(Treize heures dix-neuf minutes)
M. Dubé : Alors, bonjour, tout
le monde. Premièrement, très content de vous revoir puis de voir que les gens,
on peut les voir en personne de temps en temps. Ça fait du bien de ne pas toujours
être dans le domaine du virtuel.
Trois choses. Particulièrement sur la négociation
des conventions collectives, j'aimerais vous dire que, par le dépôt que nous
avons fait dans les derniers jours par l'intermédiaire de Mme Lapointe, qui est
notre négociatrice en chef… j'aimerais faire trois remarques.
Premièrement, on est très satisfaits
d'avoir pu déposer des offres qui respectent nos principes, à savoir des offres
différenciées qui, particulièrement pour les préposés aux bénéficiaires et pour
les enseignants, respectent les engagements que nous avons pris depuis la campagne
électorale, mais qui ont été, je dirais, affinées, améliorées au cours des discussions
intensives que nous avons eues dans les dernières semaines.
Et, à ce titre, je tiens à remercier la collaboration
des syndicats parce que ce n'est pas toujours facile de faire des négociations
à l'intérieur de ce que l'on vit présentement. Donc, je tiens à les remercier
parce qu'ils ont embarqué avec nous quand on a dit qu'on voulait faire un blitz
de négociation. Même si on ne s'est pas encore entendus aujourd'hui, vous savez
qu'on s'est beaucoup rapprochés. Et je voulais mentionner que les deux parties,
la partie patronale et syndicale, ont vraiment bien collaboré au cours des
dernières semaines, je tiens à le préciser, pour bien définir justement comment
on pouvait en arriver à des offres différenciées.
Mon deuxième point, bien, qui suit le
premier, c'est qu'on ne s'est pas encore entendus. Donc, il reste du travail à
faire. Puis autant, je pense, que du côté des dollars, ce qu'on appelle le
monétaire, je vous dirais que, du côté du normatif, il nous reste du travail à
faire. Et je vous donnerais, à titre d'exemple, le travail qu'il nous reste à
faire avec les infirmières encore une fois, où on a eu, avec Mme Bédard, il y a
plusieurs semaines, un blitz important. On s'est rapprochés beaucoup des
préoccupations qu'ils avaient non seulement au niveau sécuritaire, mais en
termes de normes.
Puis on peut parler de ratios. Vous avez
vu que, dans le document qui a été déposé ce matin, on parle de mesures pour
mieux stabiliser les ressources. Puis ce n'est pas parce que je veux jouer sur
les mots entre le ratio ou stabilisation de ressources, mais la raison pour
laquelle je le mentionne, puis je termine là-dessus, c'est que, lorsqu'on parle
de ratios, on pense à une catégorie d'emploi. On pense aux infirmières. Mais,
pour que ça fonctionne bien, tout le monde le sait, sur un étage, il y a des
infirmières, il y a des infirmières auxiliaires et il y a des préposés aux
bénéficiaires. Et il faut avoir cette vue-là globale pour en arriver au bon
nombre de ressources que ça prend pour soigner des patients.
Alors, ça, c'est mon deuxième point. Il nous
reste du travail. Vous avez vu qu'on a cette terminologie-là dans ce qui nous
reste à faire. On l'a clairement déposé.
Et mon troisième point, bien, je pense
qu'on va, au cours des prochaines semaines, être capables de tout attacher ça
ensemble parce qu'il nous reste des éléments qui sont peut-être importants pour
certains, mais moi, je vois vraiment une perspective d'entente. Et c'est pour
ça qu'exceptionnellement nous avons décidé de publier les offres pour que les
gens puissent apprécier tout le chemin qu'on a parcouru dans les quatre ou cinq
derniers mois, là, depuis qu'on a déposé nos offres en décembre.
Alors, c'étaient les quelques mots que je
voulais dire avant de commencer puis je suis ouvert à prendre vos questions.
M. Laforest (Alain) : La FTQ
parle de recul. Ça a été leur réaction immédiate. Et la CSN dit qu'on n'a rien
réglé au niveau des conditions de travail.
M. Dubé : Bon, alors on va les
prendre un par un. Je vais commencer par la CSN. Le commentaire que j'ai
entendu de la CSN ce matin... Puis c'est pour ça que c'est important de mettre
les offres par écrit, parce qu'on négocie beaucoup, on parle, mais à un moment
donné c'est important de mettre les choses très claires. Vous savez que les
écrits restent. Quand on dit qu'on n'a pas avancé… J'ai entendu le commentaire
de Mme Senneville, qui dit : Oui, mais ce n'est pas une augmentation de
salaire, c'est juste des primes. Écoutez, on fait une augmentation de 12 %
en sus du 5 %, et ce 12 % là, il a deux composantes. Il y a une
composante salaire, 4 %, puis il y a une composante prime, qui est
permanente. Pour vous montrer que cette prime, elle est permanente et non temporaire,
comme une prime COVID, c'est que cette prime-là, elle est cotisable. Vous
pouvez avoir des bénéfices sur votre fonds de pension.
Donc, nous avons trouvé la voie de passage
que je vous expliquais la semaine dernière, d'être capables de donner le
12 %, qui était recherché, en sus du 5 %, qui est le salarial, qui va
avec l'inflation. Donc, moi, ce que je dis à Mme Senneville de la CSN : Il
faut appeler un chat un chat. On a 12 %. On a trouvé une voie de passage
pour ne pas avoir l'effet de domino. Moi, je pense qu'une offre de 18 %
d'augmentation de salaire et de rémunération pour les préposés aux
bénéficiaires, qui passent de 42 000 $ à 51 000 $, c'est très
raisonnable. Et ça respecte la capacité de payer de nos citoyens.
M. Lavallée (Hugo) : Mais,
avec cette offre-là, est-ce qu'il y aurait une obligation pour le gouvernement
en tout temps de maintenir certains ratios? Parce que le Parti libéral proposait
d'enchâsser ça dans une loi, là, qui soit dédiée à ça. Est-ce qu'on aurait une
garantie?
M. Dubé : Je vais juste
terminer, parce que ce qu'on disait… Si vous me permettez, je vais revenir sur
les ratios. Je n'ai pas de problème. Mais je veux juste terminer avec M.
Laforest. Donc, la CSN dit : Ce n'est pas des vraies augmentations, c'est
des primes temporaires. Je dis : Au contraire, soyons très clairs, ces
primes-là, exactement comme les primes que les infirmières reçoivent depuis des
années, des primes permanentes lorsqu'on est en salle d'op, mais il n'y a plus
personne qui conteste ces primes-là. La prime qu'on parle, c'est une prime…
Concernant le commentaire de la FTQ, puis
j'apprécie beaucoup… Quand je vous dis qu'on a avancé, moi, je pense que c'est peut-être
difficile pour eux de voir comment on peut avancer sur toutes les professions en
même temps ou les catégories d'emploi. Moi, je pense que, sur les PAB, on a
fait des avancées majeures. Puis je laisserai aux employés, je laisserai aux
PAB, de discuter avec leurs représentants syndicaux si 18 %, dans les
circonstances que l'on vit aujourd'hui, c'est raisonnable. Moi, je pense que
oui. Puis, je pense, je le répète, la capacité des citoyens de payer est
importante.
Maintenant, sur votre question des ratios,
je l'ai expliqué dans mon introduction, mais je vais le refaire, régler le
nombre de personnes qu'on a besoin pour bien servir les patients, ce ne se
règle pas uniquement par un ratio d'infirmières. Il faut avoir trouvé toutes les
infirmières qu'on a besoin. On a besoin d'ajouter des effectifs, peu importe le
ratio que vous auriez besoin de trouver, premièrement. Et ça, on n'est pas
capables de trouver en ce moment le bon nombre d'infirmières. Il y a toutes sortes
de raisons derrière ça. Il y a la sécurité. Il y a le temps supplémentaire
obligatoire. Il y a une foule de raisons sur lesquelles il faut travailler.
Ce que nous avons dit, puis c'est dans le
document écrit qu'on a déposé ce matin, vous pourrez aller le voir, on a dit
aux infirmières qu'on était ouverts à discuter la stabilisation des ressources.
Pour moi, c'est exactement ça qu'on est prêts à discuter avec eux. Mais il faut
s'entendre que, sur le même étage, il va y avoir aussi des préposés aux
bénéficiaires puis il va y avoir aussi des gens qu'on appelle… qui vont avoir…
les infirmières auxiliaires. C'est tout ce groupe-là, de personnel, sur lequel
il faut s'entendre puis dire : Qu'est-ce que c'est, qu'avoir un personnel
suffisant pour un étage ou pour un établissement?
Alors, moi, je vous dirais, on ne peut pas
être plus clairs que ça. Et c'est pour ça que je vous l'ai dit en rentrant, il
nous reste ça à discuter notamment avec les infirmières. On est prêts à le
faire. Ça prendra le temps qu'il faudra au cours des prochaines semaines. Mais,
en termes monétaires, on est rendus au bon endroit.
M. Lavallée (Hugo) : Et donc,
pour être… Parce que vous dites : Il faut en discuter, on est ouverts à en
discuter. Mais est-ce qu'il faut que ce soit enchâssé dans la convention…
M. Dubé : Et voilà.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
vous, vous êtes prêts à aller jusque-là, là…
M. Dubé : On est prêts à jusque-là.
M. Lavallée (Hugo) : …les
ratios dans la convention?
M. Dubé : Bien, écoutez, ce qu'on
a dit, c'est : Venez-vous asseoir avec nous, parce que c'est beau,
demander des ratios, mais il faut qu'ils soient assis à la table. Rappelez-vous
il y a quelque mois, quand on disait : Bien, voyons, les forums, ce n'est
pas la bonne façon de discuter, bien, c'est grâce aux forums qu'on s'est
entendus à avoir des offres… On s'est entendus sur la hauteur parce qu'on a
bien défini qu'est-ce que c'était, un poste de PAB, comparé à d'autres.
M. Lacroix (Louis) : Ça coûte
combien, M. Dubé, ce que vous proposez, à l'État? Vous l'avez chiffré
évidemment?
M. Dubé : Oui. La règle du
pouce, M. Lacroix, elle est simple. Chaque pourcentage, 1 %, vaut 400 millions
parce qu'on a une masse salariale de 40 milliards. Alors, lorsqu'on donne
l'équivalent, premièrement, de 5 % sur trois ans, on augmente la
masse salariale de 2 milliards. Premièrement.
Deuxièmement, on a deux montants
forfaitaires. Vous savez, on a dit qu'on paierait un montant forfaitaire en
2020 de 1 000 $. Ça aussi, c'est l'équivalent de 1 %, donc un
autre 400 millions. Il y a un deuxième montant forfaitaire qu'on met dans
la deuxième année, 600 millions, un petit peu plus, 600 $ par employé.
Donc là, on est rendus à 3 milliards. Et là, après ça, il faut chiffrer
spécifiquement ce qu'on donne aux PAB, qui est, minimum, de l'ordre de
300 millions.
Alors, on peut voir que, sur une masse
salariale de la santé, qui est à peu près la moitié du 40 milliards dont
je parlais tout à l'heure, c'est que le 3 milliards est un montant
excessivement important. Donc, je pense que, quand je fais l'équilibre entre — ce
que je disais tout à l'heure — la capacité de payer des citoyens puis
les augmentations qu'on donne dans le cadre de ce qu'on connaît aujourd'hui, c'est
plus que raisonnable.
M. Lacroix (Louis) : 3
milliards sur cinq ans…
M. Dubé : Non, on a fait… Les
gens nous avaient dit que c'était peut-être plus intéressant pour eux de régler
seulement pour trois ans. Alors… Non, il n'y a pas de problème. Alors, l'offre
qui est sur la table, c'est 5 % pour trois ans.
M. Bergeron (Patrice) : Quand
vous parlez de stabilisation des effectifs des infirmières, là, dites aux gens,
là, qu'est-ce que ça signifie, stabilisation des effectifs. Qu'est-ce que vous
voulez dire par là?
M. Dubé : Bien, j'apprécie la
question. On s'entend bien en ce moment que, quand il y a… M. Legault l'a
dit à tous les points de presse, il manque 10 000 personnes. Avant de
penser à mettre des ratios, il faut combler ce premier
10 000 personnes là. Ça, ça veut dire que, dans des CHSLD,
particulièrement en zone rouge, ou dans des centres hospitaliers, il manque des
gens. Ça fait que, nous, ce qu'on s'engage envers les différentes centrales
syndicales, c'est qu'on va tout faire pour faire pour ramener ce personnel-là
au niveau voulu.
Une fois qu'on va avoir déterminé le bon
niveau voulu pour que ça fonctionne normalement, puis pas toujours en temps
supplémentaire, d'avoir assez de place pour avoir l'absentéisme normal de
2 %, 3 %, et non de 7 %, 8 %, 9 %, qu'on connaît
aujourd'hui, lorsqu'on aura établi ces paramètres-là, bien là on va être
capables de dire : Bon, bien, maintenant, qu'est-ce que ça prend, comme
infirmières, qu'est-ce que ça prend, comme PAB, qu'est-ce que ça prend, comme
infirmières auxiliaires? On est prêts à discuter ça et on a dit qu'on allait le
faire au cours des prochaines semaines.
Mme Crête (Mylène) :
Ce serait quoi, l'échéancier pour la stabilisation des effectifs?
M. Dubé : Bien, moi, je vous
dirais, le plus rapidement possible. On s'est donnés jusqu'au mois de décembre
pour le faire. Mais je pense qu'avec ce qui est... Puis c'est dans le document
que vous avez ce matin, ce qu'on a dit puis ce qu'on est prêts à faire, c'est
le faire le plus rapidement possible parce que c'est tout le monde qui va en
bénéficier. La journée qu'on s'entend là-dessus, notamment avec la FIQ, il va
être bien plus facile d'engager du personnel parce que les gens vont voir que
les conditions de travail vont être meilleures, pas juste les dollars, mais le
nombre d'infirmières ou de préposés aux bénéficiaires va être meilleur. Donc,
nous, on est intéressés à le faire le plus rapidement possible.
M. Larin (Vincent) : Est-ce
qu'il est toujours prévu qu'on «close the deal» en juin?
M. Dubé : Bien, écoutez, moi,
ma... C'est beaucoup plus aux syndiqués de... Puis c'est pour ça qu'on l'a mis
par écrit. Je me répète. Là, au moins, c'est très clair, ce qui est sur la
table. S'ils sont prêts à négocier… Puis c'est toujours une offre qui est là
pour un règlement. Donc, on se comprend, c'est qu'on veut régler, et le plus
rapidement possible. Bien, tout le monde va avoir ça derrière eux. Tant mieux
si on est capables de le faire d'ici la fin juin. Je l'apprécierais.
M. Lavallée (Hugo) : Votre
document se termine par une phrase assez claire : «En raison des
circonstances exceptionnelles, la capacité gouvernementale de maintenir cette
proposition pourrait évoluer rapidement.» Qu'est-ce que ça signifie
concrètement? C'est un ultimatum? Il faut régler ça d'ici quelques semaines?
M. Dubé : Moi, je n'ai jamais
parlé de... Je pense qu'il y a une chose qu'on n'a pas faite, c'est qu'on n'a
jamais mis d'ultimatum. On a toujours été très clairs. On a déposé ces
offres-là, écoutez, en décembre. On les a améliorées au cours des dernières
semaines. Ce qu'on dit, c'est qu'il y a une capacité de payer, là. On est en
train d'encourir des déficits qui sont très importants. Le ministre Girard l'a
dit, on parle d'un déficit de 12 à 15 milliards. Nous, ce qu'on dit, c'est :
Ces offres-là sont bonnes en ce moment. Puis j'espère qu'elles seront toujours
là pour être capable de… en fonction de la capacité de nos citoyens à payer.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
là vous êtes en train de dire, M. Dubé, qu'il n'y a plus de marge
monétaire, comme on dit, là. Vous êtes au maximum de ce vous pouvez…
M. Dubé : Ce que je dis, c'est
qu'on a fait une proposition d'entente pour règlement. Ce que ça veut dire, c'est :
Venez vous asseoir avec nous, dites-nous ce qui manque, puis on va être très
ouverts à vouloir régler. Mais il n'y a pas juste des dollars. Puis, je le
répète, ça prend des conditions normatives pour améliorer les conditions de
travail, particulièrement en santé, avec nos infirmières puis les infirmières
auxiliaires. Quand ils voudront venir nous parler de ces éléments-là, on va
être prêts à régler.
Merci beaucoup, tout le monde.
Le Modérateur
: On va maintenant
passer aux questions en anglais.
M. Dubé : I'll switch to English just for you.
Mme Senay (Cathy) : The other opposition parties have been asking… wondering if the
Government is ready for the second wave, and that includes
health care workers. Do you have enough? Are they moving from one place to the
other? So how it is important for you, Mr. Dubé, you have a few weeks left, to
reach a deal so that the Government can get better prepared for the second
wave?
M. Dubé :
Absolutely, I would say two things. Until we solve the collective agreement, we
have those temporary measures. They're very costly. We are willing to move them
into permanent measures, but it is up to the union to accept that. In the
meantime, we'll have to leave… and we'll have to pay those temporary measures.
We're willing to do that because what we've seen in the last few weeks, people
are coming back. Is it because they feel more secure? Is it because the
premiums are there? We're trying to understand that and we'll see the
evolution. But, until we have those permanent measures, we'll have the
temporary measures. But, if you ask me, as soon as we can have those measures
permanent, I'll be the most happy person. That's what we offer.
Mme Senay (Cathy) : And what do you say to unions saying : Well, this is not what
we want? Like, those bonuses are, basically, not like a real proper wage
increase.
M. Dubé : OK.
You see, I've said that last week and I'll repeat it, we agree on the height.
They said 12%. That's what they wanted. They wanted $25 an hour. We offer $26.
So, on the height, we agree, OK? We agree that it's a differentiated offer. We
agree on that as well. Now, it's how we do it. Do we do it by an increment of
4% on salary and premium of 8%? That's the only thing we need to solve, and I
think that's the way we'd like to solve it.
Le Modérateur
:
Une dernière question? Ça va?
Mme Senay (Cathy) : Ça va.
Le Modérateur
: Merci,
M. Dubé.
M. Dubé : Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 35)