(Treize heures quatre minutes)
M. Lafrenière : Alors,
bonjour, tout le monde. Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui. Comme vous
savez, dans moins d'une heure, la Commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle des mineurs va débuter ses consultations. Depuis longtemps, les
parents, les victimes, les Québécois attendaient ce moment avec une grande
impatience. C'est une commission qu'on a débutée, mes collègues et moi, en juin
dernier. Je suis entouré justement de 12 collègues qui ont un seul but, c'est-à-dire
le bien-être de nos enfants. Et, depuis juin dernier, on a commencé avec des
séances de formation, séances de mise à niveau, et aujourd'hui, très, très
fébriles de commencer ces consultations.
Ce qu'on veut démontrer, ce qu'on veut
voir, c'est le portrait de la situation au Québec, mais, bien entendu, aussi d'avoir
des pistes de solution et tout ça de façon non partisane. Et je veux le
souligner parce que, des fois, on le dit quand ça ne va pas bien, mais quand ça
va bien, il faut le dire aussi. Ça se passe très, très bien, les travaux. Je
pense que les gens à la maison doivent être rassurés de voir des hommes et des
femmes de tous les partis qui travaillent ensemble pour une seule raison, encore
une fois, le bien-être de nos enfants.
Nous débutons ici, à Québec, cette
semaine, mais nous allons nous déplacer vers Montréal et Val-d'Or pendant la
période d'hiver. On veut se rapprocher du milieu communautaire et aussi lever
le voile sur la réalité des Premières Nations qui sont surreprésentées dans les
chiffres, mais c'est très méconnu.
Au cours des deux dernières semaines, j'ai
eu la chance d'aller visiter nos voisins du Sud pour échanger, comparer et en
apprendre davantage sur la situation de l'exploitation sexuelle du côté
américain. Et malheureusement ce que j'ai entendu, c'est que l'image du Québec
est encore, du côté américain, du côté canadien, des autres villes anglophones,
est toujours le fait que le Québec est une plaque tournante, qu'il y a plusieurs
de nos jeunes filles qui sont exploitées, qui sont envoyées dans d'autres
villes canadiennes, et ça, malheureusement, j'ai pu le constater. Ici, on
parlait de jeunes filles de 12 ans comme plus jeunes victimes, et, du côté
américain, j'ai vu neuf ans et même, dans le sud du Texas, dès cinq et 10 ans,
on prépare les jeunes à l'exploitation sexuelle.
Vous savez qu'ici, à Montréal, c'est des
centaines de dossiers qui ont lieu à chaque année, donc... et, encore là, il y
a très peu de femmes qui portent plainte, de jeunes femmes qui portent plainte.
Elles ne savent pas qu'elles sont victimes dans plusieurs des cas. Pour elles,
elles sont en amour, elles sont avec une personne qu'elles aiment, qu'elles
apprécient. Alors, pour elles, de porter plainte, c'est difficile.
Donc, les chiffres, on va être très
prudents aujourd'hui, on parle de plusieurs centaines. Il y a plusieurs
personnes, c'est connu, c'est reconnu, mais combien exactement, c'est un
chiffre noir. Pour un proxénète, c'est l'appât du gain. On parle de
200 000 $ jusqu'à 300 000 $ par jeune femme qui est
exploitée, et c'est pour ça que c'est si important, pour moi, aujourd'hui, avec
l'équipe de vous rencontrer, parce que vous, les médias, on a besoin de vous.
Un des enjeux de
cette commission, c'est de faire connaître la réalité, de faire en sorte que
les citoyens soient au courant de ce qui se passe, parce que je pense que,
comme parent, parfois on fait partie de la problématique, on ne veut pas le
voir. Moi-même, j'ai deux jeunes filles de 10 ans, 11 ans, et ce qui
me permet de dormir la nuit, c'est de penser que ça ne peut pas leur arriver.
Alors, c'est une réalité, ça existe.
Et tout récemment,
dans une rencontre — je vais vous laisser là-dessus — dans
une rencontre avec les Premières Nations, j'ai entendu une philosophie que j'ai
bien aimée, que je vais vous partager, c'est la philosophie des sept générations.
On doit considérer aujourd'hui que nos décisions vont avoir un impact sur les
sept prochaines générations. Quand on parle de l'avenir de nos jeunes, je crois
que c'est totalement à propos. Alors, ce qu'on va faire ensemble comme
commission va avoir un impact sur les sept prochaines générations et c'est pour
ça qu'on prend ça avec tant de sérieux. Bonne commission, et je laisse la
parole à ma vice-présidente. Madame.
Mme
St-Pierre
:
Merci, M. le président. Donc, c'est avec un sentiment, je dirais, un peu de
tristesse que j'ai accepté la vice-présidence de cette importante commission
car l'exploitation sexuelle des mineurs ne devrait pas exister. Mes collègues
de ma formation politique, Kathleen Weil, Frantz Benjamin, Jean Rousselle, et
moi travaillerons dans un esprit de grande collaboration. Je salue les
collègues des autres formations politiques et les députés indépendants qui ont,
tout comme nous, le profond désir de travailler ensemble. Nous avons pour
mandat de faire le point sur une question complexe aux ramifications
insoupçonnées et de proposer des recommandations au gouvernement.
Ce dossier est
très complexe, je le disais, et ce n'est pas d'hier que l'exploitation sexuelle
des mineurs nous préoccupe. Beaucoup a été fait, tant du côté des forces
policières, judiciaires, des services sociaux. La stratégie
gouvernementale 2016‑2021 intitulée Les violences sexuelles, c'est non,
consacre un chapitre et des mesures pour contrer l'exploitation sexuelle des
mineurs. Cette commission va nous permettre de faire le point et de nous donner
des pistes pour aller encore plus loin car malheureusement cette criminalité a
la vie dure. Aucune famille n'est à l'abri, des garçons et des filles se
trouvent emprisonnés entre des griffes de proxénètes sans scrupules au sein de
réseaux bien organisés.
Les nouvelles
technologies donnent des outils qui leur permettent de suivre à la trace leurs
proies et de les faire chanter, de les isoler. La violence côtoie
quotidiennement l'horreur. Il y a les victimes et il y a les proxénètes, mais
il ne faut pas oublier les clients. Ces clients sont des abuseurs, des pédophiles,
des vicieux, des violeurs. Il n'y a pas de mots pour les définir. Chers
Mégane, Cindy, Maude-Félix, Mia, Chantale, c'est en pensant à vous que nous
allons travailler, c'est en pensant à toutes les victimes que nous entendrons
tout au long de cette commission. Merci beaucoup.
M. Leduc : Bonjour, tout le
monde. Ça me fait plaisir de participer au comité directeur de cette commission.
Dès le début de l'annonce de cette proposition-là par le gouvernement, on a été
très rapides à lever la main pour dire qu'on était partants, qu'on voulait
participer à ce genre de commission. On trouve ça super important.
Moi, j'ai deux grandes priorités par rapport
à ce qui commence, là, les audiences. La première, c'est que je veux qu'on
analyse comment on pourrait réussir à casser la demande. Parce qu'on aura beau
attraper tous les proxénètes, mais, s'il y a toujours des gens en arrière qui
veulent acheter des adolescentes, bien, il y en aura d'autres, des proxénètes,
qui vont sortir du lot. Et donc comment on s'assure de casser la demande en
amont. Est-ce que c'est un peu de répression, un peu de sensibilisation? Bref, il
y a sûrement un cocktail de solutions de disponibles, et les audiences nous
permettront d'en apprendre davantage.
L'autre priorité sur laquelle je veux
travailler, c'est la question d'une sortie réussie. Parce que, quand on sort
d'une situation de prostitution juvénile, on se retrouve dans une grande
précarité financière, on a souvent des séquelles, évidemment, psychologiques.
Donc, est-ce qu'on a, comme réseaux, comme État, tous les outils nécessaires
comme soutien en matière psychologique, comme soutien en matière
socioéconomique pour assurer une sortie réussie de la prostitution juvénile?
J'espère qu'on va pouvoir traiter de ces enjeux-là et trouver des solutions,
faire des propositions à l'issue de ces consultations. Merci beaucoup.
Mme Perry Mélançon : Alors,
bonjour, tout le monde. Je suis la quatrième membre du comité directeur. Alors,
ça me fait plaisir de m'adresser... devant vous ces quelques mots.
Les cas d'exploitation sexuelle qui impliquent
les mineurs augmentent au Québec et se répandent dans toutes les régions. Les
pratiques ont beaucoup changé dans les dernières années avec les médias
sociaux, puis les réseaux de proxénètes trouvent toujours des moyens d'innover,
là, dans leurs méthodes de recrutement. Alors, c'est très, très préoccupant. On
parle d'environ 56% des filles en centre jeunesse qui ont été exploitées
sexuellement. C'est une population qui est très à risque, qu'on va prendre
aussi en considération dans nos travaux.
Ça prend en moyenne neuf tentatives avant
qu'une personne se sorte complètement de la prostitution. C'est des délais qui
sont extrêmement longs. Alors, les victimes ne demandent généralement pas
d'aide, là. C'est comparable un peu au cycle de la violence, de la toxicomanie.
Alors, c'est des gens qui ne se victimisent pas, c'est difficile de savoir
combien il y en a et comment les aider à s'en sortir. Alors, c'est le genre de
données qu'on a eues avec tout le travail qu'on a fait en amont. On est les 13
membres à avoir reçu, bon, des journées de mise à niveau. On a eu beaucoup de
lectures. On a eu des témoignages très poignants, là, des victimes et des gens
qui oeuvrent dans le domaine avec eux tous les jours. Nous avons même participé
à un colloque organisé par le CIUSSS de la Capitale-Nationale très récemment,
alors on a eu la chance de rencontrer les acteurs avec qui... bon, qui se
penchent sur ces cas-là au quotidien.
Alors, la situation est très préoccupante.
L'idée de faire une commission sur le sujet a fait l'unanimité auprès des
quatre groupes parlementaires et des députés indépendants également. Et donc on
a interpelé, aujourd'hui et dans les prochaines semaines, lors des
consultations publiques... on a des organismes, on a des experts et des
chercheurs, les services policiers, le monde municipal, des intervenants même
économiques. On a parlé beaucoup des grands événements, là, qui ont une part,
bon, de responsabilité indirectement d'avoir des gens... bien, des gens
victimes d'exploitation sexuelle dans leurs événements.
Alors, c'est en pensant à toutes ces
mesures-là à déployer pour prévenir, mieux sensibiliser, mieux intervenir que
nous allons travailler pour tenter de faire un rapport qui va amener des pistes
de solution.
Alors, je tiens à remercier tous ceux qui
vont participer à cette commission-là. C'est très important. Sans leur
collaboration, on ne pourrait pas sortir avec des solutions à mettre en place,
là, dans les prochaines années, alors que... La commission spéciale est
officiellement lancée, au nom de mes collègues membres de la commission, et je
pense qu'on sera prêts pour les questions. Alors, je vais laisser la parole à
mon président.
M. Lafrenière : Merci. Merci
beaucoup. Alors, vous avez vu, on est unanimes, on n'oubliera pas les victimes,
mais pas du tout. Première question. Bonjour.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, Patrice Bergeron, La Presse canadienne.
J'ai entendu qu'apparemment que
c'est pire au Québec. Qu'est-ce qui permet de croire que c'est pire au Québec
et pourquoi ce serait pire au Québec, la traite des jeunes filles?
M. Lafrenière : Écoutez, sans
se lancer dans des guerres de chiffres, parce que vous avez avec compris tout à
l'heure, c'est un chiffre noir, c'est... Il n'y a pas beaucoup de gens qui vont
le rapporter. Je ferais un parallèle avec les stupéfiants, c'est ce qu'on
appelle un crime sans plaignant. C'est rare que les gens vont appeler pour dire :
J'ai consommé un service sexuel. Alors, c'est un crime qui n'est pas rapporté.
Cependant, ce qui est bien particulier,
c'est la langue ici. Alors, on va prendre des jeunes filles qui parlent
français, on va les amener dans une autre province, on va les sortir donc de
leur cadre, des réseaux d'amis, la famille, pour les amener travailler dans une
autre province. Donc, vous allez comprendre que la langue devient exotique pour
nos collègues du Canada anglais, mais devient un enjeu pour ces jeunes victimes
là qui sont vraiment sorties du réseau... difficulté de communiquer. C'est une
réalité.
J'aurais aimé vous dire que c'était une
mauvaise idée qu'on avait à la base quand on pensait ça, mais avec mes
collègues canadiens, 10 collègues canadiens, que j'ai rencontrés pendant
deux semaines, ils m'ont confirmé la prévalence, la grande présence de jeunes
Québécoises dans leurs provinces. Alors, c'est une réalité.
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
si je comprends bien, le français les rend exotiques pour des clients en
Amérique du Nord?
M. Lafrenière : J'aimerais
juste qu'on rajoute le terme «client abuseur». Et comme commission on s'est
fait une promesse. Le mot client, c'est très simple, quand vous allez dans un
commerce, vous êtes un client, vous payez, vous avez ce que vous avez demandé
et ça se termine là. Et les gens qui abusent, ils aiment beaucoup utiliser le
terme «client», parce que, pour eux, ils ont fait un échange de services. Ils
ont payé et, pour eux, ils ne doivent rien, alors ils s'enlèvent beaucoup,
beaucoup de responsabilité dans tout ça. Et c'est pour ça qu'on va revenir avec
des clients abuseurs, parce que, lorsqu'on décide de payer pour coucher avec
une jeune fille de 12, 13, 14 ans, il n'y a pas d'histoire d'âge, il n'y a
pas d'histoire d'être un client, vous êtes un abuseur.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
pour revenir à la question, donc l'abuseur, pour lui, c'est un attrait exotique
que d'avoir une jeune victime qui parle français.
M. Lafrenière : C'est une des
facettes, mais, encore là... Vous comprenez qu'on commence dans 45 minutes
la commission. On veut entendre des experts. Nous, oui, on a fait des séances
de formation, on a entendu des groupes, mais on est là pour entendre les gens.
On veut savoir cette réalité-là et, dès aujourd'hui, on va entendre des gens
d'autres provinces. Alors, je vous invite à être à l'écoute et être présents
avec nous. Merci.
M. Laforest (Alain) : Mme
St-Pierre, bonjour, messieurs, dames. Voulez-vous vous approcher du micro? Vous
avez rencontré des jeunes filles. Qu'est-ce qui vous a le plus bouleversée?
Mme
St-Pierre
:
Dans la formation qu'on a eue, effectivement, on a eu un témoignage absolument
bouleversant. Qu'est-ce qui m'a le plus bouleversée, dans son cas à elle, c'est
le fait que ça venait de son grand-père. Donc, c'était dans la famille, des
gens qui devaient l'aimer, qui devaient la protéger, qui ne l'ont pas aimée,
qui ne l'ont pas protégée.
J'ai lu aussi, dans les livres qu'on avait
à lire, la lecture qu'on avait à faire pour nous préparer, des témoignages,
encore une fois, de femmes qui embarquent dans un système dont elles ne sont
pas capables de sortir.
Et c'est ça qui est le plus bouleversant,
c'est qu'on a les forces policières, on a des services sociaux, on a un
appareil judiciaire, puis elles sont carrément emprisonnées. Alors, il faut
briser cette prison-là.
Puis aussi il faut penser à nos soeurs des
Premières Nations, qui vivent des situations particulières, et là aussi, comme
Ian l'a dit, on va aller à leur rencontre puis on va analyser ces
situations-là.
M. Laforest (Alain) : M.
Lafrenière, on va retourner dans votre passé, vous êtes un ancien policier.
Vous étiez à Montréal, mais ici on a vécu, à Québec, le réseau de prostitution
juvénile...
M. Lafrenière : Scorpion,
2002.
M. Laforest (Alain) : Laval, 700
cas de gens qui se sont sauvés des centres jeunesse. Les policiers semblent
dire qu'ils sont au bout de la répression, qu'il faut changer les mentalités.
Est-ce que c'est ça que la commission veut s'attaquer, c'est-à-dire faire plus
de sensibilisation? Parce que là on s'attaque au plus vieux métier du monde.
M. Lafrenière : Vous savez,
vous avez parlé de mon passé, puis souvent, dans le comité directeur, on se
l'est répété, on n'est pas une commission policière. Si la police, c'était la
réponse, on l'aurait fait bien avant. J'aurais préféré prendre ma dernière
carrière puis régler ce problème-là comme policier. Ce n'est pas la réponse.
La réponse est beaucoup plus large que ça,
puis c'est ce qu'on s'est dit aussi. Puis vous voyez les hommes et les femmes
qui sont devant vous, des gens qui ont un bagage différent, qui ont des
connaissances différentes, puis ce qu'on se dit, c'est qu'avec la répression on
ne réglera pas tout ça.
Alors, oui, il y a de l'éducation, c'est
une partie qui est importante, la sensibilisation... Alexandre nous a parlé
tout à l'heure de comment rétablir, comment ramener ces jeunes femmes-là par la
suite.
Alors, il y a plusieurs volets. Ça fait
partie de la commission, mais ce n'est pas une commission policière et le seul axe
n'est pas la répression. Si c'était le cas, on l'aurait fait ça fait longtemps.
M. Laforest (Alain) :
Allez-vous avoir les moyens de vos ambitions?
M. Lafrenière : Je vous dirais
que les 13 personnes qui sont devant vous aujourd'hui le font pour une
seule raison, c'est le bien de nos enfants. Puis vous comprenez que c'est le
début, hein? Là, on va entendre des groupes, on va faire porter la situation,
mais il va falloir arriver avec des recommandations, et nous, comme gouvernement,
il va falloir livrer par la suite. On en est bien conscient de tout ça.
M. Laforest (Alain) :
Avez-vous un engagement du premier ministre qu'on va livrer?
M. Lafrenière : Présentement,
vous avez 13 personnes engagées et vous avez tout un Québec, toute une
nation qui veulent absolument avoir une réponse à ça. Je pense, ça a été un
électrochoc quand on a entendu parler... vous avez parlé d'opérations dans le
passé. Moi, je peux vous parler aussi de la série Fugueuse qui a été un
électrochoc pour plusieurs. Et nous, on s'est donné comme mission d'aller avec
un portrait et des solutions. Alors, vous nous jugerez selon le résultat.
Mme
St-Pierre
:
J'ajouterais... vous savez, on parle de travailler au-dessus de la partisanerie
et tout ça, puis c'est ça qui est la beauté de cette commission-là. Et
évidemment on souhaite faire nos travaux, présenter nos recommandations et
attendre, par la suite, la réponse du gouvernement. On ne s'attend pas à ce que
le gouvernement nous donne une réponse maintenant, on veut qu'il attende qu'on
ait fait nos travaux. Puis on va faire nos travaux ensemble, on va arriver avec
des recommandations qui vont être très certainement réalistes et ensuite on
attendra... vous irez poser des questions pour avoir les réponses.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, M. Lafrenière. Mylène Crête du Devoir. Je voulais juste
comprendre pourquoi est-ce que vous avez dit que la langue française rendait
les jeunes filles qu'on envoyait dans d'autres provinces exotiques.
M. Lafrenière : C'est une
réalité, puis je veux... je pourrais bien vous dire que j'ai fait une étude
philosophique là-dessus, mais vraiment pas. C'est une réalité qui nous est
rapportée par les policiers, les policiers qui travaillent entre autres en
Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Il y a un attrait, il y a une
demande. Et vous savez, on revient dans la trilogie, pour avoir cette problématique-là,
bien, ça prend une demande, ça prend les victimes qui sont exploitées puis un
exploiteur.
Alors, la demande des clients, c'est ce qu'ils
veulent. Et j'aimerais ça vous dire que ce n'est pas le cas, mais
malheureusement, les clients abuseurs, ils veulent aussi des jeunes les plus
jeunes possible. Et vous allez voir, on n'utilise pas le terme «jeunes filles»,
on parle d'enfants. En bas de 18 ans, c'est des enfants. Et c'est un
message clair qu'on envoie aussi à la population, ce n'est pas une jeune fille.
Ce n'est pas une jeune fille qui vient d'avoir 18, 19 ans, on parle de
jeunes enfants, les plus jeunes possible. Et ça, c'est une demande des clients
abuseurs.
Mme Crête (Mylène) :
J'ai vu que vous alliez entendre le témoignage de divers corps policiers dont
certains au Canada anglais, par exemple, celui de la ville d'Ottawa. Je me
demandais pourquoi.
M. Lafrenière : Edmonton, on
va les entendre aujourd'hui. Pourquoi? Ils ont une approche, puis vous allez
voir la présentation un petit peu plus tard, une approche qu'on appelle le
«john school», qui est une approche, qui est une possibilité. On parlait...
comme comité, on regardait de quelle façon on pourrait travailler sur les
clients abuseurs. C'est une des approches, alors on veut les entendre
là-dessus, ils ont d'autres choses à nous présenter.
Ce qu'on veut regarder, c'est les
meilleures pratiques. On ne veut pas recommencer à zéro, on veut se laisser
influencer par ce qui se fait. C'est pour ça que j'ai eu la chance, la semaine
dernière, d'être avec des collègues américains, aussi de voir ce qui se fait
ailleurs. Ils ont une réalité qui est complètement différente. Il y a bien des
choses qu'ils nous ont présentées qui ne s'appliquent pas ici, mais on veut,
comme commission, être influencés par tout ce qui se passe et trouver le
meilleur pour nos enfants.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Olivier Bossé, journal Le Soleil. Vous avez parlé des pistes qui ne me
semblent pas nouvelles, mais disons que ça soit évoqué aussi publiquement,
l'hôtellerie, le tourisme, où est-ce que vous pensez que ces pistes-là peuvent
mener concrètement, parce que c'est... effectivement, ça peut peut-être...
M. Lafrenière : Dans le passé,
ça a déjà été approché. Vous savez, l'opération RADAR, par exemple, à Montréal,
Laval, c'est connu, c'est su. Les grands hôteliers sont embarqués là-dedans.
Mais, encore là, si la... Ce qu'on essaie de vous dire aujourd'hui, si la
solution était si simple que ça, elle aurait été appliquée depuis longtemps. Ça
va être un éventail de solutions. Oui, la police en fait partie. Les acteurs,
vous avez parlé des hôteliers, on peut vous parler du partage de logis aussi,
sans les nommer, vous savez de qui je parle, font partie de cette solution-là
aussi.
Alors, ça va être un éventail de solutions
et non pas une solution simple. Sinon, comme je l'ai dit tout à l'heure, comme commission,
ça fait longtemps que, comme individus, on aurait pris cette décision-là puis
ça serait déjà réglé. Ça va être un éventail. Ça ne sera pas simple, ça, c'est
clair, mais c'est important.
Mme
St-Pierre
:
Et j'ajouterais, on veut qu'ils se sentent concernés. Il y a des grands
événements, il y a du tourisme. On nous l'a dit dans notre formation, il y a du
tourisme sexuel. On ne veut pas que ces grands événements-là, ou ces
organisations-là, ou l'hôtellerie, nous regardent aller dans notre commission,
se disent : Moi, je n'ai rien à voir là-dedans, c'est aux autres à s'en
occuper. On veut qu'ils se sentent également concernés dans cette situation-là
et qu'ils fassent partie aussi de la réflexion puis qu'ils nous amènent des
idées pour faire en sorte qu'on ait des recommandations qui aillent encore plus
loin de ce qui est fait maintenant.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
qu'ils auraient pu être convoqués, ces gens-là?
Mme
St-Pierre
:
Ils ont été convoqués.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour. Martin Croteau de La Presse. J'aimerais que vous
m'expliquiez... Je sais que chaque cas est tragique, et individuel, et doit
être différent, mais dans les grandes lignes, de façon générale, pouvez-vous
m'expliquer par quel cheminement une enfant de 12, 13, 14 ans se retrouve au
Texas, où elle est exploitée sexuellement?
M. Lafrenière : Écoutez, je
vais vous l'expliquer en défaisant un mythe. Vous savez, on a souvent l'image
de la prostitution de rue, et plusieurs personnes vont me dire : Vous
savez, il n'y a pas beaucoup de prostitution, on ne voit plus les prostituées
au coin de la rue. La prostitution de rue, on la voit de moins en moins. Elle
est moins présente pourquoi? On a décidé d'aller derrière des portes closes,
donc où c'était moins problématique, ça attirait moins le regard.
Pour ce qui est de l'approche de nos
jeunes victimes par des proxénètes, on a entendu toutes sortes d'histoires dans
les arrêts d'autobus, dans le transport en commun. Aujourd'hui, l'outil qui est
utilisé, c'est les médias sociaux. Les médias sociaux, ça vous frappe partout,
ça va chez vous. Et comment ils le font? Ils le font dans un moment de grande vulnérabilité.
Comme adulte, on serait porté à juger en disant : Ça a-tu de l'allure, se
laisser embarquer là-dedans? Mais je suis persuadé, vous connaissez tous un
adulte qui s'est fait frauder récemment par une personne... un beau parleur qui
a vendu une histoire, puis finalement ce n'était pas la bonne. Mais, pour les
enfants de 12, 13, 14 ans, de se faire approcher dans un moment de grande
vulnérabilité où tout ce qu'ils veulent, c'est être aimés, c'est être acceptés,
où comme société on leur dit : Ce qui est important dans la vie, c'est d'être
une personne qui est connue, qui est reconnue, qui a de l'argent rapidement, bien,
écoutez, c'est un beau moment pour des proxénètes, des gens sans scrupules de
les approcher dans ce moment de grande vulnérabilité là.
Et ça se passe majoritairement, de ce qu'on
a entendu dans notre formation, sur les médias sociaux, l'endroit où ils sont
le plus vulnérable. Ils sont à la maison, ils sont disponibles. Ils ont mis une
annonce pour dire : Écoutez, je me suis chicanée avec ma mère. La
personne, le proxénète va l'approcher directement dans ce moment de grande
vulnérabilité et va faire un lien, un rapprochement. Vous savez, les médias
sociaux, pour les fraudeurs, c'est un outil qui est incroyable. Il y a une
banque de données, plusieurs personnes mettent leur vie sur les médias sociaux.
Alors, il n'en fallait pas plus que ça pour un proxénète sans scrupules de
s'approcher d'elle, d'aller la chercher. Ils l'ont dit, hein : On va
l'approcher, si la personne nous répond non, rapidement, on va passer à une
autre.
Alors, ils vont chasser comme ça.
N'oubliez pas que chaque proxénète va exploiter de cinq à six filles qui vont
lui ramener entre 200 000 $ et 300 000 $ par année. C'est
un crime qui est très, très, très payant.
M. Croteau (Martin) :
Vous avez dit que le Québec était devenu une sorte de plaque tournante de ce
commerce-là. Est-ce que c'est récent? Est-ce que c'est quelque chose de
nouveau? Et est-ce que ça s'est... Comment ça a évolué, là, au Québec dans les
dernières années par rapport aux autres provinces et États?
M. Lafrenière : On y va
beaucoup dans le qualitatif plutôt que dans le quantitatif. Pourquoi? On n'a
pas de chiffres présentement. Et ça va être difficile, je l'ai dit tout à
l'heure, ce n'est pas quelque chose qui est rapporté, ce n'est pas un crime qui
est rapporté, c'est difficile.
Cependant, ce qu'on sait par les
intervenants, c'est qu'on a de nos jeunes Québécoises qui se retrouvent... nos
enfants qui se retrouvent dans d'autres provinces. Et, pour des raisons que je
vous ai évoquées plus tôt, c'est facile pour eux. On les a sortis de leur réseau,
de leur groupe d'amis, de leur famille. On les menace par la suite, hein, en
disant : Écoute, premièrement, si tu veux retourner chez toi, tu n'auras
pas ton billet de retour, tu n'auras pas tes papiers d'identité. On va sortir
une vidéo compromettante à ta famille. On va même menacer de s'en prendre aux
plus jeunes frères, plus jeunes sœurs.
Alors, c'est des fraudeurs. Il faut se
garder en tête, ce sont des gens qui exploitent. Ce sont des gens qui vont s'en
prendre... à un grand moment de vulnérabilité, sans scrupules. Vous pouvez
comprendre que je n'ai pas les meilleures pensées pour ces gens-là.
Mme Perry Mélançon :
Mais, sans être dans le quantitatif, il y a quand même des données qui sont
percutantes, c'est-à-dire qu'à Montréal puis ailleurs ici, au Québec, si on compare
avec d'autres provinces, on a quand même 300 établissements qui offrent
des services sexuels dans la grande région de Montréal.
Donc, déjà là, c'est aussi des données sur
lesquelles on veut se pencher pour voir si nous, au niveau politique, on peut
aussi arriver avec des mesures plus restreignantes pour les gens qui oeuvrent
dans cette industrie-là.
M. Croteau (Martin) : Il
y a 300 établissements qui offrent des services sexuels en toute légalité
au Québec?
Mme Perry Mélançon : Dans
la région de Montréal seulement. Salons de massage, les bars à...
M. Croteau (Martin) :
O.K., mais de façon clandestine. Ce sont des établissements légaux, mais qui
offrent ces services-là de manière clandestine. Et comment vous en arrivez à ce
chiffre de 300?
M. Lafrenière : Pour la
clandestinité, on repassera, là.
M. Croteau (Martin) : Plus ou
moins clandestine.
M. Lafrenière : Plus ou moins
subtile.
Mme Perry Mélançon : C'est des
chiffres qu'on a reçus, je pense, du service de police de Montréal ou...
M. Lafrenière : L'EILP, l'Équipe
intégrée de lutte au proxénétisme. Et d'ailleurs on va les rencontrer cette
semaine, ils vont venir nous le présenter. Je reviens souvent là-dessus en vous
disant : S'il vous plaît, restez à l'écoute, restez avec nous cette
semaine. C'est un travail qui est important pour les gens de la commission qui
sont ici. On a réussi à avoir des hommes et des femmes qui sont engagés, qui
décident de travailler en mettant la partisanerie de côté, puis ça nous
rassure, on est tous là pour la même raison.
M. Croteau (Martin) : Je ne
veux pas présumer des conclusions, j'imagine, c'est difficile pour vous de tout
de suite vous avancer sur des recommandations, puisque l'exercice n'en est qu'à
ses débuts, mais jusqu'où irez-vous dans vos recommandations? Dans la mesure où
je vous demande la question, est-ce que, par exemple, la piste de la
prostitution légale pour des prostitués adultes pourrait être explorée? Est-ce
que des exemples de législation étrangère, je ne sais pas, je pense à ça,
est-ce que ça, c'est des pistes qui pourraient être avancées par vos membres?
Et donc, au fond, jusqu'où êtes-vous prêts à aller, là, pour repenser, là...
M. Lafrenière : Sans être un
expert dans les commissions, c'est ma première comme président, je peux vous
dire que le plus grand danger qui nous guette, c'est les biais, c'est de
commencer avec une idée préconçue, puis on s'est promis ensemble d'être très
ouverts. On va écouter des gens qui ont des opinions très différentes pendant
la semaine. Je vois déjà nos premiers invités qui sont déjà ici, dans la salle,
qui brûlent d'envie de venir nous partager leur réalité, puis on est là pour
ça, pour les entendre. Et on verra, par la suite, suite à cette semaine où on
reçoit des gens à Québec... vous savez qu'à l'hiver on va se déplacer à Montréal,
on va se déplacer aussi en Abititi. On verra s'il y a lieu d'entendre d'autres
groupes parce que peut-être justement le chemin va nous guider ailleurs.
On est vraiment très ouverts, très à
l'écoute des groupes et, oui, des groupes policiers, mais beaucoup de groupes
communautaires parce que ce n'est pas l'affaire de la police uniquement.
M. Leduc : Si je peux juste me
permettre rapidement, à ma connaissance, aucun pays n'a légalisé le commerce du
sexe de mineurs.
M. Croteau (Martin) : Bien,
je comprends très bien. C'est pour ça que j'hésitais un petit peu à utiliser
cet exemple-là...
M. Leduc : Voilà. On a
circonscrit. Parfait.
M. Croteau (Martin) :
...parce que je comprends que ce n'est pas tout à fait la même réalité, là...
M. Leduc : Je pense qu'on a
circonscrit la question sur les mineurs par rapport à cette... et tout le
reste, c'étaient des débats très campés, si on pourrait dire, alors que, sur
les mineurs, je pense que pas mal tout le monde est d'accord pour dire que...
Mme Perry Mélançon : Mais en
sachant que les établissements sont une porte d'entrée à ces victimes-là...
M. Leduc : Bien sûr, et qu'on
commence souvent en mineur puis, après ça, ça continue évidemment.
M. Croteau (Martin) : D'accord.
Merci.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. I would have a couple of questions in English. Were
you surprised, M. Lafrenière, when other police forces were telling you that,
in Québec, the phenomenon of sexual exploitation for minors is more present than
other provinces in Canada?
M. Lafrenière : To be honest with you, I was not really surprised. But was I sad to
see that as a confirmation? Absolutely. And as a police officer, as a resident
of Québec, as a father of two
young daughters, that shocked me. That shocked me listening to my colleagues
saying : You know what you said is true, this is what's going on. And
unfortunately, we do see a lot of females, young females... talking about young
females from Québec working in our provinces. So for
sure, for me, it was a shock.
Mme Senay (Cathy) : And the main reasons they were telling you, they were giving you to
explain this?
M. Lafrenière :
It's hard to say because, as you know, when customers are asking for something,
if you're a person and you want to do some money with that, you'll do everything
to please your customers.
There's a huge request
for French-speaking people. For some, it looked like exotic because they speak
French, but also, when you look at the way that the prox are working, you want
to take your victim out of their neighborhood, of their families. So, for sure,
it helps a lot just to bring people to different provinces. It's going to be
extremely hard for the victims to come forward to ask for help because this is
not their neighborhood, they know no one there.
Mme Senay (Cathy) : You worked for many years with the «police de Montréal». Why it was
so important for you, as an MNA now, to work with your colleagues from all the
political parties to push this idea of having a parliamentary commission on
sexual exploitation from minors? Why it was so important for you to push this?
M. Lafrenière :
Well, first of all, you do see, you get 13 people in front of you working for
the same reason, which is our kids, the good of our kids. And I do believe
that, and that's the reason why I'm fighting for this today. If the answer was
police, we would have done that way before now. If the answer was a police
reaction, I would have used my previous career to end up that situation. But
this is not the case.
We do need different
tools and we believe, as a commission, that we'll... First of all, we need to
address the situation and, secondly, to see what kind of tools are... police
services, NGOs, they need to help our kids, because at the end of the day,
we're talking about kids. We are not talking about adults, we're talking about
kids. People are willing to pay to have a sexual relation with a minor, an
underage person, and I'm talking as young as 12, 13 years old. So there's no
debate about that. This is completely illegal. But now, we need to give tools
to our police officers, NGOs to fight for that situation.
Mme Senay (Cathy) : And how social media are making this totally worse in 2019?
M. Lafrenière :
Well, as you know, it will be so easy for an adult to judge a kid, say :
You know what? How could she follow that person? But I'm sure that many of you
know someone that has been a victim of a fraud case. And, you know, you're
talking about those «beaux parleurs», people talking the right way, and the
moment where our kids are extremely vulnerable, and this is normal as a kid. If
you go in time... For myself, at 14, 15 years old, I was not the same that I am
today, I would not take the same decisions. So this is the reason why and the
timing why, those people, they take advantage of our kids, and that's the
reason why also social medias are so used now.
A lot of people think it will be in a bus shelter or transit, you know, having contact with
people. It is not. Now, social medias, it's accessible, it's possible to get
contact with kids anytime of the day, anywhere. So, my message for the adults,
for the parents now... don't think because your kid... you got the nice
parents, nice school, nice neighborhood, that your kid is safe. Unfortunately,
with social medias, everyone could be touched by that.
Mme Senay (Cathy) : And my last question will be... You'll meet different people from different sectors, for
example, the Edmonton police, which has a different approach. What are your
expectations? What do you want to accomplish at the end of this commission?
M. Lafrenière : As a commission,
we're so open-minded that we'll learn from different people with different
views, and this is what's going to happen today. We're going to meet with
people from Edmonton that got a different approach. We want to learn by that.
We want to see what are the best practices to bring that in Québec, because we need to do something
about it now, because this is the safety of our kids. We need to do something
now. A lot of us are parents, and believe me, it's a shock for us. We want to
do something about it.
Mme Senay (Cathy) : Do you want, at the end of the day, to propose a strategy for the
CAQ Government, your own team?
Is it what you want to do, a strategy to basically reduce sexual exploitation
for minors?
M. Lafrenière : First of all, we're doing our commission this week, I do see some people that will be meeting with us in a
few minutes. We want to hear about them, we got no bias, no whatsoever. We want
to listen to them, we are open-minded. We'll see what kind of proposition... but we don't have the result
yet, and that's the reason why we need to do that commission extremely open-minded.
And you do see people
working together. There's no political party, no whatsoever. We're all working together for the same
cause, which is the good of our kids.
Mme Senay (Cathy) : But how will you make a difference?
M. Lafrenière : You'll see by the end of the day, after the commission. You'll judge us on the result of
that. But believe me, you got 13 people working extremely hard for that, we
believe we need to something about it. Thank you. Merci beaucoup, tout le monde.
(Fin à 13 h 35)