(Seize heures dix-neuf minutes)
M. Proulx : Alors,
écoutez, je vais prendre quelques instants. D'abord, merci de vous rendre
disponibles. Alors, je voulais prendre quelques instants avec ma collègue
Marwah pour faire le point sur ce que le ministre de l'Éducation, M. Roberge,
aurait dit tout à l'heure, déclaration que j'ai manquée, puisque j'étais en
train de préparer la période de questions.
D'abord, vous dire que le questionnaire
qui aurait circulé ou qui aurait été préparé à compter de juin 2018, donc, sous
notre gouvernement, et qui portait à aider... dont une des questions portait
sur les signes religieux portés par différents employés, notamment les enseignants,
je peux vous dire d'abord que ce n'est pas à ma connaissance. Moi, je suis
retourné moi-même dans ma mémoire pour tenter de voir si j'avais déjà entendu
parler de ça. La réponse, c'est non. J'ai fait quelques vérifications quand
même, dans le court laps de temps que j'avais, auprès des collègues du cabinet
pour vérifier si ça a été porté à notre connaissance. La réponse, c'est non.
Et, dans ce contexte-là, je constate également,
puis je prends acte de ce qu'a dit M. Roberge, ce questionnaire-là,
questionnaire que je n'ai pas vu à l'instant, a été distribué en novembre 2018,
donc après l'élection, donc, sous sa responsabilité et son mandat.
Les deux, trois choses que je voulais vous
dire par rapport à ça sont les suivantes. D'abord, je n'ai pas connaissance du
contenu. Je n'aurais pas autorisé un contenu où on demandait de vérifier qui
porte ou ne porte pas des signes religieux. Vous savez que ce n'est pas notre
bataille et ce n'est pas notre débat. Je suis très loin de ces questions-là et
moi, je considère principalement que, dans le milieu de l'éducation, il ne
devrait pas se retrouver dans le projet de loi de la Coalition avenir Québec.
Deuxièmement, des sondages comme ceux-là,
je comprends que ce sont des démarches administratives, ont l'habitude, et
c'était le cas sous le temps où j'y étais, habituellement, sont... le ministre
ou son entourage sont avisés, voire informés et voient souvent la teneur des
sondages et/ou des questionnaires qui sont distribués. Parce qu'il peut y avoir
effectivement des questions importantes, je pense aux maternelles quatre ans et
aux disponibilités pour les locaux, qui ont toujours été des questions
d'actualité importantes.
Alors, dans ce contexte-là, vous dire que je
ne l'aurais pas autorisé, vous dire que je ne l'ai pas autorisé et que, bien
que ça a pu être préparé par l'administratif durant une période qui était sous
notre gouvernement, jamais ça n'a été autorisé pour être transmis et que ça a
été transmis sous le gouvernement de M. Roberge. Alors, de deux choses
l'une. Ou bien M. Roberge ne le savait pas vraiment, et ça pose des
questions sur la façon dont il travaille avec son ministère. Ou bien il le
savait et il se retrouve aujourd'hui pris dans cette situation et préfère
passer la faute sur les autres.
Vous savez, dans cette histoire-là, il faut
aussi reconstituer les faits. M. Roberge s'est retrouvé dans la situation
où son ministère a pris le téléphone, ma collègue Marwah Rizqy vous l'a exprimé,
a pris le téléphone, a fait des téléphones auprès de certaines commissions
scolaires pour poser des questions à l'égard de gens qui portent des signes
religieux. Écoutez, s'il y avait un sondage connu de l'administration, pourquoi
un sous-ministre aurait téléphoné pour poser des questions alors qu'il était
lui-même en train de comptabiliser des réponses? Bon, ça pose de sérieuses
questions, ça pose de nombreuses questions.
Ce que je tenais à éclaircir et à vous
dire, c'est que le débat sur les signes religieux, les gens qui veulent
empêcher des gens qui portent des signes religieux de travailler en éducation
au Québec, ce sont les gens de la CAQ, et c'est sous le mandat de M. Roberge,
qui doit prendre ses responsabilités à l'égard du ministère, que les choses se
sont passées.
Et je vous rappelle qu'il avait deux
options aujourd'hui. S'il a appris aujourd'hui ce qui s'est passé, il avait
deux options : passer la faute à un autre en disant que ce n'était pas de
sa responsabilité ou s'excuser et prendre acte des responsabilités qui sont les
siennes. Lorsqu'on est ministre d'un gouvernement, on a à assumer ce qui se
passe au sein du ministère. Parfois, on est au courant, parfois, on n'est pas
au courant, mais il faut faire face à la musique. Et, dans ce contexte-là,
aujourd'hui, décider de passer la faute à un autre pour tenter de s'en sortir,
choqué d'avoir été attaqué, c'est ce que j'ai compris de son intervention.
Voilà.
M. Lavallée (Hugo) : Donc,
vous déplorez la décision des fonctionnaires d'avoir mené cet exercice-là?
M. Proulx : Bien,
clairement que... Et je vous l'ai dit, d'abord, moi, je n'ai pas connaissance
de ces questions à l'égard d'un questionnaire, et c'est usuel que
l'administration pose, par questionnaire et sondage, des questions au réseau
scolaire. Mais, non, moi, je n'aurais pas autorisé des questions à l'égard des
signes religieux. Je suis juriste et avocat de formation moi-même, je connais
nos droits et libertés, je n'ai aucun intérêt et, sincèrement, aucun intérêt à
me poser ces questions-là parce que j'appartiens à un parti politique et
j'appartenais à un gouvernement qui n'était pas intéressé par ces questions-là,
qui a voté la loi n° 62, qui a essayé de préserver l'espace des femmes qui
travaillent en éducation en disant que ce n'étaient pas des gens en autorité
qui devaient rentrer sous le joug de la Coalition avenir Québec, mais qu'ils
devaient pouvoir exprimer leurs talents et travailler au sein de l'éducation.
J'ai toujours tenté de protéger ceux et celles qui y travaillent. Sincèrement,
je n'étais pas pour faire moi-même une chasse aux sorcières, comme lui l'a
fait.
Mme Fletcher (Raquel) :
Mais, selon le ministre, c'était une enquête qui a été mise en valeur en 2016.
Il y avait deux enquêtes. La première enquête, c'était en juin 2016, puis la
deuxième enquête, ça a été préparé en juin 2018, puis vous étiez le ministre.
Ça a été envoyé aux écoles, pas les commissions scolaires, mais aux écoles, en
novembre 2018.
M. Proulx : Oui. Bien, ce
que je vous disais tout à l'heure, c'est que d'abord, et ça a été le cas, à ma
connaissance, à chaque fois que j'ai eu à exercer ce rôle de ministre de
l'Éducation, lorsqu'un sondage et/ou un questionnaire était transmis vers
différents intervenants dans le milieu scolaire, on en avait connaissance, la
plupart du temps, et on devait aussi autoriser, lorsque des questions sensibles
s'y retrouvaient, et c'est normal. Et moi, ce n'est pas allé sur mon bureau,
cette question-là, je n'ai pas autorisé des questions à l'égard des signes
religieux, et il n'a pas été distribué en juin. Alors, s'il a été préparé en
juin, pourquoi il n'a pas été distribué?
Nous étions, je vous rappelle... moi, pris
et impliqué, les deux mains dedans, dans la question des frais scolaires, à
cette époque-là, parce que nous étions à préparer une directive. J'étais en
discussion à tous les jours avec le milieu scolaire, à tenter de régler hors
cour avec eux, en leur donnant des marges de manoeuvre, un règlement important
et à nous donner de la marge de manoeuvre pour rendre, si vous vous en souvenez
bien, une directive importante. Alors, dans ce contexte-là, ce n'est pas sous
mon administration que ce projet-là a été distribué aux écoles. Ça, M. Roberge
doit le rappeler.
Mme Lévesque (Catherine) :
Est-ce que vous demandez comment ça se fait que M. Roberge n'était pas au
courant de cette initiative-là? Mais, en même temps, vous non plus, vous
n'étiez pas au courant, là.
M. Proulx : Bien,
écoutez, il y a une différence entre le moment où l'administratif fait le choix
de préparer des questionnaires futurs ou de travailler de manière
administrative sur des dossiers et le moment où on lance une enquête auprès du
milieu scolaire, sachant qu'il y a là des questions importantes. Vous savez, le
milieu scolaire, le ministère de l'Éducation est bien au fait qu'à la Coalition
avenir Québec on veut limiter le travail de certaines personnes qui travaillent
en situation...
Mme Lévesque (Catherine) :
...initiative de mener ce sondage-là.
M. Proulx : Bien, moi, ce
que je dis, c'est qu'au sein du ministère on a transmis vraisemblablement ce questionnaire.
A-t-on ou non avisé le cabinet de M. Roberge? Il vous a dit non. Mais une
chose est certaine, c'est qu'on ne peut pas me taxer de l'avoir envoyé, moi. Je
n'étais plus ministre de l'Éducation au moment où ce sondage-là a circulé.
Alors, qu'il ait été préparé par une des 1 000 personnes qui
travaillent au sein du ministère, c'est une chose, mais le jour où il est
transmis, on assume une responsabilité. Les questions qui sont à l'intérieur
sont-elles de bonnes questions? Et, dans ce cas-ci, sur les signes religieux,
ce n'est pas une bonne question, je ne l'aurais pas autorisée.
Mme Cloutier (Patricia) :
...des fonctionnaires prennent une initiative de poser de telles questions?
C'est ça qu'on doit se demander aujourd'hui. Deux ministres de l'Éducation, un
après l'autre, qui n'ont pas été au courant de ces questions-là. C'est vraiment
quelqu'un dans l'administratif qui décide ça? C'est difficile à concevoir.
M. Proulx : Je vous
dirais deux choses. La première, c'est qu'il y a une démarche administrative
qui s'est tenue ou qui se tient et qui va se tenir encore, avec, oui, une
question discutable, j'en suis, et il y a le geste qui a été posé par la
Coalition avenir Québec et par le ministre de l'Immigration, à ce moment-là, et
son ministère, du point de vue administratif, de dire : Demande à un autre
ministère de prendre le téléphone et d'appeler des commissions scolaires pour
poser une question sensible. Sincèrement, s'il y a un geste qui, à mon sens,
est répréhensible, c'est celui-là, davantage que de celui de voir une
administration préparer des questions, des bonnes ou des moins bonnes
questions.
M. Duval (Alexandre) :
Bien, M. Proulx, l'administration étant sous votre gouverne, comment
est-il possible qu'un fonctionnaire ait préparé un questionnaire comme celui-là
et que ça n'ait pas passé les étapes de validation auprès de sa direction,
peut-être même auprès du sous-ministre, considérant la présence d'une question
aussi sensible? Est-ce qu'il y a d'autres occurrences comme ça dont vous avez
déjà eu conscience que des documents finalement passent inaperçus pour vous
puis soient distribués quelque part?
M. Proulx : Bien,
d'abord, une chose est claire, c'est qu'il arrive régulièrement, lorsqu'on
rencontre le bureau de la sous-ministre, dans ce cas-ci, qu'on nous propose des
choses. Il arrive qu'on dit oui, il arrive qu'on dit non. Il y a des fois où on
refuse, il y a des fois où on considère que ce n'est pas la bonne chose à
faire. Parfois, ce n'est pas en lien avec nos orientations. Mais, je veux dire,
l'administration fait son travail, c'est-à-dire de poser des gestes
d'administration. Et dans ce cas-ci, dans cette question-là précisément, moi,
je peux vous parler de ce qui m'est rapporté aujourd'hui, je n'ai pas autorisé
cette question, je n'aurais pas autorisé cette question.
Mme Rizqy : ...juste un
petit commentaire. Revenons sur les faits. Si vous dites comme quoi il y a eu
une enquête — moi, j'appelle ça plus un sondage — qui a été
fait en 2016 et par la suite en 2018, mais que le sondage a été autorisé à être
distribué en novembre 2018, c'est qu'il y a quelqu'un aujourd'hui qui a manqué
à son devoir. Aujourd'hui, ce n'est pas M. Proulx qui est ministre de
l'Éducation, c'est M. Roberge. S'il ne l'a pas vu, O.K., qu'il s'excuse :
Je ne l'ai pas vu. C'est correct. Des fois, ça peut arriver.
Mais moi, j'ajouterais que je me rappelle
très bien que Simon Jolin-Barrette était sorti, lorsque l'histoire du
dénombrement a été dans les nouvelles, le 28 janvier dernier, il a dit :
Non, non, on approuve, puis non seulement on le fait pour l'Éducation, mais on
le fait aussi pour la sécurité publique. Alors, ils ont assumé aussi cette
prise de position. Dans quelle optique? Et c'était là tout le fil conducteur,
pourquoi qu'on pose autant de chiffres.
Et j'ajoute l'élément suivant. Moi,
j'apprends, par différentes personnes qui m'ont appelée, que, dans une
commission scolaire, c'était encore plus précis, la question. La question était
la suivante, qui était adressée à cette commission scolaire : Vous avez
combien de femmes voilées qui sont enseignantes et combien de femmes voilées
qui sont en situation d'être dans la direction? Alors, je m'excuse,
aujourd'hui, le ministre actuel de l'Éducation, c'est à lui de répondre à cette
question. Je comprends qu'il aimerait ça, blâmer encore le gouvernement précédent,
ils sont excellents là-dedans. Mais aujourd'hui, moi, je ne suis pas du tout
satisfaite de la façon de faire de la politique de M. Roberge lorsqu'il
parle d'hypocrisie. On est ici en mode, nous autres, solution.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Quelle commission scolaire dont vous parlez? On lui a demandé vraiment, à cette
commission scolaire, combien de femmes voilées?
Mme Rizqy : Oui. Et, si
vous permettez, je vais la poser demain en Chambre, ma question, si vous... Je
vais l'identifier.
Journaliste
: Une
commission scolaire de Montréal?
Mme Rizqy : Oui, c'est
une commission scolaire de Montréal.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais il n'y en a pas 12, là.
Mme Rizqy : Voilà. Je
vais vous laisser faire votre travail. Mais, sinon, si vous êtes assez
patients, demain, je vais la poser, moi, demain, la question.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais est-ce que l'exercice qui a été fait — vous avez rappelé que
vous êtes juriste de formation, M. Proulx — par le ministère de
l'Éducation sous votre gouverne était légal?
M. Proulx : Bien,
écoutez, d'abord, le document, lorsqu'il est préparé et dans les officines
administratives, là, ne contrevient à rien sauf, bien entendu, à une directive
que j'aurais pu donner. Mais, dans les faits, tant et aussi longtemps qu'il ne
se retrouve pas dans le réseau, je veux dire, il peut s'agir d'une initiative,
il peut s'agir de question qui est posée. Est-ce que c'est correct de poser
cette question-là? La réponse, c'est non, clairement, la réponse, c'est non.
M. Lavallée (Hugo) : Non,
d'un point de vue légal.
M. Proulx : Bien, d'un
point de vue...
Une voix
: ...
M. Proulx :
Personnellement, je ne l'aurais pas autorisé.
M. Lavallée (Hugo) : Comme
juriste, est-ce que vous auriez pu l'autoriser?
Mme Rizqy : Mais comme
avocate... Moi, je suis encore membre du Barreau. Si vous permettez, je vais
répondre à votre question.
Une voix
: ...
Mme Rizqy : Parfait.
Excellent. Alors, sur cette question
spécifique, poser la question par biais de sondage...
Tout le monde reçoit, à la maison ou par courriel, plein de sondages. Vous
n'êtes pas obligé de répondre aux sondages. Le même sondage qui a été envoyé en
novembre dernier, les gens n'étaient pas obligés de répondre. Moi, j'ai parlé
avec mon réseau. Ce n'est pas tout le monde qui a répondu. Si je comprends,
c'est une direction sur deux qui a répondu. Donc, quand on regarde la charte
québécoise, bien, en vertu de l'article 18, on ne peut pas discriminer
quelqu'un à l'embauche. Donc, au niveau légal, il n'y a pas de problème. Est-ce
que, nous, on l'aurait posée de cette façon-là? Non, puis je vous explique
pourquoi, c'est qu'on est le Parti libéral, puis nous, on défend les valeurs
individuelles pour tout le monde.
M. Proulx : Alors,
j'ajoute à ça que moi, je ne l'aurais pas permis, cette question-là, pour les
raisons invoquées, pour des raisons fondamentales. D'abord, ce n'est pas une
information sur laquelle je voulais avoir de l'info. Je ne recherchais pas
cette info-là. Et surtout je ne cherche pas à stigmatiser des gens qui
travaillent dans ce réseau, parfois paisiblement, parfois avec des défis, des
difficultés, à construire l'avenir de nos enfants.
Et là-dessus, là, je fais le commentaire
éditorial suivant pendant un instant. Je veux dire, on a beaucoup parlé, dans
les trois dernières années, de réussite éducative, et aujourd'hui,
malheureusement, on parle beaucoup de structure. Les gens se font moins
confiance, les gens sont en attente, il y a comme une espèce d'espace où...
M. Roberge doit prendre ses responsabilités. Alors, quand tu assumes ton
rôle, tu t'occupes de tes affaires, tu arrêtes de dire que c'est de la faute
des autres puis tu t'occupes de tes affaires. Et, dans ce contexte-là et comme
dans d'autres, il a habituellement beaucoup de talent pour l'exprimer, mais je
pense que la réalité va le frapper, là. C'est lui qui est le ministre; qu'il
s'occupe de ses affaires.
Mme Johnson
(Maya) : ...racial profiling?
Mme Rizqy : I
never said that, I never used the word «racial». I said «profiling».
Mme Johnson (Maya) : That is exactly what Mr. Roberge said. So, are you saying he's
putting words into your mouth?
Mme Rizqy :
Well, I actually tweeted that this is profiling. I never said or used the words
«racial profiling» because we talk about religious symbols. I don't see the
point of talking about the racial.
Mme Johnson (Maya) : O.K. But whatever words you used, he's saying that it's hypocrisy
on the part of your Government because the initial questionnaire was authorized
in June 2016, according to the documents that he released to the media today. So,
that was well before the CAQ came to power.
Mme Rizqy :
The authorization was to send in November, so that was the time that he was
actually the Minister of Education.
Mme Johnson (Maya) : But what about June 2016?
Mme Rizqy :
My colleague said he never authorized that. And he's not the one who actually
pressed on the button and said it's going to be sent to all the people or to
all the directions of schools. So, right now, I stand by what I said and what
actually I tweeted, that this is profiling.
Mme Fletcher (Raquel) : You made a difference, in French, between this type of questionnaire
and the way that the CAQ went about it, which was to call people... call school
boards and ask them how many people are wearing a veil, for instance. Can you
just explain what kind of difference you were trying to make there?
Mme Rizqy :
Well, the survey... Well, first of all, even the survey, my colleague, if he
were still the Minister of Education, would never authorize that kind of
survey, never. Because we're the Liberal Party of Québec. Second of all, the
difference with the survey, you have the... You can choose to answer or not to
answer a survey. What happened on January 25th, the
Minister of Education made some calls in some commissions, not across the
board, like Montréal and Laval,
asking specifically how many people are wearing symbols. And then, I heard that
in one specific commission... one school board, this question went more specific : How many women are wearing the veil, the
Muslim veil?
Une voix
: Merci beaucoup.
Une voix
: Thank you.
Mme Lajoie (Geneviève) :
...de la non-décision de François Paradis?
M. Proulx : D'abord, ça
nécessite une relecture, sincèrement, pour deux raisons. La première, parce que
c'était une décision très longue qui faisait référence à ce qui se faisait
ailleurs. Mais ce qui m'intéressait, c'est ce qu'on dit en droit, la ratio,
c'est la fin, où il traite de comment on doit se comporter au sein de notre
Parlement. Et là-dessus, j'ai d'abord compris qu'il nous demande à nous d'être,
je dirais, vigilants entre nous et de s'autodiscipliner.
Là où la question se pose, c'est que... et
j'aurai l'occasion de l'exprimer à mes collègues, peut-être, avant de lui
revenir à lui, mais la question est la suivante, c'est que, d'abord, qui est
responsable du décorum au sein de l'Assemblée nationale? C'est le président de
l'Assemblée nationale. Alors, si, à l'intérieur de ma formation politique, nous
jugeons, les officiers ou la whip jugent qu'une personne est adéquatement vêtue
pour aller à l'Assemblée nationale et ce n'est pas le cas, qui peut venir en
appel de cette décision, prendre cette décision?
L'autre question qui pourrait être posée,
c'est dans le cadre des commissions parlementaires. Vous savez, nos présidents
et présidentes de commission parlementaire ont les mêmes rôles que le président
de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'ils doivent, eux, être tenus par la
décision du président, c'est-à-dire demander aux partis de s'autodiscipliner ou
ils peuvent eux ou elles, lui ou elle prendre une décision, comme ça s'est fait
dans le passé à l'égard, par exemple, de quelqu'un qui ne porterait pas la
cravate?
Alors, dans ce contexte-là, je pense que
ça mérite, bien sûr, réflexion parce qu'il nous appelle à un comité de travail.
Mais je pense que ça mérite aussi une réflexion sur la décision elle-même. S'il
y avait un cas évident où l'ensemble des parlementaires jugent que nous ne
sommes pas à l'intérieur du code, c'est-à-dire une tenue de ville contemporaine
pour les hommes ou adéquate, ou je ne me souviens plus du vocabulaire pour les
femmes...
Une voix
: De
circonstance.
M. Proulx : ...de
circonstance, merci, pour les femmes — c'est encore plus flou que la
tenue de ville contemporaine où on a parlé de veston et la cravate — alors,
dans ce contexte-là, certains pourraient demander au président de trancher.
Voudrait-il le faire? Là est la question.
Journaliste
: Québec
solidaire dit qu'ils sont en faveur du statu quo, O.K.? Est-ce que vous
considérez, vous, personnellement...
M. Proulx : Je ne suis
pas surpris.
Journaliste
: ...que
des jeans, des Doc Martens, des espadrilles, est-ce que, selon vous, ça, c'est
une tenue de ville et c'est une tenue de circonstance pour l'Assemblée
nationale?
M. Proulx : Je considère
personnellement que nous ne sommes pas dans la description qu'a donnée le président
de l'Assemblée nationale lorsqu'on porte des jeans et des Doc Martens. Je
considère qu'on n'est pas là. Maintenant, est-ce que ça ne veut pas dire qu'on
peut réfléchir à plus de souplesse à l'intérieur de nos pratiques? Est-ce qu'on
ne devrait pas, nous aussi, envisager ce qui se fait un peu ailleurs, c'est-à-dire
montrer qu'on peut être agiles lorsque les choses changent, ou les
comportements changent, ou les façons de faire changent? Peut-être. Mais
actuellement, malheureusement, la définition est à ce point floue ou stricte,
je ne sais pas trop de quel côté la qualifier, mais ça nécessite quelque chose
de plus restrictif que ce que je vois actuellement, parfois, à l'Assemblée
nationale.
Alors, moi, je ne vise pas des gens en
particulier, je dis : Le président est responsable d'un décorum. Il a pris
presque 30 minutes ou 20 minutes ce matin, longuement, pour nous
expliquer un peu ce qui se fait ailleurs et ce qu'il entend faire ici. Et, à la
fin, ce sont les partis qui doivent s'autodiscipliner. Alors, je me dis :
Qui est responsable du décorum à la fin? Je pense que c'est le président de
l'Assemblée nationale qui est responsable du décorum.
M. Duval (Alexandre) :
Vous allez devoir avoir des discussions de ce comité-là.
M. Proulx : Bien sûr.
Bien sûr, il y aura...
M. Duval (Alexandre) :
Vous, est-ce que vous allez vous prononcer, donc, pour un resserrement ou
peut-être pour un relâchement sur certains plans?
M. Proulx : Bien, je vous
dirais que, d'abord, on va en discuter entre nous. Alors, ce que je pense, c'est
une chose, mais il faut quand même représenter sa formation politique et l'état
d'esprit de l'Assemblée nationale. Alors, on aura ces discussions. Et là-dessus
je salue la décision du président de dire qu'il ne fera pas ça seul. On va
faire ça entre nous. On est là aujourd'hui, en 2019, à se poser ce genre de
question. Et il faudra le faire rapidement, par contre, parce que, sinon…
M. Duval (Alexandre) : ...dites
qu'il y a certaines choses qui ne semblent pas correspondre à la description
que le président fait.
M. Proulx : Bien, si
quelqu'un entre à l'Assemblée nationale dans une tenue de jogging aux couleurs
d'une équipe sportive qui vient de gagner de Super Bowl, de la tête aux pieds,
là, je considérerai que nous ne sommes pas ni dans la tenue de circonstance
pour les dames ni dans la tenue de ville contemporaine pour les hommes. Alors,
par l'absurde, ce que je vous dis, c'est que, tant et aussi longtemps que ce n'est
pas clair, tant et aussi longtemps qu'on n'a pas un règlement qui va au-delà d'une
appellation générique et qu'on n'a surtout pas l'assurance que quelqu'un va trancher,
bien, il peut arriver des moments où, tous et toutes, on va se dire en rentrant :
Oups! il me semble qu'aujourd'hui ce n'est pas comme on avait dit.
Merci à vous. Bonne journée. Merci.
(Fin à 16 h 38)