(Quatorze heures trente-sept minutes)
M.
Arcand
:
Alors, bonjour, tout le monde. D'abord, premièrement, évidemment, la session se
termine comme M. Legault l'avait annoncé, c'est-à-dire que dès le mois de
février, il avait brandi la menace d'un bâillon. Il a présenté deux projets de
loi majeurs, celui sur l'immigration, celui sur la laïcité, en fixant la date
butoir au 15 juin pour l'adoption. Il a tenté de faire porter l'odieux à
notre formation politique en nous accusant d'obstruction. Nous avons fait notre
travail d'opposition et nous allons continuer de le faire.
Est-ce que c'est vraiment de l'obstruction
de réclamer une définition de ce qu'est un signe religieux lorsque le projet de
loi porte sur l'interdiction de ces signes?
Est-ce que c'est de l'obstruction de
réclamer que 18 000 dossiers en immigration soient traités? Ces gens
ont suivi tout le processus, et maintenant on leur dit : Vous n'avez qu'à
recommencer à zéro. Il y a un prix humain au niveau de l'abandon des dossiers.
Le projet de loi n° 21, ça a été mentionné par
plusieurs, il est irréaliste et il est inapplicable. Avec de la bonne volonté,
le ministre de l'Immigration aurait pu, même dans le cas du projet de loi n° 9, trouver une voie de passage pour traiter ces
dossiers.
Mais je voudrais vous faire deux citations
aujourd'hui, en passant, qui ont été faites par le ministre de l'Immigration et
celui responsable de la laïcité. Il a dit essentiellement : La laïcité
commence lundi au Québec, comme si le Québec n'était pas déjà un État
passablement laïque.
L'autre déclaration qu'il a faite
aujourd'hui, il a dit : Je suis fier de faire en sorte d'imposer le
bâillon pour clore le débat. Je ne sais pas ce qu'il y a à être fier d'imposer
un bâillon.
Maintenant, M. Legault, comme vous le
savez, peut bien rejeter la faute sur qui il veut, particulièrement sur nous, bien
sûr, mais il est l'unique artisan de ses bâillons. Il invoque l'urgence d'agir.
La seule urgence, c'est l'agenda politique de François Legault.
Nous l'avons vu aussi avec la qualité des projets
de loi qui ont été déposés, des projets de loi qui ont été bâclés, que le gouvernement
peine à expliquer. Souvenez-vous d'ailleurs de tout le cafouillage qu'il y a eu
dans le dossier de la laïcité depuis l'automne. La vice-première ministre a
même dit que l'application du projet de loi n° 21
serait faite par la police. Dans le projet de loi sur le cannabis, que dire des
explications pour ainsi dire absentes du ministre, M. Carmant.
Je défie aujourd'hui François Legault
d'investir ses énergies à expliquer, à dialoguer, à échanger plutôt qu'à
constamment nous attaquer. M. Legault, c'est vous qui êtes le premier ministre.
Votre rôle est de gouverner et non pas de critiquer, vous n'êtes plus en
campagne électorale. Je vous défie également d'être le premier ministre de tous
les Québécois, incluant les 4,5 millions d'employés qui gagnent
50 000 $ et moins. Investissez vos énergies à les défendre lorsque
leur emploi est menacé d'être délocalisé. Investissez vos énergies à soutenir
les travailleurs même s'ils ne gagnent pas assez cher à vos yeux. Dans notre
société, il y a des gens qui travaillent à différents salaires. Ils méritent
que leur premier ministre leur témoigne de l'intérêt. Nous, le Parti libéral du
Québec, nous allons continuer et nous allons même accélérer la défense de la
classe moyenne. Nous allons être les défenseurs de tous ceux et celles,
justement, qui ont besoin d'aide.
Le week-end sera long, je ne m'éterniserai
pas davantage. Je sais que c'est le quatrième bilan que vous avez aujourd'hui.
Je voudrais profiter de l'occasion pour vous souhaiter une belle période
estivale et également, bien sûr, à l'ensemble de la population québécoise.
J'invite maintenant notre leader
parlementaire à vous adresser quelques mots.
M. Proulx : Merci beaucoup,
chef. Merci, Pierre. Bien, d'abord à mon tour de vous saluer, de saluer les
collègues derrière moi. Je vais faire ça vite pour respecter les demandes des
collègues.
J'avais trois choses à dire
essentiellement. La première, c'est que la session, elle termine, dans le fond,
comme elle a commencé, sous des airs d'improvisation et d'arrogance. Vous aurez
remarqué que, tout au long de la session, il a fallu intervenir. On s'est
plaints de la façon dont nos travaux se déroulaient. On a dû intervenir à
plusieurs occasions auprès du président pour faire respecter les droits des
parlementaires, et ça, bien, c'est le signe qu'ils n'ont pas encore compris
puisqu'encore tout récemment je devais et nous devions intervenir, tous partis
d'opposition confondus, pour faire respecter nos droits.
La deuxième chose que je souhaitais dire, c'est
qu'on a travaillé très fort. On est très fiers du travail qu'on a fait comme opposition,
comme opposition officielle. Si des gens se posaient la question : Qui est
l'opposition officielle à Québec?, je pense que le travail qui a été fait par
les collègues et par la force des attaques du gouvernement envers notre travail
fait la démonstration que nous sommes bel et bien cette opposition. Et là-dessus,
je veux remercier les gens derrière moi, qui ont travaillé très fort tout au
long de la session.
C'est une session qui se termine avec deux
malaises. C'est un double bâillon pour restreindre des droits, pour empêcher
les parlementaires de bien faire leur travail. C'est le même ministre, qui est
leader du gouvernement, qui n'a pas été capable de sortir un seul de ses deux projets
de loi. Lorsque tu ne peux pas sortir un seul de tes projets par la voie
régulière, c'est soit parce que tu ne travailles pas bien, soit parce que tu ne
travailles pas avec les autres, ou soit parce que tu veux faire ton travail
trop rapidement. Choisissez laquelle des raisons vous plaît. Une chose est
certaine, c'est que le leader n'a pas été à la hauteur, je pense, pour sortir
ses projets de loi. Et là-dessus, bien, il faut s'en souvenir, il y a un
malaise profond chez bien des Québécois de voir que nous devons, cette fin de
semaine, faire les choses très rapidement sans avoir l'occasion de discuter
jusqu'au bout de ces différents projets de loi.
Alors, voilà pour moi. Merci aux collègues
pour leur travail. Merci à vous pour le vôtre.
La Modératrice
:
...donc, on va passer à la période de questions. Je vais démarrer avec le micro
de gauche. Donc, M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : Alain
Laforest, TVA. Bonjour, messieurs, dames. Je vais poser la même question que
j'ai posée à tout le monde. M. Arcand, qu'est-ce que vous auriez aimé
faire mieux en cette session?
M.
Arcand
:
Bien moi, une des choses qui, je pense, aurait été possible dans cette session-ci,
c'est évidemment le traitement des 18 000 dossiers. Je pense...
M. Laforest (Alain) :
...gouvernement, je parle de vous comme opposition. Quelle a été votre
faiblesse comme opposition?
M.
Arcand
: Ah!
notre faiblesse, bien, je pense que je vous laisse le soin de juger quelle
faiblesse il y a dans l'opposition au moment où on se parle.
M. Laforest (Alain) : Tout a
été parfait, là?
M.
Arcand
: Je
ne vous dis pas que tout a été parfait, mais, je peux vous dire simplement
qu'on a fait le travail de la meilleure façon possible.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que la course à la chefferie qui se dessine vous fragilise actuellement comme
opposition?
M.
Arcand
: Vous
savez, moi, ce que je sais, c'est que j'ai des députés extrêmement compétents
et je sais qu'on va continuer à faire le travail. Ce n'est pas la première
fois. Moi, j'ai vécu la course à la chefferie en 2013. La course à la chefferie
en 2013 n'a pas fragilisé notre travail. On l'a fait de façon extrêmement
rigoureuse, et je suis certain, puis ce sera le message également... on aura,
nous, un caucus présessionnel au mois de septembre, juste avant la reprise, et
ce sera certainement le message que je lancerai aux troupes également, d'être
très rigoureux et disciplinés au cours de l'automne et du printemps prochain.
La Modératrice
: Merci.
Donc, Mylène.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, M. Arcand. Je voulais savoir... vous avez parlé de
M. Jolin-Barrette, là, qui a dit qu'il était fier d'adopter son projet de
loi sous bâillon. Qu'est-ce qui vous a le plus dérangé dans ce propos-là?
M.
Arcand
:
Bien, c'est-à-dire que, écoutez, d'être fier d'adopter un bâillon… Parfois, il
est nécessaire d'adopter un bâillon, par nécessité, mais, encore une fois, je pense
que les deux bâillons auraient pu être évités.
D'abord, premièrement, dans le cas où,
entre autres, dans le bâillon sur la laïcité, on en discute depuis le 4 juin,
là, il faut quand même faire un peu de temps, quand même. Ce sont des enjeux
importants qui n'ont pas été expliqués correctement à la population.
Et je suis certain également que, sur le
deuxième, on a tenté… Mme Anglade a fait des propositions, a fait trois
propositions au gouvernement pour, à tout le moins, sortir ce projet de loi de
commission. Je suis intervenu cette semaine, encore une fois, parce que… même
M. Legault, je vous le rappelle, à la fin janvier, disait que les
18 000 dossiers, là, il fallait les traiter. Ça a été sa première
déclaration, puis il a changé d'idée à un moment donné. Alors, je pense qu'avec
un peu de bonne volonté, on aurait pu sortir, en tout cas, le projet de loi
n° 9, certainement, et éviter ce deuxième bâillon.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que vous pensez que le gouvernement paiera éventuellement un prix
politique pour ça?
M.
Arcand
:
C'est-à-dire que moi, je crois que ce dossier-là… si le gouvernement pense que
le bâillon qui sera imposé sur le projet de loi n° 21 va mettre fin au
dossier, je pense qu'il se trompe véritablement. Et M. Legault a dit :
Je ne veux pas être le premier ministre qui va se faire remarquer pour cette loi
sur la laïcité. Je pense qu'il se trompe également beaucoup.
Mme Crête (Mylène) :
Et une petite question plus générale. En quoi ces premiers mois, là, de travaux
parlementaires vous ont été le plus utiles au Parti libéral, là, comme
opposition?
M.
Arcand
:
En quoi le…
Mme Crête (Mylène) :
En quoi ces premiers mois de travaux parlementaires après l'élection vous ont
été les plus utiles, là, parmi tout le bilan que vous avez fait? Qu'est-ce que…
M.
Arcand
:
J'essaie de comprendre, là. Je ne suis pas sûr que je le comprends.
Mme Crête (Mylène) :
Bien, qu'est-ce que vous avez fait avancer que vous avez senti qui était le
plus utile?
M.
Arcand
:
Ah! O.K., O.K., O.K. Alors, bien, dans les choses…
D'abord, premièrement, on a apporté
beaucoup d'amendements à différents projets de loi. On a nous-mêmes présenté
des projets de loi en matière, entre autres, d'environnement, sur le
suremballage. Je me rappelle de M. Ciccone qui avait présenté un projet de
loi également pour ce qu'on appelait le passeport dans le domaine sportif et
pour protéger les gens. Je pense à Mme David, entre autres, qui a
présenté, justement, des idées pour faire en sorte qu'on s'occupe de santé
mentale. On a eu droit seulement à une journée sur la santé mentale, mais on espère
que ce sera suivi d'autres choses. Puis certainement il y en a d'autres. Je
pense à la députée de Westmount qui a sensibilisé le gouvernement, entre
autres, pour les enfants autistes, etc.
Là, j'en oublie certainement quelques-uns,
mais je pense qu'on a été très proactifs dans ce domaine-là.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour à tous. Hugo Pilon-Larose de La Presse.
La joute parlementaire fait qu'on parle
souvent de ce qui ne marche pas, de ce qui marche moins bien. On parle souvent
aussi du cynisme au sein de la population envers la classe politique. Vu qu'on
est dans un bilan en ce moment, j'aimerais que vous me dites, en tant que
parlementaire, de quoi êtes-vous fier des travaux qui ont été faits au cours des
derniers mois. Pourquoi est-ce que les Québécois, à la veille de la fête
nationale, doivent être fiers de leurs parlementaires?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, il y a un certain nombre de projets de loi quand même. On n'a
pas, contrairement à ce que le premier ministre semble lancer, on n'a pas fait
d'obstruction sur les choses qui nous apparaissaient logiques. On a même
forcé... D'ailleurs, moi, je vais vous en donner un, là, qu'on a voté
aujourd'hui, c'est le projet de loi pour le financement du transport en commun
dans la ville de Québec. Pour nous, c'était quelque chose d'ailleurs sur
laquelle, je pense qu'on a poussé pas mal le gouvernement sur ce dossier-là. On
a appuyé le gouvernement de cette façon-là, et puis c'était très correct.
Il y a plusieurs autres projets de loi sur
lesquels on a voté en faveur de ces projets de loi là, et, en général, je pense
que la statistique, c'est quoi, c'est 80 % des projets de loi qui sont, en
général, adoptés à l'Assemblée nationale. Donc, je pense que, quand on fait
l'ensemble de ce qui se passe, il n'y a pas que du négatif.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Le
thème de la laïcité a été central dans les derniers mois au sein même de vos
militants. On sait que c'est un thème qui, comme au sein de la société, divise.
Certains sont davantage pour un compromis Bouchard-Taylor, d'autres appuient
davantage ce que vous avez amené comme position lors de l'étude du projet de
loi du ministre Jolin-Barrette. Est-ce que vous avez hâte qu'on change de
sujet?
M.
Arcand
:
Écoutez, moi, c'est surtout... ce que je trouve dommage, c'est qu'on n'ait
justement pas eu le temps de véritablement discuter, à tout le moins, de ce
projet de loi là parce qu'encore une fois c'est un projet de loi qui dérange
beaucoup.
Je peux vous dire une chose, il y a une
unanimité totale au sein de notre formation politique pour être contre ce
projet de loi là. Ça, là-dessus, il n'y a aucun débat avec les militants sur
cette question-là. Alors, moi, ce que je trouve très dommage, encore une fois,
c'est que ce projet de loi là sera probablement adopté, donc, en fin de semaine
sans avoir beaucoup de détail sans comprendre véritablement de quelle façon
cette loi-là en particulier va s'appliquer.
Mme Prince (Véronique) :
Véronique Prince, Radio-Canada. Bonjour. M. Legault vient de dire dans son
bilan que, quand le projet de loi sur la laïcité va être adopté, ça va faire
baisser la tension et que, si on ne voit pas actuellement cette tension-là, on
fait preuve d'une forme d'aveuglement. Est-ce que vous voyez cette tension?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, ça veut dire que M. Bouchard, M. Taylor faisaient preuve
d'aveuglement, si je prends son... par son propos, parce que M. Bouchard, M.
Taylor ont dit qu'il n'y avait pas d'urgence dans ce dossier-là. Je vous
rappelle également que nous avons adopté le projet de loi n° 62
l'an dernier. Alors, écoutez, je ne le sais pas où il voit des tensions sociales
au moment où on se parle, mais moi, ce que je vois, c'est qu'il risque d'en
causer quelques-unes.
Mme Prince (Véronique) : Et,
quoiqu'on en dise par rapport à l'opposition, que ce soit des partis politiques
ou dans la population, l'opposition par rapport à ce projet de loi là, il y a
beaucoup de gouvernements, avant celui de M. Legault, qui se sont cassé les
dents sur la question de la laïcité. Est-ce qu'en quelque part il n'aura pas
réussi là où d'autres ont échoué?
M.
Arcand
:
Écoutez, d'abord, premièrement, nous avons fait adopter un projet de loi qui...
évidemment, certaines personnes ont dit qu'il n'était pas parfait, ce projet de
loi là, mais on a quand même adopté, sans bâillon d'ailleurs, le projet de loi
sur, entre autres, la question du visage découvert, hein, si vous vous
rappelez.
Maintenant, d'adopter ce projet de loi là
en retirant des droits à des gens et sous bâillon en plus, je ne crois pas que
ce soit quelque chose de très positif.
La Modératrice
: Merci.
Charles.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour. Sur les bâillons, M. Legault a dit que c'était normal d'utiliser des
bâillons quand on veut faire des grands changements. Il semble très impatient
quand les projets de loi n'avancent pas à son rythme. Est-ce que vous en craignez
d'autres, des bâillons, dans les prochaines sessions? Ça semble être assez
facile. In vient d'en faire deux, là, mais ça ne sera peut-être pas dans les
prochaines... il va peut-être y en avoir d'autres fois.
M.
Arcand
: Ce
sera à lui à décider de quelle façon il veut gérer les activités au Parlement.
Chose est certaine, c'est qu'il est majoritaire et il peut évidemment utiliser
des bâillons comme il le veut. C'est un à la fois, mais quand même il peut en
utiliser passablement. Je souhaite qu'il ne le fasse pas, parce qu'à un moment
donné ça va être quelque chose qui va se revirer contre lui, très clairement.
M. Lecavalier (Charles) :
Vous l'avez mentionné un peu tantôt, est-ce que vous croyez que ça va, disons,
ternir l'image qu'on va se faire dans le futur du mandat de M. Legault, le fait
qu'il utilise le bâillon pour faire adopter le projet de loi n° 21?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, c'est ce qui est... Vous savez, on peut être en
désaccord sur les articles du projet de loi, sur la volonté du projet de loi,
mais quand vous avez même des gens qui risquent de supporter... M. Bérubé dit
qu'il n'est pas sûr qu'il va supporter le projet de loi n° 21,
mais plusieurs personnes pensent qu'il va le faire, mais M. Bérubé a été le
premier, puis je ne pense pas que c'est un libéral, et il a été le premier à
dire qu'on ne devrait pas utiliser le bâillon pour ce genre de projet de loi.
M. Lecavalier (Charles) :
Peut-être une dernière petite question. Lorsque vous avez été élu chef par
intérim, bon, vous avez amplement dit que c'était vous, l'opposition officielle,
un petit jab à Québec solidaire. Et puis lors de votre dernier congrès, là, on
a entendu des discours qui parlaient du mirage de Québec solidaire. Est-ce que
vous avez l'impression que vous êtes en train de vous faire un peu damer le
pion par Québec solidaire?
M.
Arcand
:
Absolument pas. Je pense que ce qui s'est produit… Honnêtement, là, ce qui s'est
produit durant les derniers mois au Parlement a prouvé hors de tout doute que j'avais
la meilleure équipe et qu'on était véritablement l'opposition officielle. Ça,
je peux vous le garantir et je le dis avec toute la conviction possible. Et, encore
une fois, le visage de Québec solidaire commence à apparaître parce qu'en
matière d'environnement ils n'ont jamais beaucoup de propositions en matière
d'environnement. Ils n'ont pas de plan réaliste, entre autres, alors que nous
avons eu des plans en matière d'environnement entre autres. Et je pense qu'il y
a eu des moments aussi où ils n'ont pas fait preuve de grande dignité, n'est-ce
pas, à l'Assemblée nationale, dans certains domaines.
M. Lecavalier (Charles) :
Comme quoi, par exemple? Quand est-ce qu'ils ont manqué de dignité?
M.
Arcand
:
Bien, quand ils ont, entre autres, sur des motions, par exemple, appuyé le
dictateur au Venezuela, là. Entre autres, ça, ça nous avait faire sourire, à l'époque,
lorsqu'ils avaient appuyé ça.
La Modératrice
:
Patricia.
Mme Cloutier (Patricia) :
Bonjour à tous. Tout à l'heure, lors du bilan de M. Legault, il a été
évoqué, parce que... bon, il a été question du rythme des travaux. Vous, vous
trouvez que le gouvernement de la CAQ va trop vite. Eux, ils trouvent que vous
n'allez pas assez vite, bon, dans les échanges et tout ça.
Il a été évoqué de faire une réforme
parlementaire, parce qu'ils ont déjà… la CAQ a déjà proposé ça. Est-ce que
votre parti serait ouvert à revoir, peut-être à limiter le temps en commission
ou à revoir, en fait, la façon dont ça se passe ici, au Parlement?
M.
Arcand
:
Je vais laisser l'expert répondre.
M. Proulx : J'ai entendu
une partie du point de presse de M. Legault, mais il y avait tellement
d'applaudissements partisans que j'avais de la misère à comprendre tout ce qu'il
disait, mais une chose est certaine, c'est que, s'il y a réforme parlementaire,
et on le souhaite, c'est qu'elle ne se fasse pas à la pièce, mais qu'elle se
passe dans un esprit puis dans une grande réflexion globale de nos travaux.
Notre plus grand défi, c'est d'avoir une
démocratie de plus en plus directe avec les gens, que les gens viennent ici
parce qu'ils s'approprient leur maison et qu'ils ont envie de venir travailler
avec nous à élaborer les meilleures lois possible. Alors, il ne faut pas les
décevoir et il faut être capable de leur montrer tout le respect qu'on a pour
l'institution. Mais, oui, il faut être capable de revoir la façon dont on fait
de la politique dans ces années-ci.
Maintenant, ce que M. Legault a
derrière la tête, c'est : Lorsque j'étais dans l'opposition, je n'aimais
pas trop ça, mais j'utilisais les règles actuelles pour ralentir le
gouvernement. Maintenant que je suis au gouvernement, je n'aime pas plus ça,
mais je voudrais que les règles changent pour que je puisse aller plus
rapidement. Alors, moi, je me questionne non pas sur la volonté de leader, par
exemple, de vouloir faire cette réforme, parce qu'on en a déjà discuté et on s'est
engagé, les leaders, à le faire. Mais quand j'écoute M. Legault, dès le
début d'un projet de loi, dès le dépôt d'un projet de loi, être impatient pour
qu'on puisse quantifier en temps une victoire sur son adoption plutôt que de le
faire en qualité et en bénéfices pour les gens.
Mme Cloutier (Patricia) :
Donc, si je comprends bien, vous n'êtes pas d'accord avec le fait de limiter en
temps le temps de parole en commission parlementaire.
M. Proulx : Ce que je
dis, c'est que lorsque nous ferons et lorsque nous aurons ces discussions, il
sera pris en compte l'ensemble des propositions, y compris peut-être de voir
des aménagements d'enveloppe de temps. Mais aujourd'hui, à la lumière des
récriminations qu'il y a et qu'il a, de dire que c'est parce qu'il n'y a pas
assez de temps en commission ou il y a trop de temps en commission parlementaire,
c'est bien mal commencéer.
Ça me fait un peu penser à la réforme du
mode de scrutin. Vous avez ici 29 personnes qui sont contre, on a
l'impression qu'ils sont encore plus nombreux du côté du gouvernement. Quand on
veut faire des réformes, il faut les faire pour les bonnes raisons. Et si c'est
pour aller plus vite pour le gouvernement, ce n'est pas la bonne raison. Si on
veut faire une réforme parlementaire pour améliorer notre État et notre
Parlement, ça, c'est une bonne raison.
La Modératrice
: Merci.
Caroline.
Mme Plante (Caroline) : Juste
pour rebondir vite, vite sur cette question-là. M. Legault plaide pour que
la réforme du Parlement permette d'être plus efficace. Alors, est-ce que c'est
ça qu'on veut, une plus grande efficacité?
M. Proulx : Bien, on va tous
souhaiter une plus grande efficacité. On veut tous de la flexibilité et de
l'agilité ici, au Parlement. Mais maintenant, cette agilité, flexibilité, elle
est possible actuellement. Elle repose sur quoi? Sur une relation de confiance
et sur des compromis de part et d'autre. Quand le gouvernement bouscule, quand
le gouvernement improvise, quand le gouvernement a un caractère ou une attitude
qui est très arrogante, c'est difficile de vouloir faire des compromis, c'est
difficile de vouloir laisser passer des choses qui ne sont pas strictes et
conformes à notre règlement.
Alors, le donnant, donnant, il existe.
L'exemple du projet de loi sur le projet structurant est, à mon avis, évident.
Si je n'étais pas intervenu, peut-être qu'on ne l'aurait pas adopté, mais on a
été capable de se faire confiance et on a été capable de l'adopter dans les
temps. Alors, on a eu de l'agilité, on a eu de la flexibilité, mais on a eu une
relation de confiance. Alors, déjà, avant d'arriver dans une grande réforme, si
on était capable de travailler mieux à l'intérieur de nos règles, je pense que
les gens seraient très contents.
Mme Plante (Caroline) :
M. Legault...
M.
Arcand
:
Vous savez, je pense...
Mme Plante (Caroline) :
Oui...
M.
Arcand
:
...juste un mot, je pense encore... puis pour illustrer aussi le propos de
notre leader parlementaire, je pense encore à ce projet de loi où aux deux
tiers, là... il y avait certaines nominations qui étaient faites aux deux
tiers. Je pense que, écoutez, ça faisait une journée qu'on... puis on n'était
en défaveur de projet de loi là, mais, écoutez, ça faisait une journée qu'on en
discutait ou deux en commission parlementaire, et Mme Guilbault est
arrivée puis elle a commencé à dire : Ah! ça ne va pas assez vite, c'est
épouvantable. Mais là tu dis : Écoutez, un instant, on l'a adopté ce projet
de loi là, ça s'est fait correctement, finalement. Mais il y a cette tendance à
dire : On est majoritaires, on est nombreux à l'Assemblée nationale, alors
les droits des parlementaires, c'est moins important. C'est cette tendance-là
que je sens, c'est un peu beaucoup de l'arrogance.
Mme Plante (Caroline) :
Alors, vous n'allez pas accepter une réforme du Parlement pour aller plus vite,
pour toujours aller plus vite?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, on va étudier les propositions qui seront faites.
On va nous-mêmes faire des propositions en ce sens-là. Nous aussi, je pense
qu'on va être au pouvoir le plus rapidement possible, alors c'est sûr qu'on va
également, nous, regarder la situation avec le plus d'objectivité possible.
Mme Plante (Caroline) : Une
question sur la laïcité. M. Legault a dit que le projet de loi n° 21 était
nécessaire parce que les gens craignent que l'extrémisme, qu'on peut retrouver
ailleurs, se répande, et c'est son terme, le terme qu'il a utilisé, que
l'extrémisme se répande donc au Québec et que le projet de loi n° 21, en
quelque sorte, était un rempart contre l'extrémisme. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ça?
M.
Arcand
: Pas
du tout. Je pense qu'encore une fois ce projet de loi là risque aussi de créer des
dissensions dans la société. Je ne pense pas que c'est la meilleure formule.
C'est toujours l'éducation, les formations qui nous permettent justement d'être
les meilleurs remparts, en plus, bien sûr, d'avoir une activité économique
forte dans une société et une justice sociale également qui est la meilleure.
C'est ça qui sont les meilleurs remparts dans une société.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce que donc c'est la peur de l'autre, là, qu'on évoque?
M.
Arcand
: Écoutez,
il faudrait que M. Legault nous fasse la démonstration de ce qu'il affirme.
Mme Plante (Caroline) : Et
puis dernière petite question, avec les bâillons, est-ce qu'on peut qualifier
le gouvernement d'autoritaire?
M.
Arcand
: Écoutez,
moi, je... disons qu'il est autoritaire et arrogant. On peut le dire.
La Modératrice
: Alors,
Mme Biron, on va terminer avec vous avant de passer à la période de questions
en anglais.
Mme Biron (Martine) :
D'accord. Bonjour, M. le chef d'opposition. Bonjour à tous les élus. Peut-être
que je me trompe, mais j'ai l'impression que vous avez eu une session assez
difficile. Est-ce que c'est le cas?
M.
Arcand
:
Bien, ça dépend, ce que vous entendez par difficile. On a eu une session
difficile avec le gouvernement, oui puis il n'a pas fait beau non plus. Depuis
le 1er octobre, il ne fait pas très beau au Québec.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Biron (Martine) : Mais
ça s'est bien passé, c'était facile pour vous, cette session?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, c'est le travail normal. Je sens un sous-entendu dans votre
question.
Mme Biron (Martine) : Non,
non, je me posais la question. Je sentais que c'était difficile quand même
après la défaite, première session dans l'opposition, ce n'est pas facile, là.
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, il y a toujours... Mme Biron, il y a toujours un choc après une
défaite, il y a toujours des questionnements à l'intérieur du parti. Mais jugez
le travail qu'on a fait depuis le mois de novembre à peu près, là, depuis qu'on
a repris les travaux parlementaires, jugez la qualité des gens qui sont là. Et
en plus, moi, j'ajouterais une chose qui m'apparaît très importante, on a... d'abord,
l'ensemble des députés que nous avons sont d'excellents députés, mais je vais
m'attarder à trois personnes en particulier, parce qu'ils vont être au coeur de
ce qui va se passer au cours de la fin de semaine.
Je ne pense pas que notre leader
parlementaire est quelqu'un qui n'est pas consensuel, qui n'est pas capable de
faire des compromis. Je ne pense pas que notre critique en matière
d'immigration, Mme Anglade, est une personne qui n'est pas capable de
travailler avec les autres. Je ne pense pas. Je ne pense pas que Mme David,
dans le projet de loi n° 21, qui est notre critique en matière de laïcité,
n'est pas une personne qui tend à rechercher le consensus. Si, avec ces trois
personnes-là, clés, qui étaient à l'intérieur de ce qui va se passer en fin de
semaine, si on n'est pas capables de réussir à faire des ententes, c'est parce
que peut-être que le problème est ailleurs.
Mme Biron (Martine) : Comment
est-ce que vous vous définissez, alors que M. Legault dit qu'il est maintenant
le parti de l'économie, on voit comme, bon, Québec solidaire qui se définit comme
le parti de l'environnement; le PQ, l'indépendance? Le Parti libéral, il se
définit comment? Comment vous vous définissez?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, nous sommes le seul parti véritablement qui croit
au Canada, parce que M. Legault, pour lui, le Canada, c'est un mal nécessaire,
semble-t-il, puis... alors, ça, ça reste quand même une valeur très importante.
Sur le parti de l'économie, moi, je vais
vous dire une chose, nous sommes en discussion avec plusieurs entreprises, avec
les syndicats, avec les gens qui font fonctionner l'économie au Québec, et je
ne sens pas ça du tout. Je peux vous dire même qu'il y avait une conférence à
Montréal cette semaine, la Conférence de Montréal, le député de Robert-Baldwin,
M. Leitão, était là. M. Leitão a une très grande réputation dans le milieu des
affaires, comme vous le savez, et lorsque je l'ai vu lundi matin, il m'a dit :
Pierre, on a encore beaucoup d'amis dans le monde économique.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Donc, Raquel.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Raquel Fletcher from Global News. The CAQ,
the Government is blaming the Liberal Opposition for their being forced to
invoke closure. Obviously, you have said the opposite of that. Who do you think
that Quebeckers will believe?
M.
Arcand
: Well, I think that, you know, I think
that, if you look at Bill 21, anyway, it's clearly something that divides many
Quebeckers. So many Quebeckers, many Quebeckers may believe M. Legault, but I
know that many also will believe us. What we have said, basically, is that the
facts seem to indicate that we are the ones who are right, because the facts
tell you that on June the 4th, we started article by
article to study this kind of legislation. And to invoke closure about a week
and a half after is something that is not right.
Mme Fletcher (Raquel) : What kind of reaction do you anticipate from Quebeckers this weekend or even Monday
morning when they read the news and they see that Bill 9 and Bill 21 have been
passed particularly in this way? What kind of reaction do you anticipate?
M.
Arcand
: Well, I know
there's going to be some reaction on the part of many people, for sure. To what
extend… but I think that it's over time that some people may react, when they
will start to see some of the injustices that exist in regard to this
particular bill.
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Legault says that Bill 21, and he has repeated this many times,
Bill 21 is going to put an end to the debate in Québec over religious symbols and secularism. Do you believe that it will
put an end to the debate?
M.
Arcand
: No. I think
it's clearly wrong and I know that this law will have to be readdressed in five
years from now eventually. And also we know that some lawyers are looking into
it to challenge this, even though there is a notwithstanding clause. We know
that many lawyers are looking at it right now.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.
La Modératrice
: Philip.
M. Authier (Philip)
: One last question. Phil Authier, Montreal
Gazette.
There's been this big
debate about the use of closure and whether there is a long-term price to pay
or there is a price to pay at all. Some people are saying that by Tuesday
morning, people will forget that the CAQ used closure to adopt a bill
suspending fundamental rights by overriding them, using the notwithstanding
clause.
So do you think there's a
price to pay for anybody here? Because nobody seems to care.
M.
Arcand
: Well, you know,
again, I think that the way it's being designed, first of all… and let's not
forget that, in this particular bill, the mayor of Montréal is against this bill, some unions are against this bill, there are
many groups that are against this bill, Mr. Bouchard and Mr. Taylor are saying
already that they are against this bill. Even the PQ says that it doesn't go
too far.
So there are many people
who are not satisfied with this bill. And of course, the fact also that we
don't know exactly what will happen, you know… the school boards do not want to
intervene in that, the policemen doesn't seem to be interested in that also. I
mean, there's going to be really a lot of periods, in the coming weeks and in
the coming months, that you're going to see some of the flaws of this bill in
particular. And I think there is going to be certainly a lot of reactions and I think that this debate, as far as we are
concerned, is far from over, even after the closure next Sunday.
M. Authier (Philip)
: I think you've answered my next question when you said : The debate's not over. So will the Liberal Party be sort of a watchdog when
injustices are committed by the application of law?
M.
Arcand
: You can be
sure. You can be sure. This is… You know, the PQ, they have article 1 that is about independence and sovereignty, our article 1 is individual freedoms. This is something that we believe and
that we will certainly defend.
M. Authier
(Philip)
: Merci.
M.
Arcand
:
Merci.
(Fin à 15 h 10)