce que vous partagez son constat? Est-ce qu'elle a raison ou est-ce
qu'elle essaie de se déculpabiliser?
M.
Bérubé
: Ça
devient un pattern. C'est la même chose qu'elle a dite face à Philippe
Couillard, qu'elle n'avait pas les pouvoirs. D'ailleurs, quand j'ai lu, ce
matin, en diagonale, la première version, je me suis dit : Elle parle de
Philippe Couillard. Elle parle de François Legault. Elle parle du directeur
national de la santé publique. Et, pour préserver sa responsabilité ou sa
popularité, elle jette le blâme sur son propre premier ministre. Alors, je ne
sais pas comment ses collègues vont réagir ce matin, mais vous voyez qu'en
l'absence de commission d'enquête indépendante je salue la candeur de la ministre
responsable des Aînés, qui...
M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est
un suicide politique, selon vous?
M.
Bérubé
: C'est
rarement vu. Je n'utiliserais pas ce terme-là. Mais, franchement, je me pose la
question sur le rôle que va continuer à jouer la ministre des Aînés dans ce gouvernement.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que c'est un sacrifice...
M.
Bérubé
: Moi,
je connais Marguerite Blais depuis des années, et c'est la spontanéité et la
candeur… Je ne crois pas que c'est un calcul. Elle a livré le fond de sa pensée
comme elle l'a fait dans d'autres circonstances. C'est quelqu'un que j'apprécie
beaucoup, soit dit en passant. On a d'excellents liens au-delà de la politique.
Mais, à partir du moment où elle a dit ça, le premier ministre devra répondre
cette fois de qui? De Marguerite Blais, et ça, c'est inusité et c'est
relativement grave.
Alors, quand la ministre des Aînés, qui
est au courant de ce qui se passe à l'intérieur, qui fait partie des
gestionnaires de la crise, affirme que la responsabilité revient, notamment, au
premier ministre, qui ne lui accorde pas les pouvoirs nécessaires, et au
directeur de la santé publique, c'est non équivoque. On a là une charge assez
forte, non seulement symbolique, mais dans le réel. Et je m'attends à ce que le
premier ministre, même à distance, puisse réagir rapidement ce matin sur le
rôle que va continuer de jouer Marguerite Blais dans les circonstances.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
le premier ministre a quand même choisi de la laisser là, alors qu'il en a
pourtant dégommé une autre. Donc, qu'est-ce que vous tirez comme conclusion?
Mme Blais, sa responsabilité...
M.
Bérubé
:
Bien, je veux dire, le premier ministre aurait pu décider de ne pas conserver
Marguerite Blais à ce poste, ce que vous suggérez. Il a décidé de la garder en
poste. Le résultat, c'est que Marguerite Blais, qui est au courant de toutes
les opérations à l'interne qui se passent en matière de santé publique,
choisit, devant une caméra, sachant que ça allait être diffusé à grande écoute,
de dire ce qu'elle a dit. Imaginez ça serait quoi en privé. Alors, je trouve
que c'est grave, surtout pour le gouvernement, qu'une de ses ministres décide
de tirer dans la chaloupe et de dire : Bien, finalement, dans les
responsabilités, moi, je vais vous indiquer qu'est-ce qui m'apparaît une
d'entre elles, et c'est celle de son propre premier ministre.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
la garderiez si vous étiez premier ministre?
M. Bérubé : Nous, on ne
l'aurait pas prise.
Journaliste
: Pourquoi?
M. Bérubé : Un lourd tribut à
payer.
M. Lacroix (Louis) : Pourquoi
vous ne l'avez pas prise?
M. Bérubé : Bien, parce qu'on
ne l'a pas approchée et parce qu'elle ne s'est pas offerte non plus. Mais on
n'a pas fait d'approche, à ma connaissance. Mais, je veux dire, il est clair
que le gouvernement du Québec voulait profiter de la popularité de Marguerite
Blais pour le bénéfice de son élection, c'est clair. Et la principale
manifestation, ça a donné les maisons des aînés, ça a donné les maisons
Gilles-Carle, qui sont deux engagements auxquels tenait sincèrement Marguerite
Blais, femme de coeur. Ça lui a été accordé. Mais, si vous parlez avec des
parlementaires libéraux ce matin, ils vous diront qu'ils ne sont pas surpris
qu'elle réserve à son propre premier ministre le sort qu'elle a réservé à son premier
ministre précédent.
M. Lacroix (Louis) : À votre
avis, est-ce que c'est justifié, ces critiques-là à l'égard...
M. Bérubé : Le problème,
M. Lacroix, c'est que les informations qui mènent à la prise de décision,
on ne les connaît pas. Ça fait que moi, je ne peux pas juger de ça. Mais elle,
c'est une initiée, elle est à l'intérieur. Elle a vu des choses. Elle a
constaté des choses. Et, de son titre de ministre, elle affirme ce qu'elle a
affirmé.
M. Lacroix (Louis) : …
M. Bérubé : Bien, je ne veux
pas la croire en disant : Bien, ça va faire votre affaire parce qu'elle
fait une critique. Je dis que, chaque fois que j'ai entendu Marguerite Blais,
en toutes circonstances, que ça soit l'émission La vraie nature jusqu'en
point de presse ici, c'est quelqu'un qui ne calcule pas, qui livre son état
d'âme. Et, manifestement, puis ça, c'est une autre affaire importante, le seul
budget qui était à sa discrétion, c'est un budget de représentation. On a
instrumentalisé Marguerite Blais, dans le gouvernement de la CAQ, parce qu'elle
était populaire.
M. Larin (Vincent) : …justement
que c'est un front, Mme Blais, c'est une mascotte?
M. Bérubé : Non, je ne dirais
pas ça, pas avec la relation que j'ai avec elle, la connaissant depuis très
longtemps, comme je vous dis. Mais ce qu'elle a livré là est fort. Et est-ce
que le gouvernement du Québec maintient sa confiance en Marguerite Blais? Moi,
je ne la blâme pas. Je dis qu'heureusement on a une lanceuse d'alerte qui
provient du Conseil des ministres. Ce n'est pas banal.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...M. Bérubé, là, en mai, Mme Blais
a donné une série d'entrevues. Elle a dit : Sous M. Couillard, je
relevais du ministère de la Famille, je n'avais pas de pouvoir, désormais, je
relève du ministère de la Santé, j'ai des pouvoirs. Ça fait que, là, est-ce
qu'elle s'est mêlée dans son discours?
M. Bérubé : Bien, une des deux
versions est la bonne. Mais j'aurais tendance à penser que c'est la dernière
qui est la bonne. Elle indique... Puis là c'est très clair, en tout cas, on
verra l'émission complète ce soir, elle a le pouvoir que le premier ministre
lui concède et c'est lui qui a le pouvoir.
Je vais poser une question adjacente. Est-ce
qu'elle participe aux opérations? Est-ce qu'elle est dans, en latin, le «inner
circle» des décisions matinales? Je ne le sais pas. Mais le témoignage qu'elle
livre est explosif pour la suite des choses. Et, en l'absence de commission
d'enquête, moi, je vais me rabattre sur ce genre de commentaire là, d'une
lanceuse d'alerte qu'on retrouve à l'intérieur même d'un gouvernement. Avouez
que c'est plutôt sans précédent.
M. Bergeron (Patrice) :
Devrait-elle être démise?
M. Bérubé : Moi, je me
fais un point d'honneur de ne jamais intervenir dans les affaires internes des
formations politiques et j'entends maintenir cette ligne.
M. Lacroix (Louis) :
Qu'est-ce que vous pensez de Dr Arruda? Parce qu'il est écorché aussi, le
Dr Arruda, dans cette entrevue-là, là. Alors, est-ce que vous croyez qu'il
devrait y avoir peut-être un regard sur le travail qu'a fait la Santé publique
dans cette crise-là?
M. Bérubé : Encore une
fois, comment juger de la gestion du Dr Arruda? Je vous ai souvent répété
que le Dr Arruda propose un certain nombre de propositions. Le
gouvernement peut choisir de les suivre totalement, partiellement ou pas du
tout. Il y a des arbitrages. On n'en sera jamais témoins. On a même appris, à
l'étude des crédits, qu'aucune note n'existe sur les échanges entre le
Dr Arruda, et le premier ministre, et ses collaborateurs depuis le début
de la pandémie, ce qui m'apparaît comme étant quelque chose d'assez grave.
Le Dr Arruda, on a choisi de le
renouveler pour un mandat, mais je ne vous cacherai pas qu'on a été un peu pris
de court là-dessus. Si on avait plus de temps pour évaluer, peut-être qu'on
aurait émis des réserves. Il a été renouvelé, mais c'est difficile, pour moi,
d'évaluer davantage le Dr Arruda sur ses déclarations, par exemple, ce qui
est la partie émergée, la partie publique. Il y a une confusion, par exemple,
sur la possibilité des policiers de se rendre dans les maisons. Il n'a pas dit
ça pour rien. Il y a eu une discussion là-dessus. Et, quant à la vice-première
ministre, qui dit : Ce n'est pas prévu, virgule, pour l'instant, puis vous
l'avez relevé, elle n'a pas fermé la porte… Alors, je maintiens notre position
à cet égard.
M. Lavallée (Hugo) : Donc,
est-ce qu'il faut l'écarter ou pas, le Dr Arruda?
M. Bérubé : Le Dr Arruda a été
nommé. Alors, il fera un mandat complet, là, à moins qu'il ait l'intention de
ne pas poursuivre lui-même. Il a un mandat de trois ans, à ma connaissance, voilà.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une précision sur le discours du trône. Donc, est-ce que vous attendez... Je
vais reformuler. Ce n'est pas une bonne nouvelle que Justin Trudeau ait promis
des services de garde, des garderies puis un régime d'assurance médicaments,
dans la mesure où le Québec, qui a déjà ces programmes-là, pourrait récolter
des millions, sinon des milliards de dollars?
M.
Bérubé
: Non.
Trois choses : empiétement annoncé dans les champs de compétence exclusifs
du Québec, absence de rehaussement des transferts en santé, sans condition,
réclamé par le gouvernement du Québec, puis échec du gouvernement à faire
progresser les revendications de son nouveau plan nationaliste. Trois échecs.
Alors, c'est quoi, le rapport de François Legault...
M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est
des compensations qui pourraient être allées chercher par le gouvernement du
Québec.
M.
Bérubé
: Mais
je n'en ai pas vues. Je n'ai pas entendu ça. Le gouvernement fédéral envoie le
chèque avec la feuille d'érable. Il ne passe pas par Québec. Vous voyez, là,
ceux qui pensaient, là, que...
M. Bélair-Cirino (Marco) : …même
s'il y a une feuille d'érable dessus?
M. Bérubé : Ceux qui pensaient
que l'union, là, de François Legault et de Doug Ford, là, était historique, là,
tels LaFontaine et Baldwin, bien, ils se rendent compte qu'on est loin du
compte. Ils n'en ont pas, de poids. Le gouvernement fédéral décide. Et j'invite
le premier ministre à en tirer des conclusions politiques. Il n'y a plus rien à
attendre du Canada, qui n'en a rien à foutre du Québec depuis 1867. Nous, on
l'a compris depuis longtemps puis on agit en conséquence. Le gouvernement
dirige une province où il accepte les règles du Canada, préside même le Conseil
de la fédération, puis il accepte que la moitié de nos taxes et nos impôts
servent à nous outrepasser dans nos responsabilités.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, est-ce que vous appelez les députés fédéraux bloquistes, néo-démocrates
et conservateurs à abattre le gouvernement Trudeau?
M. Bérubé : Moi, j'ai
confiance au Bloc québécois qu'il porte exactement les consensus du Québec.
D'ailleurs, moi, là, je vais faire une révélation. J'ai voté pour le Bloc
québécois, d'accord, à la dernière élection. Je ne sais pas pour qui a voté
M. Legault, ou Mme Anglade, ou Mme Massé. Mais moi, je sais que
ce que je dis est conséquent avec mes choix fédéraux. Ce ne serait pas mauvais,
éventuellement, d'apprendre pour qui ils ont voté puis s'ils sont déçus de leur
vote, parce que le gouvernement de Justin Trudeau vient dire au Québec :
Vous pensez que vous avez de la force à vous unir avec l'Ontario, à aller à
quatre premiers ministres à Ottawa? C'est moi qui décide.
Alors, pour les Québécois, sachez que vous
n'avez pas plus d'argent en santé, empiétement dans les champs de compétence,
donc dédoublement administratif, puis, en plus, le gouvernement de la CAQ qui
s'autoproclame nationaliste. Il n'y a rien qui a avancé, pas de rapport d'impôt
unique, pas de droit de veto. C'est une triple défaite, une humiliation. Puis,
en plus, le gouvernement du Québec va plus loin. Il choisit d'humilier son
propre ministre responsable de la Langue française en disant : Le collège
Dawson, c'est explosif, ce dossier-là, on va le faire, puis ils vont continuer
d'accueillir des francophones puis de contribuer à notre assimilation à
Montréal. Sérieusement, c'est une mauvaise journée.
Donc, résultat des épisodes précédents :
Marguerite Blais accuse son gouvernement d'être responsable d'égarements
importants dans la crise, Simon Jolin-Barrette est isolé par son propre
gouvernement puis le gouvernement fédéral isole le Québec. Bonne fin de
semaine, tout le monde.
M. Bossé (Olivier) : ...c'est
quand même un argument intéressant pour dire : Bien, on va s'en occuper,
de l'Assemblée, puis ça n'a pas l'air de marcher.
M. Bérubé : Bien, d'abord, il
faudrait que le gouvernement du Québec ait la volonté et le courage qu'a eu
l'Ontario de tenir une commission d'enquête indépendante. En matière de
courage, là, c'est Toronto, 1, Québec, zéro. Doug Ford a commandé,
fin juillet, une commission d'enquête indépendante où il risque d'être blâmé.
Lui, il n'a pas peur de ça. Quand je vous disais, la semaine dernière, que le
gouvernement du Québec craint énormément d'être blâmé puis qu'on affecte sa
popularité, ça tend à se vérifier. Pourquoi pas de commission d'enquête? Parce
qu'ils ont peur d'être blâmés. Il y a une commission inoffensive avec Mme
Castonguay, qui n'a pas de pouvoir de contrainte, pas de pouvoir de commission
d'enquête, et qui risque de déboucher, franchement, sur quelque chose de
particulièrement inoffensif au gouvernement du Québec. On est rendus là.
M. Larin (Vincent) : M.
Bérubé, concernant Precinomics, là, on apprenait ce matin que M. Anctil, qui
est à...
M.
Bérubé
: Ah
oui! J'ai vu ça.
M. Larin (Vincent) : C'est ça,
il est en charge d'évaluer le côté éthique de Precinomics, et il a même avoué,
pendant Mâchurer, avoir donné des chèques, là, à des firmes d'ingénierie. Trouvez-vous
ça normal? Avez-vous encore confiance dans ce monsieur-là pour évaluer toute
faute d'éthique quelconque?
M.
Bérubé
:
Bien, son éthique est mise à mal. Et, encore une fois, il y a un nom qui
survient, hein? Marc Bibeau, ça revient régulièrement. J'imagine que
l'essentiel des ressources destinées à traquer les filous le sont sur les
enquêtes. On attend encore le résultat sur Mâchurer.
M. Larin (Vincent) : Mais ce
monsieur-là, Anctil, est encore là, à l'Institut de cardiologie, au comité éthique.
M.
Bérubé
: J'ai
l'impression qu'il va se faire rencontrer aujourd'hui. C'est une intuition que
j'ai.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la vaccination, est-ce que c'est une bonne idée de mettre à
contribution des gens comme les travailleurs sociaux, les psychothérapeutes? On
apprend…
M.
Bérubé
: Le
dépistage ou la vaccination?
M. Lavallée (Hugo) : La
vaccination. On semble dire qu'on demande ça en vue, là, de la vaccination sur
l'influenza.
M.
Bérubé
: Bon,
je vais commencer par le dépistage puis j'arrive à la vaccination.
Quant au dépistage de la COVID, je vous
annonce qu'au CSSS du Bas-Saint-Laurent toutes les orthophonistes — c'est
surtout des femmes — sont appelées à faire des tests. Combien de
temps dure la formation pour un test? Une heure. Alors, au lieu d'enlever les
orthophonistes de leur travail régulier pour la réussite des enfants, pour leur
apprentissage, on leur demande d'insérer l'écouvillon pour faire des tests. Ce
n'est pas leur place. Il y a plein d'infirmières retraitées, d'infirmiers
retraités qui pourraient faire ça. Moi, je n'accepte pas que les enfants de ma
région soient privés d'orthophonistes, des ressources rares, et précieuses, et
essentielles, pour faire des tests. C'est scandaleux. Je l'ai dit, j'ai fait
des recherches là-dessus.
Quant au vaccin, je n'ai pas pris... Il y
a eu une nouvelle, probablement, ce matin, à laquelle vous faites référence. Je
ne l'ai pas lue, en toute honnêteté.
M. Lavallée (Hugo) : Puis,
concernant Dawson, je comprends bien que vous allez mener le combat. Vous allez
bloquer le projet de loi?
M.
Bérubé
: Vous
ne pouvez même pas vous imaginer. Sur Dawson, c'est une question de principe,
puis j'en fais une affaire personnelle.
Le Modérateur
: En
anglais.
Mme Senay (Cathy) : What…
M.
Bérubé
:
Personal matter.
Mme Senay (Cathy) : Why?
M.
Bérubé
:
Why?
Mme Senay (Cathy) : Yes.
M.
Bérubé
:
OK. Dawson College is the most popular college in Québec, most… thousands of
students every single year, and it keeps increasing the number of students. And
a lot of the students of this college are from francophone backgrounds, and
this is how they have an expansion. We can decide to agree with that or not.
This is my case. I can't believe the Government of Québec said : Keep doing this, Dawson, keep accepting young adults to
study in Dawson and make sure that they have… they increase their socialization
in English. It's not a good thing. And they have a choice. They could choice to
put forward some project of any single college in Québec, Matane, Jonquière, anywhere, they decided Dawson. I want to know
who is putting pressure on the Québec Government to
make sure that Dawson has the funding to have an expansion of the college and
make sure that 800 new students… coming to Dawson.
Mme Senay (Cathy) : There are two things. You don't like the fact that an anglophone cégep
received that many… to expand. And the second thing is why, about the other cégeps,
in other regions, like yours…
M.
Bérubé
: Nothing. And the director of the college, Mr. Fillion, that I've
known for years, said clearly that, with this money, he's going to expand the
college with… He's going to welcome 800 new students, and a big part of those
students are from… are Francophones who decide to go there. Something that we
can do, we can decide that one Anglophone student in Dawson counts for one and
a student from a francophone background counts for 0,5, or 0,6, or 0,7. So they
could decide to select first Anglophone students.
But a lot of colleges in Québec have problems of funding, especially
little ones, and I can't believe that they put this project forward again. We
said that was not a good thing. And it's a slap in the face for Simon
Jolin-Barrette, and I'm pretty sure that he won't comment that because he's
upset right now, and he can't believe that his own Government decided to… «une jambette». What's the word?
Mme Senay
(Cathy) : Trip him?
M.
Bérubé
: That's what she said, that word.
Mme Senay (Cathy) : About the transfer for health, in the Speech from the Throne,
Trudeau's…
M.
Bérubé
: They get screwed. Like, it's three strikes: they ask for additional
funding for health, they ask to put forward their nationalist demands, then
they ask for the Government of Canada to respect their different jurisdictions
of Québec. Three strikes. What
does François Legault expect from Canada? He is in charge of a province, and, when you have the charge of a
province, you have nothing to say. This is how Canada is in 2020. This is how this country is since 1867. We have nothing
else to «attend» from Canada.
And he has to get some political conclusions about what's going on. It's
humiliating for François Legault, and I'm sure this is a major reality check
for him right now.
Mme Fletcher
(Raquel) : What is your main criticism of Marguerite Blais?
M.
Bérubé
: What?
Mme Fletcher
(Raquel) : Your main criticism of...
M.
Bérubé
: …Marguerite Blais?
Mme Fletcher
(Raquel) : Yes.
M.
Bérubé
: Well, she's spontaneous. She's a woman of heart. I know her for
years. I have a great relationship with her. But she knows a camera was rolling,
and she decided to say what she said, and what she said is pretty frightening.
She said, like: I don't have any power, I don't have any funding, I'm not in the
inner circle, I have the power that the Prime Minister decided to give to me, and ask him, he's in charge, and, by the
way, Dr. Arruda can answer to your question suggesting that he's in charge of some major turnout or bad
decision happening since the beginning of the pandemic.
So this is pretty unusual
that we have a whistleblower who lives inside the Council of Ministers, and
that's new to me, and that's not… That's spectacular. So is Mr. Legault
going to respond to his Senior Minister? What's the future of Marguerite Blais
in this Government? The question could be asked since this morning.
Is that OK?
Le Modérateur
:Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 6)