(Neuf heures sept minutes)
Le Modérateur
: Alors,
c'est un point de presse où il y aura la députée de Marie-Victorin en premier
qui va s'exprimer, ensuite M. Christian Lapointe, Mme la bâtonnière, Claudia
Prémont, et finalement M. Turp.
Mme Fournier : Bonjour. Je
suis vraiment fière d'être ici aujourd'hui avec les membres et organisateurs du
projet Constituons!, qui a été mené par l'Institut du Nouveau Monde,
l'INM, et qui fait en sorte qu'aujourd'hui j'ai entre mes mains la Constitution
citoyenne du Québec.
Alors, ce sont des gens, 42 personnes à
travers le Québec qui ont été choisies, qui ont été tirées au sort pour former
une assemblée constituante pour écrire une constitution citoyenne pour le
Québec. Ils ont été accompagnés par des constitutionnalistes, par l'Institut du
Nouveau Monde dans la rédaction. Et, franchement, moi, j'ai eu l'occasion de
lire le texte de la constitution citoyenne du Québec, et c'est franchement
impressionnant, le travail qui a été réalisé. C'est des mois et des mois de travail.
Et on se sent vraiment fier d'être Québécois lorsqu'on lit le texte auquel ils
sont arrivés. C'est la preuve que les citoyens sont tout à fait capables
d'écrire une constitution et c'est la preuve qu'on pourrait aller de l'avant
avec ça au Québec. Et c'est donc pourquoi l'INM, toute l'équipe m'a approchée
pour qu'on puisse déposer la Constitution citoyenne du Québec aujourd'hui à
l'Assemblée nationale. Et je me suis donc engagée à remettre le texte en main
propre à la ministre des Institutions démocratiques ce matin, avant la période
des questions.
Alors, pour vous expliquer davantage en
détail le processus qui a mené à l'adoption de la Constitution citoyenne du Québec,
j'inviterais M. Christian Lapointe, qui va venir pouvoir vous entretenir de la
démarche.
M. Lapointe (Christian) :
Bonjour. Donc, c'est avec grande joie qu'on dépose aujourd'hui à la maison de
la démocratie du Québec cette constitution citoyenne pour le Québec. C'est
grâce à un circuit de théâtres partenaires sur tout le territoire qu'on a pu
aussi faire ce travail. Donc, sans eux, ça n'aurait pas été possible. Je
rappelle que cette démarche citoyenne a été financée, entre autres, par les
Fonds de recherche du Québec, grâce à un partenariat auquel a consenti le Pr
Rémi Quirion, le scientifique en chef du Québec, entre autres.
Et pour vous dire que ces citoyennes, ces
citoyens qui ont été tirés au hasard sont représentatifs de la démographie
québécoise. Donc, dans le tirage au sort, il y a eu aussi tout un travail, là,
d'élaboration de cases, là, pour trouver toute la démographie, le spectre de la
démographie de la société québécoise. Donc, les citoyennes, les citoyens qui
ont été tirés au hasard viennent de toutes les régions administratives, à
l'exception du Nord-du-Québec, qui, malheureusement, après deux appels de
candidatures, n'a pas répondu à l'appel... et paritaire entre les femmes et les
hommes, et représentent aussi tous les niveaux de classes sociales,
d'éducation, d'occupation.
Et cette démarche, qui émane de la société
civile par un réseau de théâtres partenaires, elle est, en quelque sorte, aussi
réelle qu'une démarche qui proviendrait d'un gouvernement élu parce qu'elle a
eu lieu et que cette démarche, dans le cadre d'une activité comme celle-ci, est
à l'abri de tous les lobbys. Donc, on pourrait appeler, par exemple, à ce que
le gouvernement refasse ce travail, mais le travail a déjà été fait par ces
citoyennes, ces citoyens, et personne ne leur a soufflé dans les oreilles.
Donc, on a accès, là, vraiment, à un travail de fond, un travail fondamental.
Et moi, en tout cas, j'appelle tout le
monde à se saisir de ce document et à le regarder en profondeur et j'exhorte
les pouvoirs publics à se jeter dans ce document car ce sont des citoyennes, des
citoyens qui l'ont écrit, et ça représente, je crois, l'opinion des citoyennes,
des citoyens. Je pense que, si on demandait l'adoption en bloc de cette
constitution ou le statu quo, plus des deux tiers de la population du Québec
adopteraient, selon moi, cette constitution citoyenne pour le Québec.
Merci. Je cède la parole à Mme Claudia
Prémont, coprésidente de l'Assemblée constituante citoyenne.
Mme Prémont (Claudia P.) :
Alors, bonjour. Claudia Prémont. Donc, j'ai eu le plaisir et le privilège, je
vous dirais, d'être associée à ce projet à titre de coprésidente. Mon rôle,
quand même, moi, je le trouve minime par rapport à tout ce que les
constituantes, constituants ont réalisé. Et d'ailleurs je les remercie de
m'avoir fait vivre et fait vivre, je pense, au Québec, j'espère, dans les
prochains mois, une expérience inoubliable. C'est vraiment un projet
extraordinaire. Il faut comprendre qu'il y a un an ces citoyens avaient devant
eux... je crois, ont réalisé la tâche colossale qu'ils avaient devant eux.
Bien, ils n'ont pas baissé la tête. Ils se sont retroussé les manches. Ils ont
travaillé très, très fort.
Moi, ce que j'ai constaté sur le
terrain... Et nous, notre rôle de coprésidents, c'était de supporter les
constituantes et les constituants. Et ce que j'ai réalisé sur le terrain, ce
sont des échanges et discussions, des gens, évidemment, des quatre coins du
Québec, qui arrivaient avec leur réalité, leurs valeurs, leurs opinions, dans
certains cas, quand même, bien arrêtées. Et il y a eu beaucoup d'échanges, de
discussions, toujours dans le respect, dans l'ouverture. Et évidemment ils ont
atteint l'objectif qui leur avait été fixé, la constitution du Québec,
Constitution citoyenne du Québec, et ça, c'est extraordinaire.
Et la prochaine étape, évidemment, à la
pièce de théâtre... et j'ai hâte de voir l'échange qu'il y aura avec le public
à cet égard-là. Mais également je suis persuadée que tout au fil de ces travaux
quand même intenses, dans la dernière année, il y a eu nécessairement des
amitiés qui se sont tissées et qui vont demeurer. Et, très certainement, ça
démontre que les citoyens sont capables de beaucoup, et c'est une très, très
grande fierté.
Et j'en profite vraiment pour remercier
Christian d'avoir pensé à moi d'entrée de jeu — parce que je n'étais
pas nécessairement quelqu'un... je ne suis pas une constitutionnaliste, donc ce
n'était pas nécessairement naturel pour moi de me retrouver là, et ça a été
vraiment un privilège — l'INM pour tout le travail extraordinaire qui
a été réalisé, et évidemment chaque constituante, constituant parce que...
vraiment, un travail extraordinaire.
Alors, merci. Et je cède la parole à Me
Turp, qui fut le grand expert dans tout le processus.
M. Turp (Daniel) : Bien, merci
beaucoup. D'abord, un grand merci à Catherine Fournier de nous accompagner, la
députée indépendante qui, de toute évidence, a déjà fait ses devoirs, qui a déjà
lu ce projet de Constitution citoyenne du Québec, de 80 articles, un projet que
je vous invite à lire.
Mme Fournier
: Ça se
lit très bien, par ailleurs, hein? C'est très facile, c'est accessible.
M. Turp (Daniel) : C'est
lisible. Les articles sont courts. Ils sont rédigés de façon à ce que les
femmes se sentent incluses, une rédaction épicène. On y tenait beaucoup. Et, en
tout cas, moi, qui a déjà siégé dans cette Assemblée, je suis toujours très
heureux de retourner, de revenir dans cet hôtel du Parlement. Je crois que l'Assemblée
a maintenant une occasion unique de se saisir aussi de ce projet de constitution
citoyenne. La démarche qui a été entreprise avec ces 42 personnes, la parité...
On l'a rappelé, il y avait 21 femmes, 21 hommes, représentant aussi la
diversité québécoise... ont réussi à élaborer un texte qui, à mon avis, reflète
très bien ce qu'est une constitution.
Une constitution, on le décrit parfois
comme étant le miroir d'une société ou l'âme d'un peuple. Et je crois que les
personnes qui ont travaillé pendant plus d'un an à ce projet, qui ont délibéré
ensemble, qui ont délibéré en ligne, avec des instruments électroniques,
numériques, sophistiqués, ont démontré jusqu'à quel point un processus comme
celui-là habilite les gens, démontrent que les citoyens sont capables de
rédiger des lois ou, en tout cas, une loi, une loi fondamentale, parce qu'une
constitution, c'est la loi des lois, la loi fondamentale globale. Le Québec a
des lois fondamentales au moment où on se parle. Il y a une charte des droits
et libertés. Il y a le Code civil. Il y aura une loi sur la laïcité de l'État
si elle est adoptée d'ici la fin de l'actuelle session parlementaire. Mais, de
constitution globale, elle n'en a pas encore, puis on la souhaite depuis très
longtemps, et là il y a un projet.
Et moi, je tiens aussi à remercier d'abord
l'idéateur, Christian, là. C'est l'idée de Christian Lapointe.
Mme Fournier
: Oui,
tout à fait.
M. Turp (Daniel) : C'est
l'idée d'un homme de théâtre qui a constaté que les élus n'avaient pas encore donné
aux citoyens et aux citoyennes du Québec une constitution, qu'ils s'étaient
abstenus de faire cette démarche, et qu'il fallait donc initier une démarche
citoyenne, qui est, à mon avis, très réussie. Alors, merci, Christian. Merci de
nous avoir permis, à ta coprésidence, de t'accompagner, d'accompagner les
constituants.
Mais le mérite de ce texte revient aux 42
personnes qui l'ont rédigé, qui se sont dévouées, qui ont vraiment été
exemplaires dans le débat, dans le respect de l'autre, des idées de l'autre, et
qui, à la fin, ont adopté un texte avec un très, très large consensus. Vous
savez, c'est presque unanime, là. Et donc ça, c'est aussi quelque chose qui est
possible dans la société québécoise.
Et un grand merci pour terminer à
l'Institut du Nouveau Monde, cet institut extraordinaire qui favorise depuis sa
création la participation citoyenne, qui, tu sais, a décidé de soutenir ce
projet avec ses compétences. Et je pense particulièrement à Malorie Flon, qui a
fait un travail absolument exceptionnel.
Et donc c'est un legs à la société
québécoise que fait ce projet constituant. Il doit y avoir des suites. Il faut
qu'il y ait des suites. Le Québec mérite une constitution. Le Québec devrait
avoir sa constitution parce qu'une constitution, c'est un facteur d'identité.
Le Québec doit avoir sa propre identité constitutionnelle. Et il y a ce qui est
maintenant nécessaire pour inspirer davantage les citoyens, les citoyennes du
Québec dans leur ensemble pour le doter de sa constitution.
Mme Fournier
: Merci.
Merci, M. Turp. Alors, je remercie encore une fois l'ensemble des participants
au projet, ceux qui l'ont fait naître puis également les constituants, parce
qu'on en a six présents, six représentants aujourd'hui avec nous. Alors,
j'invite les Québécois en grand nombre à lire la Constitution citoyenne du
Québec, à s'en saisir. Vous pouvez compter sur moi pour offrir la constitution
à la ministre des Institutions démocratiques pour s'assurer qu'on puisse avoir
des suites également au niveau politique.
Donc, je vous remercie et je vous invite
également en grand nombre à aller voir la pièce Constituons!, dont la
première a lieu ce samedi 1er juin à Montréal. Merci.
(Fin à 9 h 19)