(Huit heures quarante-cinq minutes)
M. LeBel : Merci. Bien,
bonjour, tout le monde. Ce matin, je fais les crédits Aînés. Je devrais
questionner Mme Blais sur la situation des aînés au Québec puis tout ce
qui s'est vécu dans les derniers mois.
Mais avant je voudrais dire un mot sur la
déclaration de M. Fitzgibbon hier, à donner nos données personnelles à la
RAMQ à des pharmaceutiques, puis qui nous dit : Je ne peux pas trop en
parler, mais c'est clair dans ma tête. C'est dangereux. C'est un drôle de
gouvernement, là-dessus, puis je comprends, là, l'histoire du projet de loi
n° 61, ils veulent avoir toute la glace, toute la place, c'est clair dans
leur tête, mais on n'en parle pas, puis, regarde, suivez-moi, oui, puis, tu
sais, watchez-moi.
Je trouve que… Puis c'est dangereux, là, c'est
nos données personnelles à la RAMQ qu'on donnerait à des pharmaceutiques pour
faire de la business, puis qu'il dit ça comme ça, que c'est clair, je ne veux
pas trop en parler, mais c'est clair dans ma tête. Dangereux le monsieur,
dangereux. Et on va suivre ça de proche.
Puis, les derniers mois, c'est un peu ça,
avec le Parlement, de la manière qu'on fonctionne. Ce qu'on voit, c'est un
gouvernement qui voudrait tasser l'opposition, tasser tout ça, et faire sa
business comme ils entendent faire. C'est un drôle de nationalisme, ce n'est
vraiment pas du nationalisme, c'est de la business.
Maintenant, par rapport à Mme Blais,
c'est sûr que, bon, là, ils veulent faire des enquêtes, là, sur les CHSLD, voir
ce qui s'est passé dans nos CHSLD pendant les… au printemps. Là, il y a
plusieurs enquêtes, des enquêtes privées, mais ce qu'on fait, dans le fond, on
va faire l'évaluation de la structure. Moi, ce que je dis, c'est… La structure,
là, on sait que ça ne marchait pas, on l'a vu que ça ne marchait pas. Ce n'est
pas l'évaluation de la structure qu'il faut regarder, là, qu'il faut s'arrêter,
c'est de savoir qu'est-ce qui s'est passé avec nos aînés au Québec. Puis, pas
juste les aînés en CHSLD, les aînés dans les autres résidences. Il y a une
douzaine de formes de résidences, là, c'est compliqué, là, ces affaires-là. Et
on a enfermé littéralement les aînés pendant des mois. On les empêchait de
sortir, dans des résidences, même, de luxe, on leur disait : Vous avez le droit
de faire 20 minutes de marche dans votre cour intérieure, 10 minutes
d'un bord, 10 minutes de l'autre, puis on vous renferme. On barre à clé le
garage, puis… Et c'est effrayant, ce qui s'est passé les derniers mois.
Je ne peux pas croire qu'on va arrêter ça
par une évaluation de CHSLD, puis je sais la conclusion, ils vont dire :
On n'a pas assez investi les dernières années. Ça fait que Mme Blais va se
lever en Chambre, elle va dire que c'est la faute des libéraux. Puis là on va
être comme ça. Beau débat. Beau débat de société. Ce n'est pas ça qu'il faut
faire. Il faut…
Il s'est passé quelque chose d'effroyable
par rapport au traitement des aînés, au printemps passé. Il y a eu de l'âgisme,
les aînés ont été regardés de travers par beaucoup de monde, par le
gouvernement. On les a enfermés. Les lignes qui étaient transmises aux
résidences, aux différentes résidences, c'était tout croche, ça changeait de
journée en journée. Je ne peux pas croire qu'on va passer à côté d'une
discussion sur ce qui s'est passé avec les aînés. Puis moi, ce que je pense,
c'est ça que nous prend une vraie commission d'enquête indépendante sur comment
les aînés ont été traités, les derniers mois, comment on voit l'avenir avec une
population vieillissante. Ça sera un débat un peu là-dessus aussi.
Et, enfin, un mot sur ce qui s'est passé
avec Jonathan Marchand, la personne lourdement handicapée qui était ici au
Parlement, là. Le gouvernement a réglé avec un comité. J'ai travaillé fort pour
trouver une solution avec le gouvernement là-dessus, j'ai collaboré. Je crois
que ce comité-là pourra donner des résultats.
Je trouve ça un peu spécial que ça soit la
ministre des Aînés qui s'occupe de ça. Justement, les personnes handicapées
disent : On ne veut pas être traités comme des aînés, on veut être traités
comme des jeunes adultes. Je trouve ça un peu spécial, quand je posais des
questions au ministre des Services sociaux, qu'il n'était pas trop au courant
puis qui disait : Ce n'est pas moi, c'est Mme Blais. En tout cas,
j'espère que le gouvernement va se ressaisir puis que, dans ce comité-là, on va
trouver des solutions parce qu'on ne peut pas se permettre que ça finisse par
un échec. On ne peut pas se permettre que ces personnes-là, qui ont campé ici,
qui sont un peu partout au Québec, qui sont en détresse, que ce comité-là
finisse en queue de poisson, ça serait très… ça serait inacceptable. Voilà.
M. Bossé (Olivier) :
M. LeBel, concernant les Big Pharma, pouvez-vous nous expliquer en
quoi c'est dangereux que le gouvernement vende ces données-là?
M. LeBel : Bien, c'est vos
données. C'est vos données, ça vous appartient. Que le gouvernement avance ça
d'une façon comme ça, en commission sur les crédits, qu'il nous dit : Je
ne peux pas en parler plus, mais c'est clair dans ma tête, on doit se poser des
questions, là. Puis avec tout ce qui s'est passé, là, chez Desjardins,
ailleurs, sur les données personnelles, lancer ça comme ça, là, dans la
population… Voyons donc, c'est quoi? Qu'il nous explique un peu plus sa vision,
mais il nous dit : Non, non, c'est clair dans ma tête, mais je n'en parle
pas, c'est…
M. Laforest (Alain) : Il y a
un agenda caché?
M. LeBel : Bien, c'est un peu
ça, ce gouvernement-là. Puis c'est de se dire : Je sais où on va puis je
vais décider, puis vous autres, suivez-moi puis regardez-moi. Puis ne posez pas
de questions, c'est moi… je suis un gars de business puis je vais faire de la
business.
M. Bossé (Olivier) : On a une
consultation, en ce moment, sur l'application, là, pour le traçage de la COVID.
Est-ce que vous pensez, minimalement, que ça prendrait ça pour vendre les
données à des Big Pharma?
M. LeBel : Bien, minimalement,
c'est… il faudrait qu'il nous dise ce qu'il pense. Il ne nous dit rien. Il dit
que c'est clair dans sa tête. Bien, justement, si c'est clair dans ta tête,
parle-nous-en un peu, explique-nous qu'est-ce que tu veux faire. Mais là, ce
n'est pas ça. Il lance ça : C'est clair dans ma tête, suivez-moi. C'est ça
qui est dangereux.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
qu'il y a une façon, pour vous, que ça peut être acceptable, l'utilisation de
ces données-là?
M. LeBel : À prime abord, non.
À prime abord, c'est vos données, c'est nos données. Je ne vois pas comment on
peut permettre de donner à des pharmaceutiques nos données personnelles pour
faire de la business, non. Mais encore, je vous dis, c'est un peu particulier
que le ministre de l'Économie nous sort ça, vite de même : Je ne peux pas
en parler, mais c'est clair dans ma tête. J'aimerais ça aller voir ce qui se
passe dans sa tête.
M. Bergeron (Patrice) : ...concernant,
donc, l'enquête dont vous parliez. Bon, la commissaire à la santé, dans la loi,
elle a le droit, donc, d'avoir tous les pouvoirs d'une commission d'enquête,
sauf emprisonner. Là, vous demandez une vraie d'enquête, mais elle a le droit
de faire une vraie commission d'enquête, elle a tous les pouvoirs. Elle a le
pouvoir d'assigner des témoins, elle a le droit de demander des documents, puis
on ne peut pas lui refuser, sinon, bien, c'est comme en cour. Qu'est-ce que vous
voulez qu'elle ait de plus?
M. LeBel : Bien, ce que j'aimerais,
c'est une vraie commission d'enquête, qui soit publique, qu'on voie ce qui se
passe, qu'il y ait des experts autour de la table puis qu'on ne s'attaque pas
qu'à la structure CHSLD mais qu'on regarde l'ensemble de la situation par
rapport aux aînés, qu'est-ce qui s'est passé.
Puis on a lancé plein de ballons là aussi
encore les derniers mois. Vous vous rappelez, M. le premier ministre a dit à un
moment donné qu'on allait nationaliser les CHSLD. C'est quoi, on est rendus où
avec cette histoire-là?
Ça fait que, moi, ce que je verrais, c'est
une vraie commission d'enquête avec des gens qu'on pourrait nommer, des gens
indépendants qu'on va suivre, que la population pourrait suivre, que les aînés
pourraient suivre, qu'il y ait quelque chose de transparent. Mais quelque chose
qui va parler d'autre chose que la structure, mais des êtres, qui va parler des
êtres humains, qu'est-ce qu'ils ont vécu dans les derniers mois.
Mme Gamache (Valérie) :
Vous allez questionner Mme Blais ce matin. Est-ce que vous avez
l'impression que Mme Blais a failli à la tâche pendant cette crise-là?
M. LeBel : Bien, j'ai
hâte de voir aujourd'hui. Vous me connaissez, moi, je veux être constructif.
Mais, tu sais, je regarde, là, on a dit que les derniers mois, pendant ce qu'on
a vécu au printemps, ce qui a été plus dommageable au Québec, c'est ce qui s'est
passé auprès des aînés en CHSLD. Et, quand on regarde, au bout de la ligne,
celle qui a payé pour tout ça, c'est Mme McCann. Est-ce qu'on vient de
régler en se disant : Mme McCann a payé, puis les autres, ils n'ont
aucune responsabilité? Je pense que non.
Je pense que Mme Blais, comme
responsable des aînés, a des responsabilités. Des mois avant ce qui s'est passé
avec la COVID, elle nous disait qu'elle faisait le tour des CHSLD, qu'elle en
avait vu une centaine, puis qu'elle allait... qu'elle rentrait dans les
chambres, elle faisait des petites chansons avec les aînés, puis tout ça était
bien «cute», mais qu'est-ce qui est arrivé? Tu sais, c'est beau, là, de faire
le tour des CHSLD, dire que c'est moi puis c'est... Mais, en bout de ligne, là,
la responsabilité appartient à qui? Et là ce qu'on a vu, c'est Mme McCann,
out, Mme Blais est toujours là. Elle a des réponses à donner à nos
questions.
M. Laforest (Alain) : Mme Blais
a été plus cheerleader que ministre?
M. LeBel : Tu sais, je ne
remets pas en question le coeur à l'ouvrage de Mme Blais, là. Je pense que
c'est quelqu'un de dédié, mais je pense qu'elle a été dépassée par les
événements et ce qui est arrivé avec nos aînés. Les téléphones qu'on a reçus,
que tous les députés ont reçus, puis moi, comme porte-parole des aînés, j'ai
reçu des téléphones de partout au Québec, où les aînés, même ceux qui étaient
chez eux, se disaient : On ne peut pas sortir parce que ce qu'on nous dit
à la TV puis ce qu'on nous dit, ça... on a un regard sur nous autres qui est
pesant parce qu'on a 70 ans, 75 ans. On est en pleine forme, mais je
ne peux même pas sortir dans la rue parce que je me fais regarder de travers, parce
que ce qu'on nous dit à la télé, à la radio, c'est que les aînés, restez chez
vous, enfermez-vous, c'est vous autres la COVID.
Vous n'avez pas idée comment les aînés ont
vécu les derniers mois, et je ne peux pas croire qu'on va finir ça par une
évaluation de CHSLD. C'est l'évaluation de notre société, notre rapport avec
les aînés qu'il faut regarder.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, merci.
M. LeBel : Merci.
(Fin à 8 h 55)