(Quinze heures quarante-six minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour tout
le monde. Nous sommes aujourd'hui à notre premier caucus à l'intérieur des murs
de l'Assemblée nationale, vraiment à une belle séance de travail, en fait, sur
laquelle on s'est arrêtés puis on s'est dit : O.K., les travaux vont
reprendre maintenant, on le sait, le 27 novembre, alors, d'ici ce temps-là,
puisqu'il n'y aura pas de projet de loi, qu'est-ce qu'on veut mettre sur la
table comme dossiers qu'on veut travailler comme caucus? Et on s'est dit :
Bien, il y a un bon timing, c'est un bon moment, un nouveau gouvernement. Et
vous le savez comme moi que le dossier de la transparence, pour Québec
solidaire, a toujours été quelque chose d'important, et donc on s'est dit :
Bien, voilà une belle occasion, entre maintenant et le début des travaux, de
pouvoir parler de transparence à l'Assemblée nationale.
Et je vais laisser mon collègue
co-porte-parole, leader parlementaire, vous parler de notre travail qui s'en
vient dans les prochaines semaines.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Manon. Aujourd'hui, Québec solidaire lance un appel à la transparence. Selon nous,
l'occasion est parfaite. L'occasion est parfaite pour mener la grande cure de
transparence dont l'Assemblée nationale du Québec a besoin depuis bien
longtemps. On est à l'aube d'une nouvelle législature. C'est l'occasion de
mettre des nouvelles bases pour le travail des parlementaires à l'Assemblée.
On est également devant un nouveau
gouvernement, un gouvernement qui est formé par un parti politique qui s'est
autoproclamé, depuis des années, champion de l'éthique, de la transparence et
de la bonne gestion des fonds publics. La Coalition avenir Québec a critiqué,
dans l'opposition, pendant des années, la culture de copinage, la culture
d'opacité des libéraux. Bien, ils ont maintenant l'occasion de démontrer leur
cohérence en rendant l'Assemblée nationale plus transparente.
On va également nommer un nouveau président
ou une nouvelle présidente de l'Assemblée nationale, qui aura, cette
personne-là, également l'occasion de mettre sur pied des nouvelles mœurs
politiques.
Bref, pour nous, l'occasion est parfaite.
L'occasion est parfaite pour changer la culture politique à l'Assemblée
nationale du Québec. L'occasion est parfaite pour mettre fin à la culture de
l'opacité, à la culture du copinage qui malheureusement a trop longtemps eu
effet ici, à l'Assemblée nationale du Québec. On croit qu'il est temps de
mettre sur pied une nouvelle Assemblée nationale, une Assemblée nationale plus
transparente que jamais, pour toutes les raisons que je viens d'énumérer. Pour
nous, c'est clair, l'occasion est parfaite, là. Il faut saisir cette
occasion-là et s'assurer que l'Assemblée nationale devienne beaucoup plus
transparente.
Concrètement, concrètement, on lance
aujourd'hui un appel aux trois autres formations politiques, un appel à
travailler avec nous, en collaboration, à la mise sur pied de nouvelles mœurs
politiques à l'Assemblée nationale du Québec.
Premièrement, on appelle les autres partis
à appuyer le principe selon lequel tous les partis devraient dorénavant être
représentés au Bureau de l'Assemblée nationale. On croit également que les
députés indépendants, élus comme tels, élus vraiment à titre d'indépendants,
devraient également y siéger.
Deuxièmement, on souhaite une réforme en
profondeur du Bureau de l'Assemblée nationale pour aller dans le sens de
beaucoup plus de transparence. Ça inclut deux choses : d'abord, la levée
du huis clos permanent sur les discussions au sein du Bureau de l'Assemblée
nationale, sauf lorsqu'un tel huis clos pourrait être nécessaire, deuxièmement,
une transparence totale et entière sur toutes les décisions et sur
l'administration des budgets de l'Assemblée nationale du Québec.
Troisièmement, on souhaite que les partis
se joignent à nous pour rendre automatique et obligatoire le dévoilement des
dépenses de cabinets, le dévoilement des dépenses du bureau de la présidence et
le dévoilement des dépenses des bureaux de circonscription ainsi que des
allocations de dépenses des députés. On croit que cet argent-là, bien, doit
être utilisé de manière transparente. C'est de l'argent public.
Et on s'attend à ce que les autres partis
politiques appuient ces trois demandes là, trois demandes simples, trois
demandes réalistes qui vont dans le sens d'une Assemblée nationale plus
transparente.
Je le répète en terminant, l'occasion est
parfaite. La conjoncture n'a jamais été meilleure pour changer la culture
politique à l'Assemblée nationale du Québec, pour moderniser le Bureau de
l'Assemblée nationale. Il ne faut pas laisser cette occasion-là filer entre nos
doigts. Il faut agir maintenant.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour. Mathieu
Dion de Radio-Canada. La CAQ a déjà dit qu'elle souhaitait faire ces
réformes-là en profondeur sur la transparence. Est-ce vraiment le bon cheval de
bataille pour commencer votre mandat? Ne vaudrait-il mieux pas, par exemple,
miser sur l'environnement comme thème important?
M. Nadeau-Dubois : Bien, la
session parlementaire n'est pas encore commencée. Elle commence dans plus d'un
mois. Donc, à ce moment-là, on aura l'occasion quasi quotidiennement de parler
de lutte aux changements climatiques, de parler d'environnement. Puis on va en
parler aussi d'ici là, mais, en attendant, là, il y a une occasion, là. Si on
veut pouvoir mener pendant quatre ans tous ces débats importants, notamment
celui sur les changements climatiques, dans un climat de transparence, dans le
cadre d'une Assemblée nationale moderne, bien, c'est maintenant qu'il faut agir,
là. Lorsque les travaux parlementaires vont être commencés, il va être trop
tard pour avoir ces discussions-là. Il faut les avoir en début de législature.
On pense que c'est maintenant qu'il faut agir. Ça va être un de nos chevaux de
bataille d'ici le début de la session parlementaire, mais nos grandes priorités
politiques restent les mêmes, c'est la question des changements climatiques et
la question de la réforme du mode de scrutin.
M. Dion (Mathieu) : Donc,
vous avec des doutes un peu sur la CAQ, sur ce qu'elle va faire en matière de
transparence?
M. Nadeau-Dubois : On
lance un appel. Aujourd'hui, on lance un appel.
M. Dion (Mathieu) : Non,
mais juste être sûr qu'on comprenne bien, là, tu sais…
M. Nadeau-Dubois : Mais
nous, on veut que la CAQ soit cohérente. On veut que la CAQ joigne le geste à
la parole. Pendant des années, ils ont dit : On est les champions de la
transparence, on est les champions de la bonne gestion des fonds publics.
Aujourd'hui, on leur tend la main, on fait un appel, on dit : Bien là, d'ici
le 27 novembre, là, dans le prochain mois, travaillons ensemble pour
concrétiser ces belles intentions qui ont été émises pendant les nombreuses
années de la CAQ dans l'opposition.
M. Dion (Mathieu) : Je
veux vous poser des questions sur ce que M. Legault vient de dire. Alors,
d'abord, retenons que Christian Dubé, c'est lui qui va piloter la renégociation
dans l'entente de rémunération avec les médecins spécialistes. Qu'est-ce que ça
vous dit que ce soit lui qui négocie ça plutôt que Danielle McCann, d'abord?
Mme Massé : Écoutez, je n'ai
pas vu du tout les déclarations de M. Legault. Je pense qu'en matière de
rémunération des médecins vous connaissez là où loge Québec solidaire. Mais je
pense que, concernant cette dimension-là, j'aimerais mieux qu'on puisse prendre
le temps de bien prendre conscience de ce qui a été amené.
M. Dion (Mathieu) : Il a
annoncé qu'il allait geler la rémunération des médecins spécialistes pendant la
renégociation de l'entente. Est-ce que c'est une bonne façon de procéder?
Mme Massé : Bien,
minimalement, qu'il n'aille pas plus loin, ça, c'est sûr. Nous, ce qu'on
voudrait même, c'est reculer, mais ce n'est pas sa position à lui. Mais là ce n'est
pas la question que vous m'aviez posée. Je suis un peu confuse. Vous m'avez
parlé de négociation.
M. Dion (Mathieu) : Non,
mais c'est ça, il va geler l'entente, il va geler les salaires pendant qu'il va
négocier justement en attendant l'étude également.
Mme Massé : Bien,
écoutez, laissez-moi le temps, puis on vous reviendra avec quelque chose,
M. Dion. Laissez-moi le temps de regarder ça avec…
M. Dion (Mathieu) : Mais,
a priori, là, est-ce que ça vous semble la bonne chose à faire, quand même,
d'aller de l'avant avec ça maintenant puis de ne pas tarder?
Mme Massé : Il y a une
chose qui est sûre, c'est qu'en matière de rémunération des médecins Québec
solidaire est clair, c'est que les médecins spécialistes vont recevoir
12 % de trop pour avoir cette équité à laquelle ils aspiraient. Alors, si
M. Legault dit : On va geler, puis après ça on verra, puis on va les
augmenter, bien, vous comprendrez qu'on n'est pas bien, bien d'accord avec ça.
L'objectif, c'est que cet argent-là doit servir au système de santé, répondre
aux besoins de la base. Mais là, encore là, je viens de vous parler et je vous
dis : Je veux aller voir. Peut-être que ma réponse sera encore plus
intelligente, M. Dion.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Pascal Dugas de l'Agence QMI. Vous avez parlé de transparence en début
de mandat, mais justement, ce matin, dans Le Journal de Québec, Le
Journal de Montréal, on apprenait, là, qu'il y avait des rapports à la RAMQ,
que ce n'était pas rendu public, qu'il y avait un manque de transparence. Vous
pensez quoi de ça?
M. Nadeau-Dubois : Moi non
plus, je n'ai pas ces informations-là. On va regarder puis on va vous revenir là-dessus.
Mme Massé : Bien oui, c'est
une bonne idée. On reprend notre beat, hein?
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Vous avez parlé de la présidence à l'Assemblée nationale. Est-ce que, selon
vous, tel que l'a dit l'ancienne ministre Christine St-Pierre, ça devrait être
une femme qui préside l'Assemblée nationale?
Mme Massé : Bien, c'est-à-dire
que le processus va nous mettre des propositions sur la table. L'Assemblée
nationale n'a malheureusement seulement qu'à une reprise eu une femme. Même, on
serait plutôt, à Québec solidaire, d'accord avec un certain principe
d'alternance. Mais, ceci étant dit, on va voir les propositions qui vont nous
venir puis on va le juger au mérite.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Est-ce que vous seriez... Oui, allez-y.
M. Nadeau-Dubois : Que ce soit
un homme ou une femme, ce qu'on dit aujourd'hui, c'est qu'on souhaite que cette
personne-là s'en aille dans le sens d'une plus grande transparence au sein du
Bureau de l'Assemblée nationale et au sein du bureau de la présidence également
en ce qui a trait à ses dépenses. Ça, pour nous, c'est l'essentiel. Mais, bien
sûr, je pense qu'on va être d'accord pour dire qu'une femme, ce serait un beau
signe de modernité puis ce serait une très belle nouvelle.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Merci.
Le Modérateur
: Merci.
D'autres questions?
M. Dion (Mathieu) : Je suis
curieux de vous entendre. Vous êtes 10 députés. Vous avez tous des têtes fortes
dans le caucus. Vous avez eu votre premier caucus. Comment ça va se passer,
dans les prochains mois, prochaines années, d'avoir autant de têtes fortes puis
de concilier ça? Quel sera le défi?
Mme Massé : Bien, en fait,
c'est...
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas un nouveau défi. Il y avait quand même Amir Khadir dans le caucus pendant
10 ans.
Mme Massé : Voilà!
M. Dion (Mathieu) : Non, mais
vous étiez pas mal moins, mais là vous êtes pas mal plus.
Mme Massé : Mais là il y en a
plus. Bien, en fait, le défi, c'est le défi de l'échange, de la discussion,
mais on a une bonne pratique de notre histoire. Mais moi, je vous dirais, c'est
surtout le grand avantage que nous avons, c'est-à-dire que nous avons là des
gens qui sont extrêmement articulés et prêts à sauter dans l'arène pour dire au
gouvernement de la CAQ, notamment, sur chacun, chacune de leurs dossiers... de
pouvoir défendre le point de vue solidaire par rapport à ça. Alors, dans nos
caucus, ça discute, j'imagine, comme dans tous les caucus, mais, à un moment
donné, et vous le savez, on vous l'a dit, quand il est temps de trancher, bien,
on est capables d'aussi trancher. Alors là, le caucus de deux heures qu'on
vient de vivre a été fort intéressant.
M. Dion (Mathieu) : Ah oui? Il
y a déjà eu des dissensions?
M. Nadeau-Dubois : On partage
tous le projet de société de Québec solidaire. Je pense qu'un de nos défis, c'est
sûr que ça va être… Bien, on était, à trois, habitués à pouvoir discuter
pendant longtemps. Là, à 10, on a tous le défi de la concision puis de se
trouver des consensus en deux heures. Ça, je pense que c'est un beau défi qu'on
a. Mais, oui, on a des têtes fortes, mais on a des gens qui ont des idées justement
plein la tête, qui ont plein de choses à contribuer. Ça fait des belles
discussions puis ça amène plus de perspectives. À trois, c'est bien le fun,
mais à 10 on a plus de perspectives. Ça fait des discussions beaucoup plus
animées mais aussi un peu plus longues. Je pense, ça va être un de nos défis de
réussir à trouver nos consensus dans les deux heures qu'on va avoir à chaque
semaine.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Juste rapidement. Est-ce que votre position sur le visage découvert pour les
personnes en autorité, c'est toujours, oui, le consensus Bouchard-Taylor?
M. Nadeau-Dubois : Oui.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Est-ce qu'il a été question de ça au caucus aujourd'hui?
Mme Massé : Bien, écoutez,
je pense qu'au niveau du compromis Bouchard-Taylor, c'est le compromis — dans
toute sa beauté, le mot compromis — qui fait en sorte qu'actuellement
et Québec solidaire et plusieurs personnes de la société considèrent que c'est
vers là qu'il faille aller. Mais des sujets de discussion… Comme par exemple,
on vous a parlé de la transparence, bien, on a eu en même temps aujourd'hui à
aller au fond de ces questions-là. Puis sur la question du… on ne remet pas en
cause le compromis Bouchard-Taylor.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Tout le monde est à l'aise dans votre caucus avec ce compromis-là? On me dit
oui de la tête.
Mme Massé : Tout le monde
l'a défendu durant les élections. Tout le monde est à l'aise. Mais il y a une
chose qui est évidente, c'est que le compromis lui-même perd des plumes. Alors,
c'est sûr que ça veut dire qu'il y a quelque chose, il y a un travail à faire,
et, à mon sens, il faut être prudent, puis la CAQ, là-dessus… On va continuer
de dire : Arrêtons de faire des diversions et tantôt parler du tchador,
tantôt… Actuellement, là, il n'y a, à ma connaissance, aucune femme qui porte
le tchador qui a appliqué sur les concours de la fonction publique. Alors, des
faux problèmes pour peut-être ne pas parler des vraies affaires, je pense qu'on
est rendus ailleurs, puis là il est temps d'y aller.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Pourquoi justement vous pensez que la CAQ veut interdire le tchador dans la
fonction publique? Est-ce qu'ils agissent par la peur?
Mme Massé : Moi, je dis :
Il y a des diversions qui font en sorte que, par exemple, woups! on peut
rapidement parler d'Anticosti et de réouvrir au pétrole. Il faut se reconcentrer
sur les urgences.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Mais c'est quoi, leur motivation à eux de vouloir interdire ça?
Mme Massé : Bien, allez
leur demander, allez leur demander. Ce n'est pas moi, l'analyste. Moi, je vous
dis que, pendant qu'il fait cette diversion-là, alors qu'à ma connaissance il
n'y a pas un problème avec ça, là, on ne parle pas d'autres choses.
M. Dion (Mathieu) : Une
diversion pour Anticosti?
Mme Massé : Une diversion
pour la lutte aux changements climatiques, parce que c'est surtout ça qui, à
notre sens…Il y a une urgence, depuis très longtemps, d'ailleurs, de parler de ça,
mais sur les autres choses...
M. Dion (Mathieu) : D'ailleurs,
sur Anticosti, ça laisse présager quoi, là, ce qu'on voit, l'espèce d'ouverture
qu'on a? On le savait avec la campagne électorale, mais…
Mme Massé : Bien, déjà, la CAQ
avait laissé entendre… Je pense, que, si M. Legault va là, il va tout
simplement reproduire un fiasco qu'ont fait des gouvernements avant lui. Et je
vous le dis, là, on ne peut pas dire une chose et son contraire. On ne peut pas
dire qu'on veut lutter contre les changements climatiques et laisser
l'exploitation des hydrocarbures au Québec. Ça ne se peut pas. Alors, bien sûr,
M. Legault va nous trouver, et il le sait d'ailleurs, sur son chemin.
M. Dion (Mathieu) : Merci.
(Fin à 16 h 1)