(Seize heures trois minutes)
Mme Guilbault :
Merci. Merci beaucoup, Mme Fletcher. Donc, bonjour, tout le monde. Merci d'être
ici avec nous cet après-midi pour faire le point sur la situation sur les feux
de forêt.
Peut-être juste un petit mot introductif,
là, compte tenu de l'annonce qui a été faite un peu plus tôt aujourd'hui et qui
touche certains de nos collègues, à Pierre et moi, qui occupent de nouvelles
fonctions pour certains. Donc, un petit mot au nom de toute notre équipe pour
les féliciter et bien sûr leur souhaiter le plus grand bonheur et le meilleur
des succès dans leurs nouvelles fonctions. Et je sais que Pierre joint sa voix
à la mienne pour ces bons souhaits.
Donc, comme je l'ai dit, on est ici pour
faire le point sur la situation des feux de forêt au Québec. Et merci, vous
voyez mon collègue à ma droite, Pierre Dufour, ministre de la Forêt, de la
Faune et des Parcs, merci beaucoup, Pierre, d'être ici avec nous, M. Éric
Rousseau aussi, président de la SOPFEU, qui m'accompagne cet après-midi. Donc,
merci à vous deux.
Et je veux d'abord féliciter et souligner
à nouveau le travail de toutes les équipes qui sont déployées depuis des jours,
les féliciter et les remercier, tout le personnel qui combat actuellement les
feux qui sont en cours au Québec, dans des conditions, on va se le dire, qui ne
sont pas évidentes. Il fait très chaud. Si, nous, on a chaud, dans notre petite
vie quotidienne, imaginons-nous tous les combattants des feux, depuis plusieurs
jours maintenant, jour et nuit d'ailleurs. Donc, des conditions qui sont
difficiles. Alors, je veux absolument les remercier, les pompiers forestiers,
pompiers municipaux, les combattants du feu en général, tous ceux qui sont
venus aussi prêter main-forte de l'extérieur du Québec. Donc, l'Ontario, le
Manitoba, l'Alberta ont envoyé des ressources pour aider le Québec, cette
année, alors c'est très, très apprécié.
D'autant plus, comme je l'ai dit, que les
conditions ne sont pas faciles. On en est à notre deuxième canicule,
actuellement, avant la fête nationale. Donc, moi, de mémoire, là, deux
canicules avant la fête nationale, avant la fin juin, c'est la première fois
qu'on voit ça depuis un bon bout de temps, en tout cas, si je repense aux
dernières années. Donc, une situation qui n'est pas évidente, en termes de
chaleur, combinée à une période de sécheresse en plus. Alors, vraiment pas
évident pour nos équipes de travailler.
Et, vous l'aurez deviné, ça fait en sorte
aussi que toutes les conditions sont réunies pour que les feux prennent de
l'ampleur. Cette période de chaleur, combinée à une faible humidité, ça fait en
sorte que les feux pourraient prendre de l'ampleur. Donc, raison de plus pour
en appeler au concours de tout le monde pour faire en sorte qu'on diminue les
risques d'incendie, en évitant notamment de faire des feux dans vos chalets,
dans vos terrains, un petit peu partout. On en appelle aux Québécois pour faire
attention avec les feux, ce qu'on pourrait appeler les feux humains, là, les
feux que les gens allument par eux-mêmes.
Il y a deux secteurs en ce moment qu'on
suit particulièrement, les deux dont on parle depuis quelques jours maintenant,
donc un secteur qui est au nord au Lac-Saint-Jean et aussi le secteur de
Rivière-Ouelle, près de La Pocatière.
Donc, le secteur au Lac-Saint-Jean, au nord
du Lac-Saint-Jean, ça fait déjà quelques jours qu'on en parle, c'est un secteur
justement où l'incendie est en cours depuis plusieurs jours, qui est considéré
hors contrôle actuellement, bien que la situation s'améliore, tout comme la
situation, d'ailleurs, s'est améliorée dans le secteur de Rivière-Ouelle. Mais,
vous le devinez, dans les deux cas, on est très tributaires de la météo et
c'est pour ça qu'on se croise les doigts pour que la pluie qui est prévue
arrive le plus tôt possible. Actuellement, on pense qu'il pourrait y avoir des
précipitations dans la nuit de mardi à mercredi. Donc, on souhaite
qu'effectivement ce soit le cas et que ça nous aide à diminuer l'ampleur de ces
feux de forêt.
Mais j'en appelle vraiment à tous les Québécois.
On le sait, on est à la veille de la fête nationale, des festivités qui
viennent souvent avec. Il y a aussi des gens qui ont déjà commencé leurs
vacances ou qui s'apprêtent sans doute à les commencer, donc ça peut être
tentant pour ceux qui possèdent des chalets, ou qui louent des chalets, ou même
sur divers territoires, là, ça peut être tentant de se faire un feu, mais, de
grâce, évitez de faire des feux. C'est un des éléments clés pour, en ce moment,
contribuer à l'effort collectif pour éviter d'avoir davantage de feux ou que
les feux prennent davantage d'ampleur.
Pierre en a parlé hier, d'ailleurs, le feu
qui est en cours au nord du Lac-Saint-Jean origine vraisemblablement, là, d'un
feu humain qui aurait été mal éteint sur le bord d'un cours d'eau. Donc, vous
voyez l'ampleur des dégâts que ça peut causer, alors on évite de faire des feux
un petit peu partout.
On compte, actuellement, si on y va avec
un portrait plus général au Québec, là, on parle des feux de forêt au Québec,
on parle de deux en particulier, mais de façon générale au Québec, au total, on
parle de 18 feux qui sont actuellement en activité sur un total de
73 000 hectares. Donc, un très grand territoire qui est touché par
ces feux de forêt, dont 72 000 hectares, d'ailleurs, sont touchés par
l'incendie au nord du Lac-Saint-Jean. Donc, c'est donc vous dire à quel point
la situation est importante dans ce coin-là.
Depuis le début de l'année, d'ailleurs, la
SOPFEU a dû affronter 461 brasiers. Et ça, c'est un nombre qui est
important, c'est deux fois plus élevé que la moyenne des 10 années
antérieures, le nombre de feux auxquels a été confrontée la SOPFEU. En moyenne
dans les 10 années antérieures, c'est environ la moitié du nombre qu'ils
ont dû affronter cette année. C'est donc dire que c'est une année qui est
chargée pour la SOPFEU, alors un effort qui est très énergique et qui est très
important qui doit être déployé cette année par nos équipes de la SOPFEU.
On a actuellement au total, pour maîtriser
ces feux, 250 pompiers forestiers, on a 40 pompiers municipaux, on a
400 combattants, on a aussi 17 avions-citernes et
40 hélicoptères qui participent, qui s'affairent, là, à combattre tous ces
feux un petit peu partout au Québec. Donc, on ne ménage aucun effort. Tous les
efforts possibles, toutes les ressources possibles sont consacrés pour lutter
contre tous ces feux qui affectent le Québec.
Il y a aussi des mesures qui ont été
prises pour sécuriser nos infrastructures stratégiques. Souvenez-vous, hier, on
parlait de la centrale Péribonka. Donc, bonne nouvelle, la centrale Péribonka,
ça s'est stabilisé, elle est sécurisée. Il n'y a plus d'enjeu de sécurité pour
la centrale parce qu'entre autres là aussi il y a beaucoup de travail qui a été
fait, il y a eu du déboisement préventif, il y a des gicleurs qui ont été mis
en place, ce qui fait qu'il n'y a plus d'enjeu de sécurité actuellement, au
moment où on se parle, pour la centrale. Donc, oui, le feu est toujours considéré
hors contrôle, mais vraiment tout le nécessaire est fait pour que le feu au
nord du Lac-Saint-Jean soit contenu et orienté comme il le faut.
Pour ce qui est de la situation à
Rivière-Ouelle, elle est toujours sous surveillance, mais le feu est considéré
sous contrôle. Donc ça, c'est la bonne nouvelle aussi. Comme ça a été dit, il
s'agit d'une tourbière à Rivière-Ouelle, donc le feu brûle en profondeur, ce
qui amène un enjeu avec la fumée, ça amène de la fumée plus importante, ce qui
fait que l'autoroute 20 est contrôlée par mesure de précaution, entre
autres, dû à la fumée, entre autres aussi pour l'intervention... au besoin
d'avions de la SOPFEU. Donc, l'autoroute 20 qui est contrôlée, je vous
invite à surveiller l'information, là, sur les sites Internet pour savoir qu'en
est-il de la circulation sur l'autoroute 20.
Mais présentement au Bas-Saint-Laurent,
région dans laquelle se trouve l'incendie à Rivière-Ouelle, la situation est
considérée suffisamment sécuritaire pour que les gens puissent réintégrer leur
domicile sur une base volontaire. Donc, au moment où on se parle, les gens
peuvent réintégrer le domicile. Ceux qui auraient des difficultés de santé ou
des difficultés respiratoires, bien, on vous invite à la plus grande prudence.
On vous invite à éviter de vous exposer inutilement et à peut-être maintenir
certaines précautions par rapport à la situation. Nos experts environnementaux,
les experts du ministère de l'Environnement et de la Lutte aux les changements
climatiques sont sur place dans le Bas-Saint-Laurent pour faire une évaluation
en continu de la qualité de l'air et s'assurer justement qu'il n'y a pas de
risque ou de péril pour nos citoyens et nos régions avoisinantes.
En ce qui concerne notre action chez nous,
au ministère de la Sécurité publique, eh bien, nos organisations régionales de
sécurité civile ont été déployées au Saguenay—Lac-Saint-Jean et au
Bas-Saint-Laurent pour des raisons évidentes, puisque les deux plus gros
incendies sont situés dans ces régions-là. On a aussi notre Direction régionale
de sécurité civile de la Côte-Nord qui est en alerte, ou appelons ça «en veille
aiguë» parce que l'incendie au Saguenay—Lac-Saint-Jean touche une petite
partie, là, de la MRC de La Haute-Côte-Nord, si bien que notre direction de
sécurité civile locale est aux aguets mais n'est pas déployée à proprement
parler au moment où on se parle. Il y a aussi nos centres régionaux de
coordination gouvernementale du Saguenay—Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent
qui ont été aussi mis en place pour, comme son nom l'indique, coordonner
l'action gouvernementale avec nos nombreux partenaires qui sont concernés par
cette intervention très énergique, je le rappelle, donc, évidemment, le ministère
des Forêts, de la Faune et des Parcs, la SOPFEU, il y a aussi le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, la Sûreté du Québec, Urgence Québec,
Hydro-Québec, le ministère de l'Environnement, le ministère de la Santé aussi à
certains égards. Donc, il y a plusieurs... Transports. Il y a plusieurs
partenaires gouvernementaux qui sont touchés par cette action gouvernementale.
Il y a certaines personnes qui ont dû être
évacuées dans le Bas-Saint-Laurent, et donc les municipalités... la
municipalité, en fait, de Rivière-Ouelle a pris en charge ces évacuations préventives.
La Croix-Rouge aussi a aidé dans cette opération d'évacuation, donc on tient à
les en remercier. Comme je le disais tout à l'heure, la réintégration est
possible maintenant, sur une base volontaire, donc... mais la Croix-Rouge et la
municipalité continuent de prêter assistance, au besoin, aux gens qui seraient
touchés par cette situation d'évacuation.
Il y a aussi... une question qui revient,
c'est le nombre ou... c'est-à-dire, oui, le nombre de propriétés qui auraient
pu être touchées par les incendies qui sont en cours, que ce soit à savoir si,
oui ou non, ma propriété a été touchée ou l'ampleur des dégâts. Au moment où on
se parle, on n'a pas cette information-là. On n'est pas en mesure, de toute
évidence, d'aller sur le terrain pour faire cette évaluation-là. Donc ce n'est
pas possible de donner un nombre de chalets ou un nombre de propriétés, que ce
soit des baux de villégiature, des chalets, donc les propriétés qui auraient
été endommagées par les flammes. On n'a pas l'information. Elle viendra en
temps et lieu, mais vous comprendrez qu'au moment où on se parle, toutes les
équipes sont exclusivement concentrées à combattre les incendies.
Il y a néanmoins une ligne téléphonique
qui a été mise à la disposition des citoyens, je le rappelle, la ligne de
Services Québec, le 1 877 644-4545. Vous pouvez appeler à cette ligne
téléphonique en tout temps pour avoir de l'information. Comme je disais, si
vous appelez pour savoir si votre chalet a été touché ou non et dans quelle
mesure, cette information-là risque de ne pas être disponible. Mais, si vous
voulez de l'information générale sur les territoires touchés, l'intervention et
tout ça, c'est possible d'appeler à cette ligne téléphonique.
Donc, comme je l'ai dit au début... et je
vais conclure sur ces deux messages très importants, parce que je pense que,
s'il y a deux choses à retenir aujourd'hui, outre les détails de l'intervention
qui est en cours à l'échelle gouvernementale, c'est vraiment, d'une part, de
contribuer à votre façon à aider à combattre ces deux de forêt en évitant
vous-même d'allumer des feux. Parce qu'on pense, là, j'en ai parlé au début,
les conditions météorologiques sont réunies pour que ce soit très, très
favorable et très, très risqué pour les incendies. Et on pense que les
incendies qui pourraient éclater dans les prochains jours seraient dus soit à
l'intervention humaine, soit à la foudre. Et vous comprendrez qu'on n'a pas de
contrôle sur la foudre puisque c'est dame Nature qui en décide, alors s'il y a
un paramètre sur lequel on peut avoir une influence, c'est l'intervention
humaine. Donc, on demande à tout le monde : Évitez d'allumer des feux.
L'objectif, c'est non seulement de
diminuer les feux, mais aussi d'éviter de dépasser notre capacité
opérationnelle. En ce moment, on a plusieurs équipes, je vous ai parlé tantôt
du nombre de pompiers, du nombre de combattants qui sont à l'oeuvre pour
combattre les feux. Il faut éviter qu'on manque de monde pour combattre trop de
feux à la fois ou des feux de trop grande importance. Donc, la meilleure façon,
si vous vous demandez : Qu'est-ce que je peux faire, moi, chez moi, pour
aider?, n'allumez pas de feu. Et, si chacun fait sa part, ça va aider
grandement nos valeureux pompiers.
Autre message important. En raison des
très faibles accumulations de pluie, au cours des derniers jours et même au
cours des prochains jours, là, si on regarde sur une semaine, deux semaines,
ils n'annoncent pas beaucoup de précipitations — ça peut changer,
mais pour l'instant, c'est ça — donc, il y a des avertissements qui
sont en cours dans plusieurs municipalités par rapport à la consommation d'eau.
Il n'y a pas de danger immédiat pour la consommation d'eau potable, mais on
vous demande de respecter les consignes de vos municipalités pour ce qui
touche, par exemple, laver les voitures, arroser le gazon, et tout ça, là.
Donc, on vous demande de restreindre votre consommation pour qu'on puisse s'en
sortir et que tout le monde ait suffisamment d'eau pour la suite.
Alors, je sais que les vacances
commencent, comme je l'ai tout à l'heure, je sais que ça peut être tentant de, justement,
remplir sa piscine et tout ça, peut-être se faire un feu entre amis, mais on
l'évite pour le moment, s'il vous plaît. On respecte les consignes. Pierre va probablement
vous en parler aussi plus en détail, de ces consignes et ces interdictions en
vigueur. Et donc j'en appelle, encore une fois, aux Québécois. Les dernières
fois que j'ai été assise ici, c'est pour aussi en appeler aux Québécois pour
contribuer à l'effort de protection collectif, dans le cadre de la COVID. Cette
fois-ci, ce sont les feux de forêt. On a une année 2020 qui n'est pas
facile, mais grâce à l'exemplarité puis à l'aide de tout le monde, bien, on va
passer au travers, j'en suis certaine. Donc, merci, tout le monde. Et je vais
passer la parole à mon ami Pierre.
M. Dufour : Bien, merci,
Geneviève. Donc, permettez-moi de prendre quelques instants pour un peu
repartir sur ce que j'ai vu hier et ce que ça m'a permis de voir du haut des
airs. Je pense que c'est toujours intéressant de voir en direct la situation.
Et comme je vous l'avais mentionné, c'est une situation qui est assez
surprenante, lorsqu'on voit la superficie, hein? On parle aujourd'hui de 72 000 hectares,
qui sont actuellement dans le secteur du Saguenay—Lac-Saint-Jean, en situation
problématique de feu. Et je peux juste vous dire une chose, c'est de voir un
peu la superficie, et aussi, ce que je pense qu'il est important de remarquer,
c'est tout l'aspect au niveau du vent, comment que le tout peut se développer.
Hier, lorsqu'on était dans notre tour
d'hélicoptère, ce qu'on permettait de... ça nous permettait de voir que,
dépendamment quelle orientation que le vent a prise, on peut voir qu'il y a des
espaces qui restent en verdure, qui n'ont pas été attaqués. Par contre, on voit
exactement la situation où est-ce qu'à partir du moment que le vent peut
changer, la forêt, de ce côté-là où est-ce qu'était, à ce moment-là, le tison,
bien, prend de l'expansion, et la forêt s'accumule au niveau de la
problématique à ce moment-là.
Donc, je pense, c'est important de le
répéter et de le redire, à partir d'un simple potentiel petit feu de foyer, le
dommage que ça peut créer dans une population ou dans un milieu forestier,
bien, c'est à ça qu'on est confrontés présentement au niveau du feu de forêt
dans le secteur de Chute-des-Passes, au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
L'autre élément, je pense, qu'il est
important de comprendre, c'est toute l'équipe que nous avons présentement à
l'arrière de tout ça. Et ça, je pense, c'est important de rassurer les gens
pour démontrer un peu le travail qui se fait en amont. Geneviève en a parlé
quelque peu, la Sécurité publique, naturellement, qui est impliquée directement
dans la situation au niveau de la protection des citoyens.
Au-delà de la Sécurité publique, il faut
parler aussi du ministère de l'Énergie et Ressources naturelles, de mon
collègue Jonatan Julien qui s'est occupé, justement, de contacter, avec
d'autres organismes, les gens qui avaient des baux de villégiature, des abris
sommaires, pour, si possible, éviter que ces gens-là se rendent sur leur site,
parce qu'on le sait que, des fois, les gens veulent vouloir aller peut-être
sortir des objets ou quoi que ce soit. Donc, il y a eu un travail qui a été
fait aussi de ce côté-là.
Et naturellement, je dois aussi souligner
la collaboration de ma collègue Marie-Eve Proulx, qui était du côté de
Rivière-Ouelle, parce que je ne pouvais pas être aux deux endroits au même
moment.
Et je ne peux passer sous silence tout le
travail qui se fait par la SOPFEU, par l'équipe de la SOPFEU et, naturellement,
les équipes d'appoint aussi qui viennent nous aider. Vous l'avez vu dans le cas
de Rivière-Ouelle, entre autres les agriculteurs, il y a eu les pompiers, il y
a des municipalités. Donc, je peux vous dire une chose, tous ces gens-là sont à
pied d'oeuvre pour s'assurer de la sécurité des gens au niveau du Québec, au
niveau des territoires qui sont endommagés présentement par les incendies dans
lesquels on a à intervenir actuellement.
Ça m'amène aussi à parler du protocole
avec les autres provinces. Et ça, je pense qu'on l'a mentionné hier, mais c'est
encore important de le préciser, nous avons des gens de l'Ontario et du
Manitoba et vont s'ajouter les gens de l'Alberta. Donc, on va avoir autant des
gens qui vont venir aider à partir de transports comme les avions de feu, qu'on
appelle, les CL-415 ou 215, mais on va aussi avoir des pompiers forestiers qui
vont être aussi sur place sur le terrain.
Et ça, je pense que c'est une chose aussi
qu'il est important de préciser, au niveau d'un feu de forêt, les avions sont
en appui au travail des sapeurs-pompiers forestiers, et, naturellement, c'est
l'équipe de terrain qui, normalement, parvient à finaliser et à éteindre l'incendie
qui a débuté. Donc, ça, de ce côté-là, je pense que c'est important de le
préciser, de préciser aussi...
Toutes ces équipes-là, sur le terrain, qui
vont faire un travail colossal dans des conditions quand même extrêmes de
chaleur, avec l'humidité qu'on vit présentement, donc à M. Rousseau et
toute votre équipe, merci beaucoup.
Un point que M. Rousseau voulait que
je précise aussi à cet effet-là, le Québec, présentement, et le Nouveau-Brunswick
sont les deux provinces qui sont les plus à risque dû à la situation de chaleur
et de baisse au niveau de l'humidité. Par contre, dans les années auparavant,
c'est nous qui étions allés donner un coup de main en Alberta et Colombie-Britannique.
Donc, c'est un peu, si on peut dire, le retour de l'ascenseur qu'on a aujourd'hui
dans la situation actuelle.
L'autre élément, je pense, qui est
important, ma collègue Geneviève en a parlé tantôt, on parlait des feux, mais
il faut aussi additionner les feux d'artifice. On le sait, la Saint-Jean est
propice aussi aux feux d'artifice. Donc, les feux d'artifice, c'est important,
on vit la même situation, un simple petit tison de feu d'artifice pourrait
créer une situation chaotique. Donc, on vous demande, pour cette année, si on
peut dire, de ne pas en faire parce qu'on est à situation de hautes
températures avec une basse humidité, ce qui donne la situation météorologique
parfaite pour que des feux puissent prendre avec peu d'éléments pour arriver à
quelque chose.
Donc, comme on l'a précisé, je pense que
c'est important de le redire, la ligne téléphonique pour des gens qui auraient peut-être
une situation au niveau des feux de forêt ou quoi que ce soit dans leur
secteur... Parce qu'encore, si on regarde, hier, on avait 18 feux de forêt
en activité, dont les deux majeurs. On avait parvenu à ralentir ça, justement,
à 18, et on est toujours à risque de revoir les feux monter autour de 18, 20,
25. Donc, on s'assure de faire attention pour ne pas avoir d'autres
problématiques dans d'autres territoires. Donc, la ligne téléphonique, le 1
877 644-4545, c'est une ligne téléphonique, je pense, très intéressante
pour, justement, faire valoir des situations qui pourraient être problématiques
ou en devenir.
Je termine en disant que je pense que tous
les gens doivent être conscients de la situation. Et je dois me remettre,
encore une fois, l'image que j'ai présentée hier, qui est le sens inverse, et
cette image-là, ça permet de voir aux gens qu'à partir d'un simple petit feu...
Les gens étaient quand même sécuritaires, donc ils avaient une volonté de bien
faire, mais tout simplement, avec les conditions météorologiques actuelles,
bien, un simple petit tison dans un foyer qu'on pense éteint, mais qui n'est
pas éteint, bien, n'a pas... a créé le chaos au niveau du trouble forestier
qu'on connaît présentement au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, je remets l'image en action pour
vous la démontrer... et de bien penser, s'il vous plaît, de vous assurer, pour
la période actuelle, de ne pas faire de feu. Comme l'a précisé ma collègue,
Geneviève Guilbault, actuellement, jusqu'au territoire du Nunavut, on est en
situation où est-ce qu'on n'a pas le droit de faire des feux de forêt
présentement. Merci.
La Modératrice
: On
passe à la période des questions. Charles Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour. Je vais me permettre d'en poser un peu plus que deux, là, étant donné
qu'on n'est pas nombreux. J'aimerais ça savoir, là… Bon, vous avez insisté sur
la gravité de la situation pour la sécheresse actuellement dans la forêt. Mais
est-ce que c'est possible de nous dire est-ce qu'il y a eu des comparables
historiques à la situation qu'on vit présentement en juin? À quel point la
situation est grave?
M. Dufour : Je vais laisser
répondre M. Rousseau, qui est directement impliqué comme directeur général de
la SOPFEU.
M. Rousseau (Éric) :
Actuellement, en 2020, on vit une situation qu'on n'a pas vue depuis les 10 dernières
années. Il faut remonter à 2010 pour avoir une situation un peu semblable. En
2010, il y a eu un feu, on parle du feu du lac Smoky, dans le coin de la
Mauricie… de la Haute-Mauricie, plutôt, et puis ça avait quand même brûlé
103 000 hectares à ce moment-là. Et puis ça a nécessité beaucoup
d'interventions humaines avec nos aéronefs. Et puis, à ce moment-là, les
indices, c'est-à-dire une très haute température puis un très bas taux
d'humidité, ressemblaient beaucoup à cette année. Puis ça prend une petite
étincelle pour créer ça puis c'est à peu près ça. Depuis 10 ans, on n'a
heureusement pas vécu ce critère-là de haute température et de basse humidité.
M. Lecavalier (Charles) :
Peut-être une question sur le feu, là. Vous avez déterminé l'origine de
l'incendie. Est-ce que vous savez qui a fait ce feu-là? Est-ce que vous avez
l'intention de faire… Est-ce qu'il va y avoir une enquête pour trouver les gens
qui ont fait ce feu de camp là?
M. Dufour : Vraiment, on l'a
survolé, l'endroit, hier. C'est vraiment un endroit où est-ce qu'il y a comme
une place pour arrêter en bateau, comme on dit, un petit peu un tablier de
sable qui permet justement de bien s'installer soit pour faire un «shore lunch»
soit pour peut-être tenter. Donc, c'est très difficile, à partir de là, de
trouver un quelconque… Ce n'est pas un villégiateur en particulier à partir de
son propre chalet ou de son abri sommaire. Donc, à ce moment-là, oui, il est
possible toujours d'avoir des amendes pour les gens qui ne respectent pas
certaines règles, mais c'est très difficile de pouvoir intervenir et trouver
quelle serait la situation.
M. Lecavalier (Charles) : Une
autre question peut-être plus technique, là. Est-ce que la pluie annoncée dans
la nuit de mardi à mercredi, ça va être suffisant pour freiner l'incendie au
nord du Saguenay—Lac-Saint-Jean puis pour abaisser un peu, là, le niveau de
sécheresse ou il n'y en a tellement pas eu en juin, là, que ça ne changera pas
grand-chose?
M. Rousseau (Éric) : De ce
qu'on voit avec la météo qui est annoncée à partir de mardi après-midi, aller
jusqu'à mercredi, fin de journée, il devrait tomber une quantité assez
importante de pluie pour vraiment calmer le feu actuellement pour pouvoir
rentrer avec nos avions et puis aller aux endroits qu'on a besoin d'intervenir
plus spécifiquement parce qu'actuellement c'est impossible de rentrer sur le
feu avec nos avions, nonobstant quelques endroits bien particuliers qu'on a
choisis pour protéger certaines infrastructures stratégiques. Mais, avec la
pluie, c'est ce qu'on espère beaucoup, c'est vraiment de calmer le feu pour
pouvoir rentrer avec nos avions-citernes et avec nos pompiers.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
les ressources, là, de la SOPFEU, bien, j'ai vu des spécialistes, là, qui
disaient qu'avec les changements climatiques on risque de voir de plus en plus,
là, de feux de forêt, là. Je ne sais pas si c'est ce que vous voyez au
gouvernement du Québec. Est-ce qu'il va falloir augmenter les ressources de la
SOPFEU? Est-ce qu'on s'attend à plus de feux de forêt dans l'avenir?
M. Dufour : Bien, c'est
difficile à prévoir. Comme, si on regarde les deux dernières années, le Québec
avait été énormément épargné. C'est nous qui avaient été davantage sollicités
pour aller donner de l'aide dans diverses provinces. On a toujours aussi notre
entente avec la Californie où est-ce qu'on a deux avions par année qui s'en
vont en Californie, donc toutes du côté ouest.
Mais, oui, la situation peut être propice
avec les changements climatiques, comme on le voit. Geneviève en a fait part
tantôt, deux situations déjà d'extrême chaleur au mois de juin, c'est rare
qu'on a déjà vu ça au Québec, mais on est déjà confrontés... le double des feux
cette année, donc il faut voir un peu qu'est-ce que... la situation.
L'autre élément qu'il faut mentionner,
c'est qu'on a quand même déjà pris, je pense, un peu d'avance en travaillant
avec le budget qu'on a fait l'année passée pour remodeler ce qu'on appelle les
tableaux de bord des CL-415. Donc, ça, ça permet d'avoir des avions qui vont
pouvoir continuer à être modernisés et à toujours donner un très bon service.
Et naturellement, bien, il faut voir à retravailler toujours, à chaque année,
le budget, budget que nous avions augmenté l'année dernière, sous les
recommandations du nouveau directeur général.
M. Lecavalier (Charles) :
Dernière petite question, dans le fond, juste savoir, est-ce que... vous
demandez... c'est le gouvernement du Québec qui demande de ne pas faire de feux
d'artifice pour la fête nationale?
M. Dufour : Au moment présent,
c'est la demande. Tout feu est interdit, et on voulait préciser que les feux
d'artifice aussi faisaient partie du lot, parce qu'une simple étincelle de feu
d'artifice peut créer la même situation chaotique que qu'est-ce qu'on vous a
présenté comme images.
M. Lecavalier (Charles) :
Vous avez demandé aussi aux municipalités puis aux...
M. Dufour : Définitivement.
Mme Guilbault :
Bien, en fait, pour être précis, c'est ça, les interdictions du gouvernement du
Québec touchent les forêts. Ce n'est pas les territoires municipaux comme tels,
mais, en général, les municipalités endossent... là, je ne veux pas parler pour
elles, là, mais Pierre... c'est ce qu'on se disait tout à l'heure, là, on tient
pour acquis que les municipalités vont emboîter le pas, parce qu'il faut faire
très attention en ce moment, là, du moins jusqu'à ce qu'on connaisse peut-être
une météo un peu moins sèche et chaude, mais, pour l'instant, on veut limiter
les risques au maximum. On veut, si vous me passez l'expression, éviter de
courir après le trouble.
Donc, si tout le monde pouvait s'abstenir
de faire des feux au chalet, en forêt, dans la cour, partout, incluant les feux
d'artifice, très bon point, parce qu'avec la fête nationale qui arrive... Donc,
évitons tous les feux, et on devrait bien s'en sortir sans dépasser notre
capacité opérationnelle, là. Il y a toujours aussi ça qu'il faut avoir à
l'esprit, il faut avoir assez de monde pour les combattre, ces feux-là.
M. Lecavalier (Charles) :
Puis votre demande à vous sur l'eau potable, là, que vous avez faite en fin de
point de presse, ça, vous croyez bon de le rappeler aux Québécois pourquoi? Parce
qu'il a eu des municipalités qui sont inquiètes, ça vient aux oreilles du gouvernement
du Québec?
Mme Guilbault :
Oui, bien, on lit l'actualité comme vous puis on les voit passer, là. Moi, chez
moi, dans ma municipalité, puis on le voit dans l'actualité qu'il y a diverses
municipalités qui font ces appels-là, donc je pense que c'est bon de profiter
de toutes les tribunes. Et là, en ce moment, on sait que les grands réseaux...
On a une chance de passer sur les grands réseaux ce message-là qui est très
important. Ça fait que c'est juste le gros bon sens, tu sais. Puis on le voit
aussi dans certains autres étés quand il fait chaud, tu sais, on essaie
d'éviter d'arroser l'entrée puis de laver la voiture quand on est dans des
contextes où on essaie de limiter la consommation d'eau.
La Modératrice
: En
anglais, avez-vous un résumé en anglais? Like a short
presentation in English.
Mme Guilbault : Oui, je peux. Veux-tu que je la fasse, Pierre?
So, first of all, I would
like to thank anyone who are actively fighting fires that we have in Québec.
They are doing a tremendous job in difficult conditions. The heat wave and the
drought are unfortunately the perfect recipe for the fires to expand. As of
now, we already have twice the amount of blaze for the same period of the year.
We are monitoring very closely fires north of the Lac-Saint-Jean and the one in Rivière-Ouelle.
Of course, it's hot
outside and people are starting to go on vacation, but I'm asking everyone to
be very careful. A little fire near a shore is most likely to have caused the
fire that have burned more that 70 000 acres so far. We are really
hoping for rain in the coming days that will help all firefighters to get the situation under control. But, like I said,
one of the most important messages right now is to be careful and avoid fires
everywhere outside. We love our beautiful nature in Québec and we want to keep
it that way.
Mme Fletcher
(Raquel) : So, I'll ask the first question. Raquel Fletcher, Global News. You
mentioned : No fires anywhere, but also no fireworks, the
Saint-Jean-Baptiste holidays coming up in two days and you also mentioned water
consumption. What message are you sending to Quebeckers about these three things?
Mme Guilbault : We are asking Quebeckers to avoid all human fires all over the province of Québec. To be
sure that we are as careful as possible, the right thing to do is to avoid all
fires everywhere in the province of Québec, whether you are in your own house,
in your cabin, in the forest, everywhere, you avoid fires as long as we have
that kind of temperature that is very hot with very few... very... less
humidity.
And so... And regarding
the consumption of water, we ask Quebeckers to follow the rules that are given by all municipalities
everywhere. Some of them have already asked to be «parcimonieux»...
parsimonious?
Mme Fletcher
(Raquel) : To be discretionary? To cut back?
Mme Guilbault :
To... Well, not to consume too much water. Because of this temperature, it is a
period where it is likely to maybe have limited quantities of water, so we ask
people to be... to use common sense. And we are not about to miss... to run out
of drinkable water, it is not the issue. But we ask people to ration themselves
and to use water for only essential reasons.
Mme Fletcher
(Raquel) : You mentioned not to fill up pools
and that kind of thing.
Mme Guilbault :
Yes. I f you can avoid filling the pools. But, as we know, we cannot travel
this year, so we expect people to use their own pools in their own courtyards.
So if you can maybe just have pools a little less full of water and, of course,
avoid washing the cars, washing the patio and... je ne sais pas, l'entrée...
the pavement... Well, you get the picture.
La Modératrice
:
I also have one question from CBC. What's the current situation with the fire
in Lac-Saint-Jean and in Rivière-Ouelle and what is the scenario for the hours
to come?
M. Dufour :
Well, actually, Éric, do you want to answer or do you want me to... OK.
Actually, the scenario is almost the same as yesterday. So because during the
night, we had a couple of... water was falling down on the sector, and that
gave us the chance to have some higher humidity. So higher humidity is good
actually with the weather we have. So the main idea about it, is to still work
on the fire specifically, on specific parts on the fire, because we can go all
around the fire actually to resorb it. So the main idea about it is to protect,
example, the... where we have the... I don't know how to say that in English,
but «le barrage»,the... How do
you say that in English, «barrage»?
La Modératrice
:
Same, barrage.
M. Dufour :
Barrage? So, we just want to be sure that everything... the public installation
are protected. So, we work on it actually with all the teams like the crews
coming from Ontario and Manitoba. So they give us a
help, a big help with the crew of SOPFEU from Québec. So both, together, we
know exactly where we have to work on it, to protect specifics parts on the
public installations. So actually, that's the way it is, and we are still waiting for the night
between Tuesday to Wednesday to be sure that we are going to have the best
situation, a rainy situation, to have the chance to resorb most of the fire.
La Modératrice
:
OK. Any other questions? D'autres questions?
M. Rousseau (Éric) : ...
La Modératrice
: Oui,
allez-y.
M. Rousseau (Éric) : Juste un
commentaire. Comme Mme la vice-première ministre l'a dit tantôt, d'entrée de
jeu, on est déjà dépassé les 460 feux au Québec cette année. Un fait
marquant, c'est que 95 % de ces feux-là sont d'origine humaine. Puis bien
entendu, la plupart du temps, la grande majorité du temps, ce n'est pas des
pyromanes qui ont allumé le feu, c'est vraiment une malsurveillance, ou un
moment d'égarement, ou quoi que ce soit, ou on a mal éteindu le feu. Mais il ne
faut vraiment pas jouer avec le feu, puis, si on est rendu là aujourd'hui, à
460 feux, dites-vous que ce n'est pas du fruit du hasard, là, il y a
quelqu'un en quelque part qui a allumé ce feu-là et puis qui a contribué à
faire un feu de forêt.
Ça fait qu'on l'a dit d'entrée de jeu,
tous les trois, il faut être vraiment prudent en cette période. Puis je pense
que c'est important de dire que ce n'est pas le bon Dieu qui les allume, là.
95 %, c'est toutes les personnes qui peuvent l'allumer, donc une grande,
grande, grande vigilance pour les feux de forêt. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup, tout le monde.
(Fin à 16 h 38)