(Neuf heures quatre minutes)
La Modératrice
:
Bonjour, bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole,
tout d'abord, Ruba Ghazal, responsable en matière de transition écologique,
suivi de Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire. Vous pourrez
poser vos questions par la suite.
Mme Ghazal : Alors, bien,
bonjour, tout le monde. Je vais commencer par parler du projet de la cimenterie
McInnis. C'est rare qu'à Québec solidaire vous allez nous entendre dire ça,
mais aujourd'hui, sur ce projet-là, nous sommes d'accord avec M. Legault.
La cimenterie McInnis est un puits sans fond de gaspillage d'argent public, et
plus aucun sou public ne devrait plus être mis dans ce projet polluant. Et
d'ailleurs j'invite le premier ministre François Legault à prendre
d'excellentes notes pour le projet GNL Québec qui, lui aussi, est un projet
polluant et n'est pas un projet d'avenir. Dans quelques années, on va se
retrouver exactement dans la même situation dans laquelle on se trouve
aujourd'hui avec la cimenterie McInnis.
Bon, ce projet, c'est un fiasco du début
jusqu'à la fin, un fiasco économique, écologique, hérité par les mauvaises
décisions et le manque de vision du Parti québécois et du Parti libéral du
Québec. Cela dit, c'est très important de ne pas abandonner la région de la
Gaspésie et ses travailleurs. C'est pour ça que tout l'argent public doit aller
dans un fonds de diversification économique pour soutenir la région, pour
soutenir ses travailleurs. C'est ça aussi, le nationalisme économique. Donc,
voilà.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Ruba. Pour ma part, j'aimerais vous parler de deux amendements que je vais
déposer ce matin en commission parlementaire. Ça fait des années que Québec
solidaire mène la bataille pour améliorer l'accès aux soins de santé dentaire
pour les Québécois et les Québécoises. On a fait campagne sur ce thème, en
2018. C'était une de nos promesses électorales phares, améliorer l'accès aux
soins dentaires pour les familles du Québec.
Et pourquoi? Pourquoi est-ce qu'on a fait
de ça une priorité, en 2018? Parce que le Québec a un des pires bilans, un des
pires bilans au Canada en matière de soins dentaires. Nos jeunes ont plus de
caries que dans le reste du Canada. Nos aînés ont plus de problèmes dentaires
que dans le reste du Canada. Il faut mieux prendre soin de nos dents au Québec,
c'est pour ça qu'on en a fait une priorité lors de la dernière campagne
électorale, et, aujourd'hui, Québec solidaire va remplir cette promesse
électorale en déposant deux amendements en commission parlementaire.
Le premier amendement va avoir comme
objectif de donner plus d'autonomie aux hygiénistes dentaires. Pourquoi? Parce
qu'une des clés pour améliorer la santé dentaire des Québécois et des
Québécoises, c'est la prévention, c'est le dépistage, et les mieux placés pour
faire ça, ce sont nos hygiénistes dentaires. On va donc… Je vais donc déposer
un amendement pour émanciper les hygiénistes dentaires de la tutelle des
dentistes, leur permettre de travailler en CHSLD, travailler dans les écoles,
dans les CLSC, sans supervision d'un dentiste pour faire des nettoyages
dentaires. Ça va faire sauver de l'argent public au Québec et ça va améliorer
les soins de santé dentaires pour les familles québécoises.
Le deuxième amendement que Québec solidaire
va déposer, c'est un amendement qui vise à ce que la Régie de l'assurance
maladie du Québec, donc la RAMQ, couvre les soins qui sont dispensés par des
hygiénistes dentaires. On ne devrait pas avoir à débourser de sa poche, au Québec,
pour se faire nettoyer les dents, c'est la moindre des choses. C'est le premier
pas à faire pour instaurer éventuellement une réelle assurance dentaire
publique et universelle, comme le propose Québec solidaire.
À Québec solidaire, quand on fait une
promesse, ce n'est pas des paroles en l'air. Quand on dit qu'on va faire quelque
chose, on le fait. C'est ce que je vais faire aujourd'hui en commission
parlementaire, et j'espère que la ministre McCann, qui est une ancienne ministre
de la Santé maintenant responsable des ordres professionnels, qui connaît donc
bien le dossier, j'espère qu'elle va être ouverte, qu'elle va accepter nos amendements
pour qu'on fasse un pas vers une meilleure accessibilité aux soins dentaires
pour les familles du Québec qui en ont besoin.
Je vous rappelle, en terminant, qu'au Québec
il y a une personne sur quatre qui n'a pas accès à des soins dentaires pour des
raisons financières. Dans un pays aussi riche que le Québec, où on a fait le
choix d'avoir une santé publique, c'est une statistique gênante. À Québec
solidaire, on a dit qu'on s'attaquerait à ce problème-là, c'est ce que je vais
faire aujourd'hui.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre les questions. Je vous demanderais de vous concentrer à
une question, une sous-question puisqu'il y a un autre point de presse juste
après nous. Merci. Est-ce qu'il y a des questions en français?
Mme Senay (Cathy) : Bien, moi,
j'en ai, là, en français puis en anglais. Ça fait que…
La Modératrice
: Vas-y,
Cathy.
Mme Senay (Cathy) :
Mme Ghazal, moi, j'aimerais juste comprendre votre raisonnement par
rapport à la cimenterie McInnis. Le PQ, encore hier, disait : Il faut investir,
il ne faut pas que ça aille à des intérêts brésiliens, comme c'est la
possibilité. Mais comment vous, vous faites pour vous assurer que les jobs vont
rester? C'est archi-important pour cette région-là, la cimenterie.
Mme Ghazal : En fait, comme je
le dis, c'est vraiment un mauvais projet, là, dès le départ. On n'aurait jamais
dû le faire. Cela dit, on se retrouve aujourd'hui dans cette situation-là à
cause de mauvaises décisions. Maintenant, la Caisse de dépôt et placement du
Québec, nous, on l'invite fortement de favoriser des acheteurs québécois, des
acheteurs, donc, du Québec, puis de garder la cimenterie McInnis au Québec.
C'est ce qu'on l'invite à faire. Mais ce que je suis en train de dire
aujourd'hui, le message fondamental, c'est : plus aucun argent public dans
ce projet, dans la cimenterie McInnis, un fiasco économique et écologique.
Mme Senay (Cathy) :
Jusqu'à quel point l'intervention du gouvernement doit s'arrêter là si, dans l'est
du Québec, ça représente un outil de développement, une stabilité pour la
région?
Mme Ghazal : Écoutez,
quand il y avait la discussion sur le projet de la cimenterie McInnis, on
disait 400 emplois. Aujourd'hui, ce n'est même pas le quart de ces
emplois-là qu'on a. Donc, les promesses n'ont même pas été tenues. Puis ce
n'est pas après la cimenterie McInnis, point de salut, là, il y a d'autres
emplois, et c'est pour ça qu'on dit que l'argent public ne doit aller que...
doit aller dans un fonds de diversification économique dans la région. Il est
possible d'avoir des emplois locaux dans la région, issus du milieu et qui vont
être péreins, qui vont durer dans le temps, alors que ces projets-là, un jour
ou l'autre, là, les travailleurs dans cette cimenterie-là, ils vont être
abandonnés. Bien, il faudrait dès aujourd'hui penser à ces gens-là puis ne pas
les abandonner.
Mme Senay (Cathy) : Je
vais... d'abord en français, puis après j'irai en anglais. M. Legault hier
partageait ses inquiétudes par rapport à un relâchement. Vous, vous voyez ça
comment à partir de maintenant? Est-ce que c'est un message qui est nécessaire
et bien reçu par les Québécois ou on en demande trop?
M. Nadeau-Dubois : Le
relâchement, je pense que tout le monde le constate. Tout le monde, je pense
qu'on le voit dans notre vie quotidienne. Bien sûr, moi, je n'ai pas accès aux
données de la Santé publique auxquelles M. Legault a accès, mais je le
vois autour de moi, je le vois dans ma circonscription, à Montréal, à Québec,
il y a... on sent un certain relâchement, puis, en effet, c'est un problème.
Puis je comprends M. Legault de
rappeler les consignes de santé publique aux Québécois, aux Québécoises. Puis,
moi, mon travail, c'est de faire la même chose, de dire : ces
consignes-là, elles ne sont pas mises en place pour nous achaler, elles ne sont
pas mises en place pour nous rendre la vie difficile, encore moins pour nous
opprimer, c'est des consignes qui sont là pour nous protéger, puis il faut
penser au bien commun.
Quand on se sent agacé, il faut se
rappeler pour qui on fait ça, puis moi, quand je me sens agacé par mon masque,
je pense à mon grand-père, je pense à ma grand-mère, je pense aux aînés autour
de moi, puis, je me dis, oui, c'est agaçant, mais c'est pour ces gens-là qu'on
fait ces efforts-là, pour les plus vulnérables au Québec, pour les aînés, dont
on a besoin. Puis, moi, c'est l'appel que je lance aujourd'hui au nom de Québec
solidaire.
Mme Senay (Cathy) : Pour
les soins dentaires, est-ce que c'est surprenant encore de constater qu'au
Québec on a un pas de recul par rapport à d'autres provinces canadiennes? Et
vos amendements, en quoi ça peut aider les dentistes qui ont souffert pendant
la COVID?
M. Nadeau-Dubois : D'abord,
sur votre première question, c'est... Quand on a créé l'assurance maladie au
Québec, on a oublié une partie du corps. On a oublié que la santé dentaire, ce
n'est pas juste esthétique, ce n'est pas juste pour le plaisir, là, c'est
important. Puis des problèmes de santé dentaire peuvent découler d'autres
problèmes de santé chroniques. Donc, il faut boucher ce trou qu'on a laissé
dans notre réseau de la santé publique. C'est ce qu'on... c'est la bataille
qu'on mène depuis des années à Québec solidaire. On a été une des premières
formations politiques à en parler. Par la suite, d'autres partis se sont
réveillés puis se sont mis à en parler, mais on a été les premiers à mettre cet
enjeu-là sur la mappe. Puis ce qu'on va faire aujourd'hui, c'est déposer des amendements
pour essayer de convaincre la ministre McCann, qui connaît bien le
dossier, de faire un premier pas. Ça ne réglera pas tous les problèmes, mais de
faire un premier pas vers une assurance dentaire publique et universelle…. Et
l'objectif de nos amendements, c'est n'est pas d'aider les dentistes, c'est
d'aider les familles québécoises qui, en très grand nombre, n'ont pas les
moyens de soigner les dents de leurs enfants puis leurs propres dents. Puis,
c'est ça, c'est un problème. Un Québécois sur quatre n'a pas accès aux soins
dentaires pour des raisons financières. C'est inadmissible dans un pays où on
prétend avoir choisi un système de santé public.
La Modératrice
: ...
M. Robillard (Alexandre) :
Oui, pour la cimenterie Port-Daniel, qu'auriez-vous fait, vous, pour la
Gaspésie avec 500 à 700 millions, là, qu'on va perdre, sans doute?
Qu'auriez-vous fait à Québec solidaire? Un gouvernement de Québec solidaire, qu'est-ce
qu'il aurait fait pour la Gaspésie?
Mme Ghazal : Bien, c'est beaucoup
la même question qui se pose pour beaucoup de régions. Souvent, dans notre
vieille mentalité ou nos vieux réflexes, c'est d'investir dans des grosses
patentes, dans des grosses entreprises industrielles, dans des secteurs du
XXe siècle. Par exemple, le ciment, là, ce n'est pas de la haute
technologie. Oui, il peut y avoir de l'innovation, etc., mais ce n'est pas un
secteur d'avenir. La même chose pour GNL Québec avec le gaz liquéfié. Ça
aussi, c'est n'est pas un secteur d'avenir quand on parle des changements
climatiques.
Donc, c'est vraiment... des fois, il y a
des... par exemple, si je prends l'exemple — là, c'est la Gaspésie — il
peut y avoir un sommet sur qu'est-ce qu'il y a dans la région, tout le monde, qu'est-ce
qui peut être fait, dans quel secteur de l'économie on devrait investir, puis
que ça soit le plus diversifié possible et ne pas mettre tous nos oeufs dans le
même panier. Avec tout cet argent-là qu'on a perdu, là, de 615 millions,
puis là, plus que 700 millions, on aurait pu créer bien plus d'emplois et
qui auraient été restés, dans le futur. Donc, il faut que ça soit des projets
qui s'inscrivent dans l'économie locale, dans la région, et non pas des projets
avec des investisseurs étrangers ou qui viennent d'ailleurs, qui ne sont pas
inscrits... qui ne viennent pas... qui ne sont pas issus des communautés.
M. Robitaille (Antoine) : Oui,
mais, qu'est-ce qu'on ferait dans l'avenir? On ne ferait plus de ciment? Est-ce
qu'on ne va pas avoir besoin de ciment pour réparer... Je peux comprendre pour
le gaz, là, il pourrait être remplacé par autre chose peut-être, mais pour le
ciment?
Mme Ghazal : Bien, écoutez,
c'était écrit dans le ciel que ça allait être vendu parce que, de la façon que
ça fonctionne dans le monde, là, dans l'industrie du ciment, c'est juste des
monopoles qui n'aiment pas quand d'autres personnes le voient et quand d'autres
acteurs viennent jouer dans leurs platebandes. Et donc c'était inscrit dans le
ciel que ça allait arriver.
Nous, ce qu'on dit, c'est : Est-ce
qu'on peut diversifier l'économie, voir peut-être... Ce projet-là, il y a une
autre chose aussi qui avait été mal fait par le Parti québécois, ils auraient
dû avoir la décence de faire un BAPE, par exemple, pour voir qu'est-ce qui
aurait pu être fait. Même ça, ça n'a pas été fait.
Donc, c'est de consulter les gens dans la
région puis de voir quels projets d'avenir dans lesquels on doit investir et
non pas de l'imposer avec des fonds d'investissement puis d'imposer des projets
qui viennent d'en haut.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay (Cathy) : ...
M. Nadeau-Dubois : Mais peut-être,
juste avant, sur la question de M. Robitaille, à Québec solidaire, lors de
la dernière campagne électorale, on avait fait une proposition concrète de développer
un secteur en particulier qui est un secteur d'avenir, qui est celui de la
biomasse forestière. Beaucoup de nos régions au Québec dépendent du secteur
forestier. C'est un secteur qui n'a pas que des impacts environnementaux
positifs, c'est le moins qu'on puisse dire. Or, c'est un secteur où il y a
moyen de faire du développement économique intelligent et durable.
Et nous, on avait fait une proposition
assez ambitieuse vraiment de miser sur le développement d'un secteur de la
biomasse forestière fort au Québec. Ça pourrait créer des bons emplois, par
exemple, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, où on essaie de placer la région devant le
dilemme GNL Québec ou rien. Ça pourrait aussi créer des emplois en
Gaspésie, ça pourrait en créer en Mauricie, ça pourrait en créer dans bien des
endroits au Québec.
Donc, il faut sortir de la vieille
logique, puis Ruba l'a très bien dit, où on nous dit : C'est soit des
mégaprojets polluants soit le chômage. Ça, là, ça n'a pas d'allure de mettre
des régions devant ce choix-là.
M. Robitaille (Antoine) : On
brûle du coke de pétrole, là, si je ne m'abuse, dans la cimenterie. La
promesse, c'était de brûler justement de la biomasse. Est-ce qu'au moins...
est-ce que ça serait une consolation si les prochains propriétaires respectaient
cette promesse-là?
M. Nadeau-Dubois : Ma
compréhension, c'est que c'était un projet, en effet, d'intégrer un petit
pourcentage de biomasse forestière pour substituer au coke de pétrole. C'est
mieux que rien, mais le projet McInnis, même timidement amélioré par ça, ça
reste un mauvais projet.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Well, it's about the same topic. The
fact that... I can... both of you, the fact that, yesterday, Mr. Legault was
clear... to invest more into McInnis. But, anyhow, the PQ says: No, we have to
keep those jobs... So, what do you think?
Mme Ghazal :
It's very important, for this project, Ciment McInnis, not to put any public
funds inside it because it's an economical and ecological fiasco. It's a bad
project.
Now, what we need to do,
even if it's… Of course, we invite la Caisse de
dépôt et placement du Québec to privilege a Quebecker buyer. For
sure, this is what we told them so it will stay for Quebeckers, but no public
fund should go into this bad project and… So, that's it. This is what we are
saying. If it's Quebecker, yes, it will be good, but no more public fund.
Mme Senay
(Cathy) : …biomass, but would that be a
solution for McInnis?
M.
Nadeau-Dubois : Well, that was an example to just illustrate the
general fact that it is not true that the only dilemma we have is between huge
and environmentally damaging projects and unemployment. There are other
alternatives for the regions of Québec. That's true for the Gaspésie, that's
also true for the Saguenay—Lac-Saint-Jean in the case of GNL Québec. So, that
was just a general example to illustrate that we have to get out of that logic
where we put all regions and hundreds of workers between this impossible choice,
between futureless industries and unemployment. There are alternatives to that
type of economical development.
And that's why what
Québec solidaire is saying today is something you will not hear us say a lot
when it comes to the environment. We agree with François Legault and we agreed
with him when we were, both, in the opposition. We still agree with him now
that he is in power. And the Parti québécois and the Parti libéral du Québec
should be ashamed of this economical and ecological fiasco.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 20)