(Treize heures cinq minutes)
Le Modérateur
: Alors,
mesdames, messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse
pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier
ministre du Québec, M. François Legault, est aujourd'hui accompagné
de la ministre de la Santé et des Services sociaux,
Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique,
Dr Horacio Arruda. Donc, M. le premier ministre, à vous.
M. Legault : Oui, merci.
Bonjour, tout le monde. On a appris à 20 heures, hier soir, qu'il y aurait
eu 31 décès à la résidence privée Herron, à Dorval, dans l'ouest de
Montréal. On n'a pas, jusqu'à présent, toutes les informations, mais voici les
informations qu'on a. On vous les donne toutes.
D'abord, le 26 mars, il y a eu un
premier patient qui a été envoyé à l'Hôpital général juif, a été testé positif
pour la COVID-19 puis il est décédé. Le 29 mars, donc trois jours
plus tard, le CIUSSS a eu des communications avec la résidence Herron et a
décidé de visiter l'établissement. Bon, ils ont tout de suite constaté qu'il y
avait des graves problèmes. Même, on en avait parlé dans certains médias, il y
avait une bonne partie du personnel qui avait abandonné le centre.
Donc, à compter du 29 mars le CIUSSS
de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal a envoyé du personnel pour soigner les
patients, prendre soin des patients. Par contre, ils n'ont pas eu la
collaboration de la part de la propriétaire de la Résidence Herron et ils ont
été obligés de demander une ordonnance pour avoir accès, finalement, aux
dossiers des patients. Donc, c'est hier soir à 20 heures qu'ils ont pu
enfin prendre connaissance des dossiers des patients. Et c'est donc hier soir à
8 heures qu'ils ont vu que, depuis le 13 mars, il y avait eu
31 décès.
Donc, c'est une résidence d'à peu près
150 personnes. Évidemment, c'est énorme, 31 décès en quelques
semaines. Pour l'instant, on ne sait pas combien sont décédés de la COVID-19.
On sait qu'il y en a au moins cinq, mais là on n'a pas les informations pour
les 26 autres patients qui sont décédés.
D'abord, la santé publique et le ministère
de la Santé ont déclenché une enquête. Le ministère de la Santé et la sécurité
publique ont aussi demandé une enquête policière.
Bon, ce qu'il faut savoir, c'est : on
est toujours dans les recherches. La propriétaire de la Résidence Herron est
aussi propriétaire de quelques autres résidences, et on est en train de faire
la liste, puis toutes ces résidences-là vont être visitées. Et d'ailleurs on a
au Québec 40 CHSLD privés non conventionnés. On a demandé de tout visiter
ces résidences, donc aller s'assurer que tout est sous contrôle.
Bon, quand j'ai appris la nouvelle, c'est
pour ça que j'ai décidé... Je ne devais pas être présent aujourd'hui, mais je
veux venir dire aux Québécois, d'abord, que c'est épouvantable, ce qui est
arrivé à la Résidence Herron, et qu'on va évidemment s'assurer, non seulement à
cette résidence-là, mais dans toutes les résidences, qu'on s'occupe bien de nos
aînés, et on est en train de transférer du personnel des hôpitaux vers les
résidences.
Mais je veux dire aux Québécois, là, que
je trouve que ce n'est pas acceptable, la façon dont on traite nos aînés au
Québec. Ça fait longtemps qu'on sait qu'il manque du personnel dans les CHSLD,
que le personnel n'est pas assez bien payé, en particulier au privé. On a
ajouté des ressources au cours de la dernière année, mais... pas fier, là, de
voir ce qui se passe dans nos CHSLD.
Puis évidemment on va commencer par gérer
la crise, là, actuellement. Mais, quand la crise va être sous contrôle, je veux
qu'on revoie toutes nos façons de faire dans les résidences pour les personnes
âgées. On doit ça à nos aînés, de s'occuper de les soigner avec dignité. Puis
moi, je veux donner ma parole aux Québécois, là, qu'on va poser les actions
nécessaires pour qu'à l'avenir, dans nos résidences, on s'occupe bien de notre
monde. Vous savez qu'on a déjà ce projet de faire des maisons des aînés où il y
a plus d'espace, où, au total, il y a moins de résidents, où il y a plus de
personnel, du personnel mieux payé. Mais je veux juste donner ma parole aux
Québécois, là, qu'il faut, tous ensemble, tirer des leçons sur la façon
insuffisante dont on s'est occupés des aînés au cours des dernières années.
Je vous donne le bilan de la journée. On a
aujourd'hui 48 nouveaux décès, donc un total de 289. Je veux évidemment
offrir toutes mes condoléances aux familles, aux proches des victimes. On a
maintenant 12 292 cas confirmés. C'est une augmentation de 615. Par
contre, sur le côté des hospitalisations, bon, on a 778 personnes
hospitalisées, donc une augmentation de seulement 45, et 211 personnes aux
soins intensifs, une augmentation de 25. Donc, comme vous le voyez, dans les
hospitalisations, la situation est sous contrôle. Évidemment, il faut aller
s'occuper des CHSLD puis des résidences de personnes âgées.
Tant qu'à être ici aussi, je veux en
profiter pour revenir sur la question de la réouverture des écoles. Je veux
être peut-être plus précis pour rassurer les parents parce que j'ai vu hier...
Hier soir, entre autres, beaucoup de parents étaient inquiets sur le retour à
l'école, que ça soit avant ou après le 4 mai. Moi, je veux juste vous
dire, là : Je ne donnerai pas le O.K. pour réouvrir les écoles, d'abord,
tant que je n'aurai pas l'accord de la santé publique puis tant que moi, là, je
vais me dire : Est-ce que les enfants sont en sécurité? Moi, là, la
journée qu'on va réouvrir les écoles, c'est parce que j'aurai été prêt à
envoyer mes propres enfants, là. Donc, il n'est pas question de faire aucun
compromis. Oui, j'ai été transparent, on regarde différents scénarios avec
différentes dates, avant, pendant, après le 4 mai, mais il n'y a
absolument rien de décidé. Puis il va y avoir un seul critère, c'est la santé.
La santé, ce n'est pas l'économie. C'est la santé des Québécois qui va primer
pour décider quand on réouvrira les écoles. Évidemment, on va suivre chacune
des journées qui s'en viennent, chacune des semaines qui s'en viennent, quelle
est la situation de la contamination, et on va prendre une décision qui est
dans l'intérêt de nos enfants. Nos enfants, c'est ce qu'on a de plus important.
Peut-être un mot sur les médicaments. Bon,
les équipements de protection, ça va bien, la situation s'améliore, puis on a
de l'aide, entre autres, de certaines provinces, là, que je ne nommerai pas,
mais on pourra vous en dire un peu plus au cours des prochains jours. Mais on a
un problème du côté des médicaments. Donc, j'aime mieux être transparent, là. Il
y a une vingtaine de médicaments où on en a peut-être pour à peu près une
semaine, où il y a des difficultés d'approvisionnement. Donc, évidemment, il y
a des substituts pour certains médicaments. On parle avec le fédéral, avec les
autres provinces pour voir comment on peut trouver des solutions, mais je
voulais quand même dire, comme je l'ai fait depuis le début, toute la vérité à
la population. Il y a certains médicaments, là, où on a des inquiétudes.
Donc, je termine en vous répétant,
d'abord, à court terme, on va tout faire pour bien s'occuper de nos aînés.
Puis, par la suite, on va prendre les mesures nécessaires pour que tous nos aînés
au Québec, que ça soit dans des résidences publiques ou privées, soient traités
avec dignité. Merci, tout le monde.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
en anglais.
M. Legault :Yes.
Good afternoon. I'm here because of what we learned last night about a situation in a private senior's residence in
the West of Montréal. Yesterday
evening, at eight, we learned that, since March 13th, there's been
31 deaths at residence Herron which has about 150 beds. Out of those
31 deaths, we have confirmation that there is at least five coronavirus
cases. Public Health authorities are currently investigating, and we've also
asked for a police investigation. Here are the facts we have in our hands.
On March 26th, a
first patient was sent to the Jewish General Hospital to be tested, and it
became a confirm case of coronavirus, and he died. The CIUSSS then communicate
with the residents and went to visit it on March 29th. Most of the staff
had then deserted the residence. That day, the CIUSSS sent health workers to
take care of the patients. The owner of this residence refused to give us acces
to the file of the patients, and it is only last night, at 8 p.m., that we
learned that the number of deaths, since March 13, was 21. The same person
also owns a few other residences in Québec and our teams are currently
investigating them. We also order an immediate verification of all of the 40
private CHSLD in Québec. Thank you.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, si vous êtes prêts à prendre les questions en français, nous allons
débuter aujourd'hui avec Alex Boissonneault de Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) : On a
des témoignages... Bonjour, d'abord. On a des témoignages de médecins, de
personnes dans le réseau de la santé qui nous laissent entendre que, là, il y a
une situation qui est atypique au Québec, c'est le moins qu'on puisse dire, et
qui pourrait laisser croire qu'il y en à d'autres, CHSLD Herron, et qu'il y a
même peut-être des problèmes qui dépassent les CHSLD et qui seraient dans le ministère
de la Santé, des gens qui sont à bout de souffle, qui rapportent des situations
qui seraient particulièrement difficiles.
Dans quelle mesure on peut avoir la
certitude qu'il n'y en a pas d'autres situations comme celle-là, qu'on
n'apprendra pas qu'il y a un autre CHSLD privé, par exemple, où les patients
sont traités de cette façon-là? Est-ce qu'on fait seulement réagir à ce qui se
passe ou on est au-devant de la vague, là?
M. Legault : Bien, je vais
commencer une réponse en vous disant qu'à chaque matin on a la liste, là,
complète, de chacun des CHSLD, avec le nombre de cas confirmés, le nombre de
décès. Ici, les informations ont été cachées. Donc, évidemment, c'est difficile
d'être inquiet d'un CHSLD qui nous cache une situation. Nous, on pensait qu'il
y avait quelques décès, quelques cas confirmés.
Mais je peux vous dire qu'il y a un suivi.
Comme je l'ai dit tantôt, on a demandé, ce matin, à ce que les 40 CHSLD
privés non conventionnés soient visités, donc, dans les prochaines heures, pour
s'assurer qu'il n'y a pas d'autre résidence Herron ou du type de la résidence
Herron au Québec. Et, bien, l'équipe de Danielle continue de suivre la situation
de très près, là. Puis, à moins qu'on ait des informations manquantes, on est
capables de voir où sont les cas critiques. On vous en a donné six, d'ailleurs,
il y a quelques jours. Mais on prend les décisions en fonction des informations
qu'on a.
Mme McCann : Ce que je veux
ajouter, en complément de M. le premier ministre, c'est qu'aujourd'hui même,
là, on envoie des équipes, là, qui vont vérifier sur place les 40 centres
d'hébergement privés au Québec. Alors, on veut faire des vérifications et on
veut les aider s'ils ont besoin. Alors, ça, c'est fait aujourd'hui même. Moi,
je vais avoir un rapport à la fin de la journée.
Et on veut aussi... vous savez, on
investit, on a donné 40 millions de budget, là, pour les CHSLD privés. On
veut qu'ils investissent, là, puis qu'ils ajoutent du personnel, alors on va
les aider là-dedans. On a fait la même chose pour les ressources
intermédiaires, on a 400 ressources intermédiaires pour les personnes
âgées, on veut les aider à trouver le personnel, à ajouter des ressources. Mais
on va faire des vérifications, effectivement, et ça va être fait, là, à très,
très court terme. On veut avoir un rapport, on veut savoir qu'est-ce qui se
passe dans ces résidences et ces ressources. On veut avoir toute l'information.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Boissonneault (Alex) : Dans
ce contexte-là, considérant que le Québec est peut-être la province la plus
durement frappée par l'épidémie, en ce moment. Si on regarde les chiffres, on
se démarque négativement par rapport aux autres provinces pour ce qui est du
nombre de morts par habitant, par exemple. Est-ce qu'il n'est pas là, le talon
d'Achille? Plus que dans la semaine de relâche, par exemple, est-ce que ce
n'est pas la situation critique qui prévaut dans les CHSLD depuis un certain
nombre de jours qui explique le fait que le Québec se démarque comme ça du
reste de la fédération?
M. Legault
: Bon,
d'abord, je veux vous dire que, quand on se compare, là, à part l'Ontario, on a
beaucoup moins de décès que, par exemple, aux États-Unis ou dans les pays en
Europe où il y a des grandes villes de la taille, disons, de Montréal. La seule
province vraiment, là, qui a une grande ville, c'est l'Ontario, avec Toronto.
Bon, il y a peut-être un peu Vancouver qui ont eu aussi pas mal de décès, mais,
quand on se compare avec les États-Unis puis en Europe, on a moins de décès, incluant
les décès dans les CHSLD, les résidences de personnes âgées. Puis, comme je
l'ai déjà dit, on s'attendait quand même à ce qu'il y ait beaucoup de décès
dans les CHSLD parce que, dans les CHSLD, on a les personnes qui sont âgées et
qui sont malades. Donc, c'est normal qu'on ait plus de personnes, parce que
plus vulnérables, qui décèdent dans ces résidences. C'est à peu près 70 %
des décès. Mais je ne pense pas que ça soit différent de pays qui ont le
système comme le nôtre.
Le Modérateur
: Prochaine
question, Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, Mme McCann, M. Arruda, sur, justement, la situation
de Herron, bon, vous dites que la Sécurité publique a été... en fait, va
enquêter. Est-ce que c'est votre gouvernement qui a demandé... en fait, je
pense que c'est la SPVM, là, qui va faire l'enquête là-dessus, les crimes
majeurs de la SPVM. Est-ce que c'est à la demande du gouvernement qu'il y ait
une enquête criminelle là-dessus?
M. Legault : Oui. C'est à la
demande du ministère de la Santé et du ministère de la Sécurité publique.
M. Lacroix (Louis) : En
sous-question, vous avez dit tout à l'heure que vous voulez tout faire pour
faire en sorte que dorénavant les personnes âgées soient mieux traitées dans
notre société. En marge de la pandémie, ce que vous avez fait, c'est que vous
avez amélioré les conditions de travail, entre autres des préposés aux
bénéficiaires. Vous leur avez accordé des primes, etc.
Est-ce que vous pouvez les assurer, ces
gens-là, que ces primes-là vont rester après la crise et qu'ils ne vont pas se
retrouver exactement dans la même situation qu'ils étaient avant d'entrer dans
cette crise-là?
M. Legault : Oui. Moi, je peux
leur donner une certaine assurance... une assurance, parce qu'effectivement,
là, on avait, dans nos CHSLD privés, des gens qui gagnaient, par exemple,
13 $ de l'heure pour s'occuper de nos aînés. Donc, c'est pour ça qu'on a
donné un boni de 4 $ de l'heure. Ça fait longtemps qu'on sait... qu'on connaît
ce problème-là. Je parle de plusieurs années.
Dans les CHSLD publics, les employés sont
plus à 20 $ de l'heure et plus. Donc, il y a un écart de côté-là, puis on
ne peut pas dire : Bien, ça, c'est le privé, on ne s'en occupe pas. C'est
quand même nos aînés. C'est pour ça que je dis : Moi, là, je trouve ça
inacceptable, puis il faut changer ça.
Mais, évidemment, ça suppose aussi d'avoir
plus d'espace. Donc, quand on parle de construire des maisons des aînés, bien,
c'est sûr qu'on ne peut pas, du jour au lendemain, offrir aux gens... Le
concept qu'on veut, là, c'est d'abord de ne plus avoir, là, des centres, là,
qui ont plusieurs centaines de résidents; que ça soit des plus petits centres,
avec plus d'espace par résident, d'être capable, quand il arrive une situation
de crise, d'avoir une zone chaude, une zone froide, d'être capable d'avoir plus
de personnel, du personnel compétent qui est bien payé. Donc, c'est tout ça
qu'on va regarder éventuellement, là, dans les maisons des aînés puis dans la
rénovation des CHSLD actuels. Puis, bon, là, pour l'instant, c'est difficile
d'agir à court terme parce qu'il nous manquerait d'espace pour faire ce qu'on
veut faire.
Mme McCann : Et, en
complément, ce qu'on fait actuellement, là, il y a beaucoup de choses qui vont
rester. On envoie du renfort, hein, beaucoup de renfort, là, actuellement, puis
ça va continuer. La semaine prochaine, on a les gens de l'éducation. Bon,
évidemment, ils vont retourner éventuellement à leur emploi d'origine. Mais,
pour le moment, là, pour le temps qui vient, ils vont nous aider, hein, des
gens de l'éducation qui arrivent, là, en renfort dès la semaine prochaine. On
réorganise les équipes et on veut que ça soit le plus étanche possible entre
zones froides, zones chaudes. Ça, c'est déjà fait. Mais on veut aussi, encore
une fois, que les gens n'aillent pas d'un édifice à l'autre et d'une unité à
l'autre.
Alors, ça, c'est des façons de faire qu'on
va garder. Et ça va nous aider même dans la saison de l'influenza parce que, là
aussi, on a un virus, hein, qui se propage. Et il y a aussi toute la couverture
médicale, nos médecins de famille. Et là il y en a 450 qui viennent nous aider maintenant.
Et là il y a des nouvelles façons de faire. On peut être sur place. On peut
être par téléphone. On peut faire de la téléconsultation. Mais là il faut voir
à tout ce monde-là. Il faut voir aux gens qui sont dans les CHSLD, mais aussi
dans les résidences pour personnes âgées autonomes et dans les ressources
intermédiaires. Puis là on est en train de mettre sur pied des moyens de
télécommunication. On veut que nos personnes aînées aient une couverture
médicale suffisante, adéquate.
Alors, c'est là-dessus qu'on travaille. Et
c'est sûr qu'après la crise on va vouloir garder beaucoup de ces transformations
qu'on est en train de faire. Là, on va gérer la crise.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Maintenant, si je peux me permettre, Marc-André Gagnon, du Journal de
Québec, Journal de Montréal. À la lumière de cette histoire, cette situation
que vous qualifiez, vous-même, M. le premier ministre, d'épouvantable, et à
raison, au CHSLD Herron, est-ce que votre gouvernement — parce que
vous parlez de l'avenir — pourrait, par exemple, mettre en place un
système d'inspections plus régulières, là, non seulement dans les CHSLD, mais
dans l'ensemble des résidences pour aînés? Et pourquoi ne pas mettre en
tutelle, là, les autres résidences qui sont la propriété, là, donc, des gens
qui étaient en charge du CHSLD Herron?
M. Legault : Bon, d'abord, je
vous rappelle, là, avant toute la crise de la COVID-19, rappelez-vous
Marguerite Blais, qui a visité plus d'une centaine de résidences, qui nous
disait : Il y a beaucoup de travail à faire dans plusieurs résidences.
Donc, évidemment, là, puis je pense qu'il ne faut pas séparer public, privé, il
faut regarder comment on peut, bon, d'abord, évidemment, mieux financer. C'est
sûr que, si on finance mieux, malgré que les gens paient des loyers très élevés
dans des résidences comme Herron, là... Donc, il faut être capable de s'assurer
que les services soient donnés, que le personnel soit embauché, que le
personnel compétent soit embauché, bien payé.
Il y a tout un chantier. Rappelez-vous, à
la dernière campagne électorale, c'était un de nos engagements importants que
les maisons des aînés... de revoir complètement la façon dont on soigne nos
aînés dans les résidences. Donc, c'est un chantier qu'on ne pourra pas réaliser
en quelques mois, même en quelques années. Mais il faut complètement revoir les
façons dont on donne les services dans ces centres.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Vous avez fait référence tout à l'heure à vos propos, qui ont soulevé
beaucoup de commentaires, concernant la fermeture éventuelle des écoles. Il y a
aussi un autre élément qui a donné place à une certaine confusion, hier,
concernant l'annulation des évènements culturels et sportifs jusqu'à la fin
août. D'abord, pourquoi ne pas avoir fait cette annonce-là vous-même, hier,
pour éviter justement qu'il y ait de la confusion? Alors que vous avez... votre
gouvernement, plutôt, a procédé par voie de communiqué, il y a plusieurs
questions qui sont demeurées sans réponse. Est-ce que c'est possible pour vous,
aujourd'hui, de la clarifier, la situation concernant les évènements sportifs
et culturels?
M. Legault : Bon, ce qu'on a
dit hier, c'est que les évènements importants, culturels, les festivals vont
être annulés jusqu'au 31 août. On pense que ce n'est pas réaliste de
mettre des milliers de personnes les unes sur les autres avec la situation qu'on
connaît aujourd'hui.
Maintenant, les évènements sportifs, là...
puis je pense qu'Isabelle Charest l'a expliqué un peu, s'il y a un tournoi
de baseball ou s'il y a un match de tennis, est-ce que ces évènements-là
peuvent penser se tenir, disons, en juillet ou en août avec les consignes qu'on
aura à ce moment-là? Là, on a des consignes, aujourd'hui, du deux mètres,
mais il y aura des consignes qui vont évoluer dans les prochains mois. Donc,
est-ce que c'est possible que, par exemple, certains évènements sportifs
puissent se tenir en respectant la règle du deux mètres, par exemple? Il
ne faut pas totalement exclure ça.
Mais moi, je pense, c'était important
d'envoyer le message aux grands organisateurs de grands évènements, de
dire : Arrêtez de dépenser de l'argent pour organiser ça, là, on ne pense
pas que vous allez être capables de tenir ça, là, d'ici le 31 août. Donc,
c'est ça, l'idée. Puis l'idée des évènements plus petits, les évènements
sportifs, tu sais, je pense au hockey, là, dans les jours avant le confinement,
il y avait des matchs de hockey, mais sans personne dans l'aréna, bon, est-ce
que c'est pensable de revoir ça? Moi, je ne veux pas rien exclure, mais c'est
certain, là, qu'on n'ira pas mettre des milliers de personnes dans un festival
d'ici le 31 août.
Le Modérateur
: Très
bien. Prochaine question, Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. M. le premier ministre. On sent un écart important entre le niveau de
préparation des hôpitaux en prévision de... en raison de la pandémie et le
niveau de préparation qui a été fait dans les CHLSD. Reconnaissez-vous qu'il y
a eu un problème de ce côté-là, et qu'en partie ce soit responsable de la situation
que l'on vit aujourd'hui?
M. Legault : Bon, d'abord, les
CHSLD, ça fait longtemps qu'on en parle, hein? Ce n'est pas d'hier, là, ça fait
plusieurs années qu'on dit : Est-ce qu'il y a assez de personnel, est-ce
que le personnel était assez payé? Puis je ferais une différence aussi avec les
CHSLD privés, parce qu'il reste qu'au Québec on a fait ce choix-là d'avoir des
centres privés qui étaient conventionnés ou non conventionnés puis qui géraient
leurs propres affaires. Donc, est-ce que le gouvernement doit aller se mêler de
ce qui se fait dans les résidences privées? Je pense, de plus en plus, oui. Et
ce qu'on a fait, dans les derniers mois, avec Marguerite Blais, c'est d'ajouter
des inspections. Mais, à un moment donné, il va falloir aller plus loin que ça
puis mettre, peut-être, des standards sur combien il doit y avoir de personnes,
d'infirmières, de médecins par 10 résidents, par 50 résidents, donc
de mettre des normes. Je pense qu'il faut travailler mieux à ce que le réseau
privé soit mieux préparé à une prochaine crise. Donc, par définition, pour
répondre à votre question, peut-être que les résidences privées n'étaient
peut-être pas prêtes à faire face à une crise.
M. Chouinard (Tommy) : Maintenant,
vous savez, je ne doute pas une seconde que vous recevez beaucoup de courriels,
de témoignages de gens, de questions. On en reçoit également beaucoup.
On a posé, comme question, ici, un peu
plus tôt, est-ce que les gens, les proches de la famille sont informés de l'état
de leurs proches, là, en CHSLD? Ça ne semble pas être le cas. On reçoit beaucoup,
beaucoup de témoignages, M. Legault, puis je vais juste en citer un,
là : Une personne qui n'a pas de nouvelles, son père est déjà décédé de la
COVID-19. Sa mère est atteinte de la COVID. Elle n'en a pas, de nouvelles, puis
elle dit : Après avoir vécu des crises de larmes, d'anxiété, d'angoisse,
je m'unis donc à tous les sans voix qui ont perdu ou qui perdront un proche
dans les semaines à venir. Je les porte avec moi et dans mon cœur, et j'ose
espérer que mon témoignage permettra de changer positivement et rapidement les
choses.
Comprenez-vous qu'il y a parfois un écart
entre ce qui est dit ici et ce qui se passe sur le terrain?
M. Legault : Oui. Bon, bien, je
pense qu'il y a un écart aussi entre la directive qui est donnée puis ce qu'il
est possible humainement de faire à certains endroits. La directive qui est
donnée, je dirais, depuis au moins une semaine, dans tous les centres, c'est
d'aviser les familles. Donc, ça, la directive est très claire. Est-ce qu'il y a
certains centres qui sont débordés puis qui se disent : Ce n'est pas mal
plus important de donner des soins que d'appeler la famille? Ça peut être
arrivé, mais je pense que ça reste des exceptions.
Puis ce qu'on discutait hier encore,
Danielle et moi, c'était de dire : Peut-être qu'il faut embaucher des
personnes qui pourraient juste faire ça. On n'a pas besoin nécessairement
d'avoir un médecin ou une infirmière qui appelle la famille pour donner les informations
sur le résident ou la résidente. Donc, ça fait partie du travail. Notre objectif,
c'est que toutes les familles soient tenues au courant. Mais je peux concevoir qu'il
y ait eu des exceptions.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
prochaine question, Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : M.
le premier ministre, Mme la ministre, M. le directeur de... Vous semblez
bouleversés par ce qui se passe à la résidence Herron. Est-ce qu'on est devant
un cas de négligence criminelle? Et qui devra assumer la responsabilité?
M. Legault : Bon, évidemment,
il va y avoir une enquête, donc je dois être prudent. Puis j'ai le goût de ne
pas l'être. Bien honnêtement, moi, je pense qu'a priori, là, il y a de la
grosse négligence qu'il y a eu à la résidence Herron. Maintenant, l'enquête va
démontrer exactement ce qui est arrivé, mais, je répète, quand le CIUSSS est
arrivé, le 29 mars, presque tout le personnel était parti. Tu sais, ça n'a
pas de bon sens qu'on arrive dans un centre puis que la majorité du personnel
soit partie, là. Donc, je pense que ça regarde beaucoup comme de la grosse
négligence, là.
M. Laforest (Alain) : Mme
la ministre, des sources et des informations confirment qu'il y a de la
désorganisation aussi dans les CHSLD publics. À certains endroits, le personnel
est laissé à lui-même, il y a des gens qui se présentent, il y a des gens qui
quittent plus tôt. Est-ce que vous avez une vraie lecture de la situation, de
ce qui se passe dans les CHSLD, et j'insiste, publics?
Mme McCann : Oui. Oui, écoutez,
on a un rapport à tous les matins, on fait le tour. On a des CHSLD où est-ce
qu'il y a davantage de cas confirmés, et ceux-là on les suit de très, très
près. On vous en a parlé hier, là, il y en a quelques-uns, là, qui sont effectivement
des centres qu'il faut qu'on surveille et il faut qu'on supporte davantage et, entre
autres... d'ajouter du personnel. Et ça, c'est l'enjeu principal, hein? L'enjeu
principal, c'est d'avoir le personnel.
Parce qu'on est dans une situation où,
quand il y a un CHSLD où est-ce qu'il y a des cas confirmés, bien, malheureusement,
il y a aussi des travailleurs qui ont été touchés, ou bien qui ont été touchés
par le coronavirus ou bien qui sont des contacts. Alors là, il faut envoyer une
autre équipe pour les aider. Et c'est pour ça que c'est si fondamental d'aller
chercher des gens du secteur hospitalier qu'on va ramener dans ces CHSLD, et
aussi de l'éducation, là, qui s'en viennent la semaine prochaine.
Alors, on a un suivi très serré de ces CHSLD,
on les connaît, ceux où il y a davantage de difficulté, parce qu'il y a
davantage de cas suspectés ou de cas confirmés, et on les suit de très, très
près. On est en lien avec eux tous les jours et même d'heure en heure.
Le Modérateur
: Merci.
Étant donné que nous sommes un peu moins nombreux aujourd'hui, je peux prendre
une ou deux questions additionnelles. Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Je
voudrais porter à votre attention qu'il y a deux ans, en fait, la Protectrice
du citoyen avait remis un rapport sur le CHSLD Herron. Je voudrais vous lire
quelques conclusions, en fait, quelques constats qu'avait faits la Protectrice
du citoyen à ce moment-là.
«Les lacunes dans la qualité des soins de
service : manque de suivis médicaux; manque de compétence, de formation de
personnel; approche déficiente auprès des résidents, notamment ceux atteints
d'un trouble cognitif; incapacité du personnel infirmier à gérer les plaies des
résidents et des résidentes, vaquer à ses opérations, à ses obligations en
offrant des soins de qualité; manque de continuité dans les soins, vu
l'insuffisance de personnel non remplacé lors des absences; manque de transfert
d'informations entre les membres des différents quarts de travail; délais d'assistance
à la cloche d'appel et aux appels restés sans réponse; limitation quotidienne
du nombre de culottes d'incontinence.»
Bref, il y avait des lacunes extrêmement importantes,
de ce qu'on peut comprendre, là, en 2017. Comment ça se fait que ça a perduré jusqu'à
aujourd'hui?
Mme McCann : Quand il y a un
rapport comme ça, là, c'est évidemment transmis au ministère, c'est transmis à l'établissement,
et l'établissement a le devoir de faire le lien avec le centre privé et
d'apporter les correctifs avec ce centre privé.
Alors, il aurait fallu... Et là je n'ai
pas l'information, mais je présume que des correctifs ont été apportés à ce
moment-là, parce que c'est un rapport de la Protectrice du citoyen. Et d'ailleurs
l'établissement a la responsabilité de faire rapport à la Protectrice du
citoyen. Moi, j'ai été dans le réseau pendant des années, et effectivement
c'est ce qui est fait, et c'est très sérieux. Alors, moi, je pense qu'il y
a eu un suivi, hein, de ce rapport à l'époque, en 2017, mais, dans le contexte
de la COVID, il y a eu dégradation, probablement. Et là on va évidemment faire
toutes les actions dont on vous parle aujourd'hui, et d'ailleurs il va y avoir
un suivi extrêmement, extrêmement sérieux de toute cette situation avec les
éléments qu'on vous apporte aujourd'hui. Donc, on va revoir même ce qui a été
fait en 2017, mais ces rapports-là de la Protectrice du citoyen, il y a une obligation
de l'établissement et du ministère de faire rapport et de prendre les mesures nécessaires.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
question additionnelle pour Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. Je souhaite aborder l'enjeu des médicaments. Vous dites quand même qu'il
y a une vingtaine de médicaments qui sont donc, si je comprends bien, à risque
de pénurie d'ici une semaine. Est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste de
ces médicaments à risque? Et dans quelle mesure est-ce que ces médicaments-là
sont très couramment utilisés pour traiter des gens dont l'état est précaire?
Mme McCann : Écoutez, moi, la
première chose que je veux dire, là, vraiment pour circonscrire, c'est une
vingtaine de médicaments, mais qui touchent beaucoup à la sédation, parce que
je ne veux pas que la population pense, là, que c'est tout type de médicament.
Non, non, non, pas du tout, c'est vraiment des médicaments qui ont trait à la
sédation quand on intube quelqu'un. Par exemple, vous avez parlé déjà... le
propofol, bon, et il y en a d'autres.
Alors, actuellement, là, effectivement,
nos réserves... parce que ce que je veux vous expliquer aussi, c'est qu'on n'a
pas des réserves, dans les établissements, de ces médicaments ou des
médicaments en général, des réserves énormes. D'habitude, on va chercher... On
commande des fournisseurs juste à temps, hein? C'est la formule, là, juste à
temps, c'est-à-dire, on a une réserve, mais qui n'est pas très grande, et les
médicaments rentrent au fur et à mesure. Alors, c'est la même chose pour les
médicaments de sédation, donc, une vingtaine. Et on est en lien toujours avec
nos fournisseurs, mais aussi on négocie avec le fédéral. Il y a des
possibilités de ce côté-là.
Donc, ce qu'on dit aujourd'hui, c'est
qu'on est transparents. On en a pour au moins une semaine. On a ce qu'il faut.
Mais on veut que ça rentre, là, puis c'est pour ça qu'on est en lien avec le
fédéral et les fournisseurs. Puis on pourrait vous donner la liste. C'est, en
général, comme je vous dis, des médicaments qui touchent à la sédation.
Le Modérateur
: M.
Boissonneault, Radio-Canada, question additionnelle.
M. Boissonneault (Alex) : Pour
préciser un peu ce qu'il en était de l'ouverture possible des écoles avant le 4
mai... Dans le cas où on n'ouvre pas les écoles, est-ce qu'il y a d'autres
scénarios qui sont étudiés, par exemple des classes à distances systématiques,
le fait que des trousses... peut-être améliorer... parce que, d'ailleurs, on a beaucoup
de plaintes par rapport aux trousses, comme quoi il y en avait qui étaient
assez sommaires, là, que c'était presque absent, en fait. Et, s'il n'y a pas de
rentrée, disons, avant septembre, est-ce qu'il y a lieu... Est-ce que les
enseignants peuvent s'attendre à être payés à plein salaire étant donné qu'il y
avait des gens qui avaient soulevé des problèmes d'équité aussi par rapport aux
autres personnes qui ont perdu leur emploi dans toute cette crise?
M. Legault
: Bon,
d'abord, on n'a pas regardé de scénario où les enseignants ne seraient pas
payés. Ça, c'est clair. On regarde toutes sortes de scénarios : nombre
d'élèves réduit, certaines régions... ne pas mettre l'école obligatoire. Donc,
on regarde différents scénarios. Moi, je suis transparent, là. Mon équipe me
dit que je le suis trop. Mais je ne veux pas énerver personne avec ça. On
regarde différents scénarios à différentes dates. Et par contre, dans tous les
scénarios, là, on va s'assurer que la sécurité des enfants, des enseignants est
protégée. Puis on a l'accord de la santé publique. Mais on regarde toutes
sortes de scénarios.
Le Modérateur
: M.
Laforest.
M. Laforest (Alain) : Ma
question va être pour le Dr Arruda. Dr Arruda, dans les CHSLD, en
tenant compte de ce qui s'est passé au Québec depuis un mois, vous pensez que
les mesures qui sont prises actuellement, là, avant de voir l'effet et une
baisse du nombre de cas, ça va prendre combien de temps?
M. Arruda (Horacio)
:
C'est toujours difficile de prévoir, mais on sait que les mesures,
habituellement, il faut compter l'effet... la mesure qui est autour de 14, 15,
21, jusqu'à 21 jours, puis, après ça, l'effet sur les maladies qui vont
avoir été acquises sur les décès ou les hospitalisations avec un autre
15 jours.
C'est clair que, dans les milieux de
CHSLD, compte tenu qu'il y a une concentration de gens à haut risque, la
probabilité de décès est plus grande. D'ailleurs, on observe aussi qu'une
proportion, quand même, des décès qui ont eu lieu chez les personnes âgées ont
eu lieu aussi à domicile, hein? Je ne sais pas si vous comprenez. Dans les
faits, ce qui arrive dans un CHSLD, c'est une concentration de plus de
personnes, plus d'interactions avec du personnel, mais il y a quand même un
risque aussi à domicile. Donc, je pense que tout ça est aussi variable en
fonction, je vous dirais, de la transmission qu'il va y avoir dans la communauté
parce que des travailleurs de la santé pourraient être contaminés aussi, mais
en appliquant des mesures avec des masques, puis leurs symptômes, etc. Ce qui
ne nous a pas du tout aidés, puis ce qui n'aide personne non plus, ici comme
ailleurs, parce que la problématique dans les centres pour personnes âgées,
elle n'est pas seulement québécoise, c'est cette situation, je vous dirais, là,
de personnes asymptomatiques ou très peu symptomatiques qui introduit le virus
dans ces milieux-là.
Donc, je vous dirais, je pense qu'on fait
tout, là, en ce moment, pour le faire. Il va falloir le maintenir. Le maintenir
aussi tout le temps qu'on va avoir de la transmission dans la communauté, là,
puis surtout le maintenir pour éviter une deuxième puis une troisième vague.
M. Laforest (Alain) : Si je
fais une addition, c'est 30 jours, là.
M. Arruda (Horacio)
:
Disons, peut-être un peu avant ça, si vous me permettez, il va y avoir un
effet, mais pas un effet total et global.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Si je peux me permettre également, à mon tour, une question
additionnelle. Marc-André Gagnon du Journal de Québec, et ça va répondre
en même temps à une question que nous avait faite parvenir Martin Busuttil de
RNC Média. Vous avez effleuré, Dr Arruda, hier, le concept d'immunité
collective lorsqu'il était question de la réouverture éventuelle des écoles.
Donc, j'aimerais savoir où vous en êtes dans votre cheminement par rapport à
cette question-là. Et de quelle façon cette immunité-là va pouvoir se mesurer
éventuellement?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, elle va se mesurer en fonction d'études sérologiques et puis, je vous
dirais, de tests qu'on va faire dans la population en grande quantité. Et c'est
assez difficile, je vais vous dire, d'où l'importance des études de
séroprévalence, c'est assez difficile de savoir si c'est 10 %, 1 %,
20 %, ou 30 %, ou 40 % de la population qui a été atteinte.
C'est clair qu'elle n'est pas à 80 % ni 70 %. Vous voyez le... On a
vraiment abaissé la courbe, là. On n'a pas eu ce qu'on appelle la crise
sanitaire, qu'on aurait pu avoir dans nos centres hospitaliers comme c'est
arrivé ailleurs. Et donc on va le regarder.
Puis, vous savez, cette question
d'immunité naturelle, elle va être importante, mais elle va être importante à
gérer aussi en fonction de ne pas exposer les plus vulnérables. Je sais qu'il y
a des parents qui étaient très inquiets parce qu'ils ont eux-mêmes des maladies
chroniques puis ne voulaient pas que leurs enfants soient... Ça fait qu'il va
falloir qu'on ait des stratégies qui vont protéger ces personnes-là aussi, pas
rien que les 70 ans et plus, mais les personnes qui ont des maladies
chroniques et autres. Puis on va voir progressivement...
Puis, comme je vous le dis, il n'y a
aucune décision de prise. On regarde tous les scénarios, on regarde ce qui est
publié dans la littérature puis on va mesurer. Puis à chaque fois qu'on va
faire un mouvement, comme je le disais tantôt... pas tantôt, mais c'était hier,
mais... qu'on va ouvrir, on va prendre des mesures pour vois qu'est-ce qui se
passe pour réajuster. Parce que ce qu'on ne veut pas, c'est aller trop vite
puis, à ce moment-là, après ça, ne plus pouvoir reculer, puis qu'on aille dans
une escalade. Mais il va falloir quand même... Vous savez, on ne pourra pas
rester confinés pendant un an, deux ans, trois ans à attendre. Puis, plus on
confine, moins il y a de la transmission. Puis c'est sûr que l'arrivée d'un
médicament puis d'un vaccin, ce serait quelque chose qui se trouve à être
aidant pour immuniser les plus vulnérables.
Le Modérateur
: Merci.
Donc, c'est ce qui complète pour les questions en français. Nous allons
maintenant passer aux questions en anglais, qui aujourd'hui nous ont toutes été
envoyées par courriel de la part de collègues qui travaillent à partir de la
maison.
So the first question is
from Phil Authier, Montreal Gazette, for Minister McCann. We know the
residence Herron has been put under trusteeship since March 29th and you have set up a team to look into the situation in the CHSLD, but many families
say they were left in the dark about the reality in these centers for months.
How can this be corrected?
Mme McCann : Oh! it will be corrected because the first thing to do is to verify
all the private CHSLD, and we're doing that today. And I'm going to get a report and I want all the
families to be contacted. That is key. The families have to be informed of what
is going on, especially in light of the situation at the Herron residence. So the families will be contacted very
shortly and they should have all the information about their state of the dear ones.
Le Modérateur
: And as a second question for Mr. Legault : Since the COVID-19 crisis started a month
ago, you have earned praise for your leadership, but, after your comments about
schools and daycares, many deputies and the media have been flooded with
messages from concerned parents. So are you too impatient? How can you calm
fear?
M. Legault : No, I think that even in the next few months, when we will reopen
the schools, it's clear that some parents will be scared to send their children
to school, so I knew that, we knew that. But what I want to be clear about the
reopening of schools, is that it will not be done until we have, first, the
agreement of the public health, and second, that I have personally the
assurance that there's no risk for the children and for the teachers. So, it's
clear. And we'll follow, in the next few days, few weeks, the situation. So we
cannot say at this time when we will open the schools, but we have different
scenarios at different dates and also other scenarios about partial reopening
or reopening only in certain regions. So we have, right now, many scenarios.
But I want to be clear, health will be always the first criteria.
Le Modérateur
: Thank you, the next questions are from Raquel Fletcher,
Global News, first for Mr. Legault. Was it a mistake to say that you
would potentially reopen the schools before May? Wouldn't it be more prudent to
wait until September?
M. Legault : Bon. Is it the right thing to tell the truth? Yes, we have some
scenarios before the 14th, we have some scenarios after the 14th. But,
sometimes, maybe, it's not good in politics to tell all the truth, but you know
me, I like to say the truth. But maybe the way I said it scared some people,
and I'm sorry about that, but the facts are that we have some scenarios before
May the 14th.
Le Modérateur
: Now, question for minister McCann concerning the residence Herron.
If there was a lack of staff because employees were sick with COVID-19, why did
management not flag this issue to the CIUSSS or even your Ministry to avoid
these atrocities? What went wrong here?
Mme McCann : Well, they did flag on... They had a call on March 26th and to
alert... to ask the CIUSSS information because they had a case of COVID-19. But
then, on March 29th, after contacts on the 27th and 28th, the CIUSSS—Ouest-de-l'Île
realized that there was a big problem, and so they sent a team because they
realized that there were almost no people to give the services. So I think the
CIUSSS—Ouest-de-l'Île took charge of the situation very quickly and took care of the patients, the residents. So it's
a dire situation, but it was corrected.
And now, as we mentioned,
we realize... because we had difficulty with the owner collaborating and we
finally got the keys to open some of the areas. So we found some charts and we
realized that 30 people died in the last month, and five of them from the
COVID-19. So I think the CIUSSS—Ouest-de-l'Île did a very difficult job, but
took charge of the situation and is caring for the residents at this time.
Le Modérateur
: The next questions are from Valeria Cori-Manocchio, CBC News,
concerning Herron. If there is a wave of death in this private care home,
where's the oversight, where's the accountability?
M. Legault : I'm not sure I understand. What are the two choices?
Le Modérateur
: The question was: Where's the oversight regarding the residence
Herron? Where's the accountability?
M. Legault : Yes. But it's a private residence, so accountability, in the
private... is to the owner. But unfortunately the owner didn't collaborate with
us. So it took more than a week before she gave us the files about each
patient, and we even had to have an order of the court to get it.
Le Modérateur
:Thank you. As a
second question, there are parents in teachers' groups who say you would be
rushing a return to school and wonder if sending kids back too early will undo
all the work Quebeckers have
been doing to limit the spread. What do you say to them?
M. Legault : I want to tell the parents that we will not rush the return to
school. We will return the children to schools when we'll have the assurance
that there is no risk. But, right now, we don't know what will be the situation in a week from now, in two weeks
from now. But we'll study and discuss with the public health and take the
decision. What I said yesterday is that we have some scenarios before May the
4th. We have some scenarios after May the 4th. Right now, I cannot, at 100%,
answer when we will reopen the schools. But what I can say and what I can
assure the population is that we will not reopen schools until we have the assurance that there's
no risk for the children.
Le Modérateur
:
Thank you. The next questions are from Andrew Brennan, CTV News. Do you still
think moving patients from hospitals into CHSLDs was the right move, now we see
how many are getting infected or dying in them?
Mme McCann :
Well, right now I want to say that the transfers of new patients to long-term
facilities have stopped. What we're doing now is securing the long-term
facilities and making sure that we have enough staff and that the zones are...
that, we've always done, but that the cold zones and the hots zones are
separated.
And what we've done in
the past is to prepare the hospitals because we were... we had to prepare for
the worst scenario where we would have needed 6,000 beds and at the same time
secure our long-term facilities. We stopped the visits, we organized the teams,
but this virus is as challenge. And, as we said, unfortunately, our older
people are the ones that are more at risk.
So, now we're adjusting
even more because there is a community transmission. Dr. Arruda mentioned even
people who are asymptomatic might be propagating it. So, what we're doing right
now is adjusting our interventions to the new situation and we're going to
reorganize in that sense and put more staff, obviously, to really take care of
the situation.
Le Modérateur
:
And as a second and last question. Ontario got a lot unusable swabs for testing
for the virus. How is Québec ensuring this doesn't happen here?
M. Legault :
We have no problem with the number of swabs. The main item that is key for us
to have more is chemical reactive. But for the swabs we don't see problems for
the short-term.
Le Modérateur
:
So, that's all the time we have. Thank you very much. Merci à vous trois.
(Fin à 13 h 57)