(Quinze heures trente-deux minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du ministre de l'Emploi, du
Travail et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, et du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, André Lamontagne. À vous la
parole, messieurs.
M. Lamontagne : Alors,bonjour
à tous. Vous savez, dans notre quotidien, des fois, il y a des choses,
justement, ça fait tellement partie de notre quotidien qu'on voit qu'on ne les
voit plus, un peu comme un bruit de fond, là, qu'on vient qu'on n'entend plus.
Et puis la crise qu'on vit actuellement nous rappelle à tous les jours à quel
point l'approvisionnement des Québécois et Québécoises en denrées alimentaires,
bien, c'est quelque chose qui est crucial. Nourrir le Québec, là, c'est
vraiment quelque chose qui est très, très important.
Puis d'ailleurs je vais me servir de cette
tribune-là pour remercier tous les acteurs de la chaîne bioalimentaire, parce
qu'au cours des quatre dernières semaines, vous savez, il y a un travail
extraordinaire de collaboration qui s'est fait pour s'assurer que, jour après
jour, là, peu importe où on est au Québec, pour que les Québécois et les
Québécoises soient approvisionnés en denrées, en quantités puis en qualité,
comme ils en ont besoin.
En ce moment, puis pour les mois à venir,
naturellement, tout doit être mis en oeuvre pour assurer cette sécurité
alimentaire là des Québécois, et puis la saison des récoltes qui arrive est
d'une importance qui est capitale. Pour récolter, bien, il faut préparer les
champs, il faut semer, et puis c'est un travail qui doit être réalisé à partir
de maintenant.
Puis, au cours des dernières années, depuis
plusieurs années, les producteurs agricoles comptent sur une main-d'œuvre
composée majoritairement de travailleurs étrangers temporaires qui viennent du
Mexique, du Guatemala, un peu du Honduras, et puis, dans la crise qu'on traverse
actuellement, bien, la présence des travailleurs étrangers temporaires dont on
a tellement besoin, bien, n'est pas assurée. Même si le gouvernement du Canada
a autorisé la venue de ces gens-là sur notre territoire, bien, il y en a
plusieurs qui ne se rendront pas au Québec ou il y en a plusieurs qui vont
carrément choisir de rester à la maison, chez eux.
Puis c'est une situation qui risquerait
d'entraîner un retard dans les activités des exploitations agricoles puis
mettre de la pression sur notre capacité à produire les biens alimentaires
nécessaires à la population au cours des prochains mois. Puis, dans ce
contexte-là, bien, comme le disent les producteurs agricoles puis comme le dit
souvent notre premier ministre, bien, on a besoin de bras. Et puis ces bras-là,
on peut les trouver chez les Québécois qui, malheureusement, ont perdu leurs
emplois au cours des dernières semaines ou ça peut être aussi des étudiants
qui... compte tenu que des organismes ou des entreprises où ils iraient
travailler sont fermés.
Alors, le but de notre annonce, aujourd'hui,
c'est vraiment de lancer un appel à tous les Québécois pour venir travailler
dans les champs, pour investir les champs à la grandeur du Québec. Alors, on
annonce aujourd'hui un investissement total de 45 millions de dollars pour
appuyer le recrutement local de travailleurs agricoles et soutenir le transport
de la main-d'œuvre agricole. J'invite donc toute personne qui aimerait
travailler dans les champs ce printemps et cet été à consulter le site
emploiagricole.com dès aujourd'hui.
L'argent, le 45 millions va servir à
quatre choses. D'abord, 42,6 millions pour fournir une prime
monétaire aux travailleurs agricoles saisonniers. Cette prime représente un
montant de 100 $ pour une prestation de 25 heures par semaine. La
période d'application du programme couvre 34 semaines, soit du
15 avril jusqu'au 31 octobre 2020. Un autre montant de
2 millions, c'est pour offrir une aide aux entreprises agricoles pour
adapter les mesures de transport adéquates aux travailleurs dans le contexte
actuel. On a un montant de 200 000 $, aussi, qui s'ajoute pour
engager des formateurs pour les nouveaux travailleurs afin de faciliter leur
intégration, et finalement un autre 200 000 $ pour déployer des
ressources supplémentaires au sein des 12 centres agricoles d'emploi, pour
les aider à répondre aux besoins de jumelage entre les entreprises et puis ces
nouveaux travailleurs qui vont investir les champs.
J'en profite ici pour remercier et
souligner le travail de l'Union des producteurs agricoles ainsi qu'Agricarrières
pour leur collaboration et leur participation dans le développement de cette initiative.
Par cette annonce aujourd'hui, on agit
pour aider nos productrices, nos producteurs pendant une période qui est sans précédent.
Puis je veux qu'on soit clairs, notre agriculture québécoise, c'est une fierté,
et puis on est présents pour elle. En plus de les aider pour la main-d'oeuvre,
on travaille tous les jours avec La Financière agricole du Québec pour les
assurer de mesures importantes pour leur venir en aide si requis. Ces mesures
sont disponibles sur le site Web de La Financière agricole du Québec.
Alors, je cède maintenant la parole à mon collègue
et ami le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale,
M. Jean Boulet.
M. Boulet : Merci, André.
Représentants des médias, encore une fois, ça me fait plaisir de me joindre à
mon collègue pour l'annonce dont André vient de définir les paramètres.
Année après année, il y a des milliers de
jeunes Québécois qui nous expriment leur volonté de faire les choses autrement.
Je les invite à concrétiser leur désir de favoriser notre agriculture de
proximité, notre alimentation de proximité, notre agriculture québécoise. Je
les invite à venir nous aider, à aider les entreprises agricoles dans cette
période où chaque coup de main est important. On vous demande un coup de main
pour vous, pour les autres, pour demain.
En raison du contexte actuel, plusieurs
entreprises agroalimentaires québécoises ne pourront pas compter sur les
travailleurs étrangers temporaires attendus. Il est donc fondamental de
soutenir ces emplois pour assurer la vitalité du secteur agricole. Les mesures
que mon collègue André vient d'annoncer ont été élaborées en collaboration avec
l'Union des producteurs agricoles et le Comité sectoriel de main-d'oeuvre de la
production agricole, Agricarrières. Je tiens à saluer l'initiative de l'UPA et
d'Agricarrières d'inciter les Québécois à venir travailler sur les fermes.
L'implication d'Agricarrières sera majeure
dans la mise en oeuvre de cette initiative. Agricarrières, c'est le comité
sectoriel de la main-d'oeuvre pour la production et relève de la Commission des
partenaires du marché du travail. Vous savez que les leaders patronaux,
syndicaux, du monde de l'éducation et du réseau communautaire siègent et
travaillent en concertation. Ce comité et cette commission sont financés par
mon ministère.
La mission du comité sectoriel consiste
habituellement à représenter les acteurs de son secteur d'activité, à
développer et à diffuser des formations aux travailleurs du secteur agricole
puis aussi voir à l'adéquation entre les compétences, les qualifications
requises et les emplois. Aujourd'hui, sa mission prend un tournant stratégique.
La collaboration entre les différents partenaires et Agricarrières est aujourd'hui
essentielle afin de traverser les défis des prochains mois dans le milieu
agricole. Ces mesures couvriront l'ensemble des travailleurs agricoles qui
travaillent au salaire minimum dans les exploitations agricoles.
J'ajoute aussi que les travailleurs
admissibles peuvent bénéficier aussi de l'autre programme que j'ai annoncé avec
mon collègue Eric Girard, programme incitatif pour la rétention des salariés à
faibles revenus dans les services essentiels. Rappelons que le PIRTE, son abréviation,
représente une prestation exceptionnelle de 100 $ par semaine pour les
salariés à faibles revenus, à temps partiel ou à temps plein, dans les services
et activités prioritaires. La production de biens alimentaires, dont la
production maraîchère et horticole, a été désignée comme faisant partie de
cette liste.
Le PIRTE offre une prestation temporaire
qui sera versée rétroactivement au 15 mars et pour une période de
16 semaines. Pour y avoir droit, je le répète, il faut avoir un revenu
brut estimé d'au plus 550 $ brut par semaine, il faut travailler dans un
secteur qui est décrété comme étant essentiel et avoir un revenu de travail
annuel d'au moins 5 000 $ et un revenu total annuel de
28 600 $ ou moins.
Le PIRTE, combiné au montant de 100 $
hebdomadaire annoncé aujourd'hui, représente des incitatifs que nous
considérons comme étant majeurs pour les travailleurs agricoles saisonniers.
J'adresse donc une invitation spéciale aux personnes intéressées à travailler
dans une exploitation agricole, particulièrement celles qui sont présentement
sans emploi et les jeunes. Vous avez le pouvoir de soutenir notre production
agricole locale et ainsi notre économie. Vous pouvez apporter votre aide pour
différentes tâches. Évidemment, il y a la préparation des sols, il y a la
plantation, il y a toute la récolte, aussi, des fruits et des légumes.
Il y a le site emploiagricole.com. On
s'inscrit à un centre d'emploi agricole ou, pour les gens de la région de
Montréal, le site, c'est Agrijob, et le dossier de candidature de la personne
va être jumelé à une exploitation agricole de la région concernée, qui souhaite
évidemment accueillir des travailleurs agricoles pour la saison 2020.
Donc, je compte sur la mobilisation
habituelle des Québécois pour répondre présents. Vous avez un rôle important à
jouer pour soutenir l'achat local et l'autonomie alimentaire. J'ai d'ailleurs
pu constater la mobilisation générale lorsqu'avec le premier ministre nous
avons fait un appel à la solidarité, avec l'initiative Jebenevole, qui a connu
et qui connaît encore un succès que je considère remarquable. Nous souhaitons
que les entreprises agricoles puissent disposer de la main-d'oeuvre nécessaire
à leurs activités et favoriser la sécurité alimentaire de la population
québécoise.
Pour terminer, je tiens à rappeler que,
malgré le contexte difficile engendré par la pandémie de COVID-19, votre
gouvernement met tout en oeuvre pour assurer l'approvisionnement régulier des
denrées alimentaires de qualité que constituent les fruits et légumes d'ici. À
tous les travailleurs et à tous les employeurs, je réitère la volonté du
gouvernement de vous soutenir. Merci de votre présence.
Le Modérateur
: Nous en
sommes maintenant à la période de questions. Nous commençons avec Vincent
Larin, QMI.
M. Larin (Vincent) :
Bonjour, messieurs. Peut-être une question pour M. Lamontagne concernant
le manque à gagner de travailleurs étrangers temporaires. Est-ce qu'on sait
combien pourraient ne pas se présenter au Québec, donc combien de travailleurs
québécois ça prendrait en plus dans les champs pour l'été prochain?
M. Lamontagne : Bien,
écoutez, on a prévu, là... une saison normale, on prévoyait accueillir, là, à
peu près 11 000 travailleurs étrangers temporaires. Et puis, selon
les estimations qu'on a aujourd'hui, on prévoit à peu près en accueillir
8 000. Et puis, par le programme, là, qu'on annonce aujourd'hui, on vise à
aller chercher 8 500 travailleurs locaux, québécois, là, pour
investir nos champs.
M. Larin (Vincent) : Je
comprends, donc, qu'on veut plus de travailleurs dans les champs
qu'habituellement?
M. Lamontagne : Oui, tout
à fait, parce qu'encore là la mesure... on vise une prestation de travail de
25 heures par semaine, minimale, par les gens, et puis on vise à avoir un
maximum de travailleurs, là, qui puissent venir investir les champs, là.
Le Modérateur
:
Maintenant, Sébastien Bovet, Radio-Canada.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, messieurs. Ce matin, le président de l'UPA, M. Groleau lançait un
appel en disant que ce qu'il souhaitait, c'est qu'il y ait des mesures du
gouvernement qui vont assurer que, pendant tout l'été ou pendant toute la
période de récolte, les travailleurs soient là. Il disait : Les gens qui
seront déconfinés, en fait, au fur et à mesure des semaines, vont probablement
quitter nos champs pour retourner travailler dans leurs usines, dans leurs
domaines. Les étudiants, à moment donné, qui viennent dans les champs, vont
repartir étudier. Est-ce qu'il y a des mesures pour garder les gens au travail
dans les champs ou vous avez cette crainte-là que, même en participant au
programme, les gens puissent partir en cours de route?
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
on lance cette initiative-là aujourd'hui... Le contexte financier qu'on
annonce, on prévoit qu'il est certainement très intéressant pour les gens qui
vont vouloir travailler dans les champs, on parle pour une prestation de
25 heures par semaine. Et puis, aussi, l'appel qui est lancé, il est à
prévoir qu'il y a beaucoup de gens qui vont se présenter dans les champs. Il y
a une question de solidarité, il y a une question aussi qu'ils veulent faire
une différence, qu'ils veulent vraiment contribuer, aider nos producteurs,
productrices agricoles. Alors, on peut seulement qu'espérer, là, que ça se
déroule bien, puis c'est dans cet objectif-là qu'on lance ce programme-là, là.
M. Bovet (Sébastien) : Est-ce
que les travailleurs étrangers agricoles vont avoir droit au même programme, à
la même bonification de rémunération?
M. Boulet : Totalement, M.
Bovet. Ça s'applique tant aux salariés ou aux sans-emploi québécois qui vont
venir travailler dans les champs que les travailleurs étrangers temporaires. Donc,
les deux bénéficient d'un traitement équitable, donc vont profiter de la même
mesure incitative. Donc, il n'y aura pas de...
M. Bovet (Sébastien) : Il n'y
aura pas, donc, deux classes de...
Mme Boulet
: Absolument
pas. Puis, souvent, on référait aux travailleurs étrangers temporaires comme
étant des personnes potentiellement vulnérables donc l'équité entre les
travailleurs étrangers temporaires et les salariés québécois est assurée par le
programme que nous annonçons aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrice) :
Maintenant, à mon tour, si vous permettez, et on va continuer de faire la
ronde. Ça gagne combien habituellement un travailleur dans les champs qui fait
une prestation de 25 à 40 heures semaine, à part, là, les primes que vous
annoncez aujourd'hui?
M. Lamontagne : Bien, on dit
ce sont des gens qui font un travail de manœuvre agricole, si on veut.
Normalement, ce sont des gens qui sont payés au salaire minimum. Alors, à
partir du 1er mai, le salaire minimum, je pense, va être 13,10 $ de
l'heure. Alors, c'est le salaire qui est versé, là, pour ce type de travail là.
M. Bergeron (Patrice) : Et
par ailleurs, donc, vous annoncez de la formation, mais il y a une question qui
se pose en ce qui a trait, par exemple, à la santé et sécurité au travail.
Parce qu'il s'agit d'un milieu où c'est reconnu comme étant un travail qui peut
être dangereux en raison notamment de la machinerie. Est-ce que ces gens-là
vont être couverts par les mêmes programmes de CNESST en cas d'accident? Est-ce
qu'ils vont être bien formés pour utiliser la machinerie agricole?
M. Boulet : Bien, c'est un des
volets du programme qu'on annonce aujourd'hui. Il y a de la formation, le
comité sectoriel de la main-d'œuvre va s'assurer que les personnes sont bien
formées, bien intégrées. Et les programmes réguliers de la CNESST auxquels vous
référez s'appliquent bien sûr dans le contexte de l'environnement de travail
agricole. Absolument.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, question pour M. Larin.
M. Larin (Vincent) :
J'aimerais aborder avec vous la question de l'autonomie alimentaire au Québec.
M. Legault a souligné pendant son point de presse aujourd'hui, qu'on avait
craint, dans le dernier mois, de manquer de certains fruits et légumes.
Est-ce que c'est toujours le cas présentement?
Si oui, est-ce qu'on a une idée de qu'est-ce qui pourrait venir à manquer exactement,
en termes de denrées?
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
on a une production considérable au point de vue horticole au Québec, mais seulement,
il y a une question de saison. En hiver, on importe davantage ce qu'on peut
importer en été. Il y a des produits qu'au Québec, on n'a pas le climat aussi,
là, pour produire.
Alors, quand le premier ministre faisait
référence à la possibilité de manquer de certains produits, bien, c'est dans un
contexte où, à un moment donné, les frontières pourraient être fermées, où il
n'y aurait plus cette possibilité-là d'importer certains produits. Mais la
capacité au Québec, là, d'alimenter les Québécois, là, elle est forte, là. Il
n'y a pas de pénurie devant nous, que ça soit par notre production locale ou
par l'accès aux marchés étrangers et aux importations, là. Il n'y a pas de
pénurie prévisible, là, pour les gens au Québec, là.
M. Larin (Vincent) : Donc,
vous dites, puis là c'est une question un peu drôle, mais on ne craint pas,
dans les prochains mois, de manquer d'oranges, ou de bananes, ou de fruits qui
nous proviendraient des États-Unis, par exemple, au moins.
M. Lamontagne : Non, on ne
craint pas de manquer de nourriture, de produits. Par contre, ce qui est
important, c'est qu'on veut, plus que jamais, de pouvoir manger le fruit de la
production de nos agriculteurs, nos agricultrices. Alors, ce qu'on voit qui
peut être plus difficile cette année, c'est justement la production agricole
locale pour que les Québécois puissent manger les produits qui sont semés et
récoltés par les producteurs et productrices du Québec.
Alors, l'objectif du programme qu'on
dépose aujourd'hui, c'est pour maximiser les opportunités pour nos producteurs,
productrices, justement, d'offrir leurs produits aux Québécois cet été puis que
les Québécois puissent s'en enticher puis en acheter plus que jamais, là.
Le Modérateur
:
M. Sébastien Bovet, Radio-Canada.
M. Bovet (Sébastien) : Je
reprends la balle au bond sur l'autonomie alimentaire du Québec. Le premier
ministre évoque une espèce de projet de construction de serres à grande échelle
au Québec, avec une énergie à faible prix, là, à l'hydroélectricité.
C'est quoi ce projet-là? Est-ce qu'on va
voir des serres... Est-ce que vous êtes en train de travailler sur un projet où
on construirait, à grande échelle, des serres pour être autosuffisants au Québec?
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais, d'abord et avant tout, là, dans le programme électoral de la Coalition
avenir Québec, en 2018, là, on parlait de doubler les superficies de serres au Québec.
Au budget qui a été déposé le 10 mars, parce que mon collègue ministre des
Finances, collègue Eric Girard... il y avait 50 millions de dollars qui
avaient été préparés, là, pour notre projet qu'on a développé depuis plusieurs
mois.
Aujourd'hui, au Québec, on a
900 serres, qui sont de très petites à plus grandes serres, et puis l'objectif,
c'était dans notre programme puis c'est dans les choses que j'allais annoncer,
là, suite au budget du ministre Girard, bien, c'est d'augmenter de façon
importante, là. On parlait de doubler les superficies.
Alors, ce qu'on vient de vivre ou ce qu'on
est en train de vivre depuis quelques semaines, ça a encore conscientisé davantage
les Québécois à l'importance d'aller de l'avant avec un tel projet. Alors,
c'est des choses, là, qu'on va poursuivre au cours des mois puis des années à
venir, là.
M. Bovet (Sébastien) : Donc,
si je comprends bien, vous êtes toujours sur le plan de doubler, pas de tripler
ou de quadrupler la superficie. Et qu'est-ce qu'on pourrait cultiver dans ces
serres-là et quel effet ça aurait sur nos importations de fruits et légumes, par
exemple?
M. Lamontagne : Bien, écoutez,
d'abord, avant de tripler et quadrupler, il faut qu'on commence par doubler.
Alors, on s'entend que, quand on va avoir rencontré notre premier objectif, qui
est de doubler, bien, peut-être qu'on va vouloir doubler ce doublage-là, mais
c'est des étapes à passer. Mais encore aujourd'hui on vient de faire une
annonce, là, avec une entreprise, là, qui va produire des fraises et va
commencer à approvisionner l'entreprise Sobeys, là, au cours des semaines qui
s'en viennent, va produire des fraises à l'année longue, l'hiver, de la culture
verticale en serre. Alors, il y a toutes sortes de produits qui vont pouvoir
être faits au Québec.
M. Bovet (Sébastien) : ...des
bananes?
M. Lamontagne : Bien, on n'est
pas au stade des oranges et des bananes, mais il y a certainement tout plein de
produits qu'on fait aujourd'hui, massivement en été, mais qu'on va être
capables, là, avec du travail, des investissements, de faire sur une plus
longue période. Et puis l'objectif, c'est de faire en sorte… À chaque fois
qu'on fait des produits qu'on ne fait pas, bien, c'est des importations de
moins, si on veut. Ça fait que l'objectif, ultimement, c'est de réduire de
façon importante, là, notre approvisionnement dans des denrées qu'on est
capables de produire ici avec les climats puis les technologies qu'on a aussi,
là.
M. Bergeron (Patrice) : Si
vous permettez maintenant, à mon tour. Vous avez évoqué tout à l'heure une partie
de l'aide qui est consacrée au transport, et j'aimerais savoir comment ça va se
décliner, parce qu'il s'agit effectivement aussi de déplacer cette
main-d'oeuvre-là, par exemple, des villes vers les champs et ce n'est pas
toujours à côté. Alors, est-ce que c'est bien pour ça que vous avez mis en
place cette enveloppe-là?
M. Lamontagne : Bien, il faut
savoir qu'au ministère de l'Agriculture on avait déjà, jusqu'à aujourd'hui, un
programme où on venait soutenir les producteurs agricoles qui allaient chercher
des travailleurs, des fois, qui ne restaient pas aux alentours de la ferme pour
les soutenir financièrement pour qu'ils puissent voyager ou donner un certain
soutien à ces gens-là. Mais, dans le contexte de la pandémie, dans le contexte
des règles émises par la santé publique, on s'entend que, pour transporter les
travailleurs, bien, il va y avoir des dépenses additionnelles. Alors, on a
réécrit, si on veut, un nouveau programme auquel on consacre, là, près de
2 millions de dollars, là, pour permettre de compenser les coûts, les
frais pour amener les travailleurs sur les fermes pour travailler, là.
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
des Montréalais pourraient... Oui, allez-y, je vous en prie.
M. Boulet : Particulièrement,
la règle, la consigne sanitaire découlant de la distanciation sociale, donc il
y a des frais inhérents à cette dynamique-là, et le programme va permettre d'en
assumer les coûts additionnels.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
l'avez dit tout à l'heure, ce programme-là va se jumeler à l'autre programme
qui a déjà été annoncé, concernant les travailleurs au salaire minimum, le
PIETE, je crois...
M. Boulet : C'est le PIRTE.
M. Bergeron (Patrice) : Oui,
le PIRTE, voilà. Je voulais savoir... Est-ce que vous vous êtes assurés qu'il
n'y aura pas de désavantage fiscal, par exemple, pour les travailleurs qui,
tout à coup, déplafonneraient leur bouclier fiscal, comme on disait autrefois.
Ils se mettraient à payer beaucoup trop d'impôts pour que ça vaille vraiment la
peine de travailler plus.
M. Boulet : Non, mais l'aspect
fiscal, on l'avait considéré dans le PIRTE, c'est des personnes qui sont à
faibles revenus. Quelle sera l'incidence fiscale? Évidemment, c'est des
prestations qui sont imposables, qui devront faire partie de la déclaration de
la personne concernée à Revenu Québec, et les personnes vont assumer les
incidences découlant de la fiscalité québécoise, là, il n'y aura pas de
caractère non imposable à ces prestations-là.
Le Modérateur
: Est-ce
qu'il y a d'autres questions? M. Larin? M. Bovet, non plus? Si vous
permettez, on va passer aux questions en anglais. J'ai ici une question... deux
questions, en fait, de CBC. It is not easy, there's a reason
why we depend on foreign workers. Why do you think Quebeckers will want to do
this job, especially when there are financial aid programs?
M. Lamontagne :
I would say that, first of all, there's a question of solidarity, there's a
question of interest, there's a need among our agricultural community, and the
program we put forward today will certainly give a motivation to people, in
excess to their own interest to participate and collaborate. What we're
announcing today will certainly be an incitative, a good reason for people to
show up and go work in the field and help.
Le Modérateur
:
And now, second question. How will you make sure you retain the Quebeckers who
come forward to work? At some point, they will be tempted to go back to their
old jobs when the economic sector reopens.
M. Lamontagne :
Actually, as I said, people who will go in the field, for a majority, will be
people that have an interest, and honestly to have been working now for a year
and a half with all our producers and agricultors in Québec, I will say that
those people that will go work in the field, for a lot of them, they will
really enjoy how they contribute to the society of Québec by helping, you know,
in harvesting the food of our people here, so... inherent to their jobs, there
will be this satisfaction and this desire to contribute. So, hopefully, we can
see that people will stay and work along with our producers.
M. Boulet :
And, you know, it's an incentive program. At the end of the day, it will help
entrepreneurs to recruit and retain employees. We cannot force them to keep
working in this area, but at least, it will incite them
to go help Québec become more
autonomous in terms of its capacity to feed Quebeckers.
Le Modérateur
: And now a question from Samuel Pouliot, CTV.
M. Pouliot
(Samuel) : Yes, just... Can you quickly
summarize your statement and tell us how much the program will cost? And how
many new workers do you expect to get with that?
M. Lamontagne : We expect to have 8,500 Quebeckers to invest the fields and to
have 8,000 temporary workers that will be actually in the field. So the
total measure for 16,500 people will amount to $42.6 million, if they
all show up.
M. Pouliot
(Samuel) : Thank you.
Le Modérateur
:
Je vous remercie beaucoup et je vous souhaite une bonne fin de semaine.
Des voix
: Merci.
(Fin à 15 h 58)