(Onze heures cinquante-cinq minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à tous et à toutes. Mme Poirier prendra la parole. Aujourd'hui, elle
est accompagnée de Mme Dominique Seigneur, directrice des communications et du
développement chez Allergies Québec. Mme Poirier, la parole est à vous.
Mme Poirier
: Merci
beaucoup. Alors, très heureuse aujourd'hui d'avoir déposé le projet de loi
n° 1197, un projet de loi qui vient encadrer la prise en charge des
enfants allergiques en milieu scolaire, un projet de loi nécessaire, un projet
de loi attendu. Nous sommes la seule province au Canada qui n'a pas encore mis
des balises pour s'assurer de protéger nos enfants.
Je suis en compagnie de Mme Dominique
Seigneur, qui est la directrice générale d'Allergies Québec, qui a initié cette
démarche, qui a initié cette démarche dans un souci de précaution et surtout de
faire en sorte qu'on puisse avoir finalement une législation qui viendrait
protéger nos jeunes tant au primaire, au secondaire qu'aux niveaux supérieurs.
Alors, Mme Seigneur, je vous laisserais nous expliquer le contenu de notre
projet de loi. Merci.
Mme Seigneur (Dominique) :
Merci beaucoup. On travaille depuis plusieurs mois, plusieurs années à
sensibiliser les élus. On a eu de très beaux retours des trois partis, c'est un
signal fort. Notre petite équipe d'Allergies Québec est très contente aujourd'hui.
On rejoint vraiment notre mission qui est celle de promouvoir la sécurité et
améliorer la qualité de vie de ceux qui vivent avec des allergies alimentaires.
Ils sont 300 000 au Québec.
Signal important à la veille de
l'ajournement des travaux. On est prêts à reprendre le travail dès l'automne,
après les élections. Merci aux élus, merci au travail conjoint des députés
Carole Poirier et Sylvain Pagé dans ce dossier. Ils nous accompagnent depuis le
tout début de notre démarche législative.
Ce projet vient combler une lacune :
il n'existe, au Québec, aucune standardisation ou prise en charge uniforme des
enfants à risque d'anaphylaxie dans les écoles, contrairement à d'autres provinces
comme en Ontario, où la Loi de Sabrina est en vigueur depuis plusieurs années
suite au décès d'une petite fille en milieu scolaire.
Ailleurs, en France, aux États-Unis, même
chose, on a des protocoles en place pour uniformiser la prise en charge,
standardiser la façon dont on travaille avec nos jeunes allergiques. C'est un problème
de santé publique. Les allergies alimentaires sont en croissance, touchent deux
fois plus les enfants que les adultes, jusqu'à 8 % d'entre eux. C'est
75 000 enfants vivant avec des allergies alimentaires qui fréquentent les
écoles primaires du Québec.
Chaque jour, les enfants prennent au moins
un repas en compagnie d'enfants qui, eux, ne sont peut-être pas allergiques. La
gestion des réactions allergiques en milieu scolaire, c'est un défi de taille.
Les attentes des parents envers le personnel et la direction sont élevées. Ils
souhaitent laisser leur enfant en toute confiance à l'école. Gérer les
allergies, c'est vital. Les cas de réactions allergiques avec potentielle
anaphylaxie mettant la vie en danger d'un enfant, malheureusement, nous sont
rapportés à chaque année, plusieurs cas.
À l'école comme à la maison, le risque
zéro n'existe pas, mais des procédures simples, uniformes, standardisées
peuvent réduire les risques, sauver des vies. Merci sincèrement de nous
accompagner.
Mme Poirier
: Merci à
vous. Et j'aimerais rappeler que ce protocole de standardisation, eh bien, à
l'automne 2018, la commission scolaire de Montréal va l'essayer dans 12 écoles.
Donc, on va être déjà en démarche, dès la prochaine législation.
Donc, au nom du Parti québécois, je prends
l'engagement que, lors d'un prochain gouvernement du Parti québécois, la loi
allergie zéro sera en vigueur. Merci à vous.
La Modératrice
: Alors,
merci, Mme Poirier. Y a-t-il des questions? Patricia Cloutier, Le Soleil.
Mme Cloutier (Patricia) : Oui.
Bonjour. J'aimerais savoir : Il y a un an, je pense, le ministre de la
Santé, Gaétan Barrette, et M. Proulx disaient qu'ils étaient ouverts à l'idée
d'avoir un EpiPen par école. Est-ce que vous avez eu vent, là, qu'il y avait eu
des changements ou de l'action de ce côté-là depuis un an, chez...
Mme Seigneur (Dominique) : En
fait, c'est un choix très personnel des écoles que de se doter
d'auto-injecteurs. On sait qu'il y a des coûts, il y a une date d'expiration. Il
n'y a pas présentement de soutien financier, gouvernemental ou autre, qui est
octroyé aux écoles dans le but de se protéger adéquatement. Ceci dit, il n'est
pas question de déresponsabiliser l'enfant allergique ici. La personne doit toujours
avoir son auto-injecteur à la taille. Allergies Québec soutient aussi un
auto-injecteur au commun dans les écoles, mais malheureusement c'est un choix
qui revient à la direction de chacune des écoles, et il n'y a pas de programme
en place présentement pour faciliter le tout et absorber les coûts reliés à la
gestion de ceci. Mais on remarque que de plus en plus d'écoles défraient les
coûts et organisent une gestion autour de cet auto-injecteur au commun.
Mme Cloutier (Patricia) :
J'aimerais savoir aussi, peut-être, Mme Poirier... Récemment, on a dit : Il
faut, par exemple, dans les arénas, un défibrillateur, il faut ce genre de
chose là. Est-ce qu'on est en retard par rapport à l'EpiPen? Est-ce que ça, c'est
aussi important, par exemple, qu'un défibrillateur dans les...
Mme Poirier
: Bien, effectivement,
et la preuve en est qu'actuellement c'est la personne elle-même qui a la
responsabilité d'autoporter son EpiPen. Et moi je pense, et ce que nous
croyons, et je soutiens là-dessus Allergies Québec, il faut que dans chacune de
nos écoles, ce ne soit pas laissé à la liberté de la direction, mais ça doit
devenir un enjeu de santé publique au Québec et de prévention pour faire en
sorte que nos enfants dans nos écoles soient protégés. Et on ne sait jamais
quand ça va arriver, quand ils vont être mis en contact avec un aliment pour
lequel peut-être que cette allergie-là n'a pas été identifiée au préalable et
qu'il faudra intervenir.
Alors, soyons préventifs, et les autres
provinces au Canada ont déjà procédé. Alors, la proposition que fait Allergies
Québec, c'est un programme de standardisation. Finalement, mettons-nous aux
normes et protégeons nos enfants.
Mme Cloutier (Patricia) : Et
ça coûterait combien, l'avez-vous évalué, ce genre de mesure là?
Mme Seigneur (Dominique) : On
ne s'est pas rendus à cette étape-là. Il faudrait qu'on regarde exactement le
bassin touché, écoles primaires, écoles secondaires. On ne s'est pas rendus
encore à un dépôt de projet quantifié. On est vraiment à la première étape dont
on est très fiers. Ce dépôt de projet de loi à la veille de la fermeture des
travaux, pour nous, est un accomplissement… probablement un des plus grands
depuis l'existence d'Allergies Québec.
Mme Cloutier (Patricia) : Et,
si je peux me permettre, j'aimerais ça que vous... Vous me dites : à
chaque année, on nous rapporte des cas, des cas graves qui arrivent dans les
écoles. Pouvez-nous nous décrire le genre de cas que vous avez entendu parler,
qui a vous été rapporté, qui aurait pu peut-être avoir un dénouement différent s'il
y avait eu un EpiPen ou, en tout cas, le…. je sais que c'est le nom générique, là,
mais cet injecteur-là dans l'école?
Mme Seigneur (Dominique) : Un
auto-injecteur d'adrénaline, connu sous la marque EpiPen, qui est la seule
présentement.
En fait, c'est que souvent, lors d'une
allergie alimentaire, une simple trace, un simple contact physique suffit à
déclencher une réaction allergique grave. Habituellement, le parent est assez
conscientisé de l'enfant allergique, le faire porter à la taille, faire
connaître à son environnement qu'elle est sa condition médicale. Toutefois les
écoles tentent d'intervenir au meilleur de leurs connaissances. Elles ont
simplement quelques minutes de formation aux trois ans, peut-être une heure de
formation aux trois ans, ce qui fait qu'avec le temps on oublie un peu comment
ça fonctionne. On se pose la question : Est-ce qu'on injecte ou pas?
Et ça, c'est quelque chose dont on veut
parler beaucoup, parce que plus on attend, plus on a de chances d'avoir de
conséquences graves. Par exemple, on s'est fait rapporter des cas d'un enfant
qui, à l'inverse, a été injecté pour un nez qui coulait, un rhume, un rhume des
foins. La personne n'a pas su diagnostiquer assez rapidement qu'est-ce qui en
était.
Donc, ça, c'est un problème aussi qui est
inverse, mais inversement, ce qu'on veut, c'est que, si la personne est en
présence d'un enfant qui fait une réaction allergique grave, on n'hésite pas,
on injecte, on appelle 9-1-1 puis on avise la famille.
Donc, ce sont des cas qui nous ont été
rapportés de début de réaction allergique grave. On surveille l'enfant, on
l'envoie en ambulance à l'école. Des cas d'injection à chaque année,
accidentelles, que ce soit par contact cutané, la personne… parfois, il y a des
cafétérias aussi où on sert… il y a un risque de contamination croisée. Donc,
ça prend vraiment des bases très, très, très solides pour accueillir un enfant
allergique, mais c'est assez simple à exécuter quand on connaît bien les bases
et les formations. Merci.
La Modératrice
: Pas d'autres
questions? Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 3)